AFFC 11 – Sansa I

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    Eridan
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    AFFC 11 – Sansa I
    Au fil des pages – liste des sujets

    AFFC 10, Brienne II AFFC 12, La Fille de la Seiche

    Après un chapitre de Brienne, qui erre lamentablement en quête de Sansa, nous avons le droit à un chapitre de la-dite Sansa … Nous savions déjà que la princesse Stark se languissait dans les tours des Eyrié ; chacun appréciera (ou non) l’ironie de retrouver Sansa avant Brienne … Comme beaucoup d’autres, ça m’a personnellement plombé les chapitres de Brienne pendant des années, avant que j’arrive à les apprécier.

    Ce chapitre est bien rempli : des chansons, des mensonges, des silences. Allons-y !

    Chansons et chanteurs

    Tout commence avec un souvenir … et pour grossir l’ironie, il est question dans ces chansons « de chevaliers, de quêtes et de belles dames ». Un autre pied-de-nez à Brienne !
    Le Nord est un territoire aride, même pour ce qui est des distractions. La venue d’un chanteur y est exceptionnelle. Jorah nous avait prévenu quand il parlait de son épouse, Sansa le confirme : même à Winterfell, il n’en passe pas plus d’un tous les deux ans, environ. Mais rapidement, le souvenir laisse la place au présent :

    All her nights were full of song, and by day she prayed for silence.
    Ses nuits étaient obsédées de chansons, et ses jours s’écoulaient en prières pour réclamer que tout se taise alentour.

    Il est intéressant d’observer que la Sansa d’aujourd’hui, l’adolescente, se souvient de son enfance et se construit en opposition : l’enfant priait pour la venue des chanteurs, Sansa prie pour le silence (un mot inquiétant, car il est synonyme de mort dans cet univers … Il a été perdu en vf malheureusement).

    Et rapidement, ce lien entre silence et mort apparaît plus net : Sansa ne prend même pas la peine de désigner le chanteur-prisonnier des cellules par son nom. Pourquoi faire ? Elle le considère déjà comme condamné (une manière pour elle de se rassurer, sans doute) … elle ne le désignera que comme « le mort » dans un premier temps. On (re)découvrira bien vite qu’il s’agit de Marillion.

    Le choix de son répertoire a fait couler beaucoup d’encres virtuelles :

    Toutes ces histoires sont associées à la trahison, le meurtre, la pendaison, la vengeance, le deuil, l’affliction … Ca a notamment amenée à ce sujet, dont je vous recommande la lecture ! ^^

    Ce soir-là, le répertoire se porte sur Le jour qu’on pendit Robin le Noir, Pleurs de mère, Les pluies de Castamere, Six deuils, Feuilles mortes et Alysanne. Sur cette dernière, on peut se demander de quelle Alysanne il s’agit, puisqu’on en connaît plusieurs (le prénom s’est popularisée à l’époque de la Bonne Reine Alysanne Targaryen), mais impossible de savoir.

    La dernière, Par un matin brumeux, cite notamment Warbourg, un des lieux du Conflans attaqués par Gregor Clegane dans AGOT. On n’en saura guère plus.

    Mais il n’y a pas que le contenu des chansons qui soit glaçant :

    En quelque coin du château qu’elle tentât de se réfugier, n’importe, la musique s’acharnait à l’y poursuivre, à l’y harceler. Celle-ci flottait jusqu’au sommet de l’escalier en colimaçon de la tour, la rejoignait nue dans sa baignoire, soupait en sa compagnie le soir venu, s’insinuait jusque dans sa chambre à coucher, lors même qu’elle en avait étroitement bloqué les volets. Elle mettait à profit le moindre vent coulis glacé pour venir la traquer, et elle la frigorifiait autant que l’atmosphère. Encore qu’il n’eût pas neigé depuis le jour de la chute fatale de lady Lysa, un froid terrible avait constamment dès lors sévi toutes les nuits.

    Le vent et le froid portent les paroles de la chanson. Qui envoie le vent, déjà ? ^^ Celui-ci sera d’ailleurs très présent dans le chapitre, car il « griffera » plusieurs fois les portes de la Lune.

    Dans ce passage, le froid et la musique se retrouvent associés. L’attribut des marcheurs blancs et l’attribut des enfants de la forêt, mêlé l’un à l’autre, pour traquer Sansa. Est-ce un signe ou une coïncidence ?

    Un autre passage me fait un peu tiquer. Déjà, quand on découvre la grand salle par les yeux de Sansa.

    Dans les circonstances les plus favorables, on était déjà vaguement glacé par la lividité des lieux. Leur sveltesse apparentait les piliers aux doigts d’un squelette, et les veines bleuâtres du marbre blanc vous faisaient penser aux varices d’une vieille sorcière. Alors que cinquante appliques d’argent ponctuaient les murs, on n’avait allumé qu’une dizaine de torches, si bien que des ombres dansaient éperdument sur le dallage et s’accumulaient dans chaque recoin. Le marbre répercutait de tous côtés les échos de leurs pas, et Sansa entendait les rafales griffer méchamment la funeste porte de la Lune.

    Blanc et bleu, les couleurs Arryn, mais aussi des couleurs associées aux marcheurs blancs …

    Aidée de Maddy, elle jucha l’enfant sur son trône en bois de barral […]
    Elle n’en était pas même à la moitié que Robert commença à piailler comme un forcené, non sans compromettre périlleusement l’équilibre des coussins censés l’étayer sur son siège : « Il a tué ma mère ! Je veux qu’on le fasse voler ! » Le tremblement de ses mains s’était aggravé, et ses bras tressaillaient aussi. Les saccades gagnèrent sa tête, et il ne tarda pas à claquer des dents. « Voler ! » brailla-t-il d’une voix stridente. « Voler ! Voler ! » Ses bras et ses jambes se désarticulèrent en fouettant furieusement l’air […]

    Le « tremblemal », cette forme d’épilepsie dont souffre Robert, s’apparente presque à une transe, ici. La crise semble avoir été déclenchée par l’émotion du sujet de la discussion … Surprenant, pourtant, un peu plus tôt, il était au contraire étrangement calme … N’y a-t-il pas d’autres facteurs ? Robert est sur un trône en bois de barral, et il veut faire « voler » un chanteur … N’y a-t-il pas quelques liens à faire à nouveau avec les enfants de la forêt et les vervoyants ? J’évoque juste la possibilité sans forcément y croire ; à chacun de se faire une idée.

