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FeyGirl, le il y a 1 semaine.
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7 mai 2025 à 12 h 32 min #210685
FeyGirl
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Défaillances Systèmes (Journal d’un AssaSynth, tome 1), de Martha Wells
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2019 en VF (All Systems Red, 2017 en VO).
J’entame (enfin) cette série de novellas qui a eu son petit succès.
SecUnit est un androïde de sécurité mi-organique, mi-mécanique (avec les avantages du numérique). Il est engagé pour assurer la sécurité d’une mission d’exploration sur une planète. Après quelques incidents, l’équipe s’inquiète du silence d’une autre équipe d’exploration, sur la même planète. Elle décide d’aller voir ce qu’il en retourne.
Cette novella inaugurale nous présente un narrateur accrocheur, à mi-chemin entre la machine et l’humain. Il s’est baptisé lui-même AssaSynth (on en apprendra la raison), il est mal à l’aise avec les humains voire asocial, et il ne manque pas d’un cynisme qui vire à l’humour noir. Cependant, une part de sentiments existe en lui, sans qu’il arrive à mettre le doigt dessus. Doté de capacités gigantesques (IA, armes surpuissantes dans son armure), il cache un secret.
En effet, AssaSynth a désactivé son module superviseur, et a ainsi acquis une autonomie qu’il cache précieusement car il ne veut surtout pas être réinitialisé (la novella explique pourquoi). D’ailleurs, la fin de la novella tire les conclusions de cette autonomie, normalement impossible dans un univers où les SecUnits tels que AssaSynth ne sont pas des personnes.
L’intrigue elle-même se suit comme un technothriller rondement mené, même si la flopée de prix prestigieux qu’a reçu cette novella est un poil exagérée.
En résumé : une courte histoire qui vaut surtout pour son protagoniste, et qui a l’avantage de se lire vite. Je suis curieuse de connaître la suite.
13 mai 2025 à 10 h 58 min #210725FeyGirl
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Les Deux Royaumes (Calame, tome 2), de Paul Beorn
Genre : Fantasy.
Première édition : 2021.
Jean D’Artenac continue de recueillir des témoignages pour écrire la légende de Darran, mais il a reçu des ordres secrets et contradictoires de la part des Grands Kerrs et du Roi Lumière. Il est écartelé entre les deux autorités.
Ce second et dernier tome est la suite immédiate du tome 1. Le lecteur veut connaître les destins de Maura, Darran et D’Artenac, tous trois en mauvaise posture ; savoir comment le Roi Lumière est devenu ce dirigeant dangereux qui émet tant de lumière et de chaleur (d’où son nom) et qui carbonise les personnes autour de lui ; savoir pourquoi Darran s’est retourné contre son ancien chef des années plus tôt, et si la Rébellion actuelle va se remettre de ce revers… Il aura la réponse à ces questions, et bien d’autres.
On continue sur la recette du tome 1 : un aller-retour entre le présent et le passé qui est raconté à D’Artenac par divers témoins. La formule fonctionne bien, et n’empêche pas le présent d’être très mouvementé car la fin approche, avec une rébellion qui a subi une défaite catastrophique.
Maura est toujours l’héroïne imparfaite. Comme d’autres personnages positifs de ce roman, elle peut commettre des actes impardonnables, en tentant de se justifier par la situation de guerre. Par ailleurs, le roman ne cache rien des horreurs de la guerre, avec les civils massacrés et le Roi Lumière sans pitié qui tue pour conserver le pouvoir. En face s’est levée une armée de femmes meurtries, malmenées mais déterminées.
La magie de cet univers, qui est multiple, a un rôle crucial dans l’intrigue, tout particulièrement le Calame (ce sont les croyances du peuple qui donnent de la force aux dirigeants ou aux chefs guerriers : il faut donc maintenir ou alimenter le Calame), Maura qui peut se transformer en animal, ou encore les Pierres-de-parole qui transmettent les contes de D’Artenac à travers les deux Royaumes.
Nous retrouvons une nouvelle fois une plume agréable et fluide, qui ajoute au plaisir de lecture. L’émotion est aussi présente, avec des morts qui nous touchent.
Ajoutons beaucoup de surprises, car l’auteur aime offrir au lecteur autre chose que ce qu’il attendait. Et c’est très bon ! Peut-être aurais-je aimé que l’auteur prenne un peu plus de temps à la fin, mais cela ne gâche pas cette duologie qui fut une excellente surprise.
Un second tome réussi, trépidant, qui se dévore.
14 mai 2025 à 11 h 15 min #210734FeyGirl
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Sœurs de haine (Le Solstice des ombres, tome 1), de Benjamin Lupu
Genre : Fantasy.
Première édition : 2025.
Dans un monde imaginaire de type médiéval, les conflits font rage entre deux camps dont l’antagonisme religieux cache une lutte de pouvoir. Les baronnies se déchirent entre les fidèles de la religion traditionnelle, les orostrates, qui vénèrent le dieu du soleil Asthor ; et les « hérétiques » borésiaques, qui rejettent les Écritures en considérant qu’elles trahissent la parole divine.
Quinze ans avant le début de l’histoire, une trahison pendant des négociations de paix a permis aux Orostrates de massacrer le chef des Borésiaques et son fils. L’épouse et mère endeuillée, Ihmane, est devenue la « Veuve Misère ». Elle s’est réfugiée avec les moines hérétiques dans les marais que tout le monde fuit, car peuplés par d’inquiétantes créatures maléfiques. Sa propre sœur, Esphirène, est l’épouse du chef ennemi des Orostrates, lui aussi tué dans ce conflit. Elle est la régente de son fils pour sa propre baronnie. Le tableau est posé : les deux sœurs sont les dirigeantes des factions ennemies.
La Veuve Misère entame sa vengeance : elle attaque le convoi de sa sœur Esphirène qui se rendait à la nomination du nouveau chef religieux orostrate. Les combats sont sans pitié.
