ASOS 48 – Arya IX

  • Ce sujet contient 4 réponses, 4 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par R.Graymarch, le il y a 1 année et 7 mois.
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    Emmalaure
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    ASOS 48 – Arya IX
    Au fil des pages – liste des sujets

    ASOS 47, Samwell III ASOS 49, Jon VI

    J’avais tellement pris d’avance pour la présentation de ce chapitre que j’ai oublié que c’était mon tour et il arrive donc avec une journée de décalage, j’en suis désolée !

    Pour ce chapitre d’Arya, je serai plus concise qu’à l’ordinaire (c’est vite dit, hein ^^), non pas qu’il n’y ait rien à en dire, mais ses enjeux ne se situent pas au niveau de l’intrigue globale : la traversée du trident par Arya et le Limier n’a effectivement aucun impact sur les actions en cours dans la saga, ni les Noces pourpres imminentes, ni la mort de Joffrey, ni la bataille du mur, ni l’occupation du Nord par les Fer-nés, ni le devenir de Stannis, ni… rien en fait. Du strict point de vue de l’intrigue, on pourrait s’en passer d’autant plus aisément qu’on sait qu’Arya est en errance dans le Conflans depuis bien longtemps et que… on en a déjà beaucoup soupé.

    Malgré cela, GRRM parvient encore une fois à instiller du suspense et à relancer notre intérêt : avec Arya, on se demande où Sandor Clegane compte l’emmener, et la traversée du Trident en crue constitue l’épisode survie du chapitre, juste après l’épisode survie à l’attaque des morts vivants du chapitre de Sam. Cependant, au-delà de cette « fausse action », le chapitre est important sur deux points, mis en valeur par la construction du récit interne au chapitre :

    – dans le développement psychologique des personnages, avec la relation entre Arya et Sandor, où deux êtres saturés de colère et animalisés apprennent malgré eux à se connaître.

    – dans le langage symbolique et l’ambiance générale qui prépare la tragédie des Noces pourpres et l’inscrit dans la mythologie de la saga.

    Le chapitre est construit en trois parties distinctes :

    – Alors qu’Arya et Sandor parviennent sur les rives d’un fleuve en crue, Arya profite de la recherche d’une façon à peu près sûre de le traverser pour revenir en pensées sur les quelques jours déjà passés avec son ravisseur et faire le point.

    – Arya et Sandor à bord d’une barge traversent le fleuve en crue.

    – Arya et Sandor, après une traversée épique, font une halte  et prennent le partage d’un repas frugal comme l’occasion d’un long dialogue entre les deux personnages. On ne peut pas dire que l’écoute soit parfaite entre ces deux-là, chacun ayant ses propres griefs à exposer, mais il y a une claire évolution par rapport au début du chapitre où le Limier ne laissait pas la parole à Arya et où il ne lui révélait rien de ses intentions :

    « It’s a river we need to cross, that’s all you need to know. » Clegane would answer her from time to time, but he had warned her not to talk back.

    1. Deux êtres en colère, la louve et le chien enragé

    Alors que nous sommes dans la tête d’Arya – encore sous le choc de son enlèvement par Sandor Clegane quand l’espoir de revoir enfin sa mère et son frère aîné restait à l’ordre du jour – nous voici à craindre avec elle un retour à Port-Real aux mains des Lannister. Peu importe que le lecteur sache à ce moment-là que Sandor est un déserteur, on peut aisément croire qu’Arya Stark serait son rachat dans les bonnes grâces de ses anciens maîtres. Arya n’a pas voix au chapitre, ici et son statut de prisonnière est durement rappelé dès le départ, comme si le Limier tenait la petite louve dans ses crocs de métal et ne la lâchait plus :

    Arya squirmed in the saddle and felt the links of the Hound’s mail digging into her back. His arms encircled her;

    Pas de barreaux ici, mais elle partage la selle du Limier qui la tient solidement contre lui (et son armure, ça doit faire mal !). Petite précision : la blessure reçue par Sandor lors de son combat contre Beric est encore loin d’avoir guéri, mais le fait qu’il ne s’en plaigne pas renforce l’impression d’inflexibilité de ce nouveau geôlier. Les flashbacks de la suite du récit confirment l’impossibilité pour Arya d’échapper au Limier.

