Le cycle des Chroniques de Prydain (Lloyd Alexander)

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  • Ce sujet contient 8 réponses, 4 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Eridan, le il y a 2 mois.
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  • #196243
    Eridan
    • Vervoyant
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    Enfant, j’adorais le Disney le plus mal-aimé de tous les temps : Taram et le chaudron magique. Il y a dix ans, j’ai découvert qu’il existait une saga, et ce fut un nouveau coup de cœur … malheureusement, seuls deux tomes du cycle étaient traduits. En 2020 cependant, les éditions Anne Carrière ont traduit l’ensemble du cycle ! J’ai donc décidé de me lancer dans la lecture complète de cette saga et de vous faire un petit retour tome par tome, des fois que d’autres veuillent découvrir cet univers. ^^

    1964, Lloyd Alexander (un fana de légendes arthuriennes, de mythologie celtiques, de Dickens) décide d’écrire un cycle qui s’inspire assez librement du Pays de Galles et de ses légendes, notamment du Mabinogion. Prévu pour être une trilogie, le cycle compte finalement 5 tomes + un recueil de « contes et légendes » (non-traduit en français).

    Et on démarre avec le tome 1 :

    Le Livre des trois (1964)

    Le royaume de Prydain est une terre merveilleuse, mais menacée par le terrible Arawn, ses sbires et ses complots. Celui-ci a récemment élu un nouveau champion, qui fédèrent les roitelets mécontents et ambitieux du royaume.
    Loin de là, le jeune Taram rêve d’héroïsme et de gloire, mais ses tuteurs ne lui permettent pas de partir à l’aventure. Il ne reçoit que le titre « apprenti porcher » et la responsabilité de veiller sur Hen Wren, une truie fabuleuse possédant des pouvoirs de divination … seulement, le jour même, tous les animaux de la ferme prennent peur et s’enfuient. Taram court après elle, et par un concours de circonstances et une suite de rencontres, le voilà propulsé en plein milieu de la guerre entre Arawn et les Fils de Don, protecteurs de Prydain. Sur son chemin, il rencontre un prince-guerrier renommé, une jeune fille au caractère affirmé, un barde vantard et menteur, une lâche et gloutonne créature ni-homme ni-bête et un nain râleur, qui deviendront ses fidèles compagnons dans cette aventure et les suivantes …

    Ce premier tome donne le ton : on est dans de la high fantasy classique, dans un roman d’apprentissage en direction de la jeunesse (que le dessin animé de 85 a beaucoup assombri, au final !). Avec le recul en 2023, ces personnages sont tous des stéréotypes facilement identifiables, qui n’échappent pas ou peu aux clichés. Normal pour une œuvre de 1964 ? Peut-être. Le récit ne sera absolument pas original sur ce point : Taram est un jeune homme particulièrement immature et emporté ; Eilonwy est une princesse prétentieuse, dédaigneuse et bavarde, prototype de la femme forte à l’époque où cette notion est à peine inventée. Pour le lecteur contemporain et un peu habitué au genre, ils sont même assez insupportables dans leurs interactions. Mais c’est voulu : les personnages plus expérimentés et plus sages s’agace vite de l’immaturité de Taram … C’est qu’elle est nécessaire pour justement l’amener à se confronter à la difficulté de la vie d’aventure et à la questionner. Le protagoniste connaît des échecs, commet des erreurs, se fait sermonner, et doit finalement s’interroger sur la valeur de ses actions : il se rêvait héros, mais ses compagnons ne sont-ils pas tous plus valeureux que lui, au final ? Et lui, quels sont ses accomplissements au cours de cette quête ?

