AGOT 17 – Eddard III

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Au fil des pages AGOT 17 – Eddard III

  • Ce sujet contient 35 réponses, 17 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par PierreKirool, le il y a 3 années et 9 mois.
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    darkdoudou
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    AGOT 17 – Eddard III
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 16, Sansa I AGOT 18, Bran III

    Résumé (Eridan ©, merci!)

    Après avoir esquinté sournoisement l’héritier du Trône, la vilaine petite Arya ralentit tout le cortège royal en disparaissant dans la forêt pendant quatre jours. Heureusement, elle est rattrapée et menée devant le roi et la reine. Maman Lannister n’est pas contente, elle réclame la tête des loups. Papa Baratheon, en bon roi juste, décide qu’il faut trucider la bestiole qui n’a rien fait de toute l’histoire. Ca, c’est de la vraie bonne justice !
    Pendant ce temps, un garçon boucher court toujours … mais pas assez vite.

    Confinement chez les Darry
    A l’intersection entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, nous sommes dans le Conflans chez les Darry, féaux des Tully mais qui ont combattu au Trident avec les Targaryen. Les Darry sont des personnages secondaires récurrents, évoqués ou présents dans 8 chapitres différents du début à la fin de AGOT. Je profite de ce chapitre pendant lequel ils hébergent la chevauchée royale – de mauvais gré et pour la seconde fois – pour m’appesantir sur cette maison dont les hommes sont au moins aussi loyaux que les Stark, et dont le destin sera encore plus funeste.

    Dès le premier chapitre de Daenerys, celle-ci et Viserys parlent des Darry comme des partisans Targaryen , Ser Willem Darry est celui qui a accompagné dans leur fuite les deux enfants et qui les a logés dans la fameuse maison à la porte rouge.

    Raymun Darry est lui aussi connu pour son attachement Targaryen ; lors de la rébellion précédente au lieu de suivre son suzerain (Tully), il a suivi son monarque. Il a perdu la moitié de son fief suite à son mauvais choix, et l’accueil de la chevauchée royale donne lieu à un huis-clos qui va se prolonger pendant 4 jours, sous le signe de la glace et du feu :

    L’accueil fut des plus froid. Ser Raymun avait beau jouir de la paix du roi, sa famille se trouvait à la bataille du Trident sous les bannières au dragon de Rhaegar, et trois de ses aînés y avaient péri. Un fait que ni lui ni son visiteur n’oubliaient. Et l’entassement des gens du roi, des gens des Darry, des gens des Lannister et des gens des Stark dans une enceinte beaucoup trop étroite pour les contenir contribuait à tendre l’atmosphère déjà surchauffée.

    Nous retrouverons Ser Raymun plus tard dans l’histoire, ainsi que son fils pas plus grand que Bran, pris dans la guerre entre Stark et Lannister et victimes de celle-ci, mais je m’arrête pour faire place à la justice du roi.

    Régner : Justice et Vérité
    Maintenant que le décor est posé, je vous propose une lecture de ce chapitre au travers de la tirade du Roi Robert à son ami et futur Main dans Eddard I.

    Assis sur ce maudit siège de fer, il me faut écouter geindre jusqu’à en avoir la cervelle gourde et le cul à vif. Et tous demandent quelque chose, argent, terre, justice. Des menteurs fieffés… Et les gentes dames, les nobles sires de ma cour ne valent pas mieux. Je suis entouré d’imbéciles et de flagorneurs. De quoi devenir fou, Ned. La moitié d’entre eux n’osent pas me dire la vérité, les autres sont incapables de la trouver. Il m’arrive, certaines nuits, de déplorer notre victoire du Trident.

    Et tous demandent quelque chose, argent, terre, justice. Des menteurs fieffés…
    Cersei est la première dans la catégorie des quémandeuses, je reviendrai sur elle plus bas :

    « cette petite est aussi sauvage que son immonde bête, proféra la reine. Je veux qu’elle soit châtiée, Robert.»[…]
    « Et le loup-garou, rien ? Il a tout de même estropié ton fils… »

    Joffrey vient en second parmi les menteurs et demandeurs. Nous savons qu’il ment car nous connaissons la vraie version de l’histoire, Ned en fait aussi le constat, il y a probablement d’autres personnes dans l’assemblée qui se rendent compte du mensonge.

    mais il portait cette accusation, remarqua Ned, sans regarder sa fille en face. «Menteur! explosa-t-elle. – Ta gueule! rétorqua-t-il.

    Jory Cassel ment aussi car il prétend qu’il n’a trouvé aucune trace de Nymeria, alors qu’il a favorisé sa fuite

    Et les gentes dames, les nobles sires de ma cour ne valent pas mieux. Je suis entouré d’imbéciles et de flagorneurs.

    Renly Baratheon contint si peu son hilarité que le roi intervint, rageur.

    Renly joue bien son rôle d’imbécile dans cette scène. Son attitude désinvolte ne fait que jeter de l’huile sur le feu, augmente l’humiliation du prince héritier et la colère du Roi.

    La moitié d’entre eux n’osent pas me dire la vérité, les autres sont incapables de la trouver.
    Ser Barristan Selmy est quasiment inutile dans cette scène, il ne dit rien pendant le jugement, ne donne pas son avis et ne propose aucune solution. Il a certainement observé des choses qui ne lui ont pas plu car c’est à contrecoeur qu’il indique où est Lady, mais il garde ses réflexions pour lui. C’est l’attitude qu’on attend d’un garde, mais en tant que Lord Commandant il aurait pu dire quelque chose.

    Arya aussi n’a pas dit toute la vérité : quand Jory Cassel a affirmé que Nymeria s’est enfuie, elle s’est tue et ne l’a pas contredit.

    Sansa est prise dans un conflit de loyauté, entre sa soeur et son prince bien-aimé. Elle choisit de se taire et de ne favoriser aucun des deux:

    « je ne sais pas, larmoya-t-elle d’un air traqué. Je ne me souviens pas. Tout s’est passé si vite, je n’ai pas vu…

    Eddard Stark ne dit pas toute la vérité à son roi, dans ce chapitre comme à de nombreuses autres reprises dans AGOT. Il connaît la vérité de la bouche de Sansa, et il choisit de se taire devant la fausse amnésie de Sansa. Il ne veut pas désavouer sa fille à ce moment, et il est pris complètement au dépourvu par ce pseudo-tribunal improvisé, il a dormi une heure seulement depuis quatre jours pendant lesquels il s’est concentré sur les recherches autour de sa fille.

    De quoi devenir fou, Ned.
    Robert a bien de quoi devenir fou. Entouré par Cersei dont il se plaint énormément mais à qui il cède régulièrement, par son ami Ned qu’il apprécie mais à qui il impose sa volonté, toutes les citations montrent qu’il voudrait être ailleurs.

    Vautré dans le grand fauteuil de Darry, à l’autre bout de la salle, le roi affichait un visage morne et fermé.

    Il a rappelé avant l’interrogatoire l’importance de dire la vérité, toute la vérité au Roi.

    « tu vas me dire ce qui s’est passé. Tout me dire, toute la vérité. Il est criminel de mentir à un roi.»

    Mais quasiment tout le monde dans cette scène ment, sciemment, inconsciemment ou par omission.

    le roi se releva pesamment, de l’air d’un homme qui préférerait se trouver n’importe où, pourvu que ce fût ailleurs. « Les sept enfers m’engloutissent si je sais comment nous tirer de là ! Il dit une chose, elle en dit une autre…»

    Une première fois il essaie de partir de la scène, mais il est vite rappelé à l’ordre par Cersei :

    Robert s’apprêtait à se retirer quand, ne se tenant pas pour battue, la reine le rappela : « Et le loup-garou, rien ? Il a tout de même estropié ton fils… »
    Il s’immobilisa, se retourna, les sourcils froncés. « Maudit animal, j’avais oublié.

    Le Roi Robert est habitué aux demandes et aux piques de Cersei qui sait comment le faire réagir et lui faire prendre des décisions

    « Ta pingrerie m’étonne un peu. Le roi que j’ai cru épouser se serait fait un devoir de déposer avant le crépuscule une peau de loup sur mon lit. »

    A la fin de la scène il ne comprend pas du tout l’attitude de Ned et la prière de Ned qui n’arrive pas à s’opposer aux manigances Lannister, et tout ce qu’il arrive à trouver c’est rappeler au Roi les liens qui les unissent tous les trois (avec Lyanna)

    Ned s’en remit du regard à Robert, son vieil ami, son plus que frère. « Je t’en prie, Robert, au nom de l’affection que tu me portes. Au nom de l’amour que tu éprouvais pour ma sœur. Je t’en prie. »

    Je mets aussi le texte en anglais car il est plus fort que sa traduction, il parle d’amour entre Robert et Ned, pas d’affection.

    « Please, Robert. For the love you bear me. For the love you bore my sister. Please. »

    Confronté avec son meilleur ami à deux triangles amoureux, l’un imaginaire avec sa femme de rêve, et le triangle réel avec sa « vraie » femme, il donne raison à sa femme, mais en tançant publiquement celle-ci!

    Le roi les considéra longuement puis, se tournant vers sa femme : « Le diable t’emporte, Cersei ! » dit-il avec dégoût

    Ned revient encore à la charge avec une demande que Robert trouve complètement incongrue, sa réaction montre que son âme l’a déjà quitté et le corps prend la suite

    « Alors, fais-le de tes propres mains, Robert, articula-t-il d’une voix froide et tranchante comme l’acier. Aie au moins le courage de le faire de tes propres mains. »Robert le regarda d’un regard vide et mort puis, sans un mot, quitta la salle à pas de plomb.