    She had chosen to ride, but the first time they made camp she’d waited until she thought he was asleep, and found a big jagged rock to smash his ugly head in. Quiet as a shadow, she told herself as she crept toward him, but that wasn’t quiet enough. The Hound hadn’t been asleep after all. Or maybe he’d woken. Whichever it was, his eyes opened, his mouth twitched, and he took the rock away from her as if she were a baby.

    « Silencieuse comme une ombre », l’apprentissage de Syrio Forell ne lui sert pas à grand chose, pas plus que sa bonne connaissance des chevaux ne lui servira à voler Etranger, le cheval infernal qui n’obéit qu’à son seul maître. Elle est trop louve pour cela et y gagne le droit de dormir saucissonnée dans une gigoteuse improvisée avec une couverture de selle et des attaches, comme un bébé.

    Notre petite louve n’a pas sa liberté de mouvement et est également muselée :

    Clegane would answer her from time to time, but he had warned her not to talk back.

    (…)

    « Wipe your nose and shut your mouth, » he told her.

    (…)

    « How many times do I need to tell you to shut your bloody mouth? » He shook her so hard her teeth rattled, then let her fall.

    (…)

    Keep your mouth shut and do as I tell you, and maybe we’ll even be in time for your uncle’s bloody wedding.

    Les injonctions de Clegane nous montrent par contraste toute l’indocilité de la petite louve qu’il a capturée et ses tentatives soit d’attaque, soit d’évasion. Dans ce chapitre, la sauvagerie d’Arya est pleinement perceptible à travers l’expression de sa colère : Clegane ne se prive pas de l’appeler « she-wolf » ou « wolf bitch » et emploie des termes qui conviennent également aux animaux :

    And so do you, she-wolf. So stop whimpering and snapping at me, I’m sick of it.

    Occasionnellement, Arya ne parle pas, mais « crache » les mots (« spit ») :

    « No, » Arya spat back at him. « I’d like to kill you. »

    Elle s’enjoint d’être une louve, c’est sa manière d’assurer sa propre survie mentale puisque dans ce chapitre, sa perspective d’avenir est particulièrement sombre, croyant qu’elle va retourner dans les mains des Lannister, en particulier des cruels Cersei et Joffrey :

    She’d had enough of it stinging her eyes half-blind and washing down her cheeks like she was crying. Wolves never cry, she reminded herself again.

    Les loups ne pleurent pas, c’est le mantra d’Arya.

    Du côté de l’animalisation, Sandor Clegane n’est pas en reste, loin de là, et comme il est beaucoup plus âgé qu’Arya, sa colère est également présente depuis bien plus longtemps. L’ensauvagement du Limier passe par un emploi majoritaire de vocabulaire spécifique : il ne parle parle pas mais grogne ou gronde ou aboie (snarl, rumble…); dans les deux premières parties du chapitre, ses paroles sont principalement des injonctions ou des menaces, et enfin il jure.

    Ainsi, ce n’est pas seulement parce qu’il est un adulte et Arya une enfant qu’il a l’ascendant sur elle, mais parce qu’il joue sur le même terrain depuis plus longtemps, comme il l’explique à demi-mot dans la troisième partie du chapitre et faisant le parallèle entre lui qui hait son frère Gregor – le « preux chevalier » – et Arya qui haïrait sa soeur – la « princesse accomplie ».

