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Du casting de Steve Toussaint dans le rôle de Corlys Velaryon

Du casting de Steve Toussaint dans le rôle de Corlys Velaryon

Depuis l’annonce du casting de Steve Toussaint dans le rôle de Corlys Velaryon pour la future série House of the Dragon, les réseaux sociaux se sont enflammés, avec des réactions parfois vives, qui appellent à notre sens un besoin de clarification de la part de la Garde de Nuit. Cet article d’opinion, qui tranche avec notre habituelle neutralité, est une prise de position dans un débat qui agite la communauté et au delà, et qu’il nous semble important d’affirmer et préciser.

Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers des réseaux sociaux, ou qui n’auraient pas suivi ces échanges, il suffit de leur préciser que Steve Toussaint est noir, et qu’il va donc interpréter un personnage de descendance valyrienne, puissant au sein des Sept Couronnes et proche de la famille royale.

Illustration de couverture : Corlys Velaryon par Eve Ventrue (Unseen Westeros) ; Steve Toussaint par HBO
Article mis à jour le 13 août 2022 (voir la partie « les prises de paroles de l’équipe de production »)

Les Velaryon dans le canon de la saga

Origines valyriennes

La maison Velaryon, dans la saga, est d’origine valyrienne, et son installation à Westeros remonte à avant le Fléau. Au début de la Conquête, les Velaryon sont de proches vassaux des Targaryen et font partie du ban d’Aegon le Conquérant. Ils jouent ensuite un très grand rôle aux côtés des Targaryen, notamment dans la Danse des Dragons, et seront, à ce titre, des personnages clefs de la future série House of the Dragon.

De par leur origine, les Velaryon présentent le phénotype « classique » des Valyriens : ils sont célèbres pour leurs chevelures argentées et leurs yeux mauves, des caractéristiques que l’on ne trouve chez aucun autre peuple connu. Et s’il est rarement fait mention explicitement de leur couleur de peau, il semble assez clair que Martin les imagine blancs.

Martin a d’ailleurs souligné avoir regretté de ne pas avoir pensé à faire du phénotype valyrien un phénotype différent (même s’il s’interrogeait alors sur de possibles biais racistes qui pourraient être tirés de ces éventuels seigneurs dragons noirs qui tombent régulièrement dans la folie).

« Dès le début, j’ai voulu que les Targaryen, et par extension les Valyriens, dont ils descendent, soient une race à part, avec des traits distinctifs qui les démarquent du reste de Westeros et qui participent à expliquer leur obsession pour la pureté de leur sang. Pour ce faire, j’ai fait un choix conventionnel de ‘high fantasy’ et leur ai donné des cheveux or-argentés, des yeux mauves et violets, des traits aristocratiques, fins et ciselés. Cela a assez bien fonctionné, du moins dans les livres (dans la série, moins bien).
Mais ces dernières années, il m’est venu parfois à l’esprit que cela aurait pu représenter une tournure intéressante si, à la place, j’avais fait des dragonniers de Valyria… et donc des Targaryen… des personnes noires. J’aurais peut-être pu garder les cheveux argentés aussi, quoique… non, cela se rapproche trop des « elfes noirs », mais quand même… si j’avais fait en sorte que des dragonniers à la peau sombre envahissent, conquièrent et dominent un Westeros en grande partie blanc… bien que ce choix aurait entraîné ses propres dangers. Les Targaryen n’ont pas tous été héroïques, après tout… certains d’entre eux étaient des monstres, des fous, alors…
Eh bien, tout cela est matière à discussion. Mais l’idée m’est venue environ vingt ans trop tard. »

George R.R. Martin, dans un commentaire de son Not a Blog (traduction par La Garde de Nuit)

Néanmoins, notons que si les membres de la maison Velaryon présentent généralement un phénotype typiquement valyrien, tous ses membres ne sont pas pour autant nécessairement des blondinets pâlots aux yeux mauves. On le voit d’ailleurs avec Aurane Waters, bâtard de la maison Velaryon au moment de la saga, que Cersei nous décrit comme ressemblant beaucoup à Rhaegar, mais ayant des yeux gris-verts loin du mauve typique valyrien.

La première fois qu’elle l’avait vu, elle avait failli croire, l’espace d’une seconde, que c’était Rhaegar Targaryen, ressuscité de ses cendres. C’est à cause de ses cheveux, se dit-elle. Tout superbe qu’il est, il n’arrive pas à la cheville de Rhaegar. Il a le visage trop étroit, sans parler de son menton fendu. Les Velaryon étaient, il est vrai, issus des anciennes troupes valyriennes, et certains membres de celles-ci possédaient la même chevelure argentée que les rois-dragons de jadis.

AFFC, Chapitre 13, Cersei

Il en va bien sûr de même pour les Targaryen. Par exemple, le prince Baelor Briselance, que nous rencontrons dans les aventures de Dunk et l’Œuf, avait des cheveux noirs de jais, hérités de sa mère dornienne, et il n’est pas le seul Targaryen dans ce cas. Il y a également des cas d’enfants Targaryen à la peau noire tout à fait canons dans la saga : Bellenora Otherys, Nahra et leur frère Balerion sont probablement les enfants qu’Aegon IV a eu avec la « Perle Noire » de Braavos. Une lignée loin du phénotype valyrien typique descend donc bien d’Aegon IV …

De facto, imaginer un scénario « cohérent » qui expliquerait une couleur de peau foncée de Corlys Velaryon est tout à fait possible.

