Petyr "Littlefinger" Baelish

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Personnages Petyr "Littlefinger" Baelish

  • Ce sujet contient 73 réponses, 27 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par RichardIII, le il y a 3 années et 3 mois.
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  • #66161
    Mélusine
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    bon, que Catelyn capture Tyrion, lui révèle le rôle de Littlefinger dans cette affaire, et que Tyrion puisse ensuite repartir libre, ça ce n’est pas de chance pour l’ami Petyr. Mais que Tyrion n’en dise pas un mot à son père quand il le retrouve dans le Conflans, pour le coup c’est vraiment une veine.

    C’est mieux encore, Petyr se balade avec, à la ceinture, la dague qui a servi à la tentative de meurtre sur Bran, au nez (enfin ce qui lui en reste) de Tyrion. Je sais, tu sais, nous savons, mais nous ne dirons rien! Il nargue Tyrion par ce qu’il sait que celui-ci ne peut pas grand chose à ce sujet contre lui, il faudrait que Ned ou Catelyn soient là pour être témoins de ces accusations.

    #66173
    RichardIII
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    Tyrion peut agir contre lui. Il peut prendre Cersei de vitesse et l’exécuter rapidement en bâclant la procédure judiciaire. Ou l’expédier au Mur avec Slynt…

    #66200
    Akypeur
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Sinon il y a l’assassinat c’est sale, c’est pas honorable, ça choque et si c’est bien fait on ne trouve pas le coupable. (un mendiant de la capitale) qui a fait ça pour se venger du luxe des riches. ça c’est la version officielle et la version officieuse c’est que en faisant ça il permet à sa famille de manger pendant un an. Et il ne dit rien car sinon il condamne sa famille à une mort certaine. Je comprends pas pourquoi ils ne pratiquent pas ça plus souvent.

    #66207
    R.Graymarch
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    Parce que les nobles restent entre eux (ou avec les serviteurs qu’ils connaissent) et qu’un « mendiant de la capitale » n’a aucune chance de se trouver à proximité des nobles (sauf s’ils se baladent seuls à Culpucier mais c’est rarement le cas…).

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #66210
    FeyGirl
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    J’ai l’impression que nous sommes HS, mais où dans la saga un mendiant de la capitale assassine un riche pour nourrir sa famille ?

    #66382
    Pat le petit porcher
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci pour vos réactions !

    Pour essayer d’affiner un peu ma pensée, j’admets tout à fait que la probabilité que Petyr se fasse pincer n’était ps forcément très élevée à chacune des occasions que j’ai relevées (et elle est certainement moins élevée dans certaines occasions que dans d’autres) ; mais c’est le fait qu’il pratique ce genre de pari hasardeux souvent, depuis longtemps, qui finit par rendre improbable sa réussite. C’est comme la roulette russe : la probabilité de se brûler la cervelle n’est pas très élevée si on ne fait qu’une tentative (même si elle l’est déjà trop pour moi), mais si on en fait toute une série, elle augmente fortement.

    Quelques points de désaccord avec certaines réponses :

    § Joffrey aime bien laisser croire que les bonnes idées viennent de lui… Oui et non, on le voit aussi se référer assez souvent se référer explicitement aux idées de quelqu’un d’autre (les « Ma mère dit que » dans AGOT et ACOK, « Mon Chien appelait votre frère le lord à l’épée de bois » adressé à Sansa). Personne ne pourrait raisonnablement se dire : « Bon, je vais donner un conseil à Joffrey, et je suis sûr qu’il ne révélera jamais que ce conseil vient de moi, il préférera faire croire qu’il en a eu l’idée tout seul. »

    § Petyr serait intouchable même après la bataille de la Néra à cause des dettes de la Couronne et de son influence sur l’administration : alors là, désaccord total. Rien dans mon souvenir n’indique que Tywin ait jamais considéré Littlefinger comme indispensable. Dans AGOT, et alors même que la situation est très difficile pour les Lannister, il invite explicitement Tyrion à le faire décapiter s’il le soupçonne de trahir. Dans ASOS, il ne semble pas le juger indispensable au poste de Grand Argentier, sans quoi il ne le laisserait pas partir dans le Val. Quand Tyrion lui dit que la situation financière est difficile, Tywin ne s’en émeut pas, affirmant que les revenus de la Couronne sont plus élevés que jamais. Quant au fait que bien des postes importants soient tenus par des créatures de Littlefinger, je doute que cela puisse sérieusement inquiéter Tywin ; on peut supposer que quelqu’un qui sert Petyr à Port-Réal le fait, non par loyauté profonde, mais par intérêt : or Tywin déclare, à propos de ceux qui sont prêts à se vendre au plus offrant, « Qui risque d’offrir plus que nous ? » Donc non, Littlefinger ne pouvait pas espérer que ses talents ou son influence le protégeraient si d’autres Lannister que Tyrion devinaient certaines de ses manigances.

    #66387
    Lapin rouge
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    Personne ne pourrait raisonnablement se dire : « Bon, je vais donner un conseil à Joffrey, et je suis sûr qu’il ne révélera jamais que ce conseil vient de moi, il préférera faire croire qu’il en a eu l’idée tout seul. »

    Petyr est suffisamment subtil, et Joffrey suffisamment imbu de lui-même pour que le premier puisse relativement facilement suggérer au second des actions en faisant en sorte qu’il ait l’impression que l’idée vient de lui. Du genre : « Ah, Votre majesté, j’ai vu hier une bande de nains qui se produisaient dans une taverne, ils étaient vraiment à mourir de rire. Quel dommage qu’on ne puisse les faire venir à votre festin de noces, cela risquerait d’indisposer votre oncle… ».

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #66408
    Pandémie
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    J’ai l’impression que nous sommes HS, mais où dans la saga un mendiant de la capitale assassine un riche pour nourrir sa famille ?

    Oui, c’est HS.

    #66478
    Pat le petit porcher
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Petyr est suffisamment subtil, et Joffrey suffisamment imbu de lui-même pour que le premier puisse relativement facilement suggérer au second des actions en faisant en sorte qu’il ait l’impression que l’idée vient de lui. Du genre : « Ah, Votre majesté, j’ai vu hier une bande de nains qui se produisaient dans une taverne, ils étaient vraiment à mourir de rire. Quel dommage qu’on ne puisse les faire venir à votre festin de noces, cela risquerait d’indisposer votre oncle… ».

