ACOK 14 – Jon II

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  • #152553
    Ysilla
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    ACOK 14 – Jon II
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 13, Daenerys I ACOK 15, Arya IV

    Voici un chapitre très bref (à peine 7 pages). Je ne pense pas avoir relu, jusqu’à présent, de chapitre aussi court, si bien qu’à première relecture, je me suis demandée ce que je pouvais bien en tirer.

    Depuis le temps qu’on attend un retour narratif dans la forêt hantée !  Euh, en  fait depuis le prologue d’AGOT. Et bien, c’est raté : ce chapitre est aussi maigrelet qu’est minuscule le village de l’Arbre-Blanc.

    Dans ACOK 07, Jon avait suggéré à Samwell d’être le chroniqueur de leur expédition. Dans ce chapitre-ci, seul le barral à la vilaine trogne aurait pu avoir les honneurs de la plume de Sam. Et encore, j’ai à 15 minutes de chez moi, un chêne aux dimensions bien plus amples, qui offre non pas une cavité mais deux chapelles superposées où aisément loger debout une ou deux personnes. Bon, côté couleurs le barral de l’Arbre-Blanc est plus stylé et l’impression sinistre qu’il laisse à ses visiteurs est incomparable. mais j’ai un doute sur le fait de pouvoir procéder à la crémation complète de deux corps dans le trou d’un arbre, aussi vaste soit-il.

    Bref, du point de vue de l’intrigue, pas d’avancée majeure si ce n’est que les deux cents hommes de la Garde de Nuit avancent, eux, au cœur de la forêt hantée pour ne découvrir qu’un quatrième village sauvageon désert. Ce qui n’est pas vraiment une révélation ; l’information est déjà connue dans AGOT. Disons que cela confirme que jusqu’à présent le sauvageon a une nette propension à se carapater. (Le patrouilleur Will ne nous dira pas le contraire.)

    Rangers from The Shadow Tower have found whole villages abandoned/ Des patrouilles de Tour Ombreuse ont découvert des villages entièrement désertés. AGOT 71, Jon IX

    Dans son chapitre précédent, on avait pu suivre un Jon un peu tête-à-claque avec Samwell, sans doute tout à ses rêves de défourraillage au-delà du Mur à grands coups de Grand-Griffe. Là, il a de quoi redescendre d’un étage : la forêt est vide et le hameau de l’Arbre-Blanc évoque davantage les masures de pauvres hères que le repaire de farouches guerriers sauvageons. Pas d’exploit épique en vue encore mais l’au-delà du Mur est inquiétant comme pressenti.

    Atmosphère, atmosphère…

    À la relecture, j’ai été frappée par l’atmosphère grand-nord-américaine des scènes de l’expédition Mormont : on pourrait se croire, mutatis mutandis, à suivre une bande de trappeurs dans les forêts du Dakota du film The Revenant. Tout ce qu’on peut y voir et entendre au sujet des Amérindiens n’étant pas loin de ce qu’on y voit et dit des sauvageons dans ASOIAF.

    Comme à son habitude, le narrateur excelle, au travers du personnage point de vue, à mettre en place des éléments ambigus, propres à instiller le doute et l’inquiétude aussi bien chez les personnages que chez le primo-lecteur :

    Le barral a tout l’air d’un monstre qui aurait présidé à un sacrifice humain même si en réalité il a seulement servi de bûcher protecteur. Les pointes d’Edd-la- Douleur ont beau être de l’humour noir, on ne peut s’empêcher de les prendre pour des prédictions, à plus forte raison quand on a lu la suite. Même chose pour les innocentes tentatives de Samwell Tarly pour apprendre le nom de Jon aux corbeaux qui se trouve être une euphémisation nordienne de la mort et la disparition du gibier, tout en étant rationalisée par Jon, est bel et bien une anomalie inquiétante. Un bon point pour Mormont, n’en déplaise à Thoren Petitbois : camper au bord du lac est judicieux, les poissons contrairement aux lapins et aux écureuils , ne peuvent pas se défiler.

    So, what else ?