    « Didn’t you ever have a brother you wanted to kill? » He laughed again. « Or maybe a sister? » He must have seen something in her face then, for he leaned closer. « Sansa. That’s it, isn’t it? The wolf bitch wants to kill the pretty bird. »

    C’est justement à l’occasion d’un repas partagé (après avoir mastiqué de la viande froide – avec la pluie, impossible d’allumer un feu pour se chaufer ou chauffer les aliments – on passe au dessert/fromage mais pas arrosé de vin !) que vient cette « révélation » et Sandor Clegane accepte alors de confier à Arya leur destination : ils ont traversé le Trident et non pas la Néra comme le croyait la petite fille au début du chapitre, et le Limier les emmène aux Jumeaux où il espère tirer au minimum une bonne rançon de sa prise, et peut-être s’engager au service du « Jeune loup » et avoir l’occasion de se venger de son frère Gregor. En effet, libéré de ses maîtres Lannister, le Limier laisse libre cours à cette haine de son frère et tout ce qu’il représente, une haine qui englobe le monde des chevaliers et les valeurs prônées mais baffouées allègrement par ceux-ci : ainsi, pour traverser le Trident, il paye le passeur en « honneur de chevalier », c’est-à-dire avec une promesse sur papier que personne ne sera en mesure de tenir (a priori, mais avec GRRM et ses personnages, on n’est jamais à l’abri de surprises) :

    The man squinted down at the parchment. « Writing. What good’s writing? You promised gold. Knight’s honor, you said. »

    « Knights have no bloody honor. Time you learned that, old man. »

    Au passage, si on se souvient bien, le Seigneur la Foudre avait promis à Arya de la ramener chez elle sur son honneur de chevalier :

    « Do you swear? » she asked him. Yoren had promised to take her home too, only he’d gotten killed instead.

    « On my honor as a knight, » the lightning lord said solemnly. (Arya VII, ASOS)

    Nos deux colériques se découvrent une sorte de parenté psychologique et Sandor sait gré à Arya de ne pas détourner les yeux lorsqu’elle regarde son visage. Ils peuvent au moins devenir des alliés de circonstances, à défaut d’autre chose. Pourtant, cette histoire d’honneur de chevalier devrait nous alerter à nouveau sur l’impossibilité pour Arya de retrouver sa famille : Yoren avait échoué, Beric Dondarrion n’y a pas réussi, qu’en sera-t-il de Sandor Clegane ?

     

    2. L’enfer noyé

    Le chapitre s’ouvre sur un juron/malédiction de Sandor Clegane et la vision en surplomb d’un paysage noyé, sous un ciel chargé d’une pluie meurtrière :

    The rain was falling from a black iron sky, pricking the green and brown torrent with ten thousand swords.

    Les Pluies de Castamere se sont invitées peu à peu dans plusieurs chapitres précédents (Tyrion, Jaime, Arya), mais si elles ne sont pas citées expressément ici, le lien entre la pluie et une mort violente est explicite, et j’ajouterai un lien avec le trône de fer fabriqué avec les épées fondues des adversaires d’Aegon le Conquérant.

    The tops of half a hundred trees poked up out the swirling waters, their limbs clutching for the sky like the arms of drowning men.

    Arya voit les arbres comme des hommes qui se noient, appellent à l’aide mais sont impuissants à se sortir du massacre.

    Thick mats of sodden leaves choked the shoreline, and farther out in the channel she glimpsed something pale and swollen, a deer or perhaps a dead horse, moving swiftly downstream. There was a sound too, a low rumble at the edge of hearing, like the sound a dog makes just before he growls.

