AGOT 68 – Sansa VI

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    darkdoudou
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    AGOT 68 – Sansa VI
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 67, Bran VII AGOT 69, Daenerys IX

    Maintenant que nous avons vu avec effroi la mort du héros Eddard Stark par les yeux de sa fille Arya, puis vécu par la pensée de Bran l’annonce anticipée et réelle de sa disparition, nous revenons à Port-Réal pour retrouver la Stark qui est en première ligne, Sansa. Celle-ci est clairement sous le choc et a perdu sinon son innocence du moins une bonne partie de sa naïveté.

    J’ai identifié quatre parties principales dans ce chapitre : Sansa dans son lit refusant de s’alimenter et de se laver pendant un mois environ, l’irruption violente du Roi Joffrey et trois chevaliers qui l’obligent à se rendre présentable, l’audience royale qui suit avec des jugements qui nous permettent de mesurer toute la cruauté de Joffrey, et enfin un petit tour sur le donjon pendant lequel Joffrey cherche à montrer les têtes de Ned et septa Mordane à Sansa juste pour se réjouir de sa réaction.

    Il y a aussi un jeu de miroir qu’affectionne l’auteur entre deux personnages pour nous montrer le contraste entre ser Meryn Trant, chevalier qui ne se comporte pas en chevalier, et Sandor Clegane, d’aspect repoussant mais bien plus chevaleresque.

    Le Roi

    Ce chapitre est l’occasion de voir enfin un nouveau règne. Il y avait eu pas mal de signes avant-coureurs, pour le lecteur et pour Sansa, que ce règne ne serait pas digne de chansons et que ce roi ne serait pas à la hauteur : le petit déjeuner à Winterfell après la chute de Bran, les bagarres dans le Conflans et les conséquences, la discussion entre Ned et Robert au début du Tournoi. Que va faire le nouveau Roi?

    Première remarque, nous savons maintenant que les décisions importantes se prennent dans le Conseil Restreint, et Joffrey n’a pas l’air de participer plus aux séances du Conseil que son présumé père. Nous avons vu qui est aux manettes dans Sansa IV : Cersei entourée de Pycelle, Littlefinger et Varys.

    neuf cas sur dix le barbant manifestement, il daignait s’en décharger sur son Conseil et ne cessait de gigoter pendant que lord Baelish, le Grand Mestre Pycelle ou la Reine Cersei le résolvaient.

    Il est connu que ce n’est pas Joffrey qui a pris les décisions les plus récentes : chasser Barristan, élever Janos Slynt, gracier Eddard Stark et l’envoyer au Mur, maintenir le projet de mariage entre lui et Sansa. Que lui laisse-t-on régir?

    Mais lorsqu’il se mêlait de prendre une décision, personne, pas même sa mère, ne parvenait à l’en faire démordre.

    Les décisions imputables à Joffrey sont toutes empreintes de cruauté et de violence : l’exécution d’Eddard Stark, la mise en place des têtes des Stark sur les piques,  ses jugements à l’audience, le traitement infligé à Sansa sa fiancée. C’est tellement excessif que c’est caricatural. Et quand il parle des conseils de Cersei, toujours pour les dénigrer, ceux-ci paraissent presque pleins de bon sens en comparaison de l’avis de Joffrey.

    Elle prétend que nous devons rester à Port-Réal, en cas que mes autres oncles attaquent, mais moi je m’en moque. Après le festin donné pour mon anniversaire, je compte lever une armée et aller tuer votre frère de ma propre main.

    Si on compare Joffrey régnant par rapport à Robb dirigeant, les deux années d’écart entre les deux pèsent très très lourd. Le contraste est saisissant entre Joffrey qui écoute surtout ses pulsions, adolescent petite frappe sortie tout droit d’une cour de récréation, et Lord Robb qui écoute posément ses conseillers, prend des décisions courageuses et applique une stratégie risquée et gagnante.
    Robb épargne aussi la vie de Jaime en voyant tout le bénéfice politique qu’il peut en tirer, alors que Joffrey applique une seule mesure sur tous ses ennemis qu’il appelle indistinctement « traitres ».

    Si Robb gouverne bien le Nord et commence déjà sa légende de Jeune Loup, Joffrey entame son règne d’une manière tyrannique en laissant éclater son arrogance et sa cruauté. Avec le départ de Barristan, l’honneur a bien quitté la cour de Port-Réal, et les jugements de Joffrey ou la manière dont il exerce sa « miséricorde » montrent un pourrissement par la tête de la cour. Inévitablement ce règne va favoriser le mécontentement et les complots pour assassiner ce roi tyran. Cersei ne semble pas s’en rendre compte et ne se montre pas capable de contrôler son fils.

    La Belle

    Sansa au début du chapitre est dans ce que nous appellerions une dépression : depuis plus d’un mois elle ne se lave plus, ne mange plus, elle est hantée en permanence par la vision de l’exécution de son père. Ce qu’elle subit rappelle beaucoup les derniers jours de la vie d’Eddard Stark au cachot : l’absence de nourriture, l’obscurité, les cauchemars inquiétants et les réveils encore plus angoissants.

    Tout en haut de sa tour, au coeur de la citadelle de Maegor, Sansa n’aspirait plus qu’à se fondre dans les ténèbres

    Ce qui va sortir Sansa de son hébétude, c’est l’irruption de la violence : le Roi qui est encore son fiancé et trois chevaliers l’arrachent de force à son lit et l’obligent à se préparer à l’audience. Sansa, effrayée par les coups, va décider de suivre les conseils de Sandor Clegane, le seul bienveillant envers elle :

    il veut que tu souries, que tu sentes bon, que tu sois sa dame d’amour, dit le Limier d’un ton râpeux. Il veut t’entendre gazouiller par coeur les jolies babioles que t’a inculquées ta septa.

