ACOK 27 – Arya VI

  • Ce sujet contient 11 réponses, 8 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par R.Graymarch, le il y a 2 années et 9 mois.
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    Liloo75
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    ACOK 27 – Arya VI
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 26, Tyrion VI ACOK 28, Daenerys II

    La naissance de la litanie d’Arya

     

    Lors du dernier chapitre qui lui était consacré, nous avions laissé Arya en fâcheuse posture. Capturée par les hommes de Gregor Clegane, avec Tourte et Gendry, dépouillée de son épée pour avoir voulu lutter contre ses ravisseurs, elle doit assister impuissante à la mort de Lommy Mains-vertes.

    1/ Souvenirs funestes de la grange

    Arya outragée…

     

    Arya utilise les préceptes de Syrio Forel pour tenter de se calmer. Mais cela ne fonctionne pas.

    « La peur est plus tranchante qu’aucune épée », lui avait enseigné son maître à danser. Mais là, rien à faire, la peur est belle et bien présente, et il lui est impossible de la déloger.

    Arya est sur la route, en marche, au pain sec et à l’eau. Elle a donc quitté le fameux hangar devant lequel elle avait été assommée et capturée. Mais le souvenir de ces huit jours passés avec les sbires de Gregor s’est inscrit en elle.

    Arya et ses amis ne sont pas les seuls à se retrouver prisonniers. Femmes, hommes, enfants, toutes sortes de gens ont été capturés. Des villageois pour la plupart. Leur statut de civils ne les protège en rien des violences et des interrogatoires quotidiens. Ici, aucune loi de la guerre ne vient s’appliquer.

    Selon un rituel bien établi, un des captifs est soumis à la torture chaque jour. Le choix du malheureux se fait de façon totalement arbitraire. Il n’existe aucun moyen d’y échapper. Certains ont tenté de se montrer serviables et de vanter leur soutien aux Lannister, comme le vieux surnommé « Tout-Joffrey ». Certaines femmes ont vendu leurs corps, d’autres ont voulu coopérer. Tout cela en vain. Tous ont fini par passer à la question.

    Tous ces exemples de pauvres hères qui ont essayé de se montrer aimables afin d’éviter un sort funeste, et tous leurs efforts non récompensés, nous montrent la Montagne et ses chiens de garde comme des êtres d’autant plus vils qu’ils sont incapables de compassion ou de pitié. Vieillards ou enfants, tous finissent par passer par les mains de Titilleur.

    Car c’est lui le maître de cérémonie. Gregor choisit un prisonnier et assiste à la torture, mais ce n’est pas lui qui officie. Il a laissé cela à un expert en matière de souffrances : Titilleur. C’est ainsi que le décrit Chiswyck.

    Toutes ses victimes finissent par hurler de douleur. Et elles périssent invariablement avant la fin du jour.

    Au passage nous apprenons que Chiswyck est celui qui a assommé Arya devant le hangar, avec un gant de maille. Pas très fair-play pour un homme face à une fillette. Mais ce n’est pas son seul défaut, comme nous le verrons dans un autre chapitre.

    Titilleur pose toujours les mêmes questions, qui s’articulent autour de deux axes :

    • Est-ce que quelqu’un a vu Béric Dondarrion, et quelles sont ses forces ?
    • Y a-t-il des valeurs ou de l’or caché quelque part ?

    La première série de questions montre que Lord Béric est devenu l’homme à abattre. Savoir où il se cache semble être une obsession pour Gregor. Ce qui n’est pas étonnant, car Béric Dondarrion avait été envoyé dans le Conflans par Ned Stark, alors Main du Roi, pour retrouver Gregor Clegane et le punir pour ses crimes. Béric et les hommes qui l’accompagnent sont tombés dans une embuscade. Il a été sévèrement blessé, mais il ne semble pas vouloir mourir. Par la suite, avec les hommes qui lui restent, il décide de harceler les troupes des Lannister.

    Ser Gregor a toutes les raisons de rechercher Lord Béric.

    Mais revenons aux interrogatoires. Les questions posées par Titilleur sont invariablement les mêmes. Elles ont une telle récurrence qu’au bout de trois jours Arya les connait par cœur. Elle suggère, avec une pointe d’humour noir, qu’elle pourrait sonder les prisonniers elle-même.

    Le résultat de ces passages à la question est désastreux. Les pauvres bougres qui ont été torturés ont répondu tout et n’importe quoi en espérant mettre un terme à leur supplice. Ser Gregor n’est pas plus avancé quant à la position ou aux forces dont dispose lord Béric.

    Pourtant, certains villageois ont réellement croisé Béric Dondarrion. Une femme assure lui avoir vendu des poulets. Une autre se plaint qu’il l’a payée avec « un morceau de papier ». C’est probablement une reconnaissance de dette, mais les paysans n’en connaissent pas la valeur.

    Visiblement, Gregor n’a pas interrogé les bonnes personnes.

    Une remarque intéressante de la paysanne, elle met dans le même sac les Tully, les Stark et les Lannister. Les guerres des grands de ce monde ne les intéressent pas. Peu importe qui les gouverne, pourvu qu’ils puissent vivre en paix.

     

    2/ La marche vers Harrenhal

    Arya brisée…

     

    Au moment de quitter le hangar, pour rejoindre Harrenhal, Arya est désespérée. Elle a le sentiment que cette épreuve l’a dépouillée de tout ce qu’elle avait réussi à conserver depuis sa fuite du Donjon Rouge. Elle se reproche la perte de son épée, la fameuse Aiguille, si précieuse à ses yeux, de son statut de danseur d’eau hérité de Syrio Forel, de sa dignité d’être humain, et même de son subterfuge qui voulait qu’elle soit un garçon. Ce dernier point ne semble pas la chagriner outre mesure, seul Tourte n’avait pas percuté qu’elle est une fille. Elle s’en veut aussi pour la mort de Lommy Mains-vertes. De loup, elle est devenue mouton.

