"In the name of the warrior" etc. – un équivalent historique?

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  • Ce sujet contient 15 réponses, 7 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Tizun Thane, le il y a 4 années et 11 mois.
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  • #83098
    werewolf
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    Donc ceci est une question qui s’addresse aux experts/historiens ici qui ont aussi maté l’épisode 2

    Donc connaissent désormais les paroles des voeux du chevalier dans la tradition Westerosi:

    in the name of the warrior I charge you to be brave

    in the name of the father I charge you to be just

    in the name of the mother I charge you to defend the innocent

     

    Trop bien ces paroles un peu du style « arthurien » qui d’ailleurs représentent bien les valeurs d’un paladin comme Brienne (un des rares chevaliers qui prend ses voeux au sérieux)

    Et ma question était de savoir s’il existait un équivalent en Angleterre ou Europe médiévale (basée sur la foi chrétienne donc, vu que la « septinité » du « faith of the seven » westerosi s’en inspire)

    genre « au nom du père/fils/saint esprit je te charge de protéger les innocents » etc.

     

    PS. le plus proche que j’ai pu trouver est le « ancient oath of the knight » (ancien voeu du chevalier) qui lui met l’accent uniquement sur la loyauté ie. obéir à son seigneur, jurer allégiance à son roi etc. et ça évidemment je m’en tape car ça traite de l’aspect « légal » (contrairement à l’aspect « moral » des voeux du chevalier westerosi)

     

     

    #83103
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Les lecteurs connaissent déjà ce serment. La série fait ici un clin d’œil aux Aventures de Dunk et l’Œuf (Le chevalier errant plus précisément) qui donnent la formule complète.

    Il [Lyonel Baratheon] tira son épée et écarta Dunk d’une bourrade.
    « Raymun de Fossovoie, commença-t-il solennellement en posant la lame sur l’épaule droite de l’écuyer, au nom du Guerrier, je te demande d’être brave. »
    L’épée passa sur l’épaule gauche.
    « Au nom du Père, je te demande d’être juste. »
    Retour sur la droite.
    « Au nom de la Mère, je te charge de défendre le faible et l’innocent. »
    La gauche.
    « Au nom de la Damoiselle, je te charge de protéger toute femme… »

    Il est curieux que la série se soit dispensée de la dernière invocation, pourtant particulièrement adéquate avec Brienne, la damoiselle chevalier.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #83104
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Cela semble inspiré de deux des quatre vertus cardinales, très mises en avant dans la philosophie de l’Antiquité et du Moyen Âge, soit de Platon à d’Aquin : la prudence, le courage, la tempérance et la justice.

    #83108
    werewolf
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Les lecteurs connaissent déjà ce serment. La série fait ici un clin d’œil aux Aventures de Dunk et l’Œuf (Le chevalier errant plus précisément) qui donnent la formule complète.

    Il [Lyonel Baratheon] tira son épée et écarta Dunk d’une bourrade. « Raymun de Fossovoie, commença-t-il solennellement en posant la lame sur l’épaule droite de l’écuyer, au nom du Guerrier, je te demande d’être brave. » L’épée passa sur l’épaule gauche. « Au nom du Père, je te demande d’être juste. » Retour sur la droite. « Au nom de la Mère, je te charge de défendre le faible et l’innocent. » La gauche. « Au nom de la Damoiselle, je te charge de protéger toute femme… »

    Il est curieux que la série se soit dispensée de la dernière invocation, pourtant particulièrement adéquate avec Brienne, la damoiselle chevalier.

    En effet mais peut-être dans le contexte actuel (le thème de l’égalité – Brienne aussi est une femme, mais elle est plus forte que la plupart des hommes et c’est elle qui est en mesure de les protéger lol) ils ont préféré éviter le dernier vers

    Sans compter que les Sand Sisters étaient aussi des femmes, Cersei aussi etc.

     

    Sinon quid des autres aspects? par exemple « au nom du Forgeron je te charge de bien entretenir ton épée » ^^ etc.

    Cela semble inspiré de deux des quatre vertus cardinales, très mises en avant dans la philosophie de l’Antiquité et du Moyen Âge, soit de Platon à d’Aquin : la prudence, le courage, la tempérance et la justice.

    C’est un début 🙂

     

    Y a eu un serment s’inspirant de ces valeurs justement? C’est ça que je cherche

    #83111
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Je viens de consulter un bouquin de vulgarisation écrit par une prof d’histoire : Histoire du Moyen-Âge, les mots-clés  de Madeleine Michaux.