    Jeor Mormont ordonne en bougonnant de fouiller des maisons vides – sic-, de grimper aux arbres et de camper au bord d’un lac tout en se demandant ce qu’un crâne peut raconter ; Jon n’en finit pas de découvrir la misère du monde et les mystères de l’âme de Samwell pour conclure sur un pénétrant « quelle chose étrange que le monde. » ; Lequel Samwell a la trouille (à la folie, beaucoup, et finalement un peu…) et voudrait bien s’envoler sur un corbeau en plein milieu d’une forêt censément hantée (par des sauvageons qui décampent et des morts qui marchent).

    Et puis Thoren Petitbois évidemment bûcheronnait bien du barral… non mais sérieux ? Smallwood et monstruous great weirwood ? Il n’y a rien rien qui le dérange le Thoren ? Chett le pustuleux fulmine en regardant Jon de travers comme d’habitude, Jarman Buckwell nous rappelle doctement que « The Times They Are a-Changin’ ». Quant à Mallador Locke, que ne démentirait pas le pas regretté du tout général Sheridan, ou bien l’Ethan Edwards de La Prisonnière du désert, il affirme qu’un bon sauvageon est un sauvageon mort, à peu de choses près.

    Et pendant ce temps-là, Bedwick Géant crapahute dans le barral tel un frêle enfant de la forêt, en boussole du Nord ; Dywen, comme une Cassandre édentée, n’arrête pas, comme dans tous ses chapitres, de placer des remarques fort pertinentes et prophétiques, sur l’au-delà du Mur.

    La Douleur for eveur

    Et puis, the last but not least….Eddison Tallett dit Edd-la-Douleur dont c’est la première apparition et quelle apparition ! Rien que pour lui, ce chapitre vaut la peine d’être relu : à vos carnets de citation, mes sœurs et frères ; cet écuyer mélancolique et pince-sans-rire qu’on croirait, sous nos latitudes, tout droit échappé des Idées noires de Franquin est un trésor d’humour noir, sans parler qu’à sa manière, il dessille les yeux de Jon sur la pauvreté au-delà et au-deçà du Mur.

    Mes préférées du chapitre :

    Bad enough when the dead come walking […] now the Old bear wants them talking as well ?
    Who’s to say the bones wouldn’t lie ? Why should death make a man truthful or even clever ?
    Et pour finir l’hilarant « why does he get more worms than I do ? »

    De fait, je pourrais citer l’ensemble de l’œuvre de Dolorous Edd.
    Sa première citation me permet de revenir plus spécifiquement sur Jeor Mormont et le crâne.

    Alas, poor wildling !

    L’image du Lord Commandant tenant entre ses mains le crâne d’un sauvageon – à moins qu’il ne s’agisse d’une sauvageonne – incinéré au cœur d’un grand barral avec sans doute un enfant est une réminiscence shakespearienne du monologue d’Hamlet sur la mortalité face au crâne du bouffon Yorick.
    Si le crâne de Yorick met Hamlet face à l’inéluctabilité de la mort et l’arrache à son irrésolution, en revanche le crâne du barral n’apprend rien à Mormont. Rien qu’il ne sache déjà en réalité et qu’il semble tout à coup avoir oublié.

    Would that bones coul talk […] This fellow could tell us much. How he died. Who burned him, and why. Where the wildlings have gone. The children of the forest could speak to the dead. But I can’t. / Dommage que les os ne puissent causer. […] Ce type-là aurait pas mal de choses à nous conter. Comment il est mort. Qui l’a brûlé et dans quel but. Où sont partis les sauvageons. […] Paraît que les enfants de la forêt savaient parler aux morts. Moi, pas.

    À la relecture, le crâne apparaît comme une représentation de ce qui attend Lord Mormont chez Craster dans ASOS 34, Samwell II où, comme dans ce chapitre, un corbeau croasse le mot de la mort : snow. Le destin de Mormont rappelle un autre personnage antique mais aussi shakespearien : Jules César, en écho à celui du lord commandant Jon Snow dans ADWD. Comme dirait Petyr Baelish à Eddard Stark dans AGOT 34, Eddard VIII :

    You rule like a man dancing on rotten ice. / Vous gouvernez à la manière d’un homme qui danserait sur la glace pourrie.

    Phrase qu’on pourra tout aussi bien appliquer au Jon Snow de ADWD.

