AFFC 06 – Samwell I

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    Ysilla
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    AFFC 06 – Samwell I
    Au fil des pages – liste des sujets

    AFFC 05, Brienne I AFFC 07, Arya I

    [ Mestre Aemon] savait trop bien comment il arrive [aux livres] de vous engloutir corps et âme, comme si chacune de leurs pages était un abîme ouvert sur un autre monde.

    Je pourrais en dire autant du monde physique qui m’a tenu éloignée du Mur, trop longtemps à mon goût. Aussi, c’est avec délices que je retrouve aujourd’hui le chemin du Mur et votre compagnie, sœurs et frères de la Garde, pour vous présenter le premier chapitre de Sam dans AFFC.
    En première lecture, je m’attendais à retrouver le Mur avec le point de vue de Jon, tout récent lord Commandant. Son chapitre de clôture d’ASOS (ASOS 80, Jon XII) laissait présager une difficile confrontation avec Stannis Baratheon.

    Le Mur était sien, la nuit était noire, et il allait devoir affronter un roi.

    Or, nous ne ferons qu’entrevoir Jon dans ce sixième chapitre, narré du point de vue de Samwell Tarly, sans plus jamais assister à quoi que ce soit au Mur de tout AFFC. Il nous faudra attendre le tome suivant, ADWD, pour retrouver le PoV de Jon et connaître la suite des événements promis par son dernier chapitre d’ASOS.
    C’est un singulier chapitre que ce premier PoV de Sam qui commence par une ellipse narrative des premiers pas du nouveau lord Commandant, que viendra combler le premier chapitre PoV de Jon dans ADWD. Ce premier chapitre de Sam constitue donc une anticipation narrative des événements du Mur racontés dans ADWD. Le lecteur est aussi laissé pendant quelques pages dans l’ignorance et découvre avec retard, en même temps que Sam, certains des agissements de Jon au cours des chapitres PoV de Samwell de AFFC.
    Surtout, ce chapitre est singulier – et j’emploie le mot avec malice – parce que les échanges de Jon et Samwell sont dupliqués à l’identique dans le premier chapitre de Jon dans ADWD, qui offre pour une même conversation, les points de vue de deux protagonistes à qui échappent une part des motivations de l’autre.
    Si je ne fais pas erreur, le procédé est unique dans tout ce que nous avons lu d’ASOIAF. Était-ce ainsi prévu avant la partition du manuscrit dans ce qui a abouti à deux tomes de AFFC et ADWD ? Ou bien cette duplication d’une même scène est-elle la conséquence de la scission en deux ouvrages distincts ?
    Quelque passionnante que soit la comparaison entre le premier chapitre de Sam dans AFFC et le premier de Jon dans ADWD, je laisse à celui ou celle qui abordera la relecture du PoV de Jon le soin d’en tirer la substantifique moelle. Je me bornerai dans la présentation de ce chapitre à évoquer les effets de miroir et le motif de la connaissance livresque  pour aborder ce chapitre de Sam qui offre par ailleurs maintes portes d’entrée.
    Loin du fin tacticien des derniers chapitres d’ASOS, nous retrouvons un Samwell plus familier, absorbé par son occupation favorite : accaparé par la lecture des manuscrits enfouis dans la bibliothèque souterraine de Châteaunoir, il a été chargé par Jon et mestre Aemon d’effectuer des recherches sur les Autres par le premier et de mettre la main sur un ouvrage de légendes d’Essos et sur un livre narrant l’histoire de la maison Targaryen par le second. Distrait par une souris, il finit par remonter à la surface où il tombe sur Edd-la-Douleur, qui lui enjoint de se rendre chez le lord Commandant. En chemin, il croise ses camarades Pyp et Grenn, d’humeur taquine, puis Vère, en pleurs. Chez Jon, après avoir discuté de la difficile position de la Garde de Nuit, prise au piège entre les exigences de Stannis Baratheon et sa neutralité supposée dans le conflit qui oppose ce dernier aux Lannister, Samwell commente le maigre résultat de ses recherches livresques sur les Autres. Mais le récit bascule lorsque Sam apprend de Jon que Vère, son enfant, mestre Aemon et lui-même doivent quitter dès le lendemain Châteaunoir pour rejoindre la Citadelle de Villevieille, tout au sud de Westeros.
    Effet de miroir
    Ce chapitre marque le point de départ d’un nouvel arc narratif inattendu pour Sam. En cela, le texte s’appuie sur une structure classique pour la forme et répétitive pour le fond : une situation initiale stable qui reprend un motif déjà rencontré dans ACOK : Samwell, tout à son aise, au point d’en oublier le boire et le manger, occupé à lire et un élément perturbateur qui vient détruire la tranquillité relative qu’il s’est ménagée à Châteaunoir : un départ imprévu qui lui promet épreuves et périls qu’il n’envisage qu’avec effroi, tourmenté par son manque de courage.

    En effet, la scène de Samwell dans la bibliothèque du chapitre qui nous occupe, reprend une scène de ACOK 07, Jon I : on y voit Samwell découvrant pour la première fois la bibliothèque souterraine de Châteaunoir ; mestre Aemon l’a chargé d’y retrouver des cartes pour le lord Commandant Jeor Mormont qui vient de se décider à mener l’expédition au-delà du Mur. L’effet de miroir entre les deux scènes est très marqué :

    Dans les deux scènes :

    Sam s’est plongé dans la lecture au point d’avoir oublié de dîner et d’avoir passer toute la nuit à lire :

    Courbé sur sa table, Samwell Tarly était assis dans une niche creusée à même le mur. Le pas de Jon lui fit lever les yeux.
    « Tu as passé toute la nuit ici ?
    – Toute la nuit ? » Sam eut l’air éberlué.
    « Tu n’es pas venu dîner avec nous, et ton lit n’est même pas défait.
    » ACOK 07, Jon I
    Il fut tout ébaubi de voir à quel point la chandelle brûlait bas, maintenant. De quand pouvait bien dater cette fameuse soupe de haricots au lard, d’aujourd’hui ou d’hier ?D’hier. Probablement d’hier. […]
    « Où c’est y que t’étais passé, l’Egorgeur ? Tu nous as manqué, hier soir, au souper. Y a tout un bœuf rôti qu’est reparti intact. AFFC 06, Samwell I

    De la même façon, est mentionné le temps qu’il faudra à Sam pour ordonner la bibliothèque dans ACOK et pour dénicher des ouvrages portant sur les Autres dans notre chapitre d’AFFC : le constat y est identique et énoncé dans les deux cas par Jon, la première fois avec l’humour de celui qui n’a encore été confronté à l’urgence et aux responsabilités, la deuxième fois, c’est avec abattement :

    Si j’avais le temps de…, mais dans ce fouillis… Pourrais tout mettre en ordre, moi, quoique, oui, je pourrais, mais ça prendrait du temps…, bon, des années, en fait.
    – Mormont les veut un peu plus tôt que ça.
    » ACOK 07

    Rien n’exclut que je ne me sois simplement fourvoyé dans le choix de mes lectures. C’est qu’il y a des centaines de volumes où je n’ai toujours pas jeté un œil. Accordez-moi davantage de temps, et je trouverai tout ce qui peut l’être.
    – Du temps, il n’y en a plus. »
    AFFC 06

    Dans les deux scènes Samwell doit faire face à un départ auquel il n’est en rien préparé, départ d’autant plus difficile qu’il va devoir affronter des dangers que son manque de courage lui laisse entrevoir insurmontables :

    Les dieux jouent de cruelles farces, pensa Jon. Alors qu’ils étaient tout feu tout flammes à l’idée de participer à l’expédition, Pyp et Crapaud resteraient à Châteaunoir. Et c’était Sam, le pleutre avoué, l’obèse, le pusillanime, presque aussi nul à cheval qu’à l’épée, qui affronterait la Forêt hantée. ACOK 07
    Toute cette eau. Je pourrais me noyer. Des bateaux qui font naufrage, il y en a tout le temps, et l’automne est une saison de tempêtes. […] Je suis Sam la Trouille, pas Sam l’Égorgeur. AFFC 06

    Pareillement est évoqué dans les deux scènes, l’idée que Samwell, au terme de ses aventures, retrouvera, intacts, ses chers livres dans la bibliothèque de Châteaunoir :

    Et ces livres seront toujours là quand nous reviendrons.
    – Si nous revenons…
    ACOK 07
    « Messire, je… Mon travail est ici, les bouquins…
    – … seront toujours là quand tu nous reviendras.
    AFFC 06 »

    Les livres seront-ils toujours là, comme le prétend Jon ? Comme il le formule à deux reprises, cela fait beaucoup pour quelqu’un qui n’y connaît rien. À Châteaunoir, les livres sont certes mis à l’abri sous terre, mais ce sont des objets fragiles vite gâtés, même Samwell en abîme un, qu’il a laissé tomber dans la boue ; ils sont exposés non seulement au froid, à l’humidité, aux rongeurs mais aussi à l’incendie toujours possible :

    Jon souffla la bougie qu’il portait.
    Mieux valait ne pas aventurer de flamme à découvert parmi cet invraisemblable amoncellement de vieux trucs secs
    . ACOK 07.

