Stannis Baratheon dans la série

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    John Lon Bickel
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    En réponse au message originel de R.Graymarch :

    Pour moi, c’est au contraire une conclusion magistrale de l’arc de Stannis, bien qu’elle est d’une horreur insoutenable. Je crois que c’est pour cela que j’ai cessé de regarder la série, en fait : D’abord par peur de revoir une monstruosité de ce genre, ensuite parce que pour la première fois, j’ai trouvé que la série avait mis (par accident je pense) la barre très haut en terme d’intérêt narratif pour un arc. Si haut que je crains que la saga n’arrive pas à relever le défi, et que ce serait un crève-coeur que l’arc de Stannis soit préférable dans le « mauvais » canon.

    Perso, je trouve que c’est une conclusion piteuse pour un arc mal utilisé. Stannis qui sacrifie son héritière pour faire fondre de la neige (et ça fait tout bizarre aux mercenaires qui s’en vont) puis qui charge à pied la forteresse, lui, un des plus grands stratèges du continent ? Waouh, quoi… 🙂 Je pense que dans la saga littéraire, Shoren a « d’excellentes » raisons d’y passer prochainement mais ça sera loin de Stannis (ce qui peut l’arranger, certes, mais ce ne sera pas sa décision, ce qui change beaucoup de choses). J’espère qu’une enfant innocente en réchappera mais je ne vois pas comment. Et sur un plan un peu plus large, je peux imaginer Stannis vainqueur de la bataille des glaces… mais à un prix tellement élevé qu’il ne pourra pas gagner le trône. Je ne vois, au mieux, que des impasses pour lui.

    Voici mon avis là-dessus, j’ai essayé d’argumenter mais je vous préviens, je ne suis pas toujours très clair. Je ne suis pas le premier à faire l’association d’idées « Iphigénie en Westeros », j’ai lu cette expression par endroits su ce forum, pardon par conséquent pour les redites ! Je précise aussi, en espérant votre compréhension, que je n’ai pas revu la série depuis un moment et j’espère ne pas être trahi par la mémoire.

    Donc, pour moi, l’arc du Stannis de la série est (volontairement ou non, j’y reviendrai) une tragédie. Je plagie un autre forumeur sur un autre site pour l’essentiel de ces arguments, bien qu’ils s’appliquent à une autre œuvre. Et, en premier, la définition de la tragédie, qu’un personnage d’une pièce de Jean Annouilh donne en brisant le quatrième mur :

    « Et voilà. Maintenant le ressort est bandé. Cela n’a plus qu’à se dérouler tout seul. C’est cela qui est commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre (…) après, on n’a plus qu’à laisser faire. Cela roule tout seul. C’est minutieux, bien huilé depuis toujours.(..) La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences,(…) et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence…
    C’est propre, la tragédie. C’est reposant, c’est sûr… Dans le drame, avec ces traîtres, avec ces méchants acharnés, cette innocence persécutée, (…). ces lueurs d’espoir, cela devient épouvantable de mourir, comme un accident. (…)Dans la tragédie on est tranquille. D’abord, on est entre soi. On est tous innocents en somme! Ce n’est pas parce qu’il y en a un qui tue et l’autre qui est tué. C’est une question de distribution. Et puis, surtout c’est reposant, la tragédie, parce qu’on sait qu’il n’y a plus d’espoir, la sale espoir et qu’on n’a plus qu’à crier, à gueuler à pleine voix ce qu’on avait à dire, qu’on n’avait jamais dit et qu’on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien ; pour se le dire à soi. Dans le drame, on se débat parce qu’on espère en sortir. C’est ignoble, c’est utilitaire. Là, c’est gratuit. C’est pour les rois. Et il n’y a plus rien à tenter, enfin ! »

    Et il y a les archétypes de la tragédie : la victime, le héros, le méchant, Shôren jouant le premier rôle et Stannis les deux autres. S’y ajoutent le témoin-compagnon du héros (Davos) et l’âme damnée du méchant (Mélisandre). Je vois deux enjeux, entremêlés : le sort de Stannis et celui de sa fille.

