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  • Ce sujet contient 870 réponses, 74 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Nymphadora, le il y a 2 jours et 13 heures.
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  • #123894
    JN
    • Terreur des Spectres
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    Après visionnage, je ne l’ai justement pas trouvé très lovecraftien contrairement à ce que laissait penser la com. Y’a une filiation esthétique par moments, mais sans plus.

    Visuellement en tout cas, il claque. Il est spé, mais ça vaut le coup pour l’esthétique. Et clairement, le genre de films fait pour nous mettre mal à l’aise.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #124236
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    J’ai enfin retrouvé le chemin des salles obscures

    Comme mes camarades de la page précédente, j’ai bien aimé À couteaux tirés (Knives Out) de Rian Johnson. A la base, je suis assez client de ce genre de scénario, ça aide. Franchement, si on vient pour ça, le contrat est rempli, tout est impeccable (2h10 quand même, on aurait pu resserrer un peu). Les critiques du Masque ont trouvé dans l’ensemble que ce n’était pas désagréable mais plutôt vain. C’est vrai qu’on passe un bon moment, qu’on garde un bon souvenir, mais que ça en reste là (c’est déjà pas mal). Cela dit, en sous-texte (noté aussi par un des critiques) affleure le thème de l’immigration, des pro nazis du moment outre-Atlantique et ailleurs etc. Le bingo des pays latino-américains m’a bien fait rire d’ailleurs. J’avais envisagé une fin mais j’avais tort, ça arrive ^^. Bref, si les ambiances à la Agatha Christie avec un cast de qualité vous intéressent, c’est sans doute pour vous. Ce film est typiquement celui que je conseillerai au »couple-qui-va-2-fois-par-an-au-cinéma-car-ils-ont-des-enfants-en-bas-âge-et-ne-veut-pas-payer-places-et-baby-sitter-pour-voir-un-film-moyen » car il est consensuel et risque donc peu de déplaire

    Rattrapage 2019, mais apparemment personne ici ne l’a vu Music of My Life (Blinded by the Light en VO, comme ça on peut apprécier l’effort de mettre un autre titre anglais en VF), film britannique réalisé par Gurinder Chadha sorti en septembre dernier. 1987 à Luton, près de Londres, Javed fils d’un couple pakistanais a 16 ans, s’ennuie et rêve de partir. Mais un jour, il écoute du Bruce Springsteen et ça lui change la vie. Apparemment mixer musique populaire et Britanniques originaires du sous-continent indien, c’était la mode en 2019 😀 Le film mêle comédie sociale très anglaise avec plein de chansons du Boss (qui a la classe). L’idée est très bonne (je sais que le film est « tiré d’une histoire vraie ») car on peut établir des liens entre les blue collars du New Jersey et les ouvriers anglais. On se rappelle tous comment à l’adolescence une oeuvre (ici de la musique) peut nous marquer, comme si son auteur nous parle à nous et arrive à décoder et exprimer ce qu’on a en tête. Le film parle vraiment de ça. Il y a un côté feel good avec le voisin sympa, la prof attentionnée mais pourtant le réalisateur n’élude pas le chômage de masse, les racistes qui mènent la vie dure aux « Pakis », le National Front qui fait des manifs et Thatcher qui se fait réélire. Bref, tout n’est pas rose et le film arrive plutôt bien à allier les deux tout en questionnant aussi les différences d’approches des générations d’immigrants. Si vous aimez Bruce Springsteen, ce film est fait pour vous. Si vous aimez juste les comédies sociales anglaises un peu légères mais pas trop, aussi.

    You can’t start a fire
    You can’t start a fire without a spark

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #124652
    Corondar
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1435

    A couteaux tirés (2019, de Rian Johnson)

    Comme les avis précédents j’ai beaucoup aimé ce film, pastille acidulée et savoureuse. A la fois pastiche et hommage au genre du « Who done it », le scénario est suffisamment malin et cynique pour titiller la curiosité du spectateur, le casting s’éclate joyeusement, et Johnson n’est pas un manche avec une caméra entre les mains.
    C’est pas le film de l’année, mais on passe un très agréable moment, c’est déjà très bien.

    Underwater (sorti en 2020, mais tourné en 2017, de William Eubank)

    Film resté dans les cartons de la Fox un long moment suite au rachat par Disney…

    On suit plusieurs survivants dans une station de forage des fonds marins (plus de 10 000 mètres sous le niveau de la mer quand même), après un séisme ayant endommagé gravement les installations. Mais qui sait ce qui rode à ces profondeurs ? Et si il y avait plus dangereux que les secousses et les explosions ?

    Le réalisateur m’avait marqué avec son film The Signal (série B de SF sortie en 2015 en VOD hautement recommandable). Je suis allé voir celui là curieux, sans en attendre grand chose. Le film ne révolutionne pas le genre, c’est le moins que l’on puisse dire. Il recycle tout un tas d’influences et d’inspirations en l’assumant pleinement.

    Spoiler:
    Entre Abyss, Alien et Lovecraft, il y en a pour tous les goûts.

    Les 15 premières minutes sont très bonnes et laissaient espérer mieux. La suite est nettement plus convenue et joue trop sur les jump scare faciles. Mais le film est très efficace et sans chichi, et malgré un budget sans doute serré, il ne démérite pas au niveau du rendu. Je pense que le réalisateur est à suivre, il peut être prometteur. Et le casting, emmené par une Sigourney Weaver Kirsten Stewart inspirée, emballe la sympathie et l’intérêt du spectateur. Bref, un divertissement sans prétention qui remplit son office.

    1917 (2020, de Sam Mendes)

    Alerte, chef d’oeuvre en approche. Mon année cinématographique commence très bien. Sam Mendes est en apesanteur ici.

    On suit, dans un faux plan séquence aux qualités visuelles et techniques époustouflantes, deux jeunes soldats (George MacKay, parfait de bout en bout, et Dean-Charles Chapman, aka Tommen Baratheon dans AGOT, très bien aussi) de la première guerre mondiale, qui ont 24 heures devant eux pour rejoindre un bataillon derrière udes lignes ennemies, afin de leur faire annuler un assaut imminent, qui est en fait un guet-apens des troupes allemandes.

