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House of the Dragon : la musique !

House of the Dragon : la musique !

Ramin Djawadi lors du « Game of Thrones Live Experience »

S’il y a bien un élément sur lequel les fans de Game of Thrones attendaient House of the Dragon au tournant, c’est sa musique. Très tôt dans les annonces, le nom de Ramin Djawadi, qui avait officié en tant que compositeur sur les huit saisons de la série mère, est revenu, jusqu’à une confirmation rapide des showrunners. Car la musique de Game of Thrones, ce n’est pas seulement un accompagnement des scènes, c’est un véritable phénomène de pop-culture. On vous en dit plus à ce sujet dans cet article de 2019 qui faisait un grand récap’ sur le sujet.

Trois ans plus tard, donc, on retrouve Ramin Djawadi à la baguette. Pour le meilleur ou pour le pire ? Car la nouvelle série a déjà beaucoup de jeux de références avec son aînée, et ce retour en fait partie. Et comme pour ces références, la réponse se trouve quelque part entre les deux, et c’est ce que nous allons détailler ici.

NB : l’avis qui est donné sur la musique ci-après n’est que celui du chroniqueur, pas celui de l’entièreté de l’équipe.

Une diffusion au compte-gouttes

On pouvait penser qu’en 2022, la stratégie chez HBO aurait changé par rapport à la période de diffusion de Game of Thrones. En ce temps-là, la bande-originale n’était diffusée qu’après la sortie de la saison complète, parfois plusieurs semaines après le dernier épisode d’ailleurs, dans le cas de la saison 1. Mais pas vraiment. Car depuis quelques années, déjà, les bande-originales servent autant de matériel promotionnel que d’accompagnement musical des images.
Il suffit d’aller voir chez la concurrence. Amazon n’a pas hésité à balancer 2h30 de musique couvrant toute la saison en amont de la diffusion de The Rings of Power, mais ce n’est pas la seule société de production à aller dans ce sens. Pour prendre un exemple avec un préquel du même acabit en terme de popularité, à l’époque de la sortie de la seconde trilogie de Peter Jackson, Le Hobbit, la bande originale avait été diffusée presque un mois avant la sortie de chacun des films. Mais pas de ça chez HBO, doncn, quand bien même les fans ont cru un instant que la musique d’un des trailers révélait enfin le thème de la série. En réalité, il n’en était rien, puisqu’il s’agissait d’une reprise de Venus in Furs, de Velvet Underground. Et la composition de cette reprise par le groupe Blitz/Berlin singeait bien les tropes de la partition de Ramin Djawadi, entre piano, percussions et violon soliste. Oyez plutôt, même s’il s’agit là d’une recréation de la musique utilisée !

On aurait aussi pu s’attendre à ce que la série s’aligne sur ce qui est plus courant pour les bande originales de série en 2022, à savoir sortir la musique de l’épisode à la suite de celui-ci. C’est une fois de plus la stratégie d’Amazon (en plus de l’album cité précédemment), mais aussi celle de Disney pour ses séries Marvel ou Star Wars, par exemple. Que nenni, monseigneur ! Chez HBO, on fonctionne à l’ancienne, et on fait monter la hype. Il y a bien quelques titres (4 au total) qui seront diffusés après certains épisodes, avec des musiques qui concernent des moments marquants. On compte donc The Prince That Was Promised au moment du premier épisode, Protector of the Realm sur l’épisode 8 et sa marche vers le trône, puis plus récemment, le thème des Verts est apparu sous la forme de Lament et The Fate of the Kingdoms.

Pendant ce temps, on peut noter que certains fans se sont emparés de cette absence de BO en recomposant eux-mêmes les morceaux entendus dans les épisodes, comme sur la chaîne de Diego Mitre Music par exemple. Quelque part, cela a permis une appropriation de la part des fans tout en continuant à promouvoir la série, avec des musiciens qui sortaient des pistes dans l’intervalle entre deux épisodes. Était-ce donc une réelle stratégie de HBO ou la conséquence d’une utilisation d’Internet, des réseaux et de YouTube qui a évolué depuis la fin de Game of Thrones ? La question mérite d’être posée, même si on serait bien en mal de vous en donner la réponse !

Et avec la soudaineté d’une Rhaenys explosant le sol de Fossedragon, avec le dernier épisode, Watertower Music a enfin lâché les 43 titres originaux de la bande originale.

À Westeros, rien de nouveau ?

Vous avez tiqué en cliquant sur le lien et en constatant qu’il y avait 44 titres et pas 43 comme marqué ici ? Eh bien c’est normal, car on va commencer par les choses qui fâchent : le générique. Il est vraiment dommage que les showrunners et Djawadi (de leur aveu) l’aient laissé tel quel. Qu’ils se disent qu’il est iconique et irremplaçable, c’est une chose, mais ne même pas se fendre d’une nouvelle orchestration, y a de quoi fâcher. De même, Djawadi semble toujours aussi peu à l’aise et subtil lorsqu’il s’agit des scènes d’action, ce qu’on peut déplorer, comme si des tambours et des grosses basses pouvaient suffire à créer une tension. Maintenant que ce point est évacué, on va donc pouvoir causer des retours de certains thèmes de Game of Thrones présents dans la partition.