    Dès la saison II, l’exposition annonce la couleur : Mélisandre, autorisée par Stannis, brûle les statues des Sept et retire la prétendue Illumination du brasier. Shôren est décrite comme une enfant négligée par son père et détestée de sa mère. Seul Davos s’y intéresse. Très vite, les explications de Mélisandre sur sa magie tournent autour du sang des rois. Rétrospectivement, cela me semble clair : on le savait. On ne voulait pas admettre que cela arriverait, mais on le savait.

    Petit apparté sur Stannis. Graymach, pour moi tu assimiles peut-être trop le Stannis des livres avec celui de la série. Ils se ressemblent pour moi en touts points (sens du devoir, âpreté, désir de bien faire, volonté de fer) sauf un : celui de la série est un tout petit peu moins intelligent. Quelqu’un a dit sur ce forum que le Stannis des livres se sert de Mélisandre comme un général se servirait d’un savant fou, ignorant complètement sa personnalité répugnante tant qu’il a besoin de ses services. Le Stannis de la série, pour moi, a fini par y croire. Pas beaucoup, mais assez pour en être malade.

    Le Stannis des livres se voit comme le souverain légitime des Sept Couronnes, le Protecteur du Royaume. Celui de la série, bien qu’il ne l’avoue vraiment qu’à Davos, craint d’être aussi le champion de la lumière. Et dans ce cas, avec un sens du devoir comme le sien, il est obligé d’endosser ce rôle. Et, plus les saisons avancent, plus Mélisandre fait preuve de ses pouvoirs, plus il se sent obligé d’abandonner le Roi pour devenir Azor Ahai.

    Acte I : Renly

    Quand Stannis lève ses bannières, il est à un moment complexe : lui, obsédé par la justice et le sens du devoir, vient d’entrer en rébellion contre la couronne. Une couronne illégitime peut-être, mais il n’en n’est pas moins à l’origine d’une guerre civile. Il le sait. Que son frère décide de les lever contre lui, c’est un choc très rude. Cela met sa campagne en échec et ouvre un risque de discussions sur qui est le plus placé pour prendre le trône, alors que Stannis n’a qu’un seul vrai argument : sa légitimité dynastique. Ajoutons-y la plus petite dose de realpolitik et cette dernière imposera la ligne Littlefinger, soit laisser Jeoffrey en tant que marionnette de Cersei qu’un conseil de régence tiendra en laisse sous peine de dévoiler le pot aux roses. Renly compromet gravement l’opération, sur le terrain mais surtout sur le papier.

    Pourtant, ce n’est sans doute que grâce à Mélisandre que Stannis reste inflexible. Il n’est pas fou. Il ne menacerait pas Renly de l’affronter sans chances de le vaincre, toujours le sens du devoir. Le but est de renverser Jeoffrey, fruit de l’inceste, et de proclamer un souverain légitime. Il ne lance son défi qu’en sachant qu’il a une carte en main, pas pour un combat perdu d’avance. Et, pour la première fois, il franchit la ligne rouge : il se donne lui-même à la prêtresse rouge pour pouvoir gagner et suivre son devoir de régner. Et ne décrit plus Renly que comme un traître, pour échapper au qualificatif de kinslayer.

    D’autant que ce n’est, croit-il, qu’une menue concession : sur les conseils de Davos, il écarte Mélisandre de l’assaut sur port-Réal. Il est déjà, de fait, souverain du Bief et de l’Orage.Il n’agit plus qu’en roi uniquement, refuse pour cela de soutenir la rébellion de Robb. Mais la bataille échoue. Sans flotte, sans troupes, sans soutien, sans argent, il ne lui reste plus qu’à ployer le genou ou s’exiler. De fait, le roi Stannis est mort sur la Néera.

    Acte II : Gendry

    Un passage de l’arc (bien moins réussi, mais HS) qui fait largement progresser l’intrigue. D’abord, Mélisandre prend l’initiative : c’est elle qui ramène Gendry à Peyredragon, elle qui propose de recourir à la sorcellerie pour tuer les trois usurpateurs. Au plan narratif, elle (ou son camp) met Davos au cachot. Dans les livres, c’est Stannis qui amène Edric Storm à Peyredragon.

    Ayant perdu toutes ses autres cartes, Stannis accepte de recourir à la sorcellerie. Je doute que ce choix lui plaise, cela reste malgré tout de l’assassinat et il n’est pas un Tywin. Nouvel abandon de pouvoir à Mélisandre, car c’est elle qui a le pouvoir d’agir désormais, pas lui. Pire, les sangsues agissent.