    Elle se déteste pour tout cela. Ce qui est une réaction normale quand on se sent désemparé, dépassé par les événements et contraint d’agir en dépit de nos valeurs.

    Pourtant Arya ne restera pas un mouton ad vitam aeternam. Elle récupèrera Aiguille, et un homme se chargera de tuer Polliver (qui ne s’est pas contenté de voler une épée, tout au long de sa carrière d’homme de main). Chiswyck, qui l’avait assommée devant le hangar (lui non plus n’en est pas à son premier forfait) sera victime de sa malédiction. Quant à Titilleur, l’expert en torture, il apprendra ce qu’il en coûte d’être soumis à un flot de questions, les mêmes que celles qu’il avait l’habitude de débiter devant ses victimes innocentes, avant de mourir. Mais chut, n’en disons pas plus…

    Si Arya connaissait l’avenir, elle se percevrait un peu moins comme un mouton. Mais le chemin sera encore long jusqu’à ce qu’elle puisse se sentir pousser des dents de loup géant. Elle va passer par plusieurs étapes, autant de métamorphoses (mouton, belette, souris, fantôme, etc.), avant de retrouver confiance en elle.

    Pour l’instant, Arya a appris à faire profil bas. Toute tentative de rébellion est vouée à l’échec. Une baffe au mieux, un crâne fracassé au pire, en sont les piètres résultats.

    Le petit enfant qui n’arrêtait pas de geindre a été tué avec une masse d’arme, la tête écrabouillée. Et sa mère a été éliminée par Raff Tout-miel, pour faire bonne mesure. Raff est allé à bonne école avec Gregor Clegane. Ce dernier a l’habitude d’écraser les crânes des enfants. Il s’est entrainé avec très tôt avec Aegon Targaryen, le fils de Rhaegar.

    Nous apprenons que Gendry a été embauché comme forgeron, son savoir-faire l’a sauvé, pour l’instant. Les autres sont amenés à Harrenhal pour servir les Lannister d’une façon ou d’une autre.

    Les troupes de ser Gregor transportent des animaux d’élevage et du poisson salé. Ces victuailles sont destinées à la garnison des Lannister, qui occupe Harrenhal. Elles ne doivent surement pas servir à alimenter les captifs. Ceux-ci vont à pied, vers la forteresse maudite. Et ils ne sont guère mieux lotis que dans le hangar. S’ils tombent d’épuisement, ils sont éliminés. S’ils blessent un chien de La Montagne, il en va de même. Cette pauvre femme qui avait donné son corps en espérant s’en sortir en fera les frais. Pour avoir blessé un de ses bourreaux, elle finira par passer au fil de l’épée de Gregor :

    Ser Gregor contraignit chacun d’admirer avec quelle aisance il maniait son colossal estramaçon pour trancher un col délicat puis, tout en remettant l’arme à son écuyer pour qu’il la nettoie, ricana : « un peu de viande pour les loups ».

    Le contraste entre le « colossal estramaçon » et le « col délicat » donne la mesure de l’iniquité du geste.

    Les dépouilles des victimes sont données en pâture aux loups. Une façon comme une autre de les déshumaniser et de se débarrasser facilement des corps.

    Un tel spectacle ne peut que donner envie de haïr Gregor Clegane.

    Dans son malheur, Arya a la chance de ne plus avoir Aiguille. Sans quoi elle aurait tenté un acte d’héroïsme qui lui aurait couté la vie. Elle ne peut s’empêcher néanmoins de lorgner vers Polliver qui se balade avec son épée sur la hanche.

    Arya a un sens aigu de l’observation. Comme son frère cousin Jon Snow. Elle a déjà noté que dans la clique à Gregor, certains sont plus fréquentables que d’autres. Merde-en-bec par exemple, débite des jurons mais sait se montrer généreux.

    D’autres comme Raff Tout-miel, en revanche, n’ont qu’un vernis de politesse.

     

    Arya a vu trop d’horreurs, elle a été le témoin de trop d’injustices. C’est la haine qui la fait tenir pour le moment. C’est un moteur comme un autre.

    Ainsi, l’œil et l’oreille aux aguets, polissait-elle aussi patiemment ses haines qu’auparavant Gendry son heaume de taureau.

    Elle reproche à Gregor Clegane toutes ses exactions. Elle déteste Dunsen car il a volé le heaume de Gendry. Polliver parce qu’il se pavane avec Aiguille (sacrilège !). Et Chiswyck qui s’amuse de cette situation. Elle en veut à Raff Tout-miel pour le meurtre de Lommy, à ser Amory pour celui de Yoren.

    Des souvenirs plus anciens l’assaillent. Et c’est ser Meryn Trant qui entre dans la danse pour l’assassinat de Syrio (que peut faire une épée de bois, contre une lame en acier et une armure de combat ?).

    Puis vient le tour du Limier (Sandor Clegane, le frère de l’autre), pour le meurtre de Mycah. Et enfin, ser Ilyn, Cersei et Joffrey pour l’assassinat de son père et des hommes de la maison Stark, et même pour la mort de Lady, la louve de Sansa.

    Arya en viendrait presque à oublier Titilleur, qui une fois ses interrogatoires terminés, redevient d’une banalité surprenante. Comme s’il y avait deux hommes en lui.