    Des masques et des visages

    On pourrait croire que les masques et les visages sont le propre des chapitres de Bran et d’Arya … Mais Sansa y a droit également dans ce chapitre, puisqu’elle joue avec deux visages, deux identités : celle de Sansa et celle d’Alayne :

    C’est Alayne, sa fille, qu’il a sauvée, chuchota en elle une petite voix. Sauf qu’elle était également Sansa,

    Je ne suis pas certain d’ailleurs que Baelish ait vraiment sauvé Sansa parce qu’il tenait à « sa fille Alayne » … « Sansa Stark » a autrement plus de valeur qu’Alayne, non ?

    Mais Sansa n’est pas la seule à avoir deux visages : elle va théoriser au cours du chapitre que Baelish est lui-aussi un bifrons, un Janus.

    il lui arrivait d’avoir l’impression passablement fréquente que le lord Protecteur du Val n’était pas moins lui-même deux êtres à la fois. Il était Petyr, son protecteur à elle, chaleureux, drôle et attentionné, mais il était aussi le Littlefinger dont elle avait fait la connaissance à Port-Réal et qui souriait d’un air de deux airs et caressait sa barbichette tout en susurrant à l’oreille de la reine Cersei. Et Littlefinger n’était nullement de ses amis personnels.

    Sansa se souvient de toutes les fois où un autre (Dontos, Tyrion ou Garlan Tyrell) se sont porté à son secours ou son soutien, alors que Littlefinger ne bougeait pas … mais elle finit par reconnaître qu’elle lui doit son évasion, et tire une conclusion douce, qui la rassure sûrement … mais qui semble passablement fausse :

    Ses dehors de Littlefinger étaient seulement un masque qu’il ne pouvait pas se dispenser de porter. Restait néanmoins qu’il y avait des fois où Sansa aurait été fort en peine de dire où s’achevait l’homme et où le masque débutait.

    Est-elle vraiment aussi innocente à ce stade ? N’a-t-elle pas compris qu’il a (aussi) agi par intérêt, pour accaparer la « clé du Nord » ? Il est aussi possible qu’elle cherche à se persuader : comme elle le dit juste après, elle est coincée avec lui.

    Elle les aurait volontiers fuis tous les deux, peut-être, mais pour aller où, quand il n’y avait nulle part de place pour elle ? […] Je ne dispose d’aucun asile, en dehors d’ici, songea-t-elle misérablement, et je ne possède aucun ami véritable, à l’exclusion de Petyr.

    Sansa se raconte une fois de plus des histoires, des contes pour rendre la réalité plus supportable, moins effrayante. Elle a un rapport complexe à la vérité et à la réalité, mais je garde ça pour plus tard 😉

    Le pari de Littlefinger

    Littlefinger aime les jeux dangereux, les paris risqués. Parfois il les perd, souvent il les gagne. Dans ce chapitre, peut-être plus que dans n’importe quel autre, il jouit d’une chance insolente. Il s’est préparé, bien sûr, mais il tente quand même un pari risqué : laisser sa langue à Marillion et le faire avouer devant témoins (hommes d’honneur et de confiance, évidemment) qui pourront dès lors corroborer la version officielle. Les simples accusations de Littlefinger et Alayne sont effectivement douteuses, mais avec des aveux publics … ce n’est plus pareil.

    Sansa nous l’a dit en début de chapitre, Marillion est déjà mort. Il a été torturé, aveuglé … S’il se retourne contre Littlefinger, il pourra certes lui attirer des ennuis … mais ensuite ? Que pourrait-il faire du reste de sa vie ? Ne s’est-il pas déjà attiré trop d’inimitié dans le Val, auprès de gens trop puissants, pour espérer survivre très longtemps, surtout avec ses handicaps ? Et qui va croire sa parole, contre celle de LF et Alayne ? Le plus probable est au contraire qu’on lui soumette à nouveau à la torture. On se rendra vite compte que personne n’aime Marillion et qu’il n’était protégé que par la faveur de Lysa …

    Cette espèce de baladin m’avait déplu dès le premier regard, grommela-t-il. J’avais pressé lady Lysa de le congédier. Et ce plutôt cent fois qu’une.
    – Vous lui avez toujours donné de bons conseils, messire, déclara Petyr.
    – Elle n’en tenait aucun compte, se désola Royce. Elle ne m’écoutait jamais qu’à contrecœur, et puis elle n’en tenait aucun compte.
    […]
    – Il nous a traités de cochons », intervint ser Albar Royce. […] Il a fabriqué une chanson sur deux cochons qui reniflent autour d’une montagne en se gorgeant des restes d’un faucon. Elle était censée viser nos personnes, mais, quand je le lui ai dit, il s’est moqué de moi. « Enfin quoi, ser, c’est de cochons qu’il y est question ! » qu’il m’a répondu.
    – Ses railleries ne m’ont pas épargné non plus, proclama ser Marwyn Belmore. Ser Ding-Dong, il m’a appelé. Et quand j’ai juré que j’allais lui couper la langue, il a filé se réfugier dans les jupes de lady Lysa.
    – Comme il le faisait souvent, commenta lord Nestor. C’était un pleutre, mais la faveur dont il jouissait auprès d’elle le rendait insolent. Elle l’accoutrait comme un grand seigneur et lui a donné des bagues en or et une ceinture en pierres de lune.
    – Et même le faucon préféré de lord Jon. » Les six chandelles blanches des Cirley blasonnaient le doublet du chevalier qui venait de prendre la parole. « Sa Seigneurie adorait cet oiseau. C’était le roi Robert qui le lui avait offert. »

    Avec de tels juges, Marillion est effectivement déjà condamné. La seule chose dont il peut encore décider, c’est la manière dont il va passer ses derniers instants sur Terre … Littlefinger lui laisse sa langue, presque tous ses doigts et sa harpe, afin qu’il puisse toujours chanter et jouer de la musique, en échange de sa confession (pour laquelle sa langue est tout aussi nécessaire) … et peut-être aussi en échange d’une mort douce ? On ne sait pas vraiment.

    Littlefinger s’est d’ailleurs prémuni contre une possible « trahison » : il n’achète pas seulement Marillion, il a très probablement acheté aussi son geôlier.