    Sans compter qu’après le départ de mestre Aemon, Sam et l’agression de Jon, qui se souciera d’une bibliothèque qui n’intéresse pas des frères noirs peu alphabétisés. Je suis d’ailleurs étonnée de l’invraisemblable désordre de cette bibliothèque qui n’en a que le nom : c’est davantage un espace de stockage, de rebut presque, un immense fatras qu’aucun mestre – y compris mestre Aemon qui n’a pas toujours été aveugle – n’a eu le souci d’entretenir, d’ordonner, comme si les ouvrages écrits ou acquis, même à une époque récente, relevaient d’une entreprise qui tournerait à vide : une collecte qui n’a d’autre but qu’elle-même.

    Connaissance livresque
    Comme toujours, lorsque GRRM parle de livres et du passé, il faut s’arrêter à la dimension auto-référentielle que prennent les mentions à des ouvrages à l’intérieur du récit. Je reprends l’extrait du chapitre que j’ai placé en épigraphe de ma présentation :

    Avant de devenir aveugle, le vieillard avait éprouvé pour les livres la même passion que Samwell Tarly. Il savait trop bien comment il leur arrive de vous engloutir corps et âme, comme si chacune de leurs pages était un abîme ouvert sur un autre monde.

    Il faut y voir une référence à l’expérience du lecteur plongé dans ASOIAF, lecteur sosie de GRRM lecteur lui-même : escapisme salvateur, comme l’a déjà revendiqué GRRM. À l’intérieur du récit, toutefois, les lecteurs sont souvent des personnages dépréciés (Tyrion, Samwell, Rodrik Harloi le Bouquineur). Le statut du livre y est aussi ambigu et renvoie à la conception que GRRM se fait de l’histoire.
    Mestre Aemon fait grand cas du Compendium de Jade, recueil de récits légendaires, dont, à son départ, il recommande vivement la lecture d’un extrait à Jon qui s’en souviendra dans ADWD 11. Par contre, Samwell se montre dédaigneux lorsqu’il évoque les Annales tenues par le mestre Jorqen. Voici tout ce qu’il a retenu de sa lecture :

    Près de son coude reposait un copieux exemplaire relié en cuir des Annales du Centaure noir dues à la plume de Septon Jorquen, chronique exhaustive et minutieuse des neuf années durant lesquelles Orbert Coswell avait assuré le commandement de la Garde de Nuit. Une page en était consacrée à chacune des journées de son mandat, toutes débutant par la formule apparemment immuable : « Levé dès l’aube, lord Orbert s’est rendu à la selle », excepté la dernière, qui spécifiait : « Il se trouve que lord Orbert est mort. Il a dû trépasser au cours de la nuit. »
    Aucune souris ne saurait tenir tête à Septon Jorquen.

    J’y vois la malice de GRRM qui ne goûte pas à l’histoire des faits triviaux et préfère l’histoire fictionnalisée pleine de bruit et de fureur, quitte à s’aliéner les universitaires. Il n’a pas pu rapprocher par hasard les Annales de Jorqen et le souci des occupations anales du Lord Commandant Coswell, si ce n’est dans un esprit de dérision, la somme de Jorqen ne servant même pas d’écrase-souris.
    Aux œuvres universitaires rigoureuses GRRM préfère l’histoire magnifiée par les légendes ou l’histoire fictionnée et précisément l’histoire de Westeros se confond avec les contes qui rendent aléatoire l’accès à une quelconque vérité historique.
    On est alors aussi déçu que Samwell et Jon d’en apprendre si peu sur les Autres. Pour un peu, ce rapport ferait presqu’office de résumé pour le lecteur qui aurait perdu de vue le danger que représentent les Autres.

    Parle-moi de notre ennemi.
    – Les Autres. » Sam se lécha les lèvres. « Les annales les mentionnent bien, mais moins souvent que je ne l’aurais cru. […]
    Ce que nous nous figurons savoir tant sur l’Époque Héroïque que sur l’Age de la Prime Aube et sur la Longue Nuit nous vient des transcriptions de récits oraux faites par des septons des milliers d’années plus tard. Il y a des archimestres, à la Citadelle, pour contester l’ensemble en bloc.

    Les lectures de Samwell sont la preuve que les contes ne fournissent que des connaissances fragiles, douteuses :

    Pour ce qui est des Autres, ils surviennent lorsqu’il fait froid, la plupart des contes en sont d’accord. Si ce n’est plutôt leur survenue qui provoque le froid. Il leur arrive de faire leur apparition durant des tempêtes de neige, et ils disparaissent aussitôt que le ciel s’éclaircit. Ils se dérobent à la lumière du soleil et surgissent à l’approche de la nuit. Si ce n’est plutôt leur approche qui suscite la nuit tombante.

    Elles apportent cependant au lecteur un élément nouveau : un mystérieux acierdragon détruirait les Autres comme l’obsidienne. L’assimiler à l’acier valyrien comme en font l’hypothèse Samwell et Jon semble relever de l’évidence, jusqu’à preuve éventuelle du contraire. Il demeure d’après le chapitre 33 d’ASOS seulement deux cents épées d’acier valyrien, mais comme le dit Jon :

    De sorte qu’il me suffirait de convaincre nos beaux seigneurs des Sept Couronnes de nous donner leurs épées valyriennes pour tout sauver ? Mais ça va être un jeu d’enfant ! » Il éclata d’un rire tout sauf joyeux.

    Très intéressantes sont les questions que pose Jon : elles montrent que des éléments du chapitre ne concernent pas seulement l’intrigue mais aussi le jeu que joue GRRM avec son lecteur :

    Est-ce que tes trouvailles t’ont révélé qui sont les Autres, d’où ils proviennent, quel est leur but ?

    Parvenu au terme d’ADWD, le lecteur en sera toujours réduit à ces trois questions à laquelle j’en rajouterai une : les Autres, combien de divisions ? Sont-ils seulement six comme le montre le Prologue d’AGOT (ou plutôt cinq depuis Sam l’Égorgeur) ? Ou beaucoup plus, s’ils sont issus des fils de Craster ?
    Le texte est en revanche plus opaque sur les autres recherches de Samwell, celles qu’il a effectuées pour le compte de mestre Aemon. Nous sommes renvoyés au chapitre d’ASOS 79, Samwell V :

    la stupéfaction fut générale lorsqu’on entendit mestre Aemon murmurer : « C’est de la guerre pour l’aurore, madame, que vous parlez. Mais où donc se trouve le prince qui fut promis ?
    – Il se tient devant vous, déclara Mélisandre, mais vous n’avez pas les yeux pour le voir. Stannis Baratheon est Azor Ahai reparu, le guerrier de feu. En sa personne sont accomplies les prophéties. La comète rouge a flamboyé au firmament afin de proclamer sa venue, et il porte Illumination, l’épée ardente des héros.
    »

    Or, on est étonné de voir surgir inopinément l’histoire des dragons dans les pensées de Samwell :

    Il y avait des dragons, ici, voilà deux cents ans, se surprit-il en train de songer, les yeux attachés sur la cage qui redescendait lentement. Un coup d’aile leur suffisait pour aller se percher tout en haut.