    En effet (même s’il présente une tout autre version à Sansa, mais admettons que cette version soit fausse). Mais même ce genre de suggestion ne garantit pas que la vraie source de l’idée ne sera pas trahie. Du genre : « Il sont drôles, hein, ces nains ? Quand Lord Petyr m’a parlé d’eux, il prétendait qu’il valait mieux ne pas les faire venir pour ne pas indisposer mon oncle, mais moi je fais ce que je veux, je suis le roi ! » Ce serait sans doute suffisant pour que quelqu’un d’un peu plus subtil que Joffrey comprenne le procédé. Littlefinger ne risquerait pas grand-chose sur le coup, certes (il n’y a là rien qui puisse être considéré comme une trahison), mais cela éveillerait au moins quelques soupçons sur le genre de jeu qu’il mène.

    #66483
    Pandémie
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    Petyr  Baelish n’est pas le seul dans ce cas, lui, Varys et Pycelle forment, à des degrés divers, un triumvirat de technocrates qui se sont rendus utiles et en apparences inoffensifs. Ils ont tous quelques tares apparentes, mais aucune qui soit rédhibitoire. Et Tyrion n’est pas le seul à se faire avoir: Jon Arryn en premier lieu, n’y a vu que du feu. Mais la situation était paisible. Eddard Stark commet l’erreur politique de ne pas nettoyer le Conseil restreint à son arrivée, mais il a sans doute jugé que cela ne valait pas la peine d’aller à l’affrontement avec Robert et Cersei pour si peu.  Tyrion est plus perspicace, mais on est en pleine guerre civile, et il est focalisé sur la guerre et sa querelle avec Cersei, donc exclu pour lui de s’affaiblir politiquement. Renly et Robert ne sont pas plus lucides. Sans doute Stannis a-t’il perçu qu’il n’avait que des ennemis politiques et que donc rester à Port-Réal au sein du Conseil restreint était peine perdue.

    Mais sinon oui, il a de la chance, mais il a justement l’air dans ses stratégies du joueur de cartes qui a une bonne main mais pas décisive et espère en avoir une meilleure en tirant la bonne carte. Et il a une furieuse tendance à tirer un as. Et il bluff et manie la pokerface comme personne.

    #66536
    RichardIII
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    Et puis globalement il a affaire soit à des débutants, soit à des incapables dans le jeu des trônes. Au début de la saga, Ned et Robert sont incapables d’intriguer correctement, Tyrion et Renly sont d’une inexpérience totale, Stannis n’a aucun sens du réseautage et Cersei même n’a jamais eu à gérer grand-chose. Baelish et Varys n’ont donc théoriquement pas de rivaux en matières d’intrigues et de manipulation.

    #129036
    darkdoudou
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    Malgré tout l’intérêt dramatique qu’apportent les machinations de Littlefinger et les retournements de situation qu’elles produisent, je me demande si ce n’est pas excessif, au point de devenir un point faible de la saga. En effet, GRRM a dû, pour mener son personnage à ces succès, le doter d’une telle chance qu’à mon goût ça passe un peu trop les bornes de la vraisemblance. Il y a tant de fois où ses paroles ou ses actes auraient pu lui revenir en pleine poire… Que ça n’arrive pas toujours, d’accord, mais que ça n’arrive jamais, c’est un peu gros. Une petite liste ? (sans doute non exhaustive)

    § il semble qu’au Donjon rouge, il ait dit à qui voulait l’entendre qu’il avait dépucelé Catelyn (et peut-être le croit-il vraiment) ; cette vantardise aurait pu arriver jusqu’aux oreilles de Ned quand celui-ci devient Main du roi… et dans ce cas, notre Petyr si peu à l’aise avec les armes aurait pu se retrouver avec un deuxième duel contre un Stark. Ou au moins se faire renvoyer de Port-Réal, la queue entre les jambes.

    § bon, que Catelyn capture Tyrion, lui révèle le rôle de Littlefinger dans cette affaire, et que Tyrion puisse ensuite repartir libre, ça ce n’est pas de chance pour l’ami Petyr. Mais que Tyrion n’en dise pas un mot à son père quand il le retrouve dans le Conflans, pour le coup c’est vraiment une veine.

    § une fois Ned trahi, prisonnier de Cersei, et n’ayant plus aucune raison de ménager son faux allié, Littlefinger a bien de la chance que lors de la conversation où la reine propose à son prisonnier de reconnaître Joffrey en échange de sa survie et de celle de Sansa, Ned n’en profite pas pour lui révéler tout ce qu’a fait le Grand Argentier pour le dresser contre les Lannister (son accusation contre Tyrion, le fait qu’il lui ait indiqué le bordel où vit la bâtarde de Robert et où Ned ne savait même pas ce qu’il allait chercher). Bon, d’accord, Ned a d’autres soucis en tête à ce moment, mais il était tout de même possible qu’il fasse cela. Or, tout dans le comportement ultérieur de Cersei indique que, si elle se méfie de Littlefinger, elle n’a aucune idée de son rôle dans les ennuis qu’elle a traversés.

    § il semble que Littlefinger ait eu plusieurs fois l’occasion de donner discrètement des « conseils » à Joffrey sans que quiconque le sache (l’exécution de Ned, la venue des nains au mariage). Qu’un personnage aussi inconséquent que Joff n’ait jamais laissé échapper un indice, même involontairement, sur la source de certaines de ses décisions, c’est encore un coup de bol, personne n’aurait pu raisonnablement parier là-dessus.

    § quand les Potaunoir sont arrêtés, que l’un d’entre eux est battu pour avouer ses péchés, il semble que rien ne filtre concernant leurs liens avec Littlefinger. Le père Potaunoir pourrait aussi considérer que c’est ce dernier qui a fourré ses fils dans le pétrin en le poussant à les envoyer à Port-Réal, et décider de se retourner contre son maître ; bon, il est peut-être encore trop tôt pour cela. Alors, il y a peut-être des personnes qui trouvent que le personnage est supérieurement intelligent, mais pour ma part ses manigances me donnent plutôt l’impression d’une machine infernale conçue en dépit du bon sens, et qui aurait dû péter à la figure de son constructeur depuis longtemps : à force de trahir tout le monde, il devient anormal de ne pas se faire pincer.