    Voici ce que j’ai trouvé sur la cérémonie de l’adoubement :

    À l’origine, il s’agit seulement pour le futur combattant de recevoir d’un parrain, déjà lui-même adoubé, son épée, son baudrier et ses éperons. Puis le parrain le frappe à la base du cou. Ce rituel, d’origine germanique, paraît un peu trop païen à l’Église qui ajoute aux cérémonies des aspects clairement religieux : bain de purification, nuit de prière à l’église, bénédiction de l’épée. À partir du XIIIe siècle, le chevalier n’est plus un simple combattant, c’est aussi un « soldat du Christ ». Les cérémonies étant très coûteuses, les vassaux devaient aider financièrement un suzerain lors de l’adoubement de son fils.

    Pas de trace de serment ?

    et dans un livre plus pointu : Histoire de France / Féodalités 888-1180 par le normalien Florian Mazel :

    Au XIIe siècle, la cérémonie de l’adoubement, ce rituel d’entrée en chevalerie, commence à nous être mieux connue et revêt, elle aussi, toutes les apparences d’une fête. Comme le souligne le Livre des manières d’Étienne de Fougères (vers 1175), ancien chapelain d’Henri II Plantagenêt, mais aussi un édit de Frédéric Barberousse (1186), il s’agit d’un rite aristocratique, car la chevalerie est réservée à la noblesse. Les évocations les moins vagues concernent d’ailleurs les princes : les futurs Philippe Ier et Louis VI, mais aussi et surtout Geoffroy Plantagenêt, dont l’adoubement en 1128 et les festivités qui l’accompagnent, ordonnées par le roi Henri Ier Beauclerc, nous sont rapportés par Jean de Marmoutier vers 1180. L’adoubement possède toujours plusieurs sens, entremêlant subtilement rite d’intégration au groupe des chevaliers, accession à la majorité et investiture d’un pouvoir. Il concerne souvent plusieurs individus de concert, manifestant leur intégration au sein d’un groupe générationnel des nobles du pays, d’une patria locale ou régionale. Au cœur de la cérémonie figure bien sûr la remise de ses armes (l’épée, le baudrier, les éperons) au jeune chevalier : le verbe adouber, issu de la langue vulgaire et dont l’usage se répand à partir de la fin du XIe siècle, signifie d’ailleurs armer ou équiper. Celui qui remet les armes est en général celui auprès duquel le futur chevalier avait effectué, à l’extérieur de la maisonnée paternelle, son apprentissage technique et moral : un oncle, le plus souvent maternel dans une société hypergamique, un prince, le parrain, l’adoubement tissant ou renforçant une forme de parenté spirituelle entre les deux hommes. L’adoubement vient parfois redoubler une relation féodale, d’où la synonymie fréquente entre chevalier et vassal, dans les pays du nord notamment. Il s’agit pendant tout le XIIe siècle d’une cérémonie profane et il faut attendre l’extrême fin du siècle pour qu’apparaissent, par exemple dans l’Histoire des comtes de Guînes de Lambert d’Ardres (vers 1194-1206), les premières mentions d’une veillée de prière, de célébration d’une messe, voire d’une bénédiction des armes, attestant des efforts de l’Église pour s’approprier un rituel qui lui échappe.

    Toujours aucune trace de serment.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #83130
    werewolf
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Je viens de consulter un bouquin de vulgarisation écrit par une prof d’histoire : Histoire du Moyen-Âge, les mots-clés de Madeleine Michaux. Voici ce que j’ai trouvé sur la cérémonie de l’adoubement :

    Toujours aucune trace de serment.

    arf dommage

     

    Mais bizarre aussi – normalement ce que fait GRRM s’inspire de faits réels.

    Genre le « faith of the seven » s’inspire du christianisme & la trinité etc.

    D’autre part comment le chevalier est-il censé connaitre les vertus & idéaux qu’il doit défendre si on ne les lui dit pas lors de l’adoubement?

    #83135
    Crys
    • Terreur des Spectres
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    Les lecteurs connaissent déjà ce serment. La série fait ici un clin d’œil aux Aventures de Dunk et l’Œuf (Le chevalier errant plus précisément) qui donnent la formule complète.

    Il [Lyonel Baratheon] tira son épée et écarta Dunk d’une bourrade. « Raymun de Fossovoie, commença-t-il solennellement en posant la lame sur l’épaule droite de l’écuyer, au nom du Guerrier, je te demande d’être brave. » L’épée passa sur l’épaule gauche. « Au nom du Père, je te demande d’être juste. » Retour sur la droite. « Au nom de la Mère, je te charge de défendre le faible et l’innocent. » La gauche. « Au nom de la Damoiselle, je te charge de protéger toute femme… »

    Il est curieux que la série se soit dispensée de la dernière invocation, pourtant particulièrement adéquate avec Brienne, la damoiselle chevalier.

