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[On teste pour vous] « la Chronique intégrale des 8 saisons »

La-chronique-integrale-des-huits-saisons couverture

Le 25 octobre dernier, les éditions Huginn & Muninn sortaient un ouvrage, intitulé Game of Thrones, la Chronique intégrale des 8 saisons. Afin de clôturer cette grande épopée que fut la série pendant dix ans, cet ouvrage officiel se propose d’offrir au lecteur un regard complet sur « la géographie et l’histoire de Westeros, les personnages principaux et les différents clans, les moments fondateurs et les batailles épiques, les créatures et les croyances ». On vous dit ce qu’on en pense.

Un bel objet de collection

En 2012 et 2014 étaient déjà sortis deux ouvrages du même genre, sous le titre Dans les coulisses de Game of Thrones. Le premier tome revenait sur le contenu des deux premières saisons et avait été écrit par Bryan Cogman (scénariste et producteur associé sur la série Game of Thrones), et préfacé par George R.R. Martin lui-même. Le second volume, par C-A Taylor et préfacé par les producteurs de la série, D. B. Weiss et David Benioff, décrivait les éléments apportés par les saisons 3 et 4. La collection avait ensuite été interrompue et n’avait plus connu de nouvel ouvrage pendant quatre ans.

Myles McNutt (l'auteur) entouré de marionnettes du Muppets Show (photo issue de son twitter)

Myles McNutt (l’auteur) entouré de marionnettes du Muppets Show (photo issue de son fil twitter)

La Chronique intégrale des 8 saisons s’inscrit dans la continuité de cette collection. Le ton, l’organisation des articles, les images, tout la rappelle. Certaines images sont d’ailleurs reprises d’un ouvrage à l’autre. Toutefois, il n’est pas besoin d’avoir acheté les premiers ouvrages pour profiter du contenu de ce livre : il a été pensé pour se suffire à lui-même et pour revenir effectivement sur l’ensemble des huit saisons. Sans préface cette fois, l’ouvrage est signé par Myles McNutt, un assistant professeur à la Old Dominion University de Norfolk (Virginie) dans le domaine de la communication et du théâtre, également critique télé. Si la couverture n’est pas aussi épaisse que celle des précédents, le visuel en revanche est particulièrement bien trouvé : un barral stylisé, à la ramure dressée et à la face sanglante, alors que ses profondes racines s’enchevêtrent autour d’ossements… Tout un symbole, correspondant parfaitement à ce que la série nous a raconté pendant huit saisons et à sa conclusion. On apprécie !

Un contenu varié

L’ouvrage en lui-même est constitué d’une succession d’articles courts, qui, comme annoncé, reviennent pêle-mêle sur les personnages, les lieux, les relations ou les clans (ce dernier terme désignant les maisons nobles). Toutefois, on se rend rapidement compte du défaut majeur cet ouvrage : il ne peut pas traiter tous les éléments de l’intrigue comme il le voudrait. Les éléments issus des premières saisons sont survolés, alors que ceux tirés des dernières saisons sont particulièrement détaillés. On passera très rapidement sur certains personnages ou certains clans (les Arryn et les Tully sont à peine évoqués), alors que d’autres sont fortement mis en avant du fait de leur rôle dans les dernières saisons (les Mormont). L’auteur n’a que 288 pages pour chroniquer une série-fleuve : sujet trop large et manque de place, il est obligé de faire des choix.

La plupart des articles, principalement ceux sur les personnages et les lieux, n’apprendront rien à qui a regardé la série avec attention : ils se contentent de paraphraser ce qui a été dit ou vu à la télévision. Ce livre demeure toutefois un bon moyen pour se souvenir d’éléments oubliés ou pour commencer à s’intéresser plus avant à l’univers de la série. Les informations restent très succinctes et générales, une grande place étant laissée à des photographies reprenant les images officielles. Les article s’enchaînent de manière parfois assez artificielle et surprenante, mais rien qui nuise à la fluidité de la lecture. Pour quelques personnages, on trouvera des réflexions intéressantes sur leur rôle au sein de l’histoire globale, ou l’importance de leurs relations avec les autres personnages. On trouve également quelques articles abordant davantage les thématiques développées dans la série, notamment sur le pouvoir, la politique, les prophéties ou la masculinité à Westeros. Bien qu’ils restent rares et courts, ces développements ont le mérite d’amorcer des réflexions de fond.

L’ouvrage souffre bien de quelques erreurs d’interprétation, comme affirmer que Tommen a « fusionné la Couronne et la Foi » ou de dire que les « changements de régime impliquent souvent des renvois de membres de la Garde Royale » comme celui de Barristan Selmy, mais ces exemples restent marginaux. Étant séduit par l’incertitude autour du véritable rôle joué par Bran dans sa propre accession au Trône, j’avoue être un peu déçu de voir un ouvrage qui se veut officiel prendre aussi délibérément le parti de dire qu’il « monte sur le Trône sans une goutte de sang sur les mains » et que c’est « leur éducation nordienne qui a protégé les enfants Stark de l’influence corruptrice du Trône de Fer » , mais là, pour le coup, c’est très personnel. ^^

On retiendra quelques bonnes idées graphiques : les indispensables arbres généalogiques (pourquoi ont-ils oublié le visuel de Kevan ? Oo) ou l’amusant graphique comparant la consommation de vin de Cersei et de Tyrion au cours des huit saisons(*). On apprécie également les images en gros plans sur les couronnes des différents souverains ou les épées légendaires des grandes familles de Westeros. Les cartes censées représenter le parcours de ceux qui ont beaucoup voyagé (Arya, Daenerys, Littlefinger) sont en revanche assez illisibles. Cerise sur le gâteau : quelques images inédites jusque-là, représentant de manière stylisée les grandes batailles de la série. Le graphisme s’inspire de ceux utilisés dans le générique de la série.

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Exemple de pages

Conclusion : à qui s’adresse ce livre ?

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Ayant déjà une connaissance relativement approfondie de l’univers de Game of Thrones, la lecture de cette chronique n’a pas été passionnante pour moi : je n’y ai pas appris grand chose que je ne savais déjà, puisqu’elle s’attache plus à parler d’un univers qui m’est familier qu’à analyser l’histoire ou à présenter les coulisses de la production de la série. Il reste un bel objet, sympa dans une bibliothèque ou à parcourir occasionnellement.

Le public de ce livre est donc moins les fans hard core que ceux qui ont apprécié la série, qui en auraient oublié les détails et qui voudraient s’y replonger de temps à autre. Pour eux, La Chronique des huit saisons offre un contenu varié, avec des rappels suffisants et bien illustrés.

 

 

(*) : Si vous voulez le verdict :

Spoiler:
Tyrion est le plus pochtron des deux
.

Game of Thrones, la Chronique intégrale des 8 saisons, de Myles McNutt, traduit par Isabelle Pernot. Editions Huginn & Muninn.
288 pages, 44,95€

(*) Le livre a été transmis à la Garde de Nuit pour revue. Cette transmission n’a fait l’objet d’aucune transaction financière. L’avis publié ici est émis en toute indépendance.

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