    Le film aligne les plans iconiques, Mendes jouant de sa caméra tel le maestro qu’il est souvent. Techniquement on est proche de la perfection. Mais là où le film est très fort c’est qu’il immerge complètement le spectateur avec ses héros : on ressent la boue, le froid, la peur, on sent presque les corps en décomposition. Le tout en gardant de la place pour l’émotion et le message universel. Je pense pouvoir déjà affirmer qu’il sera dans mon top 3 de l’année 2020 (je suis en train de finir mon top 2019 ). Si ce n’est pas le cas, alors ce sera que l’année cinématographique 2020 aura été exceptionnelle…Et puis on croise aussi Colin Firth, Mark Strong, Benedict Cumberbatch et Richard Madden, j’ai envie de dire what else ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Corondar.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Corondar.
    #124971
    Corondar
    • Pisteur de Géants
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    Les éblouis (2019, de Sarah Suco)

    Les parents de 4 enfants rejoignent une communauté religieuse qui les fait dangereusement basculer dans le phénomène sectaire. L’aînée de la fratrie tente de résister aux dérives qu’elle constate.

    Librement inspiré du parcours de la réalisatrice, le film fait froid dans le dos. Il démontre avec une implacable impression du réel comment des personnes en apparence censées peuvent basculer dans l’embrigadement d’une secte sans vraiment réaliser, et en emmenant avec eux leurs enfants. Le film est parfois malaisant mais sonne toujours très juste. Les jeunes acteurs qui incarnent les enfants y sont pour beaucoup, Camille Cottin dans le rôle de la mère fragilisée fait également forte impression. Pour un premier long métrage la réalisatrice s’en sort également très bien. Je recommande chaudement.

    #125487
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Faudra que je fasse une récap’ de mes rattrapages 2019 mais là je vais enchaîner sur 2020.

    1917 de Sam Mendes. Je ne serai pas aussi élogieux que Corondar (dans mon top de 2020, peut être. Dans mon top 3, moins sûr), néanmoins, il est ambitieux et très bien fait (je parle toujours du film, là). Il arrive à gérer le pseudo temps réel et le fait qu’il faut qu’il se passe des trucs pour ne pas qu’on s’ennuie. De même, la gestion de la nuit est hyper bien foutue. En plus de ça, le film arrive à faire passer ce qu’est le no man’s land (de la boue, des barbelés et rien debout) par rapport à la campagne environnante ou à des villages quasi détruits, et donc désertés. La guerre n’en sort pas grandi et tant mieux, surtout pour celle là. Néanmoins, il y a peu de « salauds de notre camp » par rapport à une œuvre comme Les Sentiers de la gloire (Kubrick, 1957). Quant aux ennemis, on les voit à peine, on les croise parfois mais on sait peu de choses d’eux. Je fais un tout petit peu la fine bouche car j’ai l’impression que l’aspect technique de faux plan séquence est utilisé comme argument marketing (ou tour de force) pour justifier de regarder le film alors qu’il a plein de points forts qui « méritent » à eux seuls d’aller voir le film

    Spoiler:
    L’ouverture du film avec les deux soldats qui dorment au soleil et qui ensuite, appelés par leur commandement, s’enfoncent de plus en plus dans les tranchées, c’est assez magique. La fin du film aussi. Il y a à mon avis plein de lectures mythologiques (la rivière qui évoque le Styx, le fait de mourir intérieurement etc), presque trop ?

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    #125790
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Rattrapages 2019

    Vice réalisé par Adam McKay. Un biopic corrosif et partisan qui l’annonce d’emblée. C’est assez rare pour que ce soit souligné et encouragé. On sait que le film est à charge et comme Dick Cheney et sa clique sont assez détestables, on prend un plaisir (un peu triste) de le voir gravir les échelons du pouvoir (triste car on sait que ça ne va pas être bénéfique pour le monde…). Un peu long, probablement peu objectif mais bien réalisé et bien joué.

    Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn) réalisé par Edward Norton (c’était bien Au nom d’Anna, Keeping the faith), tiré d’un livre que je n’ai pas lu. Nymphadora en parle plus haut. C’est un film très étrange. Trop long (2h20…) avec un rythme un peu nonchalant (j’ai piqué du nez à un moment) mais il a un certain charme. Ce gars improbable qui cherche à savoir qui a tué son patron dans un New York jazzy (So what, je suppose que c’est pour un trompettiste connu^^). Le film joue à fond sur cette ambiance et c’est franchement bien, cela lui donne une patte (une patine ?) que j’ai beaucoup appréciée. Les acteurs sont aussi très bien. Y a des défauts au film mais c’est dur de lui en vouloir car il a plein d’autres qualités

    The Irishman de Martin Scorsese. J’ai du mal avec les films longs (au delà de deux heures), disons que j’estime qu’ils ont intérêt à valoir la peine de me prendre autant de temps. Mais pour autant, il y a certains longs films qui sont géniaux. Les Affranchis (Goodfellas) en fait partie. Mais là, Marty a encore ajouté une heure pour arriver à 3h30 et c’est franchement trop. En plus, le film est (attention adjectif tarte à la crème) crépusculaire avec ces mafieux vieillissants. Alors certes, je comprends que Marty a voulu faire un film avec ses amis de toujours et c’est sympa mais franchement, ça ne tient pas trop la longueur (et les acteurs non plus d’ailleurs). Je me dis que c’est un peu son Il était une fois en Amérique mais en moins bien (si ça se trouve dans 10 ans, on pensera différemment). Celui qui a la classe (car on le voit peu ?), c’est le premier acteur scorsesien à savoir Harvey Keitel. Je comprends que ce film tenait au coeur du réalisateur mais je me dis qu’il arrive sans doute dix ans trop tard (le financement, c’est dur, je sais) et qu’il a facilement une heure de trop… ou sinon il fallait en faire une série télé, probablement en changeant les acteurs pour la partie « jeunesse ».