    Qui est mort?
    la fin du chapitre, comme le début, est consacrée à l’angoisse de Ned. Au début l’inquiétude était suscitée par la recherche d’Arya, maintenant c’est les « pleurs et gémissements » de Sansa. Dans la défaite contre Cersei autour de la mort de Lady, Eddard maintient un semblant de dignité, regarde Lady dans les yeux et lui donne une fin digne, il envoie ses os pour être enterrés dans le Nord, avec une garde d’honneur. L’honneur! justement, il est sauf : « La Lannister n’aura jamais cette peau » (l’emphase sur cette est présente dans la VO et la VF).

    Et juste à ce moment, un coup du sort semble frapper de nouveau avec Sandor Clegane qui ramène un cadavre sur son cheval.

    « Pas trace de votre fille, Main, lui grinça le Limier, mais nous n’avons pas tout à fait perdu la journée. Nous avons eu son petit animal favori. » Il empoigna la chose, derrière lui, et, d’une poussée, l’envoya tomber devant Ned avec un bruit mou.

    Avec Ned, le lecteur se penche vers la forme allongée, écarte le tissu en craignant de trouver Nymeria, la gorge serrée à l’idée des mots qu’il lui faudrait trouver pour annoncer la nouvelle à Arya.
    Ouf, nous respirons tous, Nymeria est encore en vie! Cours, Nymeria, cours, nous avons gagné! c’était juste le fils du boucher, merci GRRM!

    Justice du Roi, la relecture
    Juste le fils du boucher. Hein? Et c’est là que je me rends compte que j’ai été manipulé. J’ai mis la vie d’un animal au dessus de celle d’un humain. Et j’ai trouvé normal que Lady soit entourée d’une garde d’honneur, enterrée à Winterfell, alors que pour Mycah, le seul hommage rendu est celui du Limier il courait, mais pas très vite.

    Alors certes depuis le chapitre Catelyn III, le lecteur a constaté la grande importance, le lien fort d’attachement qui unit les Stark et les loups garous. Ces loups garous identifient et tuent les méchants, ils protègent les gentils Stark.
    Une fois que j’ai compris ce que cette empathie pour les Stark est un biais de lecture, je me mets à la place de Robert, et je me rends compte qu’il a pris une bonne décision :
    – il renvoie les deux enfants dos-à-dos, c’est une manière de ne faire perdre la face à personne, et même s’il s’est lui aussi rendu compte que son fils ment, il ne peut pas désavouer l’héritier de la couronne, surtout après le témoignage public de Sansa;
    – il dit à son fils que les marques de morsure lui donneront une leçon, et il demande à Ned de discipliner Arya (il a raison objectivement) alors que lui va en faire de même pour son fils (qui en a bien besoin aussi);
    – et concernant le loup-garou à abattre, objectivement Robert doit reconnaître que c’est un animal sauvage, dangereux, qui n’a pas sa place à Port-Réal. Robert n’a pas les informations que le lecteur a, et ce qu’il dit est vraisemblable de son point de vue.

    «Suffit, Ned, pas un mot de plus. Les loups-garous sont des bêtes fauves. Tôt ou tard, celui-ci s’en prendrait à ta fille comme l’autre a fait à mon fils. Offre-lui un chien, elle en sera beaucoup plus heureuse.»

    J’écris cette conclusion en me rendant compte que ce n’est pas celle à laquelle je m’attendais en choisissant ce chapitre. Vive le Roi, vive Westeros! Et hop un petit coup à boire.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années par R.Graymarch. Raison: Targaeryen
    #130661
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Eddard III ou La victoire de Cersei

    Franchement, j’ai du mal à imaginer qu’on puisse sortir autrement que dégoûté-e de ce chapitre. Chapitre très court et placé juste après celui de Sansa. On est dans la continuité (même si c’est quatre jours plus tard) et ça renforce notre immersion. L’auteur change de PoV mais sait aussi rester au même endroit quand c’est nécessaire pour l’intrigue (on le verra aussi juste avant les Noces pourpres dans l’engrenage implacable des chapitres Catelyn – Arya). Je regrette énormément de ne pas avoir en plus le même chapitre mais du point de vue d’Arya (ou Sansa mais elle arrive plus tard). Voire Cersei.

    GRRM nous met face à un cas de conscience qui illustre magnifiquement la difficulté de gouverner. Il n’y a aucune solution parfaite. C’est encore plus vrai quand on est faible/manipulé ou qu’on veut préserver son apparence ou ses intérêts. Il s’ensuit un compromis mi chèvre mi chou et c’est une direwolf innocente qui paye pour les autres (de direwolf à bouc-émissaire, quel destin). Cersei n’attendait que ça et elle fait tout pour que cela arrive, refusant tout compromis pour pousser sa victoire jusqu’à l’humiliation. On avait déjà une mauvaise image d’elle, mais là, elle devient clairement la mastermind maléfique. Les autres adultes sont plutôt vains, lâches, veules. Le seul qui a un sursaut de dignité, c’est Ned qui décide de tuer lui-même la louve (à noter que pour les âmes sensibles, l’exécution est une ellipse. « When it was over », on peut difficilement éluder plus) et de rapporter ses os à Winterfell (ce voyage…). Malgré sa déception et son amertume, Ned reste fidèle à son ancien ami. A posteriori, on se dit qu’il aurait pu le planter là, certes pour un motif « futile » (plus ou moins car on parle quand même d’avoir blessé le prince) car Robert ne sert à rien sur le trône et ne peut plus être aidé. Barristan est transparent, Renly balance une saloperie et se barre (sans dec…), aucun adulte n’assure vraiment pour trouver une solution apaisée satisfaisante. Ned est soulagé que Jaime et Sandor soient partis à la recherche de sa fille (qu’en plus, ils n’ont pas trouvée puisqu’elle est là)

    Du côté des enfants, si on met ce morveux de Joffrey à part, forcément rien ne va. Sansa est prise dans des sentiments contradictoires entre sa soeur, son fiancé, son père, le roi, la reine. C’est bien gentil de vouloir son témoignage car « elle était sur place » mais devant tant de pression, quand on a 11 ans, c’est à prendre avec des pincettes. Pour ne mécontenter personne, elle répond vaguement, échappatoire logique mais qui ne change pas la situation. Arya, elle n’est que douleur (et fatigue), redoublée quand sa soeur ne la soutient pas. Il reste quelqu’un qui était sur place au fait ? Ah oui, Mycah. Sandor s’est bien assuré de lui faire payer et surtout qu’il ne puisse pas témoigner (pour ce que ça aurait changé..). Vu la blessure, il n’a pas vraiment retenu ses coups

    He had been cut almost in half from shoulder to waist by some terrible blow struck from above. / Un coup formidable l’avait quasiment partagé en deux depuis l’épaule jusqu’à la ceinture.

    En plus, Sandor en rigole. Fin d’un chapitre (court) qui met un coup au moral. Rien ne peut être sauvé, il y a quelque chose de pourri à la cour de Westeros. Fin de la partie commencée au chapitre précédent, écrite de manière magistrale. Cersei avait raison, aucun direwolf n’arrivera à Port-Réal. Il faut dire qu’elle a tout fait pour ça.

    Notes de relecture

    • “And what business is that?” Ned put ice in his voice. Bientôt, il mettra Ice dans sa main…
    • Faut vraiment être un primolecteur attentif pour remarquer en effet que ce n’est pas la première fois qu’on parle des Darry

     

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #130663
    Sans-Visage
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    Merci beaucoup, Darkdoudou pour cet argumentaire.

    Même si les Lannister ont été présentés dès le début comme des antagonistes par rapport aux « gentils » Stark, c’est vraiment dans ce chapitre que je me suis mise à ressentir de la haine pour eux. Enfin je veux dire pour Cersei surtout. La condamnation de Lady me rend malade. Je sais que je réagis avec mes sentiments de lectrice qui sait ce qui s’est passé entre les enfants, mais je n’y peux rien. C’est horrible à dire, mais je suis plus affectée par la mort de Lady que par celle de Mycah… Alors qu’il s’agit de deux êtres également innocents et sacrifiés. En tout cas, à partir de ce chapitre, Cersei est devenue pour moi la personne à abattre… ainsi que son rejeton.

    Je blâme aussi Sansa de ne pas avoir osé dire la vérité (mais le pouvait-elle ?), cependant elle est bien punie. Trop.

    Jory Cassel a favorisé la fuite de Nymeria ? Brave Jory ! Mais j’avoue que ce détail m’a échappé à la relecture, je n’ai pas été assez attentive. Bon faut dire que celle-ci date un peu, oups.

    Désolée d’être dans l’émotion plutôt que dans l’analyse, mais ce chapitre m’a remué les tripes. Indignation, rage, impuissance, tristesse…

    Reposez en paix, Lady et Mycah.

    #130667
    darkdoudou
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    Jory Cassel a favorisé la fuite de Nymeria ? Brave Jory ! Mais j’avoue que ce détail m’a échappé à la relecture, je n’ai pas été assez attentive. Bon faut dire que celle-ci date un peu, oups.

    c’est dans le chapitre suivant d’Arya que nous apprendrons ce détail, c’est Eddard qui interrogera Arya et lui fait avouer, mais lui s’en est déjà rendu compte dans ce chapitre, c’est pourquoi j’ai classé Jory parmi les menteurs. Son mensonge arrange bien Arya, mais aussi Robert sur le moment qui n’est pas mécontent / not unhappy d’apprendre que Nymeria a disparu.