    C’est au lecteur de rassembler les éléments épars dans le chapitre et de les rapprocher de la scène où mestre Aemon parle de la guerre pour l’aurore et le prince qui fut promis. Samwell, à la demande d’Aemon, a rapporté de la bibliothèque Les Draconides de mestre Thomax « une histoire de la maison Targaryen, depuis l’exil jusqu’à l’apothéose, accompagnée de réflexions sur la vie et la mort des dragons ». Le Compendium de Jade de Colloquo Votar dont il est fait mention ici pour la première fois reste un livre énigmatique pour le lecteur et ne prend son sens que dans le chapitre 11, Jon III d’ADWD, en renvoyant aux questions de mestre Aemon sur l’Illumination de Stannis Baratheon dans ASOS 79, Samwell V.
    En revanche un détail m’a intrigué dans les allusions de Samwell au dragon d’Alysanne Targaryen :

    Se pouvait-il qu’Aile d’argent eût laissé un œuf en ces lieux ? Ou bien était-ce à Peyredragon que Stannis Baratheon en avait trouvé un ? Même s’il possède un œuf, quel espoir peut-il nourrir de le faire éclore ?

    Je n’ai pas trouvé dans les chapitres d’ASOS se déroulant au Mur une évocation des dragons de pierre qu’Azor Ahaï aka Stannis est sensé réveiller, dont Samwell aurait eu connaissance. Pour moi, la seule explication possible est à rechercher dans le premier chapitre de Jon dans ADWD dont le début se déroule chronologiquement quelques temps avant le premier chapitre de Sam dans AFFC :

    Incinérer des enfants morts avait cessé de troubler Jon Snow ; les problèmes des vivants avaient précédence. Deux rois pour éveiller le dragon. D’abord le père et puis le fils, ainsi périssent-ils tous deux rois. Ces mots avaient été murmurés par l’un des hommes de la reine tandis que mestre Aemon nettoyait ses blessures.

    Je n’ai pas le souvenir que le motif de l’éveil du ou des dragon(s) de pierre ait été formulée par Mélisandre à Châteaunoir et encore moins sous cette forme. Ou alors j’ai raté le passage ? Samwell était-il présent aux côtés de mestre Aemon lorsque l’homme de la reine Selyse est soigné ? Sinon, comment expliquer que quelques temps plus tard, Samwell s’interroge sur l’éventuelle présence d’un œuf de dragon à Châteaunoir ?
    J’y vois encore une fois la présence – pour le coup un peu tirée par les cheveux – d’une phrase méta destinée au lecteur et à son travail interprétatif et aux théories crackpot dont se joue GRRM.
    J’aurais encore mille choses à dire sur ce chapitre intrigant, en trompe-l’oeil dans tout ce qui se rapporte à Vère et que je n’ai pas commenté, consacré à ce que l’écrit peut permettre de savoir , à la vérité qu’il transmet- et j’aurais pu aussi évoquer la lettre qu’envoie Jon à Port-Réal, avec en contre-point, la méconnaissance qui s’installe entre Jon et Samwell et l’isolement dans lequel sont enfermés les personnages : Jon qui affronte la solitude du pouvoir, Samwell qui n’ose révéler ni ses blessures d’enfance, ni son secret, Vère emmurée dans ses pleurs, sans oublier mestre Aemon qui renoue avec ses recherches secrètes.

    J’attends avec impatience et plaisir vos propres analyses et je m’en vais rattraper mon considérable retard sur les chapitres précédents d’AFFC.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 12 mois par Ysilla.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 12 mois par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #189746
    R.Graymarch
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    A nouveau avec Samwell

    Au début, il est en mode « Gandalf dans la bibliothèque de Minas Tirith », en moins balaise. En plus, on a d’énormes clins d’oeil de GRRM vers le lectorat (et vers lui-même) sur ce qu’on ressent quand on lit, quand on est pris par la lecture, et que sa PAL est immense. On a aussi un simili combat de Sam contre une souris (et pour le coup, c’est vraiment dommage qu’on ne dise pas « rat de bibliothèque » en anglais). Après toutes ces aventures et avoir perdu la notion du temps. (il y a beaucoup trop de « snow sky », « snowflake on Sam’s nose »…)

    Il sort et on se rend compte qu’il y a des travaux au Mur. Et on nous raconte l’histoire du dragon d’Alysanne et d’oeufs au Mur (?)

    There were dragons here two hundred years ago, Sam found himself thinking, as he watched the cage making a slow descent. They would just have flown to the top of the Wall. Queen Alysanne had visited Castle Black on her dragon, and Jaehaerys, her king, had come after her on his own. Could Silverwing have left an egg behind? Or had Stannis found one egg on Dragonstone? Even if he has an egg, how can he hope to quicken it? Baelor the Blessed had prayed over his eggs, and other Targaryens had sought to hatch theirs with sorcery. All they got for it was farce and tragedy.

    Intermède Pyp et Edd, heureusement qu’ils sont là pour un peu d’humour. On apprend que Sam n’est pas vraiment devenu meilleur au tir à l’arc. Plus intéressant est la partie sur Val (et encore plus intéressant quand on connait la fin)

    “You broke the heart of the wildling princess, Slayer,” said Pyp. Of late, Val had taken to watching them from the window of her chamber in the King’s Tower. “She was looking for you.”

    “She was not! Don’t say that!” Sam had only spoken to Val twice, when Maester Aemon called upon her to make sure the babes were healthy. The princess was so pretty that he oft found himself stammering and blushing in her presence.

    “Why not?” asked Pyp. “She wants to have your children. Maybe we should call you Sam the Seducer.”

    Sam reddened. King Stannis had plans for Val, he knew; she was the mortar with which he meant to seal the peace between the northmen and the free folk.

    On repasse à Jon qui a demandé à voir Sam. Pyp trouve que Jon les ignore un peu d’ailleurs

    “He’s Lord Snow for true now, too bloody highborn for the likes of us.”

    “Jon has duties,” Sam said in his defense. “The Wall is his, and all that goes with it.”

    “A man has duties to his friends as well. If not for us, Janos Slynt might be our lord commander. Lord Janos would have sent Snow ranging naked on a mule. ‘Scamper on up to Craster’s Keep,’ he would have said, ‘and fetch me back the Old Bear’s cloak and boots.’ We saved him from that, but now he has too many duties to drink a cup of mulled wine by the fire?”

    Grenn agreed. “His duties don’t keep him from the yard. More days than not, he’s out there fighting someone.”

    That was true, Sam had to admit. Once, when Jon came to consult with Maester Aemon, Sam had asked him why he spent so much time at swordplay. “The Old Bear never trained much when he was Lord Commander,” he had pointed out. In answer, Jon had pressed Longclaw into Sam’s hand. He let him feel the lightness, the balance, had him turn the blade so that ripples gleamed in the smoke-dark metal. “Valyrian steel,” he said, “spell-forged and razor-sharp, nigh on indestructible. A swordsman should be as good as his sword, Sam. Longclaw is Valyrian steel, but I’m not. The Halfhand could have killed me as easy as you swat a bug.”

    Sam handed back the sword. “When I try to swat a bug, it always flies away. All I do is slap my arm. It stings.”

    That made Jon laugh. “As you will. Qhorin could have killed me as easy as you eat a bowl of porridge.” Sam was fond of porridge, especially when it was sweetened with honey.

    Sam s’en va et on croise Vère qui pleure, on ne comprend pas trop pourquoi. Et, elle le perturbe

    Her voice sounded raw. Gilly was dark-haired and slim, with the big brown eyes of a doe. She was swallowed by the folds of Sam’s old cloak, her face half-hidden by its hood, but shivering all the same. Her face looked wan and frightened.

    “What’s wrong?” Sam asked her. “How are the babes?”

    Gilly pulled loose from him. “They’re good, Sam. Good.”