    La Belle Époque de Nicolas Bedos. Le scénario est un peu trop inutilement alambiqué… Pierre Arditi et Fanny Ardant sont un vieux couple qui n’a plus rien en commun. L’ami de leur fils (Guillaume Canet) a créé une entreprise qui permet de recréer (avec acteurs et décors) une ambiance passée pour ceux qui veulent et peuvent payer ce dépaysement. On offre un forfait à Pierre Arditi qui demande à revenir en 1974 quand il a connu sa future femme. L’actrice la représentant (Doria Tillier) a des rapports compliqués avec Guillaume Canet.

    Je suis très perplexe au sujet de ce film. Il y a vraiment des moments de grâce dans certaines représentations du passé et plus généralement dans ce qui tourne autour du personnage de Pierre Arditi (y compris donc Fanny Ardant et Doria Tillier). Mais à côté de ça, la relation entre Doria Tillier et Guillaume Canet me pose énormément de problème. Car Doria Tillier et Nicolas Bedos formaient un couple à la ville, or Guillaume Canet incarne un réalisateur (hum hum). Ce qu’on voit me parait à la limite d’une relation toxique filmée de manière masochiste, ou complaisante je ne sais pas. Il n’empêche qu’il reste ces jolis moments… Alors, je ne sais pas vraiment quoi en penser…

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #126442
    Crys
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1596

    C’est la semaine du grand rattrapage des Oscars, finalement. Vu 1917 et je ne vois pas bien ce que je pourrais ajouter à ce que Gray et Corondar ont dit. C’est impeccable, c’est beau, prenant, c’est à la fois réaliste et symbolique. J’attends avec beaucoup d’impatience un bonus « décryptage » du film avec Mendes car c’est un des meilleurs films que j’ai vu depuis longtemps. Ce ne serait pas étonnant qu’il rafle tout aux oscars (même si je préférerai que Parasite gagne la première catégorie, le propos étant ici plus consensuel). Juste peut-être, dans les bémols pour moi finalement, il y a les têtes trop connues qui font leur apparition. Même si je jubile toujours autant en croisant la crème des acteurs britanniques conviés au casting, je me demande si j’aurais pas préféré avoir des inconnus. Ah et en parlant de casting, pas si étonnant de retrouver ici Dean Charles-Chapman et Richard Madden, vu que la directrice de casting, est celle d’une série qu’on connaît bien par ici. Elle a donc du recaler des poulains :p

    Vu également Little Women ou Les filles du Dr March. C’était un bon moment. Rien de franchement exceptionnel sous le soleil pour qui a un jour eu une grande soeur qui regardait les téléfilms à Noël, mais la réalisation était relativement pêchue et le casting, emporté par Saoirse Ronan, est impeccable. Je me suis demandé s’il y avait pas avec la « fin réécrite pour de l’argent » quelque chose de la vie de l’auteure mais n’ayant jamais lu le bouquin ni la biographie de Louisa May Alcott. Bref, c’était mignon et tendre comme un épisode de Downton Abbey (dont le personnage de Maggie Smith sonne comme un curieux écho de celui incarné par Meryl Streep).

    Et enfin avec six mois de retards Once upon a time in Hollywood. Bon. Voilà. C’était un peu long mais pas complètement chiant. C’était pas nul mais rien de transcendant non plus. On a l’impression qu’il veut raconter son truc sur Mansion (vu qu’il voulait faire un film là-dessus depuis toujours) et à la fois la fin de l’âge d’or du western, mais les deux ensembles sont bizarres, surtout avec la coupure au milieu en Italie. Bref, j’ai un peu ri pendant la scène de fin, mais sinon… je crois que je suis vraiment hermétique aux catalogues de références que Tarantino appelle « films ». Tout ça m’a semblé un peu vain.

    #126462
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 771

    Un peu a contrario des commentaires précédents, je suis passée un peu à côté de 1917. J’ai trouvé le film très beau visuellement lors des scènes du village en feu ou de la scène finale de « course ». Au delà de ça, j’ai trouvé que c’était tout de même un film sans âme. Dès les premières minutes, j’ai trouvé le pitch assez peu vraisemblable (donner une telle responsabilité à deux péquenauds…), ç’aurait été bien d’en avoir une justification. Les acteurs ne jouent pas très bien non plus… On sait clairement ce qui va se passer en regardant leur visage u_u.

    En y réfléchissant, je pense que ce qui m’a principalement empêchée d’aimer le film, c’est le fameux « plan séquence », ça a eu l’effet inverse sur moi. Le fait même que la caméra continue toujours d’avancer m’a fait penser à une chorégraphie bien apprise, loin du spontané, donc loin de ce qu’un film sur la guerre peut véhiculer.

    Je mets en copie une review Sens Critique que je trouve bien écrite et qui parle beaucoup mieux que moi de technique.

    Pourtant, l’apparente cohérence du fond et de la forme dans l’oeuvre de Mendes se trouve à de nombreuses reprises ébranlée par le fait que la virtuosité formelle et l’élégance visuelle des trajectoires rectilignes de la caméra, parfaitement calibrées, amoindrissent dangereusement les effets esthétiques et sensibles que l’horreur de la guerre devrait exercer sur le spectateur. Non pas que l’horreur de la guerre ne soit pas visible à l’écran (au contraire, la caméra insiste au possible sur ces détails dans le décor qui en sont le signe), mais parce que l’expérience immersive, donc subjective de l’horreur, paraît vidée de son contenu.

    Là où l’horreur suppose des pics d’intensité, de tension, de terreur, donc une figuration qui malmène le spectateur, perturbe son regard et affecte son corps, ici, le lissage extrême de la mise en scène, le caractère chorégraphique et artificiel des mouvements, donnent à l’ensemble un côté désincarné empêchant toute forme d’identification. Les travellings avant, arrière, latéraux, les cadrages en plan taille ou plan d’ensemble ne permettent pas de véritablement faire varier les angles de vue, et enserrent les possibilités expressives de l’oeuvre dans un périmètre visuel restreint, rapidement prévisible, incapable de bousculer et de surprendre.

