ACOK 69 – Jon VIII

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    Liloo75
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    ACOK 69 – Jon VIII
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 68, Tyrion XV ACOK 70, Bran VII

    Le sacrifice d’un héros

    Nous partîmes à cinq ; mais il n’y eut aucun renfort…(1)

     

    Jon fait partie de l’équipe d’éclaireurs dirigée par Qhorin Mimain, et chargée de découvrir ce que préparent les sauvageons. Au départ, ils sont cinq : Sieur Dalpont, Ebben, Vipre, Qhorin et Jon.

    Dans le chapitre précédent, lors d’une embuscade, Jon a tué un sauvageon, Orell. C’est le premier homme qu’il tue. Mais la particularité de cet acte ne s’achève pas là. Orell était un zoman, et il possédait un aigle. Un animal qui va causer bien des soucis à la petite troupe.

    En revanche, Jon n’a pas pu se résoudre à tuer sa prisonnière, Ygrid. Les raisons sont multiples. Ygrid est une fille, qui pour ne rien arranger lui rappelle Arya, et dans le sud les hommes d’honneur ne tuent pas les dames. Toutefois, Ygrid est une sauvageonne et nous verrons que chez le peuple libre les femmes combattent aussi. Il préfère la laisser s’échapper et lui permettre ainsi de rejoindre les siens.

    Jon a également fait un rêve de loup. Ce qui lui a permis, à travers les yeux de Fantôme, de voir que les sauvageons se regroupent près de la Laiteuse. C’est tout leur peuple qui se déplace.

    Qhorin a foi en la vision de Jon. Et il comprend qu’ils sont en danger. D’autant plus que l’aigle les a repérés et les suit à la trace. Sieur Dalpont choisit de rester en arrière et d’essayer de retenir le plus possible leurs ennemis. En faisant ce geste, il sait qu’il ne survivra pas.

    Désormais, la petite communauté menée par Mimain ne comprend plus que quatre hommes. Et ce chiffre ne va faire que décroitre tout au long du présent chapitre.

     

     

    La dernière flambée ?

    La scène débute in medias res. Jon et Qhorin sont les seuls rescapés de l’expédition. Qhorin a envoyé Jon chercher du bois pour faire du feu. Cette démarche augure mal, car jusqu’à présent des frères jurés avaient préféré affronter le froid plutôt que prendre le risque d’attirer l’attention des sauvageons. Jon interprète cet acte comme une résolution de Mimain. Ils sont perdus, les sauvageons vont probablement les rattraper. Le feu qui va les réchauffer sera en quelque sorte le dernier plaisir des condamnés.

    George Martin nous offre une belle image dans ce moment tragique : « La lune émergeait derrière une montagne, et le soleil sombrait derrière une autre ». Cette lune va les suivre tout le long du trajet. Elle sera présente dans plusieurs parties de ce chapitre. Sa symbolique est multiple. Elle est souvent rattachée, dans la mythologie, à la fécondité, à la nature sauvage et à la mort. Ces deux derniers aspects seront bien palpables ici.

    Qhorin compare le feu naissant que Jon est en train d’allumer à une vierge le soir de sa nuit de noces. Jon est surpris par ce parallèle et se demande si Qhorin a connu des femmes dans sa vie. Lui qui a consacré son existence à la Garde de Nuit, que peut-il savoir de la vie maritale ? Paradoxalement, dans les chapitres suivants, c’est Jon qui va découvrir ce que l’on éprouve lorsqu’on est aimé d’une femme, et que l’on partage sa couche avec elle. Mais pour le moment, Jon attend la mort, pas l’amour.

    C’est autour de cette flambée que l’on apprend ce que sont devenus les deux autres éclaireurs : Ebben et Vipre.

    Ce dernier a tenté d’abattre l’aigle qui les pourchassait, mais sans succès. Ebben a juré en parlant de « mutants » et de « zomans ». L’aigle est en effet celui d’Orell, et ce dernier a probablement pris possession du corps de sa bête en mourant. En poursuivant les patrouilleurs, il cherche à se venger.