    Bonjour Pat,

    merci pour ta liste très intéressante, je suis complètement d’accord et je partage ton intuition au sujet de Littlefinger. Je rajoute à la liste § la chance qu’a eue Littlefinger avant AGOT, quand son trafic d’influences au Guet a échappé à la détection par le Roi, qu’il a réussi à tuer Jon Arryn juste avant d’être mis en accusation et que Stannis est parti opportunément à Peyredragon

    § quand Marillion est interrogé devant Nestor Royce, il n’a rien à perdre à dire la vérité. Mais, fort opportunément, il reste dans le scénario de Littlefinger. OK il a été torturé, jurisprudence Theon / Schlingue.

    Mon point de vue sur Littlefinger :

    En ce moment de ma relecture d’AGOT, il me semble que GRRM se sert de Littlefinger pour écrire l’histoire qu’il veut nous raconter, et j’ai l’impression que c’est un PNJ invulnérable, tel un deus ex machina.
    – c’est Littlefinger qui provoque la venue de Ned sur Port-Réal (message crypté + meurtre Jon Arryn)
    – c’est lui qui est la cause de la guerre entre Lannister et Stark. Ce sont les infos données par Littlefinger (et uniquement elles) qui provoqueront l’arrestation de Tyrion par Catelyn et ses funestes conséquences. Quelles infos distille-il vers Cersei ou Tywin?)
    – quand Eddard démissione et veut partir dans le Nord (et pas avant) Littlefinger oriente Ned Stark sur la découverte de l’inceste (bâtarde de Robert au bordel), c’est son intervention qui empêche Eddard de rentrer dans le Nord
    – comme par hasard (!), quand Eddard Stark sort du bordel, il trouve Jaime avec les Lannister en nombre. Jaime tue tous les loups, blesse Ned Stark, mais laisse passer Littlefinger (!!!). Qui a prévenu Jaime? à mon avis Littlefinger.
    – après la mort de Robert, Littlefinger trahit Eddard Stark en le vendant à Cersei (détournement du guet).
    – une fois que Eddard Stark est en prison, Littlefinger s’arrange pour qu’il soit exécuté plutôt que prendre le noir. Il fait ça suffisamment subtilement pour échapper à l’enquête ultérieure de Tyrion/Tywin, et il empêche ainsi Eddard de reparler à Jon Snow.

    En résumé, la majeure partie de l’intrigue d’AGOT dans Westeros est dirigée par Littlefinger

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 1 mois par FeyGirl.
    #129039
    Eridan
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    – quand Eddard démissione et veut partir dans le Nord (et pas avant) Littlefinger oriente Ned Stark sur la découverte de l’inceste (bâtarde de Robert au bordel), c’est son intervention qui empêche Eddard de rentrer dans le Nord

    Littlefinger s’occupe au contraire de faire découvrir l’inceste de Cersei à Eddard dès son arrivée dans la capitale : c’est lui qui l’aiguille sur le jeu de piste qui a déjà permis une fois à une autre Main du Roi de comprendre ce qui se jouait. Eddard commence à suivre les conseils et les orientations de Littlefinger dès qu’il arrive à Port-Réal et celui-ci le met sur la voie, d’abord subtilement, puis de plus en plus clairement : lorsqu’Eddard patine ou menace de quitter le jeu, Littlefinger sait lui donner un nouvel élément, un nouvel indice pour l’obliger à rester. 😉

    – après la mort de Robert, Littlefinger trahit Eddard Stark en le vendant à Cersei (détournement du guet).

    Pas tout à fait. ^^ Après la mort de Robert, Littlefinger propose à Eddard certains compromis avec son honneur et la réalité, qui leur permettront de se maintenir à leurs postes en évinçant les Lannister et Stannis, mais en gardant Joffrey et sa fratrie … Seulement, Eddard refuse et préfère tendre la couronne à Stannis, ce que Littlefinger ne peut pas se permettre, car il sait qu’il serait alors dans le collimateur du roi et que son poste (voire sa tête) n’y résisterait pas longtemps. Du coup, au lieu de miser sur un cheval qui lui promet d’être perdant à coup sûr, il préfère miser sur les Lannister. Il aurait pu mettre le Guet au service de l’un ou de l’autre sans sourciller, c’est juste que dans le contexte (avec une Cersei au courant des intentions de Stark par Sansa), il a choisi le camp le plus profitable pour lui.

    On a tendance à se dire que LF est trop fort et que tout se passe exactement comme il l’avait prévu de longue date. Ca donne l’impression d’un personnage intouchable, jamais mis en difficulté par l’auteur. Littlefinger lui-même fait toujours en sorte de dégager cette impression d’assurance et de confiance en lui qui fait croire qu’il a prémédité tout ce qui se passe … mais ce n’est pas le cas : il est plusieurs fois surpris par les actions des autres personnages, et obligé d’improviser des solutions à l’arrache. Il est doué dans son improvisation et a un talent réel de persuasion, il n’empêche que tout ne se passe pas toujours comme il l’avait prévu : le fait qu’Eddard refuse ses judicieux conseil et le pousse dans les bras des Lannister est un de ces moments. Le fait que les Tyrell tentent de s’accaparer Sansa dans ASOS est un autre de ces moments.

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    #129043
    Lapin rouge
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    Littlefinger lui-même fait toujours en sorte de dégager cette impression d’assurance et de confiance en lui qui fait croire qu’il a prémédité tout ce qui se passe

    Ca, c’est plutôt le LF de la série. Dans les livres, à part lorsqu’il s’exprime en tout petit comité, Littlefinger veille soigneusement à passer publiquement pour le brave type, toujours prêt à rendre service, très habile pour tout ce qui touche à l’argent, mais sinon plutôt inoffensif.

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    #129063
    darkdoudou
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    Merci Eridan et Lapin Rouge pour ces précisions que je trouve tout à fait justes!

    Je m’intéresse depuis peu à ce personnage, et je reconnais que l’analyse d’Eridan est très complète et approfondie (mille mercis!), notamment la conclusion à laquelle j’adhère complètement sauf les deux derniers mots.

    D’après moi, la motivation principale des actions de Littlefinger est l’amour qu’il porta à Catelyn – et qu’il transfère sur Sansa – et son humiliation par Brandon. L’ambition seule n’explique pas les risques qu’il prend. Je relis sagement et pour l’instant je ne vois rien qui contrarie cette hypothèse.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 1 mois par darkdoudou.
    #129073
    Eridan
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    D’après moi, la motivation principale des actions de Littlefinger est l’amour qu’il porta à Catelyn – et qu’il transfère sur Sansa – et son humiliation par Brandon. L’ambition seule n’explique pas les risques qu’il prend. Je relis sagement et pour l’instant je ne vois rien qui contrarie cette hypothèse.