    […] Il en résulte que le plan-séquence ne renforce pas l’immersion, mais fait au contraire davantage percevoir le caractère « construit » de l’oeuvre. Les gestes des personnages, forcément millimétrés, les dialogues, lus suivant un script parfaitement réfléchi, les halètements, suffocations, moments d’introspection des héros qui durent le temps qu’il faut pour les « humaniser »: tout paraît parfaitement placé sur le prisme narratif pour concourir à cette impression de virtuosité, aux dépens de la vraisemblance. […] Le film déroule inlassablement le même type d’épisodes : l’exploration d’un lieu semé d’embûches, de dangers, suivie d’un moment de pause, qui permet de changer de décors et de commencer une nouvelle péripétie dans un autre lieu. Cette répétition d’un même et unique procédé (tension, repos, tension, repos, en suivant le rythme d’un métronome), renforce l’artifice du film, et lui ôte sa folie.

    Enfin, j’ai trouvé que c’était décevant sur le fond. Comment on peut, en 2020, faire un film de guerre uniquement sur l’action guerrière ? Les civils sont quasi absents, l’ennemi allemand vraiment pas très finement dépeint, aucune interrogation (géo)politique. A tel point que j’ai pensé que le contexte de WW1  du film était presque interchangeable avec d’autres conflits du siècle, sinon les quelques tranchées que l’on voit.

    Bref, déception !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par O'Cahan.

    please mind the gap between your brain and the platform

    #126464
    JN
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1899

    Les civils sont quasi absents, l’ennemi allemand vraiment pas très finement dépeint, aucune interrogation (géo)politique. A tel point que j’ai pensé que le contexte de WW1  du film était presque interchangeable avec d’autres conflits du siècle, sinon les quelques tranchées que l’on voit.

    C’est quand même deux phrases qui sont très contradictoires. L’absence de civils et de caractérisation de l’ennemi n’est pas si absurde pour le point de vue d’un conscrit britannique en 1914 – pas que absolument tous n’aient jamais vu de civil français bien sûr, mais beaucoup ont été catapultés sur ce territoire étranger sans jamais voir autre chose que leur tranchée. De même qu’avoir une occasion de connaître son ennemi, encore une fois, c’était possible, mais pas la monnaie courante non plus. Pour beaucoup, « l’allemand » n’est resté qu’une vague silhouette postée à quelques dizaines, centaines de mètre ou alors quelques kilomètres de là, dans la tranchée d’en face, à qui on adresserait jamais la parole.

    Tu peux te montrer déçue vis à vis des premiers points, mais ça me semble ensuite osé de dire que le contexte est interchangeable quand il peut justifier au contraire assez facilement ces absences qui t’ont dérangé – voir même servir entièrement la démarche actuelle, qui est de perdre le personnage dans ce chaos ambiant….

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    #126473
    Pandémie
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2839

    Les civils sont quasi absents, l’ennemi allemand vraiment pas très finement dépeint, aucune interrogation (géo)politique. A tel point que j’ai pensé que le contexte de WW1 du film était presque interchangeable avec d’autres conflits du siècle, sinon les quelques tranchées que l’on voit.

    C’est quand même deux phrases qui sont très contradictoires. L’absence de civils et de caractérisation de l’ennemi n’est pas si absurde pour le point de vue d’un conscrit britannique en 1914 – pas que absolument tous n’aient jamais vu de civil français bien sûr, mais beaucoup ont été catapultés sur ce territoire étranger sans jamais voir autre chose que leur tranchée. De même qu’avoir une occasion de connaître son ennemi, encore une fois, c’était possible, mais pas la monnaie courante non plus. Pour beaucoup, « l’allemand » n’est resté qu’une vague silhouette postée à quelques dizaines, centaines de mètre ou alors quelques kilomètres de là, dans la tranchée d’en face, à qui on adresserait jamais la parole.

    Tu peux te montrer déçue vis à vis des premiers points, mais ça me semble ensuite osé de dire que le contexte est interchangeable quand il peut justifier au contraire assez facilement ces absences qui t’ont dérangé – voir même servir entièrement la démarche actuelle, qui est de perdre le personnage dans ce chaos ambiant….

    Ce n’est pas vraiment ce sur quoi porte la critique, tu as tronqué les paroles d’O’Cahan. C’est surtout le fait de se concentrer sur l’action et de ne pas laisser de place au reste qui est reproché. C’est plutôt qu’en 2020 on peut s’étonner de la place faite aux civils, aux Allemands, mais à mon sens ça aurait pu tout aussi bien être au recrutement et à l’arrivée en France, et surtout au temps passé dans les tranchées à attendre l’action (un conscrit anglais aura passé bien plus de temps à attendre l’action qu’à la vivre), au profit de cette dernière. C’est pas tout faux.

    Je serais pas aussi sévère qu’O’Cahan mais je dois admettre que si j’ai vu un très bon film, je me suis un peu trop rendu compte que c’était un très bon film. A mon humble avis, si le grand-père de Sam Mendes avait été un soldat russe à Stalingrad tentant de passer les lignes nazies ou un GI dans la jungle vietnamienne, il aurait réussi à faire le même film. L’exercice formel met de la distance et du coup ce n’est pas le meilleur récit de guerre ni le meilleur récit sur la 1ère Guerre. Mais c’est un film à aller voir.

    #126525
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Enfin, j’ai trouvé que c’était décevant sur le fond. Comment on peut, en 2020, faire un film de guerre uniquement sur l’action guerrière ? Les civils sont quasi absents, l’ennemi allemand vraiment pas très finement dépeint, aucune interrogation (géo)politique.

    Je n’ai pas du tout ce ressenti en ayant vu le film. Personnellement, j’ai au contraire trouvé cette absence de civils et d’ennemis très fins, rendant le message bien plus humaniste et fort que ce que peuvent souvent nous faire les films récents tire larmes « bouhou regardez les gens ont souffert, pauvres civils, les allemands sont humains aussi », avec des ficelles grossières et des personnages et situations vus et revus. On nous montre des soldats à peine sortis de l’enfance, dans un monde complètement clos, et cette absurdité d’envoyer des enfants se battre dans la boue en leur apprenant à hair leurs semblables est à mes yeux d’autant plus forte pour rappeler qu’en face, c’était pareil. Les héros voient un ennemi sous forme de silhouette, mais c’est pas pour ça que c’est ce que doit comprendre le spectateur de ce qu’est l’ennemi et ce que veut montrer le film. Pour moi, il y a un traitement hyper fin et intelligent de l’absurdité de la guerre, par cette introspection où on suit les pas de ces pauvres gars au plus près, mais avec un recul moderne qui nous fait dire « pauvres enfants qu’on envoie face à des ennemis qu’on a envoyé de la même manière dans une absurdité totale, mais pourquoi ? ».