    Devant cette menace, Qhorin a envoyé Ebben au Poing des Premiers Hommes, afin de prévenir Mormont des derniers événements. Ebben n’était pas franchement enthousiaste à l’idée de partir seul à travers les Crocgivres. Il a essayé de convaincre Mimain d’expédier Jon à sa place, arguant qu’il est bon cavalier. En réalité Ebben savait que Mimain l’envoyait pour une mission suicide. Il ira malgré tout. C’est un homme de la Garde et il sait obéir aux ordres.

    Qhorin semble vouloir garder Jon sous la main pour une autre mission : « Un autre rôle l’attend ». Pour le moment nous n’en saurons pas plus.

    Vipre, Qhorin et Jon ont poursuit leur chemin, toujours traqués par l’aigle d’Orell. Il semble impossible d’échapper à sa vigilance.

    Lorsque le cheval de Vipre s’est blessé, Qhorin a dépêché le patrouilleur au Poing avec un message pour le Commandant Mormont :

    Dis-lui que les vieilles puissances sont en train de se réveiller et qu’il se trouve face à des géants, des zomans et pire. Dis-lui que les arbres ont à nouveau des yeux.

    Qhorin connaît les sauvageons et tout le peuple qui vit au-delà du Mur, il sait que les géants et les zomans ne sont pas des légendes. Et que Mormont comprendra. Toutefois, même si Vipre est un excellent grimpeur et un bon marcheur, accomplir tout ce trajet à pied, jusqu’au Poing relèverait de l’exploit. Un homme de plus se retrouve condamné. Jon pense que Vipre « n’a aucune chance ». Et il a malheureusement raison. Pourtant Vipre est parti en mission sans rechigner :

    Vipre (…) allait, telle une infime fourmi, s’amenuisant de plus en plus parmi les replis montueux des congères.

    Les hommes apparaissent comme peu de chose face à l’immensité et à la férocité de la nature.

    Il est difficile de ne pas éprouver du chagrin pour ce frère qui a bien servi les siens, et a honoré son serment jusqu’au bout.

     

    En tête à tête

    Qhorin et Jon demeurent seuls. Avec Fantôme comme compagnon d’infortune.

    Le vieux patrouilleur n’est pas très causant. C’est dans son caractère, mais peut-être réfléchit-il aussi à la suite de leur aventure, et à l’issue qu’il lui paraît honorable de lui donner.

    Qhorin interroge Jon sur le tranchant de son épée. Veut-il vérifier que Jon saura frapper avec efficacité les sauvageons en cas d’attaque ? Ou bien a-t-il une autre idée derrière la tête ?

    Il demande également à Jon de répéter ses vœux. Et alors, à l’unisson, tous deux récitent les vœux solennels des frères de la Garde de Nuit. C’est à n’en point douter un moment d’intense émotion pour les deux hommes, qui doivent pressentir, chacun de leur côté, que leur fin est proche. Qhorin accentue le côté théâtral de la scène en disant :

    Le feu va bientôt s’éteindre (…) mais que le Mur tombe, et ce sont tous les feux qui s’éteindront.

    Jon n’a rien à répliquer. Profitant de cet instant solennel, Qhorin ordonne à Jon de se rendre aux sauvageons.

    Jon refuse dans un premier temps. Il a envisagé de mourir, mais pas de trahir ses vœux. Qhorin lui explique que c’est un ordre. Et lui demande s’il est un homme de la Garde de Nuit. Un peu comme l’avait fait Mormont en son temps lorsque Jon avait tenté de rejoindre la guerre de Robb. Désormais, Jon est un frère, au plus profond de lui. Et l’idée de se parjurer lui est difficile à concevoir. Il va néanmoins accepter. Ebben et Vipre ont obéi eux aussi, alors qu’ils savaient pertinemment qu’ils allaient à la rencontre de la mort.

    La Garde de Nuit est le « bouclier protecteur des royaumes humains ». Quoi qu’il en coute aux frères noirs.

    S’il survit à cette expédition, Jon devra se rallier aux sauvageons.

    Il devra leur obéir, renier ses anciens engagements, tourner le dos à sa famille. Du moins en paroles. Car au fond de son cœur il ne devra pas oublier qui il est. Une bien grande gageure pour un si jeune homme.