Dès le début du roman, nous découvrons une série de personnages bien campés. Parmi ceux-ci, Umbrod, un jeune moine copiste qui accompagnait la suite d’Esphirène, aura un rôle central. Prisonnier des sbires de la Veuve Misère, il sera manipulé par un moine renégat qui décèlera en lui des capacités à exploiter. En parallèle, son mentor Balcère, un ancien guerrier devenu moine, cherche à le libérer. Autre personnage notable : Tériane, guerrière asservie d’un peuple, devenue la Morte car ramenée à la vie par Dame Fer-et-Sang. Son destin est intrigant. En réalité, les personnages sont nombreux, mais on n’est jamais perdu car l’auteur a su les présenter. Barons, princes, lieutenants, moines guerriers, moines copistes, simples combattants… : tous jouent un rôle clef et participent à une intrigue étoffée.
Nous vivons au milieu des campements des belligérants, entre les nobles, les guerriers et les moines de chaque parti. La situation se découvre au fil des pages, avec des acteurs qui ont des intentions cachées. La guerre de religion masque des appétits de pouvoirs, y compris à l’intérieur des factions. Quelques trahisons peuvent retourner la situation, comme quinze ans plus tôt.
Quant à l’univers, si au départ nous découvrons une société de type médiéval, assez rapidement apparaissent des créatures inspirées des anciens contes, et des peuples aux origines et coutumes diverses. Entre bêtes furieuses, spectres, descendants des Anciens Rois, ogres frustes ou guerrières dont la loyauté est assurée par une magie qui les asservit, les amateurs de Fantasy foisonnante et cohérente seront ravis. Les peuples eux-mêmes ont leurs spécificités, leur histoire et leur culture, avec des relations interethniques complexes et souvent déséquilibrées.
La magie imprègne l’univers. Parfois connue, souvent cachée, sources de légendes, elle participe pleinement à l’intrigue même si nos personnages la craignent.
C’est une histoire mouvementée qui ne manque pas de surprises et de combats, jusqu’à une grande bataille qui n’est pas celle que le lecteur attendait. Car Benjamin Lupu aime nous jouer des tours, déjouer nos pronostics et nous proposer un spectacle plus étonnant que ce qu’on imaginait. C’est sombre, c’est palpitant, le destin de certains personnages est cruel, et c’est un grand plaisir de lecture.
Ajoutons que le style est fluide et les chapitres courts : on dévore l’histoire.
En ce qui me concerne, je serai au rendez-vous pour le second tome de cette duologie.
14 mai 2025 à 11 h 38 min #210738Nymphadora
- Vervoyant
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Bunny, de Mona Awad
Une sorte de Mean Girls horrifique dans un pseudo Harvard chez des étudiantes en littérature, où les Mean Girls en question sont un genre de secte sataniste qui fait des trucs chelous avec des lapins…
Ce livre est extrêmement bizarre. Ca part très très loin dans le délire halluciné, je sais pas trop à quel point c’est brillant, ou si c’est prétentieux dans une vision métaphorique poussée très (trop ?) loin, ou si il faut juste arrêter la drogue xD En tous cas, le livre est une expérience, et en se laissant porter, ça reste très fun et satirique. On hallucine complètement à certaines scènes vraiment bizarres ^^
~~ Always ~~
15 mai 2025 à 21 h 48 min #210751el_shaka
- Éplucheur de Navets
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Lecture d’un roman qui est rapidement lu. C’est un livre plaisant sans être incroyable. N’étant pas un grand connaisseur de musique j’ai eu beaucoup de mal avec toutes ses références musicales qui sont tout le long du livre.
L’histoire ? Un mec de 35 ans qui est disquaire et qui a une vie amoureuse désastreuse. Il n’arrive pas à s’engager dans une relation mais et malheureux comme la pierre quand on le plaque.
Le personnage est auto-centré. Il est finalement autant attachant que détestable. Il essaye de comprendre sa vie sentimentale désastreuse par le prisme de ses 5 pires ruptures alors qu’il fait juste les mauvais choix et ne fait preuve d’aucune empathie.
Mais c’est bien écrit tout de même.
Roman rapidement lu mais qui sera probablement rapidement oublié.
15 mai 2025 à 22 h 15 min #210753R.Graymarch
- Barral
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Y a eu une adaptation ciné par Stephen Frears en 2000. Le héros est « un peu » geignard mais heureusement il y a les rôles secondaires (dont Jack Black)
Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais16 mai 2025 à 7 h 08 min #210755el_shaka
- Éplucheur de Navets
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Y a eu une adaptation ciné par Stephen Frears en 2000. Le héros est « un peu » geignard mais heureusement il y a les rôles secondaires (dont Jack Black)
Il faudrait que je la regarde par curiosité.
19 mai 2025 à 13 h 35 min #210767FeyGirl
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Le Magicien quantique (L’Évolution quantique, tome 1), de Derek Künsken
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2020 en VF (The Quantum Magician, 2018 en VO).
Voici un roman que j’ai peiné à terminer, alors qu’il est bourré d’idées géniales.
Quelque part dans l’univers, au XXVIe siècle. Belisarius est un homo quantus. Les hommes comme lui sont le fruit de manipulations génétiques des banques : il a un immense pouvoir de calcul et de gigantesques capacités cognitives. Les homo quantus habitent la Mansarde, où ils s’adonnent à la fugue quantique, comprenez : leur cerveau passe dans un mode ordinateur. Mais pas Belisarius : la fugue sollicite trop son corps et met sa vie en danger. Il est parti de la Mansarde, et a exploité ses talents pour devenir un escroc de haut vol.
Belisarius est contacté par la Sixième Force Expéditionnaire… disparue quarante ans plus tôt. Elle dispose maintenant de technologies inconnues, et veut passer en catimini à travers le trou de ver principal, l’Axe Mundi. En effet, les puissances contrôlant l’Axe lui demanderaient en rémunération de laisser trop de vaisseaux dotés de cette technologie, donc elle préfère recourir à Belisarius. Le boulot est bien payé pour notre protagoniste.