    ~~ Always ~~

    #126639
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9925

    En plus en 1917, on était loin du début de la guerre et beaucoup de gens se demandaient à quoi ça servait de continuer ainsi à stagner face à l’ennemi (d’où les demandes de paix blanche ou les mutineries de soldats).

    Néanmoins, il y a peu de « salauds de notre camp » par rapport à une œuvre comme Les Sentiers de la gloire (Kubrick, 1957).

    Ah ben Kirk Douglas est mort. 103 ans, il fallait bien que ça arrive un jour. Une occasion de plus de revoir ce film, tiens

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    #126828
    Eridan
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    C’est très rare que j’attende la sortie d’un film avec impatience … Sauf qu’après avoir vu la bande annonce de Jojo Rabbit (en octobre dernier), ben j’ai commencé à avoir très envie de voir ce film, adapté du livre Le ciel en cage de Christine Leunens. J’avais tellement d’attentes que je craignais d’être déçu. Résultat des courses : j’ai passé un excellent moment.

    Synopsis : En pleine seconde guerre mondiale, Jojo (10 ans) est embrigadé dans les jeunesses hitlériennes. Son esprit d’enfant influençable est complètement perverti par la propagande du régime, à tel point que ce gamin impopulaire et solitaire se concocte un meilleur ami imaginaire en la personne d’Adolf Hitler. Toutefois, malgré son endoctrinement, Jojo est un garçon émotif et empathique … Et c’est ce qui le sauvera. Ayant découvert que sa mère abrite une des représentantes de la pire menace connue pour la race aryenne, Jojo va vouloir l’étudier, pour découvrir progressivement que ce n’est pas une menace, mais juste une personne, oppressée par un régime mortifère et agonisant.

    Je n’ai pas eu de grosse surprise pendant le visionnage. Une fois le pitch de base lancé, il suffit au réalisateur de l’exploiter et au spectateur de savourer. Faire rire du nazisme ? Un pari difficile, mais toujours tellement jouissif quand il est réussi. Ici, l’humour est loufoque et grinçant. Certains personnages ne sont que des caricatures grotesques, d’autres se démarquent par un peu plus de profondeur (Jojo, sa mère, Elsa et le chef des jeunesses hitlériennes). Le film n’est pas seulement drôle : il réserve des moments de tensions, de tristesses ou simplement d’émotions. Le tout forme une belle ode à la tolérance, à l’humanité et à la liberté.

    J’aurais encore beaucoup de choses à dire, tant j’ai aimé … mais je ne veux pas spoiler ^^ Je ne peux que vous le conseiller. Allez le voir, il le mérite. 😉

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #126857
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Les Enfants du Temps (天気の子, Tenki no ko?), Weathering with You, film d’animation japonais de Makoto Shinkai.
    Hodaka, 16 ans, fugue et arrive en bateau à Tokyo où il pleut depuis des semaines. Je n’en dirai pas plus car je pense que le plaisir va avec la découverte. Juste que le « temps » du titre, c’est le climat, pas le temps qui passe. Il y a de très jolis moments et d’autres qui sont souvent des intrigues de remplissage (tout ce qui a trait au policier en gros). Je pense pouvoir dire que les faiblesses vont s’estomper dans ma mémoire avec le temps (pas la météo)

    Si vous aimez le cinéma plus expérimental, j’ai vu aussi It Must Be Heaven d’Elia Suleiman. Film au protagoniste quasi muet, proche de Tati. Des moments où je me suis ennuyé, des moments tordants, mais ça reste tellement évanescent que ça devient limite creux à mon avis. Mouaif, pour les fans

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #126864
    Aerolys
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    J’ai vu 1917 également. J’ai beaucoup aimé (« adoré » serait trop). J’étais mal à l’aise plusieurs fois.

    Spoiler:
    Je pense notamment à la scène où l’un des personnages principaux meurt après la rencontre avec l’aviateur allemand.

    Pour le fonds, sur le moment et même après la séance, ça ne m’a pas dérangé… Peut-être que le réalisateur (les ?) voulait se concentrer sur l’état psychologique des personnages…

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Aerolys.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Aerolys.

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #126870
    Yohrot
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    Oui c’est vrai que l’apport des civils ne sont pas montrés mais 1917 veut montrer le danger omniprésent  de la guerre un peu à la manière de Dunkerque de Nolan, mais je trouve bien meilleur 1917 (et ça me coûte de le dire car j’adore Nolan) et pour ça Mendes nous à focalisé sur les deux personnages, pour être avec eux littéralement grâce à son (ses) plan séquence. D’ailleurs Sam Mendés s’amuse avec nous avec son cast de dingue (Andrew Scott, Richard Madden, Benedict Cumberbath…)  mais ne s’y attarde pas du tout.

    J’aurais encore beaucoup de choses à dire, tant j’ai aimé … mais je ne veux pas spoiler ^^ Je ne peux que vous le conseiller. Allez le voir, il le mérite.

    Tout pareil gros coup de cœur également !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par FeyGirl.

    Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé.
    Tywin Lannister ou Nicolas Machiavel, je ne sais plus.
    Fantôme de DOH 7 pour venger le meilleur des Stark.
    Les roses sont les plus belles, PMB.

    #126940
    Aerolys
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    J’ai vu Last Christmas (de Paul Feig) avec Emilia Clarke récemment et… mouarf.

    Je m’attendais à rien et je suis quand même déçu. J’adore Last Christmas de George Michael mais, je crois que j’en suis dégouté maintenant. ^^’ Je l’ai vu en vf et j’ai l’impression qu’ils ont gardé certains mots en anglais qu’ils auraient pu traduire en français (comme le mot « item » à un moment du film) et ça m’a fait sortir du film.

    Et puis, j’ai détesté le personnage d’Emilia Clarke.