    Qhorin lui précise que lors de sa mission, il ne devra pas « barguigner ». Ce terme qui signifie hésiter, chicaner ou ergoter reviendra souvent à l’esprit de Jon, dans les chapitres suivants, lorsqu’il sera passé chez les sauvageons. A chaque fois qu’il lui faudra faire un choix qui va à l’encontre de ses vœux.

    Ce stratagème est destiné à espionner les sauvageons. Jon devra obéir aux sauvageons, mais aussi vivre avec eux, partager leur culture (et parfois même un peu plus…). L’objectif est d’en apprendre le maximum à leur sujet, et notamment pourquoi ils se regroupent si nombreux aux sources de la Laiteuse. Et puis, Mimain veut savoir ce que cherchent les sauvageons. Ils ne sont pas là par hasard.

     

    En échange Jon demande à Qhorin de prévenir le lord Commandant qu’il n’a pas trahi ses vœux. Ce point est primordial à ses yeux. Qhorin promet de le lui dire : « aussitôt que je le verrai. Parole ». Cela sonne comme une promesse de retrouver Mormont dans l’autre Monde. Il en est sans doute ainsi dans l’esprit de Mimain.

     

    Marche arrière

    A la nuit tombée, Qhorin décide de rebrousser chemin. Ils vont donc se diriger tout droit vers leurs ennemis. Qhorin espère que le feu les enverra dans la mauvaise direction. Croit-il lui-même à ses paroles ? A posteriori, je dirai non. Quand on connaît la conclusion du chapitre, nous savons que les deux hommes vont se jeter dans la gueule du loup.

    « Viens, frère » lance-t-il à Jon, comme pour mieux lui rappeler qu’ils sont en mission pour la Garde, et qu’ils sont ici des égaux dans l’adversité.

    Le passage scabreux, à flanc de montagne, et la noirceur de la nuit ne rendent pas le trajet aisé. Jon se demande ce que mijote Qhorin. Heureusement que leurs montures sont adaptées au terrain. Ils arrivent devant une grande cascade, qui leur barre la route. Enfin, pas vraiment, il suffit de passer à travers pour se retrouver de l’autre côté, à l’entrée d’une caverne. A partir de là, le chemin s’élargit.

    Mimain connaissait ce passage. C’est à cela que l’on peut mesurer la grande expérience du vieux patrouilleur. Ils vont passer la nuit dans la caverne et ils repartiront au petit matin. Ils emprunteront alors un boyau qui doit les mener vers la sortie. Et à l’abri dans le ventre de la montagne, ils n’auront plus à craindre le regard perçant de l’aigle.

    En attendant Jon tente de dormir. La présence et la chaleur de Fantôme le rassurent un peu, mais il ne peut pas s’empêcher de penser à la phrase prononcée par Mimain : « Que le Mur tombe, et ce sont tous les feux qui s’éteindront ». La mission des frères jurés de la Garde de Nuit n’est pas symbolique. Il y a longtemps que le danger ne s’est plus présenté aux portes de Westeros, mais la Garde a sa raison d’être, et son action est essentielle. Même si tous les seigneurs du territoire semblent avoir oublié qu’elle est leur dernier rempart face aux marcheurs blancs et aux spectres qui les menacent à nouveau. La nuit même, Jon fait un rêve étrange dans la caverne. Il voit des châteaux qui brûlent et des morts qui sortent de leur tombe. Le danger est bien réel.

    Le lendemain, Qhorin, Jon et Fantôme parviennent à traverser la montagne et émergent à l’air libre. L’espoir d’échappatoire de Jon ne tarde pas à s’envoler. L’aigle d’Orell est là, qui les attend à la sortie. Fantôme a beau le courser, l’animal est toujours à leurs trousses. Qhorin tente de rassurer Jon en lui expliquant que leur position stratégique leur permettra de résister aux sauvageons en cas d’attaque. Mais y croit-il vraiment ? Probablement pas. Il demande à nouveau à Jon si son épée est tranchante. Jon a une épée en acier valyrien, l’épée ancestrale des Mormont, Grand-Griffe. Elle doit couper à n’en point douter.

