ASOS 21 – Catelyn III

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Au fil des pages ASOS 21 – Catelyn III

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  • #168209
    Ysilla
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    ASOS 21 – Catelyn III
    Au fil des pages – liste des sujets

    ASOS 20, Tyrion III ASOS 22, Jaime III

    Je vous livre quelques mots sur ce copieux chapitre, à l’heure de l’apéro du soir ! Alors amis et amies du soir, allons-y !

    Aux intrigues florentines toutes en manipulations de Port-Réal s’oppose la violence crue, brutale à Vivesaigues. On passe de Tywin Lannister, Main toute puissante à l’autorité quasi royale qui se joue de ses alliés et de ses adversaires à Robb Stark, le roi du Nord dont l’autorité est remise en cause par ses propres bannerets.
    Voici donc un deuxième chapitre capital, avec comme personnage PoV Catelyn où pour transposer les mots de Petyr Baelish à Ned Stark dans AGOT, on peut considérer que :

    [Robb gouverne] à la manière d’un homme qui danserait sur la glace pourrie. AGOT 34, Eddard VIII

    Et comme Littlefinger, le lecteur en perçoit le premier craquement.

    En effet, Rickard Karstark a assassiné dans les cellules où ils étaient captifs, Willem, un des jumeaux de Kevan Lannister et Tion Frey, fils de Genna Lannister, tous deux neveux de Tywin. Il a perpétré ces meurtres pour venger la mort de ses deux fils, Eddard et Torrhen, tués, lors de la bataille du Bois-aux-Murmures, par Jaime, inatteignable depuis que Catelyn Stark a permis sa fuite. Les conséquences de cet acte de trahison délibéré sont dramatiques : les troupes Karstark font défection et lord Rickard est exécuté de la main même du roi du Nord dont l’autorité et les positions sont désormais fragilisées.

    Ce sont les jeunes morts, Willem et Tion qui créent un des liens avec le chapitre précédent où Kevan suggérait l’union de son fils ou de son neveu avec Sansa Stark :

    Je suggérerais bien l’un des jumeaux, mais les Stark les détiennent tous deux à Vivesaigues. Et ils ont aussi le gamin de Genna, Tion, sans quoi il faisait à peu près l’affaire. 

    Le retour sur cette réflexion offre au lecteur une perspective différente puisqu’il est fort probable que lorsque Kevan évoque Willem et Tion, ceux-ci sont déjà morts ou en passe d’être tués.
    L’atmosphère du chapitre est crépusculaire : quinze occurrences pour la pluie auxquelles s’ajoutent trois occurrences pour la tempête et douze occurrences pour le sang.

    [Vent Gris] perçoit l’odeur du sang […] au travers des murailles de pierre et des portes de bois, au travers de la nuit, de la pluie, son flair reconnaît infailliblement les relents de ruine et de mort.

    La lugubre réflexion de Catelyn qui ouvre le texte s’annonce, à la relecture, comme un avertissement prémonitoire aux deux chapitres consacrés aux Noces Pourpres (ASOS 52 et 53) : c’est la deuxième fois que Catelyn prête au loup une sorte de prescience depuis que Robb l’a éloigné de lui.
    On avait laissé Catelyn au chapitre 15, découvrant le mariage surprise de Robb et ses probables et fâcheuses conséquences pour l’alliance Frey.
    Les derniers mots du chapitre évoquaient allusivement une possibilité de maintenir les Frey dans l’alliance :

    Je donnerai de grand cœur à lord Walder tout ce qu’il voudra…, excuses, honneurs, terres, or… Il doit bien y avoir quelque chose qui défroisserait son orgueil…
    – Pas quelque chose, glissa Catelyn. Quelqu’un.

    Sur ce sujet précis, le chapitre 21 nous laisse sur notre faim et son commencement « in medias res » aborde un tout autre problème, tragique : deux très jeunes adolescents ont été assassinés par lord Karstark et des complices.
    Si Willem Lannister et Tion Frey font écho à Bran et Rickon, leur funèbre présentation répète aussi celle des cadavres de Aegon et Rhaenys Targaryen par Tywin Lannister à Robert Baratheon, comme dans la reprise d’un cycle infernal.
    Ce qui n’est pas sans rappeler la question que pose Varys à Ned Stark dans AGOT 59, Eddard XV

    Pourquoi la pire souffrance échoit-elle toujours aux innocents quand vous autres, grands seigneurs, vous amusez au jeu des trônes ?