    Ça craque sous les pieds de Jeor Mormont déjà contesté par Thoren Petitbois dans le précédent chapitre de Jon. Le revêche PetitBois ayant même l’air plus lord que le Lord Commandant  lui-même, sous le manteau de Rikker. Comme dirait Dywen, ça sent le sapin pour Mormont.

    Thoren Smallwood looked more a lord than Mormont did. / Petitbois faisait plus lord que Mormont.

    César contesté, Mormont a cependant une dimension toute hamletienne : avant d’en parvenir à dire que les os ne peuvent causer, ce dont tout lecteur de ASOAIF peut douter, – si, si , les os causent et se souviennent,  le lord commandant a eu pourtant, tout du long d’AGOT tous les indices de la Longue Nuit prochaine mais pour autant il est demeuré, comme Hamlet, assez attentiste.

    Pourtant dès AGOT 22, Tyrion III, Jeor Mormont sait à quoi s’en tenir :

    Winter is coming and when the Long Night falls, only the Night’s watch will stand between and the darkness that sweeps from the north / L’hiver vient et lorsque tombera la Longue Nuit, seule la Garde de Nuit se dressera entre le royaume et les ténèbres qui accourent depuis le nord.
    Denys Mallister writes that the mountain people are moving south. […]They are running…but running from what ? / Denys Mallister nous mande que les gens des montagnes font mouvement vers le sud. Ils fuient…mais ils fuient quoi ?

    Je pourrai citer AGOT 53, Jon VII avec les spectres d’Othor et de Jafer et surtout le chapitre suivant de Jon, AGOT 61, Jon VIII où Mormont, pour le coup admet que les os ont quelque chose à dire (mais il est vrai que ce sont les siens) :

    There will be more [creatures] I can feel it in these old bones of mine. / davantage, il en viendra [des creatures] ma vieille carcasse me le prédit.

    À propos du moyen de détruire les spectres dans ce même chapitre :

    Fire ! Yes, damn it. We ought to have known. We ought have remembered. The Long Night has come before. Oh eight thousand years is a good while, to be sure…yet if the Night’s Watch does not remember, who will ? / Le feu, oui, parbleu, nous aurions dû le savoir. Nous aurions dû nous en souvenir. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’arrive la Longue Nuit. Oh évidemment, ça fait un bail, huit mille ans, tu parles…mais si la Garde de Nuit ne se souvient pas, qui le fera ?

    Et pour finir dans AGOT 71, Jon IX , Mormont parle des brasiers allumés par les sauvageons des montagnes :

    Ser Denys says that they see fires in the mountains huge blazes that burn from dusk till dawn / Ser Denys m’informe qu’on voit les montagnes embrasées de feux gigantesques et qui brûlent du crépuscule à l’aube.

    Mis bout à bout, ça fait beaucoup non ? Trop même pour rester à court de réponse devant le crâne carbonisé d’un sauvageon et sourd aux avertissements des corbeaux , « ces maudites choses [qui] ne disent selon lui jamais rien d’intéressant. »

    Jeor Mormont est un personnage que j’aime bien mais force est de constater que le chapitre est à l’image de ses réflexions et décisions : il sait, et toute la garde au fond sait aussi mais son expédition souffre d’objectifs mal ficelés : il s’agit de retrouver Benjen Stark et d’en savoir un peu plus sur ce qui se trame au-delà du Mur. Or, le lecteur pourrait lui renvoyer ce qu’il dit à Jon après sa désertion :

    When dead men come hunting in the night, do you think it matters…

    Remplaçons le titulaire du Trône de Fer par le roi Mance Rayder.

    Dans les chapitres suivants, chez Craster et sur le Poing, ne subsiste plus que la chasse aux sauvageons…envolés les doutes sur les ombres blanches et les morts qui marchent…

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #152556
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Merci pour cette analyse Ysilla. Il est vrai que c’est un chapitre de transition, et que nous n’apprenons rien de fondamental (rien que nous ne sachions déjà). Voici ce que j’ai relevé :