    En réalité, Qhorin n’a pas l’intention de se battre contre les sauvageons. Sa question au sujet de l’épée le concerne directement. Un peu comme un condamné qui demande à son bourreau si l’épée coupe bien. C’est la question d’un homme, prêt à se sacrifier, qui veut mourir vite et proprement.

    Jon nourrit les chevaux, tout en se récitant ses vœux. Une façon comme une autre de se donner du courage. Et du courage, il va lui en falloir pour affronter les sauvageons qui se présentent. Quatorze hommes et huit chiens, dont certains sont des chiens-loups. Mimain demande à Jon de tenir son loup géant. Il ne faudrait pas que Fantôme se jette sur les sauvageons et ruine son plan. Car Qhorin a un plan. Jon ne l’a pas encore deviné, pas tout à fait.

     

     

    L’affrontement

    Les sauvageons viennent à eux vêtus de bric et de broc. Ils ne maîtrisent pas l’art de travailler le fer (ni l’obsidienne :)). Aussi, n’ont-ils ni armures, ni épée. A l’exception des armes qu’ils ont prélevées lors des razzias, sur des hommes du sud.

    Notons qu’ils ont des archers parmi eux. Qhorin et Jon dégainent leurs épées et se tiennent dos à dos. Seuls face à une petite armée. C’est là que l’on nous rappelle d’où vient le surnom de Mimain. Ce dernier a perdu une partie des doigts de sa main droite en combattant un sauvageon. Depuis, il manipule l’épée de la main gauche aussi avec une dextérité légendaire (de quoi en faire rêver certains).

    C’est alors que se présente un homme tout recouvert d’os. Des os d’animaux, mais également des os d’êtres humains. Celui-là ne doit pas faire dans la dentelle. Il a tout du sauvage barbare, au sens où on l’entend habituellement.

    Qhorin le reconnait et le désigne par son nom : « Clinquefrac ». Ce dernier le reprend aussi sec et exige d’être nommé « seigneur des Os ». Ce qui fait bien rire Mimain. De seigneur, il n’en a pas l’habit. Et Qhorin fait montre d’une belle répartie :

    Le seigneur, vois pas. Vois rien qu’un cabot accoutré de pilons de poulet.

    Il ne manque pas de panache le vieux patrouilleur, même si la réplique est risquée.

    D’ailleurs, Clinquefrac est piqué au vif, il dit à Mimain que bientôt ses os qui iront rejoindre son armure de fortune. Il ne pense pas si bien dire. A force de le provoquer, Mimain va au-devant de sa propre mort. C’est probablement le résultat recherché, afin de laisser Jon partir avec les sauvageons.

    – Veux ma carcasse ? Viens la prendre… !

    Néanmoins, si Clinquefrac est beau parleur, il n’a pas le courage d’affronter Mimain, l’homme de la Garde de Nuit, le plus connu et le plus redouté chez les sauvageons.

    D’autant plus que l’étroitesse du sentier exige un duel. Une attaque frontale des sauvageons est impossible.

    Une des sauvageonnes s’approche des patrouilleurs afin de tenter de les raisonner. Ils sont deux contre quatorze, sans compter leurs chiens en nombre. Le combat, quel qu’il soit, est perdu d’avance pour Jon et Qhorin.

    Elle sort de son sac la tête d’Ebben. Celui-ci n’a pas réussi à rejoindre le Poing. Elle précise cependant qu’il est mort en brave. Elle a l’air plus sociable que Clinquefrac. Tous les sauvageons ne sont pas des brutes sans dignité. Nous verrons plus loin dans la saga que le peuple libre tente de survivre dans un milieu hostile. Il est plus victime que bourreau. Enfin, en règle générale…

    Il y a toujours des exceptions. Clinquefrac exhibe alors sa hache, faite d’un bel acier. Il l’a prise à Ebben.

    Les sauvageons, provocateurs, interpellent les frères jurés. Un jeune garçon annonce qu’il va se faire un manteau avec la peau de Fantôme. Il devrait se méfier, certains jouvenceaux ont désiré une peau de loup et ont mal fini.