    Franchement, j’ai du mal à imaginer qu’on puisse sortir autrement que dégoûté-e de ce chapitre.

    je comprends complètement ta réaction, ce chapitre ça fait plus d’un mois que je le lis et relis, j’ai pris de la distance avec ma première réaction d’écoeurement, et j’ai essayé de me mettre à la place (inconfortable) du Roi Robert pour proposer cette relecture

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par darkdoudou. Raison: réaction à la remarque de R.Graymarch
    #130669
    Samyriana
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    Merci pour ce résumé @darkdoudou! Un chapitre très intéressant.

    Renly Baratheon contint si peu son hilarité que le roi intervint, rageur.

    Renly joue bien son rôle d’imbécile dans cette scène. Son attitude désinvolte ne fait que jeter de l’huile sur le feu, augmente l’humiliation du prince héritier et la colère du Roi.

     Sansa est prise dans un conflit de loyauté, entre sa soeur et son prince bien-aimé. Elle choisit de se taire et de ne favoriser aucun des deux:

    « je ne sais pas, larmoya-t-elle d’un air traqué. Je ne me souviens pas. Tout s’est passé si vite, je n’ai pas vu…

    Pour Renly, je trouve que son intervention fait de lui plus qu’un imbécile. C’est un autre oncle de Joffrey, et, comme Tyrion, il méprise Joffrey et semble connaître sa vraie nature. J’ai trouvé sa réaction savoureuse, il souligne cruellement les failles de Joffrey, son caractère emporté, sa vantardise, sa faiblesse, bref, il l’humilie complètement.

    « He bowed to Joffrey. “Perchance later you’ll tell me how a nine-year-old girl the size of a wet rat managed to disarm you with a broom handle and throw your sword in the river.” As the door swung shut behind him, Ned heard him say, “Lion’s Tooth,” and guffaw once more. » / « Il adressa une révérence à Joffrey. «Tu m’expliqueras ensuite, j’espère, par quel prodige une enfant de neuf ans, pas plus épaisse qu’un rat mouillé, s’est débrouillée pour te désarmer avec un manche à balai et pour flanquer ton épée dans l’eau. » Sur ce, il partit en claquant la porte, mais Ned l’entendit encore grommeler: « Dent-de-Lion » puis s’esclaffer de nouveau sans ménagement ».

    Et Sansa… sa réaction est en effet compréhensible. Elle est en plein conflit intérieur, et son éducation de jeune fille modèle ne lui a pas appris comment se tirer d’une telle situation. C’est une enfant naïve et douce, qui n’a pas encore compris que tout le monde ne réagit pas comme elle. C’était déjà visible au chapitre précédent, lorsqu’elle tente de consoler Joffrey sans voir que le fait qu’elle assiste à son humiliation est terrible pour lui. Elle tente de s’en tirer par une parade, et va être cruellement punie: perte de sa louve, début du cauchemar avec Joffrey. Je me demande si ce n’est pas cet évènement qui va initier le sadisme de Joffrey à l’égard de Sansa par la suite. Aurait-il été différent si elle n’avait pas assisté à sa pathétique tentative de jouer l’homme fait?

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #130671
    Aurore
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    Je me souviens que ce qui m’avait frappée à ma première lecture, c’était la façon dont Robert se débrouillait mal dans l’exercice de la justice. La justice doit certes être rendue publiquement, mais pour savoir la vérité, je me disais qu’il aurait mieux valu interroger les protagonistes séparément. Forcément, quand vous essayez de débrouiller une querelle d’enfants, ils se crient les uns sur les autres.

    Quant à l’attitude de Cersei, elle apparait évidemment encore une  fois comme la méchante, et on a tous pensé avec Robert « Mais ferme donc ta gu…. ». Mais si on se met à la place des protagonistes, qui n’ont pas les mêmes informations que nous les PoV, que reste-t-il ? Une Cersei qui a déjà vu la taille des loups-garous, qui connait leur réputation de monstres (et encore, elle n’a pas vu, comme Catelyn, un loup-garou tuer un homme), et qui a vu son enfant être blessé. Même si l’enfant en question est une saleté comme Joffrey, Cersei refuse encore de le voir tel qu’il est. Pas étonnant qu’elle demande la mort des bêtes, et peu importe laquelle : elle peut très bien considérer que la future femme de son fils ne peut être accompagnée d’un animal féroce (Lady est douce, mais ça reste un animal terrifiant) susceptible de s’attaquer à un de ses enfants.

    #130681
    Liloo75
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    Tu n’es pas la seule à réagir avec tes tripes @Sans-Visage. Moi aussi je suis souvent dans le sentiment.

    Il paraît que lorsque tu trembles pour un personnage c’est que le film ou le livre est réussi !

    Je ne supporte pas le mal qui est fait aux loups. C’est gratuit, injuste. Même à la relecture des noces pourpres lorsque l’on entend hurler vent gris, je me suis dit : « Non pas le loup ! Pourquoi le loup ? il ne vous a rien fait ». Exactement la même réaction que j’avais eu lors de la première lecture.

    Comme toi, j’en veux à Sansa de n’avoir pas dit la vérité. Elle condamne ainsi sa sœur, et elle-même par ricochet,  puisque faute d’avoir retrouvé Nymeria c’est Lady qui va payer. J’oublie souvent qu’elle n’a que 11 ans. Elle fait tellement « dame » que je l’imagine plus âgée.

    Joffrey je l’ai dans le collimateur depuis le début. Ce roitelet tête à claque. Cette fois-ci c’est Renly qui lui donne une leçon (comment a-t-il pu se faire désarmer par une gamine de 9 ans ?) Certes la remarque n’est pas très mature pour un homme de sa qualité (frère du Roi), mais Joffrey l’a bien cherché.

    J’ai noté que Renly se moque du nom que Joffrey a donné à son épée : dent de lion. Est-ce parce que c’est présomptueux ou bien parce que cela signifie que Joffrey est un Lannister avant d’être un Baratheon ?

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #130685
    Sans-Visage
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    c’est dans le chapitre suivant d’Arya que nous apprendrons ce détail, c’est Eddard qui interrogera Arya et lui fait avouer, mais lui s’en est déjà rendu compte dans ce chapitre, c’est pourquoi j’ai classé Jory parmi les menteurs. Son mensonge arrange bien Arya, mais aussi Robert sur le moment qui n’est pas mécontent / not unhappy d’apprendre que Nymeria a disparu.

    Merci pour ce rappel, Darkdoudou. Je crois que j’ai pris trop d’avance sur la relecture…

    Il paraît que lorsque tu trembles pour un personnage c’est que le film ou le livre est réussi ! Je ne supporte pas le mal qui est fait aux loups. C’est gratuit, injuste.

    Oui, voilà, exactement, qu’on fasse du mal aux loups et ça me hérisse le poil. Ceci dit, j’ai beau être dégoûtée par ce qui arrive à Lady (et plus tard à Vent Gris), avoir un goût amer dans la bouche, une véritable impression de malaise, je tire mon chapeau à GRRM. Parce que les sentiments, même les plus horribles, qui m’assaillent à la (re)lecture, sont pour moi une preuve de qualité de l’œuvre. Je tremble pour les personnages, oui, mais j’adore ça !

     

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.
    #130687
    R.Graymarch
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    Comme toi, j’en veux à Sansa de n’avoir pas dit la vérité. Elle condamne ainsi sa sœur, et elle-même par ricochet, puisque faute d’avoir retrouvé Nymeria c’est Lady qui va payer. J’oublie souvent qu’elle n’a que 11 ans.

    Sans Cersei, Sansa aurait eu tout juste. En disant qu’elle a oublié, elle ne met en cause ni Joffrey, ni Arya et Robert ne peut pas décider (et en plus il s’en fout). Bref tout le monde (sauf Mycah, « accessoirement ») s’en tirait honorablement.

    “The girl is as wild as that filthy animal of hers,” Cersei Lannister said. “Robert, I want her punished.”

    “Seven hells,” Robert swore. “Cersei, look at her. She’s a child. What would you have me do, whip her through the streets? Damn it, children fight. It’s over. No lasting harm was done.”

    The queen was furious. “Joff will carry those scars for the rest of his life.”

    Robert Baratheon looked at his eldest son. “So he will. Perhaps they will teach him a lesson. Ned, see that your daughter is disciplined. I will do the same with my son.

    “Gladly, Your Grace,” Ned said with vast relief /

    — Cette petite est aussi sauvage que son immonde bête, proféra la reine. Je veux qu’elle soit châtiée, Robert.

    — Par les sept enfers ! jura-t-il, mais regarde-la, Cersei ! Une enfant… Que prétends-tu de moi ? que je la fasse fouetter par les rues ? pour une querelle de gosses ? Affaire classée, sacrebleu ! Aucun dommage irréparable n’a été commis.

    — Sauf que Joff, riposta la reine, hors d’elle, en portera les marques toute sa vie ! »

    Robert Baratheon jeta les yeux sur le prince. « Certes. Peut-être lui serviront-elles de leçon. Quant à toi, Ned, veille à discipliner ta fille. J’en ferai autant pour mon fils.

    — Avec joie, Sire », acquiesça lord Stark, soulagé d’un énorme poids.

    .