    • Un barral géant occupe le centre du village. Cet arbre a quelque chose d’inquiétant. Sa taille : un tronc large de 2.50 m, et un feuillage qui recouvre tout le hameau, le plongeant ainsi dans l’ombre. Et que dire de sa bouche, qui pourrait contenir un animal. Sauf qu’à cet instant précis, elle contient deux crânes.
    • Jon Snow ressent la puissance de l’arbre jusque dans sa chair. Ce qui paraît logique, c’est un homme du nord, et plus tard Bran utilisera le réseau de barrals pour communiquer avec lui.
    • Jon partage avec Mormont la croyance dans les anciens dieux et le respect des barrals. Il est un peu le fils spirituel de Mormont. Il porte Grand Griffe l’épée familiale des Mormont. Une épée « bâtarde » comme se plaisent à le rappeler certains de ses frères, renvoyant Jon à sa propre condition.
    • Quand Mormont rejette le crâne dans la gueule de l’arbre, celui-ci lui renvoie « une bouffée de cendres vaporeuses ». Mauvais présage ? Ou bien tout simplement le rappel que les sauvageons brulent leurs morts car ils sont conscients du danger que représentent les spectres.
    • Nous faisons connaissance avec Edd Tallett. Et nous découvrons l’origine de son surnom : Edd-la-douleur, ainsi que son humour pince sans rire.
    • Pour inspecter les maisons du village Jon fait équipe avec Edd. C’est le choc des cultures. Là où l’un y voit une habitation lugubre, l’autre y trouve un logement confortable.
    • Nous croisons Chett qui n’a toujours pas digéré d’avoir perdu son poste douillet auprès de Mestre Aemon. Il en vaut autant à Sam qui a pris sa place, qu’à Jon qui a intercédé auprès de Mestre Aemon.
    • Les sauvageons sont partis depuis un certain temps et nul ne sait où ils sont allés. C’est le quatrième village abandonné que trouve la patrouille.
    • Thoren Petibois a récupéré l’armure de Jaremy Rykker. A la Garde rien ne se perd. Ce qui en dit long sur la « richesse » de la Garde de nuit.
    • Au fur et à mesure que les patrouilleurs s’enfoncent dans les terres sauvageonnes, l’angoisse semble croitre. Un malaise ambiant que perçoit très bien Jon. Il n’y a que Sam qui paraît se rasséréner au fil des jours.
    • Dès que Mormont donne l’ordre du départ, tous les frères de la Garde se mettent en ordre de marche. Mormont ne veut pas camper dans ce village, il préfère bivouaquer près du lac plus au nord. Ce hameau le met-il mal à l’aise ? Ou bien est-ce pour les raisons pratiques qu’il invoque (trouver du poisson dans le lac) ?
    • Jon examine sa main d’épée, celle qui a été brûlée lors de sa lutte contre le mort-vivant. Il a conscience qu’il doit l’assouplir comme le lui a appris Mestre Aemon. Et de l’importance de garder cette main en bon état.

    La vue de sa main ramène Jon à Arya. Il avait l’habitude de lui ébouriffer les cheveux. Aura-t-il l’occasion de le faire à nouveau ? La simple idée qu’il ne reverra peut-être plus jamais sa demi-sœur cousine est un déchirement. Ces pensées font écho à celles d’Arya (ACOK 02- Arya 1). Revoir Jon serait « un si grand bonheur », « un bonheur préférable à n’importe quel autre ». En règle générale, les pensées de l’un pour l’autre se renvoient tout au long des chapitres de la saga.

    • Jon rejoint Sam qui est chargé d’envoyer la lettre du vieil ours. Il a appris à parler aux corbeaux.

    Trois d’entre eux savent dire « Snow ». Cela ne fait pas spécialement plaisir à Jon. D’autant que dans le nord « snow » s’emploie à la place de « mort ».

    Préfiguration de la mort de Jon Snow ? Pas vraiment, puisque Jon ne s’appelle probablement pas Snow. Mais Targaryen. Ce sera plus difficile à prononcer pour le corbeau 🙂

    • Le gibier ne pullule pas. Même Fantôme revient souvent bredouille. Dywen pense que le gibier est effrayé par quelque chose. Et pas seulement par la troupe de la Garde.
    • Jon rejoint Mormont et se demande ce qu’est devenu Benjen. Lui aussi a dû trouver ces villages déserts. Mormont promet à Jon que lorsqu’ils trouveront l’ennemi, ils seront 300 hommes prêts à se battre.