    Qhorin demande à Jon de garder son sang-froid, de ne pas répliquer. Et surtout de ne pas oublier les ordres.

    Jon s’avance vers les sauvageons et annonce qu’ils se rendent. Ce n’était pas vraiment les ordres, mais c’est un début. C’est à ce moment que Mimain saisit l’occasion afin de jouer sa partition. Il s’en prend à Jon, l’accuse d’être un couard, un homme sans honneur. Jon est meurtri par ces paroles, mais il a compris et se dirige vers les sauvageons. Il se rend. Néanmoins, Clinquefrac ne veut pas de lui. Il le hait. Presque autant que l’aigle.

    C’est le moment que choisit un des sauvageons pour enlever son heaume, qui cachait ses cheveux de feu, et prendre la défense de Jon. C’est Ygrid. Elle rappelle qu’il aurait pu la tuer, mais qu’il n’en a rien fait :

    Ce n’est pas un pleutre (…). C’est le bâtard de Winterfell. Il m’a épargnée. Qu’il vive.

    Son intervention arrive à point nommé, car en écho, Clinquefrac répond :

    Qu’il meure.

     

    Jon est stupéfait, il ne s’attendait pas à retrouver Ygrid. Elle lui explique que l’aigle qui les pourchasse est Orell. Il a rejoint son oiseau après sa mort d’homme. C’est la raison pour laquelle il s’acharne contre lui. Le lecteur attentif a pu le deviner également.

    Jon dit qu’il ne savait pas, ce qui sonne comme une excuse dans sa bouche. Puis il rappelle à Ygrid qu’elle lui avait annoncé que Mance l’accepterait parmi eux s’il voulait rejoindre le peuple libre.

    Clinquefrac n’en a rien à cirer, il veut la mort de Jon. Pourquoi ? Par Jalousie ?

    Une autre sauvageonne, une piqueuse, Ragwyle, vient au secours de Jon. S’il montre son courage, il pourra les rallier. Clinquefrac exige qu’il tue Mimain pour prouver sa bonne foi.

    Qhorin continue à jouer la comédie. Il fait mine d’en vouloir à Jon de s’être rendu sans combattre. Il lui assène un coup d’épée, mais Jon pare avec Grand-Griffe. L’épée paraît animée d’une vie propre. Le combat montre clairement que Mimain est meilleur que Jon. Il devrait l’emporter. Mais c’est sans compter Fantôme. Le loup intervient pour défendre son maître. Il déséquilibre Mimain, et laisse le temps à Jon de pointer son épée vers son ainé. Qhorin a la gorge en sang :

    Soudain, tout un collier de larmes rouges, aussi rutilantes que des rubis, lui cercla la gorge (…) et Qhorin Mimain s’effondra.

    Quelques mots suffisent à George Martin pour nous dépeindre la mort d’un héros.

    Ici, le sang est assimilé à des rubis. Cela peut renvoyer à la mort de Rhaegar au Trident. Jon vient encore de perdre un père de substitution.

    En réalité, c’est le loup qui a mordu Mimain à la gorge et l’a tué. L’épée l’a à peine entaillé. Les derniers mots du vieux patrouilleur sont « …tranche ». Que veut-il dire par là ? Que l’épée était tranchante ? que c’est Fantôme qui a tranché à sa place en le mordant ? Il lui a ôté la vie pour sauver celle de son maître, et a ainsi permis la réussite du plan de Mimain. Ou encore souhaite-t-il donner l’illusion que c’est l’épée de Jon qui lui a tranché la gorge ?

    Ce n’est pas encore gagné. Clinquefrac exige à nouveau la mort de Jon. Mais il n’est pas vraiment le chef du groupe, même s’il veut en donner l’illusion. Il ne peut pas imposer sa volonté aux autres sauvageons. Ce sont les piqueuses Ygrid et Ragwyle qui prennent le parti de Jon. Et elles parviennent à emporter l’adhésion des autres membres de la troupe. Jon a passé la première étape de son intégration.

    Nous constatons ici que le peuple « libre » n’est pas désigné ainsi à la légère. Les décisions doivent faire consensus, et les femmes ont autant de pouvoir que les hommes.