Par exemple, dans la mesure où l’on ne sait pas qui est la mère de Corlys Velaryon, rien n’empêcherait de faire de sa mère une Estivienne (les Velaryon étant par ailleurs à cette époque une famille qui a la navigation dans le sang, un peu de métissage dans la lignée ne serait pas spécialement aberrant, d’autant que les habitants des îles d’Été sont connus comme les meilleurs navigateurs du monde connu) et que lui-même soit métis, loin d’un phénotype valyrien « classique ». In universe, il n’y aurait alors rien de déroutant ou illogique à voir un Corlys Velaryon noir. Même s’il semble implicite aux yeux de Martin que Corlys, dans ses livres, est blanc, faire de sa mère un personnage originaire des îles d’Été ou d’ailleurs ne serait qu’un changement de canon assez anecdotique et plausible.

A cette heure, on ne sait pas encore quelle voie sera choisie par les scénaristes, ni même s’ils choisiront de faire uniquement de Corlys et ses descendants des personnes noires ou métisses, ou s’ils changeront totalement le canon pour que ce soit le cas de toute la maison Velaryon depuis ses origines. L’idée n’est pas de dire ici que l’on ne pourra pas trouver la voie choisie par la série critiquable en termes de « cohérence ». On n’en sait rien… mais crier à l’illogisme sur la seule base d’un casting est largement exagéré : il est tout à fait possible de faire de Corlys un personnage noir dans un scénario tout à fait cohérent et plausible sans faire offense à la saga de Martin.

L’épineuse question de la bâtardise des enfants de Rhaenyra

L’une des questions que cette ascendance métissée aurait posée, et qui est souvent mise en avant pour expliquer que le casting de Corlys est inacceptable, concerne l’ascendance des enfants de Rhaenyra Targaryen. C’est une question qui peut se poser, alors on récapitule.

En effet, Rhaenyra fut mariée en premières noces à son cousin, Laenor Velaryon, le fils de Corlys, avec lequel elle eut officiellement trois fils légitimes : Jacaerys, Lucerys et Joffrey. Avec leurs cheveux bruns et leur nez épaté, ils ne ressemblent pourtant aucunement à leurs parents présomptifs qui sont tous les deux d’ascendance valyrienne, mais font penser à ser Harwin Fort, nouveau bouclier lige de Rhaenyra. Cette ressemblance provoque des rumeurs de bâtardise dans tout le royaume, que propagent volontiers les ennemis de Rhaenyra. Ce sera l’un des arguments déclencheurs de la Danse des Dragons : on ne peut laisser Rhaenyra accéder au trône avec des héritiers qui sont en fait des bâtards du commun.

Avec un Laenor Velaryon métis, la question de l’héritage phénotypique valyrien des enfants de Rhaenyra risque de se poser en d’autres termes. Toutefois, cela ne devrait là encore pas nécessiter de changements révolutionnaires pour que l’esprit du texte soit conservé : que les gens de Westeros s’étonnent de voir les trois fils de Rhaenyra blancs avec un père métis, ou bruns avec un père blond platine, la question de la bâtardise peut tout autant se poser, et avec trois-quarts de sang valyrien « typique » (trois des grands-parents des petits Fort sont Targaryen), n’importe qui du camp des partisans de Rhaenyra pourra arguer que, si si, les trois Fort sont légitimes, même s’ils sont blancs.

Une telle problématique pourrait par ailleurs assez facilement permettre d’ajouter une certaine richesse à la série : plus qu’un point déclencheur de la Danse des Dragons très similaire à celui de la guerre des Cinq Rois, risquant la redite entre House of the Dragon et sa série mère Game of Thrones, s’interroger sur la légitimité au Trône de Fer d’héritiers métissés, et rajouter une réflexion très actuelle autour du racisme, permettrait possiblement de dépoussiérer et renouveler, pour le meilleur, l’univers.

Du canon et du besoin légitime d’adaptation

Adapter une histoire

Rappelons-le : House of the Dragon est une adaptation de Feu et Sang. Des choix d’adaptation seront nécessairement pris lors de la création de la série. La série développera son propre canon. Si tous les fans espèrent que l’esprit du texte sera conservé, des choix seront nécessairement faits et viendront en dissonance avec le canon des livres (rappelons au passage que, de par sa narration, Feu et Sang fait le choix de nous présenter trois versions différentes d’une même histoire… nécessairement, le format série obligera à choisir explicitement telle ou telle histoire, et donc devra proposer sa solution à certaines énigmes laissées irrésolues dans les livres).

Le format audiovisuel pose ses propres contraintes, par rapport au support livre. Ce qui, sur le papier, est possible, ne l’est pas forcément à l’écran. Par exemple, reconnaître instantanément à l’écran des personnages habillés et coiffés à l’identique, ce n’est pas comme lire leur nom et relire plusieurs fois un paragraphe pour les resituer dans l’intrigue. Ou encore, inverser la linéarité du récit en passant par des flashbacks est plus complexe à l’écran.

C’est tout le boulot des scénaristes de rendre le récit fidèle à l’esprit du texte, tout en répondant à ces contraintes de lisibilité à l’écran. Pour cela, ils doivent nécessairement se sortir de l’ornière du canon sur certains points.

