AGOT 11 – Jon II

  • Ce sujet contient 32 réponses, 21 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par FeyGirl, le il y a 4 années et 1 mois.
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  • #128647
    Liloo75
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    comme beaucoup ce qui m’a choquée, c’est la haine que porte Catelyn à Jon et surtout la peur qu’elle lui inspire.

    Sur le palier, la peur le prit, qui le pétrifia un bon moment. Sa présence permanente avait contraint Jon à rester à l’écart. La peur de parler, la peur d’approcher le clouèrent longtemps sur le seuil. Toute une partie de son être n’aspirait qu’à fuir, mais il savait qu’alors peut-être ne reverrait-il jamais Bran. Les nerfs à vif, il avança d’un pas. « S’il vous plaît » Naguère, il aurait pris ses jambes à son cou. Naguère, il en aurait même pleuré. A présent, il n’éprouvait plus que colère. Bientôt, il serait frère assermenté dans la Garde de nuit, et il lui faudrait affronter des adversaires autrement redoutables que Catelyn Tully Stark.

    Ce rapprochement entre un adversaire et Catelyn montre tout ce que lui inspire cette femme. Et elle n’est pas encore devenue Lady Coeurdepierre à se demander si elle n’existait pas déjà avant? Il l’appelle Catelyn Tully Stark, elle est comme lui, pas tout à fait une Stark. Son appartenance à sa famille Tully devait être quelque chose qui devait se faire ressentir dans ses agissements ou sa façon d’être, et pas qu’avec le septuaire et ses croyances. Le fait qu’elle utilise son prénom pour la première fois m’a fait penser que pour jeter un sort il faut un nom.

    @Mélusine, moi aussi j’ai été choquée à la relecture de ce chapitre. Je ne me souvenais plus de la brutalité de Catelyn envers Jon.

    J’ai relevé toutes ces phrases où suinte la peur que sa marâtre inspire à Jon.

    Quand elle l’appelle par son prénom, je ne l’ai pas interprété comme un signe de reconnaissance. Surtout que cela vient juste avant le : « Ç’aurait dû être toi »…

    Je n’avais pas pensé à un sort. Pour moi, elle le désigne pour lui faire ressentir tout son ressentiment, parce qu’il est là sous son toit et qu’il ne devrait pas y être. Qu’il est un bâtard et que sa place devrait être ailleurs.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #129973
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 996

    Je reviens un peu tardivement sur le dernier point que je voulais aborder dans ce chapitre, qui était la visite de Jon à Bran et « l’adieu » à son petit frère et à Catelyn, toujours dans son aspect littéraire (construction et symboles).

    Ce dernier est encadré par une opposition physique entre l’intérieur du château particulièrement silencieux et l’extérieur très bruyant, mais aussi par une ascension et puis une redescente :

    Jon climbed the steps slowly (trad mot à mot : Jon grimpa lentement les escaliers), trying not to think that this might be the last time ever. Ghost padded silently beside him. Outside, snow swirled through the castle gates, and the yard was all noise and chaos, but inside the thick stone walls it was still warm and quiet. Too quiet for Jon’s liking.

