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L’épisode 10 : et dans les livres, alors ?

L’épisode 10 : et dans les livres, alors ?

Couronnes et symboles du pouvoir

Les couronnements d’Aegon et de Rhaenyra sont mis en parallèle l’un de l’autre dans les épisodes 9 et 10. Mais, comme le souligne Otto Hightower, Aegon a concentré sur sa personne la quasi-totalité des symboles du pouvoir (cet article de la GdN en parlait en début de saison) : l’épée Feunoyr, le Trône de Fer dans le Donjon Rouge, la couronne et jusqu’au nom d’Aegon le Conquérant. Aussi l’arrivée d’Erryk Cargyll, porteur de la couronne de Viserys (et de Jaehaerys avant lui) est-elle plus que bienvenue pour Rhaenyra qui doit se montrer en tant qu’héritière légitime de son père.
Dans les monarchies de notre monde, les symboles royaux se conservent et se transmettent d’un monarque à l’autre (rendez-vous au couronnement de Charles III, par exemple), et G.R.R Martin reprend cet usage en s’inspirant probablement de la monarchie britannique (la plus médiatisée). Donc pouvoir porter la couronne de son père, c’est affirmer qu’on a hérité de son pouvoir et de son royaume.
D’autres symboles sont aux mains de Rhaenyra : elle détient Peyredragon, la forteresse d’où les Targaryen sont partis à la conquête de Westeros. Les dragons sont eux aussi porteurs de légitimité et pas seulement des armes : en avoir davantage est une sorte de preuve de « targaryanité » supérieure à celle du camp adverse. Et, pour les enfants de Rhaenyra, le fait de pouvoir monter un dragon est considéré comme une preuve de leur légitimité, puisque leur mère et leur père officiel (Laenor Velaryon) chevauchent chacun leur dragon. Quant à la Garde Royale, pour l’instant c’est moitié-moitié (3 pour Rhaenyra, 3 pour Aegon, et Harrold Ouestrelin qui n’a pas donné signe de vie).
Encore faut-il ne pas laisser d’autres symboles du pouvoir aux mains de son rival : la question ne fait de doute pour personne et c’est évidemment Port-Réal et le Donjon Rouge qui sont la cible ultime.

La Garde Royale : les vœux d’Erryk Cargyll sont-ils conformes au canon ?

La série nous a offert un très beau moment, avec le couronnement de Rhaenyra et Erryk Cargyll récitant les vœux de la Garde Royale. Dans les livres, nous n’avons pas encore croisé de personnage récitant ces vœux ; seules quelques informations éparses nous ont été livrées. L’archimestre Gyldayn est celui qui nous en brosse la description la plus complète :

Nombre de rois avaient des champions pour les défendre. Aegon était le suzerain des Sept Couronnes ; par conséquent, il devrait en avoir sept, décida la reine Visenya. C’est ainsi que naquit la Garde Royale ; une fraternité de sept chevaliers, les meilleurs du royaume, en manteau et armure du blanc le plus pur, sans nulle autre tâche que de défendre le roi, sacrifiant leur vie pour lui, au besoin. Visenya calqua leurs voeux sur ceux de la Garde de Nuit ; comme les corbeaux en manteau noir du Mur, les Épées Blanches serviraient à perpétuité, renonçant à tous leurs domaines, titres et biens matériels pour mener une existence de chasteté et d’obéissance, sans autre récompense que l’honneur.

Feu et Sang : Le Dragon avait trois têtes. Le gouvernement sous le roi Aegon Ier.