    “Between the two of them it’s a wonder you can sleep,” Sam said pleasantly. “Which one was it that I heard crying last night? I thought he’d never stop.”

    “Dalla’s boy. He cries when he wants the teat. Mine . . . mine hardly ever cries. Sometimes he gurgles, but . . .” Her eyes filled with tears. “I have to go. It’s past time that I fed them. I’ll be leaking all over myself if I don’t go.” She rushed across the yard, leaving Sam perplexed behind her.

    /

    Sam cursed himself for a clumsy oaf as he smoothed the pages down and brushed them off. Gilly’s presence always flustered him and gave rise to . . . well, risings. A Sworn Brother of the Night’s Watch should not be feeling the sorts of things that Gilly made him feel, especially when she would talk about her breasts and . . .

     

    Sam entre pour voir Jon et il y a aussi une grosse interaction avec le corbeau qui parle beaucoup. Et qui fait saigner Sam en se mettant sur sa main

    Faint scars still marked Jon’s cheek, where an eagle had once tried to rip his eye out. “Did that wretch break the skin?”

    Sam eased the books down and peeled off his glove. “He did.” He felt faint. “I’m bleeding.

    “We all shed our blood for the Watch. Wear thicker gloves.”

    Jon a une lettre pour Tommen (il ne sait pas que Tywin est mort) mais il n’en est pas satisfait, et on le comprend (hop le passage sur Bran-qui-est-encore-vivant-mais-Jon-ne-le-sait-pas-et-Sam-ne-peut-pas-le-dire). La situation géopolitique est super intéressante et Jon doit louvoyer.

    On repasse au Mur et à Vère mais Jon ne dévoile rien, le coquinou. On parle aussi de Val, Mance et Jon se trompe lourdement dans la phrase soulignée, c’est assez plaisant

    “My lord, if I might ask . . . I saw Gilly leaving. She was almost crying.”

    “Val sent her to plead for Mance again.”

    “Oh.” Val was the sister of the woman the King-beyond-the-Wall had taken for his queen. The wildling princess was what Stannis and his men were calling her. Her sister Dalla had died during the battle, though no blade had ever touched her; she had perished giving birth to Mance Rayder’s son. Rayder himself would soon follow her to the grave, if the whispers Sam had heard had any truth to them. “What did you tell her?”

    “That I would speak to Stannis, though I doubt my words will sway him. A king’s first duty is to defend the realm, and Mance attacked it. His Grace is not like to forget that. My father used to say that Stannis Baratheon was a just man. No one has ever said he was forgiving.” Jon paused, frowning. “I would sooner take off Mance’s head myself. He was a man of the Night’s Watch, once. By rights, his life belongs to us.”

    “Pyp says that Lady Melisandre means to give him to the flames, to work some sorcery.”

    “Pyp should learn to hold his tongue. I have heard the same from others. King’s blood, to wake a dragon. Where Melisandre thinks to find a sleeping dragon, no one is quite sure. It’s nonsense. Mance’s blood is no more royal than mine own. He has never worn a crown nor sat a throne. He’s a brigand, nothing more. There’s no power in brigand’s blood.”

    The raven looked up from the floor. “Blood,” it screamed.

    Jon paid no mind. “I am sending Gilly away.”

    “Oh.” Sam bobbed his head. “Well, that’s . . . that’s good, my lord.” It would be the best thing for her, to go somewhere warm and safe, well away from the Wall and the fighting.

    “Her and the boy. We will need to find another wet nurse for his milk brother.”

    “Goat’s milk might serve, until you do. It’s better for a babe than cow’s milk.”

    On reparle ensuite des Autres et au fait que Sam n’a pas trouvé grand chose, et surtout il a trouvé des choses discordantes (sur les dates qui ne sont pas logiques par exemple). La conversation va vers l’obsidienne puis l’acier valyrien et là Jon dit à Sam qu’il doit partir pour en savoir plus, et pas tout seul.

    “His life will be at risk. I am aware of that, Sam, but the risk is greater here. Stannis knows who Aemon is. If the red woman requires king’s blood for her spells . . .”

    “Oh.” Sam paled.

    “Dareon will join you at Eastwatch. My hope is that his songs will win some men for us in the south. The Blackbird will deliver you to Braavos. From there you’ll arrange your own passage to Oldtown. If you still mean to claim Gilly’s babe as your bastard, send her and the child on to Horn Hill. Elsewise, Aemon will find a servant’s place for her at the Citadel.”

    Si on met de côté le plan avec le fils de Mance et l’évasion d’Aemon, je trouve que Jon a plutôt raison : le Mur a besoin d’un mestre et Aemon n’est pas le futur. Autant envoyer Sam se former (plutôt qu’en recevoir un de la citadelle ?). Alors certes, c’est trop proche des Tarly et j’ai du mal à penser que Jon n’avait pas vu le souci pour Sam. Jon passe par la voie de l’autorité et c’est dommage car il avait presque convaincu Sam en lui rappelant qu’il n’avait plus de père (et encore moins à demander son autorisation)

    Jon seemed puzzled. “I was certain this would please you. There are so many books at the Citadel that no man can hope to read them all. You would do well there, Sam. I know you would.”

    “No. I could read the books, but . . . a m-maester must be a healer and b-b-blood makes me faint.” He held out a shaky hand for Jon to see. “I’m Sam the Scared, not Sam the Slayer.”

    “Scared? Of what? The chidings of old men? Sam, you saw the wights come swarming up the Fist, a tide of living dead men with black hands and bright blue eyes. You slew an Other.”

    “It was the d-d-d-dragonglass, not me.”

    “Be quiet. You lied and schemed and plotted to make me Lord Commander. You will obey me. You’ll go to the Citadel and forge a chain, and if you have to cut up corpses, so be it. At least in Oldtown the corpses won’t object.”

    He doesn’t understand. “My lord,” Sam said, “my f-f-f-father, Lord Randyll, he, he, he, he, he . . . the life of a maester is a life of servitude.” He was babbling, he knew. “No son of House Tarly will ever wear a chain. The men of Horn Hill do not bow and scrape to petty lords.” If it is chains you want, come with me. “Jon, I cannot disobey my father.

    Jon, he’d said, but Jon was gone. It was Lord Snow who faced him now, grey eyes as hard as ice. “You have no father,” said Lord Snow. “Only brothers. Only us. Your life belongs to the Night’s Watch, so go and stuff your smallclothes into a sack, along with anything else you care to take to Oldtown. You leave an hour before sunrise. And here’s another order. From this day forth, you will not call yourself a craven. You’ve faced more things this past year than most men face in a lifetime. You can face the Citadel, but you’ll face it as a Sworn Brother of the Night’s Watch. I can’t command you to be brave, but I can command you to hide your fears. You said the words, Sam. Remember?”

    I am the sword in the darkness. But he was wretched with a sword, and the darkness scared him. “I . . . I’ll try.”

    “You won’t try. You will obey.”

    “Obey.” Mormont’s raven flapped its great black wings.

    Sam va faire ses préparatifs mais ne pas ébruiter la chose (tiens, tiens^^)

    Jon seemed puzzled. “I was certain this would please you. There are so many books at the Citadel that no man can hope to read them all. You would do well there, Sam. I know you would.”

    “No. I could read the books, but . . . a m-maester must be a healer and b-b-blood makes me faint.” He held out a shaky hand for Jon to see. “I’m Sam the Scared, not Sam the Slayer.”

    “Scared? Of what? The chidings of old men? Sam, you saw the wights come swarming up the Fist, a tide of living dead men with black hands and bright blue eyes. You slew an Other.”

    “It was the d-d-d-dragonglass, not me.”

    “Be quiet. You lied and schemed and plotted to make me Lord Commander. You will obey me. You’ll go to the Citadel and forge a chain, and if you have to cut up corpses, so be it. At least in Oldtown the corpses won’t object.”