    Sauf que Cersei intervient mais Robert l’envoie rapidement paître sur un vice de forme

    Robert started to walk away, but the queen was not done. “And what of the direwolf?” she called after him. “What of the beast that savaged your son?”

    The king stopped, turned back, frowned. “I’d forgotten about the damned wolf.”

    Ned could see Arya tense in Jory’s arms. Jory spoke up quickly. “We found no trace of the direwolf, Your Grace.”

    Robert did not look unhappy. “No? So be it.” /

    Robert s’apprêtait à se retirer quand, ne se tenant pas pour battue, la reine le rappela : « Et le loup-garou, rien ? Il a tout de même estropié ton fils… »

    Il s’immobilisa, se retourna, les sourcils froncés. « Maudit animal, j’avais oublié. »

    Ned vit Arya se raidir dans les bras de Jory. Celui-ci répondit vivement : « Nous n’avons pas retrouvé trace de lui, Sire.

    — Ah bon ? marmonna le roi, sans manifester le moindre déplaisir. Tant pis. »

    Sauf que Cersei n’abandonne pas et Robert jette l’éponge

    “We have a wolf,” Cersei Lannister said. Her voice was very quiet, but her green eyes shone with triumph.

    It took them all a moment to comprehend her words, but when they did, the king shrugged irritably. “As you will. Have Ser Ilyn see to it.” /

    — Nous en avons un », riposta-t-elle d’une voix paisible, mais avec une lueur de triomphe dans ses yeux verts.

    Personne d’abord ne comprit l’insinuation, puis le sens émergea, peu à peu, crûment, et Robert finit par hausser les épaules d’un air agacé : « Comme il te plaira. Donne tes ordres à ser Ilyn.

    Et là, on connait la fin.

    Tout ça pour dire que si tout le monde avait été raisonnable, la position de Sansa était vraiment la meilleure pour un moindre mal. C’est l’acharnement de Cersei à vouloir la peau (^^) d’un direwolf puis Robert qui, de guerre lasse, lâche l’affaire rend la position de Sansa a posteriori mauvaise. Je me rends compte que Sansa n’a pas adopté cette ligne de conduite consciemment en pensant à tout ça, c’était plus instinctif en fonction de son éducation et de l’environnement immédiat. Mais franchement, ça aurait pu marcher.

    Ce qui prouve encore une fois que la vie ou la mort ne tient à rien, et que GRRM écrit super bien

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.

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    #130690
    Eridan
    • Vervoyant
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    Je me rends compte que Sansa n’a pas adopté cette ligne de conduite consciemment en pensant à tout ça, c’était plus instinctif en fonction de son éducation et de l’environnement immédiat. Mais franchement, ça aurait pu marcher.

    Détail amusant qui est appelé à se renouveler : plus tard dans AGOT, Sansa critique le choix de son père d’avoir nommé Beric Dondarrion à la tête de l’expédition qui doit aller exercer la justice du roi contre Gregor Clegane. Elle prétend que son choix aurait dû se porter sur Loras Tyrell, ce qui attire l’attention de Littlefinger. Au final, les raisons qu’elle donne sont décevantes (le preux chevalier contre l’affreux géant) alors que Varys et Littlefinger ont spontanément tiré la même conclusion que Sansa, mais pour des motifs politiques. Toutefois, ça accentue le fait que Sansa a un bon instinct (qu’on la verra développer particulièrement par la suite, où elle parvient à survivre aux monstres qui l’entourent).

    Je ne vais pas revenir sur tout le chapitre, je ne l’ai pas encore relu … sauf sur la décision de Robert. Est-elle compréhensible ? Oui, vu le contexte, les personnages, les interactions, on se rend compte que la confrontation de tous ces personnages en même temps ne pouvait aboutir guère aboutir à autre chose (et même, on peut se dire que certains persos ont eu de la chance de ne pas y laisser plus de plumes). Est-elle juste ? Non, en tout cas, pas pour moi. 😉

    Robert ne cherche pas à rendre la justice (exercice qu’il a avoué ne pas apprécier et qui l’épuise), il cherche à se débarrasser de son devoir qui l’encombre, à concilier tout le monde rapidement et « ne m’en parlez plus, laissez moi jouir de la vie tranquille ! »
    Sa position se comprend et elle a en plus une utilité politique intéressante : en ne donnant raison ni aux uns, ni aux autres, Robert évite de s’aliéner trop profondément l’un ou l’autre des partis, que ce soit Stark ou Lannister, qui lui sont tout aussi indispensable l’un que l’autre. Ce n’est donc pas en soi une mauvaise attitude politique pour un roi. D’autant que, comme dit plus haut, tout le monde ment à Robert pour préserver ses intérêts et sa famille, et lui-même n’a aucun moyen de savoir qui dit la vérité. Donc il renvoie les deux gamins dos à dos sans trancher et voudrait en finir là-dessus. Si ça se limitait à ça, on ne pourrait rien lui reprocher …

    … Sauf que Cersei observe finement qu’il reste un loup et que la justice du roi peut s’exercer contre elle. Et là, ça ne va plus et la décision prise par Robert devient complètement injuste à mes yeux :

    • Parmi les principes qui régisse notre droit moderne, on n’est puni que pour ce qu’on a effectivement fait, par pour ce qu’un autre a commis. Ici, Lady se retrouve à payer de sa vie pour un crime qui n’est pas le sien … Sympa !
    • Ce n’est pas parce que sa nature de loup donne l’impression qu’elle pourrait un jour constituer une menace que la menace est avérée. Est-ce qu’au nom d’un « principe de précaution » on peut punir quelqu’un (homme ou loup) pour un crime qui n’a pas encore été commis ? Visiblement, Robert répond que oui (il décide plus tard de s’en prendre à Daenerys, qui ne lui a jamais rien fait. 😉 ). Personnellement, je pense que non, car céder au principe de précaution permet ensuite de justifier n’importe quelle pratique arbitraire. Je n’appelle pas ça « justice » .
    • La sentence est complètement disproportionnée. Lady est mise à mort, on lui ôte la vie, là … Si vraiment le but était qu’aucun loup-garou n’arrive à Port-Réal, il y avait d’autres décisions à prendre, comme la renvoyer à Winterfell, ou la libérer dans la nature. Seulement, comme c’est « une bête fauve » , on ne peut la laisser en liberté, j’imagine, donc autant la tuer. Belle logique.

    Et quand on regarde le contexte de cette décision, on en revient à ce que dit Graymarch : Robert ne rend pas la justice, il cède à Cersei. Il sait très bien qu’elle va continuer à le tanner, et il veut éviter ça. Il lui concède donc le plus petit sacrifice, le « moindre mal » , celui qui n’entachera pas trop sa relation avec Eddard et qui permettra à Cersei de se rengorger d’avoir remporté une victoire malgré tout … celui qui ne l’empêchera pas de dormir et qui lui permettra d’obtenir la paix.

    Et le pire dans tout ça, c’est qu’avec tous nos biais de lecture, on en viendrait presque à oublier que le plus injuste dans l’histoire, ce n’est pas la mort de Lady, mais celle de Mycah. Lui non-plus n’a rien fait … Et à son sujet, il n’y aura aucune audience, aucun débat, aucune justice royale … Rien qu’un meurtre impuni. Et le pire, c’est qu’on découvrira dans ASOS qu’on ne peut même pas vraiment en vouloir au meurtrier …

    « Cette enfant vient de vous accuser de meurtre. Niez-vous avoir tué ce Mycah, ce garçon boucher ? »
    Le colosse haussa les épaules. « J’étais le bouclier lige de Joffrey. Ce garçon boucher avait agressé un prince du sang. […] Je tenais le fait des lèvres royales. Il n’entrait pas dans mes attributions de contester les dires princiers. »

    A Storm of Swords, Chapitre 35, Arya.

    … Pas faux ! Ca n’excuse pas le mode opératoire (frapper un gamin désarmé qui s’enfuit sans même descendre de son cheval), ça n’excuse pas le cynisme qu’il affiche devant Eddard … mais il avait bien un motif légitime (dans cet univers, s’entend) pour agir.

    Joffrey s’est mal conduit, Arya et Nymeria ont touché à Joffrey, Eddard et Cersei se sont affrontés … mais ce sont Lady et Mycah qui en paient le prix … C’est révélateur de la pire réalité de ce monde : ceux qui paient les querelles des puissants, ce sont les faibles et les innocents.

    En passant, cette scène d’affrontement me fait énormément penser à un passage de Feu et Sang (Martin adorant tisser des liens entre les histoires) : Aemond Targaryen monte Vhagar, mais il est surpris par Joffrey Fort Velaryon, qu’il bouscule au passage avant de s’envoler. Lorsqu’il redescend, les trois frères Forts Velaryon l’attendent et le rossent. Aemond perd un œil dans la bataille. A la suite de quoi, on a deux femmes/mères Alicent et Rhaenyra (qui font par ailleurs beaucoup penser à Cersei chacune dans son registre), qui viennent tanner le roi Viserys Ier pour qu’il rende justice … Et un Viserys faiblard, qui tente une conciliation dans l’espoir vain que ça apaisera tout le monde :

    Par la suite, le roi Viserys tenta de restaurer la paix, exigeant de chacun des garçonnets qu’il présente ses excuses à ses rivaux dans l’autre camp, mais ces gestes de courtoisie n’apaisèrent nullement leurs mères vengeresses. La reine Alicent exigeait qu’on crève un des yeux de Lucerys Velaryon, pour celui qu’il avait coûté à Aemond. La princesse Rhaenyra ne voulait rien entendre, et insistait pour qu’on questionne le prince Aemond « avec énergie », jusqu’à ce qu’il avoue où il avait entendu appeler ses fils « les Fort ». Les nommer de la sorte équivalait à les traiter de bâtards, sans aucuns droits de succession… et à dire qu’elle-même était coupable de haute trahison. Pressé par le roi, le prince Aemond admit que son frère Aegon lui avait raconté que c’étaient des Fort et le prince Aegon se borna à affirmer : « Tout le monde le sait. Il suffit de les regarder. »
    Le roi Viserys finit par mettre un terme à l’interrogatoire, déclarant qu’il ne voulait plus en entendre parler. On ne crèverait l’œil de personne, décréta-t-il… mais si qui que ce soit – « homme, femme ou enfant, noble, homme du peuple ou de sang royal » – se moquait encore de ses petits-fils en les traitant de « Fort », il aurait la langue arrachée par des pinces chauffées au rouge. Sa Grâce ordonna de plus que son épouse et sa fille s’embrassent et échangent des promesses d’amour et d’affection. Mais leurs sourires faux et leurs paroles creuses ne trompèrent que le souverain.