    Bien d’autres thèmes, tous aussi classiques, sont abordés : la place dévolue aux filles, les bienfaits de la gentillesse même envers des créatures rebutantes, la perte d’un mentor et ce qu’elle entraîne … L’histoire suit les grandes étapes des récits de ce genre, les péripéties s’enchaînent très bien et le style est efficace. (Le lore de base est même expédié dès le premier chapitre, dans une des expositions les plus claquées au sol qui soit ! ^^ J’ai savouré en revanche l’inversion du trope de la demoiselle recluse en sa tour et secourue par un valeureux chevalier.) L’univers est foisonnant et enchanteur. Les personnages restent globalement attachants. Les leçons de vie sont sympa sans être révolutionnaires. C’est un peu dommage de (re)découvrir cette histoire aussi tard dans ma vie … mais ça reste une lecture très agréable dans son genre et qui donne envie de découvrir la suite.

    Lien babelio.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #196257
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4074

    Enfant, j’adorais le Disney le plus mal-aimé de tous les temps : Taram et le chaudron magique.

    Moi, j’avais bien aimé ce Disney. je trouvais notamment le Méchant très réussi. Mais je ne savais pas que c’était tiré d’une série de livres.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #196289
    Groubbe5
    • Éplucheur de Patates
    • Posts : 6

    @Eridian

    Merci pour cette belle découverte. Votre post est très agréable à lire. Quant à votre réflexion sur la découverte tardive de cette histoire, que vous trouvez dommage, je partage votre sentiment. Il est parfois émouvant de redécouvrir des trésors enfouis de notre enfance, une expérience qui, je l’espère, vous procurera une joie aussi profonde que la mienne. Merci encore pour ce partage précieux.

    #196431
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6032

    @groubbe5 : Merci à vous pour ce gentil message.

    Moi, j’avais bien aimé ce Disney. je trouvais notamment le Méchant très réussi. Mais je ne savais pas que c’était tiré d’une série de livres.

    Le film garde certains personnages et mélange l’histoire des deux premiers livres … mais pour citer l’auteur : « D’abord, je dois dire que le dessin animé ne ressemble pas au livre. Cela étant dit, le dessin animé en lui-même, purement comme dessin animé, je l’ai trouvé très distrayant. »

    Du coup, je continue avec le tome 2  ^^

    Le chaudron noir (1965)

    Taram a repris sa vie d’apprenti porcher à Caer Dallben, entouré de ses mentors et de ses amis. Un an après les événements du premier livre, le prince Gwydion et plusieurs aventuriers viennent quérir leur aide pour une expédition dangereuse : chevaucher jusque sur les terres du Seigneur de la Mort et lui subtiliser le Chaudron noir, qui ressuscite des guerriers muets. Taram et ses amis repartent à l’aventure, mais alors que le plan semble se dérouler comme prévu, un problème imprévu survient : le chaudron a disparu … Isolés et traqués par les forces d’Arawn, Taram et ses amis vont devoir trouver le chaudron les premiers et le détruire coûte que coûte.

    Une suite qui transforme l’essai : on retrouve les nombreux personnages du premier tome, et une fournée de nouveaux personnages joliment caractérisés. On reste dans de la high fantasy, avec de nombreux objets magiques, certains doués d’une conscience propre. Les personnages ont toutefois gagné en maturité, l’intrigue aussi : les frontières entre le Bien et le Mal sont moins évidentes que dans le premier tomes, et les personnages ne sont pas ce qu’ils semblent être dans ce second tome. Les nobles seigneurs et puissants guerriers cachent parfois de vils traîtres, les faibles s’avèrent parfois courageux. Les trois sorcières elles-mêmes ne sont pas ce qu’elles semblent être : par moment comiques, elles sont en fait plus proches des moires de la mythologie que des clichés du genre. Même le rival de Taram n’est pas vraiment ce qu’il semble être : un jeune prince, sorte de double maléfique du protagoniste, dévoré d’ambition et d’orgueil, pourri de vanité et de jalousie, plus fort physiquement et en même temps, fragile … Ces rencontres vont une fois de plus amener Taram à s’interroger sur son désir d’aventures et de gloire, sur la valeur des individus, de l’honneur et du sacrifice. Il aura également un choix à faire : devenir un héros facilement, grâce à la magie, ou difficilement, grâce à ses seules qualités. Enfin, Taram est confronté au deuil : il perd dans ce livre plusieurs compagnons, des bons comme des mauvais, des loyaux et des traîtres. Contrairement au premier livre ou au dessin-animé, il n’y aura pas de retour miraculeux … Je trouve la conclusion assez touchante, avec ce jeune homme qui prend conscience de la dureté du monde des adultes auquel il a toujours voulu appartenir.

