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House of the Dragon 1×01 : Les héritiers du dragon

Review de l'épisode 1 de House of the Dragon

Hé oui, cela fait déjà trois ans que nous avons publié sur ce blog notre dernière critique d’épisode. Alors que l’univers de Game of Thrones fait enfin son grand retour sur nos écrans, il est temps pour les chroniqueurs de la Garde de Nuit de reprendre du service. Chaque semaine, nous nous relaierons pour vous proposer un retour sur l’épisode qui vient de sortir. Et pour ce premier épisode ce sera moi, DroZo, qui m’en chargerai. Alors, ce House of the Dragon remontera-t-il la barre après une saison 8 hautement décriée ? Saura-t-il se mettre au même niveau que l’excellente première saison de Game of Thrones ? Nous y retrouverons-nous au milieu de toutes ces perruques blondes ? Les personnages de cette nouvelle histoire nous feront-ils autant vibrer que Tyrion Lannister, Arya Stark ou Theon Greyjoy ? C’est ce que nous allons voir tout de suite !

Attention : cet article spoil tout l’épisode. Vous êtes prévenu !

Dès le prologue, le ton est donné pour nous mettre en place les enjeux de la série. Une voix off nous explique que le vieux roi Jaehaerys avait 14 héritiers possibles, et que seuls deux ont vraiment été étudiés : Rhaenys Targaryen, l’aînée de ses descendants, et Viserys Targaryen, son descendant mâle le plus âgé. Les seigneurs de Westeros ont choisi d’exclure Rhaenys à cause de son sexe.

Si ce prologue brille aussi peu par sa subtilité que le texte défilant avant chaque film Star Wars, au moins a-t-il l’avantage de rapidement expliquer le contexte et les enjeux de façon claire et rapide. Game of Thrones n’a jamais brillé par ses séquences d’élection, que ce soit l’élection de Jon Snow en tant que Lord Commandant (saison 5), celle d’Euron Greyjoy comme roi des Îles de Fer (saison 6) et celle de Bran comme roi des Sept Couronnes (saison 8). Du coup ce n’est pas plus mal qu’on nous l’occulte en ne nous donnant que son résultat. Après tout, l’élection du roi Viserys n’est pas le sujet de cette série, et les showrunners l’ont bien compris. Après ce prologue et une absence de générique (ce qui est dommage par contre), il est temps de nous emmener 9 ans plus tard et de découvrir cette nouvelle famille Targaryen.

Et ces Targaryen sont au nombre de trois principaux. Aussi, au lieu de vous raconter l’épisode scène par scène, nous allons plutôt essayer de parler de chacun d’entre eux et de leur traitement.

Viserys : le roi dans sa tour d’ivoire

Déjà nous avons celui qui porte l’épisode et lui apporte sa charge émotionnelle : le roi Viserys Ier, joué par l’excellent Paddy Considine. La première scène où on le voit est une réunion du Conseil Restreint qui sera pour lui l’occasion de se positionner sur plusieurs sujets d’État, que ce soit implicitement ou explicitement. On nous le présente ainsi plus responsable que le roi Robert, puisque contrairement à ce dernier il siège à ses propres Conseils. Il prépare sa fille Rhaenyra à l’exercice du pouvoir, même si il garde une certaine ambiguïté à ce sujet puisqu’il attend un fils, en la nommant échanson lors des séances de ce Conseil. Bref, il est sur ce point plutôt présenté comme un bon roi. Sur le plan politique, on nous l’introduit comme un pacifique qui ignore les menaces qui pèsent sur son royaume, comme la Triarchie, une alliance des Cités Libres qui tient les Degrés de Pierre, un point stratégique vital pour le commerce des Sept Couronnes ; ou encore les ambitions de son frère, le prince Daemon, un homme ambitieux qui possède de fait sa propre armée au sein de la ville : le Guet de Port-Réal. Si le personnage est responsable, on sent donc qu’il n’aime pas le conflit et qu’il rêve juste que les choses se passent bien pour sa famille et que tout le monde soit heureux : il protège son frère autant qu’il le peut, il veut faire une grande fête pour la naissance de son prochain fils… Et vu qu’on est dans l’univers de Game of Thrones, ce personnage va virer au tragique dès l’épisode 1 avec la mort en couches de sa femme Aemma Arryn, de la façon la plus choquante qu’il soit, puisque le roi va être contraint de demander lui-même qu’on fasse une césarienne sans anesthésie à la reine afin de sauver l’enfant. Enfant qui mourra d’ailleurs dans la journée. Paye ton trauma. Cet événement et ce qui en découle donnent un goût amer à cet épisode. On est ici loin de la chaleur des enfants Stark qui nous introduisait pour la première fois à Westeros. Ici, on nous replonge dans l’univers directement avec la détresse d’un roi seul et isolé face à la mort de son épouse.