    Il y a sûrement de ça dans ses motivations. Après, il y a aussi une question de personnalité : être un « romantique déçu » n’explique pas tout, sinon, nous serions tous des Littlefinger. 😉 Il faut aussi de l’audace, du culot, de l’intelligence, peu de scrupules …

    notamment la conclusion à laquelle j’adhère complètement sauf les deux derniers mots.

    Ca tombe bien que tu l’évoques (la citation en question « son excès de confiance ne va-t-il pas le conduire à un pari qu’il va perdre ? Sans doute … »)
    Je le pensais à l’époque, c’est encore plus vrai maintenant. ^^ Après, il ne va peut-être pas « perdre un pari » mais je pense quand même qu’il ira trop loin et que sa confiance en lui va l’aveugler, jusqu’à l’emmener dans une situation où, se croyant toujours le maître du jeu, il va être confronté à un retournement de situation complet qui va l’emporter. (un peu ce qui arrive à Larys Fort dans F&B, à mon avis.)

    LF pense avoir tout compris mieux que tout le monde, ou en tout cas, c’est l’image qu’il se donne devant Sansa, auprès de qui il a des phrases sentencieuses pour expliquer de manière simpliste le fonctionnement du monde (comme l’opposition « joueurs » et « pièces » que je trouve particulièrement caricaturale). Ses conceptions s’avèrent parfois extrêmement efficaces et lui permette comme il le dit de « savoir ce que les gens veulent pour savoir comment leur faire faire ce que l’on veut » … Seulement, il arrive qu’il se trompe et que les événements lui donne tort : soit parce qu’il a mal évalué ce que les gens veulent, soit parce qu’il n’arrive pas à leur faire faire ce qu’il veut (soit parce que les gens sont parfois capables d’initiatives imprévisibles, qui ne vont pas dans le sens de ce qu’il avait prévu ou de ce qu’il croyait).

    Une des faiblesses de Littlefinger nous est révélée dès AGOT et pourrait bien être celle qui va l’emporter, à mon avis :

    [pendant le tournoi de la Main]
    « Cent dragons d’or sur le Régicide ! » clama Littlefinger, […]
    « Pari tenu ! cria lord Renly. Le Limier a son regard famélique des grands jours.
    — Aucun chien, si affamé soit-il, ne se soucie de mordre la main qui lui distribue la pâtée », riposta Littlefinger avec hauteur.

    AGOT – Eddard VII.

    Le Limier doit son poste de Bouclier Lige de Joffrey et sa place à la cour aux Lannister, qui peuvent la lui faire perdre quand ils veulent. Pour plaire à ses « employeurs » , la logique voudrait comme le dit Littlefinger qu’il perde le duel contre Jaime. Seulement, (sans doute à cause de ce qu’il a révélé à Sansa la veille : l’histoire de son visage brûlé,) le Limier est en colère ce jour-là … et pas disposé à se laisser démonter par Jaime Lannister. C’est lui qui gagne.

    En filigrane, la scène permet de se rendre compte que LF est capable de parier et de perdre de gros enjeux à cause de ses certitudes, parfois mal-fondées. Et surtout, il pense qu’en fournissant à ses séides tout ce qu’ils veulent, il pourra s’attacher leur fidélité … Mais il reste des choses qui sont au-delà de sa compréhension (comme l’état d’esprit du Limier ce jour-là, son envie d’aller en finale pour avoir une chance d’affronter son frère) et des choses qu’il n’est pas capable de procurer par lui-même.

    A mon avis, LF va lui-aussi finir par subir des désistements, des abandons à un moment crucial. Après, qui et pourquoi restent les grandes questions : Lothor Brune ? Lyn Corbray ? … Sansa me paraît la plus évidente, mais il pourra y en avoir d’autres.

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    #129094
    Lapin rouge
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    Le Limier doit son poste de Bouclier Lige de Joffrey et sa place à la cour aux Lannister, qui peuvent la lui faire perdre quand ils veulent. Pour plaire à ses « employeurs » , la logique voudrait comme le dit Littlefinger qu’il perde le duel contre Jaime. Seulement, (sans doute à cause de ce qu’il a révélé à Sansa la veille : l’histoire de son visage brûlé,) le Limier est en colère ce jour-là … et pas disposé à se laisser démonter par Jaime Lannister. C’est lui qui gagne.

    En filigrane, la scène permet de se rendre compte que LF est capable de parier et de perdre de gros enjeux à cause de ses certitudes, parfois mal-fondées. Et surtout, il pense qu’en fournissant à ses séides tout ce qu’ils veulent, il pourra s’attacher leur fidélité … Mais il reste des choses qui sont au-delà de sa compréhension (comme l’état d’esprit du Limier ce jour-là, son envie d’aller en finale pour avoir une chance d’affronter son frère) et des choses qu’il n’est pas capable de procurer par lui-même.

    Cette scène peut aussi s’interpréter à l’envers : LF sait que le Limier va probablement gagner, mais il fait exprès de parier sur Jaime, en se permettant même de répliquer « avec hauteur » au frère du roi. Du coup, il conforte son image de personnage qui n’y connait rien en art du combat et en psychologie. Et, accessoirement, en pariant avec ostentation sur Jaime, il se paie au passage le luxe d’une petite flatterie envers les Lannister.

    On ne peut pas trancher entre ces deux interprétations, et aucune n’est pleinement convaincante, mais l’hésitation est permise.

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    #129099
    darkdoudou
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    En filigrane, la scène permet de se rendre compte que LF est capable de parier et de perdre de gros enjeux à cause de ses certitudes, parfois mal-fondées. Et surtout, il pense qu’en fournissant à ses séides tout ce qu’ils veulent, il pourra s’attacher leur fidélité … Mais il reste des choses qui sont au-delà de sa compréhension (comme l’état d’esprit du Limier ce jour-là, son envie d’aller en finale pour avoir une chance d’affronter son frère) et des choses qu’il n’est pas capable de procurer par lui-même. A mon avis, LF va lui-aussi finir par subir des désistements, des abandons à un moment crucial. Après, qui et pourquoi restent les grandes questions : Lothor Brune ? Lyn Corbray ? … Sansa me paraît la plus évidente, mais il pourra y en avoir d’autres.