Or, de facto, suivre le canon « valyrien » des livres, en l’occurrence, c’est se restreindre à l’écran à une galerie de personnages qui se ressembleraient tous physiquement. Au-delà de toute considération de canon, il est important de se poser la question de l’intérêt à l’adaptation. Et en prenant la question dans ce sens, il semble assez évident que la série sera plus lisible avec des personnages qui ne suivent pas le canon des livres…

Et bien au delà de ces considérations purement visuelles, une adaptation implique une liberté créative, et les scénaristes adapteront l’histoire « à leur façon ». On pourrait voir dix adaptations différentes de la même histoire, mais chacune sera ré-interprétée et ré-adaptée par son créateur, c’est aussi ce qui fait la richesse d’une histoire. Cela peut même souvent permettre de « moderniser » l’œuvre, sans la trahir (ainsi qu’on le suggérait par exemple au point précédent).

Nous ne serons pas tous d’accord avec tel ou tel choix d’adaptation. Nous en discuterons même probablement ad nauseam sur le forum, soyez en sûrs. L’idée n’est pas de dire que nous serons convaincus par tout ce que la série proposera… mais si la série est mauvaise, ce ne sera en tous cas pas en raison du choix d’acteur fait en amont, mais ce sera plutôt un manque de développement et de soin apporté à la construction des personnages / de la narration / de l’univers.

Un prétexte pour faire politiquement correct ?

L’industrie cinématographique a invisibilisé les minorités depuis sa création. Pendant longtemps, la représentation des personnes noires (ou d’autres groupes minoritaires) à l’écran était au mieux caricaturale, au pire inexistante (cf. par exemple cet article état des lieux). Or, en plus de perpétuer des clichés, pour les minorités, se construire avec de telles images engendre une dévalorisation plus ou moins consciente de ce que vous êtes et ce que vous incarnez. Les imaginaires collectifs sont influencés par le prisme des imaginaires médiaculturels que l’on voit à l’écran (cette thèse de doctorat conclut par exemple en 2016 que « Les séries télévisées possèdent ainsi une capacité intrinsèque de jouer un rôle – positif ou négatif – dans les constructions identitaires collectives et individuelles ainsi que dans les phénomènes d’intégration ou de discrimination. »).

Aujourd’hui, grâce à bien des mouvements populaires, une prise de conscience a lieu, et progressivement cherche à redonner une place plus visible et importante aux minorités.

En ce sens arrive la question qui se pose, de façon assez légitime : « Corlys Velaryon noir, c’est pas un peu forcé ? On a l’impression qu’HBO cherche à remplir des quotas ».

Et qu’y répondre à part… peut-être… et alors ? Réjouissons-nous de ce que des petits garçons et petites filles pourront s’identifier à un super personnage de noble explorateur, et croisons les doigts pour que le personnage transcende les questions raciales, plutôt que de s’indigner a priori de sa couleur (en plus sans avoir vu la série). Plutôt que d’accuser les créateurs de la série d’un prétendu « blackwashing » uniquement pour faire dans le politiquement correct, croisons les doigts pour que Corlys ne soit pas uniquement un prétexte, mais qu’en faire un personnage noir changera le canon pour enrichir le récit.

Rien ne nous garantit que la série réussira à traiter ces thématiques avec nuance et intelligence. Typiquement, avoir casté en Mysaria (un personnage plutôt fourbe et mystérieux, qui coche bien des cases dans les clichés orientalistes) une actrice aux origines asiatiques a tendance à faire dresser un sourcil, et peut légitiment nous inquiéter quant à la réflexion apportée à la question raciale dans la série… Mais dans l’immédiat, avant de décrier la série pour un choix de casting, laissons à ses créateurs le bénéfice du doute, il ne sert à rien de s’indigner sur la base d’une photo sans connaître les intentions scénaristiques… On verra bien !

Du « réalisme » historique

Une question revient aussi parfois : dans l’univers « médiéval » de Westeros, quelle est la crédibilité d’un personnage noir (noble) ? « Ce n’était pas comme ça au Moyen Âge, c’est pas réaliste ».

D’une part, si la haute noblesse anglaise et française devait être majoritairement « blanche » (selon le terme et la conception contemporaines, mais totalement anachroniques pour l’époque, les textes médiévaux ne faisant de toutes façons pas vraiment cas de la couleur de peau), il est aussi important de noter que le monde médiéval européen était loin d’être uniformément blanc. C’est une idée reçue qui a la peau dure, qui perdure notamment à travers beaucoup d’œuvres de fiction qui mettent toujours en scène un Moyen Âge européen blanc. Mais les recherches récentes en histoire médiévale montrent que, justement, la population était plus diverse que ce qu’on pensait, et que le concept même de « blanc » pour parler de la population n’a pas de sens. L’histoire de ces régions s’est également faite par des brassages de populations diverses, et de très nombreux échanges commerciaux, culturels, diplomatiques, militaires (Aurélie Paci vous conseille notamment ces deux articles (en anglais) sur la question si vous voulez creuser : « Where Do the “White Middle Ages” Come From? » et « Uncovering the African Presence in Medieval Europe », ou un peu en décalé, car il traite de questions plus larges, ce compte-rendu de lecture « William Chester Jordan, La prunelle de ses yeux. Convertis de l’islam sous le règne de Louis IX ».)

