ACOK 11 – Davos I

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    ACOK 11 – Davos I
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 10, Arya III ACOK 12, Theon I

    On dit que tout ce qui brille n’est pas d’or. J’ajouterai que, dans ce chapitre, tout ce qui flamboie n’est pas de flammes. Nous voilà dans les pensées de ser Davos Mervault, chevalier Oignon. Avec lui, nous voyons brûler, à l’aube, les statues des Sept, aux portes de la forteresse de Peyredragon.

    Cérémonie et poudre aux yeux

    Les fils de Davos, Blurd et Dale, trouvent qu’il s’agit là d’une ignominie. Leur père lui-même n’est guère très à l’aise

    « (…)mais de les voir brûler le rendait malade, et la fumée n’était pas seule responsable de ses nausées.« 

    Il ne dit rien cependant, il impose même le silence à ses garçons. Blurd aurait sans doute fini au Mur, sans Stannis, aussi Davos a-t-il une dette supplémentaire envers celui-ci.

    Tandis que les Sept brûlent, Mélisandre, la prêtresse rouge, fait trois fois le tour du bûcher tout en priant. Dans la langue d’Asshai, puis en haut valyrien et enfin en langue vernaculaire. Elle offre les Sept qui sont un, l’ennemi, en sacrifice à son propre dieu, R’hllor, le maître de la Lumière. Qu’il répande sur les humains présents là — et on le devine, plus particulièrement sur Stannis — sa clarté. Car la nuit est sombre et plein de terreur.

    Ces statues, il paraît, ont été sculptées dans les mâts des navires qui amenèrent les premiers Targaryens de Valyria. En détruisant par le feu non seulement les Sept, mais aussi de façon indirecte quelque chose des bateaux qui les ont apportés, le femme rouge fait d’une pierre deux coups. Elle se débarrasse d’une religion rivale et dans le même temps, via l’origine des statues, c’est comme si elle condamnait aussi les Targaryens. Du moins quelque chose qui les représente. Bien sûr, on peut objecter qu’elle ne savait pas pour les mâts.

    Les pauvres statues suppliciées ont été arrachées à leur septuaire sans ménagement. Certains ont tout de même tenté de les sauver. Septon Barre, qui a protesté ; Hubard Rambton qui est venu défendre ses dieux avec l’aide de ses trois fils. Rambton a succombé sous le nombre et deux de ses fils, survivants, sont jetés en cellule. Là se trouve déjà septon Barre.

    Peu de gens regardent brûler les dieux de leurs ancêtres sans un malaise. Pourtant, personne n’ose s’insurger, ils ont compris l’avertissement. Il n’y a vraiment guère que Selyse et sa suite qui font écho à la prière de Mélisandre.

    Donc, Davos se tait. Mais il n’en pense pas moins. Il a beau ne pas vraiment accorder aux dieux les prières d’un dévot, il n’empêche qu’il leur rend grâce pour les bienfaits qu’il reçoit. Peut-être plus par superstition que par réelle croyance. Quoi qu’il en soit, il repense à la mort étrange de mestre Cressen. Il l’aurait volontiers vengé en tuant la femme rouge mais ne fait rien, doutant de sa réussite.

    Elle a quand même sale mine, l’épée des héros.

    Une rapière est fichée dans le cœur de la Mère (fait exprès?). Stannis s’avance alors, et ses deux écuyers, dont Devan, fils de Davos, le préparent comme avant une joute. Cape rigide de cuir et long gant capitonné sur la droite du roi.

    Le champion de Lumière a donc besoin de protection contre le feu ?

    Ce qui se passe ensuite a sûrement été soigneusement orchestré en amont.

    « Les dents serrées, le roi pénétra dans les flammes et, bien enveloppé dans sa cape de cuir pour se protéger, se dirigea droit sur la Mère, empoigna l’épée de sa main gantée et, d’une seule traction, l’arracha brutalement du bois avant de battre en retraite, l’acier brandi, rouge cerise parcouru de flammeroles jade.« 

    « Mélisandre leva les bras au ciel. «Voyez ! Un signe était promis et le voilà manifesté ! Voyez Illumination ! Azor Ahai nous est revenu ! Acclamez tous le Guerrier de Lumière ! Acclamez tous le fils du feu !« 

    Bien qu’il se prête à cette cérémonie, Stannis, contrairement à sa femme Selyse, ne semble pas adhérer à fond à ce délire mystico-religieux. On dirait même que cela l’ennuie profondément. Mais je crois me souvenir que, pour voir Stannis s’intéresser sincèrement à quelque chose, y adhérer et l’aimer, il faut se lever de bonne heure…

    Et, en effet, le roi ne tient plus.

    « Avec un juron, le roi planta l’épée dans la terre humide et se mit à claquer les flammes qui grimpaient le long de sa jambe.« 

    Étrange, Azor Ahai, le Fils du Feu, craint donc les flammes… Pour moi, c’est un indice qu’il n’est pas le héros promis. Car si on veut aller jusqu’au bout de cette croyance, si Stannis est bien le protégé de R’hllor, il devrait pouvoir passer au travers des flammes sans conséquences (comme l’a fait une certaine Daenerys…). Il n’aurait pas besoin de ces protections.

    Stannis finit par rentrer avec Selyse, laissant là sa précieuse épée, une preuve de plus qu’elle ne lui est rien.

    « Lorsque s’acheva le chant, les dieux n’étaient plus que de vagues charbons, et la patience du roi s’était épuisée. Prenant la reine par le coude, il la reconduisit dans la forteresse, abandonnant Illumination sans autre forme de procès.« 

    Davos remarque que celle-ci a piètre allure désormais : terminée l’épée de flammes. Ce n’est plus qu’une arme comme les autres, qui a souffert (tiens tiens) du feu.

    « (…) l’épée calcinée, noircie (…) » 

    « A sale mine, songea Davos, son épée rouge des héros.« 

    Illumination pas Illumination – la légende d’Azor Ahai

    Après une discussion avec ses fils, Davos entre dans un estaminet sur le port. Au passage, je remarque son geste vis à vis de la statue-gargouille, près de la porte. Ce mot : Chance, qu’il prononce. Il a beau ne pas être vraiment religieux, il apparaît là superstitieux.

    Dans l’établissement, il rencontre Sladhor Saan. Ce dernier est très richement vêtu, et avec outrance. Ses tenues l’ont même rendu célèbre.

    Davos a été jusque Lys afin de convaincre cet homme de se joindre à Stannis. En effet, contrebandier, commerçant, banquier, pirate notoire, Sladhor Saan pourrait être utile au Baratheon. Davos est allé le chercher à Lys.