    Et c’est ainsi que nous assistons à la naissance de la litanie d’Arya.

    Elle va désormais se réciter chaque soir, la liste de tous ceux qui lui ont fait du mal, ou qui s’en sont pris de façon brutale et injuste à ceux qu’elle aimait.

    Cette litanie devient sa prière. Elle se récite tous les noms des hommes qu’elle abhorre. Et cette liste va s’allonger au fil du temps.

    Faute de bois sacré ou de septuaire pour prier, Arya donne les noms des hommes à abattre. A qui les donne-t-elle ? A elle-même, comme autant de missions à venir ? Ou bien aux dieux ? Quelque part, Arya se prépare à intégrer la Demeure du Noir et du Blanc. Et à servir le dieu Multiface. Elle donne des noms, et demande leur mort. Sauf que dans la religion du Multiface, il faut payer pour obtenir une mort. Mais bientôt, à sa grande surprise, le Multiface va exhaucer une partie de ses prières.

     

    3/ L’arrivée dans le château maudit

    Arya martyrisée…

     

    Arya et ses compagnons de galère arrivent en vue du château d’Harrenhal. La fameuse citadelle maudite d’Harren le Noir.

    Harren Chenu, roi des Iles de Fer et du Conflans avait fait édifier cette forteresse bien avant la Conquête. Quarante années auront été nécessaires pour faire sortir de terre ce château, nommé Harrenhal, afin de glorifier son propriétaire.

    Harren voulait son édifice quel qu’en soit le prix. Il n’a pas hésité à piller tous les territoires qui étaient sous son autorité, et à épuiser les d’hommes qui ont travaillé sur le chantier. Il réprimanda sévèrement tous ceux qui entravèrent « sa » construction, d’où la légende qui dit que le sang des hommes a servi à sceller les pierres.

    La forteresse cèdera peu de temps après son achèvement, sous le feu du dragon d’Aegon le Conquérant. Mettant fin à la grandeur et à la lignée des Chenu.

    Pour l’instant ce sont les feux allumés par les Lannister qui ont dévasté les villages situés le long du chemin, et même aux abords de la forteresse. Il fallait bien faire de la place pour installer leurs garnisons. Leurs étendards flottent au-dessus du château. Un château aux dimensions monumentales, à côté duquel Winterfell paraît bien modeste aux yeux d’Arya.

    Cinq tours dominent l’édifice. Toutes sont plus ou moins effondrées, brûlées, fondues par le feu-dragon. Ces tours ressemblent aux doigts d’un vieillard dressés vers le ciel. Des doigts prêts à se refermer sur ses occupants ? Les doigts du fantôme d’Harren Chenu lui-même continuant à hanter les lieux pour se venger de ceux qui ont exterminé sa famille et incendié son ouvrage ?

    Tourte, qui doit connaître la sinistre réputation d’Harrenhal, ne veut pas y entrer. Mais ici les prisonniers n’ont pas vraiment le choix, il faut avancer ou périr.

    La première étape est un récurage en règle des nouveaux arrivants :

    Une fois massés dans la salle de bain dans la salle de bain dont les murs de pierre et de bois décuplaient le moindre bruit, les prisonniers reçurent l’ordre de se mettre à poil et de se décrasser jusqu’à l’os dans des baquets d’eau bouillante.

    Encore une humiliation de plus pour les malheureux, obligés de se dévêtir devant des étrangers. On leur a tout pris, même leur intimité, leur dignité d’êtres humains.

    Ce sentiment est renforcé par l’attitude des réceptionnaires, qui sont tout sauf aimables :

    Deux farouches mégères veillaient à l’exécution, commentant aussi crûment chaque anatomie que s’ils s’étaient agi d’ânes à l’encan.

    Nos captifs sont devenus des animaux ou des esclaves, au choix. Eux aussi s’achètent aux enchères. Sauf qu’ici Gregor n’a rien déboursé pour obtenir des serviteurs.

    Pour Arya ce doit être son premier bain depuis longtemps. Elle n’avait pas voulu prendre le risque de se déshabiller, afin de ne pas dévoiler sa féminité. Mais la comédie est terminée. Enfin, pas tout à fait. Une des femmes qui gère les cuisines la prend pour une fille de ferme, à cause des cals sur ses mains. Elle est loin de s’imaginer qu’une fille comme Arya possède une épée et a appris à s’en servir.

    Lorsque la matrone lui demande son nom, Arya hésite, puis lui lâche « Belette » en souvenir de la gamine qui a partagé sa route un temps. Belette lui convient bien. C’est un petit animal agile, au corps fin, qui peut se glisser partout. Et qui est capable de tuer des proies plus grosses qu’elle.

    Pour l’instant Amabel a surtout vu chez Arya ses cheveux emmêlés, et ses poux. Elle parle de la tondre avant de l’envoyer aux cuisines. Lommy ne sera plus là pour se moquer de sa tête.

    Mais Arya n’a pas encore retenu toutes les leçons apprises en chemin. Elle demande à travailler aux écuries. Grosse erreur. Chez les Lannister on ne réclame rien, on obéit, un point c’est tout. Arya se prend une gifle et se retrouve à nouveau avec une lèvre fendue.

    Comble de malchance, en guise de punition, elle est placée chez Weese, l’intendant de la tour Plaintive. Et ce n’est pas un cadeau ce Weese. Outre un physique repoussoir, il annonce la couleur d’emblée à ceux qui lui sont affectés. Ils sont là pour travailler dur et se souvenir de leur rang. Le rang en question étant celui situé tout en bas de l’échelle sociale, plus bas que l’échelle si c’était possible. Au même rang que le bétail.