    Cette victoire a un goût amer. Jon a perdu un frère, presque un père. Et il a peut-être perdu également ses autres frères de la Garde de Nuit, sa nouvelle famille. Si Qhorin est mort, qui dira au lord Commandant que Jon n’est pas un tourne-casaque ?

    Après avoir dit adieu à ses frères cousins par le sang, Jon vient de tourner le dos à ses frères jurés. C’est encore un nouveau départ pour lui, un nouveau commencement. A seulement 16 ans.

     

    Le chapitre se clôt sur la crémation de Qhorin Mimain (sage décision) et sur le départ des sauvageons, avec leur nouvelle recrue. Ils partent en direction du Mur. Car c’est là-bas que se dirige Mance Rayder.

    Châteaunoir est en danger.

     

    (1) Inspiré des vers de Pierre Corneille dans Le Cid : « Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port ».

     

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    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #164760
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    J’imagine qu’en primolecture, je me suis dit « Jon ? Mais il faisait quoi au fait ? »

    Et là, on a encore une entrée en matière qui nous « met dedans » directement

    When Qhorin Halfhand told him to find some brush for a fire, Jon knew their end was near.

    C’est un chapitre passionnant où je n’ai pas grand chose à dire/commenter. Qhorin est mémorable et « guide » Jon malgré lui. A se demander pourquoi c’est si important pour lui. On va en causer

    Non parce que déjà avec Jeor, c’était louche, mais là ça continue. Qhorin veut garder Jon car il a un rôle « spécial »

    “Send Jon,” Ebben had urged. “He can ride as fast as me.”

    “Jon has a different part to play.”

    Puis c’est Vibre qui part (est chassé ?). Qhorin dit que si qqn peut en revenir c’est lui, Jon sait qu’il est condamné. C’est moi qui surinterprète ou Qhorin veut être seul avec Jon ? Surtout pour ce qu’il va lui demander ensuite. (Je laisse les fans de Freuxsanglant dire qu’il joue un rôle, avec Fantôme dans le coin en plus)
    Solennellement, Qhorin fait réciter le serment de la Garde à Jon.
    Ce passage est assez emblématique. Qhorin lui demande un truc mais « il ne sait pas trop pourquoi »

    “Our honor means no more than our lives, so long as the realm is safe. Are you a man of the Night’s Watch?”

    /“Then hear me. If we are taken, you will go over to them, as the wildling girl you captured once urged you. They may demand that you cut your cloak to ribbons, that you swear them an oath on your father’s grave, that you curse your brothers and your Lord Commander. You must not balk, whatever is asked of you. Do as they bid you . . . but in your heart, remember who and what you are. Ride with them, eat with them, fight with them, for as long as it takes. And watch.

    “For what?” Jon asked.

    “Would that I knew,” said Qhorin. “Your wolf saw their diggings in the valley of the Milkwater. What did they seek, in such a bleak and distant place? Did they find it? That is what you must learn, before you return to Lord Mormont and your brothers. That is the duty I lay on you, Jon Snow.”

    “I’ll do as you say,” Jon said reluctantly, “but . . . you will tell them, won’t you? The Old Bear, at least? You’ll tell him that I never broke my oath.”

    Qhorin Halfhand gazed at him across the fire, his eyes lost in pools of shadow. “When I see him next. I swear it.” He gestured at the fire.

    La dernière phrase, on est bien d’accord que Qhorin sait qu’il ne vivra pas longtemps ? (Jeor idem ailleurs)
    Toute la suite du chapitre est admirable, la fuite via la caverne miracle et puis l’embuscade avec un aigle, un grand méchant et Ygrid.

    Jon obéit à Qhorin, mais on lui demande de se battre contre son ancien frère. Qhorin ne lui laisse pas le choix

    Rattleshirt’s bone armor clattered loudly as he laughed. “Then kill the Halfhand, bastard.”

    “As if he could,” said Qhorin. “Turn, Snow, and die.”

    Jon a du mal et c’est grâce à Fantôme qu’il prend l’ascendant

    Even when Ghost’s teeth closed savagely around the ranger’s calf, somehow Qhorin kept his feet. But in that instant, as he twisted, the opening was there.