    Mord empoigna brutalement Marillion au col. « Toi, ferme ta gueule ! » A ces mots, Sansa s’aperçut avec stupéfaction que les dents du geôlier étaient toutes en or.

    D’où vient que Mord ait des dents en or ? La bourse de Tyrion dans AGOT aurait suffi à lui remplir tout un râtelier ? C’est peu probable … La surprise de Sansa laisse supposer que c’est la première fois qu’elle le voit avec des dents en or. Je soupçonne que Baelish l’ait acheté avec de l’or. Il a l’air en tout cas totalement dévoué, puisque c’est visiblement lui qui a convaincu Marillion d’accepter la mise en scène de Littlefinger :

    Nous avons fini par conclure un accord, Marillion et moi. Mord sait se montrer extrêmement persuasif.

    Mais ça ne s’arrête pas là : les juges ont déjà des préjugés, mais au cas où, Littlefinger a prévu de les acheter eux-aussi …

    Nos mensonges à nous seront tout profit pour [Nestor Royce].
    […]
    « Nous servirons à cet excellent lord Nestor des mensonges arrosés de La Treille auré, et, non content de les avaler, il en redemandera, je te le garantis. »

    Et sur la fin du chapitre, on comprend ce qu’il a voulu dire : Littlefinger fait un cadeau somptueux à lord Nestor Royce. Il lui cède les Portes de la Lune, rien de moins. Lui qui n’était « lord » que de manière honorifique (en tant que Surintendant du Val et Gardien des Portes de la Lune) se retrouve désormais avec un véritable titre et un fief, qu’il pourra transmettre à sa descendance. Et pas n’importe lequel : les Portes de la Lune sont un château royal, plus ancien que les Eyrié. Le titre de Gardien était porté traditionnellement par l’héritier de la maison Arryn … C’est un présent inestimable, mais qui pourrait fort bien être contestée.

    D’aucuns qualifieront cette cession de malséante et vous reprocheront d’y avoir procédé.

    Nestor Royce va cependant accepter le mensonge inventé par Baelish, comme quoi il était le « roc » de Lysa Arryn et qu’elle avait prévu de l’honorer. Un beau mensonge, plus suave en bouche que l’amertume de la vérité … et surtout plus profitable pour lui. Il accepte donc tout autant le château. Comment refuser un cadeau aussi inestimable ? D’autant qu’il répond parfaitement à ses vœux :

    Je ne vais pas prétendre que je n’avais pas espéré obtenir cela. Pendant que lord Jon gouvernait le royaume en tant que Main, la tâche m’échut de régir le Val à sa place. Je fis tout ce qu’il exigeait de moi sans rien demander pour moi-même. Mais, par les dieux, je l’ai gagné, ceci !

    On voit ici la mise en application d’un des préceptes de Littlefinger : « Tout le monde veut quelque chose, Elayne. Et il vous suffit de savoir ce que quelqu’un veut pour savoir qui il est et comment le pousser. » (ASOS, Sansa VI.)

    Lors du debriefing, Sansa et Littlefinger explicite ce qui s’est passé avec lord Nestor. Et surtout, Sansa révèle la chausse-trape derrière cette cession :

    « Mais la signature… Il vous aurait été possible d’amener lord Robert à apposer la sienne avec son sceau sur le document, et, au lieu de cela…
    – … Je l’ai fait de ma propre main, en qualité de lord Protecteur. Et alors ?
    – Eh bien… Que l’on vous démette ou que… ou que l’on vous tue…
    – … Les prétentions de lord Nestor sur les Portes seront subitement remises en question. Je te le garantis, ce détail-là ne lui a pas échappé non plus. En tout cas, c’est fort perspicace à toi de t’en être aperçue. Allant de soi que je n’en attendais pas moins de ma propre fille.

    Non seulement Littlefinger vient de l’acheter, mais il l’a aussi fidélisé pour un moment.

    Le soin porté aux détails

    Dans le chapitre suivant (Alayne I), on verra que Littlefinger est un redoutable metteur en scène. Il apporte notamment un soin particulier aux costume. Lui-même porte des vêtements sombres évoquant le deuil, Robert Arryn est quant à lui accoutré comme le seigneur de la maison Arryn, avec des ton crème et azur. Mais il y a un autre personnage qui est habillé d’une manière bien spécifique dans ce chapitre :

    On lui avait fait prendre un bain puis revêtir des chausses bleu ciel et une tunique blanche flottante à manches bouffantes que serrait à la taille une large ceinture argentée dont lady Lysa lui avait fait présent. Des gants de soie blanche dissimulaient ses mains, et la vue de ses yeux était épargnée à la noble assistance par un bandeau du même tissu.

    Les couleurs ont été savamment étudiées : bleu et blanc, des couleurs Arryn ! Les cicatrices de la torture les plus douloureuses (aux mains et aux yeux) sont occultés pour ne pas déplaire aux juges. Mais surtout, on l’a affublé d’une ceinture offerte par Lysa … qui sera probablement reconnue par les juges et qui visent à exciter leur rancune. C’est peut-être la même que celle citée par Nestor :

    Elle l’accoutrait comme un grand seigneur et lui a donné des bagues en or et une ceinture en pierres de lune.

    Autre détail important : le contenu de la confession. Littlefinger est un menteur hors pair, et il a inventé une version tout à fait crédible, avec en plus un petit mensonge sordide et invérifiable :

    Et puis, lorsqu’elle m’a appris qu’elle portait un enfant de lord Petyr, […]

    Cette histoire de grossesse est évidemment une invention, mais elle rend le crime de Marillion d’autant plus cohérent … et monstrueux. Il a tué non pas un, mais deux êtres. Quel juge voudra encore lui accorder sa clémence ?

    Une menace pas encore déclarée

    Nestor et sa clique ont été faciles à convaincre comme prévu, mais les choses ne s’arrêtent pas là. Certains nobles du Val se défient de Littlefinger, n’apprécient pas d’être régenté par un parvenu (affilié aux Lannister, qui plus est, qu’ils n’ont aucune raison d’aimer). On découvre qu’un parti anti-LF est en train de se monter, avec à sa tête Yohn Royce. D’autres le suivent : Templeton, Vanbois, Belmore, Veneur, Rougefort, Tallett, Shett, Froideseaux. Les Corbray en revanche sont manifestement divisés : lord Lyonel ne viendra pas, c’est le bouillant Lyn (qu’on a déjà croisé dans AGOT) qui se joint aux autres. Nestor s’ébahit « On vous a fort bien informé. » … En effet, et on ne tardera pas à connaître l’identité du mouchard !