    Weese leur parle de « Sa Seigneurie » (sans prononcer le nom de Lord Tywin) et de sa bonté, comme s’il s’agissait d’un bienfaiteur. Le pire, dans l’histoire, c’est qu’il doit y croire.

    Les règles à respecter sont simples. Il faut obéir à Weese, et devenir transparent pour la noblesse qu’ils vont servir. N’est-ce pas le propre d’un serviteur que d’être invisible pour ses maîtres ?

    Weese prétend qu’il a du nez pour sentir des sentiments comme insolence, l’orgueil et l’indocilité. Nous comprenons tout de suite que si Weese dispose des capacités qu’il avance, Arya est mal barrée. Elle a intérêt à se faire toute petite, aussi petite qu’une belette. Car ici commence le règne de la terreur, c’est ainsi que Weese gère ses hommes.

    On pressent qu’Arya va souffrir avec lui. Nous l’imaginons mal obéissante, modeste et docile. Néanmoins, Arya va bientôt se trouver un allié de poids. La peur changera peu à peu de camp.

     

    …Et un jour elle sera libérée.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 11 mois par Liloo75.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 11 mois par R.Graymarch. Raison: hères, exhaucer

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #155892
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9924

    C’est le chapitre le plus sombre qu’on ait pu lire jusqu’à présent. L’auteur ne s’était pas vraiment appesanti sur les effets de la guerre pour les combattants (il le fera plus tard) mais là on voit les conséquences sur les civils. C’est complètement désespérant et cela milite fortement contre la guerre et ses crimes.

    Le chapitre commence par un mantra qui ne fonctionne plus

    Fear cuts deeper than swords, Arya would tell herself, but that did not make the fear go away. It was as much a part of her days as stale bread and the blisters on her toes after a long day of walking the hard, rutted road

    Si le chapitre est très « graphique », il fait tout de même une ellipse sur ces huits jours de marche. On sait qu’Arya et ses compagnons sont allés de Charybde en Scylla mais hors champ. On nous dit ce qu’il s’est passé mais sans avoir tous les détails ce qui pourrait être complaisant (complaisant comme dans les scènes de GoT où Theon n’est là, à chaque épisode, que pour se faire torturer)

    She had thought she had known what it meant to be afraid, but she learned better in that storehouse beside the Gods Eye. Eight days she had lingered there before the Mountain gave the command to march, and every day she had seen someone die.

    Il n’y a aucun espoir : si on est choisi, on meurt, invariablement. Et le choix des personnes est arbitraire. Cela mine complètement le moral.

    Les questions posées sont très intéressantes car elles nous révèlent qu’il y a bien un objectif militaire (trouver Béric) mais aussi, au milieu une volonté de vol, bien au-delà de la guerre (ça doit être « joindre l’utile à l’agréable »…)

    The questions were always the same. Was there gold hidden in the village? Silver, gems? Was there more food? Where was Lord Beric Dondarrion? Which of the village folk had aided him? When he rode off, where did he go? How many men were with them? How many knights, how many bowmen, how many men-at-arms? How were they armed? How many were horsed? How many were wounded? What other enemy had they seen? How many? When? What banners did they fly? Where did they go? Was there gold hidden in the village? Silver, gems? Where was Lord Beric Dondarrion? How many men were with him? By the third day, Arya could have asked the questions herself.

    « Accessoirement », le fait qu’ils questionnent au compte-gouttes montre qu’ils veulent quand même en garder un certain nombre en vie (pour Harrenhal). La collecte d’informations n’est pas l’unique objectif

    Là où le bat blesse, c’est que la torture n’apporte aucune information utile. C’est un point très important souligné par l’auteur, et c’est ce que souvent les promoteurs de la torture (dans les cas extrêmes, bien sûr *cough*) oublient.

    J’ai noté aussi ce passage où Arya se sent rabaissée au statut de mouton, et où on voit que tout le monde subit de la même façon. Gendry s’en tire, malgré son âge « dangereux » car sa formation le rend utile.

    By the time they marched, Arya knew she was no water dancer. (…) The direwolf was the sigil of the Starks, but Arya felt more a lamb, surrounded by a herd of other sheep. She hated the villagers for their sheepishness, almost as much as she hated herself.
    /
    Girl sheep or boy sheep, Ser Gregor and his men did not seem to care.
    There were no brave people on that march, only scared and hungry ones. Most were women and children. The few men were very old or very young; the rest had been chained to that gibbet and left for the wolves and the crows. Gendry was only spared because he’d admitted to forging the horned helm himself; smiths, even apprentice smiths, were too valuable to kill.
    On voit aussi que la réalité de la guerre, c’est que chaque camp se « sert » en arrivant dans un village (j’ai eu ça aussi dans ma famille, une personne ayant été recrutée par un camp car le premier camp qui est passé dans le village a récupéré tous les hommes valides comme soldats). On voit tout de même que Béric tente de ne pas être un voleur et offre une rémunération en monnaie fiduciaire. « fiduciaire » venant de « fis, fides », la foi, il faut avoir confiance dans la valeur d’échange du papier. On n’en est pas vraiment là. Il faut dire que Béric n’a pas à sa disposition une puissance financière sur laquelle il peut s’adosser. Là, c’est plus une promesse de remboursement (pour des gens qui en plus ne savent pas lire…).

    “It’s not just, it’s not,” she heard one wizened old woman complain to another when they had bedded down for the night. “We never did no treason, the others come in and took what they wanted, same as this bunch.”