Belisarius compose une équipe de spécialistes. Pour commencer, l’IA Saint Matthieu, le meilleur des IA, qui se prend, eh bien, pour Saint Matthieu. Il veut convertir les humains au christianisme, une religion qui n’existe plus. Ensuite, William, le vieux mentor de Belisarius, condamné par la maladie et qui désire assurer l’avenir de sa fille. Marie, une ancienne soldate augmentée, artificière et frappadingue. Ensuite, Stills. Ah, Stills. Lui aussi, il est le fruit de manipulations génétiques. Ses ancêtres se sont échoués sur une planète océan, et ont dû transformer leur corps pour que leurs descendants survivent : Stills a des branchies, il est gras, et il supporte des centaines de pressions d’atmosphère pour vivre dans les profondeurs des mers. Stills et ses semblables, les Bâtards, sont laids, provocateurs et grossiers. Poursuivons avec Gates-15, un Fantoche, lui aussi fruit de manipulations génétiques. Les Fantoches, anciens esclaves des Lumens, mesurent environ un mètre, et sont programmés pour vénérer les Lumens. Manque de pot pour les Lumens, les Fantoches ont pris le pouvoir, et emprisonnent les Lumens, car les anciens esclaves ne peuvent survivre sans s’extasier devant leurs anciens maîtres. Nous avons aussi Del Casal, un généticien de génie, et enfin Cassandra, une autre homo quantus, ancien amour de Belisarius, et qui n’est intéressée que par le savoir, comme tous ses congénères.
Au-delà de cette équipe du futur, nous découvrons un univers partagé entre grandes nations suzeraines qui contrôlent de vastes pans de l’espace, et des peuples qui dominent les entrées du trou de ver Axe Mundi.
Tout le monde surveille tout le monde, que ce soit au sein de l’équipe où Belisarius ne peut être certain de la loyauté de chacun, ou entre puissances où la surveillance et l’espionnage font partie du décor. Les aventures de nos héros seront très mouvementées et prendront des airs de casse à l’échelle stellaire.
Comme je l’écrivais en introduction, j’ai peiné avec ce roman, alors que j’avais énormément apprécié sa préquelle Dans les Profondeurs de Vénus, lue auparavant.
Ce sont le style et les explications qui m’ont rebutée. J’ai trouvé que c’était tantôt lourd, tantôt brumeux. Le livre s’inscrit dans le genre hard-SF, en tentant d’imaginer le futur avec le développement de technologies quantiques, de manipulations génétiques, ou encore la création de trous de ver. Mais à maintes reprises, j’ai buté sur les descriptions, les actions et les explications scientifiques que j’ai trouvées peu claires et brouillonnes.
Je suis d’autant plus frustrée que le roman fourmille d’idées épatantes. Une petite déception pour moi.
19 mai 2025 à 17 h 07 min #210770Schrö-dinger
- Pas Trouillard
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Un petit retour sur mes dernières lectures :
Une révolution intérieure – Renforcer l’estime de soi de Gloria Steinem
Je ne lis pas beaucoup d’essais ni de livres sur le développement personnel donc je n’ai pas foncé pour le lire, mais on me l’a prêté en m’en disant beaucoup de bien alors je me suis lancé. Il s’agit d’un livre un peu hybride entre un essai sur la confiance en soi et un guide de développement personnel avec des exemples de choses à appliquer sur soi-même.
J’ai beaucoup aimé ma lecture, je l’ai trouvé très accessible, il y a beaucoup de thématiques qui sont abordées et même si tout ne m’a pas parlé, j’ai pu très souvent me sentir concerné et faire le lien avec des expériences passées.
Je recommande chaudement.The Black Farm d’Elias Witherow
Un petit roman horrifique dans lequel Nick et Jess, qui forment un couple et qui sont globalement au bout de leur vie, décident de se donner la mort dès l’introduction, ce qui va les faire atterrir dans la Black Farm, un endroit inquiétant et très dangereux. Nick se retrouve séparé de Jess et va tout faire pour la retrouver.
C’était une bonne lecture, ce n’est évidemment pas une lecture drôle du tout, il y a tout plein de triggers warning à donner, mais si on est prévenu et qu’on est pas trop sensible cela passe bien. L’univers est intéressant, il y a plein d’originalité et de mystères qui se découvrent au fur et à mesure de la lecture. Quelques longueurs et impressions de redite qui gênent un peu mais dans l’ensemble j’ai bien aimé et je lirai la suite.
Laisse moi en paix de Clare Mackintosh
Une jeune femme dont les parents se sont donnés la mort (décidemment !!) à un an d’intervalle sans donner d’explication commence à s’interroger sur les circonstances de leur disparition. C’était une lecture OK sans plus, qui m’a rappelé les derniers romans que j’ai lus de Harlan Coben. C’est à dire : un livre divertissant et plutôt prenant mais pas le genre de lecture qui reste vraiment avec moi une fois celle-ci terminée.
Les personnages sont dans l’ensemble plutôt réussis, certains sont mêmes attachants. Au niveau de l’intrigue, tout n’est pas super crédible et j’avais deviné certains points centraux.
Pas indispensable donc.
L’Engrenage de John Grisham
Trois juges qui s’ennuient en prison mettent en place un système de chantage d’hommes qui n’assument par leur homosexualité. Leur chemin va croiser, d’une manière que je ne vais pas détailler, celui de la CIA ou encore d’un candidat à la présidence des Etats-Unis (j’essaye d’être plus vague que la quatrième de couverture qui en raconte, comme toujours, trop).
Une bonne lecture, assez prenante, avec du suspense, un rythme maitrisé, des personnages globalement pas attachants du tout car plutôt antipathiques mais ils ne laissent pas indifférents.
Cela m’a motivé à découvrir les autres romans de l’auteur (c’est seulement le deuxième que je lisais de lui).
Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)
20 mai 2025 à 10 h 50 min #210772Nymphadora
- Vervoyant
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La machine à aimer de Lou Jan
Nobod est une hybride, programmée à aimer l’humanité. Mais survient un génocide cybernétique. Un bug fait qu’elle en réchappe, et on va la suivre dans son parcours d’errance.
Il y a beaucoup de thématiques intéressantes dans le roman autour de la notion du soi, du genre et notre relation à l’IA et au progrès. Mais malheureusement, je n’ai pas été convaincue par la narration du roman, qui essaye d’en faire trop : tout est un peu décousu, on suit un fil narratif puis pouf élément perturbateur on doit bouger, on suit une nouvelle intrigue et pouf rebelotte on se déplace… et ainsi de suite. L’histoire de Nobod en ressort trop touffue : on a l’impression que l’autrice n’a pas su suffisamment faire confiance à son personnage pour lui laisser le temps de vivre pleinement l’intrigue et devait tout le temps rajouter des choses. C’est un peu déroutant et fatigant pour un petit nombre de pages (le roman fait à peine 200 pages).