Ensuite, et surtout, la question du « réalisme » historique est un point complexe qu’il vaut mieux éviter d’invoquer à la va-vite. Une fiction est une œuvre de son temps qui parle de son temps à des spectateurs de son temps. Le « réalisme » dont on parle n’est pas un calque de la réalité historique (voir par exemple Une histoire de feu et de sang – le Moyen Age de Game Of Thrones de F. Besson et J. Breton ou Les mystères du trône de fer tome 2: la clarté de l’histoire, la brume des légendes d’A. Paci et T. Soulard, qui vous montreront à quel point le Moyen Âge de Westeros n’est pas le Moyen Âge des historiens). Westeros peut être vu comme une construction fictionnelle faite de lieux plus ou moins communs qui font partie de notre imaginaire collectif, construction bâtie pour rendre à nos yeux de contemporains un univers tangible et familier, permettant de développer un récit dont les tenants et aboutissants sont résolument des problématiques de notre temps. De facto, la série House of the Dragon abordera des problématiques qui résonnent en nous, qui s’adresse à nous, spectateurs du XXIème siècle, de même que la saga du Trône de Fer nous parle plus de nous, lecteurs modernes, que de notre passé. S’insurger au nom de la « réalité historique » n’a donc pas de sens.

Mise à jour d’août 2022 : les prises de paroles de l’équipe de production

Depuis la parution de cette note de blog – et maintenant que nous savons que la série modifie le canon des livres pour faire de la famille Velaryon, et non simplement de Corlys comme nous l’avions évoqué à l’époque, une famille à la peau noire – les showrunners ont pris la parole sur leur choix de casting. Un choix clairement réfléchi et fait à dessein :

« Le monde est très diffèrent de ce qu’il était, il y a 10 ans, lorsque [Game of Thrones] a débuté. Il est différent d’il y a 20 ans, lorsque Peter Jackson a fait la trilogie du Seigneur des Anneaux. Ces histoires [de fantasy] ont besoin aujourd’hui d’être plus inclusives que ce que ce qu’elles étaient traditionnellement. Ça a été très important, pour Miguel [Sapochnik] et moi de créer une série qui ne serait pas une autre troupe d’[acteurs] blancs mis à l’écran, pour le dire très crûment ».

Ryan Condal, dans Entertainment Weekly (traduction par La Garde de Nuit).

Ils soulignent aussi qu’il leur paraissait important que Steve Toussaint incarne spécifiquement un riche et puissant seigneur de Westeros, acteur politique de premier plan, loin des rôles attribués aux acteurs noirs, régulièrement cantonnés à des personnages secondaires de pirates, esclaves ou mercenaires (comme ce fut le cas dans Game of Thrones).

Quant au principal intéressé – les articles traitant de la question se concentrent essentiellement sur Steve Toussaint, pas sur les acteurs et actrices incarnant les autres membres Velaryon – il balaye les critiques à son encontre : « il y a des gens qui ont un peu de mal à accepter que quelqu’un qui me ressemble puisse jouer ce rôle. Mais c’est leur problème, pas le mien. Mon souci, c’est de prononcer mes répliques de façon convaincante et d’éviter de me cogner dans les décors » a-t-il lancé à la Comic-Con de San Diego en juillet dernier.

Et qu’en dit George R.R. Martin, le créateur de l’univers ? Il n’a pas pris directement ou explicitement la parole sur le sujet. En revanche, il a salué l’ensemble du casting de House of the Dragon à plusieurs reprises pour leur performance : « il y a aussi un casting incroyable […] Vous ne connaissez peut-être pas leurs noms aujourd’hui, mais je pense que vous les connaîtrez avant la fin de l’année. Vous en détesterez certains, vous en aimerez d’autres, vous en pleurerez d’autres encore. » écrivait-il sur son blog dès février de cette année. Dans un récent podcast, Steve Toussaint a précisé que le choix de casting avait été discuté entre Ryan Condal, Miguel Sapochnik et George R.R. Martin, et qu’ « ils avaient décidé de mettre un peu de couleur », ce dont il se réjouissait.

Conclusion

Si le casting de Steve Toussaint dans le rôle de Corlys Velaryon fait couler beaucoup d’encre, remettons les choses en perspective avant de nous indigner. Une bonne histoire bien interprétée et bien mise en scène parlera des humains et de leurs émotions – ce sur quoi George R.R. Martin insiste – et ça parlera à ses spectateurs ou lecteurs. Si la série est mauvaise, ce ne sera pas en raison du choix des acteurs fait en amont, ce sera plutôt un manque de développement et de soin apporté à la construction des personnages / de la narration / de l’univers. Ne condamnons donc pas par avance une initiative de casting qui peut donner des trucs intéressants si les choses sont bien amenées. Et, conformément à notre règlement, nous ne tolérerons en tous cas pas de commentaire raciste, que ce soit sur un choix de casting ou sur tout autre sujet.

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9 Comments

  1. L’on s’étonne (bien peu, en vérité), de ce que votre plaidoyer en faveur du casting de Steve Toussaint ne mentionne nullement le fait que, si les Targaryen se sont si souvent unis par mariage à des Velaryon, c’était aussi largement pour conserver la pureté du sang de l’antique valyria, qui était commun aux deux familles. Qu’un velaryon ait épousé une estivienne, rompant ainsi avec ce qui était l’un de ses atouts majeurs, et qu’une targaryenne ait ensuite épousé un estivien, et que des métis aient épousé deux Targaryen, c’est encore fouler aux pieds le lore de George RR Martin; le soin que prenaient les Targaryens à se marier entre parents est l’un de leurs traits majeurs ………………………………………………………..

    Et non les comtes de Champagne n’étaient pas noirs, n’en déplaise …………………………..