    L’objectif affiché est clair :

    Mon cousin se propose de questionner personnellement le chanteur. […] Mon cousin entend vous démettre de vos fonctions de lord Protecteur.

    Yohn Royce entend questionner Marillion pour faire tomber Littlefinger. Finalement, c’est sûrement Littlefinger qui fera tomber Marillion, comme il a fait tomber Lysa. Mais Yohn Royce n’en restera pas là.

    La corruption de Sansa

    Littlefinger a commencé à « former » Sansa aux arts du jeu des trônes dans ASOS. Les leçons continuent dans ce tome. Certaines sont explicitées, d’autres plus implicites. Ce faisant, Littlefinger corrompt Sansa. Elle perd de plus en plus en innocence à mesure qu’elle devient la complice de ses combines. Elle se persuade et se laisse persuader tout au long du chapitre que le châtiment de Marillion est « mérité » … et nécessaire pour sa propre survie. Malgré tout, elle a un fond de mauvaise conscience qui est un peu rassurant.

    Je ne dois pas m’apitoyer sur lui, se morigéna-t-elle. Il était aussi vaniteux que cruel, et il sera mort incessamment. Elle ne pouvait pas le sauver.

    Malheureusement, ce fond de culpabilité masque surtout un fait terrible : elle ne va pas chercher à le sauver, elle va au contraire le condamner. Sansa se raconte des histoires, une fois de plus.

    Sansa et le mensonge

    L’une des grosses thématiques de ce chapitre, c’est les mensonges qui accompagne Sansa depuis un moment déjà. Elle reconnaît d’ailleurs qu’elle n’a pas attendu Littlefinger pour commencer à mentir.

    Il y a des mensonges que l’on est bien obligé de dire. Les mensonges étaient la seule chose qui lui eût permis de survivre, à Port-Réal. Si elle n’avait pas constamment menti à Joffrey, il n’en aurait que mieux profité pour déléguer aux membres de sa Garde Royale la honte de la rosser jusqu’à ce que mort s’ensuive.

    Mais LF est un « bien meilleur menteur », car il va jusqu’à brouiller la frontière entre les mensonges et la vérité : Sansa et LF parlent de « leurs mensonges », et lorsque Sansa veut évoquer « la vérité », celle-ci ne devient plus qu’un mensonge de plus :

    – Mais, messire, si… Si Marillion lui raconte ce qui s’est véritablement…
    – S’il ment, tu veux dire ?
    – Ment ? Oui… S’il ment…

    La frontière est d’autant plus difficile à percevoir qu’il finit effectivement par révéler la vérité sur le meurtre qu’il a commis… mais d’une telle manière qui oblige ses vis-à-vis à l’innocenter :

    « C’est moi qui l’ai tuée. »
    Non, s’affola Sansa, non, gardez-vous de dire une chose pareille, il ne faut pas leur dire, il ne faut pas ! Mais déjà Albar Royce secouait la tête.

    Petyr est un menteur compulsif, il vit dans le mensonge permanent. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a tué Lysa : elle ne supportait plus le mensonge, la vérité devenait trop étouffante et elle a fini par la laisser s’échapper … Il l’a donc fait taire, et cette vérité est désormais enterrée sous une nouvelle couche de mensonges :

    Ce qui persistait à la perturber infiniment, c’étaient les révélations que sa tante lui avait déballées juste avant sa chute. « Délirantes », ainsi les avait qualifiées Petyr. « Ma femme était folle, tu n’as que trop pu t’en rendre compte par toi-même. »

    Il va même jusqu’à déformer la valeur des mensonges, leur objectif profond :

    « Certains mensonges sont une preuve d’affection », lui avait affirmé Petyr, et elle entendait le lui rappeler. « Lorsque nous avons menti à lord Robert, c’était uniquement afin de l’épargner, déclara-t-elle.
    – Et c’est nous que ce mensonge peut maintenant servir à épargner. Sans cela, nous n’aurons plus, toi et moi, qu’à sortir des Eyrié par la même porte que Lysa. » Il reprit sa plume. « Nous servirons à cet excellent lord Nestor des mensonges arrosés de La Treille auré, et, non content de les avaler, il en redemandera, je te le garantis. »
    Il me sert des mensonges, à moi aussi, s’avisa-t-elle subitement. Mais c’étaient là des mensonges si réconfortants qu’elle les supposa dénués de toute mâle intention. Quand c’est la bienveillance qui l’inspire, il n’est pas aussi grave de mentir. Seulement, que n’arrivait-elle à les gober tels quels… !

    Sansa est encore bien naïve, si elle croit que Petyr a menti à Robert pour l’épargner … Se faisant, maintenant que la frontière entre mensonges et vérité est troublée, Sansa se compose une nouvelle vérité. Elle choisit de croire certaines informations et en met d’autres volontairement de côté, à la fois dans ce qu’elle dit aux autres, mais aussi dans les histoires qu’elle se raconte.

    « Elle [Lysa] te [Robert] manque, je sais bien. Elle manque aussi à lord Petyr. Il l’aimait tout aussi fort que toi. » C’était un mensonge, mais par gentillesse. La seule femme que Petyr eût jamais aimée était sa mère à elle, morte de la main des Frey. Il l’avait avoué sans ambages à lady Lysa, juste avant de la précipiter dans le vide par la porte de la Lune. Elle était folle et dangereuse. Elle avait assassiné son propre seigneur et maître de mari, et elle n’aurait pas manqué de me tuer moi-même si Petyr n’était survenu juste à temps pour me sauver la vie.

    Pire encore, elle en vient presque à avoir des réflexions cyniques :

    Une larme roula le long de sa joue. Ça fait bon effet, une larme, très bon effet. « … quand Marillion… l’a poussée dans le vide. »

    Elle n’en est pas encore à pleurer sur commande comme Cersei … Mais tout de même !

    La vérité n’est pas la seule chose que Littlefinger embrouille, il embrouille aussi l’identité de Sansa :

    T’imagines-tu que je lui permettrais jamais de toucher à un seul cheveu de ma fille ? »
    Je ne suis pas votre fille, songea-t-elle. Je suis Sansa Stark, fille de lord Eddard et de lady Catelyn, le sang de Winterfell. Elle garda cela par-devers elle, cependant.

