Sur le mariage symbolique de Sansa (Unkiss)

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    Tizun Thane
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    « I could keep you safe, » he rasped. « They’re all afraid of me. No one would hurt you again, or I’d kill them. » He yanked her closer, and for a moment she thought he meant to kiss her. He was too strong to fight. She closed her eyes, wanting it to be over, but nothing happened. « Still can’t bear to look, can you? » she heard him say. (ACOK, Sansa VII)

    « Avec moi, tu serais en sécurité, grinça-t-il. Je leur fous la trouille à tous. Ils n’oseraient plus, plus personne, te faire de mal, ou je les tuerais. » Il l’attira violemment vers lui et, un instant, elle crut qu’il voulait l’embrasser. S’y opposer ? il était trop fort. Elle ferma les yeux, toute au désir d’en avoir fini, mais il ne se passa rien. « Peux toujours pas supporter de regarder, hein ? » l’entendit-elle hoqueter. » 

    Le baiser imaginaire de Sansa, ou Unkiss en anglais, bien connu de certains lecteurs, et inconnu d’autres. En résumé, Sansa se souvient à diverses reprises que dans la scène précitée, le Limier l’a embrassée, alors qu’il suffit de relire la citation ci-dessus pour se rendre compte que rien de tel ne s’est produit.

    « Sansa wondered what Megga would think about kissing the Hound, as she had. He’d come to her the night of the battle stinking of wine and blood. He kissed me and threatened to kill me, and made me sing him a song. »

    « Sansa se demandait quel effet feraient à Megga les embrassements du Limier. Il empestait le sang et le vin, cette nuit là, la nuit de la bataille. Il m’a embrassé, m’a menacer de le tuer, m’a obligée à lui chanter une chanson. »

    Sansa résume dans AFFC la scène de la façon suivante:

    « Il a pris une chanson et un baiser et il ne m’a laissé rien d’autre qu’un manteau sanglant. »

    « As the boy’s lips touched her own she found herself thinking of another kiss. She could still remember how it felt, when his cruel mouth pressed down on her own. He had come to Sansa in the darkness as green fire filled the sky. He took a song and a kiss, and left me nothing but a bloody cloak. »

    La citation complète est cocasse, parce que des détails sont rajoutés (la bouche cruelle, les ténèbres aussi verte que les flammes embrasant le ciel) pour un baiser « de cinéma » qui ne s’est jamais produit.

    Reste l’interrogation majeure : Pourquoi inventer ce détail ? C’est souvent interprété comme une sorte d’éveil à la sensualité, un fantasme inconscient de Sansa. La citation ci-dessus semble pencher en ce sens. La scène réécrite semble la couverture d’un roman à l’eau de rose, avec un mâle dominant (mais vaincu par l’amour bien sûr) s’emparant des lèvres de l’héroïne réduite à l’impuissance.

    Un peu réducteur à mon goût. A été évoqué l’idée d’un viol, contredit par le texte.

    Le contexte de la scène est intéressant : Il lui offre sa protection. Il la presse contre elle. Elle croit qu’il va l’embrasser et elle ferme les yeux. Il a l’impression qu’elle le rejette une nouvelle fois et s’énerve ensuite. Il lui extorque une chanson en la menaçant de mort. Elle chante un hymne à la Mère.

    C’est à ce moment que se cristallise l’imagination de Sansa. Il aurait « dû » l’embrasser à cette occasion, et l’inconscient de Sansa rectifie cette erreur. Pourquoi ? Parce qu’elle se retrouve inconsciemment et symboliquement mariée au Limier. C’est la thèse exposée.

    On sait que la symbolique du mariage à Westeros repose sur deux éléments :

    • L’échange de manteau comme symbole de protection. Le fiancé offre de protéger sa promise, et cette offre de protection est symbolisée par l’échange des manteaux. Le fiancé recouvre sa fiancée d’un manteau à ses couleurs. Lors de son mariage avec Tyrion, Sansa se souvient de cette symbolique et de ses propres rêveries sur l’homme grand et fort qui tendrement l’envelopperait de sa cape.
    • L’échange d’un baiser comme symbole d’amour.

    Ca tombe bien, ça. Dans la suite de la scène lors de la bataille de la Néra, Sansa se recouvrira elle-même du blanc manteau du Limier, et restera frissonnante après son départ.