(Pour mémoire, les vœux de la Garde de Nuit)

À travers certains discours ou certains dialogues tout au long des livres (notamment ceux de Jaime et Barristan), on comprend que les Gardes Royaux jurent de protéger et d’obéir à la famille royale et de garder ses secrets. Éléments qu’on retrouve dans le serment prononcé par Erryk… Et ce n’est pas surprenant, car s’ils ne sont pas apparus pour le moment dans les livres de manière officielle, il semble que les vœux de la Garde Royale utilisés dans cette scène ont bel et bien été rédigés pour l’univers de George R.R. Martin. Ti Mikkel, son assistante d’édition, qui est également consultante pour la série, a participé à leur écriture. Babar des Bois, qui a eu l’occasion de la rencontrer en 2019, nous a confirmé en exclusivité au cours du twitch sur l’épisode 10 que Ti lui avait récité les vœux de la Garde Royale et qu’on les retrouve à l’identique dans la série. On a donc sûrement bien affaire aux mêmes vœux que ceux des livres (et ça fait grave plaisir !)

Je jure de veiller sur le roi de toutes mes forces, de verser mon sang pour le sien. Je ne prendrai pas d’épouse, ne posséderait pas de terres, n’engendrerait pas d’enfant. Je garderai ses secrets, obéirai à ses ordres, chevaucherai à son côté, et défendrai son nom comme son honneur.

House of the Dragon – Episode 10 : La Reine noire.

Erryk Cargyll amenant la couronne du roi Viserys Ier Targaryen à Rhaenyra, à qui il prête serment (© HBO)
Dans les livres, c’est ser Steffon Sombrelyn qui apporte la couronne à Peyredragon

La Garde Royale : qui est avec qui ?

Qui est vraiment le roi ? Symboliquement, il s’agit de celui ou celle qui concentre les symboles du pouvoir, et qui est entouré(e) par le Conseil restreint et la Garde Royale. Le parti d’Aegon II a récupéré l’ensemble du Conseil restreint (sauf Lyman des Essaims) et la majorité de la Garde Royale. Toutefois, il restait deux chevaliers à Peyredragon, et un troisième est venu les rejoindre, ce qui symboliquement, renforce légèrement la légitimité de Rhaenyra. Le canon de la série a légèrement changé ; dans les livres, Erryk Cargyll n’est pas le tourne-casaque, mais la série a voulu s’attarder sur lui, certainement pour augmenter l’intensité tragique autour de l’antagonisme qui l’oppose désormais à son frère jumeau, Arryk.

Seuls cinq des manteaux blancs étaient à Port-Réal au moment de la mort du roi Viserys : ser Criston lui-même, ser Arryk Cargyll, ser Rickard Thorne, ser Steffon Sombrelyn et ser Willis Fell. Ser Erryk Cargyll (le jumeau de ser Arryk) et ser Lorent Marpheux, sur Peyredragon auprès de la princesse Rhaenyra, demeurèrent dans l’ignorance, tenus à l’écart […].

Et ainsi débuta la Danse, quand la princesse convoqua son propre conseil. […] Deux frères jurés de la Garde Royale se tenaient auprès d’eux : ser Erryk Cargyll, jumeau de ser Arryk, et l’Ouestien, ser Lorent Marpheux.
L’arrivée de ser Steffon Sombrelyn, anciennement de la Garde Royale, fut l’occasion d’une grande joie à Peyredragon, particulièrement quand on apprit que lui et ses camarades loyalistes (« les tourne-casaques », comme les baptiserait ser Otto en offrant une récompense pour leur capture) avaient apporté la couronne volée du roi Jaehaerys le Conciliateur.

Feu et Sang : La Mort des Dragons – Les Noirs et les Verts.

On remarquera qu’à aucun moment dans ces passages, il n’est fait mention du simili-Barristan Selmy, aka Harrold Ouestrelin. Rappelons-le, dans les livres, il est déjà décédé depuis quinze ans et a été remplacé par ser Criston. Son avenir dans la série est donc incertain : il pourrait rejoindre Rhaenyra ou ne prendre parti pour aucun des deux camps, il pourrait être mort hors-champ (ce qui serait fort décevant) ou avoir été emprisonné par les Verts (ce qui pourrait donner lieu à des choses plus intéressantes). Nous n’aurons pas la réponse avant la prochaine saison, apparemment.

Quelle paix les Verts proposent-ils à Rhaenyra ?