    “Lord Beric did us no hurt, though,” her friend whispered. “And that red priest with him, he paid for all they took.”

    “Paid? He took two of my chickens and gave me a bit of paper with a mark on it. Can I eat a bit of raggy old paper, I ask you? Will it give me eggs?” She looked about to see that no guards were near, and spat three times. “There’s for the Tullys and there’s for the Lannisters and there’s for the Starks.”

    Comme rappelé par Jorah, les gens du commun mettent tous les grands de ce monde dans le même sac. Ils ne connaissent pas les jeux politiques et ils souffrent toujours
    Arya repense à Aiguille et se dit qu’elle aurait pu tenter d’attaquer Gregor, ce qui l’aurait faite exécuter peu après
    Arya glanced sidelong at Needle, sheathed at the hip of a black-bearded, balding man-at-arms called Polliver. It’s good that they took it away, she thought. Otherwise she would have tried to stab Ser Gregor, and he would have cut her right in half, and the wolves would eat her too.

    Et en effet, Arya observe, scrute, et voit que tout n’est pas monolithique : les gens ont des personnalités et certains sont plus ou moins sympathiques

    Polliver was not so bad as some of the others, even though he’d stolen Needle. The night she was caught, the Lannister men had been nameless strangers with faces as alike as their nasal helms, but she’d come to know them all. You had to know who was lazy and who was cruel, who was smart and who was stupid. You had to learn that even though the one they called Shitmouth had the foulest tongue she’d ever heard, he’d give you an extra piece of bread if you asked, while jolly old Chiswyck and soft-spoken Raff would just give you the back of their hand.

    Arya forge petit à petit sa litanie, comme Gendry a fait son heaume. J’ai bien aimé le parallèle her hates -> his helm

    Arya watched and listened and polished her hates the way Gendry had once polished his horned helm.

    On peut reprocher pas mal de choses à Arya mais elle pense aussi à sa soeur et à Lady. J’ai pas le souvenir que ce fut réciproque
    and even for Lady, Sansa’s wolf
    La partie sur le Titilleur est aussi super intéressante. (Presque) Trop effrayant pour être haï. Et il « disparaît » (car on ne veut pas penser à lui ?)
    The Tickler was almost too scary to hate. At times she could almost forget he was still with them
    Ils arrivent enfin à Harrenhal et c’est l’odeur qui frappe en premier (l’odeur d’une armée en campagne qui réside là depuis trop longtemps). Les contes de Vieille Nan nous sont rappelés, et en effet, le château n’est pas très engageant
    From outside, only the tops of five immense towers could be seen beyond the walls. The shortest of them was half again as tall as the highest tower in Winterfell, but they did not soar the way a proper tower did. Arya thought they looked like some old man’s gnarled, knuckly fingers groping after a passing cloud. She remembered Nan telling how the stone had melted and flowed like candlewax down the steps and in the windows, glowing a sullen searing red as it sought out Harren where he hid. Arya could believe every word; each tower was more grotesque and misshapen than the last, lumpy and runneled and cracked.
    Un petit côté pour l’hygiène, c’est pas si mal, même certes les conditions ne sont pas dignes, cela dit, au point où ils en sont, se préserver de la maladie, c’est quand même un plus.
    Les deux matrones sont peu engageantes et c’est intéressant qu’Arya pense à changer de nom (encore), à ne pas donner le sien (ouf) et pense à utiliser Belette.
    Maline, elle tente de se trouver la meilleure place possible (aux écuries) mais mal lui en prend, elle n’est pas en mesure de discuter (et je doute que ce soit spécifique aux Lannister, ça aurait été pareil quasiment partout ailleurs)
    A ce moment là, on quitte le chapitre avec le moral dans les chaussettes. Certes Arya ne semble plus en danger de mort immédiate par « tirage au sort malchanceux », c’est un léger progrès (on se rassure comme on peut). Mais sa situation s’est incroyablement dégradée, Winterfell est très loin.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #155896
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    Merci pour la présentation, je reviens sur quelques-uns des points :

    Le résultat de ces passages à la question est désastreux. Les pauvres bougres qui ont été torturés ont répondu tout et n’importe quoi en espérant mettre un terme à leur supplice. Ser Gregor n’est pas plus avancé quant à la position ou aux forces dont dispose lord Béric.

    Oui c’est assez désastreux comme tu dis. Ce qui est frappant c’est que les personnes torturées sont celles qui ont plutôt cherché à coopérer et qu’il n’y avait pas besoin de torturer, juste les interroger intelligement. Et aussi qu’Arya arrive plutôt facilement à récupérer des informations valables en ouvrant les oreilles.

    L’interrogatoire semble donc complètement inutile pour la traque des rebelles même s’il permet de récupérer quelques monnaies et objets précieux. Le trio a échappé à la torture, mais les sbires de Gregor ont quand même appris que Gendry et Tourte sont apprentis de la forge et de la boulange, bons points pour eux. Je suis très surpris qu’il n’y a pas eu un interrogatoire plus poussé sur Arya : un(e) pré-ado qui attaque avec de l’acier-château, ce n’est pourtant pas commun.

    L’autre point qui m’a marqué c’est qu’Harrenhal est une promesse d’ascension sociale pour Arya :

    la matrone Harra : Fille de fermier, hein ? Ben, t’inquiète, alors, p’tiote, t’as une chance de grimper plus haut dans c’ monde, te suffira de travailler dur.
    Weese : Si vous travaillez dur sans jamais oublier votre rang, peut-être un jour vous élèverez-vous aussi haut que moi.