    He doesn’t understand. “My lord,” Sam said, “my f-f-f-father, Lord Randyll, he, he, he, he, he . . . the life of a maester is a life of servitude.” He was babbling, he knew. “No son of House Tarly will ever wear a chain. The men of Horn Hill do not bow and scrape to petty lords.” If it is chains you want, come with me. “Jon, I cannot disobey my father.

    Jon, he’d said, but Jon was gone. It was Lord Snow who faced him now, grey eyes as hard as ice. “You have no father,” said Lord Snow. “Only brothers. Only us. Your life belongs to the Night’s Watch, so go and stuff your smallclothes into a sack, along with anything else you care to take to Oldtown. You leave an hour before sunrise. And here’s another order. From this day forth, you will not call yourself a craven. You’ve faced more things this past year than most men face in a lifetime. You can face the Citadel, but you’ll face it as a Sworn Brother of the Night’s Watch. I can’t command you to be brave, but I can command you to hide your fears. You said the words, Sam. Remember?”

    I am the sword in the darkness. But he was wretched with a sword, and the darkness scared him. “I . . . I’ll try.”

    “You won’t try. You will obey.”

    “Obey.” Mormont’s raven flapped its great black wings.

    Sam espère qu’Aemon va le comprendre mais au contraire, ce dernier enfonce le clou.

    Au moment du départ, un petit rappel pour le prologue

    “It is always warm in Oldtown. There is an inn on an island in the Honeywine where I used to go when I was a young novice. It will be pleasant to sit there once again, sipping cider.”

    Puis une demande de lecture, qui nous donne envie d’en savoir plus (et toujours plein de « snow », ici « light snow »)

    “Lord Snow,” Maester Aemon called, “I left a book for you in my chambers. The Jade Compendium. It was written by the Volantene adventurer Colloquo Votar, who traveled to the east and visited all the lands of the Jade Sea. There is a passage you may find of interest. I’ve told Clydas to mark it for you.”

    “I’ll be sure to read it,” Jon Snow replied.

    A line of pale snot ran from Maester Aemon’s nose. He wiped it away with the back of his glove. “Knowledge is a weapon, Jon. Arm yourself well before you ride forth to battle.”

    “I will.”

    Quand Vère parle à Jon, on ne comprend pas vraiment pourquoi elle insiste sur l’enfant de Dalla

    “Make as good a time as you can, but take no foolish risks. You have an old man and a suckling babe with you. See that you keep them warm and well fed.”

    “You do the same, m’lord,” said Gilly. “You do the same for t’other. Find another wet nurse, like you said. You promised me you would. The boy . . . Dalla’s boy . . . the little prince, I mean . . . you find him some good woman, so he grows up big and strong.”

    “You have my word,” Jon Snow said solemnly.

    “Don’t you name him. Don’t you do that till he’s past two years. It’s ill luck to name them when they’re still on the breast. You crows may not know that, but it’s true.”

    “As you command, my lady.”

    A spasm of anger flashed across Gilly’s face. “Don’t you call me that. I’m a mother, not a lady. I’m Craster’s wife and Craster’s daughter, and a mother.

    Jon a été un peu dur à ne pas dire toute la vérité à Sam. Mais là, il dit du bien de lui en parlant de Vère. Sam a bien grandi, même s’il ne s’en rend pas compte

    “The first time I saw Gilly,” he said, “she was pressed back against the wall of Craster’s Keep, this skinny dark-haired girl with her big belly, cringing away from Ghost. He had gotten in among her rabbits, and I think she was frightened that he would tear her open and devour the babe . . . but it was not the wolf she should have been afraid of, was it?”

    No, Sam thought. Craster was the danger, her own father.

    “She has more courage than she knows.”

    “So do you, Sam. Have a swift, safe voyage, and take care of her and Aemon and the child.” Jon smiled a strange, sad smile. “And pull your hood up. The snowflakes are melting in your hair.”

    Encore des snowflakes….

    Un chapitre de mise en bouche surtout, avec une nouvelle aventure qui commence

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #189759
    Céleste
    • Pas Trouillard
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    Merci Ysilla pour ton analyse et le rappel de la scène en « double » qu’on retrouvera selon le pov de Jon dans ADWD.

    Jon m’agace de temps en temps et je n’étais pas hyper motivée pour relire ce chapitre car même si la cruauté dont il fait part envers Vère est explicitée dans le prochain livre, je la ressens ici à la relecture.
    Il m’agace également lorsqu’il coupe la parole à Sam en lui faisant comprendre que ce qu’il dit n’est pas pertinent, j’ai tout de suite le réflexe de me dire qu’au contraire ça doit l’être.

    J’aime beaucoup comment le chapitre commence et la façon dont Sam prévoit déjà d’optimiser son temps de lecture et rendre le tout plus confortable : un coussin ? Non, encore mieux, dormir directement dans la bibliothèque !

    La Citadelle serait l’endroit idéal pour lui, sauf qu’il y a un hic, Sam a subi des évènements traumatiques dans son enfance. La vue du sang, une chaine autour du cou, tout cela semble insurmontable et il panique, il tremble. Jon et Aemon ne le prendront pas vraiment au sérieux car ils ne savent pas je pense, ils pensent que c’est juste un fils peureux qui ne souhaite pas s’opposer à son père.

    Cette phrase m’évoque une amitié prochaine entre Sam et Alleras, ce dernier l’aidera peut-être à poursuivre son entraînement :

    — A toi de le faire. L’encre et le parchemin ne manquent pas, à la Citadelle, je crois, non plus que les arcs. Je compte bien que tu vas poursuivre ton entraînement

    Ça me donne envie de parler de l’emblème de la Maison Tarly, des créateurs de la Maison mais ça ferait une digression pour un message déjà trop long et qui pourrait être perçue comme « anecdotique ».

    L’acierdragon, à la première lecture je me souviens encore que je m’étais dit que c’est juste une épée en verredragon puisque l’acier valyrien sonne comme un anachronisme. Depuis, dans je ne sais plus quel contexte, je suis tombée sur un message de Babar qui parlait d’épée en fer météorique dans notre monde avant l’existence de la technique, je ne peux pas expliquer plus que ça ^^. Et comme les comètes et les météorites ont été associées à des dragons et des épées dans notre monde et dans la saga, je me dis qu’il est possible que cette épée en acierdragon soit une épée fabriquée à partir d’une météorite et non je n’irai pas plus loin ^^

    Pour te répondre Ysilla sur la question du réveil de dragon, je le comprends ainsi : une rumeur sur le sang royal pour réveiller des dragons, Sam est pertinent quand Jon est à l’ouest. Sam se demande si Stannis a trouvé un œuf de dragon (comme nous) et Jon se demande où est le dragon endormi qu’il faut réveiller ? Et on a envie de lui répondre : Bah c’est toi banane ! ^^ En plus il va dire que son sang n’est pas royal, bref c’est rigolo après que R+L=J a été élucidé.

    Pour conclure une phrase que je qualifierais de « no comment », Jon est dans le déni, essaye de se rassurer, ou est en plein doute, je ne sais pas :

    La première fois que j’ai vu Vère à Fort-Craster, dit-il, cette gringalette avait le dos plaqué contre le mur et, avec ses cheveux noirs et son ventre ballonné, elle s’y serait volontiers enfoncée pour échapper à Fantôme. Il avait semé la panique parmi ses lapins, et ce qui la terrifiait, je pense, c’était l’idée qu’il allait l’éventrer pour lui dévorer son enfant. Et pourtant, ce n’était pas du loup qu’elle aurait dû redouter cela, si ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 12 mois par R.Graymarch.

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

    #189774
    Aline du Val
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Bon retour au Mur, Ysilla! Et merci de ces analyses. Aussi, merci de ton écriture exigeante et élégante, qui en fait une lecture stimulante, comme toujours – c’est une remarque que j’ai voulu te faire depuis longtemps déjà!

    J’aime beaucoup ce chapitre de Sam, comme je suis une passionnée des livres et archives moi même je me retrouve bien dans la poussière des vieilles pages et rouleaux, je sens presque l’odeur du moisi 😉 En fait, j’admire vraiment la profondeur de l’arrière-plan que GRRM arrive à créer tout au long des volumes.