    J’ai revu entre-temps le dessins animé, qui s’inspire des deux premiers volumes de cette saga. Au risque de tomber à mon tour dans le cliché, « je préfère le livre au film » ^^ Le dessin-animé reprenait certaines thématiques et les adaptait à son format … malheureusement, il rabote la maturité du texte, son approche mélancolique et philosophique, lui préférant une « maturité » plus crue (une ambiance sombre, la scène de la danseuse de taverne au milieu d’une salle des gardes avinés, des squelettes un peu partout), qu’il tente ensuite maladroitement de compenser par des clichés de fantasy, avec des piti elfes tout mignons, un gros méchant très méchant et de vieilles sorcières méchantes et grotesques. Ça restera une de mes madeleines de Proust, mais je suis curieux de voir ce que donnerait une réadaptation.

    En attendant, j’ai hâte de découvrir le tome 3, qui n’aura plus rien à voir avec le film. ^^

    Lien babelio.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #196622
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6032

    Je poursuis ma quête avec le tome 3

    Le château de Llyr (1966)

    « En ce jour de printemps, la princesse Eilonwy, fille d’Angharad, elle-même fille de Regat  de la Maison royale de Llyr, devait quitter Caer Dallben. C’était Dallben en personne qui l’avait ordonné. Et Taram savait qu’on ne pouvait s’opposer aux décisions du vieil enchanteur. » C’est ce que j’appelle une ouverture efficace ! ^^

    La princesse Eilonwy est donc envoyée dans une île pour y apprendre les usages d’une gente dame, comme il sied à son statut. Gurgi et Taram vont l’escorter jusqu’à sa nouvelle résidence, mais c’est le cœur lourd que le jeune apprenti-porcher voit arriver le moment de la séparation. D’autant que le prince Rhun, qui les guide, s’avère aussi inconscient et incompétent que jovial. Lorsque les compagnons arrivent au château, Taram retrouve presque tous ses autres amis : le barde Fflewdur Flam et le prince Gwydion, incognitos. Ce dernier lui apprend qu’un affreux complot menace la princesse, dernière descendante de la lignée des enchanteresse de Llyr.

    J’ai été moins emballé par ce tome. La narration est toujours aussi efficace, mais là où le second tome s’avérait plus mature avec des personnages plus complexes et des apparences trompeuses, on revient ici à plus de manichéisme et des péripéties beaucoup plus simplistes et naïves. Côté trame, c’est franchement du déjà vu : Eilonwy est bien évidemment « secrètement » promise au prince Rhun ; elle tombe malheureusement dans le cliché de la princesse en détresse, capturée par une figure maternelle jalouse (on aura même une scène de Taram prenant d’assaut une tour pour la sauver ! ) ; les sentiments entre Taram et Eilonwy ne sont ignorés que d’eux seuls, tout le monde est déjà au courant ! Taram est jaloux de Rhun et de sa naissance princière qui lui permet de convoiter Eilonwy, mais il découvre que la naissance ne fait pas tout.