    Et vient le dilemme : la demande de sacrifier Gendry, un innocent, de sa famille, au sang royal, pour réveiller les dragons. Pour la première fois perce le rôle d’Azor Ahai que la prêtresse veut le voir endosser. Contrairement aux livres, dans la série il n’écarte pas cette idée d’un revers de main. La scène (de la série) où Stannis discute avec Davos dans les cachots est éclairante : « Quand les dieux en personne marchent parmi nous, que pouvons-nous faire à part obéir ? »

    Le Stannis des livres aurait-il brûlé Edric ? On ne peut le savoir, pas en l’état d’avancement de la saga. Il envoie balader Mélisandre quand elle aborde le sujet, mais elle peut y revenir des jours ou des semaines durant sans tomber en disgrâce. Pour le Stannis de la série, la suite de l’histoire prouve qu’il aurait fini par s’y résoudre. Et vient le passage clé, celui qui confirme que nous n’avons vu qu’une répétition générale : Après l’évasion de Gendry, Mélisandre lit dans les flammes, ordonne (pas d’autre mot) à Stannis de gracier Davos car il aura encore besoin de lui, et indique qu’une bataille se prépare au Mur. Elle indique expressément au roi d’emporter sa femme et sa fille. Le regard que lui jette Davos à ce moment-là est sans ambiguïté : lui a très bien compris pourquoi elle est requise.

    Acte III : Shôren

    Ce personnage est, me semble-t-il, plus développé que dans les livres. On la voit assez souvent, associée à l’excellent POV de Davos. Son personnage d’enfant négligée a le temps d’être introduit, elle a l’utilité scénaristique d’apprendre la lecture à Davos et de montrer le côté paternel de ce dernier. Bref,on a le temps de voir autre chose que la cicatrice de grisécaille de son visage. La Shôren des livres semble plus servir d’introduction à Barriol. Personnage fascinant par ailleurs, merci de me l’avoir fait découvrir !

    Une fois au Mur, il devient clair qu’Azor Ahai prend le pas sur le Roi: Stannis affronte les sauvageons et, de fait, devient frère juré : son but est désormais de protéger les royaumes humains contre la tempête en approche. L’expédition vers Winterfell a pour but de lever les troupes du Nord pour le Mur, pas contre les Lannister. Et arrive l’épouvantable EP09/05.

    Petite facilité scénaristique pour le raid de Ramsay, toujours est-il que l’armée se trouve bloquée dans la neige, à portée de frappe de Winterfell (l’attaque le prouve) et sans moyens de se refaire. La situation est celle de l’après-Néera : assaut décisif lancé et perdu, impossible de faire retraite sans quitter la partie définitivement. Sauf qu’ici, pour ce Stannis-là, ce n’est plus le Royaume qui est en jeu, mais le monde et l’humanité. Quel poids sur ses épaules, pour un homme qui ne refuse jamais ce qu’il croit être son devoir ! Il n’a plus qu’une solution, toujours la même : un miracle.

    Davos le sait, lui aussi. Cela se voit à son regard, à sa façon de passer un long moment avec la princesse, à lui faire un dernier cadeau, à se laisser renvoyer au Mur sans rechigner ni faire une dernière tentative. Parce qu’il est ce que Stannis a le plus proche comme ami. C’est son Roi, il se refuse à le juger. Il le comprend, sait qu’il fait, comme d’habitude, ce qui lui semble juste, ce qu’il croit devoir faire. Sauver le monde. Quel qu’en soit le prix, et sans refuser de le payer lui-même.

    (Je n’ai pas oublié la saison 6, j’y reviens).