    « She found his cloak on the floor, twisted up tight, the white wool stained by blood and fire. The sky outside was darker by then, with only a few pale green ghosts dancing against the stars. A chill wind was blowing, banging the shutters. Sansa was cold. She shook out the torn cloak and huddled beneath it on the floor, shivering. »

    Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elle se retrouve avec la cape du Limier sur ses épaules, puisque lors de son humiliation devant la Cour, le Limier la recouvrira de sa cape pour protéger sa nudité, et Sansa remarque alors que la laine rugueuse en était plus douce que le velours.

    On note d’ailleurs une gradation. La première fois, Sansa est passive et c’est le Limier qui la recouvre de sa cape. La deuxième fois, c’est elle qui seule s’en recouvre (alors que ses couvertures sont à deux pas si elle a froid).

    L’offre de protection est sérieuse : il lui a déjà effectivement sauvé la vie lors des émeutes. On pourrait d’ailleurs noter que Sansa n’a jamais répondu explicitement à la proposition du Limier de la protéger, d’aller à Winterfell. La question est quelque part encore dans l’air.

    Reste un élément important du mariage. Le baiser symbolisant l’amour devant régner entre époux. Il ne s’est pas produit dans la réalité. C’est pour cette raison que l’esprit de Sansa comble inconsciemment ce manque en l’imaginant.

    A mon sens, l’explication du baiser rêvé est là. Dans la symbolique du mariage à Westeros.

    Dernier élément important du mariage : sa consommation. Il ne s’est rien passé de ce côté-là non plus. Quand le Limier réclame une chanson, la connotation sexuelle peut paraître évidente. Pas à Sansa, qui littéralement cherche une chanson à chanter.

    Or, la métaphore de la chanson en tant que métaphore du plaisir sexuel, a été réutilisée explicitement par Marillion, à l’occasion de la nuit de noces de Lady Lysa, « je te ferai chanter plus haut que Lady Lysa ». Lothor Brune vient à son secours devant ses avances pour le moins indésirables, et Sansa s’imagine d’ailleurs qu’il s’agit du Limier tout en sachant que c’est impossible.

    La même nuit, remuée semble t-il par tous les évènements intervenus, elle rêve de sa propre nuit de noces, mais elle remplace Tyrion par le Limier :

    And she dreamed of her wedding night too, of Tyrion’s eyes devouring her as she undressed. Only then he was bigger than Tyrion had any right to be, and when he climbed into the bed his face was scarred only on one side. “I’ll have a song from you,” he rasped, and Sansa woke and found the old blind dog beside her once again. “I wish that you were Lady,” she said.  

    Et puis, elle rêva aussi de sa nuit de noces, de Tyrion qui la dévorait des yeux pendant qu’elle se déshabillait. A cela prêt qu’il était bien plus grand que nature, et quand lorsqu’il grimpa dans le lit, c’était d’un seul côté que sa figure était toute dévastée. « Va te falloir me chanter ma chanson », fit-il d’une vois râpeuse, et se réveillant en sursaut, Sansa trouva de nouveau le vieux chien aveugle à ses côtés. « Que n’es tu ma Lady » dit-elle.

    Le « en sursaut » n’est pas dans le texte d’origine. Il y réside une ambiguïté si relative au caractère plaisant ou pas du rêve. Il ressemble fortement à un rêve érotique, et la chanson réclamée par le Limier prend alors un tout autre sens…

    A mon avis, c’est toujours ce même désir inconscient de sceller le mariage. Au passage, le vieux chien aveugle, Lady et le Limier semblent confondus dans son esprit.

    Trois points plus mineurs au soutien de la thèse :

    La Pucelle de Goéville. Il s’agit d’une chanson dont les paroles trouvent un écho avec le fameux Unkiss. La Pucelle de Goéville de la chanson elle-aussi est embrassée (de force ?) à la pointe de la dague, comme Sansa lors du Unkiss. Le lien où je développe plus avant l’analogie.

    https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/la-pucelle-de-goeville-chanson/

    Le Baiser de l’Etranger. Dans ce lien, je me suis efforcé de mettre en lumière la comparaison littéraire entre le Limier et la figure du Batman… ou de l’Etranger. Cette similitude n’est pas anodine.

    https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/sandor-clegane-le-limier/

    Cette référence n’est pas anodine. En effet, il existe un autre point troublant, que la traduction française massacre allégrement. Intéressons-nous à la tirade de Cersei en anglais.