    Jon pense que c’est peut-être l’ennemi qui les trouvera.

    Ce qui sera le cas, en effet, lorsque les morts déferleront sur la Garde, au Poing des premiers hommes.

     

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #152559
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    Voici un chapitre très bref (à peine 7 pages)…][un quatrième village sauvageon désert. Ce qui n’est pas vraiment une révélation ; l’information est déjà connue dans AGOT. Disons que cela confirme que jusqu’à présent le sauvageon a une nette propension à se carapater. (Le patrouilleur Will ne nous dira pas le contraire.)

    Pas forcément : ils sont probablement partis rejoindre Mance Rayder.

    La mention de l’enclos à moutons, m’a remémoré le « manoir » de Craster qui, s’il possède bien un tel enclos (comme tout village sauvageon, semble-t-il) diffère de tous les autres villages mentionnés par l’absence de barral …mais j’anticipe…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par R.Graymarch. Raison: espaces

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #152565
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    En effet, c’est mince. A la lecture, ça fait avancer l’intrigue (flash forward : l’expédition est partie au delà du Mur) mais à la relecture, pas grand chose à se mettre sous la dent (comme Fantôme dans ce chapitre).

    L’arbre, et surtout sa mise en scène autour, est impressionnant. Au passage, on nous en dit un peu plus sur les croyances des Anciens dieux. On ne dit pas encore nommément qu’au delà du Mur, tout est différent mais pas loin

    It was the biggest tree Jon Snow had ever seen, the trunk near eight feet wide, the branches spreading so far that the entire village was shaded beneath their canopy. The size did not disturb him so much as the face . . . the mouth especially, no simple carved slash, but a jagged hollow large enough to swallow a sheep.

    Those are not sheep bones, though. Nor is that a sheep’s skull in the ashes.

    “An old tree.” Mormont sat his horse, frowning. “Old,” his raven agreed from his shoulder. “Old, old, old.”

    “And powerful.” Jon could feel the power.

    Thoren Smallwood dismounted beside the trunk, dark in his plate and mail. “Look at that face. Small wonder men feared them, when they first came to Westeros. I’d like to take an axe to the bloody thing myself.”

    Jon said, “My lord father believed no man could tell a lie in front of a heart tree. The old gods know when men are lying.”

    “My father believed the same,” said the Old Bear. “Let me have a look at that skull.”

    Jon porte Grand-griffe, une épée bâtarde, mais dont le pommeau a été refait pour être plus lupin qu’ursidé.

    La Garde de Nuit piétine en effet côté indices alors qu’il y a beaucoup d’éléments (après coup, c’est plus facile)

    “The wildlings burn their dead. We’ve always known that. Now I wished I’d asked them why, when there were still a few around to ask.”

    Jon Snow remembered the wight rising, its eyes shining blue in the pale dead face. He knew why, he was certain.

    /

    “The children of the forest could speak to the dead, it’s said. But I can’t.”

    Je souligne toutefois que les chapitres de Jon offrent un « concentré » de la vie au Mur, donc c’est normal qu’on voit + les indices qu’eux (en plus, nous avons vu le prologue d’AGOT). Pour eux, c’est noyé au milieu d’autres considérations.

    Comme vous l’avez dit, Edd est un excellent personnage avec son humour froid.

    “now the Old Bear wants them talking as well? No good will come of that, I’ll warrant. And who’s to say the bones wouldn’t lie? Why should death make a man truthful, or even clever? The dead are likely dull fellows, full of tedious complaints—the ground’s too cold, my gravestone should be larger, why does he get more worms than I do . . .”

    Aura-t-on un jour un chapitre où on n’aura pas envie de baffer Jon ? Sans doute mais pas aujourd’hui. Jon ne se rend pas compte de la chance qu’il a eu et affiche (sans s’en rendre compte) son mépris face à Edd.

    “What a dismal place to live,” he said.

    “I was born in a house much like this,” declared Dolorous Edd.

    On note que l’Arbre blanc est le quatrième village rencontré, ça commence à faire une trotte. Comme indiqué par Ysilla, on voit beaucoup de « PNJ » de la Garde. Dont Chett qui a toujours l’air aussi grâcieux.