Dans les livres comme dans la série, les Verts sont en position de force au début de la guerre. Certes, ils ont moins de dragons, mais ils semblent avoir plus de partisans et concentrent les symboles du pouvoir. Aussi, les partisans d’Aegon poussent celui-ci à négocier afin de maintenir la paix. Les conditions proposées dans les livres sont strictement les mêmes que celles proposées dans la série : le pardon pour Rhaenyra et ses partisans, Peyredragon laissé à Rhaenyra, Jacaerys nommé héritier de Peyredragon et Lucerys confirmé comme héritier de Lamarck, les fils de Daemon et Rhaenyra envoyés à la cour pour servir Aegon II.

Il y a cependant des choses qui changent : dans le livre, la délégation n’est pas conduite par Otto, qui risque gros à se mettre sous le nez de Rhaenyra et pourrait servir d’otage. C’est le Grand Mestre Orwyle qui la conduit ; un otage de moindre valeur au cas où, et un homme convaincu par la nécessité de mener des négociations (on vous avait dit que le soutien du Grand Mestre n’était pas anodin ^^). Il est accompagné d’Arryk Cargyll de la Garde Royale, de Gwayne Hightower (fils d’Otto) commandant des manteaux d’or, ainsi que par des septons et des scribes. Après avoir écouté leur proposition, Rhaenyra demande simplement à Orwyle s’il se souvient du roi Viserys et lui demande de rappeler qui il avait désigné comme héritier. Orwyle ne peut qu’admettre que Rhaenyra était son héritière désignée (quand bien même, selon certaines versions, il se serait ensuite justifié en prenant appui sur la tradition andale et la décision du Grand Conseil de 101 pour justifier son soutien à Aegon). La sentence de Rhaenyra est sans appel :

« Un Grand Mestre devrait connaître la loi et la servir, déclara-t-elle à Orwyle. Vous n’êtes point Grand Mestre et vous n’apportez que honte et déshonneur à la chaîne que vous arborez. » Alors qu’Orwyle protestait d’une voix faible, les chevaliers de Rhaenyra retirèrent de son cou la chaîne de sa charge et le forcèrent à s’agenouiller tandis que la princesse accordait la chaîne à son propre partisan, mestre Gerardys, « un serviteur vrai et fidèle du royaume et de ses lois ». Congédiant Orwyle et les autres émissaires, Rhaenyra ajouta : « Dites à mon demi-frère que j’aurai mon trône, ou que j’aurai sa tête. »

Feu et Sang : La Mort des Dragons – Les Noirs et les Verts.

Les personnages d’Orwyle et de Gerardys ont été moins développés dans la série, et on n’a pas vu Rhaenyra dépouiller un Grand Mestre pour en nommer un autre (ce qui va d’ailleurs à l’encontre des traditions). Cependant, on retrouve un écho de cette scène lorsque Rhaenyra arrache la broche de Main du Roi de la poitrine d’Otto Hightower.

La délégation des Verts, menée par Otto Hightower, à Peyredragon (© HBO)

Qui soutient Aegon et Rhaenyra, finalement ?

C’est un peu confus dans la série, non ? ^^ D’autant qu’Otto vient nous perturber en parlant des Stark, des Baratheon, des Tully dans l’épisode… (Maudit menteur !)

Dans les livres, les Noirs comme les Verts comptent leurs alliés, autant ceux qui sont déjà déclarés que ceux qui pourraient les rejoindre. Aegon a le soutien symbolique du Conseil restreint et il tient Port-Réal après s’être débarrassé des quelques alliés de Rhaenyra qui s’y trouvaient. Rhaenyra a le soutien des gens de sa famille, elle tient Peyredragon avec une modeste garnison : trente chevaliers, cent arbalétriers et trois cents hommes d’armes (le compte est repris textuellement dans la série). Auprès d’elle se massent une douzaine de nobliaux, bannerets et vassaux de Peyredragon, parmi lesquels les Celtigar de Pince-Isle, les Staunton de Repos-des-Freux, les Massey de Danse-des-Pierres, les Bar Emmon de Pointe-Vive et les Sombrelyn de Sombreval. Son seul soutien de poids à ce moment-là est celui des Velaryon : lord Corlys est le seigneur le plus riche et le plus puissant du royaume à cette époque, il est à la tête d’une flotte impressionnante et son épouse Rhaenys possède un dragon redoutable.