    Sladhor Saan informe Davos de la nomination, ou plutôt de l’intérim de Tyrion comme Main. Il mentionne aussi les faibles défenses de Port-Réal : même si les murs sont épais,

    « leurs manteaux d’or sont trop peu nombreux, trop bleus, et il n’y a rien d’autre.« 

    Apparemment, Sladhor ne sait pas pour les clans des montagnes. Par contre, il est intéressé par la reine Cersei et voudrait bien la mettre dans son lit.

    Si les défenses de la ville sont insuffisantes, en revanche Renly Baratheon a quitté Hautjardin et se dirige vers Port-Réal en compagnie de sa jeune épouse et de son armée. Cela semble plus sérieux à Sladhor Saan que les fortifications de la ville. Il a averti Stannis.

    Et là, changement de sujet.

    « Cette épée n’était pas Illumination, mon bon.« 

    Pour Sladhor, l’épée de Stannis est une épée brûlée, et non pas brûlante. Il raconte à Davos la légende d’Azor Ahai et de la forge d’Illumination. Pour celle-ci, un sacrifice a été volontaire. S’il veut devenir l’élu de R’hllor, je pense que Stannis devra en faire un lui aussi. Comment Mélisandre peut-elle croire qu’il suffise de planter une épée dans un bûcher et de la faire retirer ensuite par son champion ? Cette cérémonie était trop beaucoup trop simple, il manque quelque chose. Le sacrifice et le côté passionnel de la chose. C’est bien pour cela qu’il faut sacrifier un être cher, sinon ça n’aurait aucune valeur.

    Sladhor Saan quitte l’auberge, puis Davos est convoqué chez Stannis. Il y a quelque chose que je n’ai pas compris. D’après Sladhor, les défenses de la ville sont faibles, or Davos s’inquiète de l’ennemi trop nombreux. Pense-t-il à Renly et son armée ?

    Besoin d’un faucon rouge

    Davos rencontre Axell Florent, l’oncle de la reine Selyse. Celui-ci déclare avoir vu un ballet dans les flammes, signe de la victoire de Stannis, selon lui. Davos a une réponse que je trouve amusante :

    « Je n’ai vu que du feu, dit-il (…).« 

    Cela pourrait se rapprocher de « Je n’y ai vu que du feu ». Un parallèle entre Davos, qui admet ne pas avoir vu quoi que ce soit d’exceptionnel lors le bûcher des Sept, et les partisans de la reine Selyse (elle-même à fond dans le culte de R’hllor), qui eux, ont été abusés par une cérémonie « poudre aux yeux » ?

    Davos rejoint enfin Stannis. Le chevalier Oignon est invité à lire une lettre, mais il ne sait pas lire. Mestre Pylos la lit alors à haute voix. Il s’agit de la lettre dans laquelle Stannis revendique le Trône de Fer, et où il déclare les enfants Baratheon bâtards. Il y mentionne la relation incestueuse et adultérine de Cersei et de Jaime. Mais Stannis n’est pas satisfait. Avec la volonté d’être le plus précis possible, il ordonne que Jaime le Régicide soit nommé ser. Et il refuse que son frère Robert soit appelé « mon bien aimé frère », puisque ce n’est pas la vérité. On reconnaît bien là le caractère froid, voire glacial, de Stannis, ainsi que son désir de nommer les choses par leur nom.

    Stannis veut utiliser tous les corbeaux qui sont en sa disposition. Cela en fait cent dix-sept. Il seront envoyés partout dans les sept Couronnes. Cependant, il est lucide et prévoit que seul cent corbeaux atteindront leur destination. Le message sera lu par cent mestres, mais ensuite leurs seigneurs feront comme si de rien n’était. Il a donc besoin de Davos. Celui-ci partira avec La Botha noire vers le nord, son fils Dale vers le sud. Et tous deux placarderont la lettre dans tous les ports, villages de pêcheurs, manoirs, septuaires et auberges. Lorsque mestre Pylos suggère des lectures publiques, son roi refuse tout d’abord mais Davos réclame des chevaliers comme lecteurs. Stannis le lui accorde.

    Ce dernier renvoie Pylos et, resté seul avec Davos, exige de savoir ce qu’il n’osait pas dire devant le mestre. Davos évoque le défunt mestre Cressen. Stannis déclare qu’il ne voulait pas la mort du mestre, qu’il aurait préféré le voir profiter d’une vieillesse paisible. Une retraite bien méritée. Seulement

    « Il l’avait d’ailleurs amplement mérité, mais voilà — ses dents se mirent à grincer —, mais voilà qu’il meurt. « 

    Stannis semble contrarié, furieux même, comme si la mort du mestre avait défié sa royale volonté.

    Davos s’inquiète de l’absence de preuves pour la lettre mais son roi lui apprend l’existence d’un bâtard de feu Robert Baratheon. S’agit-il de Gendry ? Non, Stannis veut parler d’un autre bâtard, conçu pendant sa propre nuit de noces, dans le lit même qui avait été préparé pour Selyse et lui. Sa mère est Delena Florent, la cousine de Selyse. Ce roi Robert, décidément…

    Davos se décide à dire le fond de sa pensée. Il n’aime pas la fin de la lettre, la mention au dieu de la Lumière. Il parle des statues brûlées, et de ses fils (sept) que la Mère lui a donné. Son roi rétorque alors que les statues n’étaient que du bois, et que c’est sa femme qui a donné ses fils à Davos. Pour celui-ci :

    « Vos peuples ne vous aimeront pas si vous leur retirez les dieux qu’ils ont toujours adorés et si vous leur en donnez un dont le seul nom rend un son bizarre sur leur langue.« 

    Stannis parle alors du naufrage qui a coûté la vie à ses parents. Depuis, il ne croit plus en aucun dieu. Pourquoi alors accepté R’hllor ? Parce que sa prêtresse, Mélisandre, la femme rouge, a des pouvoirs. Jadis, Stannis a soigné un autour blessé, mais celui-ci ne prit jamais son essor. Son grand-oncle, ser Harbert, lui conseilla de prendre un autre oiseau.

    Stannis n’a pas assez d’or d’or ni d’hommes, comparé aux autres rois, mais en revanche il a la femme rouge. Ses pouvoirs, la terreur qu’elle inspire, tout cela il veut s’en servir. Terminé de demander de l’aide, terminé l’oiseau qui ne volait pas. Stannis a décidé de changer de stratégie, il veut un nouvel atout dans sa manche. Peu importe que le dieu de Mélisandre existe ou non, si cette dernière peut lui apporter la victoire et le Trône de fer, il se servira de cette croyance.