    Elle a déjà gâché une première chance semble-t-il, car du point de vue des matrones la cuisine semble plus confortable que le service de Weese. Gregor Clegane avait été plus réaliste sur cette fabuleuse opportunité donnée aux prisonniers :

    Rendez grâces aux dieux qu’il vous accorde cette chance, tout traîtres et rebelles que vous êtes. Vous ne vous en tireriez pas à si bon compte avec les brigands. Obéissez, servez, et vous resterez en vie.

    Il y a aussi tous les animaux évoqués dans ce chapitre : mouton, corbeaux, loups, cochons, volaille, vache, poisson, ânes, belette, chevaux, scorpions, bestioles (bugs en v.o), dragon. La troupe de prisonniers en marche me fait penser à une espèce d’arche de Noé de l’enfer.

    Enfin dernier point qui m’a surpris : quand un vieux évoque le bon vieux temps, c’est Aerys qu’il se rappelle. C’est peut-être la seule évocation positive de ce roi dans toute la saga. Le bon vieux roi qui ne permettrait pas que le petit peuple soit torturé, ça rapproche de l’imaginaire qu’en avait Vère un peu plus tôt  (On dit que le roi fait justice et protège les faibles). Evidemment, vu ce qu’on sait sur Aerys on peut en douter : remember Brandon Stark !

    On peut reprocher pas mal de choses à Arya mais elle pense aussi à sa soeur et à Lady. J’ai pas le souvenir que ce fut réciproque

    Si à la fin d’AGOT Sansa s’était seulement souvenue qu’elle avait oublié de penser à sa soeur, dans ACOK elle a bien pensé à Arya, en l’imaginant en sécurité à Winterfell, en train de danser, coudre et de s’amuser avec un bébé et un frère handicapé (ACOK Sansa II). Dans quelques temps elle va aussi prier pour elle dans le Septuaire (début de la bataille de la Néra, ACOK Sansa V)

    #155898
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9924

    Oui, Sansa pense parfois à sa soeur. Ici, Arya pense à Sansa et à Lady. Ce qui me parait pas réciproque. Certes Lady a été tuée alors que Nyméria a juste « disparu », mais chaque soeur Stark a perdu sa « louve de compagnie »

     

    Enfin dernier point qui m’a surpris : quand un vieux évoque le bon vieux temps, c’est Aerys qu’il se rappelle. C’est peut-être la seule évocation positive de ce roi dans toute la saga. Le bon vieux roi qui ne permettrait pas que le petit peuple soit torturé, ça rapproche de l’imaginaire qu’en avait Vère un peu plus tôt

    Moui, je pense surtout qu’on a tendance à enjoliver le passé, même proche. Combien de personnes dans notre entourage détestent tel président/premier ministre avant de dire 10 ans plus tard que c’était le bon vieux temps. C’est assez commun comme phénomène, je suppose

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 11 mois par R.Graymarch.

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    #155903
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 996

    Merci Liloo pour la présentation ! C’est en effet un des chapitres les plus éprouvants à lire (et pour moi plus éprouvant que les Noces pourpres, à égalité avec certaines parties des chapitres de Theon d’ADWD et d’ACOK, quand il est à Winterfell).
    D’un point de vue de la symbolique, le chemin suivi par Arya depuis sa sortie de Port Real trouve à Harrenhal son aboutissement : il y avait la longue et lente descente aux enfers, la rencontre avec le feu infernal et enfin l’arrivée au coeur de l’enfer, avec son Lucifer dont on parle beaucoup mais dont on n’a vu jusqu’à maintenant que les bêtes féroces, à savoir Tywin Lannister.

    L’arrivée à Harrenhal me fait toujours autant penser à l’arrivée dans les camps de concentration, avec le tri des victimes, la mise à nu, ils ne sont pas tatoués avec un numéro mais presque (Arya peut donner un faux nom celui d’un animal, c’est accepté sans question parce qu’on n’a pas de temps à perdre avec l’identité/l’humanité des personnes) et il y a la « douche » que je trouve glaçante, les nouveaux vêtements, etc… Bien sûr, Arya se retrouve séparée de ses amis, sa famille en phase de recomposition.
    Malgré le décor en forme de château et les armes « médiévales », ce chapitre puise à mon sens son inspiration principale dans une époque contemporaine qui nous est familière et c’est peut-être ce qui le rend si dur. De la même façon, Gregor Clegane la Montagne est un monstre tout droit sorti de contes d’ogres et de géants, mais ses hommes de mains sont des êtres humains tout à fait ordinaires (et aussi divers de caractères que peuvent l’être des humains) capables au quotidien d’actes monstrueux, sans que ce soit motivé par une émotion d’aucune sorte qui pourrait expliquer un tel déchainement de violence : on voit bien que la recherche de Beric Dondarrion ou celle d’or caché sont secondaires et que le but premier est de terroriser, comme a demandé Tywin (qui force ainsi les seigneurs du Conflans à quitter l’armée de Robb Stark pour « défendre » leurs terres et leurs paysans, et affaiblit du même coup son adversaire).

    Liloo l’a bien relevé aussi : la litanie qu’Arya se crée est ce qui la maintient en vie quand elle se trouve dépouillée de tout, y compris son propre nom. A défaut de pouvoir dire son nom (et de lui donner du sens), elle en récite toute une série autour de laquelle se cristallisent ses deux émotions dominantes, la colère et la peur.

    #155931
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Merci pour ce résumé et toutes vos analyses.