Le conseil des Noirs autour de la table peinte de Peyredragon (© HBO)

Mais rapidement, il apparaît dans un camp comme dans l’autre que la guerre ne se décidera pas grâce aux dragons, mais plutôt grâce au soutien des nobles et des grandes familles. Et rapidement, des lignes se dessinent : le conseil vert est persuadé d’obtenir le soutien des Hightower de Villevieille, des Lannister de Castral Roc, des Tully de Vivesaigues, des Tyrell de Hautjardin. Ils redoutent en revanche le basculement des Nordiens et des gens du Val. Les Stark de Winterfell, les Dustin de Tertre-bourg, les Manderly de Blancport et les Arryn des Eyrié ont des raisons de soutenir Rhaenyra plutôt qu’Aegon. Les Noirs tiennent pratiquement le même raisonnement, à ce détail près qu’ils envisagent de pouvoir retourner les vassaux des Tully. Au final, il reste deux alliés incertains : les Greyjoy des îles de Fer (qui sont contactés par les deux camps) et les Baratheon d’Accalmie. Pour ces derniers, la princesse Rhaenys, nièce de lord Borros, est confiante :

« Accalmie se tiendra à nos côtés », estima la princesse Rhaenys. Elle était elle-même de ce sang, du côté de sa mère, et le défunt lord Boremund avait toujours été le plus loyal des amis.

Feu et Sang : La Mort des Dragons – Les Noirs et les Verts.

Les Noirs sont persuadés que lord Borros Baratheon accueillera chaleureusement leur émissaire, Lucerys Velaryon monté sur son dragon Arrax… Malheureusement, chez les Verts, on comprend aussi que les Baratheon sont dangereux et on leur dépêche l’émissaire le plus susceptible de les retourner :

On jugea que le plus grand danger viendrait d’Accalmie, car la maison Baratheon avait toujours été un farouche soutien des prétentions de la princesse Rhaenys et de ses enfants. Bien que le vieux lord Boremund soit mort, son fils Borros était encore plus belliqueux que son père et les vassaux des terres de l’Orage suivraient certainement où il les mènerait. « Alors, nous devons veiller à ce qu’il les mène à notre roi », déclara la reine Alicent. Sur ces mots, elle envoya quérir son deuxième fils.
Ce ne fut pas un corbeau qui prit son vol pour Accalmie, ce jour-là, mais Vhagar, le plus ancien et le plus grand des dragons de Westeros. Sur son dos était monté le prince Aemond Targaryen, un saphir à la place de son œil perdu.

Feu et Sang : La Mort des Dragons – Les Noirs et les Verts.

La suite, on la connait.

La mort de Lucerys et le contrôle des dragons

Vhagar n’aura fait qu’une bouchée du jeune Lucerys et de son tout aussi jeune dragon Arrax, en laissant seulement des morceaux d’ailes. La série présente la première mort majeure, celle qui déclenche la Danse des Dragons, comme un tragique accident : une course-poursuite de dragons au milieu de l’orage, puis une attaque spontanée d’Arrax sur Vhagar, ce qui ne plait pas à la vieille et puissante dragonne, qui échappe à son tour au contrôle de son cavalier et croque son adversaire.