    “Your Grace has forgotten the Lady Sansa,” said Pycelle.

    The queen bristled. “I most certainly have not forgotten that little she-wolf.” She refused to say the girl’s name. “I ought to have shown her to the black cells as the daughter of a traitor, but instead I made her part of mine own household. She shared my hearth and hall, played with my own children. I fed her, dressed her, tried to make her a little less ignorant about the world, and how did she repay me for my kindness? She helped murder my son. When we find the Imp, we will find the Lady Sansa too. She is not dead… but before I am done with her, I promise you, she will be singing to the Stranger, begging for his kiss.”

    – Cersei IV, AFFC

    A croire Cersei, Sansa chantera une prière à l’Etranger, le suppliant de l’embrasser avant qu’elle n’en finisse avec elle. Cette tournure spécifique ne constitue nullement une coïncidence de rédaction. Il s’agit d’un choix délibéré de l’auteur de faire référence au « unkiss ».

    Le rituel de Sang-Magie :

    Lord Riusma avait abordé cette théorie de manière oblique dans une autre théorie sur un rituel instinctif de Sang-Magie de Sansa. Evidemment, le post a disparu dans le crash. Un lien en anglais.

    https://www.reddit.com/r/asoiaf/comments/1uv7gr/spoilers_all_sansa_the_pretty_little_maegi/

    En résumé, pour les non-anglophones : lorsque Sansa tente de brûler les draps ensanglantés de ses premières règles, il ne s’agit pas seulement d’un geste de folie d’une personne désespérée, mais d’un rituel de sang-magie inconscient pratiqué instinctivement.

    Sansa est de sang royal (la lignée des rois de l’Hiver). Lors du rituel, elle est désespérée, et n’a qu’une idée en tête : ne jamais épouser Joffrey. Lors du cauchemar qui précède l’incinération de ses draps ensanglantés, elle en appelle à un vrai chevalier, un champion.

    « She shouted for Ser Dontos, for her brothers, for her dead father and her dead wolf, for gallant Ser Loras who had given her a red rose once, but none of them came. She called for the heroes from the songs, for Florian and Ser Ryam Redwyne and Prince Aemon the Dragonknight, but no one heard. »

    Il est intéressant de noter qu’elle appelle à l’aide tout le monde, sauf le Limier qui l’a sauvée en réalité. Fin de l’aparté.

    Selon la théorie, un rituel serait pratiqué pour en appeler à un champion, et ne pas épouser Joffrey. Le mariage symbolique évoqué ci-avant serait alors le résultat magique de ce rituel improvisé.

    #26194
    Emmalaure
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    Merci pour le récapitulatif. J’ai une petite interrogation qui me vient à l’esprit, à propos du lien explicite avec Lady (il est fait aussi dans la scène du non-baiser, car quand Sansa est dans sa chambre lors de la bataille, c’est à Lady qu’elle pense et c’est le Limier qui surgit de l’ombre) : je me demande si GRRM n’utilise pas ce « unkiss » et la symbolique du mariage pour parler du don latent de change-peau de Sansa, celui qui n’a pas pu être révélé du fait de la mort de sa louve; en effet, un change-peau réalise au sens propre le « une seule chair, un seul coeur, une seule âme » (« one flesh, one heart, one soul ») qui sont les paroles rituelles du mariage, et le mariage lui-même avec son rituel des manteaux échangés mime un changement de peau.

    Remarque subsidiaire, à propos du premier souvenir du non-baiser, lorsque Sansa se compare à Megga : ce qui ressort du souvenir de Sansa c’est la bestialité du Limier (on est en plein dans la Belle et la Bête, là), et je crois qu’elle utilise ce souvenir comme elle traiterait Margaery et ses cousines d’enfants de l’été. Les garçons jouent à la guerre jusqu’à leur baptême du feu (au sens propre pour la bataille de la Nera, d’ailleurs), et les filles jouent aux princesses jusqu’au baptême … du feu aussi (dans la mesure où le feu, en particulier le feu grégeois, est métaphorisé en bête sauvage et où la brûlure est comparée à des morsures); ils y perdent leur intégrité et/ou deviennent des monstres (Amory Lorch ou Gregor Clegane, par exemple), comme les change-peaux et vervoyants perdent la leur et finissent immanquablement par être possédés autant qu’ils possèdent (les change-peaux ont la possibilité d’une seconde vie animale au cours de laquelle leur âme finit par se dissoudre dans l’animal en question, et les vervoyants sont carrément absorbés par les arbres).