    Je vais m’intéresser à la révélation des noms des petits morts : il ne faut en effet pas moins de sept paragraphes pour apprendre leur identité : Willem Lannister et Tion Frey. Or, le chapitre précédent nous a opportunément rafraîchi la mémoire sur leur sort.
    C’est une manière pour GRRM de laisser planer le suspense pour le lecteur. Mais ce retard dans la révélation de l’identité des deux victimes a aussi son utilité à l’intérieur même du récit.
    Comment interpréter que Catelyn Stark, dans son discours intérieur, tarde longuement à nommer les deux victimes ?
    Peut-être, se refuse-t-elle à s’avouer que des Lannister puissent être des victimes et que les Stark, à cause de ces deux assassinats, ne peuvent plus prétendre au camp du Bien et du Juste.
    Catelyn entreprend une substitution imaginaire des corps des garçons Lannister par ceux de Bran et Rickon : cette illusion visuelle rend tangible la mort de ses enfants. Que ce soit des corps Lannister qui lui donnent une forme sensible n’en est que plus ironiquement cruel. C’est aussi un macabre clin d’œil adressé au lecteur d’une part à la substitution de l’exécution de Bran et Rickon par celle des enfants du meunier et d’autre part à toutes les substitutions d’enfants morts ou vivants qui parcourent le récit : Jon, Arya, FAegon, Monstre.
    La description qu’elle donne des corps mutilés par les couteaux est marquée par le sang, une blancheur mortuaire et la pluie :

    Ses joues et son menton sous lesquels s’ouvraient les ravages rouges du coutelas. […] Ses bras tailladés avaient manifestement tenté de parer les coups, et, quoique la pluie l’eût à peu près débarbouillé, du rouge suintait encore lentement des plaies qui criblaient son torse, son ventre et son dos comme autant de bouches sans langue. […] Les gamins morts devaient leur teint blême à leur long emprisonnement, […] sur la blancheur soyeuse de leur peau, le sang était d’un rouge scandaleux.

    Le relecteur, à ces évocations macabres, ne peut que se projeter dans celle du cadavre blafard de Catelyn dénudée, égorgée et ruisselante d’eau, tirée de la Verfurque par Nymeria dans ASOS 66.
    Il faut noter que la première conséquence envisagée par Catelyn Stark est celle que pourraient subir les jeunes enfants qui lui restent sans envisager pour le moment les conséquences sur l’évolution du conflit.

    Déposeront-ils Sansa nue au pied du trône de fer après l’avoir tuée ? Aura-t-elle la peau aussi blanche, le sang aussi rouge ?

    Elle se refuse à nommer tout de suite les petits morts Lannister car le faire ce serait aussi concrétiser l’horreur des contrecoups à venir dans la suite du conflit.
    Le cycle de la vengeance est déjà bien assez angoissant et on appréciera la variante du mantra de Melisandre dans les pensées de Catelyn.

    Ses rêves à elle étaient sombres et enjolivés de terreurs. /Her own dreams were dark and laced with terrors.

    Ce qui ne présage rien de bon. Ce n’est pas comme si GRRM ne nous lançait pas des signaux que je n’ai jamais vu comme primo-lectrice.

    La vengeance d’un père, la folie d’un père
    Dans la Rhétorique, Aristote affirme que

    tout mouvement de colère est suivi d’un plaisir dû à l’espoir de se venger. Il est en effet agréable de penser qu’on obtiendra ce qu’on désire… Un certain plaisir suit la colère aussi parce qu’on vit mentalement sa vengeance : il se fait alors une représentation qui cause du plaisir, tout comme celle des songes.

    Sauf si ce désir est empêché ou frustré…
    Depuis la bataille du Bois-aux-Murmures, le personnage de Karstark est caractérisé par ces deux éléments : la souffrance qui le marque physiquement et le désir obsessionnel de vengeance sur Jaime Lannister.

    Faites comme le dit dame ma mère, ordonna Robb, et assurez-vous qu’il [Jaime] soit fortement gardé Lord Karstark va souhaiter voir sa tête sur une pique.
    Émacié, creusé par le chagrin de ses deux fils tués dans le Bois-aux-Murmures, lors Rickard, crasseux et hirsute. AGOT 64, Catelyn X.