    A la fin du chapitre, elle finit néanmoins par lui en faire la remarque

    Allant de soi que je n’en attendais pas moins de ma propre fille.
    – Merci. » Elle se sentit absurdement fière d’avoir démêlé cet imbroglio, mais perplexe aussi. « Je ne le suis pas, pourtant. Votre fille. Pas vraiment. Je veux dire, je fais semblant d’être Alayne, mais vous savez bien, vous… »

    Une fois de plus la vérité remonte à la surface … Et Petyr va s’empresser de la faire taire, elle-aussi :

    Littlefinger lui posa un doigt sur les lèvres. « Je sais ce que je sais, et tu te trouves dans le même cas. Il est des choses qu’il vaut mieux laisser inexprimées, mon cœur.
    – Même quand nous sommes seuls ?
    Surtout quand nous sommes seuls. Sans quoi un jour viendra où une servante entrant quelque part à l’improviste, ou bien un garde posté à la porte, risqueront d’entendre ce qu’ils ne devraient entendre pour rien au monde. As-tu envie d’avoir davantage de sang sur tes jolies menottes, ma chérie ? »

    Bien plus efficace que s’il menaçait Sansa directement … Dès lors, Sansa accepte de « jouer le jeu des trônes » et le rôle que Littlefinger lui a brodé. Le mensonge dévore progressivement la vérité. C’est le dernier chapitre de « Sansa ». Elle va disparaître pour le reste du tome, laissant place à « Alayne ».

    #190775
    R.Graymarch
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    De retour avec Sansa, dont le chapitre se nomme, oh tiens Sansa

    Le chapitre démarre sur la jeunesse de Sansa et la promesse que lui fait son père pour la venue de chanteurs. Promesse vaine, ce qui frustrera beaucoup Sansa. Aurait-il mieux valu mentir, pour son propre bien ? C’est l’objet du chapitre (et de Goodbye Lenin d’ailleurs).

    La transition est très bien faite entre Sansa qui se languissait d’entendre de la musique et Sansa qui se plaint d’entendre Marillion chanter toutes les nuits

    Sansa a de la peine pour lui, mais pas trop (tu m’étonnes)

    The singer’s voice was strong and sweet. Sansa thought he sounded better than he ever had before, his voice richer somehow, full of pain and fear and longing. She did not understand why the gods would have given such a voice to such a wicked man. He would have taken me by force on the Fingers if Petyr had not set Ser Lothor to watch over me, she had to remind herself. And he played to drown out my cries when Aunt Lysa tried to kill me.

    Et là, on apprend que Nestor Royce vient le lendemain. Je ne sais pas vous mais moi je mélange un peu les Royce et les Corbray (trop de « r » et « y » pour singer les Arryn, et en plus, il y a un « o »). Petyr apprend qu’il a fait un deal avec Marillion

    “We have come to an agreement, Marillion and I. Mord can be most persuasive. And if our singer disappoints us and sings a song we do not care to hear, why, you and I need only say he lies. Whom do you imagine Lord Nestor will believe?”

    “Us?” Sansa wished she could be certain.

    “Of course. Our lies will profit him.”

    The solar was warm, the fire crackling merrily, but Sansa shivered all the same. “Yes, but . . . but what if . . .”

    “What if Lord Nestor values honor more than profit?” Petyr put his arm around her. “What if it is truth he wants, and justice for his murdered lady?” He smiled. “I know Lord Nestor, sweetling. Do you imagine I’d ever let him harm my daughter?”

    Toujours bien malsain, le Petyr quand même… Certes, il l’a sauvée mais il la tient aussi prisonnière. Et Sansa s’en rend bien compte

    Petit écho avec l’intro

    “All you need do is tell Lord Nestor the same tale that you told Lord Robert,” Petyr went on.

    Robert is only a sick little boy, she thought, Lord Nestor is a man grown, stern and suspicious. Robert was not strong and had to be protected, even from the truth. “Some lies are love,” Petyr had assured her. She reminded him of that. “When we lied to Lord Robert, that was just to spare him,” she said.

    “And this lie may spare us. Else you and I must leave the Eyrie by the same door Lysa used.” Petyr picked up his quill again. “We shall serve him lies and Arbor gold, and he’ll drink them down and ask for more, I promise you.”

    He is serving me lies as well, Sansa realized. They were comforting lies, though, and she thought them kindly meant. A lie is not so bad if it is kindly meant. If only she believed them . . .

    Sansa a des doutes (intérieurs) sur les derniers propos de sa tante. Elle voit bien aussi que Petyr a sauvé « sa fille » mais que Littlefinger est bien moins clean…

    He was Petyr, her protector, warm and funny and gentle . . . but he was also Littlefinger, the lord she’d known at King’s Landing, smiling slyly and stroking his beard as he whispered in Queen Cersei’s ear. And Littlefinger was no friend of hers. When Joff had her beaten, the Imp defended her, not Littlefinger. When the mob sought to rape her, the Hound carried her to safety, not Littlefinger. When the Lannisters wed her to Tyrion against her will, Ser Garlan the Gallant gave her comfort, not Littlefinger. Littlefinger never lifted so much as his little finger for her.

    Except to get me out. He did that for me. I thought it was Ser Dontos, my poor old drunken Florian, but it was Petyr all the while. Littlefinger was only a mask he had to wear. Only sometimes Sansa found it hard to tell where the man ended and the mask began. Littlefinger and Lord Petyr looked so very much alike. She would have fled them both, perhaps, but there was nowhere for her to go. Winterfell was burned and desolate, Bran and Rickon dead and cold. Robb had been betrayed and murdered at the Twins, along with their lady mother. Tyrion had been put to death for killing Joffrey, and if she ever returned to King’s Landing the queen would have her head as well. The aunt she’d hoped would keep her safe had tried to murder her instead. Her uncle Edmure was a captive of the Freys, while her great-uncle the Blackfish was under siege at Riverrun. I have no place but here, Sansa thought miserably, and no true friend but Petyr.

    Nestor Royce arrive et Petyr envoie Sansa chercher Robert. Ce dernier se plaint des chansons, et du fait que sa porte était fermée. On apprend peu après que c’est Sansa qui a demandé ça (sans lui dire.. et même en lui mentant) car sinon il va dormir avec elle

    “I was going to come sleep with you.”

