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[On teste pour vous] “La Mythologie selon GoT » de Gwendal Fossois

[On teste pour vous] “La Mythologie selon GoT » de Gwendal Fossois

La Mythologie selon Game of Thrones est un livre de Gwendal Fossois, sorti le 11 avril dernier. Les éditions de l’Opportun nous ont fait parvenir un exemplaire. Geoffray l’a lu pour vous et vous fait part de son avis (*).

Heureux qui comme Tyrion ?

Couverture «La Mythologie selon Game of Thrones » G. Fossois. © Les éditions de lOpportun , 2019

Couverture «La Mythologie selon Game of Thrones » G. Fossois. © Les éditions de l’Opportun , 2019

Le moins que l’on puisse dire c’est que la proposition de l’ouvrage est alléchante. Pour un féru de mythologie comme moi (et du Trône de Fer, évidemment) c’est du vrai pain béni. Parler de mythologie via le prisme de la série et de la saga est une idée fort intéressante, les emprunts de G.R.R. Martin à la mythologie étant connus et reconnus. Le livre va donc s’articuler en plusieurs facettes :

  • De Feu et de Glace (les animaux « fantastiques » et la magie) : dans ce chapitre, l’auteur parle de la symbolique magique de la Glace et du Feu ainsi que des dragons et des Loups.
  • De Feu et de Terre (la géographie) : dans ce chapitre, l’auteur étudie la géographie de Westeros (et d’Essos) et nous présente certains parallèles mythologiques.
  • De Feu et de Sang (les personnages en général) : Brienne, Ned, Catelyn, Cersei, Melisandre et les « barbares » sont ici présentés et analysés.
  • De Feu et de de Quêtes (centrés sur les « héros » de la saga) : Tyrion, Sansa et Arya, Bran, Jon et Daenerys, tels sont les « héros » dont l’auteur nous présente les pendants mythologiques.

Chaque chapitre s’intéresse à un type de mythologie ou de légende. Les objets, les créatures mythiques, les lieux, les personnages. Bref il y a de quoi faire. C’est avec un parti-pris positif que j’entamais ma lecture…

Ragnarök Blues !!

Force est de constater que le résultat n’y est pas. L’un des premiers gros problèmes auquel est confronté le lecteur, c’est le mélange constant entre la série et la saga, sans que les deux ne soient vraiment différenciées dans le texte.

De plus, des erreurs assez grossières parsèment le texte (les quatre enfants de Ned Stark, par exemple. Rickon, on pense à toi !) et m’ont plusieurs fois fait tiquer. Je pense notamment au premier chapitre faisant appel à la thématique du Feu et de la Glace sans que le nom original de la Saga ne soit évoqué, un peu dommage.

Le schéma du livre est de plus, de mon point de vue, assez redondant. On prend un objet/personnages/etc. de GoT/TdF, on le rapproche d’une légende ou d’un mythe et c’est fini. Pas d’analyse poussée expliquant pourquoi le rapprochement est fait. Ou pas assez souvent en tout cas.

Et disons le tout de suite, si vous êtes connaisseurs de mythologie, passez votre chemin. En effet, les mythes et légendes que Gwendal Fossois aborde sont très connus (voire archi-connus) et ne vous apprendront pas forcement quelque chose.

Cela étant, j’avoue avoir apprécié la mise en contexte des différents mythes abordés en indiquant la source du mythe. À noter qu’on s’intéresse ici à différents corpus, gréco-romains évidemment, mais aussi nordiques, un peu asiatiques, et aussi la geste arthurienne. Et pour en revenir aux rapprochements, autant certains sont évidents (Brienne/Jeanne d’Arc), ou très intéressants (le portrait de Bran, par exemple, ou le rapport entre le Ragnarök et le « Winter is coming ») autant certains me semblent vraiment tirés par les cheveux ^^’ (le Mur et l’enceinte de Troie). De plus, tout cela reste malheureusement très, voire trop, superficiel.

L’épée dans la Pierre (et pas dans Pierre !)

Tout n’est cependant pas sombre (R’hllor est parmi nous ^^), et il faut quand même reconnaître au livre des qualités. Il est simple d’accès et didactique : comme dit précédemment, j’aime beaucoup le fait que les mythes et légendes soient sourcés.

Il apporte aussi des informations intéressantes dans des cadres dédiés (i.e « Le saviez-vous » et « Un peu d’histoire » apportant respectivement des anecdotes de tournage et des précisions historiques) et la dernière partie du livre, concernant les héros de la saga, est vraiment intéressante. C’est clairement celle qui m’a le plus accroché et avec laquelle j’ai appris des choses.

J’ai particulièrement aimé les parallèles dressés entre Tyrion et Dionysos (relativement évidents avec le recul) ainsi que celui concernant Sansa et Hélène de Troie (auquel je n’avais jamais pensé mais qui me paraît désormais fort à propos), ou celui d’Arya et d’Ulysse (eut égard à son odyssée). Dans cette partie, j’ai eu l’impression que l’auteur a eu plus de possibilités pour exposer ses parallèles, car ne s’intéressant qu’à un seul sujet (plutôt qu’à une multitude dans les précédents chapitres). J’aurais apprécié le même traitement dans les chapitres précédents : prendre un unique objet ou personnage secondaire et le décortiquer sous toutes ses coutures.