    « Les Sept ne m’ont jamais rapporté ne fut-ce qu’un moineau. Il est temps que je tâte d’un autre faucon, Davos. D’un faucon rouge.« 

    Conclusion

    Dans ce premier POV de Davos, nous voyons que ce dernier est de bon conseil pour son roi, envers qui il éprouve une reconnaissance et une loyauté sans faille. Stannis, quant à lui, est bien déterminé à conquérir le Trône de Fer. Pour cela, il est prêt à embrasser une nouvelle religion, ou du moins, à le faire croire. Il a perdu foi en les Sept depuis la mort de ses parents dans ce naufrage, plus rien de religieux ne trouve grâce à ses yeux. Il fait cependant une exception avec le maître de la Lumière, principalement à cause de sa prêtresse. Une femme qui possède des pouvoirs et dont les gens ont peur, voilà qui peut se révéler être un atout. Stannis est bien décidé à se servir d’elle pour s’asseoir sur le trône. Même à jouer le jeu.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années par R.Graymarch.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années par Lapin rouge.
    #151871
    R.Graymarch
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    Après des chapitres un peu mollassons, on revient dans le très bon. Déjà on apprend plein de choses et puis forcément la personnalité de Davos (entrevu dans le prologue, déjà à son avantage) touche énormément (normal, c’est Han Solo^^). J’ai noté que beaucoup de choses convergent vers le statut social qu’a Davos (qu’il croit avoir, qu’on lui laisse etc).

    Encore une fois, on commence in media res, et c’est saisissant

    The morning air was dark with the smoke of burning gods.

    Davos est en effet tout à ses pensées pendant que les Sept brûlent. Il repense à ce que sa vie aurait pu être s’il était resté contrebandier
    His sons were good men, but young, and Allard especially was rash. Had I stayed a smuggler, Allard would have ended on the Wall. Stannis spared him from that end, something else I owe him . . .
    J’ai noté aussi le prière de Mélisandre en trois langues. Et qu’on lie encore Stannis, ou ici sa barbe bleue (euh) avec une ombre.
    The red woman walked round the fire three times, praying once in the speech of Asshai, once in High Valyrian, and once in the Common Tongue. Davos understood only the last. “R’hllor, come to us in our darkness,” she called. “Lord of Light, we offer you these false gods, these seven who are one, and him the enemy. Take them and cast your light upon us, for the night is dark and full of terrors.” Queen Selyse echoed the words. Beside her, Stannis watched impassively, his jaw hard as stone under the blue-black shadow of his tight-cropped beard.
    J’ai un peu tiqué aussi sur la comparaison avec Aegon le conquérant
    Dragonstone’s sept had been where Aegon the Conqueror knelt to pray the night before he sailed. That had not saved it from the queen’s men.
    Aegon, c’est pas ce mec qui se moquait un peu de la religion des Sept ? Et qui l’a embrassée justement pour pouvoir conquérir en diminuant ses soucis. Comme Stannis et R’hllor en fait. Ou son opposition d’ailleurs. Pour Stannis, c’est juste un outil pour prendre le pouvoir. Pour Aegon, cela aide à le garder
    Retour dans les pensées de Davos, devenu un lord avec des terres où il a le droit de chasser (on note qu’il chasse le deer mais pas le stag^^).
    Marya was mistress of a small keep on Cape Wrath, with servants who called her m’lady, and Davos could hunt red deer in his own woods.
    Je place un petit Bariol ici car c’est toujours flippant et ça peut ouvrir à plein d’interprétations (la bataille de la Néra ?)
    “Under the sea, smoke rises in bubbles, and flames burn green and blue and black,” Patchface sang somewhere. “I know, I know, oh, oh, oh.”
    Moi aussi j’ai noté que Stannis se bat contre le feu à sa jambe, ce qui est très louche pour un héros de R’hllor
    A ragged wave of shouts gave answer, just as Stannis’s glove began to smolder. Cursing, the king thrust the point of the sword into the damp earth and beat out the flames against his leg.
    Quand Davos parle à son fils, il est encore question d’héritage social. Mais son fils n’a pas ce cas de conscience, pour lui, il est acquis qu’il est fils de chevalier, alors que Davos se considère encore comme un contrebandier.

    “When did you grow so devout?” Davos said. “What does a smuggler’s son know of the doings of gods?”

    “I’m a knight’s son, Father. If you won’t remember, why should they?”

    /

    His sons were good fighters and better sailors, but they did not know how to talk to lords. They were lowborn, even as I was, but they do not like to recall that. When they look at our banner, all they see is a tall black ship flying on the wind. They close their eyes to the onion.

    Davos va voir ce vieux pirate de Sladhor San à la cantina au bar du coin. Je n’ai noté les gargouilles et la « chance » qu’à la fin. En effet, Davos est superstitieux, plus que religieux, mais c’est assez courant (^^) pour un marin. Sladhor San n’est pas vraiment impressionné par ce qu’il a vu. Il faut dire qu’il connait la chanson.
    “The red priests have a great temple on Lys. Always they are burning this and burning that, crying out to their R’hllor. They bore me with their fires. Soon they will bore King Stannis too, it is to be hoped.”
    J’ai l’impression que Sladhor San dit la vérité à Davos, quoi qu’il en coûte, un peu comme Davos le fait avec Stannis (le lien de subordination en moins). Sladhor San nous balance plein d’informations sur Azor Ahai et sur la situation à Westeros (ou le fait qu’on lui a promis qu’il serait payé car lui se bat pour l’or… il est assez proche de Bronn pour ça : pas super loyal mais au moins il ne s’en cache pas derrière de beaux discours), tout ça est assez passionnant.
    Vous avez noté qu’il a dit « mayhaps » ?^^
    On peut apprécier sa philosophie de vie
    “The men of Westeros are ever rushing,” complained Salladhor Saan. “What good is this, I ask you? He who hurries through life hurries to his grave.”
    Davos se dit qu’il vit dans un drôle de monde et se rabaisse à nouveau à sa condition de contrebandier
    Even as Davos spoke, he thought, This world is twisted beyond hope, when lowborn smugglers must vouch for the honor of kings.
    Pour San, tout le cérémoniel, c’était de la poudre aux yeux en effet (et pour la suite, je ne crois pas que « j’y ai vu que du feu » fonctionne en anglais, même si c’était joli comme traduction)
    “I have attended to it, good ser. Though His Grace frowns so whenever he does see me that I tremble to come before him. Do you think he would like me better if I wore a hair shirt and never smiled? Well, I will not do it. I am an honest man, he must suffer me in silk and samite. Or else I shall take my ships where I am better loved. That sword was not Lightbringer, my friend.”
    Intéressant le passage sur Illumination avec le courage et l’extase mêlés, ainsi que la fissure sur la lune. Et puis cette fin…
    It is said that her cry of anguish and ecstasy left a crack across the face of the moon, but her blood and her soul and her strength and her courage all went into the steel.
    /
    Too much light can hurt the eyes, my friend, and fire burns
    San met à nouveau Davos face à ses croyances mais Davos n’est pas assez à l’aise pour en parler librement : il s’en sort par une pirouette

    “Soon, I think,” said Davos, “if his god wills it.”