    Cette description est reprise dans le chapitre 15 d’ASOS :

    Lord Rickard bouscula le Lard-Jon pour passer, tel un spectre lugubre avec sa maille noire et sa grande barbe grise hirsute.

    Le passage à l’acte ne peut souffrir d’obstacle, ainsi Karstark justifie-t-il le dommage collatéral de Delp et Elbois, les hommes d’Edmure :

    Il ne s’agissait pas d’un assassinat. […] Quiconque s’interpose entre un père et sa vengeance s’expose à mourir.

    De même, frustré par l’évasion de Jaime Lannister organisé par Catelyn Stark, le désir de vengeance se mue en passage à l’acte par un transfert sur deux innocents, pourtant coupables aux yeux de lord Rickard d’être de la même famille.

    Ces deux-là étaient de son engeance. Le sang seul peut payer le sang.

    Aux mots de Karstark qui juge la responsabilité de Catelyn dans l’évasion de Jaime (ASOS 15) :

    Une folie de mère ? explosa lors Karstark, moi, je l’appelle félonie.

    Répondent les mots de Robb :

    C’est de folie qu’il s’agit, de folie sanglante et d’assassinat.

    Doit-on être d’accord avec Rickard Karstark et considérer que Catelyn Stark porte elle aussi la responsabilité de la mort de Willem et Tion Frey ?

    C’est là son œuvre autant que la mienne.

    Catelyn elle-même s’en accuse :

    C’est ma faute. Ces deux garçons sont morts pour que mes filles vivent.

    Certes, Catelyn a participé involontairement à l’enchaînement des faits. Les deux garçons, victimes expiatoires, sont morts à la place de Jaime. Et sans doute Sansa (et Arya dans l’esprit de Catelyn) en auraient payé le prix.
    Il ne fait guère de doute qu’à la première occasion, Lord Karstark aurait cherché à tuer Jaime, sauf qu’on peut supposer que le Régicide aurait été davantage surveillé que les écuyers Lannister.
    Déjà à deux reprises, Karstark a montré son opposition en quittant les assemblées à grand fracas comme une répétition du départ définitif de ses troupes dans ce chapitre. (ACOK 8 et ASOS 15), lorsque Robb renvoie Cleos Frey avec une offre de paix et pour montrer sa fureur que Catelyn ait libéré Jaime Lannister.
    Catelyn ne peut être en aucune manière associée à la double faute de Karstark :
    – il a tué deux innocents.
    – Qu’il ait tué Willem et Tion ou Jaime ne change rien au fait qu’en s’arrogeant la vie de captifs, il a trahi son roi.
    C’est à partir du moment où Karstark met en cause Catelyn et récuse le mot « trahison » que l’atmosphère se tend encore plus jusqu’au point de non-retour, dans un incroyable échange où Karstark se lâche irrémédiablement en défiant Robb :

    C’est vous, ce meurtre. Vous, cette trahison.
    Comment tuer des Lannister peut-il être une trahison, quand ce n’est pas trahison de les délivrer. […] En guerre, on tue ses ennemis. Votre père ne vous a pas appris ça, p’tit gars. […]Oui, lord Omble, laissez-moi au roi. Il entend me savonner la tête avant de me pardonner. C’est ainsi qu’il en use avec la trahison, notre roi du Nord. » Il eut un sourire empoissé de rouge. « Ou bien me faudrait-il vous appeler, Sire, le roi qui perdit le Nord ?

    Certes Catelyn et Rickard ont tous deux enfreint la loi du roi dans un contexte de guerre mais l’accusé s’en tient uniquement à la qualification de l’acte (désobéir = trahir) sans tenir compte de la nature de l’acte et de ses intentions.
    Quant au terme p’tit gars qui renvoie Robb à son très jeune âge et à son inexpérience et à l’expression Le roi qui perdit le Nord, ils sont d’une incroyable violence parce que proférés en public pour blesser, ils n’en recouvrent pas moins la réalité.
    Que valent les victoires d’un roi qui a perdu son territoire ? On pourrait en dire autant de Stannis Baratheon, le roi qui perdit Accalmie et Peyredragon dans ADWD.