    Et je ne suis pas là pour me plaindre de chaque changement de couleur du casting (encore que je ne souscrive pas à l’idée qui veuille qu’une bonne adaptation ait forcément des blancs transformés en noirs dedans, contrairement à vous), par exemple l’idée de rendre Sladhor Saan noir n’était pas critiquable, et l’idée de rendre Mysaria asiatique est même très astucieuse à mes yeux. Mais l’idée de privilégier au respect de l’oeuvre qu’on vient traire une dérive idéologique me fatigue assez. Parce que ce n’est pas une évolution sociétale, c’est une évolution idéologique poussée par des minorités dans les minorités, je ne connais pas un noir (et étant noir moi même j’en connais probablement plus que vous) qui soit incapable de se projeter dans un personnage blanc, et qui exige que l’on vienne noircir les personnages blancs pour se trouver satisfait.

    Donc non, ce choix est indéfendable, et laisse même beaucoup présager du respect qui sera accordé au texte de Martin.

  2. A l’époque durant laquelle se déroule la série, tous les Velaryon descendent d’une Massey et les héritiers présomptifs du trône sont soit de sang Arryn soit de sang Hightower. Autant d’unions qui, dans la perspective suprématiste valyrienne – valorisant, comme le note au début l’article, les yeux mauves et les cheveux argentés – sont autant de « métissages ». Considérer uniquement l’éventuelle ascendance estivienne de Corlys comme tel, mais pas les unions avec des familles ouestriennes, ce n’est pas « privilégier le respect de l’œuvre à une dérive idéologique » mais projeter les perspectives racistes obsolètes de notre Histoire à celle du monde de GRRM.

    Qui plus est, la série s’est justement écartée du canon sur bien des points – notamment ce focus sur la couleur des yeux dans le phénotype valyrien – faisant de ce Corlys, aux cheveux gris argentés, quelle que soit sa complexion, un représentant de celui-là.

    Quant au sujet des « blancs transformés en noirs » dans les adaptations, l’on s’étonne (bien peu, en vérité) que le procédé inverse, autrement plus prégnant historiquement, y compris dans ‘Game of Thrones’ (Chataya & Alayaya, les Braves Compaings, Belwas le Fort, l’équipage du Brise Cannelle & d’autres encore furent ainsi remplacé-es par des acteurices blanc-hes), soit moins source de cris d’effraie et d’accusations de « dérive idéologique », alors que les conséquences socio-économiques pour les acteurices racisé-es sont autrement plus importantes dans des sociétés, et des productions, où les personnes concernées sont déjà minoritaires…

    Personne ne prétend que la couleur de peau est un sine qua non à la résonance entre un personnage et le public ; en revanche la représentation a un impact, qu’il soit d’un point de vue matérialiste comme au-dessus, ou dans les représentations mentales qui sont nourries par nos productions culturelles, depuis la persistance de stéréotypes associées à certaines populations aux images dévoyées du passé, comme le souligne le passage sur le « réalisme » historique – et les créations + diverses aident à nuancer cela.

  3. La couleur des ethnies dans la série n’est de base pas la même que dans les livres, principalement pour des questions pratiques. Les dothrakis sont censés avoir un profil amérindien, pourtant dans la série ils sont principalement blancs européens, tout simplement puisque leurs scènes ayant principalement été tournées en Irlande ou à Malte, on y trouvait plus de figurants blancs que d’amérindiens.

    Les esclaves de la Baie des Serfs sont dans les livres extrêmement multi-ethniques : on y trouve des locaux, des noirs, des blancs, des dothrakis, etc. Cela est un signe de l’énorme influence de la région sur les pays alentours, comme Naath, Lazzar ou Sothorios, et de l’importance dévastatrice du marché d’esclave. Pourtant dans la série tous les esclaves sont arabes (sauf Tyrion et Jorah bizarrement, mais personne ne semble soulever ce point), parce quand on tourne au Maroc, on fait avec les figurants présents sur place.

    Et surtout, des personnages qui devraient être Valyrien dans le canon des livres et qui ne sont pas blancs, on en a aussi dans Game of Thrones, sans que ça n’ai jamais posé problème à personne. Ainsi, Talissa Maegyr, la femme de Robb, est issue de la haute noblesse de Volantis. Dans les livre, la maison Maegyr est même un des trois triarques de la ville ! Or, l’intégralité de la noblesse volantaine, selon les livres, est censé être tout aussi Valyrienne et blanche-argentés que les Targaryen, et ils ne se marient eux aussi que entre eux. Dans la série au contraire, tous les Volantains que l’on croise, même les figurants, même Talissa, sont hispaniques (excepté une prostituée qui ressemble à Daenerys) tout simplement parce que ces scènes ont été tournées en Espagne.

    Et tout cela n’est pas un problème, puisque ça reste cohérent avec le canon de la série, et qu’on s’en fout du canon des livres. Pourtant dans le canon des livres c’est important que les nobles Volantains soient Valyriens, ou que les esclaves de Meereen soient d’origines très variés. Mais dans la série non, ça ne l’est pas.

    Bref, la couleur de peau des peuplades dépend avant tout des contraintes du show. Et qu’on soit d’accord ou non avec l’idéologie inclusive (après tout, je suis pas là pour juger 🙂 ) le contexte politique américain actuel fait que ne pas mettre de diversité dans les personnages principaux d’une série aussi blockbuster que HotD est délicat. On a bien vu les nombreuses accusations de racisme qui sont tombées sur GoT au cours de sa diffusion, expliquant que quand même, ils auraient pu faire un effort, pour comprendre que HBO a pas forcément envie de retomber dans ces mêmes polémiques, et que mettre des acteurs principaux noirs dans HotD devienne une contrainte. Et encore une fois, une contrainte c’est pas un mal, les séries jouent tout le temps avec des tas de contraintes ; il faut juste que ce soit bien fait.