« OK, donc le bébé mort-né de Viserys dont la naissance a tué sa mère en couches, vous lui avez donné un nom ?
-Oui. Baelon.
-Ah OK. Baelon. C’est ballot. »

Daemon : le Prince de la Ville

Face à lui on nous présente son frère Daemon Targaryen, qui est là pour nous rappeler que Game of Thrones, c’est aussi des trahisons, du sexe et de la violence. Ainsi, si Viserys nous apporte l’envergure tragique du show, Daemon, en tant que gros connard, nous apporte sa dose de piquant. Daemon nous est directement présenté comme un bad guy ambitieux. On le voit pour la première fois sur le Trône de Fer, où il n’a bien sûr pas le droit d’être, et passe son temps à se réjouir qu’il ne perdra pas cette place d’héritier, et ce de façon assez odieuse au vue des circonstances. Mais ce qui le rend particulièrement dangereux c’est qu’il est le chef de la police, et que… bah niveau violence policière il atteint un sacré niveau quoi. C’est bien simple : si avant Port-Réal était un lieu mal famé où on craignait les criminels, maintenant c’est un lieu mal famé où l’on craint la police. Et entre la police de Daemon et les septons fanatiques de la saison 5 de Game of Thrones, on se rend compte que quelle que soit l’époque, Port-Réal n’est pas du tout une ville où il fait bon vivre.

« OK, donc si j’ai bien compris c’est vous le Targaryen démoniaque, et on vous a appelé Daemon.
-Oui.
-La vache, vous avez pas d’imagination dans votre famille pour les noms.
-M’en parle pas, dans 172 ans un de nos descendants va appeler son fils aîné Aegon, et son fils cadet Aegon aussi.
-Ah oui, effectivement, ça va pas s’améliorer.
-Je confirme. Bon je vous laisse, j’ai garé mon dragon Caraxès en double file.
-Et Caraxès c’est…
-Le dragon qui a du Caractère, oui. Et oui, c’est pas non plus original, mais dans 172 ans une de nos descendantes appellera son propre dragon Drogon donc me fait pas chier sur les noms. »

Cette police ultra-violente lui est présentée comme fidèle. En effet, c’est Daemon qui les a réformés et leur a donné un manteau d’or pour qu’ils soient reconnus de tous.

« Mais pourquoi nous avoir donné un Manteau d’Or comme emblème ?
-Parce qu’à la base c’est votre pourpoint qui devait être doré, mais avec tout le monde croyait que vous vous appeliez les Gilets Jaunes, et c’était de très mauvais goût de faire des violences policières au nom des Gilets Jaunes. Du coup c’est devenu les Manteaux d’Or. »