    Côté personnages, on retrouve la même équipe, réunie par le plus prodigieux des hasard ! Taram a déjà bien progressé, il faut le dire : il est moins frondeur, moins emporté, sauf quand le scénario l’exige. Eilonwy, qui veut être elle-même, se retrouve pour la première fois dans la situation où on attend d’elle qu’elle soit « plus que ce qu’elle est » … Les autres personnages se conforment à leurs archétypes. Je regrette que les rencontres de ce tome soient moins surprenantes, plus classiques encore que dans les précédents : Rhun l’incapable, le maladroit, l’inconscient (à mi-chemin entre Neville Londubat et Luna Lovegood) démontre évidemment qu’il a de la valeur au cours de l’aventure ; le comploteur pue la traitrise dès sa première apparition et ne sera guère plus développé. Un personnage s’en sort mieux que les autres : Glew, le nain qui voulait devenir soldat, héros, roi et finalement géant, dont les envies dévorantes rappellent celles du Taram des débuts, et dont le sort résonne comme un avertissement … Le personnage amène un regard intéressant sur l’enfermement sur soi, la folie des grandeurs, le manque de considération pour les autres. Achren, en reine déchue qui veut absolument retrouver son pouvoir, est intéressante aussi, mais trop peu développée encore pour le moment.

    Je pense qu’au final, ma déception vient du fait qu’avec la princesse qui se fait enlever, on passe plus de temps à suivre la quête des hommes pour la retrouver, qu’à suivre le personnage et le dilemme personnel d’Eilonwy qui m’intéressaient pourtant beaucoup plus. La fin amène une certaine satisfaction, avec de belles conclusions malgré l’impression de précipitation. Ça reste un tome d’aventure de high fantasy jeunesse honnête, en dépit de ma critique un peu acerbe.

    Lien babelio.

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    #197598
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6032

    Après la déception du livre 3, j’appréhendais de lire le 4 … D’autant que je savais qu’il avait été écrit sur commande de l’éditeur, qui trouvait qu’il manquait quelque chose entre le 3 et le 5. Je ne partais pas confiant … Au final, j’ai eu une bonne surprise ! ^^

    Taram le Vagabond * (1967)

    Pendant que la princesse Eilonwy apprend à devenir une « dame comme il faut » sur l’île de Mona, Taram est de retour à Caer Dallben. Il ne va pas y rester longtemps : il souhaite épouser la princesse, mais avant cela, il croit nécessaire de percer le mystère de ses origines. Nobles ou humbles ? honorables ou honteuses ? Le voilà partie pour une nouvelle quête … Mais les réponses qu’il va trouver ne seront sans doute pas celles qu’il attend.

    Bonne surprise, donc ! ^^ Pour la première fois dans cette saga, ce ne sont pas les circonstances ou d’autres personnages qui choisissent la quête de Taram, mais bien le protagoniste lui-même. En abordant le mystère de ses origines, Taram espère évidemment être de noble lignée et digne d’une princesse. Vaniteux comme toujours en début d’aventure, sa quête des origines sera en fait une nouvelle étape initiatique, l’amenant à s’accepter tel qu’il est et à comprendre que l’important n’est pas d’où l’on vient, mais qui on devient. Lloyd Alexander est dur avec son héros : Taram a déjà gagné en maturité et en sagesse depuis les précédentes aventures, mais il lui reste encore des bribes de sa vanité passée. L’auteur se fait un plaisir de le confronter à des révélations amères, à des échecs cuisants, à des pertes irrémédiables, qui vont l’obliger à grandir toujours plus.