    Dans le cas de la maison Velaryon que savons-nous ? Nous savons qu’ils sont Valyriens, OK, leurs cheveux en témoignent. Bien. Que savons-nous de l’ethnie des Valyriens dans le canon de la série ? Pas grand chose. On ne connaît qu’une seule famille de Valyrien dans GoT, et il est difficile de généraliser tout un peuple à partir d’une seule famille. Si une famille noire se retrouve être dans 400 ans la seule famille survivante des USA après l’éruption du Yellowstone, j’aurais tort de considérer que tous les américains étaient noirs.

    Bref, rien dans le canon de la série ne nous dit que tous les Valyriens étaient blancs, ou que leur couleur de peau était ce qui importait. Quand les Targaryen veulent protéger le sang Valyrien, ce ne sont pas la peau blanche et les cheveux argentés qui les intéresse, c’est le pouvoir de contrôler les dragons. Et si ce pouvoir se trouve également dans une autre famille comme les Velaryon (ce qu’on peut supposer au vue de leur couleur de cheveux) bah pour les Targ osef qu’ils soient noirs.

    D’ailleurs, dire que dans la série les Valyriens auraient pu être un peuple comprenant des noirs et des blancs (tous argentés) ne serait pas la première différence ethnique qui serait faite entre leur version papier et leur version télévisuelle. Une autre différence majeure, à mon sens pas moins importantes que la couleur de peau, concerne les yeux des Valyriens. Dans les livres, les Valyriens ont des yeux violets, ce que Martin a fait pour leur donner une sorte d’étrangeté, pour montrer qu’ils ne sont pas totalement humains mais que y’z un truc chelou / mystique derrière leur ethnie. Bref, de la magie. Or, dans la série, cette caractéristique a été supprimée pour des raisons pratiques, Emilia Clarke ne supportant pas les lentilles de contact. Ça n’a pas posé de problème.

    Après, comme dit dans l’article, absolument rien ne dit que ce changement sera réussi dans la série. Si ça se trouve ce sera de la merde. Mais ils ont clairement le potentiel de faire un truc cohérent, et c’est pour ma part tout ce que je demande.

    Et puis, comme le dit aussi l’article, on a 17 Targaryen blancs argentés. Ça va déjà être un enfer pour les reconnaître les uns les autres, alors autant ne pas rajouter 5 Velaryon avec la même tête qu’eux ^^

  4. Bonjour SireYamoi, les Targaryens ne se mariaient pas qu’entre eux, il suffit de regarder leur arbre généalogique. Ils se marient avec des familles de lignée andale (pleins), des Premiers Hommes (Nerbosc par exemple) ou d’Essos (Rogare) ou mixte (Nymeros Martell). Le racisme est un concept anachronique, et pour autant je ne suis pas naïf, il serait idiot de dire que la société médiévale était un fleuron de l’équité et de l’inclusivité, au contraire. Mais la ségrégation vient de l’ordre social, c’est-à-dire de la noblesse et de la lignée. L’ancienne famille des Arryn de Goëville est ainsi méprisée voire sortie de la ligne de succession pour s’être unie à des roturiers de même ethnie qu’eux. La présence d’une estivienne dans une union peut donc s’expliquer, une maman princesse royale d’une île lointaine suite à un mariage diplomatique et politique peut plus facilement entrer dans une famille noble qu’une fermière du Conflans, tout comme Jalabhar Xho peut danser à la cour mais pas un Tourte Chaude.
    Le souci est effectivement que, jusqu’à présent, le show ne décrit Corlys Velaryion que comme un copier-coller des livres au lieu de lui appliquer une logique propre à une adaptation. Et donc en l’état, le mariage d’un Velaryon s’étant uni en-dessous de son rang rend peu probable son mariage avec l’héritière de la couronne, mais pour des question de noblesse. Et une antique famille Velaryon gardant sa couleur de peau durant des millénaires ne colle effectivement pas avec la logique génétique. Mais on en est qu’au stade très préliminaire, la série peut encore y réfléchir. Salladhor Saan et Areo Hotah ont été intégré au show original de manière cohérente.
    Et même si ce n’est pas le cas, dire que ce simple changement foule au pied et manque de respect à l’œuvre de Martin est clairement hors de propos. C’est une adaptation qui changera forcément des points de l’oeuvre originale et celui-ci ne bouleverse a priori pas du tout l’intrigue.

    Quant au traitement et à la place des minorités dans le showbiz, il y a effectivement beaucoup de sensibilités différentes, et comme toute évolution, elle apporte son lot de changement, positifs et négatifs, souvent subjectifs, et dont il est très difficile de deviner les effets à long terme. Il y a en effet des personnes qui souhaitent voir des minorités plus souvent à l’écran et d’autres qui regrettent que leur présence dans des positions sociales avantageuses déforme la réalité d’un passé douloureux, ou que cela soit souvent fait de manière stéréotypée, et finalement certaines qui constatent que ce sont certaines minorités propres aux USA qui en bénéficient et pas d’autres. Mais cela ne veut pas dire que leur position, et donc la vôtre, soit plus juste, plus représentative ou plus respectueuse qu’une autre.