Au final, dès ce premier épisode, les deux frères Viserys et Daemon sont construits en miroir. Là où Viserys est responsable, Daemon ne se montre jamais à la Cour. Là où Viserys est un non-violent naïf qui ne veut pas voir les menaces qui planent sur ses épaules, Daemon est une brute épaisse. Là où Viserys est le roi dans un jeu de cour raffiné, Daemon est le Prince de la Ville, que l’on voit surtout dans les ruelles de Culpucier. Et là où Viserys protège son frère des manœuvres d’une Cour qui veut le voir partir le plus loin possible, Daemon protège le sien en le débarrassant de ses ennemis. D’une certaine façon, on peut imaginer un écho de la relation Oberyn-Doran dans les romans du Trône de Fer, mais en exacerbé jusqu’au conflit. Et là où Daemon aurait pu facilement devenir un personnage caricatural, on peut louer l’excellent jeu de Matt Smith (DoctorWho, the Crown) qui arrive à faire ressortir l’humanité de ce personnage, qui veut protéger son frère de sa faiblesse mais qui se sent rejeté par ce dernier, une humanité qu’il montrera lors d’une scène de dispute avec lui, alors que le Prince Vaurien a franchement dépassé les bornes en appelant son neveu mort-né « l’héritier d’un jour ».

Rhaenyra, la Princesse qui fut Promise

Troisième Targaryen d’importance : la princesse Rhaenyra. Un personnage dont je n’aurais pas grand-chose à dire en elle-même, tant elle passe au second plan derrière son père et son oncle. Mais bon, c’est assez normal que tout le monde ne soit pas marquant dès le pilote. Ce qui la rend plus anecdotique, c’est que ses traits de caractères sont pour le moment plus classiques. Elle aime sa famille et entretient de bonnes relations avec chacun d’entre eux. Elle est suffisamment habile pour négocier en haut valyrien avec Daemon pour qu’il descende de ce foutu Trône de Fer. Elle aime voler ce qui la rend suffisamment impertinente, tout en restant sagement dans son rôle de princesse royale. Bref, c’est un peu une princesse lambda… A ceci près que la mort de sa mère, de son petit frère mort-né, et le comportement odieux de Daemon vont l’amener à devenir l’héritière du Trône de Fer. Bref, elle nous est présentée comme le personnage principal, mais vu que pour le moment elle ne prend pas de décision, elle reste en second plan.

A noter un point important à son sujet : c’est que juste avant que Viserys la nomme comme héritière du Trône de Fer, il lui révèle une information cruciale qui risque de pas mal faire parler. En effet, Viserys révèle à sa fille que si les Targaryen ont fui Valyria et ont conquis Westeros, c’est parce qu’ils savaient que dans quelques siècles les Morts envahiraient le continent, et que seul un Targaryen pourrait les repousser. Ce Targaryen étant Jon Snow, qui unira les Royaumes pour lutter contre eux. Ainsi, Rhaenyra a le devoir de garder le royaume uni et la maison du Dragon forte pour que le monde survive.

Alors… Pour les lecteurs attentifs cette révélation, jamais dévoilée explicitement dans les livres, n’est pas si étonnante que ça. On sait que Jaehaerys II connaissait l’histoire du Prince qui Fut Promis, tout comme Rhaegar et Mestre Aemon, et probablement Freuxsanglant et Aerys Ier. Que cette légende soit également connue et transmise à l’époque de Viserys Ier n’est donc pas incongru en soit dans le canon. La question que je me pose est : est-ce que cette révélation restera juste un clin d’œil lourdingue à Game of Thrones, ou aura-t- elle un impact réel sur l’histoire de Rhaenyra ? Je veux dire… On vient juste de lui poser la survie de l’humanité sur le dos là, bonjour la pression ! Et en connaissant la façon dont l’intrigue de la Longue Nuit se termine en eau de boudin, est-ce vraiment judicieux d’en rajouter une couche ? À moins que la vraie conclusion de l’arc de la Longue Nuit ait lieu dans la série en développement sur Jon Snow, si elle sort sur nos écrans un jour ?

Réalisation

Une chose qui m’a étonné, c’est que, alors que House of the Dragon est une série blockbuster à plusieurs centaines de millions de dollars de budget, la mise en scène reste étonnement sobre et peu démonstrative. Même la musique de Ramin Djawadi se fait discrète dans l’ensemble, si on oublie le thème de Rhaenyra à la fin. La réalisation est bonne et a ses fulgurances, notamment lors de la scène du tournoi montée en parallèle avec la mort, illustrant à merveille les rêves de grandeur de Daemon et sa chute, mais rien d’ouvertement spectaculaire, ce qui change pas mal de la mode actuelle (et c’est pas si mal).