    (…longue scène d’adieux, puis Jon repart 🙂

    Outside, everything was noise and confusion.
    Sur le plan symbolique, il y a plusieurs interprétations possibles, qui ne se contredisent pas entre elles : le contraste intérieur/extérieur peut servir à mettre en lumière les propres émotions contradictoires de Jon Snow, de la même façon qu’au cinéma, l’ambiance à l’image peut servir à décrire l’état d’esprit de personnages sans passer par les mots. Ici, l’affrontement le plus violent et le moment le plus tendu est entouré de silence, et c’est un silence que Jon prolongera puisqu’il mentira à Robb sur ce qu’il vient de se passer entre lui et Catelyn. C’est un mutisme partagé par le loup Fantôme.
    Le silence a un côté ouvertement morbide, car c’est aussi celui de Bran toujours inconscient et brisé, comme un oiseau tombé du nid.
    Ainsi, la communication entre les personnages ne se fait pas et est sujette à interprétation erronée, comme lorsque Lady Stark regarde Jon sans rien dire et que le garçon l’interprète comme un accord à son entrée, et que dans le même temps, le hurlement du loup prend le relais de la parole de Bran :
    Lady Stark was watching. She had not raised a cry. Jon took that for acceptance. Outside the window, the direwolf howled again. The wolf that Bran had not had time to name.
    Jon – le futur frère juré de la Garde de Nuit – se heurte à des murs de toutes parts : de la part de Bran, il n’obtient aucune autre réponse que le cri d’un loup sans nom qu’il ne comprend pas, et le silence pesant de Catelyn.
    Je souhaite noter au passage le jeu de mots sur cry (cri) et crying (pleurs) : dans cette phrase, Catelyn est déjà une Lady Coeurdepierre, qui ne crie ni ne pleure.
    Ca a déjà été soulevé par d’autres, mais Jon est littérairement le premier personnage à avoir affaire avec Lady Coeurdepierre. Je ne reviens pas sur ce que d’autres participants ont déjà relevé à propos de la « barralisation » de Catelyn, une analyse que je partage, bien que dans ce chapitre, le lien soit plus discret que pour Lady Coeurdepierre.
     En plus de la différence sonore, la séparation géographique – les escaliers à monter puis à redescendre – place cette scène hors du monde des vivants. A ce propos, on peut déjà relever que GRRM utilise à de nombreuses reprises les escaliers comme un moyen de marquer symboliquement le passage d’un monde à un autre, et partant de là à marquer la transformation d’un personnage (quelques exemples non exhaustifs : les cryptes de Winterfell, les escaliers dans le Donjon rouge avec notamment Arya, les escaliers de la falaise à Port Real que vont emprunter LF, Eddard, Dontos et Sansa; les escaliers qui mènent aux Eyrie, les pyramides des ghiscaris, etc…).
    Jon monte lentement les escaliers, comme s’il allait sur l’échafaud; lorsqu’il redescend, après avoir effectivement entendu prononcer une sentence de mort à son encontre par lady Stark (« cela aurait dû être toi »), la formulation change subtilement (« it was a long walk down to the yard ») : il ne semble pas commander ses propres pas mais les subir.
    Le passage dans le monde des morts qu’est devenu la chambre de Bran me semble alors faire de ce lieu un marqueur symbolique pour les personnages, qui en ressortent en ayant subi une transformation plus ou moins spectaculaire : pour Catelyn et Bran, le changement sera énorme et mis en scène dans des chapitres marquant. Pour Jon, c’est plus subtil, mais je considère que le mensonge qu’il sert à Robb à propos de lady Stark est déjà le signe qu’il se place hors de la famille Stark, hors du monde « vivant » de Westeros. Il a déjà un pied dans la tombe le Mur et la rupture du cordon est bien brutale et cruelle. Petite parenthèse : je pense pouvoir parier sans trop m’égarer que tous les personnages qu’on voit/verra passer dans cette chambre de Bran sont voués à la mort, à terme.
    Et puisque je suis en train d’épiloguer sur le « monde des morts », je rajouterai une dernière remarque, qui concerne mes hypothèses sur le passé lointain (et originel) des Stark de Winterfell : il me semble qu’avec Catelyn à demie folle et qui semble par moment dépossédée d’elle-même, on a une figure de reine ancienne qui défend sa progéniture chérie contre un bâtard royal qui constitue une menace. Une reine qui aurait acheté une mort contre une vie, mais la vie qui aurait été demandée en paiement n’aurait pas été celle souhaitée.
    #130918
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4256

    Je suis très en retard sur la relecture !

    Quand Jon entre dans la chambre de Bran, et que Catelyn lui demande de partir :

    Part of him wanted only to flee, but he knew that if he did he might never see Bran again.

    Toute une partie de son être n’aspirait qu’à fuir, mais il savait qu’alors peut-être ne reverrait-il jamais Bran.

    Evidemment, le sens littéral est que c’est peut-être son ultime occasion de voir Bran. Mais on peut aussi imaginer (en mode crackpot) que s’il dit au-revoir à Bran à ce moment-là, il aura une chance de le revoir Bran plus tard (même si c’est une hypothèse très très mince).

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