    C’est en reprenant son attitude de Lady, avec la politesse comme arme, que Sansa va retrouver son identité. Et c’est son côté Stark qui va lui permettre de retrouver du courage, d’abord la chaleur du bain qui va lui rappeler Winterfell, puis dans le paysage vu depuis les remparts du Donjon.

    Et pourtant, au delà s’ouvrait la campagne, avec ses forêts, ses champs, ses fermes, et, toujours au delà, au nord du nord du nord, se dressait Winterfell.

    L’image de la forteresse toujours debout va lui permettre de se blinder mentalement et de ne pas réagir devant les têtes sur les piques, au grand déplaisir de Joffrey.

    Il peut bien m’obliger à les regarder, se dit-elle, il ne saurait m’obliger à les voir.

    Sansa va (enfin) ouvrir les yeux sur Joffrey, « le vaurien qui avait été son prince ». Même son aspect physique lui répugne désormais :

    les yeux agrandis, Sansa le vit pour la première fois. [..] Comment avait-elle pu le trouver beau ? s’ébahit-elle ? Avec ses lèvres molles et rouges comme les vers qu’on trouve après la pluie ? Avec cette fatuité féroce dans le regard. « Je vous hais », chuchota-t-elle.

    Deux fois dans ce chapitre elle songe à se suicider, d’abord en se jetant de la fenêtre seule, puis en emportant Joffrey dans une chute, mais les deux fois elle n’arrive pas à se résoudre à aller jusqu’au bout. Même si la perspective de la mort ne l’effraie plus, elle choisit de rester en vie.

    L’instant était passé, l’occasion perdue. Elle baissa les yeux. « je vous remercie », dit-elle quand il eut fini. En bonne petite et qui jamais jamais n’oubliait ses bonnes manières.

    La Bête et le Chevalier

    Il y a trois membres de la Garde Royale présents : Arys du Rouvre, Meryn Trant et Sandor Clegane. Le premier est quasiment inutile et ne sert à rien, je vais me concentrer sur les deux autres qui offrent un contraste très saisissant : nous sommes invités à nous demander, entre ces deux-là, qui est le monstre ? et qui est le chevalier ?

    Meryn Trant est habillé par un grand manteau de satin blanc, et a des gants blancs en soie – qu’il ne craindra pas de tâcher de sang ! Pour l’audience il enfilera son armure complète blanche rehaussée d’or, et un manteau blanc de laine agrafé par un lion d’or. De son côté, Sandor Clegane ne cherche pas à se déguiser, il porte un doublet brun uni et un mantelet vert.

    Le code d’honneur des chevaliers leur enjoint de défendre le faible et l’innocent, de protéger toute femme et tout enfant. D’un autre côté, les membres de la Garde Royale doivent protéger et obéir au Roi. Meryn Trant n’hésite pas une seconde entre ces deux serments, et frappe avec brutalité Sansa dès que le souverain le demande, en plein visage et en la faisant saigner.

    Sansa se rendra compte que Meryn n’éprouve rien pour elle, ni sympathie ni antipathie, en somme qu’il est creux, ce qui nous rappelle le géant de pierre du rêve de Bran (Bran III). Elle lui dira d’ailleurs sans provoquer aucune réaction :

    you are no true knight / vous n’êtes pas un authentique chevalier

    qui fait écho à ce que disait Sansa de Gregor Clegane (en parlant à Sandor) :

    he was no true knight / il n’est pas un vrai chevalier AGOT Sansa II

    Nous savons qu’entre Meryn Trant et Sandor Clegane, c’est le second qui n’est pas chevalier, il le revendique suffisamment. Pourtant c’est bien lui qui protège Sansa. Sans désobéir aux ordres de Joffrey, il met une certaine douceur inattendue dans ses gestes et ses paroles :

    « fais ce qu’on te dit, petite, souffla-t-il, habille-toi. » Et il la poussa, presque gentiment, vers sa garde-robe.

    Tiens, fillette. Sandor Clegane venait de s’agenouiller devant elle, entre elle et Joffrey. Et il se mit, avec une délicatesse imprévisible de la part d’un tel colosse, à tamponner la lèvre tuméfiée, à en éponger le sang.

    Ce dernier moment se passe juste quand Sansa se demande si elle va pousser Joffrey. Consciemment ou non, Sandor Clegane a protégé à la fois le Roi et Sansa en se mettant ainsi à genoux, dans une vraie posture de chevalier. Ici comme à d’autres passages du livre, je me demande si Sandor ne retrouve pas en Sansa sa petite soeur morte dans d’étranges circonstances, cette petite soeur dont le lecteur peut supposer qu’elle a souffert longtemps la brutalité de Gregor Clegane sous le regard impuissant de Sandor.

    Bric à brac

    Mestre Pycelle, appelé pour examiner Sansa, en profite pour la faire déshabiller et la palper partout. Petite graine de perversité potentielle chez le personnage qui sera exploitée plus tard

    Pendant l’audience, Sansa appellera de ses voeux un héros qui la vengera, châtiera Janos Slynt. Elle a pourtant appris que la vie n’est pas une chanson et elle se dit que « les grands vainqueurs, ce sont les monstres ». Pourtant son vengeur arrivera bientôt à Port-Réal, chevalier sous la forme d’un lutin qu’elle ne reconnaîtra pas vraiment ni n’accordera sa reconnaissance.

    Trois fois, dans ce chapitre, Sansa dénie à Joffrey sa royauté en l’appelant messire ou mon prince. Cela fait écho à ce qui s’était passé lors de la précédente audience royale où Sansa s’était déjà « trompée ».

    D’après Joffrey, Cersei pense que Sansa est stupide et s’inquiète de l’imbécilité de leurs enfants à venir. Comment dire : venant de ces deux-là, c’est plutôt un compliment, non ? Cersei qui possède une certaine rouerie, confond je pense naïveté et idiotie quand elle juge l’attitude de Sansa qui a dénoncé son père et a cru qu’elle pourrait le sauver en se montrant « bonne ».