    L’évocation funèbre se poursuit, avec la vision de corps noyés (des animaux – croit-elle deviner), qui anticipe le corps noyé de Catelyn que repêchera Nymeria habitée par Arya. Le son discret perceptible participe de cette ambiance très inquiétante et ses interprétations sont multiples : symboliquement, il peut représenter la colère pour le moment contenue du Limier (il est occupé à chercher un moyen de traverser), mais aussi la menace de Gregor Clegane qui plane toujours sur le Conflans, et partant de là la main menaçante de Tywin Lannister. Si les Frey ne sont pas assimilés à des chiens ou des loups, la révolte gronde chez quelques vassaux du Jeune Loup, et deux d’entre eux – les fouines Frey et l’écorcheur de loups Bolton – s’apprêtent à frapper fort. On peut encore y voir la voix étouffée du loup Stark, ravalé au rang de chien domestique (à écarter et enchaîner comme on fait avec les chiens dangereux) à travers Vent Gris, depuis le mariage entre Jeyne Ouestrelin et Robb Stark : Robb et Vent Gris seront mis à mort, mais en tant que change-peau, on peut se demander ce qu’il va advenir de leur « esprit ».

    Plus loin encore et parce que la pluie tombe d’un ciel de fer noir – matière starkienne et couleur de la Garde de Nuit et des corneilles – je formule l’hypothèse d’un nouvel indice sur l’histoire ancienne (et le futur) de Westeros, avec un très vieil « esprit de loup » (un change-peau) pour le moment toujours emprisonné dans et sous les murs de Winterfell, mais qui ne demande qu’à se libérer (et qui a sûrement pu ruminer sa colère pendant des milliers d’années…).

    La pluie est liée au deuil et aux larmes lorsqu’ Arya les assimile à des pleurs et se force à se rappeler que les « loups ne pleurent pas » :

    At least the rain was at their backs this way. She’d had enough of it stinging her eyes half-blind and washing down her cheeks like she was crying. Wolves never cry, she reminded herself again.

    Cette image des pleurs refusés ou des pleurs qui noient est par ailleurs attachée à des personnages féminins, en particulier des reines-mères : la légendaire Alyssa Arryn avec sa cascade les Larmes d’Alyssa (Catelyn fait le lien entre elle et Alyssa dans AGOT; le lien sera implicite avec Lysa à la fin d’ASOS, par rapport à l’usage des larmes de Lys(a) ), Daenerys qui refuse de pleurer sur ses différents enfants (mais fait pleuvoir le feu des dragons) et Cersei pour laquelle ce sera explicite dans AFFC avec la découverte de la prophétie où elle doit se noyer dans ses propres larmes.

    Pour le dire en résumé : tous les éléments symboliques de la future tragédie sont en place et Arya sera impuissante à sauver sa mère et son frère, même en étant sur place.

    D’autre part, dans ce chapitre, en franchissant un fleuve avec le Limier – sorte de chien gardien des Enfers qui monte un cheval rétif portant le nom de la divinité de la mort – Arya franchit une nouvelle étape vers le centre du royaume des morts : dans la troupe de Beric Dondarrion, elle restait dans les limbes, entre la vie et la mort, dans une sorte d’errance perpétuelle, d’abord à la recherche de l’insaisissable « roi des morts » puis à celle de sa mère. Après sa capture par la Fraternité sans bannière, elle n’avait pas franchi de fleuve ni pris le bateau.

    Dans ce chapitre, le franchissement du fleuve est l’action principale. Arya le prend pour la Nera, en vo c’est Blackwater (eau noire), et si cela donne un suspense supplémentaire à l’action immédiate (non Arya, ne retourne pas à Port Real !!!), il me semble que le choix n’est pas non plus innocent littérairement : dans la lignée du Winterfell emprisonnant, on retrouve bien dans le château du Nord une eau noire et froide, celle de l’étang au pied de l’arbre coeur, dont le fond a été sondé par Osha sans succès pour le moment (à titre personnel, je reste dans l’idée que c’est là que se trouve le coeur de l’hiver – dans ce barral et l’étang à ses pieds, mais c’est une autre histoire); et à l’opposé du noir, on trouve au nord un fleuve d’une autre sorte : le Mur de glace qui trace une frontière entre la forêt hantée et le reste du monde, qui est gardé par des hommes en noir prisonniers de leur serment et qui pleure occasionnellement. Le chapitre d’Arya suit par ailleurs immédiatement un chapitre de Sam où celui-ci erre dans la Forêt hantée sans parvenir à trouver le Mur pour le franchir (mais à la fin, il est sauvé par le mystérieux Mains-froides et servira ensuite de passeur pour Bran), et est suivi par le chapitre de Jon où celui-ci revient dans sa « prison » de glace, fidèle à son serment et son manteau noir (après qu’il a aidé les Sauvageons à franchir le Mur). Dans le chapitre d’Arya, on croise d’autres passeurs, prisonniers momentanés de leur tour en partie noyée :