Vhagar contre Arrax dans la baie des Naufrageurs (© Sam Hogg)

Si le contexte et les scènes qui ont précédé cette mort sont très fidèles aux livres (jusque dans les dialogues), les circonstances de la fin de Lucerys s’en écartent largement. C’est bien intentionnellement et de façon opportuniste qu’Aemond attaque et tue son neveu :

« Dehors, la tempête faisait rage. Les roulements de tonnerre passaient au-dessus du château, la pluie s’abattait par nappes aveuglantes et, de temps en temps, de grands éclairs de foudre blanc-bleu illuminaient le monde aussi vivement qu’en plein jour. Le temps se prêtait mal au vol, même pour un dragon, et Arrax luttait pour rester dans les airs quand le prince Aemond enfourcha Vhagar et se lança à sa suite. Si le ciel avait été calme, peut-être le prince Lucerys aurait-il pu distancer son poursuivant, car Arrax était plus jeune et plus rapide… mais le jour était « noir comme le cœur du prince Aemond » raconte Champignon, et il arriva donc que les dragons se rencontrèrent au-dessus de la baie des Naufrageurs. Des observateurs sur les remparts du château virent des jets de flammes au loin et ils entendirent un cri trancher sur le tonnerre. Puis les deux bêtes se retrouvèrent aux prises, la foudre crépitant autour d’elles. Survivante endurcie de cent batailles, Vhagar avait cinq fois la taille de son ennemi. S’il y eut combat, il ne dut pas durer très longtemps.
Arrax s’abattit, brisé, pour être englouti par les flots de la baie, fouettés par la tempête. […] Lucerys Velaryon périt avec son dragon, insiste Munkun. C’est sans aucun doute exact. Le prince avait treize ans. On ne retrouva jamais son corps. »

Feu et Sang : La Mort des Dragons – Fils pour fils.

La série est en revanche probablement allée chercher ailleurs des billes pour construire ce dénouement : nous avons quelques (rares) cas, dans les livres, de dragons qui désobéissent à leur cavalier et n’en font qu’à leur tête.
C’est ainsi que, sous le règne de Jaehaerys, la jeune Aerea Targaryen, nièce du roi, s’enfuit du château de sa mère contre laquelle elle est en rébellion ouverte. Elle réussit à se lier à Balerion, puis disparait complètement. L’immense dragon la ramène deux ans plus tard, mourante. :

« Aerea Targaryen était encore bien en deçà de son treizième anniversaire au matin où elle se glissa hors du château de sa mère. Si les dragons ne lui étaient pas étrangers, elle n’en avait encore jamais chevauché aucun… et pour des raisons que nous ne comprendrons peut-être jamais, elle choisit pour monture Balerion, au lieu de n’importe quel autre dragon plus jeune et plus docile qu’elle aurait pu revendiquer. […] C’est une chose de sauter sur un dragon et une tout autre de le plier à votre volonté, en particulier une bête aussi vieille et féroce que la Terreur Noire. Dès le début, nous nous sommes demandés : Où Aerea a-t-elle conduit Balerion ? Nous aurions dû poser la question : Où Balerion a-t-il conduit Aerea ? »

Feu et Sang : Jaehaerys et Alysane – Triomphe et Tragédie.

Ce fut aussi le cas d’Aile-d’Argent, la dragonne – plus jeune – d’Alysanne qui refusa de passer le Mur malgré les demandes insistantes de sa dragonnière (on suppose que la protection magique du Mur était plus forte que l’obéissance du dragon). Et c’est aussi le cas de Daenerys, dans l’intégrale 5 (ADWD), qui, toute novice dans la matière, sans personne pour la guider et sans équipement, est incapable de se faire obéir de Drogon :

« Les seigneurs dragons de l’antique Valyria contrôlaient leurs montures avec des sortilèges de sujétion et des cors sorciers. Daenerys se contentait d’un mot et d’un fouet. […]. Parfois, cependant, l’endroit où elle frappait semblait sans importance : il allait par moments où l’envie le portait et l’entraînait avec lui. Ni le fouet ni les paroles ne pouvaient faire dévier Drogon s’il ne souhaitait pas modifier sa route. Le fouet l’agaçait plus qu’il ne le blessait, avait-elle fini par comprendre ; ses écailles étaient devenues plus dures que de la corne. »