    La lucidité de Sansa est bien au point pour Janos Slynt car elle a une image correcte de sa félonie à partir de peu d’éléments : la brutalité pendant l’exécution de Ned et les hochements de tête ostentatoires pendant les « jugements » de Joffrey.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 4 mois par darkdoudou. Raison: orthographe
    #146921
    R.Graymarch
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    Un chapitre qui donne la nausée tant on est estomaqué par la violence physique et psychique utilisée contre une innocente. L’écriture est magistrale, haletante, du très haut niveau.

    Retour à Port-Réal donc où on retrouve Sansa (j’avais raté la mention du délai) à un moment où elle sort (est forcée de sortir) de sa chambre. darkdoudou a tout dit sur la venue de Joffrey et ses trois hommes de main, puis le conseil et la balade sur les créneaux.

    Pour moi ce chapitre se termine bizarrement sur une note d’espoir : Sansa se rebelle même si cela lui coûte cher, puis elle apprend que pour s’en sortir, elle doit conserver les apparences. En bref, même si ses actions et son corps sont brisés, son esprit se focalise sur la survie et probablement sur la fuite dès que possible (hélas, toutes les occasions futures ne sont pas forcément sincères ou désintéressées).

    Comme dit plus haut, c’est le jeu des faux-semblants. Joffrey dit avoir respecté sa parole vis-à-vis de Ned. Je pense que le primo-lecteur avait une sale image du prince roi, mais là, il est vraiment dans la case des personnages détestables. Arys ne sert à rien (d’ailleurs pourquoi venir avec trois gardes pour sortir une quasi adolescente de son lit ?), Meryn est un robot, un zombie (un proto Robert Strong), un gars qui applique sans réfléchir et sans sentiment (il se fout de ce qu’on pense de lui) et la baffe deux fois (avec un gant en métal).

    Et puis, il y a le Limier. Bizarrement, on pourrait se dire qu’il est là pour appliquer la méthode « good cop, bad cop » et donc passer pour le gentil disant à Sansa ce qu’elle a intérêt à faire pour moins souffrir. Il y a un peu de ça mais pas que. En effet, on a plein de signes que le Limier parle peu mais qu’il a néanmoins des gestes touchants, prévenants (ça ne l’empêche pas de tirer les cheveux de Sansa pour la faire regarder les têtes).

    Cela dit, Sansa pense encore que Cersei lui veut plutôt du bien, ce en quoi elle se trompe (elle est moins pire que Joffrey, oui certes)

    “You truly are a stupid girl, aren’t you? My mother says so.”

    “She does?” After all that had happened, his words should have lost their power to hurt her, yet somehow they had not. The queen had always been so kind to her.

    Joffrey est un pervers qui jouit de voir ses victimes souffrir. Il est déçu quand Sansa tient bon et ne montre rien alors qu’elle voit la tête de Ned sans la regarder. Alors Joffrey fait monter la pression en montrant la tête de septa Mordane (qui a été tuée sous un prétexte fallacieux) puis dit du mal de Robb. Il demande à Sandor de le soutenir mais ce dernier s’abstient

    “I remember your brother from Winterfell. My dog called him the lord of the wooden sword. Didn’t you, dog?”

    “Did I?” the Hound replied. “I don’t recall.”

    Cela énerve Joffrey (petulant shrug, le sens de la formule) qui s’emporte et dit que son cadeau sera d’apporter la tête de  Robb à Sansa.

    A kind of madness took over her then, and she heard herself say, “Maybe my brother will give me your head.”

    Joffrey scowled. “You must never mock me like that. A true wife does not mock her lord. Ser Meryn, teach her.”

    Ensuite, c’est la baffe gantée, puis le reproche du fait qu’elle pleure et qu’elle saigne (sic), puis Sansa qui envisage de pousser Joffrey dans le vide interrompu par Sandor qui s’agenouille entre eux et enlève délicatement le sang de Sansa.

    The moment was gone. Sansa lowered her eyes. “Thank you,” she said when he was done. She was a good girl, and always remembered her courtesies.

    Sansa n’envisage plus le meurtre ou le suicide. Elle paraît bien rangée. Et on se demande si son esprit arrivera à garder son indépendance au milieu de cette cour qui lui en veut.

    Ce chapitre éblouissant nous en a dit énormément sur Sansa, Joffrey, Sandor et Meryn (un peu en creux aussi sur Arys), c’est à la fois un plaisir et une torture à lire.

     

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    #146969
    Samyriana
    • Pas Trouillard
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    Merci pour ce résumé Darkdoudou! Effectivement un chapitre glaçant.

    Au début, on retrouve bien la Sansa dont la tête est farcie de chansons, et qui se rêve et se pense en héroïne de contes. Ici, on est dans une forme de catharsis, elle imagine le chagrin et la honte de ceux qui l’ont fait souffrir (on sait pertinemment que son suicide n’attendrait pas Joffrey ni Cersei, au-delà de l’image publique que cela renverrait et de la perte d’un otage de valeur dans le cadre de la guerre contre Robb).

    « Il lui suffirait de se jeter par la fenêtre pour mettre fin à ses tourments, et, plus tard, les chanteurs consacreraient des chansons à son deuil. Quelle honte pour tous ceux qui l’avaient trahie que le double spectacle de son innocence et de son corps, en bas, fracassés sur les pavés… »

    Mestre Pycelle, appelé pour examiner Sansa, en profite pour la faire déshabiller et la palper partout. Petite graine de perversité potentielle chez le personnage qui sera exploitée plus tard

    Très clairement… et la servante qui maintient Sansa pendant ce passage renforce l’aspect pervers et le viol symbolique de la jeune adolescente.