    Ton analyse est tout à fait argumentée et valable, j’espère que tu me pardonneras de ne pas y adhérer…Dans la scène du tournoi de la Main que tu rapportes, il est possible que Littlefinger est en représentation et joue la comédie.

    Quand on parle de paris et d’enjeux, je pense à la scène du couteau avec Catelyn puis Varys où LF prend une décision très rapide et ment ouvertement (pari gagné, pas d’erreur sur les personnes), ou encore quand il pousse Lysa devant Sansa et Marillion (pari gagné, pas d’erreurs). Il y a aussi la scène que tu rapportes avec Ned où il donne une analyse complète de la situation, puis joue la comédie devant Eddard Stark (pari gagné pour LF, pas d’erreur)

    Pour moi les faiblesses de LF résident ailleurs : il y a d’abord son ambition ; Tyrion le perce à jour dans la scène où il lui promet Harrenhall (désolé je n’ai pas la VF)

    je mets une traduction très perso : Littlefinger prit un moment pour ajuster les plis de sa cape, mais Tyrion avait vu la lueur de la faim dans ces yeux de chat de gouttière
    L’autre défaut dans la cuirasse soyeuse, à mon avis, est l’orgueil : 2 chapitres plus loin, quand Littlefinger apprend qu’il a été dupé par le Lutin, il exprime un très fort mécontentement.

    […] Though I do not relish being played for a fool. If Myrcella weds Trystane Martell, she can scarcely wed Robert Arryn, can she? »
    « Not without causing a great scandal, » he admitted. « I regret my little ruse, Lord Petyr, but when we spoke, I could not know the Dornishmen would accept my offer. »
    Littlefinger was not appeased. « I do not like being lied to, my lord. Leave me out of your next deception. »
    Only if you’ll do the same for me, Tyrion thought, glancing at the dagger sheathed at Littlefinger’s hip. « If I have given offense, I am deeply sorry. All men know how much we love you, my lord. And how much we need you. »
    « Try and remember that. » With that Littlefinger left them.

    traduction perso des passages en gras : Même si je n’aime pas être pris pour un fou […] Littlefinger n’était pas apaisé. Je n’aime pas que l’on me mente […] Essaie de t’en souvenir. Avec ça Littlefinger les quitta.
    On retrouve aussi cet orgueil dans l’évocation par Catelyn du duel contre Brandon Stark (Je suis conscient que la scène peut être vue aussi comme un autre pari très très risqué de Littlefinger):

    Et voici que la lutte s’achève, à peine commencée. En homme fait, Brandon a forcé Littlefinger à parcourir la cour dans toute sa largeur, à descendre l’escalier d’eau, à subir à chaque pas, titubant, saignant de toutes parts, une averse d’acier. Il a crié : « Demande grâce ! » et à maintes reprises, mais, chaque fois, Petyr, dents serrées, multipliait les signes de dénégation, s’obstinait à résister, farouche. Alors, Brandon, dont déjà la rivière baigne les chevilles, décide d’en finir et, d’un effroyable revers, tranche au bas des reins cuir, maille, entamant si profond la chair que, Catelyn en jurerait, la blessure doit être mortelle. Les yeux sur elle, le gamin tombe, murmure : « Cat », le sang ruisselle, écarlate, entre ses doigts gantés…

    Au final, je pense que le destin de Littlefinger se trouve à Harrenhal. GRRM nous a soigneusement présenté le château comme  un endroit maudit où les ambitieux et les orgueilleux trouvent leur châtiment funeste (et souvent spectaculaire).
    En conclusion j’ai l’impression que tant que Littlefinger restera éloigné d’Harrenhal, il bénéficiera de l’immunité magique. Harrenhal sera pour Littlefinger l’équivalent de la tartine beurrée accrochée sur le dos d’un chat.
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    #129103
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1872

    il fait exprès de parier sur Jaime

    N’est-ce pas aussi subliminalement, à l’intention d’Eddard Stark, une redite du pari soi-disant contre Tyrion,  tel que raconté à Catelyn, oú il perdit la dague qui a failli en finir avec la vie de Bran ?

    À cette occasion, je misai, comme la moitié de la cour, sur ser Jaime. AGOT 19, Catelyn IV

    Edit : @darkdoudou : les grands esprits se rencontrent, dit-on…😊😉

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    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #129116
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6017

    Cette scène peut aussi s’interpréter à l’envers : LF sait que le Limier va probablement gagner, mais il fait exprès de parier sur Jaime, en se permettant même de répliquer « avec hauteur » au frère du roi. Du coup, il conforte son image de personnage qui n’y connait rien en art du combat et en psychologie. Et, accessoirement, en pariant avec ostentation sur Jaime, il se paie au passage le luxe d’une petite flatterie envers les Lannister.

    Je ne pense pas que Littlefinger cherche sciemment à passer pour un benêt devant tout le monde et à perdre de l’argent (le sien, ici, pas celui de la couronne, a priori) juste pour consolider sa posture : passer pour un naïf quant à l’art de la guerre, certes, mais pour ce qui est de la psychologie, il ne me semble pas qu’il cherche à déprécier publiquement ses compétences. Surtout qu’Eddard est à côté et si LF veut jouer un rôle influent auprès de lui, il n’a pas intérêt à trop se ridiculiser. Objectivement, ce qu’il sait sur le Limier et son frère doit être très restreint et se limiter à ce qu’en sait le tout venant comme Eddard : c’est bizarre, ils sont fâchés, il y a de vilaines rumeurs sur Gregor … La série nous méprend en faisant raconter l’épisode du visage brulé par LF, mais dans les livres, c’est Sandor qui en parle à Sansa la veille du tournoi, ce qui explique sa méchante humeur (entre les souvenir douloureux et la perspective d’affronter Gregor). LF a peu de chance de comprendre ou de deviner ces sentiments là, le Limier s’épanchant quand même rarement.