    Liloo75 wrote: Le résultat de ces passages à la question est désastreux. Les pauvres bougres qui ont été torturés ont répondu tout et n’importe quoi en espérant mettre un terme à leur supplice. Ser Gregor n’est pas plus avancé quant à la position ou aux forces dont dispose lord Béric. Oui c’est assez désastreux comme tu dis. Ce qui est frappant c’est que les personnes torturées sont celles qui ont plutôt cherché à coopérer et qu’il n’y avait pas besoin de torturer, juste les interroger intelligement. Et aussi qu’Arya arrive plutôt facilement à récupérer des informations valables en ouvrant les oreilles. L’interrogatoire semble donc complètement inutile pour la traque des rebelles même s’il permet de récupérer quelques monnaies et objets précieux. Le trio a échappé à la torture, mais les sbires de Gregor ont quand même appris que Gendry et Tourte sont apprentis de la forge et de la boulange, bons points pour eux. Je suis très surpris qu’il n’y a pas eu un interrogatoire plus poussé sur Arya : un(e) pré-ado qui attaque avec de l’acier-château, ce n’est pourtant pas commun.

    Je suis d’accord avec vous, stratégiquement ces interrogatoires sont très mal menés. Il y a deux possibilités: soit Gregor et ses hommes ne sont pas les couteaux les plus affûtés du tiroir et pensent vraiment réussir à trouver Béric comme ça. Soit le but des interrogatoires est de soumettre tous les prisonniers par la terreur pure. Je pense que c’est un peu les deux: Gregor ne respecte que la force pure et pense pouvoir parvenir à ses fins par la violence, et personne n’est assez fin dans son groupe pour imaginer pouvoir obtenir des informations autrement.

    L’arrivée à Harrenhal me fait toujours autant penser à l’arrivée dans les camps de concentration, avec le tri des victimes, la mise à nu, ils ne sont pas tatoués avec un numéro mais presque

    J’y ai également pensé pendant toute la lecture du chapitre. On retrouve plus largement les mécanismes de la terreur et de la violence de masse dès lors qu’Arya raconte comment les prisonniers sont traités par Gregor et ses hommes. Plus personne n’a d’identité propre, ils sont réduits à une masse informe, un peuple anonyme. Qui vit, qui meurt, cela n’a plus aucune importance. Seules les informations qu’ils peuvent donner ou leur force de travail compte. Ce chapitre est glaçant.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #155956
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 210

    Le premier des chapitres d’Arya à Harrenhal et, pour moi également un des plus difficiles à lire. Avec le recul je ne sais pas si un personnage aura autant souffert dans les cinq premiers tomes saga . A part peut-être Theon et Sansa.

    D’ailleurs, je note un point commun entre les deux sœurs durant leurs captivités : elles savent devoir tenir leur langue pour éviter les ennuis, mais ont tout de même du mal à le faire, à cause de leur caractère (le sang du loup pour Arya, une certaine naïveté chez Sansa), mais aussi face à une injustice (commise envers elles ou d’autres). Des deux c’est Sansa qui surmonte le mieux ce problème en se rattrapant quand c’est possible. Mais il faut dire que ces adversaire sont issus de la noblesse et suivent certains codes et règles, dont ne s’encombrent pas les ennemis auxquels Arya est confrontée.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 11 mois par R.Graymarch.
    #155958
    Liloo75
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    D’ailleurs, je note un point commun entre les deux sœurs durant leurs captivités : elles savent devoir tenir leur langue pour éviter les ennuis, mais ont tout de même du mal à le faire, à cause de leur caractère (le sang du loup pour Arya, une certaine naïveté chez Sansa), mais aussi face à une injustice (commise envers elles ou d’autres). Des deux c’est Sansa qui surmonte le mieux ce problème en se rattrapant quand c’est possible. Mais il faut dire que ces adversaire sont issus de la noblesse et suivent certains codes et règles, dont ne s’encombrent pas les ennemis auxquels Arya est confrontée.

     

    Les deux soeurs sont en effet soumises à de mauvais traitements durant leurs capivités respectives (Arya à Harrenhal et Sansa au Donjon Rouge).

    Sansa s’en sort peut-être mieux grâce à son éducation qui lui permet d’utiliser les codes de langages appropriés au sein de la noblesse, même si comme tu le dis, elle fait preuve d’une certaine naïveté. Elle n’est pas encore au point sur le plan « diplomatique », cela viendra plus tard.

    Je ne suis pas sûre qu’elle soit privilégiée, en revanche, par le fait d’être entourée de personnes issues de l’aristocratie. Joffrey n’a de noble que le titre. Lorsqu’il décide de la faire battre par les gardes royaux, peu lui chaut qu’elle soit sa future épouse. Il n’écoute que ses caprices de roitelet frustré.

    Dans son malheur, Sansa a de la chance d’avoir des alliés (Tyrion, ou Dontos dans une moindre mesure).

    Arya aussi pourra compter sur ses amis et sur un allié inespéré.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 11 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #155960
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Oui, tu as raison, Sansa n’est pas dans une situation très enviable (c’est un euphémisme). Ce que je voulais dire c’est que sa vie me paraît moins menacée que celle d’Arya, pour qui le moindre faux pas pourrait être fatal.

    Mais toutes deux sont dans de beaux draps, c’est certain…

    D’ailleurs, à ce moment là de ma première lecture, je commençais à vraiment flipper pour elles, vu ce que l’auteur laissait entrevoir du sort des « héros » (notamment la mort de Ned)…

    #155961
    Hizieł
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci @Liloo75 pour cette analyse !

