ACOK 34 – Catelyn IV

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Au fil des pages ACOK 34 – Catelyn IV

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    Emmalaure
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    ACOK 34 – Catelyn IV
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 33, Sansa III ACOK 35, Jon IV

    je suis confuse de poster si tard. Il y a quelques heures que ça aurait dû être fait, mais un mauvais clic m’a fait perdre le post dont je n’avais sauvegardé que la première moitié. Du coup, j’ai dû réécrire un peu vite la seconde partie.

    La bataille de l’aube n’aura pas lieu.

    Nous venions de laisser Catelyn dans la soirée, après l’échec de la rencontre entre les deux frères Baratheon, et nous la retrouvons à la nuit, attendant une bataille fratricide qui n’aura finalement pas lieu de la manière dont on s’y attend. Dans le précédent tome, nous avions déjà assisté de loin à une bataille par les yeux de Catelyn, il s’agissait de celle du Bois au Murmures et le lecteur s’attend à quelque chose de semblable, jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire jusqu’au meurtre de Renly, inattendu dans le récit, malgré une série de signes funestes depuis trois chapitres. Disons qu’en primo lecture, on s’attend plutôt à une défaite « surprise » de Renly sur le champ de bataille.
    Dans ce chapitre, on y distingue 3 parties qui vont crescendo dans le rythme et l’action : la première partie est une longue méditation nocturne de Catelyn au septuaire; la seconde partie voit le retour dans le camp, les derniers préparatifs de la bataille, une ultime tentative de trouver une solution pacifique à la lutte fratricide, et s’achève brutalement par le meurtre magique de Renly qui ouvre la troisième partie, une bataille non rangée dans la tente de Renly, avec sa Garde qui s’entretue, la confusion qui règne et la fuite de Catelyn ravissant Brienne.
    L’aube qui se lève est pour le moins funeste et la magie fait un bref retour sanglant pour changer la donne et le cours des événements.
    Comme à l’ordinaire, c’est la mise en scène et l’usage des symboles littéraires que je vais essayer de débrouiller, pour explorer des pistes d’interprétation.

    1. L’ambiance mystique

    Si la première partie ne comporte aucune action, elle permet cependant d’installer une ambiance particulière :

    It was full dark before they found the village. Catelyn found herself wondering if the place had a name. If so, its people had taken that knowledge with them when they fled, along with all they owned, down to the candles in the sept.

    Les premiers mots du chapitre sont pour installer la pleine nuit et ses ténèbres (« full dark »), dans un lieu sans nom, déserté par les vivants. Le bâtiment dans lequel pénètre Catelyn menace ruine (avec une jolie allitération spécialement là pour R.Graymarch ^^):

    Within, the seven walls were cracked and crooked.

    La phrase qui suit immédiatement – « God is one » – est une incursion directe dans la pensée de Catelyn (discours indirect libre, dont GRRM use beaucoup) et je dois avouer qu’à chaque fois, je lis « God is gone » au lieu de « God is one ». J’ignore si c’est intentionnel de la part de GRRM : comme dans la ville fantôme que Daenerys va habiter un temps a milieu du Désert rouge et dont le nom et les dieux ont été oubliés (jusqu’à la statue à la croisée de 6 rues qui a disparu), Catelyn va prier dans un lieu presque en ruine et déserté depuis un temps qu’on ignore. Dieu pourrait ici être parti avec les habitants qui ont même emmené les cierges du septuaire. Un peu plus loin, pendant sa prière et dans le silence du septuaire, Catelyn se demandera d’ailleurs si les dieux écoutent et si Ned a déjà obtenu des réponses de la part des siens :

    Not even a cricket could be heard, and the gods kept their silence. Did your old gods ever answer you, Ned? she wondered. When you knelt before your heart tree, did they hear you?

    Le silence n’est cependant pas total, mais les sons perçus sont les voix des deux hommes qui l’ont accompagnée et qui parlent de la bataille à venir.
    D’autre part, malgré ce silence, ces ténèbres et l’impression mortifère qui s’en dégage, le mouvement s’empare des lieux comme un semblant de vie ou de réponse : la lumière de la torche amenée par Ser Wendel pour Catelyn crée des ombres et les images peintes des dieux se meuvent et se transforment, juste après que notre héroïne se soit demandé si les dieux répondaient :

    Flickering torchlight danced across the walls, making the faces seem half-alive, twisting them, changing them.