    Pour tout dire, ce pari me semble révélateur des failles de LF : il avait vraiment l’air d’être sûr de son fait ( « Comment vais-je dépenser votre argent, Renly ? » ) et sa perte le contrarie visiblement :

    « Je savais que le Limier l’emporterait », dit Sansa.
    Ce qu’entendant, Littlefinger lui jeta : « Si vous savez aussi qui gagnera la prochaine, avisez-m’en tout de suite, ou lord Renly va me ratiboiser ! » Ned sourit.
    « Dommage que le Lutin ne soit pas des nôtres, repartit Renly, j’aurais touché deux fois plus… »

    En plus de ça, la discussion offre involontairement un indice sur l’innocence des Lannister et la duplicité de LF (qu’Eddard n’est objectivement pas en mesure de relever mais le lecteur si) : la remarque de Renly confirme ce que Tyrion dit par ailleurs à Catelyn lors de son arrestation « je ne mise jamais contre ma famille. » Donc, l’histoire de LF concernant le poignard en acier valyrien (perdu par LF dans un pari où il aurait misé sur Jaime, alors que Tyrion aurait misé sur Loras Tyrell) est bidon.

    edit :
    Darkdoudou : J’aime beaucoup ton analyse. J’adhère parfaitement au fait que c’est par son ambition que Littlefinger va finir par se brûler les ailes en voulant s’approcher trop près du soleil. Maintenant, nous ne mettons pas les mêmes mots sur ses autres défauts, mais je pense que ce que tu appelles « orgueil » se recoupe assez avec ce que je définis comme un « excès de confiance » en lui et en ses conceptions du monde. On peut aussi lire le duel contre Brandon comme une forme de trop grande assurance en ses capacités et en ce qu’il a compris du monde (visiblement, à l’époque, il croit que l’avorton amoureux a une chance de vaincre l’homme adulte et de séduire la belle par son noble sacrifice). Et au final, malgré son acharnement et sa bonne volonté, il perd. 😉

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 1 mois par Eridan.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #129265
    Lady
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 142

    On peut aussi lire le duel contre Brandon comme une forme de trop grande assurance en ses capacités et en ce qu’il a compris du monde (visiblement, à l’époque, il croit que l’avorton amoureux a une chance de vaincre l’homme adulte et de séduire la belle par son noble sacrifice). Et au final, malgré son acharnement et sa bonne volonté, il perd.

    Il ressemble à un jeune garçon gavé de chanson qui pense que l’amour lui donnera la force de sauver sa belle du monstrueux loup qui tente de la ravir (avec l’autorisation du père Tully). Après tout Littlefinger jouait au prince des libellules avec Catelyn. Sans doute est-ce pour cela qu’il met en garde Sansa, lui rappelant que la vie n’est pas une chanson et qu’elle risque de l’apprendre à ses dépends.

    Sinon j’aime bien ton analyse du personnage Eridan.

    #129325
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    On peut aussi lire le duel contre Brandon comme une forme de trop grande assurance en ses capacités et en ce qu’il a compris du monde (visiblement, à l’époque, il croit que l’avorton amoureux a une chance de vaincre l’homme adulte et de séduire la belle par son noble sacrifice). Et au final, malgré son acharnement et sa bonne volonté, il perd.

    Il ressemble à un jeune garçon gavé de chanson qui pense que l’amour lui donnera la force de sauver sa belle du monstrueux loup qui tente de la ravir (avec l’autorisation du père Tully). Après tout Littlefinger jouait au prince des libellules avec Catelyn. Sans doute est-ce pour cela qu’il met en garde Sansa, lui rappelant que la vie n’est pas une chanson et qu’elle risque de l’apprendre à ses dépends. Sinon j’aime bien ton analyse du personnage Eridan.

    Ma perception de ce duel est un peu différente ; pour moi il se met en scène et veut montrer à Catelyn qu’il est prêt à mourir pour elle, en espérant peut-être qu’elle lui montre de l’attention une fois qu’il sera aux portes de la mort. Ca marche très bien d’ailleurs avec l’infirmière qui s’occupe de lui, sauf que ce n’est pas la bonne soeur…

    Je reconnais son « orgueil » non pas dans le fait qu’il imagine gagner contre Brandon, mais dans son acceptation du défi et son refus de reconnaitre la défaite. Je crois qu’il n’a jamais imaginé gagner avec les armes d’acier, mais qu’il a cru gagner avec celles de son esprit. Avec Catelyn : échec complet, et je pense que cette blessure est toujours ouverte. J’en veux pour preuve son affirmation ostentatoire qu’il a « gagné » sur Catelyn et sur Brandon :

    [Catelyn] avança d’un pas sur lui, le visage crispé. « Que signifie, Lannister ? »
    Il [Tyrion] lui décocha un regard de biais. « Hé ! qu’il n’est pas un homme, à la Cour, qui ne l’ait entendu conter comment il prit votre pucelage, madame

    […]vous êtes toujours aussi délirant qu’à l’époque où vous osiez défier Brandon.
    — Je puis en effet délirer, Stark…, mais je suis encore de ce monde, alors que votre frère se délite dans sa tombe glacée depuis quatorze ans. Si le même sort vous tente, libre à vous, mais le partager, non merci.

    Ce qui est difficile en général avec Littlefinger c’est de déterminer quand il est sincère et quand il joue la comédie, d’autant plus que ses propos et actions nous sont toujours rapportés par la perception d’autres POV. C’est pourquoi je salue encore ton travail de fourmi, @Eridan, qui permet de se faire une idée d’ensemble tout en laissant plusieurs questions ouvertes et plusieurs hypothèses possibles.

    Maintenant, nous ne mettons pas les mêmes mots sur ses autres défauts, mais je pense que ce que tu appelles « orgueil » se recoupe assez avec ce que je définis comme un « excès de confiance » en lui et en ses conceptions du monde.

    oui, après réflexion, ce que tu appelles excès de confiance se recoupe assez bien avec ce que j’appelle orgueil. Si tu veux bien nous pouvons parler de l’hubris grecque qui regroupe ces deux termes il me semble.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 1 mois par darkdoudou.
    #132286
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 220

    Je puis en effet délirer, Stark…, mais je suis encore de ce monde, alors que votre frère se délite dans sa tombe glacée depuis quatorze ans. Si le même sort vous tente, libre à vous, mais le partager, non merci.

    Les confrontations Ned/Littlefinger sont à mon sens parmi les plus beaux morceaux d’AGOT. Baelish est condescendant au point que cela en devient de la charité. Pour un peu, on dirait un maître d’échecs disputant une partie avec un débutant, et qui passe son temps à lui dire « Tu es sûr de ce coup ? », « Regarde un peu mieux ma position », « Bien joué, mais… » avant de lui infliger une raclée mémorable. Parfois, j’ai l’impression que la plus grosse erreur de Ned n’est pas tant que d’avoir fait confiance à Petyr que de n’avoir pas assez écouté ce qu’il disait. Ned a juste échangé sa méfiance initiale par la confiance un peu incertaine de Catelyn, mais sans se mettre en tête que Littlefinger comprenait bien mieux Port-Réal que lui.