    Au moment où Sansa retrouve un peu de courage et pense à Winterfell en prenant son bain, on se rend compte qu’elle commence également à ouvrir les yeux sur la réalité de ce qu’est Port-Réal: un lieu hostile, dans lequel les bonnes intentions sont rarement désintéressées. Elle ne fait plus confiance, et surtout pas à ses servantes. On sent qu’elle grandit et perd une part de sa naïveté:

    « Hormis pour leur donner des ordres, elle ne desserrait pas les dents. C’étaient des Lannister, pas des Stark, elle s’en défiait.  »

    Consciemment ou non, Sandor Clegane a protégé à la fois le Roi et Sansa en se mettant ainsi à genoux, dans une vraie posture de chevalier. Ici comme à d’autres passages du livre, je me demande si Sandor ne retrouve pas en Sansa sa petite soeur morte dans d’étranges circonstances, cette petite soeur dont le lecteur peut supposer qu’elle a souffert longtemps la brutalité de Gregor Clegane sous le regard impuissant de Sandor.

    Je n’avais jamais pensé à cela, c’est super intéressant comme réflexion. En effet, cette explication est probablement très juste, puisqu’il semble évident que Gregor a tué sa petite soeur.

    Je n’ai pas grand chose à ajouter de plus par rapport à ce qui a été dit précédemment. On voit à quel point Joffrey est pervers, à quel point il jouit de la souffrance des autres. Son goût pour la torture tant physique que psychologique est tellement évident que c’est à se demander comment Cersei peut rester si aveugle.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #146996
    DJC
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 464

    Oui j’ai une fois de + adoré le choix de POV par GRRM sur ce passage (qui enfonce encore+ le lecteur suite au POV d’Arya…). J’ai réellement souffert avec elle sur la première partie, et surtout lors de la montée des marches (en relecture) :

    She forced herself to take King Joffrey’s hand. The climb was something out of a nightmare; every step was a struggle, as if she were pulling her feet out of ankle-deep mud, and there were more steps than she would have believed, a thousand thousand steps, and horror waiting on the ramparts.

    A ce stade on mise + sur Arya que sur elle pour s’en sortir, et pourtant 🙂

    Ceci dit EN EFFET comme Samyriana, je m’interroge sur le ressenti de Cersei, et j’aurai bien aimé avoir l’éclairage de Cersei en POV vis à vis du déroulement de cette transition, et en particulier de l’attitude de son fils (ce qui viendra un peu après dans les POV Tyrion dans ACOK, de mémoire) : aveugle, confiante sur sa main-mise… ou bien misant déjà sur Tommen ? (je ne pense pas à ce stade).

    PS : Merci à tous pour les analyses, et oui bien vu le clin d’oeil good cop / bad cop 🙂

    #147007
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Et puis, il y a le Limier. Bizarrement, on pourrait se dire qu’il est là pour appliquer la méthode « good cop, bad cop » et donc passer pour le gentil disant à Sansa ce qu’elle a intérêt à faire pour moins souffrir. Il y a un peu de ça mais pas que. En effet, on a plein de signes que le Limier parle peu mais qu’il a néanmoins des gestes touchants, prévenants (ça ne l’empêche pas de tirer les cheveux de Sansa pour la faire regarder les têtes).

    Je n’ai pas trouvé que le Limier joue au « good cop, bad cop ». Déjà parce que Joffrey ne joue pas un rôle, pour lui c’est tout naturel. Ensuite parce que Sandor est sincère dans ses conseils. Il y a aussi le passage que tu as relevé où Joffrey demande à son chien de le soutenir, et où Sandor adopte une posture d’oubli qui ressemble beaucoup à une opposition en ne donnant pas à Joffrey ce qu’il attend.

    Pour l’histoire des cheveux, j’ai compris que le Limier tire ceux de Ned, pas ceux de Sansa qui a déjà la tête tournée dans la bonne direction (vers le crépuscule). Jean Sola a fait du bon boulot à mon avis en supprimant l’ambiguité présente dans la V.O.

    Sandor Clegane took the head by the hair and turned it. / Sandor Cleagane saisit la tête par les cheveux et la fit pivoter sur sa pique.

    Je n’avais jamais pensé à cela, c’est super intéressant comme réflexion. En effet, cette explication est probablement très juste, puisqu’il semble évident que Gregor a tué sa petite soeur.

    Je complète par deux éléments : à plusieurs reprises dans le livre, Sandor fait référence à la manière dont Sansa est élevée par une septa. On peut penser qu’il connait l’éducation par une septa grâce à l’exemple des deux enfants royaux, Tommen et Myrcella. Je pense pour ma part qu’il la connait par l’intermédiaire de cette fameuse soeur, que le père Clegane ait réussi à faire éduqer sa fille chez une septa ou pas. Autre point : j’ai toujours trouvé que Sandor se comporte comme un « grand frère » avec Sansa, même si elle peut avoir une perception différente de leurs rapports.

    Ceci dit EN EFFET comme Samyriana, je m’interroge sur le ressenti de Cersei, et j’aurai bien aimé avoir l’éclairage de Cersei en POV vis à vis du déroulement de cette transition, et en particulier de l’attitude de son fils (ce qui viendra un peu après dans les POV Tyrion dans ACOK, de mémoire) : aveugle, confiante sur sa main-mise… ou bien misant déjà sur Tommen ? (je ne pense pas à ce stade).

    keep reading… En effet les réponses vont bientôt arriver dans le premier chapitre de Tyrion d’ACOK, puis à partir d’AFFC quand on aura les premiers POV de Cersei. Quand elle évoque Tommen en comparaison avec Joffrey, Cersei se montre fière que son aîné était « fierce » ou « strong », c’est à dire féroce/violent, et fort (comme Jaime). Pour Cersei, la bonté et la gentillesse de Tommen sont des faiblesses pas dignes d’un roi.

    #147009
    R.Graymarch
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    Je n’ai pas trouvé que le Limier joue au « good cop, bad cop ». Déjà parce que Joffrey ne joue pas un rôle, pour lui c’est tout naturel. Ensuite parce que Sandor est sincère dans ses conseils.