    Au chapitre des petites déconvenues, quand on sait que c’est un tome commandé, ça se sent … un peu ! ^^ L’écriture efficace est quasi-mécanique ici : un item étrange est découvert, il servira soit dans ce chapitre soit dans le suivant, et on n’y reviendra plus ensuite ; un dilemme est introduit dans un chapitre, il sera résolu au plus tard dans deux chapitres. On pourra trouver le fil rouge assez mince et se dire que c’est une succession de petits épisodes, de petites péripéties … mais personnellement, ça m’a beaucoup plu : le précédent tome était trop monolithique justement, trop concentré sur sa quête principale, pas assez sur les rencontres ou les leçons apprises pendant le voyage. A l’inverse, ici, Taram set confronté à diverses situations, il rencontre plein de gens et chacun lui apporte une ou plusieurs leçons de vie. Les personnages sont plus nombreux et variés aussi ; certes, chacun correspond à un stéréotype éculé (le roi puissant mais peu réfléchi, les seigneurs vaniteux, le méchant sorcier, les braves et sages artisans, les mercenaires sans foi ni loi), mais les histoires qui en sont tirées sont efficaces. Le retour des sorcières de Morva est toujours aussi savoureux. Je craignais l’absence d’Eilonwy, elle ne m’a pas manqué. Je redoutais le retour de tous les autres … Et effectivement, le hasard fait toujours aussi bien les choses ! Deux compagnons retrouvés totalement par hasard !! … Mais cette fois, le puissant Gwydion n’est pas présent (et ne m’a pas manqué) ! Les autres ne s’attardent pas forcément ; le seul compagnon permanent est donc l’attachant Gurgi, ce qui rend le tout plus intime. Dernier point notable : j’ai beaucoup apprécié les connexions avec le tome précédent. Les deux seigneurs belliqueux, le sorcier véreux étaient déjà évoqués dans le tome précédent à travers l’histoire de Glew, de même que le destin tragique de la mère d’Eilonwy. On en apprend plus, c’est sympa.

    Sur différents sites d’avis, j’ai pu voir que c’était le tome le mieux noté de la saga. Je crois comprendre pourquoi. ^^ J’espère tout de même que le cinquième saura poursuivre et conclure cette saga. 😉

    (Lien babelio.)

     * Déso, mais pour moi, l’éditeur a commis une erreur avec ce titre Taram chevalier errant, qui ne correspond ni au titre en vo, ni à ce qui se passe dans le livre … Je me permets de corriger ! 😛

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #198655
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6032

    Toutes les histoires doivent finir, n’est-ce pas ? ^^ Il est temps d’aborder le dernier tome :

    Le Haut Roi (1968)

    Taram et Gurgi retournent à Caer Dallben, où ils ont la surprise de retrouver leurs amis : Rhun, Glew … et Eilonwy, à qui Taram souhaite à présent se confesser, mais ils sont interrompus par l’arrivée de Fflewddur Fflam et le prince Gwydion, blessé. Par ruse, Arawn le Seigneur de la Mort vient de voler l’épée magique Dyrnwyn. La truie divinatrice Hen Wren livre alors une étrange prophétie : des pierres qui chantent, une rivière qui brule, minuit devenant midi, avant que Dyrnwyn ne soit sauvée. Les compagnons s’engagent dans une course de vitesse, dont la victoire déterminera le destin de tout Prydain.

    Le dernier tome est toujours celui des batailles et des adieux. Amis ou adversaires, tous les personnages du cycle interviennent au moins une fois dans cet ultime tome, à coups de hasards pas si forcés. Un nombre conséquent de personnages secondaires va mourir au cours de ces batailles, et comme dans le tome précédent, l’auteur n’hésite pas à faire vivre des émotions difficiles à ses personnages. Il leur impose des pertes ou des sacrifices forts et émouvants. Il y a d’ailleurs deux événements particulièrement forts qui ont bien fonctionné avec moi. En revanche, la narration a toujours un rythme effréné, tranchant directement à l’essentiel, ce qui empêche parfois de poser le récit, d’avoir de vrais temps de pause. Les batailles s’enchainent aux difficultés à progresser dans la montagne en plein hiver. Nouveauté de ce tome : la narration quitte parfois le point de vue de Taram pour montrer celui d’autres personnages. C’est assez bienvenu.