    His god, ser friend? Not yours? Where is the god of Ser Davos Seaworth, knight of the onion ship?”

    Davos sipped his ale to give himself a moment. The inn is crowded, and you are not Salladhor Saan, he reminded himself. Be careful how you answer. “King Stannis is my god. He made me and blessed me with his trust.”

    Puis, et c’est bien placé, Davos se rappelle un tournoi avec une épée enflammée. Epée battue par une simple masse, tout à fait normale (et son armure runique magique ?)
    The man had made for a colorful spectacle, his red robes flapping while his blade writhed with pale green flames, but everyone knew there was no true magic to it, and in the end his fire had guttered out and Bronze Yohn Royce had brained him with a common mace.
    Davos est convoqué par le roi et il sort (en tapottant la gargouille)
    On the way out he patted the gargoyle on the head and muttered, “Luck.” They would all need it.

    Après avoir passé les courtisans, Davos est accueilli froidement. Stannis a oublié qu’il ne savait pas lire. Franchement, qui y croit ? A part pour le rabaisser. Comme mentionné plus haut, Stannis se moque de la courtoisie épistolaire, il veut la vérité !

    “Make it Ser Jaime the Kingslayer henceforth,” Stannis said, frowning. “Whatever else the man may be, he remains a knight. I don’t know that we ought to call Robert my beloved brother either. He loved me no more than he had to, nor I him.”

    “A harmless courtesy, Your Grace,” Pylos said.

    “A lie. Take it out.”

    Quand on lui donne sa mission, Davos se rabaisse encore

    “Give me knights to do the reading,” Davos said. “That will carry more weight than anything I might say.”

    Dans ses conseils/ordres, on voit que pour Stannis, la fin justifie les moyens (ce qui est un gros indicateur). Il pense que sa cause est juste et sait que ses moyens sont limités, donc tout est permis… notamment pour Ser Davos de redevenir le contrebandier qu’il n’a jamais cessé vraiment d’être malgré le vernis « récent »

    Be open where you can and stealthy where you must. Use every smuggler’s trick you know, the black sails, the hidden coves, whatever it requires. If you run short of letters, capture a few septons and set them to copying out more.

    Il ne faut pas sous estimer Stannis même s’il fait mine de ne pas voir, car il remarque plein de choses. Notamment que Davos voulait dire des trucs sans Pylos

    The king waited until he was gone before he said, “What is it you would not say in the presence of my maester, Davos?”

    On parle à nouveau de la mort de Cressen. Dans la première phrase, j’ai tendance à penser que Stannis parle de lui-même plutôt que de Pylos

    “Is it his fault the old man died?” Stannis glanced into the fire. “I never wanted Cressen at that feast. He’d angered me, yes, he’d given me bad counsel, but I did not want him dead. I’d hoped he might be granted a few years of ease and comfort. He had earned that much, at least, but”—he ground his teeth together—“but he died. And Pylos serves me ably.”

    Il aurait voulu que Cressen vive, a tout fait pour qu’il ne soit pas présent, en vain

    Stannis, toujours le boss le plus sympa de Westeros, rabaisse encore Davos, qui n’a pas vraiment besoin de ça

    “Have you gone devout on me, smuggler?”

    “That was to be my question for you, my liege.”

    “Was it now? It sounds as though you love my new god no more than you love my new maester.”

    Quand Stannis parle des statues en disant que ce n’était que du bois, on peut se demander s’il est athée. On verra plus loin qu’il l’est (en tout cas pour les Sept) suite au naufrage du bateau de ses parents.

    Davos remet, enfin, Stannis un peu à sa place (et je pense qu’il faut faire ça, avec prudence, pour qu’il soit respecté. Stannis apprécie Davos même s’il ne le montre pas)

    You have given me an honored place at your table. And in return I give you truth.

    D’ailleurs Stannis crache le morceau et ce long passage me convainc qu’il ne croit pas à R’hllor ni à tout le cérémoniel du début de chapitre mais il prend tous les pouvoirs (réels ou imaginaires) qu’il peut pour faire avancer sa cause.

    Stannis stood abruptly. “R’hllor. Why is that so hard? They will not love me, you say? When have they ever loved me? How can I lose something I have never owned?” He moved to the south window to gaze out at the moonlit sea. “I stopped believing in gods the day I saw the Windproud break up across the bay. Any gods so monstrous as to drown my mother and father would never have my worship, I vowed. In King’s Landing, the High Septon would prattle at me of how all justice and goodness flowed from the Seven, but all I ever saw of either was made by men.”

    “If you do not believe in gods—”

    “—why trouble with this new one?” Stannis broke in. “I have asked myself as well. I know little and care less of gods, but the red priestess has power.”

    Yes, but what sort of power? “Cressen had wisdom.”

    “I trusted in his wisdom and your wiles, and what did they avail me, smuggler? The storm lords sent you packing. I went to them a beggar and they laughed at me. Well, there will be no more begging, and no more laughing either. The Iron Throne is mine by rights, but how am I to take it? There are four kings in the realm, and three of them have more men and more gold than I do. I have ships . . . and I have her. The red woman. Half my knights are afraid even to say her name, did you know? If she can do nothing else, a sorceress who can inspire such dread in grown men is not to be despised. A frightened man is a beaten man. And perhaps she can do more. I mean to find out.

    Cela se finit par l’anecdote sur l’autour qui en dit long aussi. Stannis en ressort comme un personnage fascinant (même si peu commode) et Davos comme quelqu’un d’attachant et un peu torturé aussi. Quel chapitre !

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #151876
    Emmalaure
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    Il y a quelque chose que je n’ai pas compris. D’après Sladhor, les défenses de la ville sont faibles, or Davos s’inquiète de l’ennemi trop nombreux. Pense-t-il à Renly et son armée ?