    Sandor peut très bien le faire de manière involontaire. S’il essaye de préserver Sansa, il ménage aussi Joffrey par la même occasion. Cela peut aussi être une manière de « faire rentrer Sansa dans le rang », sans violence. Cela conforte in fine l’ordre établi (Joffrey). Je t’accorde que Sandor n’est pas tant un rebelle que ça à ce moment là et que c’était sans doute aussi la meilleure solution pour Sansa (à ce moment là, encore). Comme tu l’as noté, l’intérêt aussi de la scène est de comparer Meryn à Sandor (et un peu à Joffrey aussi). Cela dit, si Joffrey avait demandé à Sandor de baffer Sansa, l’aurait-il fait ? Là c’est plus facile de ne rien faire de mal quand on ne te demande rien en ce sens (coucou Arys qui ne sert à rien sur cette scène. A part être présent et garder le silence)

    Pour l’histoire des cheveux, j’ai compris que le Limier tire ceux de Ned, pas ceux de Sansa qui a déjà la tête tournée dans la bonne direction (vers le crépuscule). Jean Sola a fait du bon boulot à mon avis en supprimant l’ambiguité présente dans la V.O.

    Merci, je pense que le sens que tu donnes/transmets est le bon. Est-ce que c’est au traducteur de lever une ambiguïté qui peut être volontaire de la part de l’auteur ? Je n’en suis pas persuadé. Cela dit, Sola a très bien pu ne pas voir l’ambiguïté.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #147011
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    J’aime beaucoup ce chapitre où on découvre Sansa après l’exécution de son père. C’est un chapitre pivot pour elle, celui où ses rêves sont brisés, mais ses yeux s’ouvrent. La vie n’est pas une chanson, et elle l’a appris à ses dépens.

    Bon résumé. J’apprécie énormément les petits moments de rébellion de Sansa. Le moment mythique où elle menace Joffrey, celui où elle refuse d’entrer dans son jeu en « se retirant à l’intérieur » comme dirait Jaime, et celui bien sûr où elle va pour tuer Joffrey.

    Contrairement à d’autres, ce n’est pas le suicide qui la motive à cet instant, mais la volonté de vengeance. J’aime aussi énormément l’ambiguïté de la réaction du Limier.

    A t-il vu à l’attitude de Sansa qu’il allait attaquer, ou bien a t-il agi par simple humanité?

    Ce n’est pas un secret que j’apprécie que Sansa accorde beaucoup d’importance aux gestes du Limier envers elle, « almost gentle », qui contraste avec son apparence de grande brute (confirmée par le meurtre de Mycah, bien sûr).

    Dernier détail, j’aime beaucoup que finalement, à l’insu de Sansa, un héros sorte de l’ombre pour décapiter Janos Slynt ^^

    , je me demande si Sandor ne retrouve pas en Sansa sa petite soeur morte dans d’étranges circonstances, cette petite soeur dont le lecteur peut supposer qu’elle a souffert longtemps la brutalité de Gregor Clegane sous le regard impuissant de Sandor

    J’y crois moyen, à cette théorie petite soeur= Sansa= Arya. La seule fois où cette petite soeur est mentionnée, c’est dans les rumeurs dont se souvient Eddard.

    Le Limier lui n’en fait jamais mention, ni directement, ni indirectement, ni à Sansa, ni à Arya, ni à personne, alors qu’au fond, c’est un grand bavard.

    Son attitude me semble beaucoup plus lié à l’étrange lien qui s’est noué entre eux, quand il lui a confessé le secret de ses cicatrices, et qu’elle a fait preuve de compassion envers lui.

    #147022
    DJC
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Dernier détail, j’aime beaucoup que finalement, à l’insu de Sansa, un héros sorte de l’ombre pour décapiter Janos Slynt

    Son frère qui parachève l’oeuvre de son mari… not bad 😀

    #147028
    RichardIII
    • Patrouilleur Expérimenté
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    J’aime beaucoup ce chapitre où on découvre Sansa après l’exécution de son père. C’est un chapitre pivot pour elle, celui où ses rêves sont brisés, mais ses yeux s’ouvrent. La vie n’est pas une chanson, et elle l’a appris à ses dépens.

    A la relecture je me dis plutôt qu’on lui a fait apprendre à ces dépens. Dans la théorie comme quoi Littlefinger aurait poussé au meurtre de Ned Stark, on pense beaucoup qu’il aurait fait cette manigance pour se venger des Stark, voire récupérer Catelyn. Peut-être que Littlefinger l’a fait en pensant marquer des points avec Sansa. D’un seul coup, il enlève toute illusion à Sansa sur Joffrey et les Lannister, lui donnent envie de quitter définitivement Port-Réal et la « déniaise » comme il semblait le souhaiter auparavant, dans sa logique perverse.

    Sinon dans les « What if » intéressants il y a le possible meurtre de Joffrey par Sansa. Que ce serait-il passé si elle avait vraiment réussi à le précipiter du Donjon Rouge? Aurait t-elle été immédiatement exécutée ? Cela aurait-il infléchi des stratégies dans le Jeu des Trônes, de voir un Joffrey immédiatement remplacé par Tommen ?

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 4 mois par RichardIII.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 4 mois par R.Graymarch.
    #147044
    Yfos
    • Terreur des Spectres
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    Dans ce chapitre, Sansa perd ses illusions et devient, en plus, consciente du fait qu’elle essayait encore de s’en faire.

    Sans se faire au fond la moindre illusion, Sansa s’était jusqu’alors interrogée sur le sort réservé à septa Mordane.

    Lorsque Joffrey lui dit que Cersei répète qu’elle est idiote

    Surtout que la reine s’était toujours montrée si gracieuse envers elle …

    Elle ne parvient même plus à trouver un peu d’espoir.

     

    Dans ce chapitre, comme dans les POV de Sansa qui vont suivre, on a une vision très sombre des chevaliers de la garde royale, qui n’auraient plus grand chose à voir avec leurs prédécesseurs. Ceux-ci écoutaient/regardaient pourtant tous les agissements de Aerys, sans réagir, notamment lorsqu’il s’en prenait à sa soeur/épouse Rhaella. Ces héros n’étaient pas très différents de Ser Arys du Rouvre à ce stade.