    The town was drowned and desolate. The rising waters had overflowed the riverbanks. All that remained of Harroway town was the upper story of a daub-and-wattle inn, the seven-sided dome of a sunken sept, two-thirds of a stone roundtower, some moldy thatch roofs, and a forest of chimneys.

    But there was smoke coming from the tower, Arya saw, and below one arched window a wide flat-bottomed boat was chained up tight.

    (…)

    when the Hound cupped his hands around his mouth and shouted two men came spilling out. A third appeared in the window of the roundtower, clutching a loaded crossbow.

    Le seigneur qui tient cette tour (et accessoirement la ville noyée) s’appelle Racin, en vo c’est « Roote », en rapport avec les racines, ce qui permet de rester dans le registre arboré… je pense en particulier aux barrals (celui de Fort Nox qu’on découvrira plus tard, par exemple), mais aussi aux autres arbres « sentinelles » sur les bords du mur (et peut-être également à l’intérieur du Mur, comme pourrait le suggérer une des légendes racontée lors du prochain et dernier chapitre de Bran). Le bateau a deux têtes de proue, une à l’avant, une à l’arrière – forcément c’est une barge pour voyager dans les deux sens, en temps normal.

    Une fois sur le bateau, la taversée nous plonge dans le monde des enfers et il n’y a pas que la nuit qui se montre plein de terreur. Cela commence avec la cabine dans laquelle Arya ne reste pas :

    “Get in there and get dry, like the man said.”

    Arya did as she was told. The big iron brazier was glowing red, filling the room with a sullen suffocating heat. It felt pleasant to stand beside it, to warm her hands and dry off a little bit, but as soon as she felt the deck move under her feet she slipped back out through the forward door.

    Le brasero rougeoyant est une image attachée à Melisandre et ses tours. Si Arya ne la connaît pas et semble dans un premier temps s’accomoder de la sensation d’étouffement parce qu’au moins elle est au sec et au chaud, les mouvements du bateau la font glisser au dehors. La phrase en vo laisse l’ambiguïté : est-ce qu’Arya est volontairement sortie de la cabine pour voir, ou bien est-ce que le mouvement du bateau lui a fait perdre l’équilibre et l’a projetée hors de la cabine et de son confort minimal ? En tous les cas, une fois dehors, elle préfère voir que retourner à l’intérieur.

    Après avoir évité quelques obstacles – des bouts de constructions noyées – ils arrivent dans le « coeur » du fleuve, là où le courant est plus fort :

    Once they were beyond the town and out in the river proper, the current grew much stronger.

    (Un jour, peut-être, je ferai un truc sur les « strong » et les « stark » dans la saga, hum hum)

    … et où il est bien plus dangereux, puisqu’il s’agit d’un combat où il n’y a pas que les hommes qui sont enragés :

    The oarsmen were rowing more vigorously now, fighting the rage of the river. Leaves and broken branches swirled past as fast as if they’d been fired from a scorpion.

    Et puis, on est sur le terrain de jeu de « divinités » :

    It was windier out here, too. Whenever she turned to look upstream, Arya got a face full of blowing rain.

