Share This Post

Accueil - Actualités / Autres activités

George R.R. Martin face à l’Intelligence Artificielle

George R.R. Martin face à l’Intelligence Artificielle

Les scandales liés aux usages de l’IA dans le monde de l’art se succèdent… et Westeros n’y échappe pas. On vous résume les dernières controverses en date.

Une édition illustrée aux forts relents d’IA

Des illustrations douteuses

Controverse autour de l'usage d'IA dans l'édition illustrée de AFFC : Un crucifix chrétien qui orne le mur dans l'illustration de Sam et Daeron.

Controverse autour de l’usage d’IA dans l’édition illustrée de AFFC : un crucifix chrétien qui orne le mur dans l’illustration de Sam et Dareon ? L’artiste évoque pour sa part un bougeoir mural.

En novembre 2025 est parue en anglais l’édition illustrée d’A Feast for Crows spécialement conçue pour les 20 ans de l’œuvre. Tout comme les trois précédents tomes, c’est une édition illustrée. Et c’est là où le bât blesse : cette édition contiendrait des images générées par IA et non dessinées par un artiste (en l’occurrence, l’artiste multimédia Jeffrey R. McDonald était commissionné pour le projet).

Les fans ont ainsi dressé une longue liste d’erreurs et d’incohérences présentes dans les images. Quelques exemples d’aberrations visuelles : on note une utilisation excessive du bleu, même pour des personnages où cela a peu ou pas de sens narratif (Cersei, Jaime, Margaery, Tommen, Euron portent ainsi de belles tenues bleues qui n’ont aucun sens dans les scènes censées être représentées). Il n’y a en outre aucun blason à l’horizon. Des lions Lannister sur les bannières de Port-Réal, des motifs sur les costumes de Cersei… ? Que nenni ! En revanche, on peut admirer ce qui semble être un beau crucifix chrétien sur les murs à Braavos, ou des vitraux d’église. Les personnages arborent également des armes extravagantes (ainsi, Victarion brandit deux épées sur l’illustration quand il a une hache et un bouclier dans le livre…). Et en regardant bien, on note des extrémités douteuses sur un certain nombre de personnages (comme Cersei qui semble n’avoir qu’une seule jambe et dont la robe se fond avec un pied de chaise…). Un chat de Braavos a lui toutes les pattes du même côté (pauvre bête ! la vie à Braavos doit être compliquée !).

Bref, des indices qui ne trompent pas, et qui agitent le web depuis quelques jours : il paraît probable que ces illustrations aient été générées par IA. On vous laisse admirer quelques pépites sur notre forum.

L’artiste a néanmoins communiqué sur son site un démenti, expliquant son processus créatif, qu’il affirme être manuel, et en montrant certains de ses croquis.

La réponse des équipes de G.R.R. Martin

Face à la controverse, la réponse de l’équipe de G.R.R. Martin n’a pas tardé. Le 10 novembre, sur le blog de Martin, Raya Golden, responsable de la direction artistique et du développement des licences pour George, a affirmé : « À notre connaissance, et selon les déclarations de l’artiste qui a réalisé le travail en question, AUCUN programme de ce type n’a été utilisé. Bien qu’il soit un artiste multimédia numérique et qu’il s’appuie sur des outils numériques pour réaliser ses œuvres, il a affirmé de façon claire et sans ambiguïté qu’aucune IA n’a été utilisée ». Une déclaration ajoutée initialement d’une mention « Et nous le croyons » qui a disparu très rapidement du blog.

Puis, le communiqué conclut : « Par conséquent, la position officielle de notre bureau est, bien entendu, que nous ne collaborons en aucun cas avec des artistes qui utilisent l’intelligence artificielle à des fins créatives. »

A ce stade, aucune autre suite n’a été donnée.

Nous vous tiendrons en tous les cas au courant des conséquences que cela aura pour l’édition illustrée francophone. A ce stade, Pygmalion, l’éditeur francophone, nous dit réfléchir à ses options.

Mais dans tous les cas, une histoire qui fait désordre… d’autant plus que George R.R. Martin est très engagé dans la lutte contre l’utilisation effrénée de l’IA dans la création artistique.

Une action en justice qui pourrait faire jurisprudence

Après avoir soutenu la grève des scénaristes d’Hollywood qui s’étaient mobilisés notamment contre l’utilisation de l’IA, George R. R. Martin a intenté fin 2023 une action en justice contre OpenAI. On retrouve à ses côtés d’autres noms connus de la littérature comme Michael Connelly ou John Grisham. Et le reproche est assez simple : pour eux le fait de nourrir les IAs avec leurs œuvres (ce qui permet entre autres de demander à ChatGPT aujourd’hui d’écrire les tomes 6 et 7 pour peu qu’on en ait l’idée) est une violation du droit d’auteur (tel que défini dans le droit américain). Plus précisément, trois angles d’attaque sont utilisés :

  • Entraîner les algorithmes d’OpenAI sur des livres protégés par le droit d’auteur sans autorisation est illégal.
  • Le téléchargement présumé de livres provenant de « bibliothèques fantômes », qui sont des sources en ligne d’œuvres piratées, est également illégal : peu importe si les œuvres téléchargées ont été utilisées pour entraîner ou non des modèles d’IA, l’acte en lui-même pourrait constituer une violation.
  • Certaines des réponses de ChatGPT sont trop similaires aux livres sur lesquels il a été entraîné, ce qui est une violation du droit d’auteur.

Fin octobre 2025, un juge fédéral a autorisé la poursuite du cas en justice. Le tribunal n’a pas tranché sur les violations en elles-mêmes, mais la décision de la cour donne aux auteurs des arguments plus solides afin de continuer leurs poursuites. La prochaine étape sera une décision en jugement sommaire, où le tribunal décidera quelles réclamations iront au procès.

Source.

Share This Post

Leave a Reply