    La justice d’un roi

    Pour Robb, la seule réponse aux insultes de Karstark qui remettent en cause sa royauté même est une dureté aussi inexorable que la sienne. Une dureté d’homme du nord comme celle évoquée par Ned Stark dans les souvenirs de Catelyn :

    Le Nord est dur et froid, il ignore la miséricorde, avait dit Ned en lui présentant Winterfell, il y avait de cela mille ans.

    Avec en toile de fond sinistre, une ambiance de cataclysme à laquelle Catelyn et avec elle le lecteur ne peut s’empêcher d’attribuer une valeur prédictive :

    Au-dehors, le tonnerre grondait et explosait si fort que tout le château semblait vous crouler sur la tête. Est-ce le vacarme d’un royaume en train de s’effondrer ? s’interrogea Catelyn.

    Car c’est sur un banneret et sur ses féaux que la justice du roi va s’abattre.

    L’un des prisonniers s’affaissa sur les genoux. « Merci, Sire. J’ai tué personne, je montais juste la garde à la porte pour veiller s’y venait quelqu’un. »
    Robb rumina la chose un instant. « Connaissais-tu les desseins de lord Rickard ? As-tu vu les couteaux tirés ? As-tu entendu appeler au secours, crier, demander grâce ?
    – Ouais, tout ça, mais j’ai pas pris part. J’étais que le guetteur, je jure…
    – Lord Omble, dit Robb, celui-ci n’était que le guetteur. Pendez-le en dernier, qu’il guette la mort des autres.

    Robb a beau avoir été insulté devant tous, il conserve suffisamment de sang froid, malgré la colère, pour édicter une sentence pleine d’un cruel à-propos, dont je ne l’aurais pas cru capable.

    Il n’empêche que la défection des troupes Karstark porte un coup sensible à Robb, lors du Conseil privé avec Edmure, Brynden et Catelyn.

    Symboliquement c’est dans ce moment de désarroi, qu’il enlève sa couronne, comme s’il cessait d’être roi :

    Robb retira sa couronne et la déposa sur la première table à sa portée.

    Mais Robb n’abandonne jamais vraiment sa condition de roi ; même quand il ne porte pas sa couronne, il en garde la trace :

    Robb se frotta les tempes au point sensible où se voyait marquée l’empreinte de la couronne, au-dessus des oreilles.

    Chaque étape de sa réflexion s’accompagne d’une référence à la couronne :

    Je dois à leurs pères la vérité, dit Robb. Et justice. Cela aussi, je le leur dois. » Il contempla sa couronne, la lueur sombre du bronze sous le cercle d’épées de fer. « Lord Rickard m’a défié. Trahi. Je suis obligé de le condamner. Les dieux savent de quelle manière réagira l’infanterie Karstark qui se trouve avec Roose Bolton quand elle apprendra que j’ai exécuté son seigneur et maître pour forfaiture. Il faut avertir Bolton.

    L’exemple le plus frappant intervient après l’accès de quasi désespoir qui saisit Robb, lorsqu’il fait le constat qu’il peine à distinguer ceux qui sont ses alliés ou pas.

    Robb tendit les deux mains vers la lourde couronne de bronze et de fer, la souleva, se la reposa sur la tête et, soudain, fut roi de nouveau.

    Le sort prévisible de Karstark, un temps en balance, se joue à cet instant-là :

    Ils dormaient dans leur lit, nus et désarmés, dans une cellule où je les avais confinés. Rickard Karstark a assassiné plus qu’un Lannister et un Frey. Il a assassiné mon honneur. Je lui réglerai son compte à l’aube.

    À la relecture, on peut convoquer plusieurs figures au côté de Robb, lorsqu’arrive le moment de trancher la tête de Rickard Karstark :

    – Theon Greyjoy peinant à exécuter le maître piqueux Farlen à la hache
    – Ned Stark, bien sûr, par sa volonté d’exécuter lui-même la sentence
    – et par foreshadowing, Jon Snow exécutant Janos Slynt, qui, dans un parallèle avec Karstark, a remis en cause le commandement de Jon.

    Mais à la différence de son frère, Robb est durement éprouvé par cette exécution car Karstark ne meure pas comme Janos Slynt.