    Pauvre Arya qui se fait cracher à la figure par un dieu ou une déesse des tempêtes qui en plus n’a pas de nom. Pour finir, un monstre fait son apparition et fait payer aux hommes leur outrecuidance :

    Then she saw it: an uprooted tree, huge and dark, coming straight at them. A tangle of roots and limbs poked up out of the water as it came, like the reaching arms of a great kraken.

    Tu l’as vu le dieu noyé avec ses grandes tentacules ? En vrai, la saga ne dit pas si le dieu Noyé ressemble à un kraken (ou s’il était un change-peau/vervoyant préférant les bestioles marines), mais il semble qu’il ait eu maille à partir avec un(e) qui préférait les airs. En tous les cas, ici, l’assimilation avec un arbre est explicite ce qui me fait m’interroger sur la présence de cette métaphore dans un chapitre d’Arya. Considérant que GRRM ne laisse que peu de choses au hasard, je me permets d’y voir un indice pour le futur d’Arya : sa route croisera forcément celle des Greyjoy, je mise sur le futur monstrueux partenaire de la dragonne Daenerys (je ne mets pas de nom à dessin parce qu’on entre dans le champ d’autres hypothèses à lire/développer sur d’autres topics).

    Comme dans ses rêves de Winterfell qu’Arya n’atteint jamais, la barge n’atteindra pas son port habituel d’attache :

    Through the grey haze of rain Arya could make out a tall stone pillar on the far shore that surely marked the ferry landing, but no sooner had she seen it than she realized that they were being pushed away from it, downstream.

    Ce n’est pas la boue qui l’empêche d’avancer, mais comme dans un de ses rêves où une brume fait disparaître peu à peu le château, une « brume de pluie » la sépare du pilier de pierre marquant le port, et le fort courant l’en éloigne. Le fleuve lui-même, dont l’eau est marron et boueuse, constitue un obstacle entre elle et son foyer.

    Finalement, le bateau échouera bien de l’autre côté du rivage, mais beaucoup plus loin que prévu, comme si c’était le propre d’Arya de prendre des chemins de traverse et d’errer à l’aveuglette.

    En conclusion, bien que ce chapitre d’Arya n’ait aucune influence immédiate sur les autres actions en cours, il reste haletant dans l’action et riche de significations. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’il soit un petit battement d’aile de papillon aux conséquences encore lointaines mais bien plus vaste que l’ensemble ne laisse présager. Quoiqu’il en soit, GRRM prouve là encore qu’il maîtrise son art de la mise en scène.

    #177956
    R.Graymarch
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    Un chapitre sans doute plus haletant en première lecture. Le but du chapitre est de nous raconter ce qu’il s’est passé pour Arya et Sandor (et des partages d’info antérieures), et bien sûr la fin, le plan de Sandor

    En gros, Arya est redevenue une petite fille, littéralement un paquet qu’on transporte. Elle n’a aucune idée des lieux (la Néra) ni de ce que Sandor veut faire d’elle (l’amener à Joffrey) même si sur ce point, c’est sans doute logique dans sa tête vu qu’elle ne sait pas que Sandor a fui la capitale, et le roi. Elle tente de s’échapper mais n’y arrive jamais (il est fort, ce Sandor). Et même la monture de Sandor (qui a bizarrement le même nom que le dieu « oublié » par Samwell dans sa comptine) est contre elle.

    Le passage le plus marquant est près d’Herpivoie. J’avais complètement oublié. Il y a un passeur (je vous laisse vous aventurer vers tout ce que ça peut représenter… jusqu’à Charon 😀 ) qui propose de traverser. Sandor négocie habilement en jouant sur l’intimidation.

    “It will cost you a gold piece. Another for the horse. A third for the boy.”

    “Three dragons?” Clegane gave a bark of laughter. “For three dragons I should own the bloody ferry.”

    “Last year, might be you could. But with this river, I’ll need extra hands on the poles and oars just to see we don’t get swept a hundred miles out to sea. Here’s your choice. Three dragons, or you teach that hellhorse how to walk on water.”