    Sladhor ne s’intéresse pas à garder le pouvoir, son objectif, c’est d’être payé avec de l’or et pour ça, le plus sûr moyen est de prendre la ville avec le Donjon rouge et le trésor royal (et pourquoi pas un peu de pillage tant qu’on y est). Prendre la ville de Port Real maintenant serait effectivement facile. Mais la garder serait une autre paire de manche, avec Tywin prêt à redescendre d’Harrenhal et Renly à remonter d’Hautjardin. Politiquement, Stannis n’a que très peu d’appuis par rapport à tous les autres rois.
    Mais cela dit, ça reste une stratégie à discuter : on ne sait pas quelles seraient les diverses réactions en cas de prise de Port Real et du trône de fer par Stannis. Et Renly et Tywin ne sont pas alliés pour le moment mais adversaires : ils pourraient tout aussi bien s’entretuer avant d’avoir pu (re)prendre la ville; sans parler des vassaux de l’Orage voire de Hautjardin.

    #151877
    Lapin rouge
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    En détruisant par le feu non seulement les Sept, mais aussi de façon indirecte quelque chose des bateaux qui les ont apportés, le femme rouge fait d’une pierre deux coups.

    Les bateaux ont amené les Targaryen de Valyria à Peyredragon, pas les Sept, qui étaient à Westeros depuis bien plus longtemps. Je suppose que c’est ce que tu voulais dire, mais ta phrase est trompeuse.

    Cela pourrait se rapprocher de « Je n’y ai vu que du feu ». Un parallèle entre Davos, qui admet ne pas avoir vu quoi que ce soit d’exceptionnel lors le bûcher des Sept, et les partisans de la reine Selyse (elle-même à fond dans le culte de R’hllor), qui eux, ont été abusés par une cérémonie « poudre aux yeux » ?

    N’y voir que du feu est une expression française, sans équivalent mot à mot en anglais.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par R.Graymarch.
    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #151881
    Sandrenal
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    Un chapitre très intéressant, comme tous les chapitres de Davos ou ceux qui mettent Stannis en scène.

    Stannis apparaît dans ce chapitre, comme dans d’autres, à la fois rigide et cynique. Il est rigide dans son rapport à la vérité (les changements qu’il apporte à la lettre) et au droit. Mais il est cynique au dernier degré dans son rapport à la religion, ne les considérant qu’en fonction de ce qu’elles peuvent lui apporter alors qu’on pourrait attendre d’un légaliste qu’il soutienne au moins en apparence la religion établie. La politique religieuse de Stannis lui coûte très cher. Davos fait justement remarquer que la référence au Maître de la Lumière dans la lettre révélant l’inceste de Cersei lui attirera beaucoup d’hostilité chez les nobles comme dans la population. La crémation des Sept de Peyredragon met mal à l’aise sa propre garnison et ses rares vassaux. Le calcul de Stannis est qu’il ne sera jamais populaire de toute façon, son accord avec Mélisandre lui apporte donc les pouvoirs de celle-ci en ne lui faisant perdre que quelque chose qu’il n’avait déjà pas. Au passage, si Mélisandre connaît les véritables sentiments de Stannis sur la religion, il est extrêmement risqué pour elle d’en faire son champion. Si Stannis considère que le Dieu rouge lui est utile pour gagner la guerre, il pourrait être tenté de revenir aux Sept pour gouverner (Paris vaut bien une messe…).

    L’établissement d’une nouvelle religion par faveur royale attire en outre son lot de fanatiques au premier rang desquels se trouve Axell Florent qui ne bénéficie pas d’une présentation très favorable.

    Le chapitre énonce les problèmes stratégiques de Stannis sans les approfondir : il pourrait prendre Port-Réal mais pas la conserver, il a besoin pour prouver l’illégitimité des enfants de Cersei et donc prouver sa propre légitimité d’un bâtard qui se trouve à Accalmie, aux mains de Renly qui n’a aucun intérêt à l’utiliser. Ses actions suivantes seront donc parfaitement logiques, bien que beaucoup de personnages (et de primo-lecteurs) en seront surpris (Catelyn, Renly, Tyrion, Cersei).

    #151883
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Du très lourd pour ce chapitre ! Les chapitres de Davos le sont en général ^^

    ACOK – Davos I plante magistralement les personnages de Davos et Stannis, un duo qui est sans doute l’un des meilleurs de la série.

    The Onion Knight.

    Des personnages principaux Davos est le seul roturier dont nous avons le flux de conscience. Contrairement à Janos Slynt, Davos Seaworth sait d’où il vient. Il le rappelle d’ailleurs à ses fils, notamment à Allard qui n’aime pas se rappeler ses modestes origines. Il y a presque chez Davos un refus de parvenir, en tout cas de parvenir pour lui-même car s’il s’élève dans la société westorosi c’est avant tout pour sa famille.

    They scorned his sons as well. My grandsons will joust with theirs, though, and one day their blood may wed with mine. In time my little black ship will fly as high as Velaryon’s seahorse or Celtigar’s red crabs.

    Bien sûr l’humilité de Davos est évidente mais il faut aussi noter sa grande intelligence sociale. Il sait qu’un titre de chevalier ne suffit pas (à l’inverse là encore de Janos Slynt). Il sait qu’au delà du titre, une position sociale c’est d’abord une manière d’être, une aptitude à ce conformer à certains attendus, bref, des capacités sociales que lui-même et ses fils doivent encore acquérir (savoir parler, savoir lire, etc.).

    En l’état, tout chevalier qu’il soit, Davos est méprisé par les seigneurs. Le dédain dissimule assez mal l’envie et peut-être même la crainte. Bien qu’il sente « le poisson et l’oignon », Davos est, de fait, le plus proche conseiller de Stannis. Il faut dire que ces deux-là se sont bien trouvés ! Ils partagent une même vision du monde et de ce qui est juste.

    All this he had of Stannis Baratheon, for the price of a few finger joints. It was just, what he did to me. I had flouted the king’s laws all my life.

    Davos partageait-il déjà ces vues avant de rencontrer Stannis ou se les ait-il appropriées après ? On ne sait pas trop mais je dirais qu’en rendant justice, Stannis a fait naître un nouveau Davos, socialement et idéologiquement : « King Stannis is my god. He made me and blessed me with his trust« . La dévotion d’un homme aussi admirable que Davos nous pousse, nous lecteurs, à aller plus loin que ce que les autres personnages disent de Stannis (rarement flatteur).

    Stannis est entouré de flagorneurs intéressés, incapables de parler vrai, aussi cherche-t-il l’avis de Davos, bien que ses origines sociales soient modestes, car il est le seul à oser livrer le fond de sa pensée. Cette dynamique est visiblement bien installée et la complicité entre les deux hommes transpire des pages de ce chapitre. Ainsi à deux reprises, sans qu’un mot ne soit prononcé, Stannis comprend Davos. Ce n’est plus une relation privilégiée, c’est presque symbiotique !