    Côté personnages, j’ai peu de choses à dire. Taram n’a plus rien de l’adolescent qui m’irritait au début. Les autres sont globalement fidèles à eux-mêmes. On rencontre finalement Arawn, mais sans pouvoir vraiment le saisir, ce qui fait qu’il restera à jamais une menace invisible planant sur la saga … et l’un des rares personnages originaux de ce tome est un pur Lannister ^^ Pryderi, beau, grand, fort, blond, à la tête des Domaines de l’Ouest et de l’armée la plus puissante de tout le pays ; il se présente aux portes de la ville juste avant la bataille … ^^

    La fin :

    Spoiler:

    Plus les années passent, plus je réalise comme il est difficile de conclure une histoire. Pas vraiment de surprise ici … On est encore et toujours dans de la fantasy hyper classique, limite cliché : le seigneur de la Mort est vaincu, mais le Mal n’a pas pour autant disparu de Prydain et le pays est à reconstruire après la guerre. Et là, le bât blesse ! Les héros doivent abandonner Prydain et rejoindre une sorte d’ « île des Bienheureux » , où il connaîtront abondance, immortalité et félicité jusqu’à la fin des temps. Cette loi arbitraire et sortie de nulle part leur impose d’abandonner leurs compagnons d’armes et les terres qu’ils ont défendu. Ça ne semble pas négociable à première vue … Ça le sera en partie pour avoir une fin qui ne soit pas trop triste : Taram et Eilonwy font un choix fort. Reste que pour moi, la comparaison avec Le Seigneur des Anneaux est inévitable et plutôt négative pour Les Chroniques de Prydain. (Et je donne raison à l’éditeur : le tome 4 était indispensable pour expliquer beaucoup de choses du tome 5.) La conclusion m’a également fait penser à ce que disait GRRMartin sur la fin du SdA :

    « […] à la fin, [Tolkien] dit qu’Aragorn est le Roi et qu’il va très bien gouverner pendant les 100 ans à venir. C’est facile d’écrire cette phrase, mais j’aimerais savoir quelle est sa politique en matière de taxes et en période de famine. Et qu’est-ce qu’il a fait de tous les orcs ? […] »

    (Lien babelio.)

    Avis général :

    Les Chroniques de Prydain est une saga jeunesse qui trahit son âge : elle s’adresse à un public défini (d’adolescents mâles) et a évidemment vieilli. Ce n’est pas un joyau injustement méconnu, mais bien un cycle de high fantasy honnête et efficace, quoi que daté et parfois expéditif. Elle réserve quelques pépites et bonne surprises que cette littérature peut nous offrir. Ce n’est certes pas une lecture indispensable, mais ça devrait ravir les amateurs du genre. Personnellement, j’y ai pris plaisir et c’est sûrement ce qui compte le plus. ^^

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #198657
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2938

    Merci pour ces chroniques, j’ai lu à chaque fois avec plaisir et intérêt.

     

    Glew / Eilonwy / Fflewddur Fflam / Gwydion /Arawn / Dyrnwyn / Hen Wren

    Purée dans le genre clichés de noms de fantasy à base de Y et de W il y va fort quand même. ^^ (ca manque de Ï par contre! Ca devait pas encore être à la mode. Ou pas possible à faire sur sa machines à écrire)

     

    Plus les années passent, plus je réalise comme il est difficile de conclure une histoire

    Ha ça… c’est la difficulté de bons nombres de livres, mais encore plus des saga-fleuve de fantasy.

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #198705
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6032

    Merci pour ces chroniques, j’ai lu à chaque fois avec plaisir et intérêt.

    Merci pour ton retour. J’espère que mon regard ( assez critique ) ne t’aura pas fait renoncer à les lire par toi-même.

    Purée dans le genre clichés de noms de fantasy à base de Y et de W il y va fort quand même. ^^ (ca manque de Ï par contre! Ca devait pas encore être à la mode. Ou pas possible à faire sur sa machines à écrire)

    Ça apparaît cliché pour nous, mais c’est aussi une exigence de cohérence vu que l’auteur reprend la mythologie galloise (Llyr, Taliesin, Arawn, Geraint, Angharad, etc.) et donc, même quand il invente un personnage ou un nom (comme Eilonwy), il est bien obligé de faire en sorte que ça aille avec le reste de son univers. Mais j’avoue Fflewdur Fflam, c’était pas facile à lire ! La version Disney « Ritournelle » était quand même plus accessible. ^^

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