    Viennent les scènes terribles. La dernière entrevue du père et de la fille, les preuves d’affection, l’abandon à la prêtresse, la longue agonie, les cris, le silence. Ce n’est pas le premier bûcher vu dans la série. Ni le premier personnage menacé, Gendry et même Davos auraient pu y passer et les cendres du Mance ont à peine refroidi. Mais jamais les scénaristes ne nous avaient dit « Un homme sur le bûcher, ce n’est pas un reflet de lumière sur un visage et deux ou trois hurlements au loin. Le culte de R’hllor, c’est cela. Et Stannis accepte d’en payer le prix. Plus ou moins ouvertement, mais il le fait. »

    Sur le fait qu’il tue son unique héritière, ce n’est pas une incohérence selon moi. Après tout, de quoi va-t-elle hériter ? Il a perdu le trône que son frère lui a légué. Il espère toujours, en façade, le reconquérir, mais y croit-il encore tant que cela ? Plus probablement est-il destiné à mourir dans la bataille contre les Autres. Mélisandre le harcèle à propos de son rôle dans la guerre contre le grand Autre, mais ne dit jamais rien sur son avenir d’après. Le dernier Azor Ahai n’a, pour ce qu’il sait, pas eu d’héritiers. Or, il doit vaincre Ramsay pour vaincre les autres. L’avenir de sa famille et du Royaume contre l’avenir du Monde… Pour un homme de devoir, le choix est terrible mais clair.

    D’autant que c’est un mythe réel. IRL, le sacrifice humain chez les celtes, les germains, les hindous et les peuples du proche-orient ressemblait plus à cela qu’aux torrents hollywoodiens d’hémoglobine des Aztèques. Les mythes d’Iphigénie, de la fille de Jephté et d’Isaac ressemblent beaucoup au sort de Shôren. César sacrifia Vercingétorix. Le roi de Norvège Hakon Sigurdsson, vers l’an mille, sacrifia son fils de sept ans à la veille d’une bataille. Même les incas sacrifiaient surtout des enfants. Qu’on ne s’y trompe pas, si ce Stannis-là avait gagné, ce genre de scènes se seraient reproduites. Sa propre fille aurait peut-être été épargnée, mais qu’autres enfants auraient hurlé.

    Acte IV : Stannis

    Quand j’ai vu l’épisode suivant (je pelais des patates, justement), j’étais encore sous le choc. Déjà, j’ai trouvé très surprenant un fait tout simple : cela a marché. Mélisandre a fait ce qu’on lui a demandé. La neige a fondu, la route de Winterfell dégagée, la supériorité numérique de Stannis va jouer. Pour un esprit cartésien comme le mien, il ne se passerait rien et elle sortirait deux-trois trucs d’illusionniste pour changer de sujet.

    Puis viennent deux chocs simultanés. Le suicide de Selyse, la désertion des mercenaires. Stannis se trouve une nouvelle fois au pied du mur, sans échappatoire. Désormais, il sait qu’il a perdu. Pourquoi cette attaque suicidaire, alors ? Mais que peut-il faire d’autre ? Rebrousser chemin, ce qui, en pays ennemi et enneigé, revient à donner l’ordre de sauve-qui-peut ? Se présenter en holocauste aux Bolton, en espérant sauver ses troupes ? Si son caractère le lui permettait, il l’aurait fait quelques mois plus tôt devant Tywin. Et tous les siens sont morts ou se sont éloignés. Par sa faute. Il a tout perdu, sauf un reste d’honneur. Il tente une dernière fois le tout pour le tout, comme après la mort de Robert, comme après la rébellion de Renly, comme après la Néera. Mais cette fois, les miracles sont finis et il perd.

    Mais il ne meurt pas tout de suite. Heureusement ! Un tel personnage mérite de mourir dans sa propre scène. Et qui le scénario met-il sur sa route ? Brienne, le souvenir de sa première grande faute, qui l’exécute pour le meurtre de son frère. Presque gratitude de la part du Roi, qui comprend que, sous l’accusation de kinslayer, il expie du même coup la mort de sa femme et de sa fille et reconnaît la victoire à Davos qui avait tenté de préserver son Roi du prophète messianique qu’il s’est laissé devenir. Azor Ahai est mort, tué par les soldats Bolton. Stannis, privé de la couronne comme des prophéties, redevient le père, le mari et le frère et meurt en sachant qu’il a tout sacrifié pour rien. C’est pathétique. C’est gigantesque.

    Coup de génie des scénaristes ou de GRRM. Stannis avait entre les mains une baguette magique, Mélisandre, qui lui permettait de tuer qui il veut, à n’importe quelle distance, de prédire l’avenir et de commander aux éléments. Il a eu des miracles à la pelle. Et pourtant, cela n’a pas suffi. La morale de cet arc est bien amère mais très dans l’esprit d’ASOIAF : pour régner ou pour vaincre, ce n’est pas une tactique gagnante de s’appuyer sur les miracles. Quand bien même ils sont là, ils ne suffisent pas. Et le Stannis de la série, à un moment donné, a fini par croire qu’ils suffiraient.