    Joffrey accuse à nouveau, avec mépris, sa mère de faiblesse. Elle, de son côté, admire la force et la violence de son fils. Est-ce parce qu’elle est prête à lui céder les apparences du pouvoir, ces quelques jugements tyranniques (même si, pour les victimes, ce ne sont pas que des apparences) contre sa réalité?

    . Cela dit, si Joffrey avait demandé à Sandor de baffer Sansa, l’aurait-il fait ? Là c’est plus facile de ne rien faire de mal quand on ne te demande rien en ce sens

    Joffrey ne le lui ayant jamais demandé, il y aura toujours un doute.

    #147051
    Samyriana
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    Joffrey ne le lui ayant jamais demandé, il y aura toujours un doute.

    Ici on touche à la relation entre Joffrey et Sandor: je pense qu’inconsciemment (ou sciemment?), Joffrey sent qu’il ne peut pas demander ça à Sandor. Il est peut être tout bouffi d’arrogance et autocentré, mais à mon avis il a conscience de la personnalité des gens qui l’entourent. Il sait probablement que Sandor le mépriserait profondément s’il lui demandait ça, voir que Sandor serait prêt à quitter son service (après tout, il refuse la chevalerie, on sent dès le départ que c’est plutôt un électron libre).

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #147052
    Eridan
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    Je pense moi aussi qu’il se doute qu’il essuierait un refus (Sandor refuse parfois d’entrer dans le jeu de Joffrey, comme dans ce chapitre, où il fait semblant d’avoir « oublié » ses railleries passées envers Robb).
    Par certains aspects, Sandor entretient sans doute Joffrey dans certains de ses travers … Mais il est aussi ironiquement plus scrupuleux et intègre que la plupart des obséquieux et des flagorneurs qui l’entoure : lorsque Tyrion comprend que c’est Joffrey qui a tenté d’assassiner Bran, il se fait la réflexion que jamais Joffrey n’aurait donné cet ordre-là au Limier.

    « Envoyer un chien s’en charger, il disait. N’empêche que même Joffrey n’était pas bête au point de donner l’ordre à Sandor Clegane d’assassiner un fils d’Eddard Stark ; le Limier serait allé de ce pas voir Cersei. »

    Donc effectivement, même Joffrey sait qu’il y a des choses qu’il ne peut pas demander au Limier.

    (Intéressant d’ailleurs de relever qu’à ce sujet, Sandor correspond à l’idéal de Garde Royale de Jaime qui est de « protéger le roi de lui-même » et de « tempérer leur obéissance » , alors que les autres frères jurés de la Garde correspondent plus à la philosophie véhiculée en leur temps par Jonothor Darry et Gerold Hightower : obéissance totale, pas de remise en question.)

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 4 mois par Eridan.

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    #147080
    Tizun Thane
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    Peut-être que Littlefinger l’a fait en pensant marquer des points avec Sansa.

    Même si Sansa ne sait pas, Littlefinger à l’époque de ce chapitre a demandé la main de Sansa en récompense. On le sait par un chapitre de Cersei bien plus tardif, ce qui peut nourrir tous tes soupçons ^^

    Alors qu’elle est objectivement une enfant, donc beurk . Littlefinger a la particularité d’être le mentor pervers de Sansa. ll lui ouvre les yeux, mais est responsable en premier lieu de son malheur, et ses intentions sont déshonorables (pour rester poli). On aura de meilleurs occasions de parler de lui ^^

    Je pense moi aussi qu’il se doute qu’il essuierait un refus

    Et d’ailleurs, dans le chapitre d’ACOK où Sansa subit un strip-tease forcé, Clegane refusera d’obéir aux ordres de Joffrey de la frapper, faisant mine de ne pas avoir entendu.

    Entre le Limier et Joffrey, il existe une relation étrange. Joffrey, à sa manière, respecte le Limier, qu’il considère comme un homme, un vrai, et ne lui demande jamais vraiment de faire le sale boulot.

    #147083
    R.Graymarch
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    Entre le Limier et Joffrey, il existe une relation étrange. Joffrey, à sa manière, respecte le Limier, qu’il considère comme un homme, un vrai, et ne lui demande jamais vraiment de faire le sale boulot.

    Tout en le traitant de « chien ». C’est en effet super étrange comme relation

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #147088
    darkdoudou
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    La relation Joffrey-Sandor, Cersei en parle quand elle envisage un « ami » pour Tommen.

    Joffrey had never had a close friend of his own age, that she recalled. The poor boy was always alone. I had Jaime when I was a child . . . and Melara, until she fell into the well. Joff had been fond of the Hound, to be sure, but that was not friendship. He was looking for the father he never found in Robert. AFFC Cersei VI

    Cersei dit que Sandor a servi de père de substitution, et c’est vrai dans une certaine mesure. Je suis largement d’accord avec tout ce qui est dit plus haut sur la relation entre Joffrey et Sandor, y compris sur l’insistance de Joffrey à l’appeler « Chien ».

    Merci Tizun Thane pour avoir retrouvé le chapitre très éclairant où Sandor reçoit l’ordre du Roi de frapper Sansa et ignore cet ordre : ACOK Sansa III. Quelques instants plus tard, quand Boros aura frappé Sansa, Sandor va même mettre fin à la série de coups en criant « Enough !/ Assez ! », s’opposant frontalement à la volonté de Joffrey. Et ensuite Sandor montrera une rapidité exemplaire à obéir à l’ordre de couvrir Sansa donné par… Tyrion. Enfin Sandor ne fera pas un geste pour défendre le Roi quand il se fera recadrer par un Tyrion clairement menaçant.

    #147097
    R.Graymarch
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    On aura en effet largement le temps d’en parler dans le futur mais parmi les persos qu’on catalogue dans une catégorie et qui finalement sont beaucoup plus intéressants et profonds que ça, Sandor Clegane tire son épingle du jeu. Sandor, j’adore

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    #147105
    Eridan
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    Même si Sansa ne sait pas, Littlefinger à l’époque de ce chapitre a demandé la main de Sansa en récompense.