    Feu et Sang, Les héritiers du Dragon – Une affaire de succession.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Lapin rouge. Raison: "affronter", pas "confronter"
    #130699
    Mélusine
    • Pas Trouillard
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    Et là , c’est le drame!

    Robert est un mauvais roi on le sait, mais là il est très embêté, toucher au prince c’est un crime de lèse majesté. Non Arya, on ne frappe pas un prince, même si c’est Joffrey. C’est bien pour cela que Eddard est ravi que Jaime et Sandor ne soient pas là. Ils auraient pu exécuter Arya sans aucun tribunal.

    Nous avons donc deux enfants, dont les pères ne se sont pas engagés dans leur éducation. Et Sansa, la jolie « lady », qui est prise en étau. J’avoue que lors de ma première lecture je lui en voulais de ne pas avoir dit la vérité, mais elle ne le pouvait pas. Et ça aurait donné de tout façon raison à Cersei comme quoi les loups garous sont potentiellement dangereux.

    Renly, qui jette de l’huile sur le feu en humiliant publiquement son neveu. J’ai trouvé sa conduite désinvolte et inappropriée au vu des circonstances.

    Pauvre Mycah, dont tout le monde se fout. D’ailleurs personne n’en parle lors du pseudo tribunal. Il n’est pas jugé coupable et pourtant comme Lady, il est tué.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.
    #130704
    Aurore
    • Fléau des Autres
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    Pauvre Mycah, dont tout le monde se fout. D’ailleurs personne n’en parle lors du pseudo tribunal. Il n’est pas jugé coupable et pourtant comme Lady, il est tué.

    Ce qui illustre une vérité de cet univers que la suite des événements confirmera, je crois que c’est d’ailleurs la première occurrence à ce sujet : la vie du petit peuple, dans le jeu des trônes, n’a aucune importance, et tout le monde s’en fout. Jorah le confirmera plus tard à Daenerys, et beaucoup plus tard on le comprendra à travers le récit de septon Meribald.

    Ce qui me rend encore plus curieuse d’en apprendre davantage sur le règne et les réformes d’Aegon V.

    #130705
    Fayrence
    • Frère Juré
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    La première fois que j’avais lu ce chapitre, ma haine envers Cersei et Joffrey s’est décuplé plus que jamais, mais également celle que je ressentais envers Sansa que je trouvais désespérement niaise. Mais avec du recul, la posture choisie par Sansa a sauvé la vie de sa petite soeur en réalité. Si elle avait dit la vérité, Arya aurait été exécutée sur le champ vu que toucher un prince est puni de mort, et même en cas de duel judiciaire pour la sauver ben Ned n’aurait pas pu opposer de guerrier convainquant à Jaime ou Barristan.

    En contrepartie Lady et Mycah sont passés sous le fil de l’épée, mais au moins aucune tête Stark n’est tombé pour le moment, ils ne s’en sortent pas trop mal. D’ailleurs Cersei n’a malheureusement pas tort en parlant de la dangerosité des loups, Joffrey étant ce qu’il est, il aurait fatalement menacé l’une des soeurs Stark un jour ou l’autre et Lady l’aurait attaqué pour protéger sa maîtresse. Mais Robert aurait du simplement la renvoyer à Winterfell, son exécution était injuste même avec les informations dont il disposait.

    #130706
    Eridan
    • Vervoyant
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    Arya aurait été exécutée sur le champ vu que toucher un prince est puni de mort

    Je n’ai pas souvenir d’un cas où « toucher un prince » conduit à la mort. Frapper un prince est effectivement un crime, mais a priori, la peine traditionnelle encourue est plutôt l’amputation du membre fautif, comme le révèle Baelor Targaryen dans la première nouvelle de Dunk et l’Œuf : « La dernière fois qu’un homme a été jugé coupable d’avoir porté la main sur un membre de la maison royale, il a été décrété que la main offensante devait être coupée. » (Les tournois ne comptent pas, bien sûr.) Dans le cas que j’ai cité plus haut, Alicent recommande un « œil pour œil » littéral, mais on voit mal Robert suivre cette idée et dire à Joffrey de rosser et mordre Arya.

    Et dans tous les cas, je pense qu’une fois devant Robert (et malgré l’ambiance anxiogène), Arya ne risquait plus grand chose : elle est une Stark de Winterfell, et Robert sait à quel point Ned aime ses enfants (au point de ne pas lui suggérer de tuer Bran, par exemple), et Robert aime et a besoin de Ned : il ne va pas se l’aliéner, en prononçant une sentence trop douloureuse contre ses enfants. De la même manière, Viserys éludait de punir quiconque dans la perte de l’œil d’Aemond, en se contentant de menaces et d’un statut quo, qui devait permettre de concilier tout le monde.
    Une autre citation de Baelor Briselance vient renforcer ma conviction qu’Arya ne craignait pas grand chose dans le fond : « Quant à vous, messer, ce que vous avez fait… Eh bien, je crois que j’aurais agi exactement pareil, mais je suis un prince du royaume, pas un chevalier errant. Il n’est jamais sage de frapper le petit-fils d’un roi, quelle qu’en soit la raison. »
    On en revient à ce qu’on avait déjà constater dans les chapitres précédents : les nobles, les princes et leurs proches (toutes personnes influentes politiquement) ont des passe-droits et ne seront généralement pas jugé aussi sévèrement que le peuple ou ceux qui ont des liens moins proches avec le pouvoir : les cinq silencieux, les garçons boucher, les loups-garous ou les chevaliers errants.

    Après, c’est vrai qu’un Jaime ou un Sandor Clegane qui attrape Arya auraient pu perdre leur sang froid et ne pas attendre la justice de Robert pour rendre justice par eux-mêmes (Jaime ne se prive pas d’agresser la Main et ses gardes sur un coup de sang) … Mais même dans ce cas de figure-là, le « crime » commis contre Joffrey n’est pas si terrible, et autant, on peut trucider un garçon de boucher sans réfléchir et sans descendre de cheval, autant s’en prendre à la fille de la Main quand on ne sait pas de quel côté penchera le roi au final peut-être dangereux.

    edit : en passant

    Quant à toi, Ned, veille à discipliner ta fille. J’en ferai autant pour mon fils.

    Et l’autre d’opiner sur cette bonne résolution … A la suite de quoi, Eddard engage un « maître à danser » pour apprendre l’escrime braavienne à sa fille et Robert … ne fait rien pour son fils. Paye tes bonnes résolutions en l’air ! (Robert a oublié de préciser à Ned qu’il est lui-même le pire menteur de toute sa cour ^^)

    #130707
    Mélusine
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    Cersei avait demandé à Jaime de s’occuper d’Arya et à l’époque on ne sait pas ce qu’il aurait fait s’il l’avait croisée.

    « je veux ! »Je me suis figuré que c’était de moi qu’elle parlait, mais c’était la petite Stark qu’elle voulait, morte ou mutilée. Ce que me fait faire l’amour, quand même … « C’est uniquement par hasard que les propres gens de Stark ont retrouvé la gosse avant moi. Si j’étais tombé sur elle le premier … »

    Même lui ne le sait pas.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Mélusine.
    #130715
    HanTyumi
    • Éplucheur de Patates
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    J’aimerais avoir votre avis sur Renly que vous êtes plusieurs à critiquer car il empire la situation. C’est une attitude consciente ou pas selon vous ? J’ai tendance à ne pas le voir comme un conspirateur, cette moitié de la cour qui cache la vérité mais bien de l’autre moitié, celle qui est incapable de voir la vérité. Quelqu’un qui s’intéresse peu au jeu des trônes (pour l’instant !) car il n’a rien à y gagner et n’a globalement aucun intérêt pour les questions politiques.

    Comment lui reprocher alors sa désinvolture ? Il a une position extrêmement privilégiée en tant que frère du roi et membre du conseil restreint, il a suffisamment d’esprit pour se faire apprécier de la plupart des gens par ses bons mots… Il n’a qu’à profiter de la vie en gros et c’est même plutôt le reste de la cour qui doit chercher à rentrer dans ses bonnes grâces, plus que lui chercher à étendre son influence.

    Du coup, je ne sais pas si on peut voir la pique contre Joffrey comme une volonté de jeter de l’huile sur le feu ou de critiquer les Lannister mais je le vois bien plus comme son attitude naturelle de personne qui a de l’esprit, qui a une position intouchable et qui a une occasion parfaitement légitime de critiquer son insupportable neveu. Ça empire la situation mais ça a pas dû l’empêcher de dormir.