    I know you were. Sweetrobin had been accustomed to crawling in beside his mother, until she wed Lord Petyr. Since Lady Lysa’s death he had taken to wandering the Eyrie in quest of other beds. The one he liked best was Sansa’s . . . which was why she had asked Ser Lothor Brune to lock his door last night. She would not have minded if he only slept, but he was always trying to nuzzle at her breasts, and when he had his shaking spells he often wet the bed.

    La pièce où l’on reçoit a des détails troublants

    The slender pillars looked like fingerbones, and the blue veins in the white marble brought to mind the veins in an old crone’s legs.

    La petite mise en scène a lieu ensuite

    “I know how hard this is for you, Alayne, but our friends must hear the truth.”

    “Yes.” Her throat felt so dry and tight it almost hurt to speak. “I saw . . . I was with the Lady Lysa when . . .” A tear rolled down her cheek. That’s good, a tear is good. “. . . when Marillion . . . pushed her.” And she told the tale again, hardly hearing the words as they spilled out of her.

    Robert fait une crise et tombe de son trône. Je reste étonné de la tournure « shaking spell », comme si c’était un sortilège. Robert est exfiltré et on passe aux choses sérieuses. Oh, Nestor n’a jamais aimé Marillion, quelle surprise !! (le passage que je souligne, oh le joli double-sens)

    “I misliked that singer from the first,” he grumbled. “I urged Lady Lysa to send him away. Many a time I urged her.”

    “You always gave her good counsel, my lord,” Petyr said.

    “She took no heed of it,” Royce complained. “She heard me grudgingly and took no heed.”

    My lady was too trusting for this world.” Petyr spoke so tenderly that Sansa would have believed he’d loved his wife. “Lysa could not see the evil in men, only the good. Marillion sang sweet songs, and she mistook that for his nature.”

    “He called us pigs,” Ser Albar Royce said. A blunt broad-shouldered knight who shaved his chin but cultivated thick black side-whiskers that framed his homely face like hedgerows, Ser Albar was a younger version of his father. “He made a song about two pigs snuffling round a mountain, eating a falcon’s leavings. That was meant to be us, but when I said so he laughed at me. ‘Why, ser, ’tis a song about some pigs,’ he said.”

    “He made mock of me as well,” Ser Marwyn Belmore said. “Ser Ding-Dong, he named me. When I vowed I’d cut his tongue out, he ran to Lady Lysa and hid behind her skirts.”

    “As oft he did,” Lord Nestor said. “The man was craven, but the favor Lady Lysa showed him made him insolent. She dressed him like a lord, gave him gold rings and a moonstone belt.”

    “Even Lord Jon’s favorite falcon.” The knight’s doublet showed the six white candles of Waxley. “His lordship loved that bird. King Robert gave it to him.”

    Marillion est amené et il avoue tout. Oh tiens, encore des little fingers

    Sansa stared at his hands while he spoke. Fat Maddy claimed that Mord had taken off three of his fingers, both pinkies and a ring finger. His little fingers did appear somewhat stiffer than the others, but with those gloves it was hard to be certain. It might have been no more than a story. How would Maddy know?

    Marillion est renvoyé et Petyr sort le grand jeu : accueil, vin… Et on parle d’autres seigneurs du Val, ce qui inquiète/énerve un peu Nestor

    “My cousin means to remove you as Lord Protector.”

    “If so, I cannot stop him. I keep a garrison of twenty men. Lord Royce and his friends can raise twenty thousand.” Petyr went to the oaken chest that sat beneath the window. “Bronze Yohn will do what he will do,” he said, kneeling. He opened the chest, drew out a roll of parchment, and brought it to Lord Nestor. “My lord. This is a token of the love my lady bore you.”

    Sansa watched Royce unroll the parchment. “This . . . this is unexpected, my lord.” She was startled to see tears in his eyes.

    “Unexpected, but not undeserved. My lady valued you above all her other bannermen. You were her rock, she told me.”

    “Her rock.” Lord Nestor reddened. “She said that?”

    “Often. And this”—Petyr gestured at the parchment—“is the proof of it.”

    “That . . . that is good to know. Jon Arryn valued my service, I know, but Lady Lysa . . . she scorned me when I came to court her, and I feared . . .” Lord Nestor furrowed his brow. “It bears the Arryn seal, I see, but the signature . . .”

    “Lysa was murdered before the document could be presented for her signature, so I signed as Lord Protector. I knew that would have been her wish.”

    “I see.” Lord Nestor rolled the parchment. “You are . . . dutiful, my lord. Aye, and not without courage. Some will call this grant unseemly, and fault you for making it. The Keeper’s post has never been hereditary. The Arryns raised the Gates, in the days when they still wore the Falcon Crown and ruled the Vale as kings. The Eyrie was their summer seat, but when the snows began to fall the court would make its descent. Some would say the Gates were as royal as the Eyrie.”

    (…)  “I will not say I had not hoped for this. Whilst Lord Jon ruled the realm as Hand, it fell to me to rule the Vale for him. I did all that he required of me and asked nothing for myself. But by the gods, I earned this!”
    “You did,” said Petyr, “and Lord Robert sleeps more easily knowing that you are always there, a staunch friend at the foot of his mountain.” He raised a cup. “So . . . a toast, my lord. To House Royce, Keepers of the Gates of the Moon . . . now and forever.”

    “Now and forever, aye!” The silver cups crashed together.

    Après coup, Petyr debriefe Sansa et lui parle longuement

    “Do you understand what happened here, Alayne?”

    Sansa hesitated a moment. “You gave Lord Nestor the Gates of the Moon to be certain of his support.”

    “I did,” Petyr admitted, “but our rock is a Royce, which is to say he is overproud and prickly. Had I asked him his price, he would have swelled up like an angry toad at the slight upon his honor. But this way . . . the man is not utterly stupid, but the lies I served him were sweeter than the truth. He wants to believe that Lysa valued him above her other bannermen. One of those others is Bronze Yohn, after all, and Nestor is very much aware that he was born of the lesser branch of House Royce. He wants more for his son. Men of honor will do things for their children that they would never consider doing for themselves.”

    She nodded. “The signature . . . you might have had Lord Robert put his hand and seal to it, but instead . . .”

    “. . . I signed myself, as Lord Protector. Why?”

    “So . . . if you are removed, or . . . or killed . . .”