    La danse accompagnant d’autres instants magiques (le rituel de Mirri Maz Duur dansant avec les ombres qu’elle a convoquées, par exemple), il est permis de s’interroger sur la perception de Catelyn : est-elle sujette à un simple effet d’optique ou bien des ombres entrent-elles vraiment dans la danse, lady, danse ? D’autant plus qu’au dehors, la voix de ser Wendel sonnant comme un tambour en alternance avec les accents tranquilles de Robar Royce, produit une sorte de musique qui accompagne les visions changeantes de Catelyn.

    Catelyn could hear Ser Wendel’s booming voice, and now and again Ser Robar’s quiet answers (…).

    La vision du Guerrier, qui incarne successivement trois paires : les deux frères couronnés et rivaux, Renly et Stannis, puis deux rois guerriers (Robb et Robert, et on notera au passage la proximité des prénoms mais aussi la proximité phonique avec le mot « robber » – « voleur »; voleur de batailles, de victoires, de couronnes, de femmes ?), et enfin deux guerriers que Catelyn considère comme des dangers pour les siens, Jon et Jaime. Ces trois paires sont suivies de la vision fugitive d’Arya, ce qui apparait au lecteur comme une vérité : Arya a bien brièvement été une guerrière. Ces visions sont effacées par un souffle de vent, de la même manière qu’un souffle de vent annoncera plus tard l’entrée de l’ombre tueuse dans la tente de Renly :

    Then a gust of wind through the door made the torch sputter, and the semblance was gone, washed away in orange glare.

    J’ajoute qu’à la fin du chapitre, à « l’ébouissement orange », vont répondre les flammes du pavillon de Renly et l’orange de l’aube (enrichi des autres nuances de lumière), mais également le rouge du sang de Renly qui s’écoule comme une marée (j’y reviendrai) et efface lui aussi dans son flot (« washed away ») son rêve de couronne. En une courte image, GRRM résume l’événement essentiel du chapitre.
    Enfin, parmi les 7, nous trouvons représenté l’Etranger, une ombre dont les étoiles à la place des yeux rappellent les yeux des Autres, d’un bleu éblouissant :

    the Stranger was neither male nor female, yet both, ever the outcast, the wanderer from far places, less and more than human, unknown and unknowable. Here the face was a black oval, a shadow with stars for eyes.

    Une fois la séance de prière achevée, les visions de Catelyn se poursuivent et l’ambiance ténébreuse et mortuaire se poursuit, se doublant d’une ambiance très winterfellienne : la première vision des chevaliers prêts au combat les montre armés de ténèbres par le Forgeron :

    The long ranks of man and horse were armored in darkness, as black as if the Smith had hammered night itself into steel.

    Dans la nuit, tous les chats sont gris et tous les chevaliers portent la couleur du loup de Winterfell :

    (…) but in the predawn gloom, neither colors nor sigils could be discerned. A grey army, Catelyn thought. Grey men on grey horses beneath grey banners.

    Le « grey » est répété quatre fois, des fois qu’on le loupe, et c’est suivi par la transformation de l’armée de renly en armée d’ombres surgissant d’une forêt morte ou hantée, ou plutôt formant eux-même cette forêt fantomatique :

    As they sat their horses waiting, Renly’s shadow knights pointed their lances upward, so she rode through a forest of tall naked trees, bereft of leaves and life.

    En d’autres termes, la puissance de Renly est déjà une illusion et un souffle ou un rayon de lumière pourrait la dissiper : notre bataille de l’aube annoncée ne se présente pas si idéalement que Renly veut le croire, comme vont le faire remarquer les deux officiers avec lesquels il discute une dernière fois du plan de bataille, à l’intérieur de sa tente : Mathis Rowan veut charger tout de suite, avant l’aube, pour profiter encore de la nuit, et Randyll Tarly ajoute qu’une fois l’aube levée, l’armée de Renly sera aveuglée par le soleil et de fait désavantagée par rapport à celle de Stannis (elle se jettera dans les « dents du soleil levant », le soleil étant donc assimilé à la gueule d’un prédateur).
    Mais Renly est un roi « incroyant » : il n’écoute pas les avertissements. Ou plutôt, il est la divinité et son meilleur serviteur – son bras armé – est celui avec lequel il est censé avoir passé la nuit en prière, et qui est présentement absent, le chevalier Loras, qui doit mener l’avant-garde. On se demande d’ailleurs s’il n’est pas promis à une mort certaine, dans ces conditions :