    #189792
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1872

    Bon retour au Mur, Ysilla! Et merci de ces analyses. Aussi, merci de ton écriture exigeante et élégante, qui en fait une lecture stimulante, comme toujours – c’est une remarque que j’ai voulu te faire depuis longtemps déjà!

    Merci, Aline pour ce gentil compliment qui me va droit au cœur !

    Je n’en ai pas moins laissé passer une dizaine d’erreurs (accords, orthographe et ponctuation) beuark ! 🤮Et je ne peux plus les corriger !😥

    J’aime beaucoup ce chapitre de Sam, comme je suis une passionnée des livres

    Je me retrouve moi aussi dans l’amour que Samwell voue aux livres. Jamais je ne laisserais passer l’heure de manger 😅 mais je suis capable de m’offrir une nuit blanche pour terminer un livre, ça oui !

    Les deux chapitres où l’on découvre Sam dans la bibliothèque m’évoquent irrésistiblement une planche de Gaston Lagaffe dans l’album Gaffes, bévues et boulettes où l’on assiste à l’expédition de Lebrac et Prunelle qui, dans le bureau de Lagaffe, s’engouffrent dans un tunnel de livres branlant pour découvrir Gaston profondément endormi dans une caverne de livres.

    Je ne peux pas insérer l’image qui n’est, bien entendu, pas libre de droits mais en tapant les mots-clés « Gaston sieste caverne livres », on tombe rapidement sur la planche en question, en lançant une recherche d’images.

    La première fois que j’ai vu Vère à Fort-Craster, dit-il, cette gringalette avait le dos plaqué contre le mur et, avec ses cheveux noirs et son ventre ballonné, elle s’y serait volontiers enfoncée pour échapper à Fantôme. Il avait semé la panique parmi ses lapins, et ce qui la terrifiait, je pense, c’était l’idée qu’il allait l’éventrer pour lui dévorer son enfant. Et pourtant, ce n’était pas du loup qu’elle aurait dû redouter cela, si ?

    Pour conclure une phrase que je qualifierais de « no comment », Jon est dans le déni, essaye de se rassurer, ou est en plein doute, je ne sais pas :

    Cette phrase m’a fait tiquer, moi aussi : elle pourrait sembler d’un cynisme absolu ; comment Jon ne peut-il pas se rendre compte qu’il est justement le loup que Vère devait redouter ? De plus, dans son premier chapitre d’ADWD, qui précède de peu chronologiquement le chapitre de Sam d’AFFC, Jon a eu un rêve de loup particulièrement puissant et dans la matinée, il commence à réfléchir aux risques courus par le fils de Mance et Délia.

    Jon a bien des travers mais il n’est pas cynique pour un sou, je pencherais donc pour du déni ou bien de la naïveté, sûr qu’il est que sa manipulation est sans risques et que, même si la menace se précise, il peut éviter un triste sort au faux fils de Mance et Délia. Or, si Mélisandre, et pour cause, sait parfaitement que  le « roi » Mance n’a pas brûlé, donc faire périr le fils du « roi » n’aurait pas de sens pour elle, Stannis est persuadé que Mance  est bel et bien mort sur le bûcher.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 12 mois par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #189799
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 5936

    Pour ce qui est du réveil des dragons de pierre … Théorie simple : les hommes de Stannis en ont déjà beaucoup entendu parler (Davos en entend parler la première fois par Sladhor Saan au début d’ASOS) et doivent propager des rumeurs, de sorte que tout Châteaunoir est probablement au courant. Jon est au courant lui-aussi dans le chapitre, et Aemon plus tard. Personne ne doit l’ignorer à Châteaunoir.

    Le mystère de l’acierdragon … A une époque où les Valyriens n’existent pas encore et où les Premiers Hommes (de ce qu’on en sait) ne savaient pas travaillé l’acier ou le fer … Bizarre, bizarre.

    J’avoue que je suis impatient de découvrir le contenu des Draconides de Thomax, depuis qu’il a été cité comme référence sur les dragons par Tyrion aux côtés de Mestre Munkun et Septon Barth. ^^ (Est-ce qu’il ne l’aurait pas lu à Châteaunoir dans AGOT, d’ailleurs ?)

    Baelor the Blessed had prayed over his eggs, and other Targaryens had sought to hatch theirs with sorcery. All they got for it was farce and tragedy.
    Baelor le Bienheureux s’était abîmé en prières pour couver les siens, et d’autres Targaryens avaient eu recours à la sorcellerie pour accoucher les leurs, mais de tout cela n’étaient résultées que farces et tragédies.

    Tiens ! Celle-ci m’avait échappé lorsque j’avais compilé les tentatives de résurrection de dragons et surtout les mises en garde que les personnages y accolent toujours.

    – Jon ? Jon ? Y a quelqu’un qu’on connaît, nous, qui s’appelle Jon, Grenn ?
    – Il veut dire le lord Commandant.
    – Ahhh…, lord Snow l’Ineffable. Sa Hautesse. […] Le voilà lord Snow pour de vrai, maintenant, trop foutrement bien né pour de la bougraille de notre acabit.
    – Jon a des obligations, protesta Sam pour le défendre. Le Mur est à lui, comme tout ce qui en relève.
    – Des obligations, on en a aussi envers ses amis. Sans nos combines à nous, c’est Janos Slynt qu’on pourrait à présent se farcir comme lord Commandant. Et lord Janos aurait volontiers expédié Snow patrouiller à poil sur une mule. « Retourne-moi dare-dare à Fort-Craster, qu’il lui aurait dit, pour m’en ramener le manteau et les bottes au Vieil Ours. » De ça qu’on l’a sauvé, nous, mais voilà-t-y pas qu’il a maintenant trop d’obligations pour venir au coin du feu vider une coupe de vin épicé ? »

    Un prémisse d’ADWD : Jon est accaparé par ses responsabilités et il a besoin d’assoir son autorité = il se coupe de ses amis.

    Le premier devoir d’un roi est de défendre le royaume, et le royaume, Mance l’a attaqué. Il ne ressemblerait pas à Sa Seigneurie d’oublier cela. Mon père se plaisait à reconnaître à ce Baratheon-là le sens de l’équité. Mais jamais personne ne s’est avisé de le qualifier de clément. » Jon s’interrompit un moment, les sourcils froncés. « J’aimerais mieux décapiter Mance de ma propre main. Il a fait autrefois partie de la Garde de Nuit. En principe, c’est quand même à nous qu’appartient sa vie.
    – Pyp prétend que dame Mélisandre entend le livrer aux flammes afin de mettre en œuvre une de ses sorcelleries.

    Intéressant cas de figure : qui doit exécuter Mance ? La Garde de Nuit pour sa désertion ou Stannis pour sa rébellion ? ^^

    Ces mots firent sursauter Sam. Non, Père, par pitié, jamais plus je n’en reparlerai, je le jure par les Sept. Laissez-moi sortir, par pitié, laissez-moi sortir !
    […]
    Sam porta une main à sa gorge. Il avait presque le sentiment que la chaîne s’y trouvait déjà, l’étranglait. « Messire, la Citadelle… On vous y fait disséquer des cadavres. » On vous y fait porter une chaîne au cou. Trois jours et trois nuits durant, Sam ne s’était endormi qu’à force de sangloter, les pieds et les mains enchaînés à un mur. Quant à la chaîne qu’il avait au col, elle était tellement serrée qu’elle lui entamait la peau et que, chaque fois que son sommeil le faisait basculer dans le mauvais sens, elle lui coupait la respiration. « Je ne peux pas porter de chaîne.
    […]
    Il ne comprend pas. « Messire, se décida Sam, mon p-p-p-père, lord Randyll, il, il, il, il… La vie des mestres est une vie de servitude. » Il n’était que trop conscient de ses bégaiements. « Aucun rejeton de la maison Tarly ne portera jamais de chaîne. Les hommes de Corcolline ne font pas plus de courbettes qu’ils ne toilettent de nobliaux. » Si c’est des chaînes que tu souhaites, viens avec moi. « Jon, il m’est impossible de désobéir à mon propre père. »

    Wala wala ! Après les trauma infantiles d’Aeron liés à Euron, les trauma de Sam lié aux sévices que son père lui a fait vivre quand il a parlé de devenir mestre … Et cette fois, c’est explicite. Quel âge avait-il quand c’est arrivé ? Etait-il déjà un « trouaillard » avant ça, ou bien n’est-ce venu qu’après ? L’amour des livres (et donc le mépris paternel) devaient déjà être là, sinon, il ne l’aurait même pas évoqué …  Randyll Tarly, ce modèle d’éducateur ! Vivement qu’on le rencontre, tiens !