La plume a un côté parfois un peu surchargé également avec un vocabulaire très riche. Mais pour le coup, il y a aussi de jolis moments de descriptions et c’est plutôt maîtrisé, surtout pour un premier roman. Il y a beaucoup de qualités in fine, mais c’est dommage d’avoir voulu trop en faire. Néanmoins, l’autrice est prometteuse : il y a plein de bonnes idées, et des thématiques très riches. Je pense qu’elle en a sous la pédale !
~~ Always ~~
20 mai 2025 à 20 h 57 min #210773el_shaka
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Premier roman de Brandon Sanderson pour moi avec Manuel de survie du sorcier Frugal dans l’Angleterre médiéval.
Le personnage principal se retrouve catapulté dans ce qui semble être un royaume médiéval alors qu’il ne semble pas lui en même faire parti. Où est-il vraiment ? Pourquoi est-il là ? Son seul guide : un morceau de manuel à moitié disloqué.
Bref nous sommes dans un savant mélange de fantasy et de science fiction. Pratique : le personnage principal est amnésique ce qui va bien aidé au world-building auquel j’ai vraiment adhéré il faut le dire. Début du roman j’ai été complétement happé. En plus l’histoire est entrecoupé d’extrait du fameux manuel qui m’a un peu fait pensé aux interventions de l’intelligence artificielle dans Dungeon Crawler Carl.
Mais j’ai finalement décroché sans doute à cause des conditions de lecture pas forcément optimales. Enfin conditions d’écoute car je l’ai pris en audio. Mon esprit a un peu vagabondé ; ce qui m’est arrivé plusieurs fois sur mes derniers livres audio (peut-être pas le support le plus adapté pour moi). Si je ne suis pas complétement captivé par l’histoire je finis par décrocher complètement.
Bref pas un moment désagréable mais qui sera là assez vite oublié également.
21 mai 2025 à 7 h 20 min #210775Liloo75
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La machine à aimer de Lou Jan
Nobod est une hybride, programmée à aimer l’humanité. Mais survient un génocide cybernétique. Un bug fait qu’elle en réchappe, et on va la suivre dans son parcours d’errance.
Il y a beaucoup de thématiques intéressantes dans le roman autour de la notion du soi, du genre et notre relation à l’IA et au progrès.
J’ai lu La Machine à aimer lors de sa publication. J’avais beaucoup aimé ce premier livre. Il est vrai que les thématiques abordées sont nombreuses, pour un ouvrage assez court.
J’ai vu récemment que l’autrice a sorti un nouveau roman, Un Corps d’avance. Je pense que je vais continuer à la suivre.
- De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
- Grâce aux êtres de votre espèce.
- Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.21 mai 2025 à 11 h 02 min #210777FeyGirl
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Un lac inconnu, d’Éric Chauvier
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2025.
Bon… Comment dire ? Une énorme déception. C’est une novella d’une centaine de pages, qui ambitionne de retracer l’histoire de l’humanité, depuis la préhistoire jusqu’à un lointain futur, classant le livre dans la science-fiction.
C’est un texte avec de très fortes prétentions littéraires et philosophiques. Il nécessite de la concentration, ce qui n’est pas un problème si le reste est palpitant. Mais j’ai très vite tiqué sur des hypothèses douteuses quant au développement de l’humanité. Le langage serait né parce que nos ancêtres s’épouillaient les uns les autres (j’ai vu après coup que cette théorie existait, mais contrairement à ce que suggère l’auteur, le lien avec les poux est très indirect). Les religions auraient été créées par les tyrans (confusion entre naissance du sentiment religieux et manipulation des religions par le pouvoir). Toutes les évolutions seraient motivées par l’angoisse de la mort et la volonté d’autodestruction. Les dirigeants montrent leur haine du peuple en l’envoyant se faire massacrer à la guerre (les puissants sont méchants, et puis voilà). Les techniques de travail ont été inspirées des méthodes de mises à mort dans les abattoirs (les puissants sont méchants, on vous l’a déjà dit). Avec le progrès technologique, les poncifs marxistes sont plus explicites et surtout extrêmes, même pas revus par la recherche économique récente. Au-delà des thèses, tout le texte est empreint d’une noirceur qui finit par être pénible.
Même si des idées présentes dans le livre viennent de théories existantes, elles sont reprises au premier degré et revues avec une grille de lecture beaucoup trop militante et manichéenne pour me convaincre.
On finira avec l’IA et les étoiles, mais j’ai terminé le livre en le lisant en diagonale seulement pour savoir où l’auteur voulait en venir. Je suis venue, j’ai lu, j’ai vaincu.
Je précise que l’auteur est docteur en anthropologie. C’est donc moi qui suis bête.
26 mai 2025 à 10 h 50 min #210811FeyGirl
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La Dissonance, de Shaun Hamill
Genre : Fantastique.
Première édition : 2025 en VF (The Dissonance, 2024 en VO).
2019, au fin fond des États-Unis, trois anciens amis s’approchant de la quarantaine, et qui s’étaient perdus de vue vingt ans plus tôt, se rendent à une commémoration dans le lycée de leur ville natale.
Dès le début du roman, l’atmosphère baigne dans le fantastique. Hal, un alcoolique repenti qui travaille dans un centre d’appel, allume une cigarette en déclenchant une flamme avec ses doigts. Athena, à l’esprit déterminé, a monté une entreprise de formation sur des thèmes ésotériques qui a un petit succès, et en secret elle est impliquée dans une activité de revente d’articles magiques. Erin, quant à elle, est une vendeuse désargentée, et elle vit avec Philip qui semble ailleurs et peu mature. Les uns ressentent un tremblement de terre et voient le ciel se colorer de rouge, les autres sont attaqués par une tempête d’oiseaux qui les blessent, et juste après tous les trois reçoivent l’invitation à la commémoration de leur ancien lycée. Pendant ce temps-là, ailleurs aux États-Unis, le jeune adolescent Owen se laisse convaincre de rejoindre des camarades de son lycée pour une « cérémonie » gothique au cimetière de la ville. Soudainement, le fantastique le plus échevelé et le plus cruel entre avec fracas dans le roman.