    La comète vous avait manqué ? Elle est toujours là !!

    At night they camped beneath a starry sky and gazed up at the comet

    Comme vous, j’ai noté la partie entre Sam et Jon

    “Have you been teaching them to talk?” he asked Sam.

    “A few words. Three of them can say snow.

    “One bird croaking my name was bad enough,” said Jon, “and snow’s nothing a black brother wants to hear about.” Snow often meant death in the north.

    Puis, le fait que Sam prenne de l’assurance. Et là (enfin !) Jon le remarque

    The world is strange, Jon thought. Two hundred brave men had left the Wall, and the only one who was not growing more fearful was Sam, the self-confessed coward.

    On a encore une vision du rapport qu’entretien Jeor avec son volatile. On sait qu’il l’apprécie beaucoup plus qu’il n’en laisse paraître 😉

    “Yes, my lord. Sam is teaching them to talk.”

    The Old Bear snorted. “He’ll regret that. Damned things make a lot of noise, but they never say a thing worth hearing.”

    Pour le coup, il a tort. Écoutons les corneilles, elles ont des trucs à nous dire.

    Thoren Petibois a récupéré l’armure de Jaremy Rykker. A la Garde rien ne se perd. Ce qui en dit long sur la « richesse » de la Garde de nuit.

    J’imagine que c’est le cas pour 99% des familles de Westeros. On ne gâche pas ce qui est précieux et peut être réutilisé, c’est assez normal. D’ailleurs, ça l’est encore chez nous : peu de chances qu’on jette la voiture d’un défunt si on peut encore l’utiliser ou la vendre. Ou idem dans le cas de fratries : les plus jeunes récupèrent souvent les vêtements des plus âgés. On peut aussi évoquer les « trafics » de couffins, poussettes et autres entre parents « qui n’en ont plus besoin ». C’est à mon sens moins une preuve de pauvreté que d’économie (il faut vraiment être très riche pour faire autrement ou n’avoir aucun « réseau » ou pas de temps)

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #152567
    Ysilla
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    Quand Mormont rejette le crâne dans la gueule de l’arbre, celui-ci lui renvoie « une bouffée de cendres vaporeuses ».

    La traduction laisse effectivement l’impression d’une réponse du barral, dont la personnification grâce à mouth/ gueule est amplifié par « qui lui répliqua ».

    Mais la v.o. est, elle, très factuelle : Mormont jette le crâne et action/ réaction, son geste provoque un nuage de cendres.

    He tossed the skull back into the mouth of the tree, where it landed with a puff of fine ash.

    J’y vois plutôt l’image, que pour Mormont, le mort ne peut offrir que ce qu’il a : de la cendre, autrement dit sa finitude de crâne et donc pas de réponse à ses questions. Ce en quoi il se trompe.

    Pour inspecter les maisons du village Jon fait équipe avec Edd. C’est le choc des cultures. Là où l’un y voit une habitation lugubre, l’autre y trouve un logement confortable.

    Je pense qu’Edd-la-Douleur est tout de même très « second degré ».

    le fait que Sam prenne de l’assurance.

    Il n’y a que Sam qui paraît se rasséréner au fil des jours.

    Samwell paraît fonctionner à contre-temps. Sa toute nouvelle assurance me paraît avoir des fondements bien fragiles : comme il a peur de tout et qu’il n’y a rien à voir ou  à entendre, il se rassénère, comme s’il s’était créé sa petite bulle au sein de l’expédition, tranquillou parmi ses corbeaux et ses chevaux. Or tout ce qui semble le rassurer est précisément ce qui alarme ses compagnons. Ajoutons aussi que la vue du barral lui a été épargnée; pas sûr que sa nouvelle sérénité ait résisté à aux crânes dans la gueule de l’arbre.

    Là où il a fait des progrès, c’est qu’il a (presque) renoncé à vouloir, contre toute possibilité, échapper à l’endroit où il se trouve et se désespérer de ne pas y parvenir.

    La comète vous avait manqué ? Elle est toujours là !!