Djawadi reprend là où il avait laissé la saison 8, c’est à dire avec le piano qui s’était invité dans la partition (d’abord en saison 6 avec Light of the Seven, puis de plus en plus souvent). On pouvait y lire la conséquence de son travail sur Westworld, et force est de constater que deux saisons chez les robots plus loin, cet instrument a maintenant la part belle. Les compositions ont d’ailleurs l’air d’avoir davantage de point de départ sur les touches blanches et noires de l’instrument que sur les frets de guitare qu’on lui connaissait à ses débuts. En revanche, coté production, la réverbération et les violons utilisés manquent de patte, et renvoient plus souvent qu’on ne le voudrait à l’univers de Jonathan Nolan plus qu’à celui de George R.R. Martin, même si cela donne lieu à de jolis moments.

Sur le recyclage des thèmes de la série-mère, on est relativement épargné. Le premier épisode avait réussi à les utiliser pour faire vibrer la corde nostalgique du retour à Westeros sans en abuser (en présentant le thème de la prophétie en conclusion) et cela reste d’ailleurs le principal épisode à utiliser ces références. Il y a bien quelques évocations, comme les thèmes de Daenerys dans la chevauchée de Vhagar ou une reprise de The King’s Arrival dans Protector of the Realm ou le sacre d’Aegon (où on retrouve aussi une descente de Light of the Seven, renforçant le lien des Verts avec la Foi), mais ces clins d’œil amènent plus souvent de l’épaisseur qu’ils ne sentent le recyclage. Par exemple, cela lie le destin d’un roi blessé par le Trône et celui d’Aegon à Robert Baratheon dans l’esprit du spectateur… un Usurpateur, du point de vue de Daenerys. Laquelle, de son côté, est associée au sacre de Rhaenyra (comme par hasard !) avec certaines variations des thèmes l’environnant qui viennent se lier à celui de la prophétie du premier Aegon. La musique la place dans la continuité des Targaryen connus des spectateur et renforce le sentiment de légitimité. Une approche intéressante, donc et qu’on peut saluer, puisqu’elle évite la paresse, renforçant parfois les niveaux de lecture des scènes grâce à la série-mère.

A Dance With New Tunes

Et puis, il y a quand même quelques nouveautés au passage. On peut s’attarder rapidement sur les différents nouveaux thèmes :
– La prophétie d’Aegon (Ier) : avec le Prince qui fut Promis, les showrunners ont créé la surprise et Djawadi a illustré le poids de la prophétie et ce que cela implique dans le premier épisode. La piste en elle-même fait très Westworld, mais n’en demeure pas moins un joli moment.
– La maison Velaryon : on les attendait et bien que cette musique ne soit pas spécialement mémorable, elle sied tout à fait au côté marin des Velaryon sans être dans la redite d’une autre famille de marins, à savoir les Greyjoy.
– Les Verts : assez magistral, apparu avec la robe d’Alicent avant de passer naturellement à Aegon II lors de l’épisode 9 où il est le thème récurrent.
– Rhaenyra : présent dès la traversée de Port-Réal dans le premier épisode, il s’agrémente parfois de notes vocales.
– Daemon : plus fin, ce thème est apparu avec le Guet en épisode 1 avant de se réitérer sur la guerre dans les Degrés de Pierre.

On s’attendait évidemment à ce que les factions et certains personnages (Daemon) puissent avoir des thèmes, mais on n’avait pas vu venir la Prophétie et son thème dans le tableau. Il y a également quelques nouveautés dans ce qui est proposé, notamment sur les musiques d’ambiance des banquets. Dans Game of Thrones, c’était souvent l’occasion de placer des chansons comme Les Pluies de Castamère ou La Belle et l’Ours . Cette dernière est évoquée dans les meilleures vocalises d’un Laenor ivre qui revient à ses appartements dans l’épisode 6, et bien évidemment, les Pluies ou les Mains d’or n’auraient aucun sens ici puisqu’elles n’ont pas encore été écrites. Leur mise en musique n’étaient pas le fait de Djawadi dans la série d’origine. Mais le compositeur franchit un cap, notamment en nous proposant des danses, certes martiales, mais qui sont apparues dans l’épisode 5 consacré au mariage de Rhaenyra (ou lors de la sortie en ville de Daemon et sa nièce en épisode 4) et Laenor avec une petite reprise en épisode 8 où la musique ralentit pour donner un moment de suspension assez triste autour de Viserys. On peut regretter que ce morceau ne soit pas inclus dans une bande originale si complète qui contient d’ailleurs par endroit des ambiances ou des titres dont on peine à remettre la scène car ils sont un peu randoms.