    Les dernières menaces du condamné jettent un froid, qu’il argue de sa lointaine parenté avec les Stark pour les maudire :

    Qu’ils soient anciens, qu’ils soient nouveaux, n’importe aux dieux, reprit Karstark, est entre tous maudit qui tue sa parenté.

    Ou bien qu’il lui dénie toute autorité sur lui.

    Tue-moi, et sois maudit. Tu n’es pas mon roi. 

    Arguments fallacieux car au fil des siècles les Stark doivent bien être en parenté avec les principales maisons du Nord et quoi qu’il dise, à l’heure de sa mort, Karstark est bien le sujet du Roi du Nord.

    Je vous laisse le soin de commenter le reste de ce très riche chapitre aux sanglants tourments shakespeariens qu’accompagnent le vacarme de la tempête et les flots furieux de la pluie.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #168211
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Après un chapitre à Port-Réal où on parle de Robb, on se téléporte auprès de Robb dans une ambiance de mort. Au début, je me disais que c’était Hoster mais en fait non, pas encore.

    J’avais oublié qu’on passait autant de temps sur les deux jeunes « Lannister » (ou assimilés) assassinés. Tout le monde est un peu embarrassé. Quand Edmure arrive, Catelyn lui adresse des reproches dans sa tête

    Were they good dreams, brother? Do you dream of sunlight and laughter and a maiden’s kisses? I pray you do.

    Puis ce sont les autres qui le brocardent. Sérieux, personne ne respecte Edmure, c’est dingue

    Tout le monde est embarrassé car il est dur de reprocher à lord Karstark ses actions sans mettre en regard la trahison de Catelyn. Sauf qu’il pousse très loin ses dires quand même

    Lord Karstark looked instead at Catelyn. “Tell your mother to look at them,” he said. “She slew them, as much as I.”

    Catelyn put a hand on the back of Robb’s seat. The hall seemed to spin about her. She felt as though she might retch.

    “My mother had naught to do with this,” Robb said angrily. “This was your work. Your murder. Your treason.”

    “How can it be treason to kill Lannisters, when it is not treason to free them?” asked Karstark harshly. “Has Your Grace forgotten that we are at war with Casterly Rock? In war you kill your enemies. Didn’t your father teach you that, boy?”

    Boy?” The Greatjon dealt Rickard Karstark a buffet with a mailed fist that sent the other lord to his knees.

    Robb est donc bien emmerdé. Il doit préserver son autorité mais ça va lui faire perdre un allié de poids. Et, formé par Papa, il va rendre la justice de manière égale (et aveugle). Même pour le guetteur qui plaide sa cause.

    “Lord Umber,” said Robb, “this one was only the watcher. Hang him last, so he may watch the others die.”

    Edmure tente de trouver des solutions mais est repoussé. Je ne sais pas s’il est à côté de la plaque mais il me parait avoir moins d’ego et chercher une solution un peu moins définitive ou dommageable.
    Donc Robb va exécuter son vassal. On aime le « stark » caché dans la phrase^^
    “I know what I said, Uncle. It does not change what I must do.” The swords in his crown stood stark and black against his brow.

    Le temps est exécrable pendant tout le chapitre, pour ajouter à l’ambiance. Rickard ne se démonte pas, chapeau à lui.

    Robb flung the poleaxe down in disgust, and turned wordless to the heart tree. He stood shaking with his hands half-clenched and the rain running down his cheeks. Gods forgive him, Catelyn prayed in silence. He is only a boy, and he had no other choice.

    On quitte la mort pour… ah non la retrouver, à savoir Hoster Tully. Le mestre dit que c’est bientôt fini. Catelyn y voit des signes

    “Yes,” the maester said, “but this battle he cannot win. It is time he lay down his sword and shield. Time to yield.”

    To yield, she thought, to make a peace. Was it her father the maester was speaking of, or her son?

    Et dans cette ambiance funèbre, arrive la bru qui veut se confier. Catelyn la reçoit amicalement (ça n’aime même pas l’air de lui faire trop mal alors que l’union met en danger la situation politique de Robb) et met bien la pression sur la présence d’un héritier

    “Jeyne,” she called after, “there’s one more thing Robb needs from you, though he may not know it yet himself. A king must have an heir.”