    Mais, la fin m’a rappelé Angel Beats.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch. Raison: Réalisateur

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    Spoiler:
    #126944
    Liloo75
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    Oui c’est vrai que l’apport des civils ne sont pas montrés mais 1917 veut montrer le danger omniprésent de la guerre un peu à la manière de Dunkerque de Nolan, mais je trouve bien meilleur 1917 (et ça me coûte de le dire car j’adore Nolan) et pour ça Mendes nous à focalisé sur les deux personnages, pour être avec eux littéralement grâce à son (ses) plan séquence. D’ailleurs Sam Mendés s’amuse avec nous avec son cast de dingue (Andrew Scott, Richard Madden, Benedict Cumberbath…) mais ne s’y attarde pas du tout.

    J’aurais encore beaucoup de choses à dire, tant j’ai aimé … mais je ne veux pas spoiler ^^ Je ne peux que vous le conseiller. Allez le voir, il le mérite.

    Tout pareil gros coup de cœur également !

    J’ai vu 1917 hier. J’ai beaucoup aimé également.

    Le film est tourné à hauteur d’hommes, fixé sur les deux personnages principaux, et en un seul plan séquence (à ce qu’il me semble ou alors l’illusion était bonne).

    J’ai reconnu les acteurs « galonnés » malgré le fait qu’ils soient grimés et très difficiles à identifier (j’ai longtemps hésité pour Bénédict Cumberbatch…).

    La séquence avec le chant de la compagnie du « Devon » était magnifique.

    En sortant, j’avais la phrase de Prévert à l’esprit : « quelle connerie la guerre ».

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #128027
    Obsidienne
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    Je sors de 1917  Bon,ben…on va dire que je suis mauvaise cliente…
    Attention, spoilers !
    J’ai marché à fond jusqu’au

    Spoiler:
    seau de lait.
    Qui a bien pu traire la vache récemment (le lait n’est pas « tourné ») alors qu’il n’y a pas âme qui vive ni même cadavre aux alentours ? Il est vrai que ce lait providentiel est destiné à jouer un rôle plus tard…
    Ensuite, j’ai vraiment décroché quand l ‘avion vient pile-poil s’écraser sur la grange,etc, etc…Je vous passe la liste des autres,  ficelles grosses comme des câbles !

    Le générique de fin m’a appris que ce film était basé sur DES histoires réelles : c’est sans doute ce côté « compilation » qui n’est pas passé pour moi 😕

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #128413
    Nymphadora
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    J’ai vu le dernier film de Clint Eastwood, Le Cas Richard Jewell, et je l’ai trouvé nauséabond.
    L’intrigue se passe en 1996 durant les JO d’Atlanta. Richard Jewell fait partie de l’équipe chargée de la sécurité des JO et est l’un des premiers à alerter de la présence d’une bombe. Mais il se retrouve bientôt suspecté de terrorisme, passant du statut de héros à celui d’homme le plus détesté des Etats-Unis.
    Tiré d’une histoire vraie, on nous présente Richard Jewell comme un benêt naif qui rêve de faire respecter l’ordre et de rejoindre les forces de police. Ce pauvre homme voit sa vie détruite par le FBI et les médias, ces vautours à la recherche du sensationnel qui l’ont érigé la veille au rang de héros national pour mieux le détruire. Alors déjà parlons des méchants médias… était-on vraiment obligés d’en faire une unique figure en la personne du personnage incarné par Olivia Wilde ? Il n’y a que deux personnages féminins de premier plan dans le film : une mère courage, et cette journaliste, vulgaire, qui ne sait pas écrire deux mots (oui oui il y a une super scène où elle arrive vers son collègue en lui disant « écris moi mon article je sais pas écrire de bons articles moi »… affligeant…), qui fume et boit (bah oui forcément) et couche pour obtenir ses scoops… On est en 2020, si on pouvait éviter ce genre de portrait de femme d’un autre âge j’apprécierais…
    Passons ensuite à ce brave Richard. Le type, on sent quand même qu’il est pas hyper net, il a tout du white trash ordinaire du fin fond de la Georgie : il se prend pour un officier de police, a des tonnes d’armes d’assauts dans sa chambre (dans une scène ahurissante pour la française que je suis, on demande « avez vous des affiliations avec le klu klux klan ? – pas que je sache – êtes vous affiliez à la NRA ? – parce que c’est un problème ? » en sous entendant que les forces de l’ordre ne devraient pas considérer le fait d’appartenir à la NRA comme un marqueur dans leurs investigations… Okay… merci pour la leçon papy Clint)… mais bon n’apportons pas de nuance pour justifier le fait qu’avec ces marqueurs bizarres, le FBI peut raisonnablement s’interroger sur le type, non non ^^
    Dans l’Amérique de Trump, forcément on ne pouvait pas vraiment attendre de Clint Eastwood un pamphlet progressiste, mais j’aurais quand même aimé un peu de nuance et d’intelligence pour dépeindre cette histoire, qui aurait pu être intéressante si elle n’était pas aussi forcée…

    ~~ Always ~~

    #128416
    JN
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    Dans l’Amérique de Trump, forcément on ne pouvait pas vraiment attendre de Clint Eastwood un pamphlet progressiste, mais j’aurais quand même aimé un peu de nuance et d’intelligence pour dépeindre cette histoire, qui aurait pu être intéressante si elle n’était pas aussi forcée…

    Longuement abordé sur Slack, je ne me sentais pas de re-écrire un pavé, mais je suis globalement d’accord avec toi. Durant le film, je me laissais emporter par le récit (bien que souffrant beaucoup du prisme hollywoodien) par curiosité, et parce que Clint s’en sort ma foi relativement bien pour « raconter une histoire » de façon efficace (même si les temps morts n’étaient pas toujours idéaux et qu’on sentait qu’il a voulu étirer ça le plus possible pour que ça dure 2 bonnes heures).

    N’étant durant le visionnage pas au fait de la réalité de cette affaire, j’haussais un sourcil vis à vis du personnage d’Olivia Wilde, sans être choqué pour autant sur le moment, même si je me demandais déjà si c’était vraiment avéré qu’elle couchait pour des infos. Et que, comme tu dis, il n’y a que deux personnages féminins majeurs dans le film (trois si on compte Nadya) et qu’elles remplissent toutes des stéréotypes conservateurs (la bonne mère, la femme serviable, et la dévergondée (auto) destructrice), ce qui était déjà très gênant ma foi. En apprenant après le film que la représentation de la dite journaliste est entièrement gratuite et ne se base sur aucun fait avéré, j’ai été vraiment choqué de voir que oui, c’est du sexisme primaire, et nauséabond.