    Mestre Aemon est vieux et aveugle. Ses forces sont en train de l’abandonner.
    […]
    Il va mourir en mer, songea-t-il avec désespoir. Il est trop âgé pour survivre à un tel voyage.

    Foreshadowing ?

    – Si vous demandiez davantage de mestres à la Citadelle…
    – J’en ai bien l’intention.

    Je me demande bien qui les moutons gris le Conclave va bien pouvoir envoyer … Si tant est que le mestre arrive à temps.

    Lorsqu’il apparut à son tour, le mestre était empaqueté dans une peau d’ours d’au moins trois fois sa taille. Il avançait vers son espèce de litière, sous la conduite de Clydas, quand une rafale subite le fit chanceler. Sam se précipita pour le soutenir en l’enlaçant. Il suffirait d’une autre rafale aussi forte pour l’emporter par-dessus le Mur. « Accrochez-vous à mon bras, mestre. Vous n’êtes plus qu’à quelques pas. »

    Le vent tente de retenir Aemon au Mur … Et qui envoie le vent, déjà ? ^^

    #189805
    Pandémie
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    Le mystère de l’acierdragon … A une époque où les Valyriens n’existent pas encore et où les Premiers Hommes (de ce qu’on en sait) ne savaient pas travaillé l’acier ou le fer … Bizarre, bizarre.

    Le plus simple reste un anachronisme comme Serwyn au Bouclier miroir membre de la Garde royale ou l’Epée du Matin chevalier des milliers d’années avant l’apparition de ces institutions.

    Ca participe sans doute de la thématique « la vraie histoire c’est nul, on apprend juste qui fait caca » VS « l’histoire fiction, c’est un peu n’importe quoi, mais on en tire des leçons ».

    #189821
    Sandor is alive
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    Ah cette phrase de Jon… Si Sam avait été un peu plus en forme (sans s) il aurait pu lui rétorquer qu’en tant que bâtard d’un Stark il a bel et bien du sang de roi (il est même demi-frère de roi).

    Sinon chapitre plus intéressant à la relecture, la première fois on ne comprend pas l’attitude de Vere ni celle de Jon.

    Merci Ysilla pour l’analyse et pour cette allusion à Gaston. Une des images les plus poétiques de Franquin je trouve.

    #189923
    Ysilla
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    Je voudrais revenir sur Jon. Il s’agit de son unique apparition de tout AFFC. Nous n’aurons pas accès à son for intérieur et nous n’en aurons plus qu’une vision extérieure.
    Or, que savons-nous de ses premiers pas de lord Commandant ?
    Jon n’a pas tardé à prendre de bonnes décisions : par exemple, privilégier l’entraînement au tir à l’arc à celui à l’épée. Ce sont les flèches qui ont permis aux frères de la Garde de tenir le Mur et de repousser l’assaut des Thenns. Et des flèches enflammées pourront tuer les spectres.
    Tout jeune qu’il est, Jon a compris qu’il fallait adapter la défense du Mur à la situation de crise tout en tenant compte des caractéristiques de ses troupes.

    La Garde avait eu, d’après lui, tendance à mettre beaucoup trop l’accent sur l’épée et trop peu sur l’arc, comme aux temps désormais révolus où un des frères sur dix était chevalier, alors que ses effectifs actuels n’en comprenaient plus qu’un sur cent.

    Samwell évoque aussi la décision de reconstruire l’escalier qui permet d’avoir accès au Mur, autrement plus utile pour amener de nombreux frères sur le sommet en cas d’attaque.
    Mais il ne suffit pas d’être convaincu de prendre des (bonnes) décisions, encore faut-il que les troupes suivent, sans qu’elles aient le sentiment d’être brutalisées ou mésestimées – Je me pince en écrivant cette phrase …😂 – et l’inexpérience de Jon est matière de commandement lui est déjà préjudiciable.

    Jon avait exigé des équipes du génie qu’elles travaillent jour et nuit. Les doléances de certains étaient parvenues aux oreilles de Sam.
    S’atteler à la tâche après avoir soupé, c’était vraiment trop dur, jamais lord Mormont, enrageaient-ils, ne leur avait imposé ne serait-ce que la moitié d’une pareille épreuve.

    Du reste, Mormont, survivant du Manoir de Craster, aurait pris la même décision, je pense.

    J’ai relevé une discordance entre ce qu’en dit Sam et ce qu’en dit Jon dans ADWD :

    Derrière elle se dressait le Mur : immense, menaçant, glacé, grouillant d’ouvriers qui élevaient un nouvel escalier en lacet pour relier ensemble les vestiges de l’ancien. Ils travaillaient du lever au coucher du soleil.

    Travailler de nuit et travailler du lever au coucher du soleil, ce ne sont pas les mêmes conditions. Le témoignage de Samwell est sans équivoque et les plaintes des frères sont celles des équipes de nuit : « s’atteler à la tâche après avoir soupé, c’était vraiment trop dur. » Alors, déni de la part de Jon ?
    Dans son dos, sont formulées d’autres doléances, celles de ses amis, émises plus particulièrement par Pyp. Tout le passage mérite d’être cité :

    – Jon ? Jon ? Y a quelqu’un qu’on connaît, nous, qui s’appelle Jon, Grenn ?
    – Il veut dire le lord Commandant.
    – Ahhh…, lord Snow l’Ineffable. Sa Hautesse. […]Le voilà lord Snow pour de vrai, maintenant, trop foutrement bien né pour de la bougraille de notre acabit.
    – Jon a des obligations, protesta Sam pour le défendre. Le Mur est à lui, comme tout ce qui en relève.
    – Des obligations, on en a aussi envers ses amis. Sans nos combines à nous, c’est Janos Slynt qu’on pourrait à présent se farcir comme lord Commandant. Et lord Janos aurait volontiers expédié Snow patrouiller à poil sur une mule. « Retourne-moi dare-dare à Fort-Craster, qu’il lui aurait dit, pour m’en ramener le manteau et les bottes au Vieil Ours. » De ça qu’on l’a sauvé, nous, mais voilà-t-y pas qu’il a maintenant trop d’obligations pour venir au coin du feu vider une coupe de vin épicé ? »
    Grenn abonda. « Ses obligations le détournent pas de la cour, toujours. Y a pas de jour qu’il est pas là-dehors à se battre contre quelqu’un. »

    Je conçois l’amertume de Pyp et Grenn qui ont le sentiment d’être négligés par un Jon devenu lointain alors que Samwell s’est démené pour qu’il soit élu. (Pyp se vante d’en partager le mérite avec Grenn un peu vite, tout juste ont-ils poussé Samwell à se remuer.)
    Cependant Pyp, Grenn, qui n’ont pas vécu dans le château d’un lord, négligent le fait que le pouvoir par nature crée une distance entre celui qui commande et ceux qui sont commandés. Ils ne peuvent pas être les potes du Commandant comme avant. Ils ne semblent pas non plus prendre la mesure de l’urgence dans laquelle se trouve Jon. Jeor Mormont était un commandant de garnison dont le souci principal était un souci de recrutement et de maintenance, hormis dans les deux dernières années de sa carrière. Jon, lui, est un commandant de crise en temps de guerre. Tout se passe comme si, désormais à l’abri à Châteaunoir, Grenn avait oublié l’attaque du Poing par les Autres, et avec Pyp, comme s’il avait effacé de ses souvenirs l’attaque des Thenns et des sauvageons. Ils ne mesurent pas non plus à quel point, par sa seule présence, Stannis fragilise le devenir de la Garde de Nuit
    Et enfin, ils ne conçoivent pas que la légitimité de Jon est fragile, tout entière à construire à cause de son extrême jeunesse – que Samwell tente maladroitement de minimiser – et des conditions de son élection.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois et 4 semaines par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #189926
    Pandémie
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    Simple différence de perception entre celui qui donne les ordres et celui qui les exécute. C’est toujours comme ça de nos jours sur un chantier ou à l’armée. Quand tu dois te lever à 5 h du mat pour t’habiller, déjeuner, embarquer ton barda, réceptionner et inspecter le matériel, alte faire briefer, aller sur place pour commencer à 7h30 et finir à la nuit tombée avec juste une pause dej pour ensuite refaire le même cirque et t’effondrer de sommeil pour recommencer lendemain, t’as pas le même feeling que celui qui donne le signal du début et de la fin du travail.