    “. . . Lord Nestor’s claim to the Gates will suddenly be called into question. I promise you, that is not lost on him. It was clever of you to see it. Though no more than I’d expect of mine own daughter.”

    Puis Petyr insiste très lourdement qu’elle doit rester Alayne, même s’ils ne sont que tous les deux. Sansa va se coucher, en oubliant de verrouiller la porte de Robert et en finissant par lui mentir, pour son bien

    Sometime during the night she woke, as little Robert climbed up into her bed. I forgot to tell Lothor to lock him in again, she realized. There was nothing to be done for it, so she put her arm around him. “Sweetrobin? You can stay, but try not to squirm around. Just close your eyes and sleep, little one.”

    “I will.” He cuddled close and laid his head between her breasts. “Alayne? Are you my mother now?”

    “I suppose I am,” she said. If a lie was kindly meant, there was no harm in it.

    En primolecture, c’est dur de voir toutes les implications politiques et dynastiques que cela entraine. Reste que ce chapitre est fort intéressant même si ce n’est « que » pour voir Sansa qui ment, et qui n’est pas totalement dupe (tout en se disant que son salut passe encore par son geôlier).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois par R.Graymarch.

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    #190780
    Eridan
    • Vervoyant
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    Je reste étonné de la tournure « shaking spell », comme si c’était un sortilège.

    Diantre  !! D’où l’intérêt de lire en vo plutôt qu’en vf, cet aspect a complètement disparu de la traduction, et comme j’ai surtout lu en français, je suis passé à côté. Pourtant, c’est cité deux fois, histoire que le lecteur ne passe pas à côté :

    lorsque ses crises de tremblote s’emparaient de lui
    when he had his shaking spells

    Sansa ne put rien faire d’autre que rester figée à sa place et regarder la crise nerveuse croître et empirer.
    Sansa could only stand and watch as the shaking spell ran its course.

    Perso, je ne suis pas surpris par cette tournure de phrase : GRRM associe la maladie de Robert Arryn à la magie, peut-être afin de renforcer cette possibilité d’un lien avec les anciens dieux. Les Grecs surnommaient l’épilepsie la « maladie des dieux » ou la « maladie sacrée » après tout … Et on a d’autres passages de l’œuvre où il est suggéré que les « dieux » n’envoient pas seulement le vent, mais aussi les épidémies ou les maladies congénitales.

    #190781
    Nymphadora
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    Perso, je ne suis pas surpris par cette tournure de phrase : GRRM associe la maladie de Robert Arryn à la magie, peut-être afin de renforcer cette possibilité d’un lien avec les anciens dieux.

    Heu je crois que vous surinterprétez de ouf xD Un « spell » c’est juste une période de temps en anglais (genre « A cold spell » c’est une vague de froid, ou un évanouissement, c’est un « fainting spell »). C’est une tournure assez commune.

    ~~ Always ~~

    #190786
    Lapin rouge
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    Nymphadora, aka Dreambreaker ! 😀

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #190794
    Tizun Thane
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    C’est une tournure assez commune.

    Et c’est aussi un sort lancé par un magicien. DeepL m’indique en traduction  de « shaking spell » tremblement de terre en n°1, et sort ou charme de la secousse (trop mimi) en n°2.

    Tout ça pour dire que la répétition de shaking spell n’est pas forcément innocente. C’est tout à fait dans le style de Martin.

    en of honor will do things for their children that they would never consider doing for themselves.” She nodded.

    Quel fieffé renard ce Littlefinger.

    Devant Sansa, il évoque le sort d’Eddard Sark, qui pour la sauver elle, a renié son honneur. Plus tard, Littlefinger sera encore plus direct dans ses allusions.

    C’est comme le « Roc » de Nestor Royce. Littlefinger le tourne comme un compliment (vous étiez mon ancre dans la tempête). Il avoue plus tard à Sansa que lady Lysa utilisait effectivement cette expression pour dire que c’était un gros lourd, une ancre qui l’entraînait au fond.

    Littlefinger ment souvent de cette manière. Il dit une chose vraie mais fait accroire avec une chose fausse.

    J’aime beaucoup la fin et l’ambiguïté du calin final entre Sweetrobyn et Sansa. A travers cette scène, où Sansa n’est pas si maternante que son attitude le laisse supposer, se « scelle » la relation entre Alayne et Sweetrobin.

    A partir de ce chapitre, Sansa sera effectivement une mère de substitution pour son cousin.

    Sweetrobin est un petit orphelin très mal elevé. il cherche à téter Sansa, parce que c’est qu’il faisait avec sa mère. Personne ne lui avait dit qu’il n’avait pas le droit. Au fond, les erreurs du fils sont les pêchés de la mère.

    On verra dans les chapitres à venir que Sweetrobin aime les gâteaux au citron (parce que Sansa/Alayne les aime bien). On verra surtout que Sweetrobin adore les histoires du chevalier Ailé, histoires que Alayne lui raconte pour donner un exemple positif à Sweetrobin, et lui donner du courage.

    C’est amusant parce que Sansa a toujours cherché à se modeler comme une dame de chanson, et c’est donc drôle que Alayne reproduise le modèle avec un chevalier héroïque de chanson chez son cousin.

    Pourtant, il n’en parle pas dans ce chapitre, et Lysa avait dit à Sansa dans un chapitre précédent, que son fils aimait les histoires de poule et d’animaux qui parlent, c’est à dire des histoires pour petit enfant.

    Alayne est une présence éducatrice pour Sweetrobin. Outre le lien qui se crée entre eux, qui sera utile ou pas, je me demande si cela augure d’une possible relation que Sansa pourrait renouer avec son petit frère Rickon, devenu probablement très sauvage, mais lui aussi, avec un besoin urgent d’une présence maternante.

    #190817
    Pandémie
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    Oula, GrrM s »analayse avec un dictionnaire anglais de qualité en ligne, il utilise beaucoup trop de double-sens et d’archaismes. Il faut aussi chercher les autres occurrences et le contexte. Dans le cas de Robert Arryn, il est sans équivoque utilisé par les protagonistes comme « courte période », « crise » et pas du tout sortilège. Ils sont conscients que Robert est malade, pas maudit. Si GrrM utilise plus d’une cinquantaine de fois spell comme sortilège, il sait aussi son autre sens puisqu’il l’utilise dans d’autres cas comme quand Jaime propose de prendre son « spell at oars » à Brienne, c’est-à-dire son tour aux rames.