A Danse with Dragons – Daenerys X

Les dragons sont donc difficiles à contrôler. C’est semble-t-il en particulier le cas des plus âgés, ceux qui ont connu plusieurs dragonniers : ils sont plus dangereux, peuvent prendre le dessus et échapper au contrôle de leur maître. On sait d’ailleurs que les Gardiens des Dragons déconseillaient aux jeunes prétendants les vieilles montures malgré leur prestige.
Vhagar est une vieille dragonne de presque 200 ans, Aemond un jeune homme de 18 ans. Aucun indice textuel des livres ne vient suggérer que Vhagar ait fait autre chose qu’obéir à son maitre. Mais la série a fait un autre choix, celui de rendre Vhagar réticente à l’autorité de son dragonnier. C’est un choix âprement commenté par les fans ; qu’on apprécie ou non, cela renvoie aux paroles de Viserys dans l’épisode 1 sur l’hubris des Targaryen :

« The idea that we control the dragons is an illusion.”

House of the Dragon – Episode 1 : Les héritiers du dragon.

Vhagar contre Arrax (© HBO)

Un petit point dragons

– Les Verts aussi ont des dragons.
– Trois adultes d’après moi. Nous, nous avons Syrax, Caraxès, Meleys. Vos fils ont Vermax, Arrax et Tyraxes. Baela a Danselune. […] Il y a aussi ceux que personne ne monte plus : Fumée-des-Mers vit encore sur Lamarck, Vermithor et Aile-d’Argent sont à Montdragon, ils n’ont pas de dragonnier. Et puis il y a trois dragons sauvages dont l’antre est ici. […] Peyredragon en a treize, ils en ont quatre.

House of the Dragon – Episode 10 : La Reine noire

Notre dernier point dragons avait été fait après l’épisode 7 et les choses ont bien évolué depuis.
Daemon compte quatre dragons chez les Verts, dont trois adultes. Vhagar est en effet la dragonne d’Aemond, personne ne l’a oublié, et Songefeu est celui d’Helaena. Feux-du-Soleyl, le dragon d’Aegon, est lui plutôt jeune. Il en manque un pour faire le nombre : il s’agit donc de celui de Daeron, le quatrième enfant d’Alicent et Viserys qui n’est pas encore apparu dans la série et qui a sa propre dragonne, Tessarion.
A noter que dans les livres, à cette époque là, les jumeaux d’Aegon II et Helaena ont eux aussi des dragons, encore très petits, mais Daemon ne semble pas en tenir compte dans cet épisode.

Dans le camp des Noirs, on remarquera qu’en plus de Vermax qu’on avait aperçu dans l’épisode 6, les deux autres fils de Rhaenyra ont désormais eux aussi leur dragon et forment ainsi des duos avec Arrax et Tyraxes. Du côté des enfants de Daemon, si Rhaena n’a toujours pas de dragon, Baela a, elle, Danselune.
Chez les adultes, nous sommes dans la continuité des épisodes précédents, Syrax est le dragon de Rhaenyra, Caraxès celui de Daemon et Meleys celle de Rhaenys. C’est d’ailleurs cette dernière qu’on voit s’envoler depuis Peyredragon en compagnie de Vermax et d’Arrax puisqu’elle avait annoncé quelques instants avant qu’elle allait s’occuper du blocus de Port Réal.
Daemon mentionne également trois dragons qui n’ont plus de dragonnier. Il cite ainsi Fumée-des-Mers, le dragon de Laenor, mais également Vermithor, qui fut le dragon de Jaehaerys Ier avant de retourner à l’état sauvage à la mort de celui-ci, et Aile-d’Argent, la dragonne de la reine Alysanne, restée sans dragonnier depuis la mort de cette dernière.
Pour les trois dragons sauvages qui ne sont pas nommés, il y a, selon les livres, à cette époque, trois dragons vivants à Peyredragon : Voleur-de-Moutons, le Cannibale et Gris Spectre.

Daemon et Vermithor @HBO

Le dragon à qui Daemon va rendre visite en lui chantonnant une berceuse en valyrien est donc Vermithor, l’ancien dragon de Jaehaerys. Au moment du déclenchement de la Danse des Dragons, il est considéré comme un des plus gros dragons encore en vie derrière Vhagar (et possiblement le Cannibale). Nul doute que Daemon, qui a l’air bien décidé de rallier à son camp le plus de dragons possible, compte sur Vermithor pour les rejoindre, bien qu’il soit pour l’instant sans dragonnier.