    The girl smiled at that. “My mother says the same. She makes a posset for me, herbs and milk and ale, to help make me fertile. I drink it every morning. I told Robb I’m sure to give him twins. An Eddard and a Brandon. He liked that, I think. We . . . we try most every day, my lady. Sometimes twice or more.” The girl blushed very prettily. “I’ll be with child soon, I promise. I pray to our Mother Above, every night.”

    Faut dire qu’il ne reste plus que ça à Robb pour aider sa situation
    Le chapitre se termine sur une note d’espoir pour le roi du Nord. J’y avais peut-être cru en primolecture….

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #168221
    Liloo75
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    Merci Ysilla pour cette belle analyse du chapitre de Catelyn.

    Il est vrai que l’on doit patienter un certain temps avant de connaître l’identité des deux victimes. Le relecteur sait de qui il s’agit. En première lecture, je ne me souviens plus si j’avais pressenti qu’il s’agissait des deux jeunes Lannister. Je pense plutôt que j’avais attendu que Catelyn lache l’information.

    Rickard Karstark est donc passé à l’acte. Il a vengé ses fils morts au Bois-aux-Mumures. Cela faisait longtemps qu’il la désirait sa vengeance. La libération de Jaime Lannister par Catelyn lui a donné l’opportunité de justifier son acte.

    Karstark se montre particulièrement dur envers Robb. Il a des mots qui sonnent comme un crime de lèse-majesté. Robb avait-il un autre choix que celui de condamner Rickard Karstark à mort ? Certes, il se sent trahi et humilie, mais il aurait sans doute pu trouver une autre voie. Tout le monde aime bien rabrouer Edmure Tully, comme le fait remarquer Gray. Mais son idée de faire de Rickard un prisonnier, un otage, n’est pas idiote. Tout au contraire, cela aurait permis à Robb de garder la cavalerie des Karstark, tout en les obligeant à lui obéir.

    L’exécution du seigneur de Karhold entraîne la débandade des hommes de Karstark. Robb pouvait-il se permettre de perdre une partie aussi stratégique de son ost ? D’autant plus que sa mère lui confirme qu’il ne faut rien espérer du côté du Val. Jamais Lysa ne prendra le risque d’intervenir dans cette guerre. Quant aux Frey, Robb les a déjà perdus. Mais il ne le sait pas encore. Tout au plus sait-on que Walder Frey n’a pas répondu à l’offre du roi du Nord.

    J’ai bien aimé ta comparaison avec l’exécution de Janos Slynt, par Jon Snow, lord Commandant de la Garde de Nuit. Il manie l’épée lui-même, comme son père le lui a enseigné. Mais les conséquences ne sont pas les mêmes. Slynt a désobéi publiquement à son lord Commandant. Il connaissait les règles. Tous les frères jurés les connaissent. Même ser Alliser decide de ne pas s’opposer à son arrestation. Slynt a pensé que la jeunesse de Jon Snow l’empêcherait de passer à l’acte. Une erreur fatale. Ses dernières paroles seront des supplications, et non pas une malédiction.

    J’ai noté également la pluie, et la météo désastreuse. C’est souvent le cas dans les chapitres de Catelyn, il pleut. Et ce sera pire encore dans le chapitre des noces pourpres. Ce sera la cause principale de leur retard aux Jumeaux.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #168232
    Ysilla
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    L’exécution du seigneur de Karhold entraîne la débandade des hommes de Karstark. Robb pouvait-il se permettre de perdre une partie aussi stratégique de son ost ?

    Je pense que le départ des troupes de Karhold a précédé l’assassinat de Willem et de Tion, d’après ce que raconte Brynden Tully.

     Les départs ont débuté à la tombée du jour, furtivement, un par un d’abord ou deux par deux, puis par groupes plus conséquents. Domestiques et blessés avaient reçu l’ordre d’entretenir les feux de camp pour que nul ne s’avise de rien, mais, quand ce déluge a débuté, la précaution devenait vaine.

    Robb est donc en présence d’une trahison mûrement réfléchie, depuis l’évasion de Jaime Lannister.
    Quelle que soit la sanction que le roi aurait infligée à Catelyn, s’il avait décidé d’en appliquer une, cela n’aurait, à mon avis, rien changé au problème : Rickard Karsark est obsédé par la vengeance qu’il comptait prendre sur Jaime Lannister et il considère que sa vie lui est due, dès après la bataille du Bois-aux-Murmures.
    Il manifeste son opposition dès qu’un soupçon d’amorce de paix entre Stark et Lannister pourrait se concrétiser.
    Dans AGOT 72, Stevron Frey évoque la possibilité d’une trêve et qui  proteste violemment et pour quelle raison ?