    #26197
    Odeon
    • Pas Trouillard
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    As the boy’s lips touched her own she found herself thinking of another kiss. She could still remember how it felt, when his cruel mouth pressed down on her own. He had come to Sansa in the darkness as green fire filled the sky. He took a song and a kiss, and left me nothing but a bloody cloak.

    « Il a pris une chanson et un baiser et il ne m’a laissé rien d’autre qu’un manteau sanglant. »

    L’idée de consommation d’un mariage est d’ailleurs présente dans cette extrait, l’image d’un manteau taché de sang n’est pas sans évoqué c’elle du drap taché de sang lors de la nuit de noce à cause de la rupture de l’hymen.

    Il y a celà dit un point qui m’interroge sur le rapprochement entre la chanson du Limier et la métaphore de l’acte sexuel. C’est que quand Sandor demande à Arya de l’achever il tente de la provoquer et lui rappel ses crimes. Or il fait bien une différence entre chanson et acte sexuel puisqu’il dit à peu près (je n’ai pas l’extrait) « Et la chanson de ta soeur elle ne m’a pas donné je lui ai prise, j’aurais due la violé ». Le fait qu’il marque une différence entre ces deux idées (chanson et sexe) me fait croire que Sandor n’a jamais envisagé le sous-texte sexuel que prenait ses demandes de chansons.

     

    N'est pas mort ce qui à jamais dort et au long des ères étranges peut mourir même la Mort .

    #26198
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Merci pour le récapitulatif. J’ai une petite interrogation qui me vient à l’esprit, à propos du lien explicite avec Lady (il est fait aussi dans la scène du non-baiser, car quand Sansa est dans sa chambre lors de la bataille, c’est à Lady qu’elle pense et c’est le Limier qui surgit de l’ombre) : je me demande si GRRM n’utilise pas ce « unkiss » et la symbolique du mariage pour parler du don latent de change-peau de Sansa, celui qui n’a pas pu être révélé du fait de la mort de sa louve; en effet, un change-peau réalise au sens propre le « une seule chair, un seul coeur, une seule âme » (« one flesh, one heart, one soul ») qui sont les paroles rituelles du mariage, et le mariage lui-même avec son rituel des manteaux échangés mime un changement de peau.

    Justement, je me demande si son don de change-peau de Sansa n’est pas directement lié à cette scène du « Unkiss ». [crackpot on] On voit Sansa s’approcher de lui avec sa main et le toucher sur sa joue. Est-ce qu’elle ne pourrait pas, inconsciemment, avoir crée un court instant un lien entre eux deux, entre leurs pensées? Si on comprend ça comme ça, on pourrait dès lors comprendre ce « Unkiss » comme la traduction des pensées de Sandor qu’a inconsciemment provoqué Sansa en le touchant. Elle sent ses pensées : à savoir qu’il envie de l’embrasser. Mais c’est assez confus, elle reste pas mal de temps un peu hébétée dans le lit après cette scène, ne sachant pas trop quoi faire et elle décide a posteriori de faire comme si ce qu’elle avait senti c’était réellement passé, d’où ce souvenir falsifié.

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    #26212
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Merci pour le récapitulatif. J’ai une petite interrogation qui me vient à l’esprit, à propos du lien explicite avec Lady (il est fait aussi dans la scène du non-baiser, car quand Sansa est dans sa chambre lors de la bataille, c’est à Lady qu’elle pense et c’est le Limier qui surgit de l’ombre) : je me demande si GRRM n’utilise pas ce « unkiss » et la symbolique du mariage pour parler du don latent de change-peau de Sansa, celui qui n’a pas pu être révélé du fait de la mort de sa louve; en effet, un change-peau réalise au sens propre le « une seule chair, un seul coeur, une seule âme » (« one flesh, one heart, one soul ») qui sont les paroles rituelles du mariage, et le mariage lui-même avec son rituel des manteaux échangés mime un changement de peau.