    C’est l’équivalent de la référence au bouclier dans le livre mais en version tv j’imagine 🙂

    #83155
    Ysilla
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    Mais bizarre aussi – normalement ce que fait GRRM s’inspire de faits réels. Genre le « faith of the seven » s’inspire du christianisme & la trinité etc. D’autre part comment le chevalier est-il censé connaitre les vertus & idéaux qu’il doit défendre si on ne les lui dit pas lors de l’adoubement?

    Plutôt que de la réalité vraie, GRRM ne se cache pas de s’inspirer plutôt de l’imagerie que véhicule un Moyen-âge « redécouvert » au XIXème siècle dans la foulée du mouvement romantique + de l’interprétation déjà idéalisée qu’en offraient  les romans de chevalerie autour desquels a beaucoup brodé l’imaginaire du XIXème.

    Voici un exemple de Leighton (1901) : adoubement fantaisiste (j’allais dire de Fantasy) dont la puissance évocatrice parle beaucoup plus à notre imaginaire que l’adoubement historique – si on inverse les rôles, on a Jaime et Brienne :

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    #83175
    Chat-qui-boite
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    Très beau tableau, c’est comme ça que je me représente les personnages de la légende Arthurienne.

    Mieux vaut être en retard au paradis qu'en avance au cimetière
    Reste assis au bord de la rivière et tu verras passer le corps de ton ennemi

    #83178
    werewolf
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    C’est Genièvre & Lancelot dans l’image?

    #83191
    Ysilla
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    Je ne sais pas …le tableau s’intitule « the accolade » = l’adoubement. Il laisse la place à l’imagination de chacun.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #83222
    Odeon
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    Je me suis (rapidement) renseigné auprès de médiévistes et pour résumer : comme dit précédemment la cérémonie d’adoubement a énormément évolué au cours du temps et des lieux, ce genre de paroles ont donc bel et bien existé mais n’étaient en rien systématiques.

    edit : L’expression vient assez directement de la bible Esaü 1.17 : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve ! » et est reprise entre autres par plusieurs conciles qui cherchent à imposer ce code en parallèle de la paix de Dieux.

    N'est pas mort ce qui à jamais dort et au long des ères étranges peut mourir même la Mort .

    #83230
    werewolf
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    edit : L’expression vient assez directement de la bible Esaü 1.17 : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve ! » et est reprise entre autre par plusieurs conciles qui cherchent à imposer ce code en parallèle de la paix de Dieux.

    Super bien vu ça doit venir de ça 🙂

    maintenant reste à savoir si ces paroles étaient (par coutume) prononcées lors de l’adoubement

    #83242
    Odeon
    • Pas Trouillard
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    maintenant reste à savoir si ces paroles étaient (par coutume) prononcées lors de l’adoubement

    Au risque de me répéter, certainement pas à tous les adoubements. 😉

    N'est pas mort ce qui à jamais dort et au long des ères étranges peut mourir même la Mort .

    #83250
    werewolf
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    Bon c’est mieux que rien en tout cas on peut dire que ça répond à la question du topic

     

    PS. fan de Lovecraft je vois -_-

    (me demande si le dicton des ironborn n’en était pas inspiré tiens)

    #88407
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Toujours aucune trace de serment.

    Il y avait bien sûr un serment. Essentiellement d’être loyal au seigneur qui t’a adoubé et d’être courageux dans la bataille. Petit à petit, l’Eglise a voulu rajouter des considérations morales (défendre l’Eglise évidemment, puis la veuve et l’orphelin, etc.).

    Simplement, les serments comme la cérémonie d’adoubement variaient, selon l’époque et la région. Dans Perceval, ou le Conte du Graal, roman du XIIe siècle, le héros est adoubé. Cela donne ça:

    Le prud’homme prend l’épée, la lui ceint et lui donne l’accolade.
    - En vous remettant l’épée, lui dit-il, je vous confère l’ordre de chevalerie, qui ne souffre aucune bassesse. Beau frère, souvenez­ vous-en en cas qu’il vous faille combattre, si votre adversaire vaincu vous crie merci, je vous en prie, écoutez-le et ne le tuez pas sciem­ment. Gardez que vous ne parliez trop : qui ne sait retenir sa langue, il lui échappera souvent tel mot qu’on tiendra à vilenie. Le sage nous le dit : trop de paroles, péché certain ; fuyez donc ce péché-là. Autre prière : s’il vous arrive de trouver dans la détresse, faute de conseil, homme ou femme, soit dame, soit demoiselle, conseillez-les, si vous en voyez le moyen et si ce moyen est en votre pouvoir : vous ferez bien. Enfin, recommandation bien importante, allez volontiers à l’église prier le Créateur de toutes choses qu’il ait pitié de votre âme et qu’il vous garde dans le siècle comme son fidèle chrétien.

    Comme on peut le voir, il s’agit d’une série de conseils (épargnez les vaincus, etc.) plutôt qu’un serment en « dur ».

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