    (…) »He’d have us charge into the teeth of the rising sun. We’ll be half-blind. »
    « Only until first shock, » Renly said confidently. « Ser Loras will break them, and after that it will be chaos. »

    Notre Loras emprunte son imagerie à l’archange Saint Michel, l’archange guerrier qui combat le diable et ses incarnations pour faire triompher dieu et la vraie foi.
    Renly, quant à lui, est la divinité du lieu, le jeune dieu-roi de l’été, comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents. Le vert lumineux et l’or sont ses couleurs : son pavillon (enfin habité) luit comme un château magique au milieu de la forêt fantomatique formée par son armée, seule touche de lumière dans le paysage :

    The candles within Renly’s pavilion made the shimmering silken walls seem to glow, transforming the great tent into a magical castle alive with emerald light.

    Pourtant, il ne faut pas se laisser complètement abuser par cette lumière verte : l’été évoqué n’est pas joyeux et donne l’air malade aux chevaliers qui montent la garde à l’entrée :

    The green light shone strangely against the purple plums of Ser Parmen’s surcoat, and gave a sickly hue to the sunflowers that covered every inch of Ser Emmon’s enameled yellow plate.

    A l’intérieur de ce château magique, domine le roi de l’été, transformé pièce par pièce en cerf géant vert, tout aussi brillant et lumineux que sa tente :

    The king’s armor was a deep green, the green of leaves in a summer wood, so dark it drank the candlelight. Gold highlights gleamed from inlay and fastenings like distant fires in that wood, winking every time he moved.

    Là encore, le vert porte avec lui des nuances funestes : on se souvient que dans le chapitre de Catelyn 2, cette dernière regardait son reflet dans l’armure de Renly et y voyait une femme noyée; cette fois, le vert de l’armure boit la lumière plutôt qu’il n’en dégage, et ses dorures paraissent des feux distants dans les bois, comme inatteignables. L’or Baratheon inatteignable, dominé par le vert Tyrell : ce roi de l’été est bien un roi prisonnier dans son château magique, mais il ne semble pas voir sa propre prison. En outre, il n’hésite pas à mentir en déformant ou omettant des faits, comme l’anecdote sur ser Gawen lors du siège d’Accalmie, au temps de la révolte d’une partie du royaume contre Aerys Targaryen.

    Brienne brought the king’s gauntlets and greathelm, crowned with golden antlers that would add a foot and a half to his height.

    Les bois du heaume sont dorés. Cependant, Renly n’a pas le temps, justement, de se « couronner » de ce heaume : un souffle d’air froid vient balayer toutes les illusions :

    Catelyn began when a sudden gust of wind flung open the door of the tent.

    Catelyn voit l’ombre noire ressortir sur le vert et la prend d’abord pour celle de Renly :

    (…) when she turned her head, it was only the king’s shadow shifting against the silken walls. She heard Renly begin a jest, his shadow moving, (…)

    Et comme l’ombre de Peter Pan qui échappe à son propriétaire, cette ombre semble douée de sa vie propre, et tue son double :

    « Cold, » said Renly in a small puzzled voice, a heartbeat before the steel of his gorget parted like cheesecloth beneath the shadow of a blade that was not there.

    Comme les Autres surgis de la forêt hantée dans le Prologue d’AGOT, l’ombre tueuse surgit de la forêt fantomatique qui entoure le pavillon royal et vient mettre fin au rêve d’été.
    Mais comme si ce rêve sonnait faux et ne pouvait mener qu’aux ténèbres (l’armée de Renly est fantomatique et forgée par la nuit), le meurtre de Renly ramène l’aube sur le monde et semble le sauver :

    As the long fingers of dawn fanned across the fields, color was returning to the world. Where grey men had sat grey horses armed with shadow spears, the points of ten thousand lances now glinted silverly cold, and on the myriad flapping banners Catelyn saw the blush of red and pink and orange, the richness of blues and browns, the blaze of gold and yellow.