    L’article ne veut pas dire que le show fera tout juste. On avait bien vu dans Got, qu’en voulant être plus féministe après avoir été critiqué pour le traitement de la femme-objet toujours à poil, ils en sont quasiment arrivés à faire dire à Sansa que le viol c’est génial, ça rend plus fort. On n’est donc pas à l’abri que HotD se rate aussi pour Corlys et se fasse descendre en flammes pour son traitement. Mais attendons avant de juger et de s’offusquer.

  5. Je viens de voir la bande annonce de House of the Dragon et légèrement agacé qu’on ait placé un acteur noir comme on place un produit, je me suis dit « cherchons si une raison scénaristique t’échappe et tient la route ». Et hop je tombe sur votre article.
    Je laisse tomber les potentiels arguments de métissages que vous évoquez. Pourquoi pas. Je vous ferai juste remarquer que l’acteur n’est pas franchement métis. Mais bon on ne va pas sortir le nuancier. Là on ça coince un peu plus c’est que pour donner un peu plus de crédit à la négritude du personnage, il a des dreadlocks. Un peu rasta le lord. Mais comble du ridicule, comme il est censé être proche des Targaryens, ses dreadlocks sont blonds !
    Le truc improbable sauf à être albinos, ce qu’il n’est pas. Ce personnage est donc une pure construction irréaliste.
    Artificiel comme un produit marketing à placer quoi.
    Et si on veut comprendre pourquoi vous n’arrivez pas à percevoir le caractère capillotracté de la chose et son ridicule au final, il faut lire, pour le croire, votre paragraphe sur l’Histoire, la vraie.
    Ça commence fort : « si la haute noblesse anglaise et française devait être majoritairement « blanche » ».
    Alors ça si ce n’est pas de la gageure historique ET sociale, je ne sais pas ce que c’est.
    Mais messieurs, mesdames, sous les royautés européennes, les nobles, tous, n’étaient pas « majoritairement » blancs. Ils étaient assurément absolument blancs. Et accrochez-vous, ils étaient les blancs des blancs ! Ceux qui ne travaillaient pas et dont la blancheur de carnation devait être la preuve et la fierté.
    Alors qu’il y ait eu des échanges commerciaux et métissages aux frontières avec les peuples arabes et africains, bien sûr.
    Mais croire qu’en plein milieu des royaumes ces derniers battaient le pavé et auraient vécu en égaux est aberrant.
    L’étranger, celui dont on se méfie, commençait avec ceux nés à quelques dizaines de kilomètres. Mais pire, au delà de la couleur de peau, ils n’étaient tout simplement pas chrétiens ! Assurément un grave facteur de discrimination, voire d’envie d’éradication.
    Et s’il vous faut vous rassurer sur le coté « raciste » de la chose, dites-vous qu’à ces époques, 99% des blancs, oui des « blancs », étaient dominés et méprisés par les blancs des blancs : la noblesse. Alors ceux pas blancs et pas chrétiens …

    • Il va falloir relire l’article, vous avez du louper quelques points.
      Il y a un paragraphe entier sur la question : «Un prétexte pour faire politiquement correct ? », où justement le sujet est traité. Donc non, on n’est pas aveugle, et bien conscient qu’il y a plein de facteurs qui ont pu rentrer en compte dans ce choix, dont des facteurs « marketing ». Juste… et alors ? Toutes les productions films/séries font des choix marketing.
      Depuis l’écriture de l’article (il y a plus d’un an), les showrunners sont revenus sur le casting et ont bien expliqué les raisons politiques de leur choix (https://ew.com/tv/house-of-the-dragon-house-velaryon-race-change-explained/ – après oui, la question de la représentation des personnes racisées dans la série pourra faire lever un sourcil, on en parle déjà dans l’article avec Mysaria)
      Quant au paragraphe sur l’histoire, là encore ça aurait été bien de ne pas vous arrêter à un bout de phrase pris isolément mais de lire l’ensemble du propos qui dit deux choses : non le Moyen Âge européen n’était pas uniformément blanc (la question de la noblesse est secondaire, et la peau qu’on cherche à faire plus blanche que blanche, c’est un phénomène qui atteint son apogée dans l’Ancien Régime du ~XVII/XVIIIe siècle, voire au XIXe – et souvent pour les femmes) ; et surtout, GoT / HotD est une œuvre de fiction fantasy contemporaine, adaptée d’une œuvre contemporaine d’un auteur qui assume tordre l’histoire selon ses envies et qui mélange toutes les époques dans son monde. Faire appel à l’histoire pour justifier la non présence d’acteurs de couleur n’a juste aucun sens et est malhonnête (il y a BEAUCOUP de choses non réalistes dans la série ou dans les livres, mais bizarrement, ça fait moins réagir).
      Ça aurait été bien aussi de ne pas inventer des propos qui ne sont pas tenus : à aucun moment il n’est question d’égalité, et à aucun moment la question de la discrimination par le biais de la religion n’est mentionnée.
      Et oui, la distinction au Moyen Âge de l’altérité (l’autre, l’étranger, etc…) se fait avant tout et en premier lieu sur des critères religieux, pas sur des critères de couleur de peau. La « polémique » présente (qui dénote d’un racisme diffus mais bien ancré, parce que faire une fixation sur la couleur de la peau de l’acteur depuis plus d’un an, ça se pose là..) parle bien elle de la couleur de peau de l’acteur, pas de religion.