Conclusion

Après le nanardesque des dernières saisons ça fait du bien de revoir Game of Thrones se baser de nouveau sur la complexité humaine et le réalisme de ses personnage. House of the Dragon prend des risques là où on ne s’y attend pas, et pourrait bien revenir à la hauteur de son aînée. Reste que ce pilote est surprenamment sombre et triste, surtout comparé à celui de Game of Thrones. À la place de la bonhomie de Robert Baratheon nous avons un Viserys tragique et esseulé. Pour contrer la verve de Tyrion Lannister, nous avons celle, plus odieuse, de Daemon. Et en comparaison de la fougue de Bran ou d’Arya, on a celle plus retenue de Rhaenyra. Le résultat est tout aussi bon, mais dans un autre registre. Reste à savoir où cette nouvelle intrigue va nous mener, mais pour ma part, j’ai hâte de voir les prochains épisodes !

Vous pouvez échanger sur cet avis ou partager le votre sur le forum, dans le sujet qui est consacré au premier épisode ! (attention toutefois aux spoils).
Et n’oubliez pas ! On se donne rendez-vous le mercredi 24 août à 20h sur twitch pour débriefer de l’épisode !

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4 Comments

  1. C’est tout con mais j’ai adoré le moment où on voit les médecins cureter la blessure du roi.

  2. Viserys, en « bon roi responsable » , je ne suis pas trop d’accord 😉 les voies commerciales menacées par la triarchie, il n’écoute pas ; le guet coûte cher et applique une justice sommaire et brutale, il couvre son frangin et le laisse jouer. Les Baratheon et les Velaryon laissent entendre que Rhaenys devrait être reine, on laisse passer … « Ma femme est enceinte et son travail commence … Ah bah j’peux pas, y’a tournoi. »
    Ok, Viserys est présent, ce qui est déjà nettement mieux que Robert. N’empêche qu’en terme de responsabilité, on n’est toujours pas sur un roi qui décide de grand chose et assume. Il ne prend que deux décisions dans tout l’épisode : sacrifier sa femme et désigner Rhaenyra comme héritière. Et dans les deux cas, c’est sous le coup de l’émotion et pour des raisons … assez discutables ^^

    • Ah oui je suis d’accord que ses décisions sont merdiques. Mais je remarque quand même qu’un souverain qui s’investit dans les affaires de son royaume et qui assiste à son Conseil Restreint, et bah curieusement c’est quasi-inédit dans l’univers télévisuel de Game of Thrones. Robert Baratheon était un roi absent qui participe à une seule réunion pour exiger qu’on assassine Daenerys. Joffrey Baratheon ne vaut guère mieux, la seule fois où on le voit à son Conseil Restreint c’est pour se voire dire « retourne dans ta chambre et laisse parler les grands » par Tywin. Tommen Baratheon est tellement manipulé et passif sue je ne suis pas sûr que l’idée de se rendre q son Conseil lui ai traversé l’esprit. Quant à Cersei, elle s’est tellement isolée que je ne crois pas qu’elle ai le droit à un seul Conseil durant son règne. Dans Game of Thrones, les rois sont tellement irresponsables qu’ils se font confisquer le pouvoir par leurs Mains. Le seul roi qu’on voit siéger à son Conseil Restreint c’est Bran, juste le temps d’entendre la blague de Tyrion sur son bordel. Et quelques vagues prétendants comme Stannis ou Daenerys.

      Bref, parmi tous ces rois absents, Viserys relève au moins un peu la barre. C’est encore pas jojo, mais ça mérite quand même des encouragements.

  3. Par rapport à la révélation de Viserys, j’avoue que l’intérêt de tout ça si c’est juste pour faire référence à Jon Snow me parait assez limité. Mais au delà de l’effet que ça va avoir sur Rhaenyra, c’est une idée que j’aimerais beaucoup voir revenir dans TWOW.

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