    Je l’ai longtemps cru aussi, mais on a établit dans une autre discussion qu’il n’a pas encore fait cette proposition : ça ne rentre pas dans la chronologie. Pour l’heure, Sansa est toujours fiancée à Joffrey et Cersei n’envisage pas encore de la marier à quelqu’un d’autre, apparemment, donc Littlefinger n’a pas encore pu se proposer. (Après, est-ce qu’il ne pouvait pas déjà l’avoir dans le viseur à ce moment-là … ? )

    Ce n’est pas impossible qu’il y ait une dimension personnelle, bien sûr, mais Littlefinger n’a besoin ni du prétexte concernant Sansa, ni de celui concernant Catelyn pour trouver un intérêt dans la mort de Ned.

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    #147120
    Pandémie
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    Je l’ai longtemps cru aussi, mais on a établit dans une autre discussion qu’il n’a pas encore fait cette proposition : ça ne rentre pas dans la chronologie. Pour l’heure, Sansa est toujours fiancée à Joffrey et Cersei n’envisage pas encore de la marier à quelqu’un d’autre, apparemment, donc Littlefinger n’a pas encore pu se proposer.

    C’est peut-être un peu hors sujet mais pourquoi n’aurait-il pas pu proposer que la fille et soeur d’un traître ne serait pas un bon parti pour Joffrey (et que donc il fallait la lui laisser)? Tu as le lien vers la discussion?

    #147125
    Eridan
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    C’est peut-être un peu hors sujet mais pourquoi n’aurait-il pas pu proposer que la fille et soeur d’un traître ne serait pas un bon parti pour Joffrey (et que donc il fallait la lui laisser)? Tu as le lien vers la discussion?

    Je l’ai retrouvé dans la conversation sur Eddard XV. Avant ACOK ch37, ni Cersei ni Joffrey ne semble prévoir de rompre les fiançailles de Joff et de Sansa. On peut toujours imaginer que Littlefinger, plus clairvoyant que Cersei, se doute que le mariage est devenu impossible et que les fiançailles finiront par être rompues à terme … Donc effectivement, rien n’empêche de supposer qu’il a pu amener l’idée en avance pour y habituer Cersei. Mais dans l’extrait où elle l’évoque, Cersei ne se dit pas qu’il y a eu un problème de timing dans la proposition de LF, elle évoque juste que lorsqu’elle a commencé à envisager un autre parti pour Sansa que son fils (donc mi-ACOK, logiquement), LF s’est proposé et qu’elle a refusé parce qu’il était trop roturier encore à ce moment pour elle. Elle ne semble pas évoquer un problème de timing, une proposition qui arriverait trop tôt.

    (Après, si on veut être parfaitement honnête, ça n’empêche pas que l’idée peut trotter dans le crâne de LF depuis plus longtemps que ça encore …)

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 4 mois par R.Graymarch.

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    #147175
    Anita
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    C’est peut-être un peu hors sujet mais pourquoi n’aurait-il pas pu proposer que la fille et soeur d’un traître ne serait pas un bon parti pour Joffrey (et que donc il fallait la lui laisser)? Tu as le lien vers la discussion?

    Je l’ai retrouvé dans la conversation sur Eddard XV. Avant ACOK ch37, ni Cersei ni Joffrey ne semble prévoir de rompre les fiançailles de Joff et de Sansa. On peut toujours imaginer que Littlefinger, plus clairvoyant que Cersei, se doute que le mariage est devenu impossible et que les fiançailles finiront par être rompues à terme … Donc effectivement, rien n’empêche de supposer qu’il a pu amener l’idée en avance pour y habituer Cersei. Mais dans l’extrait où elle l’évoque, Cersei ne se dit pas qu’il y a eu un problème de timing dans la proposition de LF, elle évoque juste que lorsqu’elle a commencé à envisager un autre parti pour Sansa que son fils (donc mi-ACOK, logiquement), LF s’est proposé et qu’elle a refusé parce qu’il était trop roturier encore à ce moment pour elle. Elle ne semble pas évoquer un problème de timing, une proposition qui arriverait trop tôt. (Après, si on veut être parfaitement honnête, ça n’empêche pas que l’idée peut trotter dans le crâne de LF depuis plus longtemps que ça encore …)

    Personnellement, je ne comprends pas trop la cohérence du comportement de Cersei en la matière. Si Petyr est « trop roturier » pour Sansa, comment peut-il être acceptable pour « la dame des Eyrié » ? S’il a suffit de le faire « sire » d’Harrendal, pour le rendre présentable, n’était-il pas possible de le « lordifier » (surtout aux vues de ses services) pour l’unir à la « fille d’un traitre » ? (Certes ex fiancée de son fils)

     

     

    #147180
    Eridan
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    Sansa est otage pupille de la Couronne, donc son mariage est l’affaire du Trône et il passe forcément par l’approbation de Cersei. Lysa est veuve, elle est en mesure de décider seule a priori de son remariage (sauf mariage forcé ou injonction du souverain, mais comme la notion même de souverain est discutable … ).
    Le mariage Lysa-Petyr n’est pas spécialement un plan de Cersei, mais plutôt de Tywin sur conseil de Littlefinger : ils tentent un coup (alors que le reste du Conseil restreint n’y croit qu’à moitié) ; s’il échoue, ils ne perdront que LF, ce qui représente peu dans l’esprit du clan Lannister. S’il réussit, ils récupèrent le Val, et s’assure, sinon de sa coopération, au moins de sa neutralité.
    Même lordifié d’Harrenhal, ça passe mal : les nobles du Val voient le remariage de Lysa comme une mésalliance et ont du mal à se plier aux ordre « d’un aussi piètre sire » .