    Écoutez-moi jusqu’au bout, maintenant. Stannis n’est pas de vos amis, ni des miens. Ses frères eux-mêmes ne peuvent pas le blairer ; Il est en fer, dur, inflexible. Il ne manquera pas de nous donner une Main nouvelle, un Conseil nouveau. Tendez-lui la couronne et, certes, il vous remerciera, mais il ne vous aimera pas pour autant. Et son avènement signifiera guerre. Il ne connaîtra pas un instant de repos sur son trône avant que Cersei et ses bâtards soient morts. Croyez-vous donc que lord Tywin va se prélasser, pendant qu’on forgera sur mesures la pique destinée à la tête de sa propre fille ? Castral Roc se soulèvera et pas seul. Robert a su puiser en lui-même la force de pardonner aux partisans d’Aerys dans la mesure où ils lui juraient loyauté. Stannis n’est pas si clément. Il n’aura pas plus oublié le siège d’Accalmie que n’osent l’espérer les sires Tyrell et Redwyne. Tout homme qui s’est battu sous la bannière du dragon ou insurgé avec Balon Greyjoy n’aura que trop motif d’alarme. Juchez Stannis sur le Trône de Fer et, garanti, le royaume entier saignera.

    « Examinez à présent le revers de la pièce. Joffrey n’a que douze ans, et Robert vous a conféré la régence. En tant que Main du Roi, Protecteur du Royaume, le pouvoir est à vous, lord Stark. Vous n’avez qu’un geste à faire pour le conquérir. Faites la paix avec les Lannister. Relâchez le Lutin. Mariez Joffrey à Sansa. Mariez votre cadette à Tommen, à Myrcella votre héritier. Joffrey n’atteindra l’âge de régner que dans quatre ans. Et si, d’ici là, il ne vous considère comme un second père, hé bien… (…) qu’entretemps Joffrey se révèle un fauteur de troubles, qui nous empêcherait de divulguer son petit secret et de porter lord Renly au Trône ? (…)

    Vos prix. Sa voix se chargea d’un mépris glacial. « Ce que vous suggérez porte un nom, lord Baelish : trahison.

    Uniquement en cas d’échec.

    Que pensez-vous de sa proposition de s’emparer des héritiers de Robert et, en tant que régent, enfin régents, de prendre le contrôle de Westeros ? En dépit de son caractère fortement intéressé (Stannis aurait mis à jour ses détournements et l’aurait exilé ou exécuté), j’ai l’impression que Ned n’aurait pu recevoir meilleur conseil à ce stade. Le tableau brossé est caricatural mais représente un aperçu d’ACOK correct. Les frères Baratheon se sont entretués. Stannis n’aurait sans doute pas exécuté Tommen et Myrcella, mais Joffrey, Cersei et Jaime, probablement, et Tywin ne l’aurait pas admis sans moufter. De même, le lecteur sait que Stannis a plus ou moins avalé la couleuvre d’Accalmie, mais les Tyrell ont semble-t-il des doutes à ce sujet : le Bief a rejeté Stannis après avoir initialement opté pour le camp Baratheon. Littlefinger est le seul, à ce que je sache, qui ait recommandé à Ned un moyen non seulement de sauver son pouvoir, mais surtout d’éviter le déclenchement des hostilités.

    Une moue équivoque effleura ses lèvres. « Ainsi ce sera Stannis, et la guerre ?

    L’héritier, c’est lui. la question du choix ne se pose pas.

    Loin de moi l’idée d’en démentir le Protecteur. Qu’attendez-vous de moi, dès lors ? Pas mes sages avis, en tout cas.

    Je m’efforcerai de mon mieux d’oublier votre… vos sages avis, dit Ned, sans dissimuler son dégoût.

    On peut écrire les paroles de Ned en gros dans les manuels de diplomatie sous la rubrique Choses à ne pas faire. Il n’a guère écouté Baelish, qui pour une fois a peut-être livré sa vraie vision de la situation du royaume. Il ne le voit que comme un exécutant passif, un intermédiaire pour recruter et payer les manteaux d’Or. Pire, loin de le remercier d’avoir donné un compte rendu de la situation politique, il laisse entendre qu’il est grillé auprès de lui et qu’il ne le protégera pas contre Stannis.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch. Raison: Jeoffrey -> Joffrey
    #132318
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    Ned aurait du suivre le conseil de Renly et récupérer Joffrey à la mort de Robert, même sans aider Renly, il aurait gagné du temps, jouer au gentil régent de Joffrey, le temps de trouver les dernières preuves pour dénoncer publiquement l’inceste des jumeaux Lannister et la bâtardise de Joffrey.

    A ce stade, Westeros n’aurait pas aimé mais aurait été contraint d’accepter Stannis comme roi, le temps pour Littlefinger de se mettre à l’abri et de préparer l’assassinat de Stannis pour que Renly monte sur le trône, mais ça Ned l’aurait pas forcément vu venir vu qu’il n’écoute pas.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #132332
    Fayrence
    • Frère Juré
    • Posts : 72

    Je pense également que Ned aurait du suivre les conseils de Littlefinger, il aurait même pu se garantir le poste de Main du Roi en négociant avec Renly en échange de son soutien lorsqu’il montera au trône. Par contre il aurait fallu éliminer Stannis avant de couronner Renly, histoire que celui ci n’ait pas à batailler avec son aîné.

    #132336
    Mélusine
    • Pas Trouillard
    • Posts : 532

    Ce qui est amusant c’est que quand Petyr donne de bons conseils à Ned, pour la régence  et se débarrasser du poignard (là il se sauve aussi de ses mensonges en même temps que du poignard), celui-ci ne les écoutent pas. Par contre lorsque Petyr monte un mensonge aussi gros que Tyrion a essayé de tuer votre fils Bran, et on peut également parler du meutre de Jon Arryn, là Ned y croit, par ce que ce sont les Lannister qui sont en cause et qu’il est aveuglé par la haine qu’il leur voue?

    En tout cas Petyr à l’air de bien connaître Ned et ses réactions pour pouvoir le manipuler à sa guise.

