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Recommandations littéraires

Recommandations de janvier : des bulles et des cases

Recommandations de janvier : des bulles et des cases

Après les bulles de champagne pour fêter la nouvelle année, place aux bulles de BD pour célébrer le salon d’Angoulême. Ce mois-ci, l’équipe de rédacteurs de la Garde de Nuit vous présente quelques recommandations dans ce domaine fort illustré.

Le Combat ordinaire de Manu Larcenet

Le Combat ordinaire - Tome 1

Couverture du tome 1 de la saga Le Combat ordinaire, de Manu Larcenet, éditions Dargaud

Le Combat ordinaire est une bande dessinée en quatre tomes publiée entre 2003 et 2008, écrite et dessinée par Manu Larcenet et mise en couleurs par Patrice Larcenet. Le premier tome commence avec Marco, photographe trentenaire subissant des crises d’angoisse, qui décide de quitter Paris et de mettre son métier en pause (il en a assez de rapporter des photos de cadavres exotiques du bout du monde) pour s’installer dans une maison isolée à la campagne. « C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible » nous dit la quatrième de couverture du premier tome. La trame s’étend sur quatre tomes et s’étire entre deux élections présidentielles (2002 et 2007) où l’on suit Marco dans ses combats, ses victoires, ses renoncements, ou tout simplement ses rencontres et ses changements.

Ma culture en BD contemporaine est faible mais ma route a croisé le tome 1, je ne sais plus comment. D’emblée, j’ai été conquis par le premier tome car j’aime beaucoup les histoires ordinaires d’humains imparfaits (vous avez vu Six Feet Under ?). Si je suis honnête, c’est le dessin qui me plait le moins dans la BD. En revanche, je suis complètement séduit par les dialogues et le rythme : parfois une case sans dialogue fait prendre conscience du « blanc » dans la conversation entre plusieurs personnages. Les ellipses sont également totalement maîtrisées (on tourne une page et on se retrouve six mois plus tard) pour évacuer certains passages qui ralentiraient le rythme ou qui se focaliseraient sur d’autres éléments). J’ai aussi une tendresse pour les pages en noir et blanc où on entre dans la tête de Marco, ainsi que pour ces phases colorées effrayantes où Marco traverse une crise d’angoisse. On tremble pour Marco, des fois on compatit, des fois il nous énerve car il est trop de mauvaise foi. La vie, quoi.

J’imagine que le ressenti par rapport à cette bande dessinée dépend du parcours de chacun : vieillissement de soi-même ou de ses parents, situation professionnelle, affective, médicale. Si le destin banal de personnages vous intéresse, allez jeter un coup d’œil aux « aventures » de Marco, sa famille, son voisin, son métier (le film de Laurent Tuel sorti en 2014 avec Nicolas Duvauchelle est correct mais un peu fade). De Paris à Saint-Nazaire en passant par la campagne profonde, il est fort probable que certaines cases vous touchent et que des phrases fassent mouche.

R.Graymarch

Star Wars: Darth Vader de Charles Soule, Marvel Comics

Couverture de Star Wars: Darth Vader , Marvel comics

Couverture de Star Wars: Darth Vader de Charles Soule, Marvel comics

Star Wars: Darth Vader est le second « run » de comics, dans le nouveau Canon Star wars, concernant le personnage légendaire qu’est Dark Vador (en VF :p). Le récit se déroule entre l’épisode III et l’épisode IV de la saga Star Wars et développe d’une manière absolument incroyable l’univers de la saga mais aussi la psychologie du personnage d’Anakin/Vader. Intrigue à plusieurs niveaux, personnages à multi-facettes, et surtout introduction dans les premiers temps de l’Empire, le comics est vraiment fascinant.

Il démarre juste à la fin de l’épisode III, lorsque qu’Anakin reçoit sa célèbre armure et que Palpatine l’envoie affronter un Jedi survivant de l’ordre 66… Le dessin est vraiment excellent, (certaines planches sont magnifiques) tout comme l’intrigue et les dialogues. On perçoit la descente progressive de l’ancien Jedi vers la machine presque sans âmes qu’il devient dans Rogue One et l’épisode IV.

J’ai personnellement adoré chaque sortie (25 « chapitres ») de ce comics. J’attendais avec impatience la suite pour voir où allait nous mener le scénariste. Le fait que la série se termine sur une séquence presque intimiste et métaphysique est totalement pertinente pour le personnage de Vador. On en apprend plus sur l’Empire (entre les généraux arrivistes, les collaborateurs zélé, etc.), sur les relations (parfois tendu, et c’est un euphémisme) entre Palpatine et Vador et surtout sur la Force et la nature de celle-ci. Le côté Obscur est-il si mauvais ? Le côtés Lumineux, si bon ? C’est parfois fort troublant à lire ^^.