    Tout n’est pas égal dans ce tableau. Je n’ai pas oublié que, dans la saison 6, Davos fouille le bûcher de Shôren et, en pleurs, confronte Mélisandre. Je fais le choix délibéré de négliger cet aspect car il gâche beaucoup des relations Davos/Mélisandre, et notamment ce regard défaitiste et tellement honteux qu’elle lui jette en arrivant au Mur, unis dans le deuil du Roi qu’elle a détruit. La construction que je décris, les scénaristes l’ont peut-être posée par accident, en oubliant un élément ici ou là. Mais quelle importance, au fond ? Jusqu’à la fin de Stannis, l’histoire est là. Une tragédie quasi indépendante du reste de la série, avec ses propres personnages, magnifiquement interprétée, fourmillant de références et avec une morale très en phase avec la saga. Pourquoi ne pas ignorer les développements ultérieurs qui la gâchent ? Elle est si belle ainsi.

    #76583
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci Eridan ! C’est plus propre comme cela et je dois dire que je ne me sentais pas de créer un sujet au premier message.

    #76597
    Rosie132
    • Terreur des Spectres
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      Et Stannis accepte d’en payer le prix. Plus ou moins ouvertement, mais il le fait. » Sur le fait qu’il tue son unique héritière, ce n’est pas une incohérence selon moi. Après tout, de quoi va-t-elle hériter ? Il a perdu le trône que son frère lui a légué. Il espère toujours, en façade, le reconquérir, mais y croit-il encore tant que cela ? Plus probablement est-il destiné à mourir dans la bataille contre les Autres. Mélisandre le harcèle à propos de son rôle dans la guerre contre le grand Autre, mais ne dit jamais rien sur son avenir d’après. Le dernier Azor Ahai n’a, pour ce qu’il sait, pas eu d’héritiers. Or, il doit vaincre Ramsay pour vaincre les autres. L’avenir de sa famille et du Royaume contre l’avenir du Monde… Pour un homme de devoir, le choix est terrible mais clair. D’autant que c’est un mythe réel. IRL, le sacrifice humain chez les celtes, les germains, les hindous et les peuples du proche-orient ressemblait plus à cela qu’aux torrents hollywoodiens d’hémoglobine des Aztèques. Les mythes d’Iphigénie, de la fille de Jephté et d’Isaac ressemblent beaucoup au sort de Shôren. César sacrifia Vercingétorix. Le roi de Norvège Hakon Sigurdsson, vers l’an mille, sacrifia son fils de sept ans à la veille d’une bataille. Même les incas sacrifiaient surtout des enfants.

    Je suis d’accord avec cette analyse, mais je persiste à dire que Stannis a fait un mauvais choix. Je m’explique.

    Dans les exemples que tu donnes, la fille de Jephté n’a pas été sacrifiée sur le bûcher. Pour tenir la promesse de son père, elle est allée servir son Dieu au temple de Siloh le reste de sa vie. Tel était son sacrifice.

    Isaac a été sauvé du sacrifice par l’intervention de l’ange Gabriel qui arrêta la main d’Abraham, et c’est un agneau qui fut offert à sa place.

    Selon certains écrits, Artémis a été remplacée in extremis par une biche et aurait été la prêtresse de son temple en Tauride. Selon Racine, elle aurait été remplacée par Ériphile.

    Vercingétorix est exhibé dans les rues de Rome, et sur ordre de César est tué par étranglement (et non sur le bûcher).

    Tout ça pour dire que Stannis aurait pu faire un choix différent pour son innocente fille. Mais la faire périr sur le bûcher, et qui plus est, brûlée vive, est « une mort bien laide » comme l’a si bien dit Mance Rayder (S05EP01).

     

    #76644
    Pandémie
    • Fléau des Autres
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    Ce qui en a dérangé beaucoup, ce n’est pas que Stannis sacrifie ça fille. C’est un des éléments que GrrM a confié aux showrunners et qu’on peut voir venir dans le livre par petites touches subtils. Las, les scénaristes n’ont pas son talent d’écriture, ou plutôt sacrifient l’écriture à des facilités propres au show. Le sacrifice de Shôren choque avant tout par la façon bancale dont il est amené et par sa totale inutilité.