1996 : quatre amis au collège. Hal, Athena, Erin, (donc les trois précédents) et Peter qu’on découvre, élève sérieux et réservé, habitant chez Marsh, son grand-père. Marsh leur enjoint de ne pas aller dans la forêt derrière la maison. Évidemment, cette consigne ne sera pas suivie.
Les inspirations de l’auteur sont multiples, des romanciers contemporains aux anciens contes d’autrefois, en passant par la Bible réinterprétée, pour créer un tout mystérieux, sombre, parfois spectaculaire, souvent effrayant. Effrayant car très tôt dans le récit, nous apprenons ce qu’est la Dissonance, une fracture dans le réel créée par la douleur et qui provoque la souffrance. Certaines morts sont terrifiantes. L’imagination de Shaun Hamill est riche, très riche ; il n’hésite pas à nous surprendre et à nous horrifier.
L’histoire, qui alterne entre le présent et le passé, est très mouvementée, alors même que dès le départ nous devinons qu’un drame est arrivé dans le passé. Comme on dit, « l’important est le voyage, pas l’arrivée ». La plume fluide et entraînante, accompagnée d’une atmosphère remplie de tensions et de mystères, nous pousse à en savoir plus et à ne pas lâcher le livre.
Les personnages sont un autre des points forts du roman. Nous les suivons sur deux périodes, entre les adolescents pleins de défauts et d’espoirs malgré des situations familiales difficiles, et les adultes qui ont une vie qui ne ferait pas vibrer grand monde. L’auteur arrive à les rendre émouvants, sensibles, et vivants. Shaun Hamill aime malmener les personnages auxquels on s’est attaché. Leurs relations pendant leur jeunesse sont une intrigue à elle seule ; elles auront un impact fondamental sur l’histoire et elles serreront le cœur du lecteur.
Toutefois, j’ai une critique. Si l’auteur a une ligne directrice et sait où il va, il peut utiliser des ficelles narratives pour atteindre son but. Sur la dernière partie du roman elles se multiplient, devenant des TGCM (Ta Gueule C’est Magique). Ces ficelles narratives ne nuisent pas à l’intérêt du récit, mais c’est dommage.
Ce roman reste une très bonne lecture qui accroche l’amateur de fantastique, avec une histoire marquante, un univers imaginatif, des personnages aux destins contrariés et attachants, des tensions et des dangers de tout instant, et une conclusion douce-amère qui remue.
28 mai 2025 à 11 h 30 min #210893Nymphadora
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Plus que nos dernières lectures, voici ici nos futures lectures, avec notre book haul (indécent) des Imaginales : https://www.lagardedenuit.com/imaginales-2025-quels-sont-les-livres-qui-ont-fini-dans-nos-valises/
Et vous pouvez retrouver la version vidéo de notre book haul, avec toutes nos anecdotes de dédicaces, en replay sur Youtube :
~~ Always ~~
28 mai 2025 à 13 h 45 min #210897FeyGirl
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L’aube des dragons (La ballade de Pern), d’Anne McCaffrey
(ordre d’écriture T9, ordre chronologique dans la saga T1)Genre : Science-Fantasy.
Première édition : 1990 en VF (Dragonsdawn, 1988 en VO).
Ce roman est en réalité une préquelle qui expose les origines de la saga.
Des colons atterrissent sur la planète Pern, qui avait été étudiée deux cents ans plus tôt. Commanditaires, pilotes, scientifiques, et surtout agriculteurs : le voyage est sans retour, car le vaisseau ne pouvait contenir assez de carburant. Tous ont choisi cette nouvelle vie.
L’auteure décrit comment, sur une dizaine d’années, s’instaurent les bases de ce qui sera la société pernaise. Dès le démarrage, les colons optent pour un mode de vie respectueux de l’environnement et doivent s’y adapter. La première Chute des Fils, huit ans après l’installation, est dévastatrice, inattendue et inconnue. S’en suivent les tentatives pour analyser le phénomène, et surtout les manipulations génétiques de lézards de feu pour créer les dragons que nous connaissons bien, afin de lutter contre les Fils.
Ce tome d’introduction s’éloigne de la Fantasy pour s’inscrire dans la tradition de la science-fiction, donnant des explications pseudoscientifiques aux caractéristiques de Pern. On y croit, ou pas, mais ce n’est pas l’essentiel. Le but est simplement de raconter le début de l’humanité sur Pern, et comment les colons ont affronté et surmonté les dangers.
Même si la saga est sympathique, ce roman souffre comme les autres d’une narration dépassée et peu exigeante (manque de rythme, excès de « raconté » au lieu du « montré », personnages simplistes).
Bref, on lit comme un bonbon qui rappelle l’atmosphère d’antan quand ce type de saga arrivait chez nous en France, sans en attendre autre chose qu’un peu d’évasion.
30 mai 2025 à 14 h 31 min #210933FeyGirl
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Schémas artificiels (Journal d’un AssaSynth, tome 2), de Martha Wells
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2019 en VF (Artificial Condition, 2018 en VO).
Dans cette novella, nous retrouvons AssaSynth peu de temps après les événements du tome 1. SecUnit (être artificiel chargé de la sécurité, mi-organique mi-machine) s’est libéré car il a désactivé son module superviseur. Il veut en savoir plus sur le massacre survenu avant le début de la saga, et dont on dit qu’il aurait été l’acteur principal. Il se cache pour aller sur les lieux du méfait, et doit masquer sa nature de SecUnit pour ne pas être arrêté par les compagnies.
Ce faisant, il entre par effraction sur un cargo en partance, grâce à ses nombreuses possibilités de pirater les systèmes informatiques. Lequel cargo a ses idées… Car le système du cargo, que AssaSynth surnomme EVE pour Emmerdeur de Vaisseau Expéditionnaire, s’ennuie et veut aider AssaSynth, fut-ce contre son gré. L’appui d’EVE s’avérera fort utile.