    Qhorin s’est sacrifié, c’est trop affreux :/ T’as pas intérêt à merder, Jon

    Jon se rend compte que les sauvageons ont des différends, ce n’est pas un ordre militaire

    Rattleshirt rode closer, bones clattering. “The wolf did his work for him. It were foully done. The Halfhand’s death was mine.”

    “We all saw how eager you were to take it,” mocked Ragwyle.

    “He is a warg,” said the Lord of Bones, “and a crow. I like him not.”

    “A warg he may be,” Ygritte said, “but that has never frightened us.” Others shouted agreement. Behind the eyeholes of his yellowed skull Rattleshirt’s stare was malignant, but he yielded grudgingly. These are a free folk indeed, thought Jon.

    Avoir sauvé Ygrid sauve la vie de Jon. Le karma…

    Puis, c’est le final

    “By now Mance is well down the Milkwater, marching on your Wall.”

    « your Wall », Jon ne fait pas encore partie de la troupe

    Ah que c’était bien ! Mais dur !

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #164771
    Hizieł
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    Merci Liloo75 pour cette ouverture très complète !

    De fait, pas beaucoup de choses à rajouter à ce que Graymarch et toi avez relevé. J’ai bien aimé la structure (assez classique il faut dire) du chapitre avec le début in medias res où Jon nous apprend qu’ils ne sont plus que deux avant que ses pensées nous refassent le déroulement des événements depuis son dernier chapitre. A l’image des chapitres précédents de Jon dans le Grand Nord, les descriptions de l’environnement montagneux, aussi beau que mortel est très appréciable, et notamment la citation déjà relevée qui met en parallèle la lune qui se lève et le soleil qui se couche.

    Sinon, concernant le départ d’Ebben, je me suis demandé si le fait qu’il « conjure » Mimain d’envoyer Jon plutôt que lui en prétextant que c’était encore un « gamin » était davantage lié au fait qu’il se sentait plus capable que Jon d’affronter les sauvageons en face à face aux côtés de Mimain (donc qu’il se sentait en quelques sortes déprécié en étant «  »renvoyé » » vers Mormont) ou si c’était qu’il avait compris que sa mission était suicidaire (plus que de rester, je ne sais pas) et préférait envoyer Jon (mais dans ce cas, le prétexte de la plus grande expérience n’est pas forcément la meilleure) … Dans tous les cas, j’ai trouvé ironique que sa méticulosité dans le soin apporté à sa hache se retourne finalement plus tard contre ses frères, puisque c’est désormais Clinquefrac qui l’a (même si là, il n’a pas eu besoin de s’en servir).

    La mort du grand Mimain est en tout cas déchirante (d’autant plus que je ne me souvenais pas que Fantôme y jouait un (si grand) rôle) et achève de placer pour moi Mimain en bonne place au panthéon des héros de cette saga. Comme ça a été souligné : Jon, maintenant à toi de lui faire honneur !

    « Des châteaux brûlaient et des morts angoissés se dressaient en sursaut dans la tombe »

    Enfin sinon, j’ai vu dans le dernier cauchemar de Jon avant la confrontation un beau pont vers le chapitre suivant, concluant AGoT, et qui voit Bran, Rickon, les Reed, Osha et Hodor sortir des cryptes de Winterfell après son incendie.

     

    De mestre passionné d'archi à archimestre déprimé dans DOH 8 - "Dans l'ombre de la Chat-rpie"
    L'incompris Winni Naz Puur dans DOH 9 - "Tous ceux qui veulent changer Meereen"

    #164772
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Qhorin Halfhand gazed at him across the fire, his eyes lost in pools of shadow. “When I see him next. I swear it.” He gestured at the fire. La dernière phrase, on est bien d’accord que Qhorin sait qu’il ne vivra pas longtemps ? (Jeor idem ailleurs)

    Oui. Quand nous nous verrons dans l’Au Delà, je lui dirai promis. Après, Qhorin ne sait pas que Jeor est lui aussi un mort en sursis, évidemment.

    J’aime beaucoup ce chapitre, cet héroïsme désespéré de leur petite expédition. Un héroïsme d’autant plus beau que jamais personne ne chantera leurs exploits.