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    #147196
    Pandémie
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    Je dois avouer que je ne vois pas en quoi il y a un problème de timing, tout simplement parce que tout événement ou toute décision ne se suit pas obligatoirement chronologiquement un autre, souvent des choses se passent en parallèle (qui n’a jamais eu un copain/une copine qu’il gardait faute de mieux ou en ayant déjà un.e autre en vue, voire deux relations en même temps?). Il y a une différence énorme entre ce que les gens communiquent et ce que les gens pensent, et entre ce que les gens pensent et pensent sans l’avouer. Cersei, dans l’extrait d’ADWD, pense marier Sansa à un Lannister pour la garder « otage », pas Littlefinger le pas bien né. Donc elle a quand même pensé à l’éventualité que Joffrey. Mais en même temps, elle pouvait aussi songer à garder Sansa, faute de mieux. Ce n’est pas incompatible.  Surtout si on implique Joffrey. Mieux vaut le garder sous contrôle avec un plan qu’on sait peu viable en lui disant qu’il va épouser Sansa et faire comme si jusqu’à ce qu’on ait une solution à lui proposer, plutôt que de lui donner des idées qu’il va pouvoir se marier à quelqu’un d’autre et prendre des initiatives dangereuses. Et pas que Joffrey, c’est aussi une bonne excuse pour éloigner les importuns, tant que Sansa est promise à son fils, Cersei a une bonne excuse pour refuser tout prétendant et pour elle et pour lui, sans les offenser, tout en sachant pouvoir écarter Sansa à la moindre occasion.

    Donc si Cersei n’évoque pas de problème de timing, c’est sans doute plutôt parce qu’elle n’en voyait pas que parce que Littlefinger n’a pas fait la proposition.

    #147985
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Je tiens à souligner la violence assez incommensurable d’une des répliques de Joffrey :

    I’ll get you with child as soon as you’re able. If the first one is stupid, I’ll chop off your head and find a smarter wife. When do you think you’ll be able to have children ?

    Les chapitres de Sansa soulignent toute l’appropriation et l’annihilation morale et physique qu’elle subit (en gros, c’est un bout de viande punching ball pour Joffrey et ses flagorneurs). Ce qui est plus intéressant je trouve, c’est comment elle va se créer mentalement des interstices d’ « agency », d’agentivité pour pouvoir survivre et tant bien que mal ne pas trop sombrer. Et on le voit tout de suite : la cruauté de Joffrey tombe à plat et Sansa réussit à déjouer ses attentes.

    He can make me look at the heads, but he can’t make me see them.

    On voit qu’elle a déjà une assez grande force mentale pour internaliser tous ses sentiments, et n’en faire ressortir que les plates politesses. Elle se fait quand même frapper deux fois dans la même journée, et elle réussit tant bien que mal à garder un self-control assez solide pour ressortir exactement ce qu’on attend d’elle. C’est fort. ^^

    J’ai remarqué que son retour à la réalité et le renversement de Joffrey du prince charmant en monstre tyran passe par une description des lèvres :

    She wondered how she could ever have thought him handsome. His lips were as soft and red as the worms you found after a rain, and his eyes were vain and cruel.

    He was standing right there, right there, smirking at her with those fat wormlips.

    Le prince devenu crapaud ?

     

    Pis y’a Sandor. Celui qui lui donne les clés de survie, dont elle se remémore et imagine les paroles. Elle prend conscience aussi d’elle-même et ses défauts à travers ce qu’il lui a dit. Je retiendrai également le fait qu’il s’agenouille, ce qui est symboliquement assez fort.

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    #148032
    Tizun Thane
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    e qui est plus intéressant je trouve, c’est comment elle va se créer mentalement des interstices d’ « agency », d’agentivité pour pouvoir survivre et tant bien que mal ne pas trop sombrer. Et on le voit tout de suite : la cruauté de Joffrey tombe à plat et Sansa réussit à déjouer ses attentes.

    Très vrai. Je parlerai plus d’autonomie, de liberté que d’agentivité, mais qui suis-je pour juger ? ^^

    Les propos de Joffrey sont quand même d’une vulgarité confondante. Le pire, c’est qu’il ne sait pas de quoi il parle. Il cherche juste à jouer au macho, en caricaturant ce que pourrait dire le Limier ou le roi Robert, ses deux modèles masculins. Pathétique.

    Le prince devenu crapaud ?

    Je n’avais jamais théorisé la comparaison, mais bien vu !

    Je retiendrai également le fait qu’il s’agenouille, ce qui est symboliquement assez fort.

    Il se met à son niveau, oui. L’important est pour moi ailleurs. La merveilleuse ambiguïté de son comportement. A t-il fait exprès de s’interposer ? Sansa pense que non dans son chapitre, mais on peut subodorer que oui.

    Le fait que Le Limier, tueur d’enfant à l’apparence terrifiante, soit celui qui lui apporte un peu de compassion dans le cauchemar qu’elle vit, le fait qu’il soit étonnamment doux dans son comportement, « almost gentle », a une puissance symbolique très fort.

    On peut d’ailleurs considérer que c’est la première fois qu’il lui sauve la vie, non par la violence, mais par la compassion.

    #148062
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Je le trouve certes très doux et compatissant envers elle dans ses actes (j’ai d’ailleurs remarqué que dans beaucoup de leurs interactions, elles « foncent » sur lui et il la « rattrape » pour la stabiliser), mais verbalement, il peut aussi être extrêmement dur. Dans ACOK, il va quand même lui dire ça :

    Your father lied. Killing is the sweetest thing there is.” He drew his longsword. “Here’s your truth. Your precious father found that out on Baelor’s steps. Lord of Winterfell, Hand of the King, Warden of the North, the mighty Eddard Stark, of a line eight thousand years old . . . but Ilyn Payne’s blade went through his neck all the same, didn’t it? Do you remember the dance he did when his head came off his shoulders ?

    (dans le contexte, on voit qu’il semble très énervé du fait qu’elle n’arrive pas à le regarder (selon lui))

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