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Compte collectif de La Garde de Nuit.

5 Comments

  1. Ils ont mentionné les tyrell dans l’épisode ? Je pensais que non et justement j’étais déçu car toutes les grandes familles ont été mentionnés dans la série sauf eux alors que les hightower sont leur vassaux.

    • Bonne remarque, il me semble aussi qu’ils ne sont pas mentionnés dans l’épisode.
      Les Tyrell dans les livres sont dirigés par un enfant à peine né, dont la mère assure la régence. A l’origine, comme dit plus haut, les Verts comme les Noirs pensent que la régente placera les Tyrell et l’ensemble du Bief du côté d’Aegon, car les Hightower sont des vassaux particulièrement puissants et influents dans le Bief. Mais ce n’est pas encore fait à ce stade. 😉

  2. Bonjour,
    Merci pour l’analyse dans son ensemble et la partie consacrée aux dragons en particulier. Le rappel de la phrase de Viserys dans le premier épisode est très intéressant et donne envie de voir si les showrunners continueront de creuser cette voie dans les prochaines saisons. Il me semble avoir vu mention de « crossovers » entre votre équipe et une communauté HP. Aviez-vous abordé le parallèle entre dragons et baguettes de sorciers ?

    • Jusqu’à maintenant, nos crossover avec la Gazette du Sorcier (communauté Harry Potter) ont surtout été tourné vers des productions divertissantes (répartir les perso du TdF dans les maisons de Poudelard, et réciproquement). Nous n’avons pas encore abordé d’analyse croisé sur les deux œuvres.

      C’est une idée de discussion très intéressante. Personnellement et spontanément, je trouve que baguettes et dragons dans les deux saga n’ont pas les mêmes caractéristiques et pas les mêmes enjeux. En points communs, on peut citer que les deux donnent du pouvoir aux perso qui les possèdent et qu’il y a un lien particulier entre sorcier-baguette, dragon-dragonnier … Mais je perçois surtout les différences : le lien dragon-dragonnier est unique (un dragon ne semble pouvoir être monté que par un seul dragonnier à la fois, et aucun dragonnier connu n’a monté plus d’un dragon), là où les baguettes sont quand même assez versatiles. La baguette choisit son sorcier, alors que le choix entre dragon et dragonnier est plus obscur (la première intuition n’est pas toujours la bonne). Les dragons sont rattachés à des thématiques de libertés et d’oppression, de fascination et de terreur. Ils sont aussi rattachés à une sorte d’étape initiatique, comme une entrée dans la sexualité, pour les Targaryen qui les monte, que je ne retrouve pas vraiment dans les baguettes.

  3. Merci pour ta réponse. Je vois davantage de points communs entre baguettes et dragons : On peut les utiliser comme une arme même si ce n’est pas forcément leur vocation première. Le lien entre sorcier et baguette n’est pas exclusif, de même qu’un dragon redevient « disponible » à la mort de son dragonnier. Toutefois si un sorcier hérite d’une baguette qui ne l’a pas choisi ou dont il n’est pas le légitime propriétaire, son potentiel peut s’en trouver altéré, cf Ron avec la baguette de son frère dans les premiers livres HP. Les exemples dans l’article montrent que les dragons conservent eux aussi une forme de libre arbitre quant à la façon dont un dragonnier peut les diriger. La baguette et le dragon sont un symbole magique et distinctif fort pour celui qui peut les contrôler (sorcier vs moldu, targaryen vs le reste). Enfin dans HP 6 et 7 la baguette est associée à la quête du pouvoir de V. (et on apprend ainsi que toutes les baguettes ne se valent pas) et il semble en être de même dans HoD, même si je n’ai pas lu Feu et Sang j’imagine que les dragons -et notamment leurs plus puissants représentants- resteront un enjeu essentiel du rapport de force entre noirs et verts

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