    #189947
    Sandor is alive
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    Tout à fait d’accord avec vous Ysilla et Pandémie. Et d’ailleurs c’est valable dans toute relation hiérarchique. Y compris dans le cadre d’un travail de bureau, à l’école ou en politique.

    Finalement Jon se trouve un peu dans la même position que Tyrion quand il est main du roi. Il prend de bonne décisions, mais néglige la communication et se coupe ainsi de ceux dont il a la charge. Il y aussi bien sûr des différences, Jon est plus jeune, plus humble, moins hautain (hum) et moins paranoïaque. Et moins expérimenté (bien que Tyrion n’ait pas eu une longue expérience du pouvoir avant d’être main par intérim).

    #189950
    Eridan
    • Vervoyant
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    l’inexpérience de Jon est matière de commandement lui est déjà préjudiciable. Jon avait exigé des équipes du génie qu’elles travaillent jour et nuit. Les doléances de certains étaient parvenues aux oreilles de Sam. S’atteler à la tâche après avoir soupé, c’était vraiment trop dur, jamais lord Mormont, enrageaient-ils, ne leur avait imposé ne serait-ce que la moitié d’une pareille épreuve. Du reste, Mormont, survivant du Manoir de Craster, aurait pris la même décision, je pense.

    Je me dis que cette partie là renvoie à un élément très présent chez Martin, en tant que personne et en tant qu’auteur : la nostalgie. Sauf que là, j’ai l’impression qu’il le prend avec un certain recul : ses personnages fantasment le passé révolu, le dirigeant précédent, dont on oublie les défauts et les erreurs, pour ne garder qu’un souvenir positif … qui est mis en opposition avec le(s) dirigeant(s) actuel(s) dont les décisions paraissent fatalement moins bonnes, moins justes. Rien ne dit effectivement ce que Mormont aurait décidé dans pareille situation 😉

    C’est comme ça qu’on se retrouve avec des personnes louant Aerys II au lieu des Baratheon, et d’autres louant Robert au lieu de ses « fils » . ^^

    #189961
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Finalement Jon se trouve un peu dans la même position que Tyrion

    Bien vu, Sandor, ce parallèle entre Jon, lord Commandant de la Garde et Tyrion, Main du roi, parallèle qui m’avait échappé.

    J’en profite pour noter un renvoi au personnage de Donal Noye qui s’exerce sur différents plans.

    L’installation du nouveau Lord Commandant dans les modestes quartiers de Donal Noye nous est présentée par Samwell (et Jon dans ADWD 04) comme la simple conséquence logique de l’incendie de la tour du lord Commandant et de la main mise de Stannis sur celle du Roi.

    Or, ce choix de résidence par Jon offre de multiples échos à tout ce qui a construit Jon depuis son arrivée au Mur et au développement de son intrigue dans ADWD ; ces échos possèdent aussi une grande charge symbolique.

    Donal Noye fait partie de ces  figures paternelles que rencontre Jon sur son parcours et qu’il perd une à une, successivement.

    Le forgeron, au cours d’un entretien dans AGOT 20, lui donne quelques conseils bien sentis pour s’intégrer parmi les recrues et s’en faire des amis sinon des camarades, dont Pyp, Grenn, sans compter son avertissement prémonitoire pour les lecteurs et lectrices.

    Ici, les choses sont ce qu’elles sont, et, comme nous tous, tu t’y trouves pour la vie. […] Oui, la vie, reprit le vétéran. Brève ou longue, c’est ton affaire, Snow. Mais, vu la manière dont tu t’y prends, l’un de tes frères t’égorgera, une nuit ou l’autre…

    Que Jon s’établisse dans ses quartiers, retranchés derrière l’armurerie, peut passer au premier abord et vu de l’extérieur, comme une installation aussi humble que son élection est bancale, qui ne concourt pas à asseoir sa légitimité et son autorité. Stannis, du haut de sa tour, surplombe tant physiquement qu’emblématiquement tout Châteaunoir ; tandis que Jon préside depuis une forge obscure et refroidie.

    Mais il existe, pour moi, deux autres niveaux de lecture :

    • Jon, en s’installant dans les quartiers de Donal Noye, vit là où a vécu un homme qui a pris le commandement dans le pire moment qu’a vécu le Mur, depuis le début d’ASOIAF. Ce fut un commandant non officiel qui a sauvé la Garde, en organisant la défense de Châteaunoir et en combattant sous le Mur (ASOS 56 et 65).

    A toi le Mur, Jon, jusqu’à mon retour. »
    Jon crut d’abord avoir mal entendu. Il avait eu comme l’impression que Noye lui déléguait le commandement. « Messire ?
    – Messire ? Suis que forgeron. A toi le Mur, j’ai dit. 

    Jon prend ainsi ses quartiers chez celui qui a été, en quelque sorte, comme le précédent lord Commandant, comme si Jon considérait qu’il tient davantage sa légitimité de ce passage de témoin entre Donal et lui, que de son élection.

    • Enfin, je vois dans l’installation de Jon dans les quartiers de Donal Noye tout un réseau souterrain de sens qui le relie à ce qui l’attend probablement :
      • Donal Noye est mort sous la glace du Mur et l’on peut estimer que Jon aussi fera un petit tour, quelque part sous le Mur, après son agression (cellule de glace ou bien, pourquoi pas et ce serait adéquat, à côté de la barbaque conservée dans une cave sous le Mur).

        – Et bientôt à l’intérieur, confirma Marsh. La viande ne se gâte pas, dans le froid. Pour les longues conservations, ça surpasse le salage. ADWD 18, Jon IV

      • Enfin, Jon est relié à Donal Noye par le motif de l’épée : c’est Donal, sur ordre de Mormont, qui a fait de Grand-Griffe l’épée de Jon Snow en remplaçant le pommeau d’origine par une tête de loup. Jon habite derrière une forge, pour l’heure abandonnée et froide, mais où pourrait bien se forger symboliquement une autre épée, qui générerait sa propre chaleur, si vous voyez ce que je veux dire.😉
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois et 3 semaines par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #190016
    DJC
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 452

    Ysilla, je suis ébahi par ton complément, et les citations qu’il contient 🙂

    #190021
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1872

    Ysilla, je suis ébahi par ton complément, et les citations qu’il contient 🙂

    Merci pour le compliment, DJC. ☀️😊

    Pour la recherche de texte dans ASOIAF sur PC, j’utilise la version epub et un petit soft gratuit à l’interface très old school et même plus maintenu et ce, depuis 2015 ! 😱 mais qui tourne sans problème sous Win 10 ou 11: STDU viewer.
    Ce n’est pas un lecteur d’epub spécifiquement mais une visionneuse de documents multiformat : les tomes s’ouvrent dans des onglets de différentes couleurs. Il fournit le résultat d’une recherche par tome sous la forme d’une liste de courtes citations accompagnées du numéro de page – hyper pratique – , avec le mot ou l’expression recherchée en gras. Et il autorise le copier/coller. J’ai testé un certain nombre de lecteurs d’epub gratuits sur PC : leur fonction de recherche m’a toujours déçue.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois et 3 semaines par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

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