    • La scène de chaos sur la plage avec des carcasses de campement et de navires ou le casque de tournoi qui laisse le visage apparent et non défendu sont eux aussi complètement illogiques dans le Trailer de HotD, ça ne fait réagir personne. Et personne ne s’offusquait non plus du manque de châtiment corporel envers les insolents gamins de Got alors que c’était la norme ni que totu le monde ait des dents blanches impeccables en l’absence de réelle hygiène dentaire. ^^
      Je suis (nous sommes?) parfaitement conscient que la présence de ce casting a également peu de cohérence interne ou historique et qu’elle est le reflet de préoccupations modernes américaines en particulier et postcoloniales de manière générale, et qu’en se focalisant là-dessus, cela permet également à Hollywood de se voiler la face sur de nombreux autres problèmes, comme les inégalités croissantes de richesse dans la société occidentale, le pillage des ressources naturelles ou la faim en Afrique (problème qui serait réglé si la moitié de la masse salariale des artistes et des sportifs US était consacré à lutte contre plutôt qu’à se payer des villas et des yachts en portant un t-shirts Black lives matter), l’intégrisme religieux, la fascination pour la violence, la sous-représentation d’autres groupes faisant partie de la grande famille humaine mondiale (Moyen-Orient, Inde, Asie, etc.) ou même le déni climatique. C’est juste que se fixer 24/7 sur ce seul point du casting n’a aucun intérêt et que la série n’a pas vocation à régler les problèmes de ce monde, elle ne fait que refléter ses qualités en voulant peut-être maladroitement faire un monde plus inclusif et ses défauts en baignant dans l’hypocrisie. Pas de quoi en faire tout un plat.

    • Vous me demandez de ne pas faire appel à l’Histoire, la vraie, pour comparer avec House of the Dragon.
      Sauf que vous omettez opportunément que je ne fais que rebondir sur vos propos qui font appel à l’Histoire, la vraie.
      Vous me reprochez donc votre propre argumentaire.
      Et le problème de faire appel à l’Histoire pour justifier ce personnage noir aux dreadlock blond est que cela ne fonctionne pas. Vous le reconnaissez en indiquant que finalement c’est une fiction avec des visées idéologiques.
      Et au passage non, en occident, seule la religion n’importait pas. La couleur de peau importait. Mais au delà, et désolé pour le wokisme ambiant, ce sont surtout les classes sociales qui étaient prédominantes dans l’accès ou non au haut de la société. Et 99% des blancs n’étaient au final pas bien mieux considérés et traités que d’autres couleurs. Se renseigner à ce sujet sur les révoltes, révolutions et luttes sociales.
      Pour finir, que House of the Dragon soit une fiction, OK. Mais comme tout autre fiction, on aimerait que les choix scénaristiques servent l’histoire, pas les idéologies ou mauvaises consciences sociétales des showrunners.
      Moi je veux une histoire qui se tient, même dans la fiction. Pas me coltiner l’ego dérangé des auteurs.

    • Si le paragraphe sur l’histoire existe dans cet article, c’est parce que c’est un argument que l’on trouve se balader un peu partout sur les réseaux sociaux et dans les conversations (c’est ce qu’on dit en intro), pas parce qu’on s’appuie dessus. Au contraire, c’est même la conclusion du paragraphe (=GoT/HotD/TdF n’est pas de l’histoire), prévue ainsi à l’avance, et non pas parce que « on le reconnait finalement » par défaut.
      Quand je parle de distinction, je parle bien de distinction de l’autre, de l’étranger. Je n’ai pas non plus dit que la religion était le seul facteur (le seigneur auquel on se rattache importe aussi, parfois la région), mais qu’il est le principal (dans les descriptions, c’est ce qui vient en premier le plus souvent).

      Quand à cette phrase : « Pour finir, que House of the Dragon soit une fiction, OK. Mais comme tout autre fiction, on aimerait que les choix scénaristiques servent l’histoire, pas les idéologies ou mauvaises consciences sociétales des showrunners. ».
      Mais parce que vous pensez que faire un casting sans aucune diversité, ce n’est pas un choix non plus ? Pourquoi est-ce que quand il est question d’inclure la diversité, il faudrait à tout prix que le choix soit justifié scénaristiquement, alors que quand on caste des gens blancs/hétéros, pas besoin ? Parce qu’on considère ce choix de casting comme « la norme » dans nos sociétés ? mais cette norme elle est bien construite, par des choix plus ou moins conscients, par l’histoire du cinéma, pas par amour du scénario. Les questionnements actuels ont justement pour but de se rendre compte de ces histoires de représentation : tout est un choix dans nos représentations. Des choix plus ou moins conscients, plus ou moins revendiqués. Mais des choix quand même. Et de base, toute fiction est le produit de ses créateurs, de leurs idées et de la société dans laquelle ils vivent. Toute fiction véhicule des idéologies – à nouveau, plus ou moins visibles ou revendiquées. Vous avez fait le même procès pour « American Sniper » d’Eastwood ou « La Passion » de Gibson ? Ou à « Squid Game », aux animations d’Hayao Miyazaki ? Parce qu’eux aussi ils véhiculent une idéologie.

      Pour finir, je ne vois pas pourquoi vous partez du principe que, parce qu’il y a une poignée d’acteurs noirs, ce sera forcément mauvais ou ça donnera une histoire qui ne se tiendrait pas (O_o). Je reste toujours très interloqué par la force qui est mise à s’attaquer avec autant de virulence à quelque chose dont vous n’avez même pas le résultat sous les yeux (et c’est tout autant de l’idéologie que ce que vous dénoncez).

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