    Rickard Karstark de hurler : « Au diable vos rançons ! pas question de rendre le Régicide !

    Lorsqu’à son tour, Catelyn appuie la possibilité d’une paix, Karstark est on ne peut plus clair :

    – Vous incarnez le sexe tendre, ajouta lord Karstark d’un air ravagé. Le nôtre est altéré de vengeance.
    « La paix…, repartit Oncle Brynden. Une douce chose que la paix, dame…, mais sur quoi la fonder?[…]
    – A quoi rime la mort de mon Torrhen et de mon Eddard si je ne dois regagner Karhold qu’avec leurs os ? demanda Karstark.

    Karstark n’est bien sûr pas le seul à rejeter une paix possible avec le clan Lannister mais il est celui qui invoque la mort de ses fils comme argument et lorsque le Lard-Jon réclame l’indépendance du Nord, Karstark est le premier après lui à tirer son épée en faveur de Robb :

    « J’accepterai la paix dans ces conditions-là, dit lord Karstark. Qu’ils gardent leur château rouge et leur siège de fer. » Il tira son épée du fourreau. « Le roi du Nord », conclut-il en s’agenouillant aux côtés du Lard-Jon.

    Quelle est la raison de cette prompte adhésion ? Il a tout intérêt à ce que les Stark et les Lannister soient irréconciliables, afin de pouvoir tirer vengeance de Jaime Lannister.
    D’où sa violente opposition à la proposition de paix formulée par Robb dans ACOK 8 et déjà, Edmure (pas si bête) craint sa défection.

    Lord Karstark vient du nord, lui. Il serait fâcheux qu’il nous abandonne.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #168238
    Liloo75
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    Merci pour ces précisions Ysilla. Je n’avais pas mesuré à quel point Rickard Karstark avait planifié sa vengeance.

    Il fait évacuer ses hommes avant d’exécuter les neveux de Tywin Lannister. Il sait donc qu’il ne sera pas pardonné, et que ce qu’il s’apprête à commettre va être considéré comme une trahison.

    Seule compte à ses yeux la capture de Jaime Lannister. Et la vengeance de ses fils.

    Peu lui importe en revanche le sort de sa fille Alys, offerte en guise de récompense contre la tête de Jaime Lannister. La mort de Rickard va laisser Alys sans protection. Et la menace ne viendra pas des Lannister, mais de sa propre famille. Tonton Arnolf et ses plans machiavéliques. Mais cela c’est une autre histoire. Je note néanmoins qu’il lui faut à tout prix venger ses fils, mais que peu importe ce qu’il peut advenir de sa fille. Belle mentalité.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #168243
    RichardIII
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    Je pense que le départ des troupes de Karhold a précédé l’assassinat de Willem et de Tion, d’après ce que raconte Brynden Tully.

    Exact, ajoutons au demeurant que l’infanterie Karstark est en train de se faire zigouiller par Randyll Tarly. Les considérations politiques sur lesquelles Robb s’échine sont ironiquement inutiles, exécuter Karstark ne lui fera perdre aucun homme et aucun soutien.

    C’est peut-être bien le caractère tragique de l’évènement, avec sa fatalité. Robb a déjà perdu les Karstark, et en a partiellement conscience avec la fuite de la cavalerie. Il scelle leur défection avec le sang de leur seigneur mais il a raison sur l’impératif de son éxécution. Karstark l’a condamné à cette issue. On devine facilement que Kastark veut mourir. Il a enlevé sa cavalerie dont la peur de sa défection aurait pu faire hésiter Robb, il a insulté Robb, outragé sa royauté et insulté sa mère et jusqu’au bout s’est montré défiant. A aucun moment, il ne parle même de prendre le noir. Il voulait clairement mourir, et, inconsciemment voulait en quelque sorte se venger de Robb. D’où son accusation ridicule de malédiction par la parenté quand Kastark et Stark sont des cousins très éloignés. Robert avait tué son cousin au second degré sans avoir à subir ce genre d’absurdité.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années par R.Graymarch.
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