    #132343
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6017

    Prendre les Lannister comme bouc-émissaire est une idée intelligente et assez naturelle. Ils ont un don pour énerver plus ou moins tout le monde à la cour, avec leur ambition et leur orgueil. Il est possible aussi que Petyr ait déjà entendu parler de la réaction de Ned face au régicide de Jaime et aux meurtres d’Elia et ses enfants. Il joue donc assez intelligemment en tablant sur une inimitié entre Stark et Lannister. D’autant que les premières accusations ne viennent officiellement pas de lui, mais de Lysa (alors qu’officieusement, c’est bien lui qui la manipule, donc il est au courant pour ses accusations). Avant même que Ned arrive à Port-Réal, Baelish sait qu’il doit avoir des griefs contre eux : il ne fait que se servir du couteau pour entretenir ses soupçons, sachant que le parcours du poignard est pratiquement intraçable.

    Après quoi, Littlefinger met tout en place pour renforcer la défiance d’Eddard contre la famille Lannister. L’enquête d’Eddard est en fait un jeu de piste (mis plus ou moins en place par Varys et/ou LF, qui lui donne de nouvelles clés chaque fois qu’il patine ou menace de se retirer du jeu). Le jeu de piste permet de retrouver le secret découvert par Jon Arryn peu avant sa mort (l’inceste de la reine et son frère) et donc, de pointer une nouvelle fois vers ces coupables évidents . Tout au long d’AGOT, Littlefinger n’a de cesse de calomnier les Lannister, d’entretenir Eddard dans ses soupçons, dans sa défiance, en rappelant les atrocités commises par les Lannister et en les accusant de crimes invérifiables (et potentiellement imaginaires donc ^^).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #132351
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 220

    Prendre les Lannister comme bouc-émissaire est une idée intelligente et assez naturelle. Ils ont un don pour énerver plus ou moins tout le monde à la cour, avec leur ambition et leur orgueil.

    En politique, les challengers sont rarement appréciés^^ il n’y qu’à voir les réactions de Cersei et Kevan devant la montée des Tyrell, c’est presque le pendant de Ned/Catelyn sur les Lannister en général.

    Sur Littlefinger, en repensant à son offre à Ned où, d’après moi, il a mis cartes sur tables, je crois qu’un truc tout bête a pu faire pencher la balance. Lui laisser entendre que Stannis est dangereux pour la paix, à la limite cela aurait pu passer et équilibrer ses scrupules (ce discours a marché dans la bouche de Varys). Mais ce n’est pas là-dessus qu’il insiste, non, il prévient surtout que Stannis va les révoquer tous deux. La majorité de « l’autre face de la pièce », ce sont des manœuvres pour asseoir définitivement l’autorité de Ned à Port-Réal comme Main. Problème, Petyr a projeté ses craintes sur son interlocuteur. Un carriériste comme lui est incapable de comprendre que tout ce qu’Eddard espère, c’est justement de pouvoir abandonner ce poste et retrouver ses arpents de neige. Que Stannis reconnaisse (sobrement) que Ned a accompli ses devoirs auprès de Robert et le congédie à l’amiable, cela tient du rêve pour lui.

    Tout au long d’AGOT, Littlefinger n’a de cesse de calomnier les Lannister, d’entretenir Eddard dans ses soupçons, dans sa défiance, en rappelant les atrocités commises par les Lannister et en les accusant de crimes invérifiables (et potentiellement imaginaires donc ^^).

    Juste, cela rend sa proposition incompréhensible pour Eddart. Ses arguments sont retournés contre lui lorsqu’il rappelle que les Lannister ont envoyé un tueur au poignard s’en prendre à son fils…

    #132390
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    Que pensez-vous de sa proposition de s’emparer des héritiers de Robert et, en tant que régent, enfin régents, de prendre le contrôle de Westeros ? En dépit de son caractère fortement intéressé (Stannis aurait mis à jour ses détournements et l’aurait exilé ou exécuté), j’ai l’impression que Ned n’aurait pu recevoir meilleur conseil à ce stade.

    La fois précédente où Ned a suivi le conseil de Littlefinger (aller au bordel), il s’est fait attaquer à 10 contre 1, et il a perdu plusieurs hommes dont Jory Cassel. A force d’intrigues, d’insinuations et de vérités mélangées à des mensonges, Petyr a placé Eddard Stark dans une position où la Main est obligée de se placer entre ses doigts. On peut dire aussi que Eddard ne s’est pas aidé en ne disant pas la vérité au Roi, en repoussant Renly et en envoyant une partie de ses hommes à la chasse à la Montagne.

    Même si Ned avait écouté le conseil de Littlefinger à ce moment, rien ne dit que celui-ci n’avait pas un autre plan dans sa manche pour le trahir d’une autre manière.

    Eddard Stark se méfie à raison d’une personne pour laquelle le mensonge et la duplicité sont une seconde nature. Juste pour le plaisir, je cite ce petit dialogue savoureux entre Catelyn et Tyrion :

    « Pourquoi Petyr m’aurait-il menti ?
    — Pourquoi l’ours chie-t-il dans les bois ? riposta-t-il. Parce que telle est sa nature. Un type comme Littlefinger ment comme il respire.

    Parfois, j’ai l’impression que la plus grosse erreur de Ned n’est pas tant que d’avoir fait confiance à Petyr que de n’avoir pas assez écouté ce qu’il disait. Ned a juste échangé sa méfiance initiale par la confiance un peu incertaine de Catelyn, mais sans se mettre en tête que Littlefinger comprenait bien mieux Port-Réal que lui.

    Je partage avec toi la même impression. Eddard est toujours mal à l’aise avec Littlefinger, dès le premier duel verbal. Il doit sans cesse surmonter son dégoût et son mépris.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par darkdoudou.
    #134971
    Yfos
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1831

    Un échange avec Sansa m’avait interpellée. Quand il lui explique qu’il va la faire passer pour sa fille bâtarde et qu’elle proteste, il lui explique que c’est la meilleure solution : personne n’ira chercher plus loin car ce n’est pas poli de mettre le nez dans les origines d’un enfant naturel (ou une formule de ce type).

    Je trouve cette déclaration étonnante compte tenu de l’existence de Jon Snow. En utilisant cette règle pour cacher Sansa, ne s’est-il pas posé de questions au sujet de son demi-frère ?

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