Time to conclude

Il y avait vraiment un potentiel dans cet ouvrage, mais j’ai eu l’impression de trop peu à la lecture. Le fait d’étudier la saga et la série par le prisme de la mythologie était intéressant et rafraîchissant. Malheureusement, je pense que pour quelqu’un connaissant un peu l’univers du Trône de Fer et la mythologie, il est bien trop succinct. Je le conseillerais tout de même à un fan de GoT n’ayant que des notions et connaissances vagues de mythologie, qui pourrait alors en apprendre plus sur ce sujet à travers sa passion pour Game of Thrones ! 😉

(*) Le livre a été transmis à la Garde de Nuit pour revue. Cette transmission n’a fait l’objet d’aucune transaction financière. L’avis publié ici est émis en toute indépendance.

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1 Comment

  1. Lu aussi, et je partage en grande partie les conclusions de Geoff. Je serais même plus sévère.

    Le livre propose des parallèles essentiellement avec les mythologies greco-romaines et nordiques/scandinaves, et la légende arthurienne. Il y a certains parallèles et réflexions intéressant(e)s. Mais c’est noyé dans beaucoup trop d’éléments qui me rendent (très) dubitative.

    Déjà, on retrouve l’éternel souci : livres et série sont très peu distingués et mis sur le même plan. En soit, étudier la façon dont les mythes et les légendes sont revus, réinterprétés, transmis dans la fantasy peut très bien se faire sur les deux supports, et bien entendu qu’on a des éléments qui se recoupent entre les deux médias. Seulement, les créateurs de la série sont D&D, et pas GRRM, et même si (au début) la trame scénaristique est similaire et certaines inspirations reproduites entre livres et série (Braavos-Venise-Colosse de Rhodes par ex.), il reste important de distinguer les deux. Les intentions et réinterprétations ne sont pas toujours les mêmes et en voyant les bonus making-of de la série, on voit que les créateurs de la série puisent dans leurs propres inspirations, sans GRRM. Et même si je conçois que répéter à chaque fois « la série nous montre ceci », « dans les livres nous avons cette vision » soit lourd, insister dans l’introduction sur les différences était essentiel. Ce livre ne le fait pas, et fait aussi l’erreur classique d’attribuer à GRRM des éléments qui n’existent que dans la série (par ex, le fait que Jon puisse approcher Drogon – saison 7 – serait un signe de GRRM pour montrer qu’il est Targaryen). Rappelons que GRRM n’est plus sur la série depuis la saison 4, et ne cesse de dire qu’il n’est pas le créateur de la série, que les deux œuvres sont à distinguer.

    Ensuite, il y a beaucoup d’erreurs sur l’univers de la saga. Il y a des erreurs factuelles (Maegar pour Maekar T_T, les quatre enfants de Ned, etc), et certaines sont vraiment gênantes (les Dothrakis vivent sur une île, Jon a épousé Ygritt, Les fils de la Harpie sont la milice d’Astapor, etc..). Ca ne fait pas très sérieux, il aurait fallu une relecture bien plus attentive. On a aussi des raccourcis qui entraînent des erreurs sur la saga : « l’Empire valyrien est l’épicentre historique et culturel de Game of Thrones ». Meh. « c’est l’endroit [l’empire valyrien] d’où sont partis les Andals » (non). « Quaithe au visage couvert […] qui possède comme Mélisandre, des dons de clairvoyance et de prophétie ». Meh. « [Tyrion] a appris à unir les peuples ». Ah ?. etc..

    Enfin, certains rapprochements sont tirés par les cheveux, et on est souvent dans le « texte prétexte » (prendre le prétexte d’un élément de la saga pour raconter la mythologie) que dans l’analyse. Par exemple, l’auteur fait un rapprochement entre le Titan de Braavos et Prométhée, le Titan qui apporte le feu aux hommes. Je suis dubitative, mais en soit, bon, pourquoi pas ?… mais l’auteur n’explique pas pourquoi il fait ce rapprochement, raconte simplement le mythe, et enchaîne ensuite sur un paragraphe sur Pandore et sa boite… hm ? Ce schéma est répété plusieurs fois (parallèle entre Achille, pour le côté guerrier et Hippolyte, pour la chasteté, et les vœux de la Garde de Nuit qui est très surprenant ; le loup des Stark qui sert de prétexte à raconter la naissance d’Apollon et Artémis puis la fondation de Rome ; le rapprochement entre le rite de noyade des Fer-nés et le mythe d’Achille). Ces thématiques et rapprochements ne sont pas développés, et on a parfois du mal à comprendre pourquoi l’auteur en parle.

    J’ai en revanche apprécié que l’auteur donne les références bibliographiques des mythes qu’il présentait.

    Bref, sans remettre en cause le travail qu’est la rédaction d’un livre, j’ai trouvé la lecture vraiment très moyenne. C’est un gros « Meh » / « bof » qui en ressort pour ma part.

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