    En amont, il y a le problème du cul de sac stratégique dans lequel se retrouve Stannis, complètement incohérent, les fameux fifty good men de Ramsay qui crament un pauvre fourgon, des mercenaires et une armée qui paniquent à la moindre contrariété. Et il y a le problème de la construction psychologique des personnages, qui pour ménager un effet de surprise horrifiant les spectateurs font des volte-face absurdes. On nous montre un Stannis de plus en plus proche de sa fille et une Selyse extrémiste au possible pour leur faire faire le contraire l’épisode d’après, pour ménager des effets.

    Les conséquences sont tout aussi incohérentes. Mélisandre active un pouvoir divin pour chauffer la zone, elle a produit assez de mégajoules pour alimenter la France pendant un million d’année simplement pour un petit redoux, au lieu de raser Winterfell ou d’assassiner les Bolton. Et ces couillons de mercenaires se barrent, sans rien à bouffer en étant à un millier de km et une mer de chez eux, avec une sorcière pouvant invoquer une malédiction divine de rang 1000 et une forteresse prête à tomber pas loin. Ce qui fait que Stannis a tué Shôren pour rien, et qu’il crève lamentablement.

    Bref, c’est une tragédie, mais surtout une tragi-comédie pour le scénario et le personnage.

    #76652
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    J’avais parlé d’Iphigénie sans le lire ailleurs (consciemment en tout cas) mais je ne pense avoir été le premier à y songer car le parallèle est assez évident ^^

    les fameux fifty good men de Ramsay

    twenty 😀

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #76665
    Yohrot
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    Le vrai problème n’est pas le fond mais la forme, on a déjà eu des personnages typiques des tragédies antiques avec Ned et Robb par exemple. Les showrunners n’avait plus rien à dire sur le personnage de Stannis et ont accélérés sont arc naratif, avec des choix à la va vite ( twenty good men), ça donne un coté bâclé.

    Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé.
    Tywin Lannister ou Nicolas Machiavel, je ne sais plus.
    Fantôme de DOH 7 pour venger le meilleur des Stark.
    Les roses sont les plus belles, PMB.

    #76703
    RichardIII
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 457

    Perso y a quelque chose que j’ai jamais compris.

    Le show dit « les mercenaires désertent » mais où en fait?

    Je trouve que ça n’a pas de sens, ils vont aller où sérieusement? Ils connaissent pas la région, ont des locaux relativement hostiles partout et en plus ils étaient quand même payés. Se barrer dans le Nord en plein hiver me parait absurde, et le meilleur moyen de mourir.

    La désertion de Slador Sahn, de la cavalerie Karstark ou encore des Braves Compaings sont cohérentes: chacun ont leur objectif, leurs espoirs et leurs chances de survie.

    Alors que les 500 corbeaux Tornades qui désertent l’armée de Stannis en plein Bois aux Loups j’ai beau chercher je vois pas la logique (surtout qu’il y avait encore de bonnes chances de victoires).

    #76728
    Aurore
    • Fléau des Autres
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    Perso y a quelque chose que j’ai jamais compris. Le show dit « les mercenaires désertent » mais où en fait? Je trouve que ça n’a pas de sens, ils vont aller où sérieusement? Ils connaissent pas la région, ont des locaux relativement hostiles partout et en plus ils étaient quand même payés. Se barrer dans le Nord en plein hiver me parait absurde, et le meilleur moyen de mourir. La désertion de Slador Sahn, de la cavalerie Karstark ou encore des Braves Compaings sont cohérentes: chacun ont leur objectif, leurs espoirs et leurs chances de survie. Alors que les 500 corbeaux Tornades qui désertent l’armée de Stannis en plein Bois aux Loups j’ai beau chercher je vois pas la logique (surtout qu’il y avait encore de bonnes chances de victoires).

    C’est bien pour ça que c’était complètement absurde et que cet arc a été pourri par les scénaristes.

    #76778
    Biatchdeluxe
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 416

    Rip petit prince 🙁

    j’adore ses POV sur les bouquins, même sur la série au début c’était pas trop mal fait.

    Noir ou rouge, un dragon reste un dragon.

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