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[Concours] Résultat des Cinq Censurés

autodafé

Oyez ! Oyez ! Pieux enfants des Sept et fidèles sujets du roi Baelor le Bienheureux !

Le collège des septons et mestres de la Garde de Nuit s’est assemblé pour examiner les textes impies que vous nous avez transmis et censurer tous les ouvrages susceptibles d’attenter à la moralité des bons et loyaux sujets du roi Baelor. Inutile de vous dire que notre sainte assemblée a été profondément bouleversée en découvrant toutes les horreurs que recelaient les ouvrages soumis à notre sagacité. Jamais aucun d’entre nous n’avait lu pareille abjection (un d’entre nous s’est même évanoui au cours de sa lecture et a dû être évacué… Mais on ne donnera pas de nom !)

Deux de ces livres sont néanmoins ressortis. Les ignominies qu’ils contiennent ne sont pas forcément les pires de ce qui nous a été proposé, mais leur contenu est celui qui nous a paru le plus dangereux, le plus à même de corrompre la moralité des enfants des Sept.

Le premier a été dénoncé par notre sœur de la Garde de Nuit, Ethelred.

Argor Sire-lézards ou comment les Karganyen s’emparèrent des Cinq Diadèmes de Sothoryos

Par Mychel Gerber, également auteur d’ouvrages moins controversés comme Arryk Gobeur à l’école des mestres et Le Lannister, la garce blanche et l’armoire magique.

Ce court livre constituerait une parodie humoristique de la Conquête par Aegon Ier des Sept Couronnes de Westeros. Le roi y serait présenté comme un benêt ne réussissant à gagner ses guerres que grâce à des concours de circonstances tirant généralement leur source dans des décisions particulièrement stupides de sa part.

Un petit texte quasiment inconnu de la populace est souvent présumé par les mestres être un extrait de l’ouvrage ayant échappé aux flammes. Le voici :

« Face au refus obstiné de Régilac Dur-du-Don de ployer le genou, Argor le Despotique comprit vite qu’il ne lui restait qu’une solution : il accrocha une laisse de cuir au collier à pointes de son fidèle lézard Bol-de-Marrons et partit dénicher des champignons pour se calmer. Argor était un chercheur de cèpes renommé ! À tel point qu’aucun cuisinier n’acceptait plus de cuire ses trouvailles. On avait entendu un jour un rustre baladin prétendre que c’était dû à la mort soudaine de cinquante convives qui avaient eu le plaisir de goûter aux exquis champignons royaux. Balivernes que cela ! Les cuisiniers étaient justes trop époustouflés par la beauté des majestueux fungus rouges à pois blancs pour oser les découper en morceaux et les cuire.

Sous les frondaisons du Bois-du-Monarque, alors qu’il avait déjà rempli deux grandes sacoches, Argor eut alors une de ses plus brillantes idées. Si Régilac ne consentait pas à ployer le genou sous la menace, il le ferait par gratitude et admiration ! Argor fit mander sa sublime nièce-épouse Craenys la Vérolée, ainsi que son cousin au huitième degré, le vaillant Borys Peur-au-Menton. Il leur confia le résultat de sa cueillette miraculeuse et leur ordonna d’en faire présent à Régilac.

Les fidèles d’Argor ne se le firent pas dire deux fois et partirent en trombe. Mais, en chemin, à quelques miles du château de Quiétude, la faim commença à les tenailler. Argor ne désirait sûrement pas leur mort et il comprendrait bien qu’il leur ait fallu se nourrir. Le fameux duo entreprit donc de découper consciencieusement les champignons. Mais force leur fut d’admettre qu’ils devaient garder la majorité des champignons pour Régilac. Ils laissèrent donc les trois quarts des beaux pieds blancs élancés dans les sacs. L’eau à la bouche, ils firent ensuite griller leur repas.

Mais la divine odeur attira les farouches défenseurs de Quiétude. En arrivant devant le feu de camp, ils trouvèrent Craenys et Borys endormis profondément, le souffle faible et la mousse aux lèvres. Ils les ramenèrent à leur roi, sans oublier les deux sacs contenant les cèpes restants. Régilac était un homme fort intelligent, quoique n’atteignant pas la puissance intellectuelle d’Argor. Devant les comateux Craenys et Borys, il comprit vite que tout cela n’était qu’une ruse de son ennemi Argor : le sire de Roclézard tentait de le mystifier ! Les malades feignaient d’être au bord de la mort pour le convaincre de ne plus jamais manger de champignons et le pousser à trépasser, terrassé par la faim. On ne dupait pas Régilac Dur-du-Don comme ça ! Le roi avala les mycètes restés dans les deux sacoches en trois énormes bouchées, sans même les faire cuire, et se moqua de Craenys et Borys, les enjoignant de cesser leur mascarade !