    “I like an honest brigand. Have it your way. Three dragons . . . when you put us ashore safe on the north bank.”

    “I’ll have them now, or we don’t go.” The man thrust out a thick, callused hand, palm up.

    Clegane rattled his longsword to loosen the blade in the scabbard. “Here’s your choice. Gold on the north bank, or steel on the south.”

    3 dragons d’or, ça fait cher quand même… Ah, GRRM et les prix, tout un poème ^^

    Sandor ment mais Arya qui a tout capté se tait. Une petite fille.. qu’on prend pour son fils. Sandor est sacrément malin en répondant « Knight’s honor », on le verra ensuite (il aura beau jeu de dire qu’en fait il ne parlait pas de lui^^)

    Étranger est peu commode aussi sur la barque. Il y a un petit feu bien sympathique au milieu d’un environnement très hostile.  Arya envisage d’échapper à Sandor par la voie des eaux. Pas longtemps

    If I jumped over the side, the river would wash me away before the Hound even knew that I was gone. She looked back over a shoulder, and saw Sandor Clegane struggling with his frightened horse, trying to calm him. She would never have a better chance to get away from him. I might drown, though. Jon used to say that she swam like a fish, but even a fish might have trouble in this river. Still, drowning might be better than King’s Landing. She thought about Joffrey and crept up to the prow. The river was murky brown with mud and lashed by rain, looking more like soup than water. Arya wondered how cold it would be. I couldn’t get much wetter than I am now. She put a hand on the rail.

    But a sudden shout snapped her head about before she could leap. The ferrymen were rushing forward, poles in hand. For a moment she did not understand what was happening. Then she saw it: an uprooted tree, huge and dark, coming straight at them. A tangle of roots and limbs poked up out of the water as it came, like the reaching arms of a great kraken. The oarsmen were backing water frantically, trying to avoid a collision that could capsize them or stove their hull in. The old man had wrenched the rudder about, and the horse at the prow was swinging downstream, but too slowly. Glistening brown and black, the tree rushed toward them like a battering ram.

    It could not have been more than ten feet from their prow when two of the boatmen somehow caught it with their long poles. One snapped, and the long splintering craaaack made it sound as if the ferry were breaking up beneath them. But the second man managed to give the trunk a hard shove, just enough to deflect it away from them. The tree swept past the ferry with inches to spare, its branches scrabbling like claws against the horsehead. Only just when it seemed as if they were clear, one of the monster’s upper limbs dealt them a glancing thump. The ferry seemed to shudder, and Arya slipped, landing painfully on one knee. The man with the broken pole was not so lucky. She heard him shout as he stumbled over the side. Then the raging brown water closed over him, and he was gone in the time it took Arya to climb back to her feet. One of the other boatmen snatched up a coil of rope, but there was no one to throw it to.

    Maybe he’ll wash up someplace downstream, Arya tried to tell herself, but the thought had a hollow ring. She had lost all desire to go swimming.

    Le bateau débarque et Sandor paie en monnaie de singe. C’était malin de sa part

    “Writing. What good’s writing? You promised gold. Knight’s honor, you said.”

    “Knights have no bloody honor. Time you learned that, old man.” The Hound gave Stranger the spur and galloped off through the rain. The ferrymen threw curses at their backs, and one or two threw stones. Clegane ignored rocks and words alike, and before long they were lost in the gloom of the trees, the river a dwindling roar behind them. “The ferry won’t cross back till morning,” he said, “and that lot won’t be taking paper promises from the next fools to come along. If your friends are chasing us, they’re going to need to be bloody strong swimmers.”

    Et c’est là qu’on a des révélations mutuelles. Sandor déteste son frère, Arya connait ce dernier : il la détenait sans le savoir. Sandor a aidé Sansa.