    • « You can tell them, Davos thought, but will they believe? He glanced thoughtfully at Maester Pylos. The king caught the look. « Maester, perhaps you ought get to your writing. We will need a great many letters, and soon. » ⇒ Il suffit d’un regard pour que Stannis congédie Mestre Pylos (dont le job est pourtant de conseiller le roi). On notera en passant que non seulement Davos a accès au Roi, mais qu’il accès au Roi en privé !
    • « Stannis drummed his fingers on the Painted Table. « It is a difficulty. One of many. » He raised his eyes. « You have more to say about the letter. Well, get on with it. I did not make you a knight so you could learn to mouth empty courtesies. I have my lords for that. Say what you would say, Davos. » ⇒ Là encore, un simple regard suffit.

    A mesure que l’arc narratif se déploie et que les décisions difficiles apparaissent, Davos apparaît comme une sorte de conscience externalisée de Stannis, comme un garde fou déontologiste à la raison utilitariste de Stannis. Le couple Davos / Mélisandre fonctionnera d’ailleurs comme ça : chacun susurrant, l’un à droite (Davos / déontologie), l’autre à gauche (Mélisandre / utilitarisme), aux oreilles de Stannis.

    Faire de la politique : un bûcher et une lettre

    ACOK – Davos I introduit une nouvelle dimension dans la saga. Jusqu’à présent, en matière de religion, Westeros semble un continent apaisé. Un culte dominant (la Foi des Sept) en tolère d’autres qu’ils s’apparentent à une survivance du passé (Nord) et/ou à un particularisme local (Fernés). A cet égard, la scène d’ouverture, qui voit l’un des cinq prétendants au trône offrir en sacrifice les idoles des Sept à son nouveau Dieu ne peut manquer d’interpeller le lecteur. Qu’est ce que c’est que ces fous de Dieu ?! se dit-on à la premier lecture. A la relecture, c’est nettement moins le cas… Stannis n’est pas du tout religieux et seuls les hommes de la Reine (Queen Selyse, l’épouse dévote de Stannis) semblent véritablement fanatiques. Et encore, on verra plus loin avec Alester Florent que la dévotion peut-être feinte pour se rapprocher du pouvoir (ACOK – Davos II).

    Stannis assiste impassible à la scène. Il ne témoigne ni d’aucun doute ni d’aucune ferveur en voyant les divinités des Sept brûler sous ses yeux. Il dira plus tard à Davos : « It was wood we burned this morning« . En somme, il fait ce qu’on attend de lui sans grande conviction : il y a des corvées auxquelles on ne saurait échapper. Quant aux Dieux, la chose semble entendue de longue date pour Stannis comme il nous le confie lui-même à la fin du chapitre :

    « I stopped believing in gods the day I saw the Windproud break up across the bay. Any gods so monstrous as to drown my mother and father would never have my worship, I vowed. In King’s Landing, the High Septon would prattle at me of how all justice and goodness flowed from the Seven, but all I ever saw of either was made by men. »

    Athée, Stannis a une vision pragmatique sinon utilitariste de la religion. R’hllor et sa prêtresse Mélisandre sont d’abord un outil inspirant la crainte à ses ennemis. Un adversaire craintif est un adversaire battu selon lui et apparemment l’argument balaye les réserves de Davos sur l’usage d’un culte étranger à Westeros. C’est un calcul étonnant car d’un côté il a bien conscience qu’il doit convaincre le peuple (et pas les nobles) et de l’autre il heurte le sens commun pour inspirer une crainte, à mon sens, très relative. Je n’ai pas souvenir que le culte de R’hllor inspire une si grande peur aux ennemis de Stannis. Ce qu’ils craignent, c’est Stannis lui-même, le meneur d’hommes, le stratège militaire.

    L’autre coup politique du chapitre est bien sûr l’envoi d’une lettre dans laquelle Stannis rend public la relation incestueuse entre Jaime et Cersei et, par conséquence, fait part de sa prétention légitime au trône de fer. Stannis n’est sans doute pas le meilleur politicien, lui qui a tant de mal à se faire aimer, mais il fait tout de même nettement mieux que feu Eddard Stark. Son analyse de la situation est remarquable, il sait qu’un bout de papier ne suffira pas là où Eddard était d’une touchante naïveté quand il imaginait se protéger derrière les dernières volontés du Roi Robert.

    If so, a hundred maesters will read my words to as many lords in as many solars and bedchambers . . . and then the letters will like as not be consigned to the fire, and lips pledged to silence. These great lords love Joffrey, or Renly, or Robb Stark. I am their rightful king, but they will deny me if they can.

    Mais si l’analyse est on ne peut plus juste, Stannis pêche par intransigeance. C’est quand même incroyable d’être en mesure d’envisager le cannibalisme (voir ci-dessous) mais de refuser un mensonge apparemment innocent sur la nature de sa relation avec Robert. Mais il est vrai que la relation à ses frères n’est sans doute pas « un petit sujet » pour Stannis – on aura l’occasion d’y revenir dans d’autres chapitres.

    Tout feu tout flamme ?

    L’arc narratif de Stannis s’ouvre sur un sacrifice au Dieu R’hllor. Le thème reviendra avec insistance et le sacrifice symbolique fera place à un sacrifice humain lorsque Alester Florent sera livré aux flammes. Il faut dire que Stannis est pragmatique en matière de morale. Lors du siège d’Accalmie, pour survivre, il avait envisagé le cannibalisme plutôt que de catapulter des traites qui avaient tenté de se rendre :

    “Maester Cressen told Stannis that we might be forced to eat our dead, and there was no gain in flinging away good meat.” […] “Thanks to the Onion Knight we were never reduced to dining on corpses, but it was a close thing.” ACOK – Catelyn IV

    Stannis est un homme qui fait ce qui doit être fait ce qui démontre à la fois une grande souplesse (il n’y a pas d’interdit) et une volonté de fer, un sens aigu du devoir : « We do not choose our destinies. Yet we must . . . we must do our duty, no ? Great or small, we must do our duty » (ASOS – Davos V).

    https://64.media.tumblr.com/6acc4dfaca0f7ad87b65278c09bb23af/tumblr_p1hy9pnvI11wt9rjdo1_500.jpg

    Il y a, il me semble, quelques similitudes avec le mythe d’Azor Ahai tel qu’il nous est décrit dans ce chapitre :

    Do you know the tale of the forging of Lightbringer? I shall tell it to you. It was a time when darkness lay heavy on the world. To oppose it, the hero must have a hero’s blade, oh, like none that had ever been. And so for thirty days and thirty nights Azor Ahai labored sleepless in the temple, forging a blade in the sacred fires. Heat and hammer and fold, heat and hammer and fold, oh, yes, until the sword was done. Yet when he plunged it into water to temper the steel it burst asunder. « Being a hero, it was not for him to shrug and go in search of excellent grapes such as these, so again he began. The second time it took him fifty days and fifty nights, and this sword seemed even finer than the first. Azor Ahai captured a lion, to temper the blade by plunging it through the beast’s red heart, but once more the steel shattered and split. Great was his woe and great was his sorrow then, for he knew what he must do.