Malheureusement pour le vieux roi, les dieux sont cruels. À peine quelques heures après qu’il eut éventé le piège de son adversaire, Régilac décéda en vomissant tripes et boyaux ! Il devait couver une vilaine maladie à cause de l’air embrumé de sa forteresse de Quiétude. Craenys et Borys étaient vexés néanmoins par le comportement du roi à leur égard. Ils s’entêtèrent à rester immobiles et allèrent même jusqu’à rester dans le coma pendant trois semaines, histoire de lui apprendre la politesse à ce vil malpoli.

Et c’est ainsi que le grand Argor Karganyen, dit le Despotique, s’empara du Diadème de Régilac Dur-du-Don, roi de la Tempête. Et, en remerciement pour son efficacité, Argor fit don de la forteresse de Quiétude à son fidèle Borys, désignant aussi sa dynastie des Peur-au-Menton comme les nouveaux suzerains des terres de la Tempête. »

Le rire est un pêché, comme l’a théorisé Septon George de Burgos. Il est dangereux car la portée comique de tels ouvrages rend ridicule et grotesque ce qui devrait être tenu pour sacré. On ne saurait tolérer des ouvrages s’en prenant à la personne du roi dans notre royaume, sans quoi un jour, d’autres ouvrages fleuriront, tournant en ridicule les Sept. Aussi l’ouvrage a-t-il été censuré.

Le second livre à avoir retenu notre attention a été dénoncé par un certain mestre Arrhen (un Fer-né, qu’on n’a jamais vu sur notre Mur). Si son contenu peut paraître moins corrupteur de prime abord, nous ne pouvons que redouter un contenu aussi complexe et aussi crypté… Et dans le doute, nous préférons naturellement interdire ce que nous ne comprenons pas.

Des poids, mesures et comptes à l’usage des marchands

Des poids, mesures et comptes à l’usage des marchands, a été écris au début du règne d’Aegon III par le négociant lysien Alvilno Orthys, probablement à Port-Réal. Ce livre était un manuel de comptabilité assez obscur écrit en valyrien, ce qui a fortement limité sa diffusion. Il serait d’ailleurs probablement resté inconnu s’il n’avait pas été inclus dans la liste du bienheureux Baelor.
Le mystère demeure quant aux causes de son interdiction par Baelor, car les rares fragments repris dans des ouvrages postérieurs ne semblent rien montrer d’autres que de banales considérations sur les nombres et les monnaies. Certains supposent que l’interdiction serait liée à la personne de son auteur, proche des Rogare, exécuté pour trafic d’esclaves sous Aegon. D’autres ont suggéré que le manuel renfermerait, de manière codée, des formules magiques et des sortilèges destinés à s’enrichir ou à nuire à ses ennemis. Plus récemment, Archimestre Ryam, en se basant sur les reprises postérieures, a suggéré que c’est la nature même des calculs effectués par Alvilno qui a conduit ses livres au bûcher. Selon lui, Alvino réalisait des opérations contre-nature, créant ainsi des nombres n’ayant pas d’existence propre, en dehors de toute réalité concevable. Cependant, ces opérations, si elles existent, n’ont pas été conservées par les auteurs suivants, ce qui rend cette hypothèse invérifiable.

Quoiqu’il en soit, il est désormais impossible de trouver ce livre à Westeros. La rumeur prétend que les derniers exemplaires en circulation se trouveraient derrière les Murs Noirs, à Volantis, mais pourquoi les Volantains auraient-ils conservé un livre lysien ?

Bravo à tous. Les gagnants seront prochainement contactés par mail et recevront l’intégrale Feu et Sang, offerte par les éditions Pygmalion (encore un grand merci à eux).
Beaucoup d’autres participations étaient excellentes et auraient mérité la censure, elles aussi. Les votes ont parfois été serrés pour désigner ces deux gagnants. La Garde de Nuit publie les deux participations gagnantes ici. Nous invitons tous ceux qui le souhaitent à partager leurs inventions ou à en publier de nouvelles dans ce sujet du forum.

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2 Comments

  1. Félicitations aux gagnants! Ma proposition était bien plus courte.

    « Le recueil des soupirs » par Tyanna de la Tour

    Oeuvre de la 3e épouse de Maegor le Cruel, il s’agirait d’un journal que la maîtresse des chuchoteurs aurait tenu afin de répertorier les diverses méthodes utilisées pour arracher des aveux aux suspects (des plus douces ou plus rugueuses)
    Les descriptions détaillées (quand aux philtres et aux instruments utilisés), le parfum de sorcellerie et la prodigalité déployée dans la cruauté, voire la perversion, au long des supplices ont valu sans tergiversation sa condamnation par Baelor.

  2. Merci à La Garde de Nuit pour ce super concours ! Et merci à Pygmalion pour les lots. Je me suis vraiment amusée à rédiger ma proposition. Ça fait plaisir de voir que d’autres l’ont appréciée.

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