    Quant à Richard Jewell, white trash ou non, il ne m’a pas l’air « pas hyper net », c’est un américain moyen passionné de loi et d’armes à feu. Pour le coup, c’est une réalité, et c’est intéressant de voir ce genre de personnage représenté au cinéma autrement que sous un mauvais œil. D’autant plus que les faits réels nous apprendront qu’il s’agissait vraiment d’un type plutôt sympathique et au bon fond.
    Cependant, comme tu dis, le fait d’utiliser ce type et cette affaire comme cheval de bataille pour Clint pour défendre une certaine idéologie était… nauséabond est le terme que tu emploies et je ne pourrais trouver mieux.
    J’ai l’impression qu’on essaie de nous dire, avec ce film, sortant en 2020, à l’approche des élections, dans l’Amérique de Trump (un bonhomme qui n’a pas forcément les médias ou le FBI dans son cœur), que c’est « dur d’être un homme blanc en Amérique » (pour citer Watchmen de HBO: si vous avez vu cette série, souvenez vous de qui prononce cette phrase…). Le tout en utilisant de façon assez malhonnête l’histoire d’une injustice réelle et d’un Richard Jewell qui n’aurait sans doute, s’il était en vie, pas forcément voulu servir dans un pamphlet politique conservateur de mauvaise foi, malgré son milieu et ses idées.

    Avec Queen & Slim qui sort à peu près en même temps et traitant d’un autre type d’injustice, le choix du message de Clint pour son film est des plus douteux: je suis pour qu’on choisisse les sujets qu’on veut et qu’on ne soit pas contraints par l’actualité, mais ici, il ne s’agit pas de la liberté d’Eastwood de traiter ce sujet quand il veut, c’est un film politique et c’est assumé, il y a un choix délibéré de vouloir nous dire quelque chose à travers, un message des plus agaçants…

    J’ajouterais cependant qu’il y a de très bonnes perfs d’acteurs, et que faire un film à 90 ans, ça n’est pas donné à tous donc chapeau.

    mais bon n’apportons pas de nuance pour justifier le fait qu’avec ces marqueurs bizarres, le FBI peut raisonnablement s’interroger sur le type, non non ^^

    Ce n’est pas aussi simple que ça. Il y a une marge entre s’interroger et foutre ta vie en l’air, quand même. Au moins, j’accorderai au film que le FBI semble avoir vraiment merdé sur cette affaire dans leur modus operandi.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #128418
    Nymphadora
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    Ce n’est pas aussi simple que ça. Il y a une marge entre s’interroger et foutre ta vie en l’air, quand même. Au moins, j’accorderai au film que le FBI semble avoir vraiment merdé sur cette affaire dans leur modus operandi.

    Ah oui tout à fait… Mais si ça avait été montré avec nuances, ça n’en aurait normalement pas moins montré que oui, il y a eu un soucis dans le traitement du FBI et qu’ils ont détruit la vie de cet homme. Là c’est quand même caricatural au possible, ces vilains méchants du FBI qui ont décidé que le gentil monsieur était un coupable idéal. Il y avait moyen de montrer les choses de façon nuancée tout en montrant quand même que le résultat est là, à mon sens. Là, les ficelles sont vraiment énormes.

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    #128419
    R.Graymarch
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    Je n’ai plus le courage d’aller voir les films récents d’Eastwood. Le dernier fut J. Edgar (mouaif). Je doute changer avec celui-ci

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    #128420
    JN
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    Là c’est quand même caricatural au possible, ces vilains méchants du FBI qui ont décidé que le gentil monsieur était un coupable idéal. Il y avait moyen de montrer les choses de façon nuancée tout en montrant quand même que le résultat est là, à mon sens. Là, les ficelles sont vraiment énormes.

    Ah oui, totalement. Pareil pour la journaliste, on a l’impression d’être dans Sodome et Gomorrhe, on nous la présente comme à la limite du maléfique dépravé, par moments.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #128424
    Lapin rouge
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    Vu enfin 1917, et je n’ai pas aimé. OK je reconnais la performance technique, mais l’utilisation du plan-séquence m’a empêché de plonger dans le film, tant les invraisemblances spatio-temporelles qu’elle implique m’ont fait très vite sortir. Je m’explique : le plan-séquence suppose une action en temps réel (hormis la coupure provoqué par l’évanouissement de l’un des personnages). Or le film dure deux heures, et est censé retracer une action d’une quinzaine d’heures. Donc, forcément, le réalisateur est obligé de compresser l’action pour ne pas faire un film de 15 heures. Exemple dès la scène d’ouverture (donc pas de spoil) : deux soldats sont montrés en train de somnoler dans un décor bucolique ; un sous-officier vient leur ordonner de se rendre auprès d’un gradé, et en quelques pas (et en quelques secondes), ils se retrouvent dans l’enfer des tranchées sur la ligne de front. Et ce procédé sera répété à plusieurs reprises.

    En fait, j’ai fini par avoir l’impression de visionner un cauchemar plutôt qu’une action réelle ; comme dans un cauchemar (ou un rêve), il n’y a pas de cohérence spatio-temporelle, ni de vraisemblance dans les comportements, mais certaines scènes sont vraiment réussies de ce point de vue :

    Spoiler:
    Lorsque le « héros » se fait poursuivre dans la ville incendiée (cauchemar), ou lors du chant « Wayfaring Stranger » (rêve).
    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #128427
    Obsidienne
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    Vu enfin 1917, et je n’ai pas aimé.

    Comme toi, Lapin Rouge, je n’ai pas aimé parce que je suis rapidement « sortie » pour cause d’invraisemblances.
    Pour la gestion du temps, tu as raison mais j’aurais pu l’accepter.

    Par contre, j’ai vu l’ensemble du scénario comme une suite d’anecdotes, sans doute réelles prises une par une mais cousues l’une après l’autre à l’aide d’un fil blanc particulièrement épais !
    …et puis…le cadre de la scène de fin…Trop, c’est trop !