    #130716
    Eridan
    • Vervoyant
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    Renly adopte une attitude qui ressemble à celle Littlefinger : affable, serviable, sympathique, moqueur à l’occasion mais globalement « inoffensif » en apparence (même si c’est un puissant seigneur) ; mais par ailleurs, il se révèle vite faire partie des intrigants (et pas forcément des subtiles).

    Ned ne savait au juste que penser [de Renly], quelque amical, tout sourires et facile qu’il se montrât. Peu de jours auparavant, celui-ci l’avait pris à part pour lui montrer un ravissant médaillon d’or rose. A l’intérieur, une miniature dont la vivacité trahissait l’école de Myr figurait une adorable jouvencelle aux yeux de biche, à la chevelure d’un brun soyeux. Apparemment, Renly brûlait de l’entendre dire qu’elle lui rappelait quelqu’un, mais Ned le désappointa fort en haussant simplement les épaules. « C’est la soeur de Loras Tyrell, Margaery, insista Renly. Mais d’aucuns prétendent qu’elle ressemble à ta sœur Lyanna.

    A Game of Thrones, Chapitre 28, Eddard.

    [Robert parle] « Tu as vu le fils de Mace Tyrell, celui qu’on appelle le chevalier des Fleurs ? Voilà, pour le coup, un gosse dont on serait fier. Lala, tu aurais vu la mine de Cersei, lors du dernier tournoi, quand il t’a flanqué le Régicide sur son cul doré ! Tordante, j’en avais mal aux côtes. Et Renly dit qu’il a une sœur, quatorze ans, belle comme l’aurore… »

    A Game of Thrones, Chapitre 31, Eddard.

    On découvre grâce à Varys (confirmé ensuite par Pycelle, puis encore par Stannis et Renly lui-même) qu’il espère par ce stratagème faire répudier Cersei et que Robert épousera ensuite Margaery Tyrell, renforçant ainsi la puissance et l’influence de l’alliance Tyrell-Renly à la cour :

    Dans les lettres qu’il adresse à Hautjardin, le chevalier des Fleurs presse instamment Tyrell d’envoyer sa fille à la Cour. A quatorze ans, la donzelle est douce, belle, vierge, traitable, et lord Renly comme ser Loras entendent que Robert la baise, l’épouse et en fasse la nouvelle reine.

    A Game of Thrones, Chapitre 33, Arya.

    Renly tramait d’amener à la Cour la damoiselle de Hautjardin pour qu’elle séduise son frère…

    A Clash of Kings, Chapitre 26, Tyrion.

    – Nous le savons tous deux, tes noces n’étaient qu’une pantalonnade. Voilà un an, tu complotais de faire de cette enfant l’une des catins de Robert.
    – Voilà un an, je complotais d’en faire sa reine,

    A Clash of Kings, Chapitre 32, Catelyn.

    Renly voit bien que l’influence des Lannister à la cour est considérable. Les enfants de Robert sont plus Lannister que Baratheon, ils ne sont entourés presque que de Lannister, portent sur leurs armoiries le blason des Lannister … Et au lieu d’appeler son épée « Andouiller » ou « Bois-de-cerf » , Joffrey lui donne pour nom « Dent-de-Lion »
    Tous ses éléments participent à un malaise général, qu’on retrouve chez les Stark et chez les Baratheon. Après, est-ce que Renly est assez fin pour avoir percé à jour la trahison de Jaime et Cersei et la bâtardise de leurs enfants ? La version officielle tenderait à dire que non. Mais pour le coup, ce n’est pas le sujet de cette discussion. 😉 Je conseille plutôt de se reporter à la conversation concernant Renly.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.
    #130719
    darkdoudou
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    je vois passer par ci par là des remarques sur « Ned -mauvais père, pas présent, pas engagé », qui ont le don de m’agacer, et je compte bien réagir dans le sujet ad hoc, pas ici donc.

    Quant à toi, Ned, veille à discipliner ta fille. J’en ferai autant pour mon fils. Et l’autre d’opiner sur cette bonne résolution … A la suite de quoi, Eddard engage un « maître à danser » pour apprendre l’escrime braavienne à sa fille et Robert … ne fait rien pour son fils. Paye tes bonnes résolutions en l’air ! (Robert a oublié de préciser à Ned qu’il est lui-même le pire menteur de toute sa cour ^^)

    Concernant Robert, qu’est-ce qui te fait dire qu’il est lui-même le pire menteur de la cour? Je ne me rappelle aucun moment où je le vois mentir, il a beaucoup de défauts certes mais il me semble qu’il n’a pas celui-là. Je le trouve en général plutôt sincère, y compris sur lui-même.

    Sur sa promesse de discipliner Joffrey, rien ne nous dit que Robert n’a rien fait dit. Robert est conscient des mauvais penchants de son fils et a tenté de les corriger à sa manière, comme quand le prince héritier a éventré une chatte et a pris une solide correction. Mais Cersei est intervenue et depuis il en est réduit à l’usage des mots.

    [Cersei s’adressant à Tywin dans ASOS] He would have beat him if I’d allowed it. That brute you made me marry once hit the boy so hard he knocked out two of his baby teeth, over some mischief with a cat. I told him I’d kill him in his sleep if he ever did it again, and he never did, but sometimes he would say things . . . traduction perso / Il l’aurait battu si je l’avais laissé faire. Cette brute que tu m’as fait épouser l’a battu une fois tellement durement qu’il lui a cassé deux dents de lait à cause d’un méfait sur un chat. Je lui ai dit que je le tuerais dans son sommeil s’il recommençait, et il ne l’a jamais refait, mais quelquefois il disait des choses…

    au passage, Tywin déplorera très clairement l’éducation qu’a reçue Joffrey, et en mettra le blâme sur Cersei. Dans ce chapitre, ce sera intéressant de voir Tywin et son fils Tyrion se rapprocher (au détriment de Cersei) suite à ce constat

    Et dans tous les cas, je pense qu’une fois devant Robert (et malgré l’ambiance anxiogène), Arya ne risquait plus grand chose

    D’accord avec toi, la sentence encourue est rappelée que je la fasse fouetter par les rues, mais en effet avec Robert aux commandes, le risque est faible. Jaime, on sait qu’il est capable de tout « pour Cersei », donc estropier Arya ou l’estourbir, je crains qu’il ait pu l’accomplir sur le moment.

    J’aimerais avoir votre avis sur Renly que vous êtes plusieurs à critiquer car il empire la situation. C’est une attitude consciente ou pas selon vous ? J’ai tendance à ne pas le voir comme un conspirateur, cette moitié de la cour qui cache la vérité mais bien de l’autre moitié, celle qui est incapable de voir la vérité. Quelqu’un qui s’intéresse peu au jeu des trônes (pour l’instant !) car il n’a rien à y gagner et n’a globalement aucun intérêt pour les questions politiques. Comment lui reprocher alors sa désinvolture ? Il a une position extrêmement privilégiée en tant que frère du roi et membre du conseil restreint, il a suffisamment d’esprit pour se faire apprécier de la plupart des gens par ses bons mots… Il n’a qu’à profiter de la vie en gros et c’est même plutôt le reste de la cour qui doit chercher à rentrer dans ses bonnes grâces, plus que lui chercher à étendre son influence. Du coup, je ne sais pas si on peut voir la pique contre Joffrey comme une volonté de jeter de l’huile sur le feu ou de critiquer les Lannister mais je le vois bien plus comme son attitude naturelle de personne qui a de l’esprit, qui a une position intouchable et qui a une occasion parfaitement légitime de critiquer son insupportable neveu. Ça empire la situation mais ça a pas dû l’empêcher de dormir.

    Pour ma part je ne reproche pas à Renly sa désinvolture, je la constate simplement. Il aurait pu utiliser son esprit, son influence et sa position pour faire évoluer la situation dans le « bon sens ». S’il était resté tranquille il aurait pu par exemple s’opposer à Cersei de manière intelligente et souple, il aurait pu aider son frère Robert. Au lieu de cela il choisit de s’attaquer à Joffrey, c’est facile, ça fait rire le lecteur, mais ça n’aide personne et pas le royaume.

    Renly gardera la même attitude désinvolte quand il s’essaiera à jouer au jeu des trônes, et il en subira les conséquences, GRRM étant souvent partisan de la justice immanente.

    #130720
    Eridan
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    je vois passer par ci par là des remarques sur « Ned -mauvais père, pas présent, pas engagé », qui ont le don de m’agacer, et je compte bien réagir dans le sujet ad hoc, pas ici donc.

    Perso, j’ai jamais dit ça. ^^ Je dis juste que dans ce chapitre, Eddard s’engage à « discipliner » sa fille. Est-ce qu’inscrire un enfant à un cour d’escrime qui la motive et exige rigueur et discipline répond à cet engagement ? Un peu oui, un peu non. ^^ Disons que ce n’est pas vraiment le genre de discipline dont il était question au départ, mais c’est déjà un début … toujours plus que ce que Robert entreprendra avec Joffrey à ma connaissance. 😉

    Concernant Robert, qu’est-ce qui te fait dire qu’il est lui-même le pire menteur de la cour?