En parallèle, AssaSynth a besoin d’un contrat pour s’embarquer et vraiment jouer le rôle d’un humain, aussi accepte-t-il d’aider un groupe de chercheurs dépouillés de leurs travaux de recherche par une compagnie. AssaSynth soupçonne très vite que la compagnie en question veut piéger les chercheurs.
Dans ce tome d’une centaine de pages, nous avons donc deux arcs narratifs : la recherche de cause du massacre dont AssaSynth serait l’instigateur, et la quête des chercheurs pour retrouver leurs données. Ce sera encore une fois un récit où notre protagoniste s’avère cynique sur lui-même voire soupe au lait, étonné sur les réactions des humains, et il développe une relation nouvelle pour lui qui était solitaire : sa collaboration avec EVE. Ajoutons qu’à nouveau, AssaSynth devra utiliser les armes dans son corps pour combattre. Il continue son chemin sur une forme d’humanité, déjà esquissé lors du tome 1.
Cette deuxième novella me laisse mitigée : l’intrigue est bien menée, la découverte de l’univers se poursuit, la personnalité d’AssaSynth et ses capacités (piratages, armes) pimentent l’histoire, mais le rythme n’est pas très palpitant. On ne peut pas non plus dire que les rebondissements sont surprenants.
Heureusement, elle se lit vite, et laisse suffisamment de mystères pour inciter à lire la suite.
2 juin 2025 à 11 h 21 min #210961Nymphadora
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L’alchimie des fantômes, d’Estelle Castadère
Dans un Paris de la fin du XIXème siècle, Amaryllis est médium. Du fait de ses capacités à communiquer avec les fantômes, on vient la trouver pour résoudre un étrange meurtre rituel. Dans le même temps, un fantôme l’appelle, et semble en danger… Les deux affaires seraient-elles liées ?
Un roman que j’ai reçu dans le cadre d’une Masse Critique Babelio, et je suis malheureusement passée complètement à côté de ce livre, qui avait pourtant beaucoup de choses pour me plaire et fourmille de bonnes idées pour faire rentrer un public ado dans le fantastique. La raison de mon désamour ? Une héroïne imbuvable (vous savez, cette héroïne vue et revue dans les romans ados qui est différentes de toutes les autres, solitaire et en colère contre le monde à cause d’un passé sombre, badass et qui a pleins de répliques supposément bien senties mais qui tombent à plat…). Cette héroïne-ci a en plus dans son passé trouble des actes très sérieusement discutables qui lui sont allègrement pardonnés par le récit et les autres personnages sans qu’on s’appesantisse vraiment dessus, ce que j’ai trouvé extrêmement problématique pour un roman jeunesse.
Ajoutons à cela que j’ai trouvé l’intrigue d’une facilité terrible, avec des coïncidences heureuses, des liens entre les personnages et fils narratifs qui sont sacrément pratiques mais sont des ficelles énormissimes, le tout se combinant à des éclairs d' »intuition » pour résoudre une enquête… et du coup l’intrigue ne tient pas du tout la route. Ce n’est pas parce qu’on est dans un roman ado qu’il faut mettre des ficelles aussi énormes ! Avec en petit supplément une petite romance pas ouf pour quand même plaire aux ados, mais où jamais l’alchimie ne prend entre les deux personnages (faut dire qu’il faut se la coltiner, Amaryllis…), vraiment la lecture a été très poussive pour moi.
La plume est pourtant agréable, et nous plonge dans un joli Paris fantastique, avec une ambiance bien retranscrite. La magie des fantômes fonctionne aussi assez bien. C’est vraiment dommage que le reste ne suive pas ! J’espère que l’autrice trouvera son public et que la magie prendra mieux pour d’autres : si on se laisse porter par la plume et l’ambiance, ça peut peut-être fonctionner chez d’autres.
~~ Always ~~
2 juin 2025 à 18 h 04 min #210971FeyGirl
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Les Nefs de Pangée, de Christian Chavassieux
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2015.
Les éditions Mnemos et leur label Mu ont republié en 2024 Les Nefs de Pangée avec une nouvelle couverture réalisée par Kévin Deneufchatel, qui vient de recevoir le Grand Prix de l’Imaginaire — Wojtek Siudmak pour cette couverture en particulier et plus généralement pour le graphisme de l’ensemble de la collection. Reconnaissez qu’avec elle, vous voyagez avant même d’ouvrir le livre !
Et le roman lui-même ? Il aurait été excellent s’il n’avait pas souffert d’un important ventre mou.
L’univers et le contexte, tout d’abord : sur le continent unique de Pangée, les nefs rescapées de la neuvième chasse reviennent. Elles ont échoué à tuer l’Odalim, le monstre des mers : c’est un présage funeste qui annonce un cycle (environ une génération) de souffrances. Le lecteur comprend vite que nous sommes en réalité dans une prophétie autoréalisatrice.
Immédiatement, le peuple de Ghiom (les habitants de Pangée) décide de rallier toutes les nations afin de construire la plus grande flotte jamais réunie pour la dixième chasse. Au-delà des vaisseaux et des fournitures, les Ghioms ont un cycle pour trouver le futur commandant que désigneront les oracles. Ce sera Bhaca, accompagné de son amie d’enfance la conteuse Hammassi, un couple soudé et convaincant. Très vite, le roman souligne l’importance des récits qui transmettent la mémoire même si la réalité est revue et enjolivée. Hammassi a donc un rôle central dans la dixième chasse. Une multitude d’autres personnages vont vivre le récit sur le continent de Pangée et nous permettent de découvrir une civilisation riche, diverse et passionnante.
Les Ghiom eux-mêmes (les femelles doivent recueillir les semences de plusieurs mâles de différents types — ils sont beaucoup plus nombreux que les femelles — pour composer leurs enfants), leurs us et coutumes, leurs légendes et leurs croyances, les nombreuses régions, la faune et la flore : tout est intrigant. Les ingrédients sont là pour nous offrir une fresque épique et politique mouvementée.
Car à Basal, la capitale, si tous les efforts convergent vers la dixième chasse, certains sont plus ambitieux et le départ des nefs coïncidera avec des soubresauts annonciateurs d’un changement de régime politique, économique et religieux qui va transformer l’équilibre social.