Si vous êtes fan de Star Wars, ne passez pas à côté de cette excellente série! Ni celle concernant le Docteur Aphra (Indiana Jones x Star Wars <3). La folie qui ne semble plus présente dans les films se retrouve semble-t-il dans ces récits…

Geoffray

Blame! de Tsutomu Nihei

Blame, Volume 3, exemple de paysage.

Blame, Volume 3, exemple de paysage.

Je poursuis mes recommandations en vous proposant cette fois-ci, surprise (spoiler non) un titre cyberpunk. C’est un manga assez confidentiel, assez perché, assez peu compréhensible mais toutefois magnifique et unique en son genre. Manga en 10 volumes, Blame! est l’oeuvre d’un architecte. On suit un cyborg Killy, qui erre dans une mégastructure infinie qui fut autrefois la Terre et qui s’étend dans l’espace sur des milliers et milliers de niveaux. On ne sait à peu près rien de Killy, et lui-même non plus, sinon qu’il doit retrouver un « terminal génétique » qui mettrait fin à la guerre technologique qui a lieu au sein de la mégastructure, opposant d’étranges et effrayants cyborgs (les « sauvegardes ») aux derniers restes de l’humanité (quelques humains survivent encore difficilement dans cet espace désolé).

Blame! est un manga complexe dont la narration est difficile à suivre tant les dialogues sont peu nombreux et l’action omniprésente. Cela étant dit, si vous aimez les ambiances froides, crépusculaires, post-apocalyptiques, ce livre est pour vous. Les personnages sont charismatiques, bien que très seuls, les espaces sont magnifiquement représentés et l’ambiance est proprement originale.

La lecture de ce manga est assez unique. La narration nous laisse le champ libre à notre propre interprétation des faits et à notre propre imagination. La lecture de Blame! est une véritable expérience. Chacune de mes lectures me laisse entrevoir une autre possibilité, un autre détail, ce qui rend fascinant ce manga et ce pourquoi je le conseille à tous, d’autant qu’il n’est pas très long !

O’Cahan

Le Roy des Ribauds de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat

Couverture du premier tome du Roy des Ribauds.

Après une longue hésitation avec le cycle des Ogres-Dieux de Hubert et Gatignol, et sa poésie sinistre, c’est finalement la bande de truands au grand cœur qui colle aux basques du Triste Sire qui l’emporte. Cette bande-dessinée se situe à la frontière des genres, quelque part entre Les Rois Maudits de Maurice Druon (dont le scénariste se réclame en postface du premier tome), et des intrigues de rue musclées que ne renierait pas un certain Guy Richie des premiers temps.

Notre histoire démarre en 1194, sous Philippe Auguste, à la suite du Triste Sire, le fameux Roy des Ribauds, qui entraîne ses gentils malfrats dans une enquête pour déjouer une tentative d’assassinat contre le roi de France. Les pistes se multiplient, les combats se font de plus en plus violents, et avant même d’avoir vu défiler les pages, on referme ce premier tome au récit indépendant. Les deux suivants constituent un diptyque complet qui s’oriente vers une autre intrigue chère au Paris médiéval depuis le passage de Victor Hugo : la Cour des Miracles et ses problèmes de succession.

Le graphisme est percutant, limpide. La couleur nous embarque dans des ambiances toujours très travaillées. Certaines planches entières se passent de mots, et lorsque ceux-ci sortent, ils sont toujours habilement choisis. Bref, sur le plan du fond, comme de la forme, on en ressort enchanté. Les intrigues ne nous prennent jamais pour des idiots, le tout sublimé par un dessin hors des sentiers battus. Pour ceux qui se demandent comment ça se passe du côté des planches, vous en trouverez quelques unes sur la bédéthèque. Et si vous souhaitez poursuivre l’aventure aux côtés du  duo de scénariste et dessinateur a récemment adapté avec brio Le Colosse Noir d’Howard pour la série d’albums Conan paru chez Glénat.

Crys

Conclusion

Nous espérons que ces suggestions variées vous ont donné envie de lire ou relire certains ouvrages. Vous pouvez y réagir, ou ajouter vos propres idées dans les commentaires. Pour retrouver les conseils des mois précédents, n’hésitez pas à consulter l’annuaire de toutes les recommandations publiées sur le blog de la Garde de Nuit.

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Compte collectif de La Garde de Nuit.

5 Comments

  1. Sélection bien diversifiée, bravo. ^^

    Gray, as-tu lu Blast, de Larcenet? C’est très bon (et très très sombre).

  2. @dndm je ne connaissais pas mais maintenant oui. Je le note dans un coin de ma tête 😉

  3. « 2.Star Wars: Darth Vader de Charles Soule, Marvel Comics »
    Ah, ça, c’est Geoff ! 😀
    « (vous avez vu Six Feet Under ?) »
    Ah, ça, c’est Gray ! ^_^

  4. Etant fan de SW et inscrit sur un site dédié, j’ai plus que tiqué en voyant le poste de Geoffray…

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