     

    Autre film « Cunningham » cette fois. Réalisé par Alla Kovgan
    Contre toute attente, moi qui suis en général imperméable à l’art contemporain, j’ai aimé, probablement grâce à la grande beauté plastique des chorégraphies.
    J’ai également apprécié le montage entre les documents d’époque et les chorégraphies ré-interprétées pour le film…

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=252228.html

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch. Raison: réal

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    #128660
    R.Graymarch
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    La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier

    (film inspiré du film argentin Acusada, pas vu)

    Flora 16 ans est retrouvée morte. Sa copine Lise est arrêtée par la police et reste à la maison en attendant son procès (le bracelet du film est donc électronique). Deux ans plus tard, c’est le procès aux assises que suit le film.

    Film de procès donc mais assez énigmatique car Lise (Melissa Guers, minérale) se livre très peu et ne parait pas aimable auprès du jury. A côté d’elle, les autres rôles sont aussi bien étoffés (ses parents incarnés par Chiara Mastroianni et Roschdy Zem, l’avocate générale Anaïs Demoustier). Le film est bien rythmé et s’aventure avec justesse sur ce qu’on peut faire quand on est jeune, ainsi que la différence de traitement entre les filles et les garçons. Alors, accusée ou innocentée ? Coupable ou innocente ? Allez le voir

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #129293
    R.Graymarch
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    Dark Waters de Todd Haynes. Jusqu’ici Todd Haynes avait surtout fait des mélos acclamés où tout « fait vrai » mais où je dois bien avouer que je m’ennuyais un peu (Loin du Paradis, Carol). Cela dit il avait aussi réalisé l’étonnant anti biopic de Bob Dylan I’m Not There, totalement singulier et assez captivant.

    Là, on est dans un film super classique, forcément BaséSurUneHistoireVraie où un avocat (Mark Ruffalo qui produit aussi le film) va se battre contre la pollution faite par l’entreprise DuPont en Virginie Occidentale. (Déjà dans Foxcatcher, Mark Ruffalo avait un souci avec la famille Dupont, étonnant, non ?^^). Le film se laisse voir, notamment pour ses paysages qui fleurent bon le danger : c’est gris, c’est humide, bref, on sent bien que ça ne va pas fort. Pour le reste, c’est assez balisé. Pas mal fait, mais balisé quoi. La partie familiale avec Anne Hathaway est vraiment peu intéressante.

    Le seul truc de vraiment original que je retiens (outre que je n’avais jamais entendu parler de l’affaire), c’est le fait que les protagonistes se rendent compte que les entreprises vont écraser les plus faibles parce qu’elles le peuvent et qu’elles s’en moque : personne ne va vraiment protéger les gens : même pas la justice ou le gouvernement, malgré ce qu’on pourrait croire des institutions. Vu le positionnement politique (pro Bernie Sanders) de Ruffalo, ce n’est pas forcément inattendu, mais on est loin d’un film à la Capra (Monsieur Smith au sénat par exemple) où la démocratie pouvait servir de rempart aux mauvaises actions.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #129331
    Corondar
    • Pisteur de Géants
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    Vu le positionnement politique (pro Bernie Sanders) de Ruffalo, ce n’est pas forcément inattendu, mais on est loin d’un film à la Capra (Monsieur Smith au sénat par exemple) où la démocratie pouvait servir de rempart aux mauvaises actions.

    Je sais que la Garde ne prend pas partie, mais, en même temps, dans l’Amérique de Trump, je pense que le désenchantement est roi, non ?

    Jojo Rabbit

    Comme beaucoup ici j’ai beaucoup aimé. Le film alterne aussi bien l’humour que l’émotion. Cela faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas fait passer ainsi du rire aux larmes en quelques minutes.

    Les acteurs sont tous très bons, le réalisateur (Taika Waititi, plus connu pour avoir réalisé Thor Ragnarok, mais dont la filmo éclectique vaut le détour) a une vraie touche personnelle que j’aime beaucoup. Bref, courrez le voir.

    Queen and Slim

    Un couple afro-américain dont c’est le premier rencard (date comme on dit là bas) subit un contrôle de police musclé qui tourne mal. Le policier meurt, et les deux décident de prendre la fuite.

    Je suis assez partagé quant à ce film. Les deux acteurs principaux irradient la pellicule (Daniel Kaluuya et Jodie Turner-Smith). Leur duo fonctionne très bien, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on est happé avec eux dans leur fuite sous forme de road trip. Le film dénonce clairement une certaine Amérique, et il le fait je pense avec beaucoup de réalisme. Là où je suis nettement plus partagé, c’est sur le discours que semble parfois défendre le film. J’emploie le conditionnel car c’est assez subtil, mais le film peut je le crains être perçu comme cautionnant l’usage de la force. Bref, vous pouvez le voir pour vous faire votre opinion.

    The Gentlemen

    Le dernier film de Guy Ritchie qui, après une période américaine, revient en force sur ses terres anglaises avec un film qui fleure bon ses débuts : des truands britanniques qui se livrent à des règlements de compte. Comme souvent, j’ai adoré. Le casting est aux petits oignons (et puis, je n’y peux rien, mais Charlie Hunnam quoi ), les dialogues sont hyper savoureux, le film passe à une vitesse folle. Bref, si vous aimez Ritchie, foncez.

     

    #129521
    Crys
    • Terreur des Spectres
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    Je ne peux que plussoyer en faveur de Jojo Rabbit, qui est la petite perle savoureuse de début d’année. Pas vraiment une surprise pour ceux qui suivent Taika Waititi depuis un petit moment, mais c’est toujours agréable de plonger dans l’univers de ce réalisateur, fait d’une sensibilité loufoque où le rire et l’émotion se côtoient (pour peu qu’on soit sensible à sa patte, car il y a aussi ceux que ça ne touche pas). Bref, pas mon film préféré de sa part (Ricky Baker <3), mais c’est celui qui, je pense, devrait confirmer sur le plan international qu’il peut faire bien plus que réaliser des films de superhéros rigolos. Et mention spéciale aux seconds rôles adultes savoureux, Alfie Allen, Scarlett Johanson et Sam Rockwell en tête !

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