    “Caught you? My brother caught you?” That made him laugh, a sour sound, part rumble and part snarl. “Gregor never knew what he had, did he? He couldn’t have, or he would have dragged you back kicking and screaming to King’s Landing and dumped you in Cersei’s lap. Oh, that’s bloody sweet. I’ll be sure and tell him that, before I cut his heart out.”

    Et donc le plan de Sandor

    “You think your outlaw friends are the only ones can smell a ransom? Dondarrion took my gold, so I took you. You’re worth twice what they stole from me, I’d say. Maybe even more if I sold you back to the Lannisters like you fear, but I won’t. Even a dog gets tired of being kicked. If this Young Wolf has the wits the gods gave a toad, he’ll make me a lordling and beg me to enter his service. He needs me, though he may not know it yet. Maybe I’ll even kill Gregor for him, he’d like that.”

    “He’ll never take you,” she spat back. “Not you.”

    “Then I’ll take as much gold as I can carry, laugh in his face, and ride off. If he doesn’t take me, he’d be wise to kill me, but he won’t. Too much his father’s son, from what I hear. Fine with me. Either way I win. And so do you, she-wolf. So stop whimpering and snapping at me, I’m sick of it. Keep your mouth shut and do as I tell you, and maybe we’ll even be in time for your uncle’s bloody wedding.”

    Tout le monde se rassemble, comme par hasard ^^ Un chapitre qui sert surtout à faire avancer l’intrigue

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #178175
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Merci Emmalaure pour la présentation. J’ai beaucoup aimé l’analogie avec la traversée des Enfers par Charon pour ce chapitre. J’ajoute que Cerbère, le chien des enfers, a trois têtes et rappelle le blason des Clegane. Charon réclame aussi un paiement en or pour faire passer les vivants dans son bac.

    C’est un chapitre où l’on reprend espoir : au début Arya pense aller vers Port-Réal et devenir captive de la Reine et son seul espoir est d’être rattrapée par les gentils hors-la-loi. La pluie est battante et innonde tout.

    A la fin du chapitre, quand la pluie se calme, les révélations autour du repas sont très encourageantes : Arya va aux Jumeaux où elle va retrouver sa mère et son frère, et Sandor Clegane va se mettre au service des Stark, rappelant Robert d’Artois qui rejoint le Roi d’Angleterre dans la saga les Rois Maudits. A rebours de ce que suggèrent ses paroles revêches, Sandor se révèle un vrai chevalier, sauvant l’orpheline (et comme pour  Sansa : parfois malgré elle).

    #178391
    monnier403
    • Éplucheur avec un Économe
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    Merci pour ce chapitre. Je n’avais pas fait le lien avec Charon le passeur mais quand tu l’écris, Darkdoudou, c’est évident. Merci pour cette référence. En première lecture, j’avais un peu peur pour Arya. Moins à cause de Sandor que du fait de sa position précaire, en plein conflit. Quand on apprend la destination finale, c’est vrai que cela redonne de l’espoir. Pour Arya bien sur mais aussi pour son « clan » (son frère, sa mère, ses oncles, etc.) Même si j’avais vu la série avant de passer aux livres, le « cheminement » vers le terrible mariage est très bien montré par l’auteur.

    On continue de voir les désastres de la guerre et d’étudier la relation du Limier avec Arya. Vu leurs « débuts » cela ne va pas sans mal mais peu à peu, les deux montrent qu’ils se ressemblent quand même beaucoup : ils ont du caractère, ne sont pas abusés par des « contes », sont des puinés, ont bien morflé l’un comme l’autre et savent que la vie ne se peut résumer en chansons.

     

    #178393
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9925

    Je n’avais pas fait le lien avec Charon le passeur mais quand tu l’écris, Darkdoudou, c’est évident.

    C’était moi !^^ Et c’était pas totalement sérieux tellement c’est tarte à la crème dès qu’on met un passeur dans une histoire

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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