    A-t-on jamais vu Robert prendre en main quoi que ce soit qui ne soit pas son plaisir personnel ? La petite (et unique) correction de Joffrey prouve bien qu’il démissionne très vite lorsqu’il s’agit de ses devoirs.
    Robert est fortiche pour promettre … La mise en application est toujours plus compliquée. Dans le chapitre sur le tournoi de la Main, on le voit prendre de nouveaux « engagements » , de nouvelles belles résolutions :

    J’ai eu beau désespérer Jon plus qu’a mon tour, je n’en fais pas moins un bon roi. […] Hé ! meilleur quand même qu’Aerys, et n’en parlons plus. Vous ne sauriez mentir, hein, Ned Stark, fût-ce par amour ou respect ? [ndlr : Euh … lol ?] bon. Je suis encore jeune et, maintenant que je t’ai près de moi, les choses vont changer. Nous ferons de mon règne un règne digne d’être chanté, dussent les sept enfers engloutir tous les Lannister.

    A Game of Thrones, Chapitre 31, Eddard.

    Et qu’entreprend-t-il réellement à l’issu de cette brillante proclamation ? Il met la tête de Daenerys à prix … puis, il abandonne les affaires du royaume pour aller chasser, alors qu’il y a un début de conflit ouvert entre la famille de sa femme et celle de sa Main. (On attend la chanson avec impatience !)
    Autre exemple : depuis combien d’années promet-il vainement à Jalabhar Xho qu’il l’aidera à reconquérir son trône perdu dans les Îles d’Été ? (Le mensonge les arrange sans doute tous les deux, certes, mais il n’empêche, la parole du roi est creuse.)

    En passant dans le même chapitre, on découvre que Robert se doute que Joffrey mentait et il s’excuse pour sa décision et le meurtre de la louve, qu’il sait injuste : « Désolé pour ta fille, Ned. Vraiment. Je veux dire son loup. Mon fils mentait, j’en aurais mis mon âme au feu. »
    Mais encore une fois, Robert ne cherchait pas à rendre la justice … ^^ juste à s’en tirer à bon compte avec une conciliation rapide, ce qui est bien différent. 😉

    #130732
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Merci Eridan pour tes précisions concernant Robert, je comprends mieux ce que tu veux dire, c’est son caractère vélléitaire et procrastinatoire que tu pointes du doigt, qui en effet peut s’assimiler à du mensonge. Dans la relation qu’il a avec Ned, et Jon Arryn avant lui, Robert compte sur eux pour diriger le Royaume à sa place. A cette question qui traverse toute la saga : qu’est ce qu’Etre un bon Roi? Robert répond c’est avoir une bonne Main (Aerys/Tywin). Malheureusement, Ned n’est pas Jon Arryn, il l’a reconnu lui-même, et ses liens d’amitié et son respect l’empêcheront trop souvent de rappeler son ami et son roi à ses devoirs vis-à-vis de son peuple et de ses enfants.

    Bravo d’avoir retrouvé le passage qui montre que Robert avait détecté le mensonge de Joffrey. Ca prouve aussi que le témoignage de Sansa n’est pas déterminant dans le pseudo-jugement rendu. Vu ce que dit Robert, je révise ce que j’écrivais plus haut : ce n’est pas une bonne décision de Robert,  c’est une conciliation politique qui épargne la chèvre, le chou, mais pas le loup.

    Sur la paternité de Ned, ce n’est pas à tes écrits que je pensais, non

    #130760
    Ser Aemon Belaerys
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    Bien joué darkdoudou pour cette analyse du chapitre qui nous donne un peu plus d’analyse sur Robert et ses intentions. J’aurais de prime abord plutôt dit qu’il s’en fiche, ne veut punir aucun enfant, ne veut pas débattre, ni même se prendre la tête pour remettre Cersei et Joffrey à leur place. En fait, il essaye de trouver la solution la plus facile pour que personne ne se sente trop lésé de la situation pour pouvoir retourner à ses habitudes.

    Tout de même je pense qu’il aurait pu taper un bon coup sur la table, rappeler à tout le monde qu’il est le Roi, et faire la leçon à Joffrey sur comment doit se comporter le prince héritier, ça nous aurait fait plaisir, ça aurait pu épargner Mycah et Lady.

    Je pense que la façon dont Sansa amène son témoignage joue quand même dans la balance, car si elle avait admit qu’ils avaient passé la journée à boire et manger avant de venir moquer Arya, ça aurait peut-être pu permettre à Robert d’avoir un motif de réprimander Joffrey publiquement (peut-être cela a été fait en privé), mais comme d’autres l’ont expliqué plus haut avant moi, difficile pour elle de témoigner contre son futur mari, et elle ne pouvait pas penser que Cersei demanderait la peau de sa louve. Ce qui est embêtant c’est qu’elle blâmera plutôt Arya que Cersei pour ça.

    J’aurais aimé savoir à quel point exactement Jory Cassel est complice d’Arya pour sauver Nymeria, si l’idée de revenir sans Nymeria venait de lui ou d’Arya. J’ai toujours aimé Jory lors de mes lectures, mais bon, faut pas s’attacher….

    Au lieu de cela il choisit de s’attaquer à Joffrey, c’est facile, ça fait rire le lecteur, mais ça n’aide personne et pas le royaume.

    Ca n’aidera pas le royaume non plus quand il revendiquera le trône de fer et usurpera Stannis. Je pense que Renly prend le jeu des trônes comme … un jeu, littéralement, et ne prend pas la mesure de son comportement et de ses actions.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #130773
    Aurore
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    Au lieu de cela il choisit de s’attaquer à Joffrey, c’est facile, ça fait rire le lecteur, mais ça n’aide personne et pas le royaume.

    Ca n’aidera pas le royaume non plus quand il revendiquera le trône de fer et usurpera Stannis. Je pense que Renly prend le jeu des trônes comme … un jeu, littéralement, et ne prend pas la mesure de son comportement et de ses actions.

    Ou bien il s’agit de dénigrer, par petites touches, le prince héritier du trône, afin de faire sentir la différence entre lui et le courage militaire de Robert (calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ; ce sera la méthode Littlefinger à Hautjardin) ; bref un tout petit élément entrant dans un plan plus vaste visant à écarter les Lannister mère et enfants au profit des Tyrell, de Margaery et de ses futurs enfants conçus avec Robert. Mais je ne crois pas qu’il y ait d’autres éléments qui permettraient de confirmer cette hypothèse et on peut interpréter l’attitude de Renly comme son habitude de donner l’impression de tout traiter comme une plaisanterie.

    #130775
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Tout de même je pense qu’il aurait pu taper un bon coup sur la table, rappeler à tout le monde qu’il est le Roi, et faire la leçon à Joffrey sur comment doit se comporter le prince héritier, ça nous aurait fait plaisir, ça aurait pu épargner Mycah et Lady.

    Lady peut-être, mais Mycah franchement, j’y crois pas du tout. Tant qu’Arya est dans la nature et que des recherches sont faites à grande échelle (avec l’aide « désintéressée » de Jaime et Sandor), je ne crois pas une seconde à la survie de Mycah si un pro-Lannister le trouve. Même avec des consignes explicites de le laisser en vie. Quitte à le laisser pourrir dans un coin en disant « on l’a pas trouvé »

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #130777
    Mestre Tomassen
    • Frère Juré
    • Posts : 97

    A propos de Mycah, on en a pas parlé des masses non plus. En lisant le post de Graymarch, je me rend compte que Sandor arrive avec le cadavre à la fin du 4e jour de recherches. Donc Mycah s’est enfuit directement (ou presque) après l’agression, et n’avait plus l’intention de revenir. Et ça, c’est un enfant qui sait que lui n’a rien fait. On voit que le petit peuple a bien comprit ce qu’il peut espérer en terme de justice.

     

    #130779
    Aurore
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    A propos de Mycah, on en a pas parlé des masses non plus. En lisant le post de Graymarch, je me rend compte que Sandor arrive avec le cadavre à la fin du 4e jour de recherches. Donc Mycah s’est enfuit directement (ou presque) après l’agression, et n’avait plus l’intention de revenir. Et ça, c’est un enfant qui sait que lui n’a rien fait. On voit que le petit peuple a bien comprit ce qu’il peut espérer en terme de justice.

    Aux yeux d’une justice médiévale (donc justice « de classe »), et aux yeux d’une Cersei qui ne lâche pas le morceau quoi qu’il advienne, Mycah a fait quelque chose de pas acceptable : il a côtoyé une demoiselle noble (Arya), joué avec comme avec une égale, été témoin de l’humiliation du prince. Il n’a donc pas tenu la place que la société lui attribue. Pas de quoi le punir à nos yeux, mais à Westeros, si on veut le punir, on trouvera quelque chose. Mycah pouvait être puni quoi qu’il ait fait : en jouant avec une noble alors qu’il est roturier, et s’il avait refusé, on aurait pu le punir pour désobéissance.

    Société pourrie.

    PS : foreshadowing ou ironie ? Eddard refuse que Ilyn Payne se charge de tuer le loup-garou Lady et l’exécute lui-même. Et pourtant Ilyn Payne se chargera de tuer  un loup-garou… au sens symbolique, Eddard lui-même.

    #130790
    Mestre Tomassen
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    PS : foreshadowing ou ironie ? Eddard refuse que Ilyn Payne se charge de tuer le loup-garou Lady et l’exécute lui-même. Et pourtant Ilyn Payne se chargera de tuer un loup-garou… au sens symbolique, Eddard lui-même.

    Et avec Glace, si je me souviens bien.