    « A hundred days and a hundred nights he labored on the third blade, and as it glowed white-hot in the sacred fires, he summoned his wife. ‘Nissa Nissa,’ he said to her, for that was her name, ‘bare your breast, and know that I love you best of all that is in this world.’ She did this thing, why I cannot say, and Azor Ahai thrust the smoking sword through her living heart. It is said that her cry of anguish and ecstasy left a crack across the face of the moon, but her blood and her soul and her strength and her courage all went into the steel. Such is the tale of the forging of Lightbringer, the Red Sword of Heroes.

    Sacrifier l’être aimé pour sauver l’Humanité. Peu de personnage d’ASOIAF semble capable d’endosser une telle perspective utilitariste. Tywin Lannister le pourrait peut-être (sa justification des Noces pourpres est utilitariste) mais il n’est jamais de près ou de loin associé au mythe d’Azor Ahai et on l’imagine mal sacrifier un membre de sa famille. Par contre, la question du sacrifice revient sans cesse dans l’arc narratif de Stannis, un personnage qui a un tel sens du devoir qu’il semble, potentiellement, n’avoir aucun interdit. Je sais que le sujet divise et que nous n’avons pas de certitude mais honnêtement, pour Shireen, ça sent un peu le sapin (ou le feu de bois)…

    Le pire c’est que ça ne servirait à rien. Stannis n’est pas Azor Ahai et Mélisandre se plante dans les grandes largeurs : « Too much light can hurt the eyes, my friend, and fire burns », nous sommes avertis dès ce chapitre par Salladhor San. Aemon achèvera de régler son compte à Mélisandre :

    we all deceive ourselves, when we want to believe. Melisandre most of all, I think. The sword is wrong, she has to know that . . . light without heat . . . an empty glamor . . . the sword is wrong, and the false light can only lead us deeper into darkness, Sam. AFFC – Samwell IV

    Mais nous n’y sommes pas. En attendant, Mélisandre nous offre une parodie de sacrifice qui frôle le comique involontaire (« Cursing, the king thrust the point of the sword into the damp earth and beat out the flames against his leg.« ). On sait que la prêtresse est sincèrement convaincue. Cette parodie grotesque est un mal nécessaire et Mélisandre (avec la complicité de Stannis ?) a fait en sorte que le spectacle soit malgré tout au rendez-vous. Le texte présente de nombreux éléments laissant penser que le feu grégeois est bien plus sûrement responsable de cette épée en feu qu’une quelconque puissance divine…

    • « Then he was retreating, the sword held high, jade-green flames swirling around cherry-red steel. »
    • Thrust in the ground, Lightbringer still glowed ruddy hot, but the flames that clung to the sword were dwindling and dying. […] The Red Sword of Heroes looks a proper mess, thought Davos. »

    A la relecture, on est d’autant plus frappé par la présence suggérée de feu grégeois que l’on sait son importance dans la bataille de la Néra. On ne peut pas ne pas relever par ailleurs les nombreux et lugubres présages dans ce chapitre :

    • Allard turned his head away, coughing and cursing. A taste of things to come, thought Davos. Many and more would burn before this war was done. ⇒ Allard meurt dans une explosion de feu grégeois lors de la bataille de la Néra
    • Behind, Davos heard a faint clank and clatter of bells. « Under the sea, smoke rises in bubbles, and flames burn green and blue and black, » Patchface sang somewhere. « I know, I know, oh, oh, oh. » ⇒ annonce de la bataille de la Néra et de l’utilisation du feu grégeois.

    Quelle ironie tout de même de voir Stannis détruit par les flammes et le feu grégeois ! Son arc narratif dans ACOK est ainsi encadré par les mêmes éléments (flammes, feu grégeois). C’est vraiment ce genre de chose qui rend vraiment pertinent le projet de relecture.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par Lapin rouge. Raison: Mélisandre, pas Melissandre

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #151884
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    J’ai beaucoup aimé ce chapitre à la relecture. Comme d’autres, j’ai remarqué les nombreux détails qui clochent. Stannis n’est pas Azor Ahai.

    Et d’ailleurs, il y a quelque chose de profondément paradoxal dans cette cérémonie. En effet, Mélisandre cherche à créer de toute pièce son Azor Ahai, son épée rouge des héros et tout le tralala …

    Alors que c’est le contraire qui devrait se passer. Le héros devrait se révéler de lui-même dans les temps de trouble, et non pas le contraire,. Elle cherche donc à accomplir sciemment une prophétie millénaire, qui devrait s’accomplir « toute seule », comme toute prophétie digne de son nom.

    Mélisandre cherche à manipuler les évènements, plutôt qu’à les laisser advenir.

    Dans cette optique, sa démarche est vouée à l’échec. Le feu rejette Stannis, l’épée sacrée est brulée, et non pas brûlante. Stannis n’a d’ailleurs pas sacrifié sa Nhyssa Nhyssa (pour l’instant ^^), expliquant lui-même ne pas croire aux 7 qu’il fait brûler. Tout est faux.

    Stannis explique très bien le pourquoi de sa démarche à Davos. Il veut parier sur un faucon rouge, parce que Mélisandre a des pouvoirs et il le sait. Sauf, que se faisant, comme Davos lui fait remarquer, Stannis s’aliène le petit peuple et tous les gens pieux de Westeros.

    En accomplissant l’acte blasphématoire de brûler les 7, il tue dans l’œuf toute chance de régner sur un peuple encore profondément attaché aux 7. Stannis ne comprend pas cette dévotion, parce qu’il est en lui-même dépourvu.

    Mais pourtant, il vient de commettre une erreur stratégique majeure. Pour gagner quelques batailles tactiques grâce au Faucon Rouge, il ne pourra jamais gagner la guerre. Il sera toujours vu comme vénérant un dieu étranger au nom imprononçable exigeant de brûler, tout brûler, en son nom…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par Lapin rouge. Raison: Mélisandre avec un seul s
    #151903
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Merci à tous pour vos éclairages sur ce beau chapitre. C’est l’un des seuls de la saga que je n’avais jamais relu jusqu’à présent. Et pourtant beaucoup de passages m’avaient marqué : le bûcher, l’histoire d’Azor Ahai. Et aussi, Davos se révèlera l’un de mes personnages préférés.