    Jon qui à la fin doit sacrifier son honneur personnel et passer pour un traître pour être fidèle à ses serments. Un peu comme Eddard en son temps. « Promets-moi Ned »

    En relecture évidemment, il n’y a pas grand chose à rajouter, comme souvent dans ce genre de chapitre flamboyant.

    Je crois me souvenir qu’en dehors de Jon, certains vont survivre en dépit de tout. Me souviens plus qui, et j’ai la flemme de vérifier. Je pose ça là, on va dire ^^

    #164775
    Liloo75
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    « Des châteaux brûlaient et des morts angoissés se dressaient en sursaut dans la tombe »

    Enfin sinon, j’ai vu dans le dernier cauchemar de Jon avant la confrontation un beau pont vers le chapitre suivant, concluant AGoT, et qui voit Bran, Rickon, les Reed, Osha et Hodor sortir des cryptes de Winterfell après son incendie.

    Bien vu ! Je n’avais pas pensé à faire le lien avec le chapitre de Bran qui clôture ACOK. Il est vrai qu’on y retrouve un château en feu, et deux enfants présumés morts qui sortent des tombes de Winterfell.

    Edit : pour Ebben, tu es peut-être dans le vrai. Il ne veut pas échapper à la mort, mais avoir l’occasion de se distinguer aux côtés de Qhorin Mimain. Dans les deux cas (retouner seul au Poing ou rester pour se battre contre les sauvageons qui les traquent), l’issue ne peut être que fatale.

    Seul Jon avait l’opportunité de se faire accepter par le peuple libre. Il est jeune, c’est un homme du nord (et Mance connaît les Stark) et surtout, il a laissé la vie sauve à Ygrid. Ce dernier atout est indéniable.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 4 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #164804
    Sandor is alive
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    Merci pour vos analyses.

    Un des chapitres les plus marquants de ce tome 2. Il marque à la fois un tournant dans le parcours de Jon (j’y reviendrai) et la fin glorieuse de Qhorin Mimain, mort en brave dans l’exercice de son devoir.

    Jon, lui, doit trahir pour l’accomplir et se retrouve à nouveau face à un choix moral : doit-il mourir en brave au côté de son frère de la garde ou doit-il trahir pour la bonne cause ? Mimain ne lui laisse pas vraiment le choix et ce faisant, lui donne une dernière leçon en tant que père de substitution. Un père que Jon doit tuer (symboliquement et physiquement) pour avancer dans sa mission, mais aussi sur son propre chemin spirituel. Et une fois de plus on se rend compte que les « bons » sont parfois obligés de remettre en cause leurs serments et leurs codes moraux pour triompher.

    Si je devais juste mettre un petit bémol sur ce chapitre que j’ai adoré: c’est moi ou les missions de Vipre et d’Ebben sont exactement les mêmes ?

    #164821
    Liloo75
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    Oui, je pense que Vipre et Ebben reçoivent les mêmes ordres. Même si c’est moins clair pour Ebben. Mimain lui demande de partir vers l’est. Or le Poing se trouve exactement à l’est des Crocgivres.

    De mon point de vue tous deux doivent prévenir Mormont.

    Mimain doit se douter qu’il y a de fortes chances que l’un d’eux n’atteigne pas son objectif. Il préfère envoyer deux hommes.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 4 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #164824
    Sandor is alive
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    Oui, je pense que Vipre et Ebben reçoivent les mêmes ordres. Même si c’est moins clair pour Ebben. Mimain lui demande de partir vers l’est. Or le Poing se trouve exactement à l’est des Crocgivres. De mon point de vue tous deux doivent prévenir Mormont. Mimain doit se douter qu’il y a de fortes chances que l’un d’eux n’atteigne pas son objectif. Il préfère envoyer deux hommes.

    Oui ça se tient. Et puis ils ne partent pas en même temps. D’ailleurs si Vipre n’avait pas perdu son cheval il serait peut être resté avec eux.

    Cela dit, pour le bien de l’intrigue, il ne pouvait pas rester jusqu’au bout. Sinon pas de duel contre Mimain.

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