Pour s’attarder un peu sur des éléments de sound design, on peut noter qu’en dehors du piano, il y a quelque chose de plus « draconique » par moment et cela se traduit par l’emploi de sons présents dès l’apparition du médaillon dans le premier épisode que l’on retrouve dans les scènes finales également. C’est aussi le cas du « thème de Daemon » qui a droit à un son particulier. De même, des voix plus éthérées sont venues s’ajouter à l’ensemble, comme sur le thème de Rhaenyra (surtout à partir de l’épisode 3) ou le moment où Daemon va faussement se rendre à Craghas Drahar, qui confèrent à l’ensemble de la bande originale, aux côtés des sonorités draconniques, un mysticisme que n’avait que peu Game of Thrones, mais qui, une fois de plus, va dans le sens des choix opérés. À ce titre, le ton global, pesant, devient même parfois dramatiquement triste, comme sur la mort ou les funérailles de Laena, dans un registre que Djawadi peinait à trouver sur Game of Thrones, où souvent, en dehors du thème Stark, les émotions amoureuses ou attristées étaient sinon caricaturales, à tout le moins assez naïves.

Après la chanson de Feu, vers la Glace ?

Au moulin des nouveautés, l’épisode 10 a apporté encore un peu d’eau avec la berceuse susurrée par Daemon à l’oreille du dragon. Pour la première fois une chanson présentée à l’écran ne trouvait pas sa source directement dans le texte de Martin, mais dans l’inspiration de son assistante Ti Mikkel (avec une traduction en Haut Valyrien par David J. Peterson). Quand on sait l’importance qu’ont les bardes et leurs ballades ont dans la diégèse, c’est une fois de plus un geste envers les fans qui semble des plus sympathiques. Reste à savoir si la mélodie de la berceuse, qui n’a peut-être pas été composée par Djawadi, finira dans ses cordes… ou son piano !

En attendant, nul doute que des thèmes feront leur retour lors de la saison prochaine (comme celui des Stark), et on peut espérer que Djawadi transformera cet essai de la saison 1. Pour terminer, je dirais donc que le chroniqueur que je suis a été vraiment surpris en bien par la bande originale, même s’il aura fallu attendre un peu pour qu’elle se manifeste au sein des épisodes, mais c’était déjà dans l’approche choisie pour Game of Thrones. J’aurais aimé que Djawadi se détache un peu de Westworld pour trouver un son plus propre à la série (notamment en laissant le piano de côté), mais dans l’ensemble, sur le plan émotion et « bizarreries », il faut admettre qu’il a réussi à me choper et me faire oublier par moments qu’en face de lui, chez Amazon, Bear McCreary avait sorti quelque chose de particulièrement solide pour Rings of Power, ce qui lui accordait en ma faveur.

So don’t mess up, Ramin, go on and dream it big !.

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1 Comment

  1. Superbe article très complet et très intéressant !

    C’est un sujet qui me touche beaucoup, les musiques étant pour moi un élément particulièrement important dans le ressenti d’un film ou d’une série. C’est à la fois un support pour mes émotions, mes souvenirs sont très liés aux passages musicaux mémorables, au point que je retiens bien plus facilement des musiques/thèmes que des dialogues cultes …

    Pour la suite, désolé pour mes approximations, je ne suis pas du tout musicien … 🙂

    Du coup j’attendais énormément de la série sur ce point, et Ramin ne m’a pas déçu. La musique est dans la continuité de GOT je trouve, avec quelques rappels, mais pas trop, et toujours dans les mêmes inspirations.
    Les thèmes importants (Rhaenyra, Les Hightowers, Daemon, …) sont marquants et ont chacun leur personnalité. Avec un coup de cœur pour ma part pour celui de Rhaenyra (probablement car mon cœur est côté noir ^^) mais j’adore les voix qui accompagnent les instruments.
    Sinon, je trouve globalement qu’il y a plus de musiques « iconiques » dans cette première saison que pour GOT (qui pour moi, avait dans chaque saison 2 / 3 voir 4 musiques qui ressortaient vraiment du lot, ce qui est déjà pas mal !) mais pas encore un du niveau d’un « Light of the seven » par exemple.
    Tout ça me donne vraiment hâte d’entendre la suite en saison 2.

    Pour finir, un petit mix de mon top de cette saison (mais je n’ai pas encore fini de tout analyser ^^):
    The Heirs of the Dragon
    The Prince that was promised
    The Crown of Jaehaerys
    Fate of the Kingdoms
    Protector of the Realm
    Daemon and Rhaenyra
    We light the way
    Celebration dance
    Coronation
    The green dress

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