    Après, est-ce qu’il joue sur les deux sens du mot pour le lecteur, c’est une autre question. Perso, je ne pense pas vu qu’il ne va pas plus loin dans les futurs chapitres. Mais peut-être qu’il s’en réserve la possibilité pour plus tard (genre Robert se découvre des pouvoirs que tout le monde prend pour des délires façon Bariol).

    Bref, ça fait plaisir de retrouver un protagoniste principal et de découvrir les jeux d’intrigues du Val. Un peu moins de savoir que ça ne va pratiquement pas bouger, mais voir évoluer un personnage présent depuis le début, c’est quand même plus intéressant. Perso, je trouve que Sands semble moins effrayée qu’en phase d’acceptation. Vous savez, quand vous vous réveillez d’un cauchemar à moitié dedans mais a moitié entrain de réaliser que ça va passer, ou quand vous devez marcher dans une rue ou une forêt dans la nuit noire et que vous serrez les fesses. Sauf que dans le cas de Sansa,  Alayne sera sans doute le vrai rêve dont elle devra s’éveiller et Baelish le monstre auquel elle devra échapper.

    #190822
    Aline du Val
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    Hello ! @Nymphadora a raison, « spell » est un mot très courant en anglais dans un construct  se référant au temps [moment] pendant lequel une action dure [cf. spell of time] , ici le mieux traduite par « crise de » – larmes, fou rire, tremblements… . Inutile de chercher à surinterpréter … 😉

    Ci-dessous, la définition extraite de l’Oxford English-English Dictionary:

    Oxford Learner’s Dictionaries
    <cite class= »qLRx3b tjvcx GvPZzd cHaqb » role= »text »>https://www.oxfordlearnersdictionaries.com › …</cite>
    spell · ​. [countable] a short period of time during which something lasts ·
    #190824
    Worgen Stone
    • Pisteur de Géants
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    Belle analyse Eridan, et des commentaires intéressants.

    @pandemie, quel est ton conseil en matière de dictionnaire ? J’ai bientôt un chapitre à présenter.

    #190866
    Pandémie
    • Fléau des Autres
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    quel est ton conseil en matière de dictionnaire ? J’ai bientôt un chapitre à présenter.

    J’utilise par habitude le site de Merriam-Webster, pratique sur téléphone avec ses onglets, avec étymologie et les sens mêmes ayant veilli, fourni avec plein de citations en exemple, des synonymes et expressions. Le tout sans pub trop envahissante.

    Mais Wiktionary fait bien le job aussi, tout en n’étant pas commercial.

    #190883
    Sandor is alive
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    Merci Eridan (et tous les autres). Sansa a choisi son camp, ce gros mensonge (et les petits qui l’entourent) à propos de la mort de Lysa scellent le pacte avec Littlefinger.

    Pour autant, elle n’oublie pas complètement ses principes ni son histoire. Elle n’est pas non plus entièrement dupe par rapport aux motivations de Petyr. Mais elle a compris depuis longtemps que parfois il faut mentir pour survivre (comme elle le faisait avec Joffrey).

    Et survivre c’est non seulement garder la vie, mais aussi l’espoir de retrouver un peu de ce qu’elle a perdu.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois par R.Graymarch.
    #190894
    Worgen Stone
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    Merci @aline (dont je n’avais pas vu l’intervention au moment où j’ai rédigé la mienne) et @pandemie pour ces outils que je vais tenter de prendre en main au plus vite.

     

    #192302
    SansaQueenBread
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Bonjour à tous,

    Merci Eridan pour ton analyse. Je pense que les révélations de Lysa avant sa mort sont ancrées quelque part dans sa mémoire. Elle a juste besoin d’une confirmation pour qu’elle se retourne contre Baelish. Pour l’instant, elle n’a qu’une partie des éléments. Et Brynden Tully a écouté Catelyn vider son sac sur la mort d’Arryn et la lettre de Baelish. Il connait l’autre moitié de l’histoire et, s’il se rend dans le Val et qu’il la croise, il pourra l’aider à tout comprendre.

    #192422
    Céleste
    • Pas Trouillard
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    Merci Eridan pour ton analyse très complète et les liens ^^

    Les thèmes du mensonge et de la double-identité sont très présents dans ce chapitre. A croire qu’on est dans un chapitre d’Arya, comme l’a dit Eridan.

    Le mensonge, le mensonge de Sansa sur les évènements la tourmente et lui pose des problèmes de conscience. Le chapitre se finira d’ailleurs par un mensonge acceptable pour elle, si on a des intentions bienveillantes alors on peut mentir, Sansa est en accord avec elle-même :

    — Je vais le faire. » Une fois dûment blotti, il posa sa tête entre les seins de Sansa. « Alayne ? C’est toi, ma mère, maintenant ?
    — J’ai comme l’impression que oui », dit-elle. Si l’on mentait par gentillesse, il n’y avait pas de mal à ça.

    Toutefois au début du chapitre, Sansa culpabilise d’avoir menti et condamné un homme innocent, elle tente de se raisonner et justifier son mensonge, car après tout il était question de survie pour Sansa, et Marillon n’est pas quelqu’un de bien, mais cela ne suffit pas à l’apaiser. En plein conflit intérieur, ces chants la tourmentent et la traquent.

    Malgré ses défauts, Sansa est une bonne personne, ce conflit intérieur en est le témoin.

    Je pense que peu d’entre vous partage cette opinion, mais je trouve que la version « Sansa au Val d’Arryn » est une nette amélioration de sa condition à Port-Réal. Alors certes, cela commence de façon très dure avec une tentative de viol et d’assassinat sur sa personne mais en réalité elle va gagner de plus en plus un climat nettement moins anxiogène et une capacité d’action, elle deviendra de plus un plus un pion conscient et actif jusqu’à causer, on l’espère, la perte de LF. Elle perdra en statut social mais je la trouve plus heureuse en Alayne.

    Blanc et bleu, les couleurs Arryn, mais aussi des couleurs associées aux marcheurs blancs …

    Oui ^^. De façon plus précise : ce qui est typique des marcheurs blancs, c’est lorsqu’on a les veines bleues et le marbre blanc, lorsque l’image évoque le sang bleu et le corps blanc, alors on parle des Autres aussi.

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

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