    J’ai pas voulu aborder cet aspect, parce que c’était déjà bien long, et que je trouvais l’idée un peu crackpot, même si la confusion Lady=Limier est bien présente dans la tête de Sansa.

    Mais tes développements sur les change-peaux et le changement de manteau comme changement de peau m’ont convaincu !

    Le fait qu’il marque une différence entre ces deux idées (chanson et sexe) me fait croire que Sandor n’a jamais envisagé le sous-texte sexuel que prenait ses demandes de chansons.

    Le fait justement que Sandor évoque dans la foulée le fait qu’il ait extorqué la chanson de Sansa avant d’évoquer une possible relation sexuelle, me fait justement penser le contraire. Sur cette scène mythique, la traduction est une nouvelle fois mal faite. La citation exacte est:

    « And the little bird, your pretty sister, I stood there in my white cloak and let them beat her. I took the bloody song, she never gave it. I meant to take her too. I should have. I should have fucked her bloody and ripped her heart out before leaving her for that dwarf.” A spasm of pain twisted his face. “Do you mean to make me beg, bitch? »

    C’est une scène complexe, sachant qu’il est agonisant, rongé par le remords, cherchant à provoquer Arya pour qu’elle le tue, et qu’il vient d’apprendre que Sansa avait été livrée en pâture au Lutin qu’il hait. Bref. Compliqué de savoir ce qu’il pense.

    Comme je l’ai dit, le « I meant to take her too. I should have.« , Sandor établit un parallèle entre chanson et sexualité, sachant qu’évidemment, il sait fort bien la différence entre les deux.

    Son obsession pour obtenir une chanson de Sansa est aussi quelque peu un mystère. J’ai l’impression qu’il cherche à établir une connexion, quelque chose d’intime (chanter pour quelqu’un est une démarche particulière).

    Si on accepte cette métaphore chanson/plaisir sexuel, il y a un autre dialogue plein de sous-entendus ^^

    “I … I know a song about Florian and Jonquil.”

    “Florian and Jonquil? A fool and his cunt. Spare me. But one day I’ll have a song from you, whether you will it or no.”

    “I will sing it for you gladly.”

    Le « un jour ou l’autre, j’aurai une chanson de toi, que tu le veuilles ou non »  ce à quoi Sansa réponds d’un innocent « je la chanterai volontiers pour vous » prend alors un tout autre sens.

    Sachant qu’au final, ce que pense Sandor n’est pas indispensable pour la théorie.

    #26231
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 771

    Le fait justement que Sandor évoque dans la foulée le fait qu’il ait extorqué la chanson de Sansa avant d’évoquer une possible relation sexuelle, me fait justement penser le contraire. Sur cette scène mythique, la traduction est une nouvelle fois mal faite. La citation exacte est:

    « And the little bird, your pretty sister, I stood there in my white cloak and let them beat her. I took the bloody song, she never gave it. I meant to take her too. I should have. I should have fucked her bloody and ripped her heart out before leaving her for that dwarf.” A spasm of pain twisted his face. “Do you mean to make me beg, bitch? »

    C’est une scène complexe, sachant qu’il est agonisant, rongé par le remords, cherchant à provoquer Arya pour qu’elle le tue, et qu’il vient d’apprendre que Sansa avait été livrée en pâture au Lutin qu’il hait. Bref. Compliqué de savoir ce qu’il pense.

    Je trouve cette scène d’autant plus révélatrice qu’on y voit un Sandor gravement blessé qui se met à « sangloter » quand il se met à parler de Sansa. Il ne pleure pas de ses blessures comme il aurait eu loisir de le faire plus tôt, mais bien de l’inachèvement de sa relation avec elle, le regret de n’avoir pas pu la protéger des autres, de l’avoir laissée à Tyrion. D’ailleurs, à la relecture, j’ai l’impression que c’est la nouvelle de son mariage avec Tyrion qui est la cause de tout le grabuge de Sandor à l’auberge. Quand il l’apprend, il grimace, boit d’une traite son verre, pose d’autres questions puis revient à Sansa en regardant fixement le feu. Après la rixe, il veut se saouler à mort, certes pour oublier ses blessures, mais pas que je pense. Il est un peu au bout du rouleau, tant physiquement que moralement. Mais bref, je dévie.

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