Le premier quart du roman est excellent. On plonge dans cet univers imaginaire avec délice, servi par une belle plume élégante et évocatrice des légendes d’antan. Le lecteur se demande pourquoi les Ghioms tiennent tant à exterminer les mystérieux Flottants, un peuple de la mer qui vit sur des îles artificielles. On espère avoir la réponse, et on ne sera pas déçu ! À ce propos, si le roman apparaît d’abord comme de la Fantasy (avec un monde imaginaire, mais sans surnaturel), ce qu’on apprend après un retournement complet d’enjeu et des recherches d’Hammassi inscrit l’histoire dans la vaste famille de la science-fiction. L’intérêt est renouvelé et happe le lecteur qui se passionne pour le dernier acte.
Mais entre la fin du premier quart du roman et le début du troisième quart (soit environ la moitié du texte), le rythme s’essouffle franchement. Pourtant, bien des événements surviennent, de nouveaux personnages apparaissent (normal, puisque c’est une fresque qui dure plus d’une génération), ceux que nous avons connus dès le début continuent leurs aventures sur terre ou sur mer, mais que c’est long ! Certes, nous en apprenons davantage sur Pangée, cependant des coupes auraient été bienvenues.
Le dernier quart ranime l’attention de manière électrique. L’univers est bouleversé, et le lecteur dévore à nouveau l’histoire. La conclusion, quant à elle, est émouvante, puissante, et empreinte d’une profonde tristesse.
En conclusion : Les Nefs de Pangée est un roman que j’aurais aimé chaudement recommander si le rythme avait été mieux géré. C’est dommage, car il possède des qualités époustouflantes : un univers incroyable, des thématiques fortes, une riche galerie de personnages, et une fresque fascinante.
4 juin 2025 à 12 h 26 min #211018FeyGirl
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Des dinosaures et des fourmis, de Liu Cixin
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2025 en VF (白垩纪往事, 2004 en VO).
Imaginez qu’il y a soixante millions d’années, les dinosaures et les fourmis se sont alliés pour développer une civilisation avancée. Cixin Liu s’est prêté à cet exercice.
Tout commence par des fourmis affamées : elles nettoient les dents d’un dinosaure afin d’en extraire des restes de viande de lézard qui le gênait. C’est le démarrage d’une collaboration fructueuse (et tumultueuse) qui courra sur des milliers d’années.
Les dinosaures sont intelligents et créatifs, mais peu habiles à cause de leurs grosses griffes. Les fourmis quant à elle sont habiles, mais pas intelligentes individuellement, seulement collectivement, ce qui leur donne un esprit mécanique et non créatif (ces considérations sur l’intelligence sont des hypothèses de Cixin Liu dont je ne sais quoi penser). Les deux espèces évolueront en parallèle et en symbiose. Toutefois, les frictions seront nombreuses, notamment car les gigantesques dinosaures sont méprisants envers les frêles fourmis.
L’auteur a traité avec beaucoup d’affection les fourmis, tandis que les dinosaures sont une allégorie évidente des humains, agilité mise à part : culte de la puissance, pollution de l’environnement, guerre. À l’inverse, les fourmis sont humbles et précautionneuses de l’environnement. Et elles savent apprendre de leurs alliés. Quelques scènes mouvementées et inventions surprenantes agrémentent le récit, et donnent une vie à cette autre histoire des espèces intelligentes. On n’oublie pas les dissensions religieuses, source de conflits féroces. L’auteur nous a réservé pour la fin un grand moment de tension avec des péripéties tantôt affolantes, tantôt comiques. La conclusion est attendue (nous savons quelle espèce a survécu) et l’auteur la présente comme la conséquence implacable de la bêtise des humains, ah non, pardon, des dinosaures.
Cixin Liu nous offre ici un exercice de pensée amusant pour passer un bon moment de lecture.
Une remarque qui fâche, et qui n’a rien à voir avec l’auteur et le roman : cher éditeur, proposer un roman de 192 pages à 21 € en version papier et à 16 € en version numérique est une publicité fantastique pour les bibliothèques municipales et le marché de l’occasion.
9 juin 2025 à 10 h 23 min #211085Schrö-dinger
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Cartel 1011 : Les Bâtisseurs de Mattias Köping
Nouveau roman noir, très noir, de cet auteur dont j’avais aimé les précédents ouvrages (Les démoniaques et Le Manufacturier), où il s’intéresse cette fois-ci à un cartel mexicain, le 1011, qui va chercher à s’imposer par la force dans les commerces illégaux internationaux.
Une des particularités de l’auteur est la violence ultra-présente dans ces romans, ce qui les restreint à un public plutôt averti. J’ai trouvé que le roman commençait bien, je suis vite rentré dedans (les vacances et du temps libre m’ont bien aidé pour cela). Les chapitres consistent en des POV divers et variés, des tueurs employés par le Cartel, des chefs d’une entreprise surpuissante, des junkies français, un prêtre en mission protéger les habitants de son quartier, un colonel désabusé, un trafiquant d’animaux exotiques. Bref les chapitres se suivent et ne ressemblent pas trop, si ce n’est la violence qui sert de fil rouge tout au long du récit.
Au fur et à mesure du roman je suis un peu sorti de ma lecture, trop de morts, trop de violence, trop de manichéisme et pas assez de nuance. Il ne s’agit que d’un tome 1, je ne sais donc pas encore où l’auteur veut aller mais à l’issue de ce premier tome je ne suis pas sûr de retenir grand chose.
Sur ces thématiques, j’avais préféré la trilogie de La Griffe du Chien de Don Winslow, moins extrême et très prenant.
L’héritage de John Grisham
Alors qu’il rend visite à son père, Ray retrouve celui-ci mort, ainsi que 30 millions de dollars. De quoi lui donner quelques sources de préoccupation.
J’ai un peu moins aimé ce roman de John Grisham que les précédents, l’intrigue m’a semblé assez classique, avec des développements trop lents. Les personnages sont intéressants mais j’aurai aimé plus de surprise. Clairement pas le roman que je retiendrai de l’auteur !