    A la relecture, comme le relève Athouni, le fanatisme me semble beaucoup moins présent et il y beaucoup de jeux sociaux que l’oeil aigu de Davos révèle bien. La cérémonie me parait beaucoup plus mise en scène qu’autre chose, et les ressemblances/différences entre l’accouchement de l’épée et celui des dragons par Daenerys sautent aux yeux :

    naissance des dragons forge de l’épée « Illumination »
    feu et sang et magie feu et magie
    spontané préparé à l’avance
    le protagoniste va dans le feu et sort imbrûlé le protagoniste va dans le feu et se brûle
    résultat conforme : des dragons résultat que plusieurs remarquent non conformes
    le protagoniste est entouré par les dragons le protagoniste laisse l’épée sur place
    soumission spontanée et unanime des spectateurs adhésion provoquée et mesurée des spectateurs

    quelques détails bizarres : le fils aîné de Davos s’appelle Allard en v.o. et Blurd en français. Et surtout, Stannis a à sa disposition une centaine de chevaliers qui préfèrent la plume à l’épée. Déjà que ses forces sont modestes : quatre cent chevaux sous les murs d’Accalmie que Renly qualifiera de francs-coureurs vêtus de cuir bouilli, c’est à se demander si les mestres ne sont pas plus efficaces que les maîtres d’arme ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par darkdoudou.
    #151905
    Sans-Visage
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    Merci à tous pour vos analyses et remarques sur ce chapitre.

    #151909
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Merci Athouni! Nos messages se sont croisés, et je crains que le mien n’ait caché le tien, ce qui est une honte !^^

    Je rajouterai juste un détail. Stannis est quand même un drôle de bonhomme. Le navire de ses parents qui fait naufrage sous ses yeux s’appelle le Proudwind, et le faucon qu’un Stannis nomme quelques années après s’appelle… le Proudwing

    Proudwind et Proudwing, ça ne peut pas être une coïncidence! Je ne sais pas quoi en tirer, mais je voulais partager ^^

    #151923
    DJC
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    Quelle ironie tout de même de voir Stannis détruit par les flammes et le feu grégeois ! Son arc narratif dans ACOK est ainsi encadré par les mêmes éléments (flammes, feu grégeois). C’est vraiment ce genre de chose qui rend vraiment pertinent le projet de relecture.

    Ironie très bien vue !

    #152218
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Je reviens sur la légende d’Azor Ahai et Nissa Nissa. Outre que – comme l’a dit Athouni – ça sent vraiment le roussi pour Shôren et que l’aventure de Stannis ne peut que le conduire à une fin tragique (il joue littéralement avec le feu, là), l’histoire de la forge d’Ilumination est vraiment horrible. Pour moi c’est un gros voyant rouge qui doit nous interroger sur la figure du héros, et sur le fait que le héros armé de son épée magique est ni plus ni moins qu’un criminel. Après tout, Azor Ahai aurait pu décider qu’il fallait tremper son épée magique dans son propre coeur et la laisser ensuite à d’autres, mais non : la victime c’était forcément quelqu’un d’autre, tiens, sa femme bien-aimée. Oh bien sûr, lui était super triste pour toute la vie après ça, il a payé très cher son héroïsme… ou comment se poser en victime soi-même quand on est le bourreau.
    En d’autres termes, une arme – a fortiori forgée à partir d’un crime – ne peut être bonne ni salvatrice en soi.

    #152247
    Pandémie
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    Mwoui, je ne suis pas forgeron magicien de métier, mais à mon avis, c’est probablement quand  même pas facile facile de finir la trempe d’une épée ou un rituel magique quand on se l’est plongée dans le cœur. Déjà que se plonger une lame incandescente dans le coeur, à non avis, c’est pas du tout cuit. Hu hu.

    Je suis assez d’accord que Martin ne conçoit pas les héros comme des gentils absolus (ni les méchants d’ailleurs, je ne serais pas surpris qu’on découvre que les Autres ont de leurs raisons d’être des Autres). Je ne suis pas sûr pour autant que ça sera d’immenses salauds pour autant. Si ça se trouve, Nissa Nissa était volontaire pour sauver le monde de la Longue Nuit. Et même, le bourreau est-il vraiment Azor Ahai ou l’univers qui oblige un homme à sacrifier sa femme pour être sauvé?

    Dans le cas présent, je pense que si ça ne sent pas bon pour Stannis ni Shoren, je pense que le mensonge que construit Mélisandre à  Peyredragon pourrait in fine déboucher sur une vérité au Mur.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par R.Graymarch.
    #152266
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Après tout, Azor Ahai aurait pu décider qu’il fallait tremper son épée magique dans son propre coeur et la laisser ensuite à d’autres, mais non : la victime c’était forcément quelqu’un d’autre, tiens, sa femme bien-aimée. Oh bien sûr, lui était super triste pour toute la vie après ça, il a payé très cher son héroïsme… ou comment se poser en victime soi-même quand on est le bourreau.

    Au premier degré de la légende, ce que tu dis est très vrai. Pauvre Azor Ahai qui a assassiné sa femme et qui est trop triste à cause de ça, mais qui porte son fardeau dignement… ^^

    Il y a une vraie ambiguïté du messie (après tout, Jésus se sacrifie lui-même, et non pas la Vierge Marie ou Marie Madeleine…).

    Toutefois, cet aspect malsain conduit à mon sens à s’interroger sur une lecture second degré de la légende, plus métaphorique.

    Après tout, si l’on considère que les « hommes ont deux sortes d’épée » pour paraphraser Cersei, alors le cri d’extase de Nhyssa Nhyssa quand il lui plante son « épée » dans le « coeur » peut prendre un tout autre sens.

    En poussant un peu plus loin l’analyse, la mort de la femme aimée pourrait s’interpréter comme une mort en couches dans les douleurs de l’enfantement. Un acte d’amour qui finit en acte de mort.

    Le fait que Jon, Daenerys, Tyrion (et d’autres probablement) partagent tous la même tragédie d’avoir une mère morte en couches pour eux prendrait alors un tout autre sens, et serait moins « gratuit ». Je m’arrête là, parce que je dérive. sur un sujet qui nécessiterait probablement un post à lui ^^

    #158892
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Je n’aime pas trop les chapitres Davos mais je retiens son

    Rien à espérer d’un monde aussi tordu

    please mind the gap between your brain and the platform

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