    #130799
    darkdoudou
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    J’aurais aimé savoir à quel point exactement Jory Cassel est complice d’Arya pour sauver Nymeria, si l’idée de revenir sans Nymeria venait de lui ou d’Arya. J’ai toujours aimé Jory lors de mes lectures, mais bon, faut pas s’attacher….

    @Ser Aemon, j’ai une bonne nouvelle pour toi, la réponse à ta question est dans le prochain chapitre d’Arya (qui comporte a posteriori une belle dose du POV d’Arya sur ce chapitre réclamée par R.Graymarch)

    Keep reading, qu’il disait

    « Jory avait promis de se taire.
    — Il t’a tenu parole, dit-il en souriant. Il est des choses qu’on n’a pas besoin de me révéler. Même un aveugle aurait vu qu’elle ne t’aurait jamais quittée de son propre gré.
    — Il a fallu lui lancer des pierres, avoua-t-elle d’un ton navré. Je lui ai ordonné de fuir, de reprendre sa liberté, j’ai crié que je ne voulais plus la voir. Elle trouverait d’autres loups pour jouer, on les entendait hurler. Jory lui a dit que les bois étaient pleins de gibier, qu’elle pourrait chasser le daim. Mais elle s’entêtait à nous suivre, alors il a fallu lui lancer des pierres, et je l’ai touchée deux fois. Elle gémissait en me regardant, et j’avais tellement honte ! Mais il fallait bien, non ? La reine l’aurait tuée

    En déchiffrant ce qui est implicite, je comprends que la suggestion de chasser Nymeria vient de Jory, une fois qu’il a retrouvé Arya.

    Jory n’est pas un personnage auquel j’avais prêté beaucoup d’attention pendant mes précédentes lectures, grâce à la relecture en cours je partage avec toi, maintenant, une très grande sympathie pour ses actions.

    Edit / réaction au message d’Aurore :

    PS : foreshadowing ou ironie ? Eddard refuse que Ilyn Payne se charge de tuer le loup-garou Lady et l’exécute lui-même. Et pourtant Ilyn Payne se chargera de tuer un loup-garou… au sens symbolique, Eddard lui-même.

    Quand j’ai lu le passage où Eddard refuse que Ser Ilyn Payne exécute Lady, je me suis dit « tiens, Ned s’est fait un nouvel ami ». Je ne comprends pas trop d’où sort le maquignon, alors que la VO évoque un boucher

    « La bête vient du nord. Elle mérite mieux qu’un maquignon. »
    « She is of the north. She deserves better than a butcher. »

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par darkdoudou.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Eridan. Raison: balises spoiler uniquement pour ce qui n'est pas publié en français ;)
    #131131
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Quand Robert dit

    «Suffit, Ned, pas un mot de plus. Les loups-garous sont des bêtes fauves. Tôt ou tard, celui-ci s’en prendrait à ta fille comme l’autre a fait à mon fils. Offre-lui un chien, elle en sera beaucoup plus heureuse.»

    Y a un lien avec Sandor Clegane ?

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #131421
    Beffroid
    • Éplucheur avec un Économe
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    Il courait.

    Les fuites de ce chapitre sont des impasses : « il courait » de Mycah, « l’air traqué »/ « she wanted to bolt » de Sansa, la sortie lasse de Robert devant la furie décidée de Cersei, la fuite de Nymeria qui la fera disparaitre de l’intrigue, et bien sûr la poursuite d’Arya sur les rives du Trident.

    « She is of the North. She deserves better than a butcher ».
    Qui s’applique dans ce contexte à Lady, mais que l’on peut relier à Arya qui s’entraine avec Mycah (Ned lui trouvera mieux, un vrai maître d’armes). Et qui s’appliquera bien entendu à la sentence d’Eddard par le même Ilyn Payne (je parierais que s’être fait traiter de boucher fait partie de ce qui a poussé Ilyn à « exécuter » les ordres avec promptitude).
    Par contraste avec les loups, Mycah est le « petit animal favori » d’Arya , et Cersei dit au sujet de Sansa « offre lui un chien ».
    Le Limier est un chien lui-même (celui qui sera offert à Sansa ?).

    La rancoeur d’Eddard en apprenant qu’Arya a été retrouvée pile au moment où il était parti se coucher fait écho au « s’il meurt, pendant que je suis assoupie » de Catelyn. Un beau point commun.

    Justice du Roi, la relecture

    Et c’est là que je me rends compte que j’ai été manipulé. J’ai mis la vie d’un animal au dessus de celle d’un humain. Une fois que j’ai compris ce que cette empathie pour les Stark est un biais de lecture, je me mets à la place de Robert, et je me rends compte qu’il a pris une bonne décision

    GRRM nous met face à un cas de conscience qui illustre magnifiquement la difficulté de gouverner. Il n’y a aucune solution parfaite. C’est encore plus vrai quand on est faible/manipulé ou qu’on veut préserver son apparence ou ses intérêts.

    Je me souviens que ce qui m’avait frappée à ma première lecture, c’était la façon dont Robert se débrouillait mal dans l’exercice de la justice. La justice doit certes être rendue publiquement, mais pour savoir la vérité, je me disais qu’il aurait mieux valu interroger les protagonistes séparément. Forcément, quand vous essayez de débrouiller une querelle d’enfants, ils se crient les uns sur les autres.

    Robert ne cherche pas à rendre la justice (exercice qu’il a avoué ne pas apprécier et qui l’épuise), il cherche à se débarrasser de son devoir qui l’encombre, à concilier tout le monde rapidement et « ne m’en parlez plus, laissez moi jouir de la vie tranquille ! » Sa position se comprend et elle a en plus une utilité politique intéressante : en ne donnant raison ni aux uns, ni aux autres, Robert évite de s’aliéner trop profondément l’un ou l’autre des partis, que ce soit Stark ou Lannister, qui lui sont tout aussi indispensable l’un que l’autre. Ce n’est donc pas en soi une mauvaise attitude politique pour un roi. D’autant que, comme dit plus haut, tout le monde ment à Robert pour préserver ses intérêts et sa famille, et lui-même n’a aucun moyen de savoir qui dit la vérité. Donc il renvoie les deux gamins dos à dos sans trancher et voudrait en finir là-dessus. Si ça se limitait à ça, on ne pourrait rien lui reprocher …

    Bravo d’avoir retrouvé le passage qui montre que Robert avait détecté le mensonge de Joffrey. Ca prouve aussi que le témoignage de Sansa n’est pas déterminant dans le pseudo-jugement rendu. Vu ce que dit Robert, je révise ce que j’écrivais plus haut : ce n’est pas une bonne décision de Robert, c’est une conciliation politique qui épargne la chèvre, le chou, mais pas le loup.

    Je pense que la façon dont Sansa amène son témoignage joue quand même dans la balance, car si elle avait admit qu’ils avaient passé la journée à boire et manger avant de venir moquer Arya, ça aurait peut-être pu permettre à Robert d’avoir un motif de réprimander Joffrey publiquement (peut-être cela a été fait en privé),

    Assis sur ce maudit siège de fer, il me faut écouter geindre jusqu’à en avoir la cervelle gourde et le cul à vif. Et tous demandent quelque chose, argent, terre, justice.

    Tout dépend de la définition de justice … Si c’est « prendre une décision conforme à la raison, à la vérité, aux respects des droits de chacun » ou « trancher un litige entre sujets », Robert ne prend pas de décision mauvaise décision, mais ce chapitre nous le présente surtout et encore comme quelqu’un qui ne s’intéresse pas à ses devoirs de Roi, « le regard vide et mort », « la cervelle gourde ».

    Quant à toi, Ned, veille à discipliner ta fille. J’en ferai autant pour mon fils. Et l’autre d’opiner sur cette bonne résolution … A la suite de quoi, Eddard engage un « maître à danser » pour apprendre l’escrime braavienne à sa fille et Robert … ne fait rien pour son fils. Paye tes bonnes résolutions en l’air !

    « It was hard to see how she had caused so much trouble » (la VO parle de ce que pense Ned, pas Arya). Et en effet, Eddard est le père qui ne voit pas de problème au tempérament de sa fille cadette. Sansa nous avait déjà rapporté la réaction d’Eddard à la désobéissance flagrante à l’ordre de rester dans la colonne : la serrer dans ses bras et la remercier des fleurs. Et combien pariez-vous qu’Arya ne sera jamais « disciplinée »? Et donc que Sansa se sentira seule punie?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 12 mois par R.Graymarch.

    "Il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n'arrive pas à la cheville de l'instabilité. Le bonheur n'est jamais grandiose." Aldous Huxley

    #132717
    FeyGirl
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    Je viens de relire le chapitre (j’arriverai un jour à combler mon retard !).

    … Sauf que Cersei observe finement qu’il reste un loup et que la justice du roi peut s’exercer contre elle. Et là, ça ne va plus et la décision prise par Robert devient complètement injuste à mes yeux : Parmi les principes qui régisse notre droit moderne, on n’est puni que pour ce qu’on a effectivement fait, par pour ce qu’un autre a commis. Ici, Lady se retrouve à payer de sa vie pour un crime qui n’est pas le sien … Sympa !

    Je pense que tu approches ici une notion essentielle : la différence entre la justice et la vengeance. Dans la justice, tu ne juges que le suspect, et tu appliques une sanction proportionnée, en théorie au nom du Roi ou du Peuple (selon le régime), grâce à des preuves ou un faisceau de présomptions solides. Ici, Cersei se venge de l’affront fait à son fils et à sa maison. Elle veut un coupable, et une sanction qui fasse du mal aux Stark.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 11 mois par FeyGirl.
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