    Je partage complètement ce que vous avez déjà décrit de la difficulté de ce chapitre. Il est rendu d’autant plus sombre par le fait que l’on assiste à ces événements à travers le regard d’une très jeune fille, qui semble aller d’horreurs en horreurs sans espoir de retrouver un jour une destinée paisible. Entraînée dans cette spirale infernale, elle doute du fait que son arrivée à Harrenhal puisse vraiment amener une amélioration de sa condition (au contraire des autres captifs), mais malgré ses doutes, elle ne se décourage pas pour autant, comme le prouve son souhait d’être affectée à l’écurie pour éventuellement pouvoir s’enfuir.

    Les Lannister lui avaient tout pris : Père, amis, maison, courage, espérance. L’un lui avait pris Aiguille, un autre sa latte et se l’était brisée sur le genou. On lui avait pris jusqu’à son secret stupide »

    Ce paragraphe est terrible je trouve, et en même temps parfaitement révélateur de la dureté de son traitement depuis la fin d’AGoT. Sa première perte est la plus « physique » et la plus concrète, avec la mort de son père à laquelle elle a assisté. Ses « amis » sont moins caractérisés (par la formulation) mais derrière cette forme plurielle peuvent se glisser de nombreux exemples, de Mycah à Lommy en passant par Nymeria, Syrio et les hommes du Nord, dont les pertes se sont succédées à une vitesse et dans des proportions terribles. La mention de sa maison elle aussi perdue, aussi bien physique (l’éloignement de Winterfell, sa vie nomade sur les routes) que « personnelle » (le cocon familial en particulier) précède les disparitions de l’espérance et du courage (inversés en VF), disparitions qui s’observent dans ce chapitre et semblent liées : depuis sa capture, elle se voit « agneau », elle haït son manque de courage et son espoir de voir sa condition s’améliorer s’amenuise donc logiquement.

    Après cette gradation des pertes (de la plus « physique » à la plus immatérielle), Arya mentionne ensuite le vol d’Aiguille et la destruction de sa latte de bois, objets pleinement physiques mais logiquement associés à sa perte de moyens d’agir. Et enfin, la phrase « on lui avait pris jusqu’à son secret stupide » (et en particulier la notion de secret, qui est par essence précieux), illustre je trouve qu’elle a véritablement tout perdu de ce qu’elle avait entrepris de cacher, de garder pour elle, achevant l’entreprise de « déshumanisation » qu’elle subit, en perdant tout ce qui fait d’elle Arya Stark.

    Sinon, comme certains et certaines d’entre vous, j’ai relevé la mise en excergue de l’inutilité de la torture pour obtenir des infos fiables (comme cela a été prouvé à de nombreuses reprises), et la caractérisation très intéressante de Titilleur pour montrer que derrière les pires ordures, il y a en fait des humains « ordinaires » et dont rien ne laisse entrevoir dans leurs autres interactions / apparence qu’ils peuvent agir en monstres.

    Enfin, la présentation en fin du chapitre de Weese m’a tout de suite fait penser à Nourrice (qui s’occupe des esclaves de Yezzan zo Qaggaz (dont Tyrion) dans ADwD). C’est peut-être simplement lié à ma relecture récente d’ADwD mais j’ai trouvé très similaire la façon dont Weese comme Nourrice présentent la situation de leurs « esclaves-prisonniers » sous un jour presque positif

    « Les Lannister se montrent généreux envers ceux qui les servent bien […] Si vous travaillez dur sans jamais oublier quel est votre rang, peut-être un jour vous élèverez-vous aussi haut que moi » (Weese, ACoK)

    « Estimez-vous heureux, car Yezzan est un maître bon et bienveillant […]. Faites tout ce qu’on vous dit et rien de plus, et vous vivrez comme de petits lords, dorlotés, choyés. » (Nourrice, ADwD).

    Cependant, dans les deux cas, en face de ces paroles rassurantes, les deux hommes font bien comprendre dès le départ quel genre de punition attend les « esclaves-prisonniers » indociles, dans des menaces à peine voilées et qui font froid dans le dos.

    De mestre passionné d'archi à archimestre déprimé dans DOH 8 - "Dans l'ombre de la Chat-rpie"
    L'incompris Winni Naz Puur dans DOH 9 - "Tous ceux qui veulent changer Meereen"

    #157627
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Tout à fait d’accord avec ce qui est dit plus haut, la torture est inutile, et l’arrivée des prisonniers à Harrenhal est comparable à l’arrivée des prisonniers dans les camps.

    Arya forge petit à petit sa litanie, comme Gendry a fait son heaume. J’ai bien aimé le parallèle her hates -> his helm

    Un parallèle aussi avec Anduril l’épée qui fut brisée dans le Seigneur des Anneaux ? Gendry ne forge certes pas une épée de roi mais son personnage de futur compagnon de la fraternité.

    Je trouve la comparaison Weese/Nourrice intéressante également. Weese n’est pas un esclave mais il n’a pas tant de liberté que ça de pouvoir faire ce qu’il veut, et trouve son compte dans la position sociale qui est la sienne.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #157628
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Un parallèle aussi avec Anduril l’épée qui fut brisée dans le Seigneur des Anneaux ? Gendry ne forge certes pas une épée de roi mais son personnage de futur compagnon de la fraternité.

    Pas vraiment pour moi car Andúril n’est pas créée ex nihilo vu qu’elle vient de Narsil, l’épée d’Elendil plus de 3000 ans avant. De plus, Aragorn n’est pas forgeron, et il a beaucoup vécu avant de devenir roi. Gendry est un forgeron (certes bâtard royal) et est au début de sa vie

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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