Connemara de Nicolas Mathieu
Les chemins d’Hélène et de Christophe se sont croisés dans leur enfance dans l’Est de la France. Des années plus tard, alors que leurs vies ont pris des tournants très différent, est-il possible de reprendre là où ils se sont quittés ?
J’avais beaucoup aimé Leurs enfants après eux, et j’ai ressenti le même plaisir de lecture en lisant les passages qui reviennent dans le passé, pour raconter l’enfance des deux protagonistes.
Grâce à la plume de l’auteur, on voyage dans le temps et à travers la France, direction les années 80, et je m’y suis vraiment cru. En revanche, les chapitres contemporains m’ont beaucoup moins plu, avec de longs passages sur le travail en entreprise, qui m’ont semblé caricaturaux.
Dans l’ensemble, cela m’a donc moins plu que Leurs enfants après eux.
Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)
9 juin 2025 à 10 h 28 min #211086Liloo75
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Je viens de terminer Norferville de Franck Thilliez
Dans l’espace, personne ne vous entend crier, dans le Grand Nord non plus…
Léonie Rock est une métisse (elle est innue par sa mère) originaire de Norferville, une ville minière perdue dans le grand Nord canadien. Elle est partie à Montréal avec ses parents à l’âge de 16 ans, peu de temps après avoir été victime d’un viol collectif avec sa meilleure amie. Un viol dont elles n’ont jamais parlé à personne.
Vingt ans après, Léonie est devenue officier de police, loin de la région qui l’a vue naître. Elle va devoir retourner à Norferville pour les besoins d’une enquête sur le meurtre d’une femme, une française, Morgane Schaffran.
A Lyon, Teddy, le père de Morgane, apprend le décès de sa fille, avec qui il n’avait plus de contacts depuis des années. Teddy décide de se rendre à Norferville pour tenter de découvrir ce qui est arrivé à sa fille. Il pense pouvoir mettre ses talents de criminologue au service de la police locale. Ce qui n’est pas gagné.
Léonie et Teddy vont collaborer sur ce crime affreux, barbare, et découvrir toutes les ramifications qui se cachent derrière ce meurtre.
Dès le début du roman, le lecteur est confronté à un environnement hostile, qu’il ne connaît pas, le grand Nord canadien. Le climat y est rude, parfois mortel, et la population locale (blanche ou amérindienne) n’a pas forcément envie de collaborer avec les flics de la capitale, et encore moins avec un criminologue étranger.
Derrière l’enquête, passionnante à suivre, avec ses indices et ses fausses pistes, nous découvrons une culture différente, mais aussi tout un réseau de criminels que l’on devine se dessiner au fur et à mesure que les investigations progressent. Sur ce dernier point, l’auteur s’est documenté sur la disparition bien réelle de femmes amérindiennes, dont peu de gens se préoccupent parce que personne ne les recherche, ou bien parce que leurs familles sont trop pauvres pour inciter les autorités à s’y intéresser.
Franck Thilliez nous propose ici un jeu de piste afin de nous mener jusqu’au meurtrier. Un jeu de piste auquel je me suis volontiers prêtée.
Les principaux protagonistes sont attachants, avec leur lourd passé et leurs failles.
Ce n’est peut-être pas le meilleur Thilliez que j’ai lu du point de vue de l’énigme à résoudre, mais le livre se laisse appréhender avec plaisir et permet de découvrir une autre culture, avec ses côtés lumineux (la nature, la beauté, la solidarité) et aussi ses côtés sombres (l’isolement, le repli sur soi et les méfaits de l’influence nord-américaine).
- De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
- Grâce aux êtres de votre espèce.
- Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.10 juin 2025 à 12 h 16 min #211093FeyGirl
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Odyssée sous contrôle, de Stefan Wul
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 1959.
Je continue ma découverte de l’œuvre de Stefan Wul, auteur français de science-fiction à la plume suprêmement élégante et d’une inventivité géniale.
Michel est un agent de la Sécurité Impériale sous couverture. Il se rend sur la planète Émeraude, station touristique réputée. Pendant son trajet dans un vaisseau spatial qui fait la navette entre plusieurs planètes, il rencontre Inès, qui a remporté un prix de poésie dont la récompense est un voyage. Peu après, il est la cible d’une tentative d’assassinat. Arrivé sur Émeraude, Michel prend connaissance de sa mission : découvrir pourquoi des humains disparaissent sur place sans laisser de traces. Peu de temps après, Inès disparaît.
Dans ce court roman, l’auteur nous embarque à nouveau dans un récit mouvementé qui vire au pulp de manière réjouissante. L’amarrage du vaisseau en orbite ressemble à l’abordage de pirates des Caraïbes, Émeraude est une profusion de formes et de couleurs, la faune et la flore sont le reflet de l’imagination débordante de Stefan Wul. Quant aux espèces sapientes de la planète, l’auteur nous propose des cépodes, poulpes vivants à l’air libre et s’aidant de prothèses pour imiter les humains, ainsi que de mystérieux « nains gris » beaucoup trop serviables.
Ajoutons que notre héros va se retrouver en pièces détachées puis rattachées (!), et que les actions ne manqueront pas jusqu’à une quasi-fin épique… puis une vraie fin un peu décevante car l’auteur s’en sort avec une pirouette, même si avec le recul on comprend où il voulait en venir. Ça reste une belle aventure dans un monde exotique avec de nombreuses chausse-trappes pour les humains, et des péripéties où Michel, agent très doué, fait preuve de tout son savoir-faire, sa ruse et son expérience. Les personnages sont peu approfondis (surtout Inès qui sert de faire-valoir à Michel) : on est là pour l’aventure et pour le dépaysement.
Le point qui pique et que, heureusement, on ne voit plus aujourd’hui : Michel est un « jeune homme » (mais quand même déjà expérimenté, hein) dont on apprendra qu’il a vingt-quatre ans. Il pense entamer une romance avec Inès. Inès, elle, est une « jeune fille », que Michel appelle parfois « petite fille ». Je ne vous cache pas que dans ma tête, je l’ai remplacée par « jeune femme ».
Hormis cet élément très « vieille SF » qu’on préfère oublier, le texte est un excellent moment d’aventures sciencefictive surannée, créative, et écrite pour le plus grand plaisir du lecteur.
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