    On peut la considérer aussi comme un discret rappel de la dimension shakespearienne de Jeor Mormont, d’autant plus que les frères de la Garde l’associent directement au lord commandant en la surnommant la Torche de Mormont. Dans sa pièce Jules César, Shakespeare l’évoque comme présage de la mort du consul à vie.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #152568
    Emmalaure
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    Ah ! Ce Edd qui sort de nulle part pour devenir un comparse récurrent ! J’y vois pour ma part un avatar d’Eddard Stark, revenu tout droit du royaume des morts parce que… parce que GRRM n’avait pas réussi à le tuer jusqu’au bout. Attention, je n’ai pas dit que c’était Eddard ressuscité ou sauvé on-ne-sait-comment de sa prison et remplacé habilement par une illusion d’optique ou un sans-visage gnagnagna. Je parle seulement d’un deuil difficile à faire pour notre auteur et un besoin de faire revenir son personnage sous une autre forme et avec une autre dimension : il ne fait pas avancer l’intrigue, mais il apparaît la première fois dans la forêt hantée (aka un royaume des morts symbolique et réel, comme on le constate dans ce chapitre avec un village mort et ses seuls habitants encore présents tout aussi morts) et se fait remarquer par la justesse de ses remarques et leur humour macabre. Mais je crois que j’avais déjà dit tout ça sur d’autres fils de discussion ^^.

    #152613
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Finalement l’intérêt de ce chapitre vient peut-êre plus des personnages secondaires que de l’intrigue générale. Samwell est-il encore un personnage secondaire ? Je dirais oui à ce stade des livres, mais il prend de plus en plus d’épaisseur.

    Et j’aime beaucoup l’idée de Edd-la douleur comme avatar littéraire d’Eddard Stark : mais bien sûr !

    #152614
    Ysilla
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    J’y vois pour ma part un avatar d’Eddard Stark, revenu tout droit du royaume des morts parce que…

    C’est vrai que la proximité des prénoms est intéressante, d’autant que les Eddard ou les prénoms proches ne sont pas légion dans ASOIAF : Eddard Karstark (ça sent le prénom hommage au suzerain), Edric Dayne (on a déjà beaucoup parlé de l’intrigante concordance des prénoms) et notre Eddison Tallett, plus âgé que Jon.

    Davantage qu’une figure paternelle de substitution (ça n’en ferait jamais qu’une de plus), je le verrais plutôt comme un relais entre Jeor Mormont et Jon :

    1. C’est Edd-la-Douleur qui remplace Jon comme écuyer du lord Commandant après le départ du Mimain.
    2. À l’inverse, Edd remplace Jeor Mormont, en prenant la tête de la retraite vers Châteaunoir, après la rébellion chez Craster.
    3. Enfin, pour boucler la boucle, c’est Edd qui, en proposant le nom de Jon, permet son élection comme lord Commandant et donc, symboliquement en fait l’héritier de Mormont.

    j’aime beaucoup l’idée de Edd-la-Douleur comme avatar littéraire d’Eddard Stark :

    Il n’empêche que cette idée d’un Edd-la-Douleur en avatar de Ned Stark comme trace plus ou moins inconsciente d’un regret de Martin est plaisante. Je crois me souvenir que, dans un SSM sur Westeros.org, Martin dit à quel point il lui est pénible de tuer ses personnages, même les plus abjects.

    On aurait alors affaire à un Eddard inversé : mélancolique certes comme lui, mais avec un humour et un deuxième degré dont Ned Stark est totalement dénué.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #152656
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1272

    Chapitre qui doit être sympa en première lecture, pour le mystère qu’il alimente, mais pas grand chose à se mettre sous la dent en relecture.

    Ah si, j’adore Edd la Douleur. J’avais oublié à quel point il était drôle ^^

    #152825
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    Chapitre qui doit être sympa en première lecture, pour le mystère qu’il alimente, mais pas grand chose à se mettre sous la dent en relecture.

    En effet, les quelques éléments intéressants sont dans le background et les persos secondaires plus que dans les actions de Jon, faisant de ce chapitre une transition, mais tous les chapitres n’ont pas vocation à inclure de grandes révélations ou cliffhanger. J’avais oublié ce passage, pensant que la Garde arriverait directement chez Craster, mais je me souvenais d’une mention faite à de nombreux villages désertés, Craster étant le seul à être resté chez lui.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
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