    Pourtant, ce « sauvetage » s’est fait avec l’aide d’une ombre ténébreuse et Stannis – qui devrait y gagner la couronne et la puissance de Renly – vient de commettre un fratricide :

    « (…)Hear me, it was Stannis. » The name was on her lips before she could think how it got there, but as she said it, she knew that it was true. « I swear it, you know me, it was Stannis killed him. »
    The young rainbow knight stared at this madwoman with pale and frightened eyes. « Stannis? How? »
    « I do not know. Sorcery, some dark magic, there was a shadow, a shadow. »

    Au finale, Stannis et Renly sont renvoyés dos à dos par Catelyn, car l’aube nouvelle qui se lève laisse planer une menace sur son fils Robb :

    I am the rightful king, he had declared, his jaw clenched hard as iron, and your son no less a traitor than my brother here. His day will come as well.
    A chill went throw her.

    Le chapitre s’achève sur un frisson, comme si l’hiver était bel et bien venu.

    2. L’histoire est un cercle, ce qui est arrivé arrivera encore…

    Je me suis donc interrogée sur le pourquoi de la saturation du chapitre en images symboliques : si on peut expliquer la présence de la longue médiation du début par la volonté de GRRM de surprendre ses lecteurs en changeant le ton et le rythme du récit, on a pu voir dans la première partie que ce n’est pas la seule explication : ce moment de prière installe une ambiance magique et prépare la magie effective du meurtre. D’autre part, sous le regard de Catelyn, les 7 dieux qui ne sont qu’un vont tous prendre un temps l’apparence de personnages du présent ou d’un passé proche. J’ai déjà cité le Guerrier dans lequel Catelyn voit 7 personnes différentes (encore 7, ou plutôt 6 + 1), mais on peut également citer la Mère, à travers l’oeil de laquelle court une fissure qui fait penser à des pleurs :

    A crack ran down through the Mother’s left eye. It made her look as if she were crying.

    La larme répond à sa prière à la Mère d’épargner ses fils. Elle anticipe également les futures marques portées au visage par lady Coeurdepierre, des sillons sanglants et permaments comme des larmes de sang, de la même façon que la fissure dans la pierre crée une marque permanente sous l’oeil de la Mère.
    L’image de la Mère s’incarne en la propre mère de Catelyn, morte en couches, puis en sa soeur Lysa Arryn mère d’un unique enfant avorton et à demi folle, et enfin en Cersei, elle aussi mère de trois enfants qu’elle a à coeur de protéger. Si le lecteur pourra douter de l’amour réel de Cersei envers ses enfants (surtout les deux cadets) et qu’on peut soupçonner Catelyn de projeter sur elle ses propres préoccupations immédiates, ça n’en rend pas moins vraie la conclusion à laquelle elle arrive : Bran a bien surpris l’inceste entre Cersei et Jaime et c’est ce qui lui a valu sa chute. Bien sûr, Catelyn ne voit pas toutes les implications – en particulier le rôle de Littlefinger – mais l’essentiel est bien l’adultère de la reine et la montée sur le trône d’un enfant bâtard.
    La Mère et le Guerrier ne sont pas les seuls à avoir les honneurs de l’incarnation dans le présent : l’Etrange – si catelyn ne lui associe aucune personne connue d’elle – s’accorde presque parfaitement à Arya et tout ce qu’elle a été jusqu’à présent (sauf les yeux étoilés) et sera en devenant Sans-visage :

    And the seventh face . . . the Stranger was neither male nor female, yet both, ever the outcast, the wanderer from far places, less and more than human, unknown and unknowable. Here the face was a black oval, a shadow with stars for eyes. It made Catelyn uneasy.

    Arya s’est déguisée en garçon et a été aux yeux des autres garçon et fille (et Tourte chaude continue de l’appeler par son prénom masculin, Arry), en fuite perpétuelle et toujours errante, à la fois plus qu’humaine lorsqu’elle fait preuve de compassion en situation de grand danger (pour la petite chialeuse et les trois dangereux prisonniers qu’elle sauve des flammes) et animale prédatrice dans ses futurs rêves de louve ou lorsqu’elle décide sous le coup de la colère de condamner à mort un homme (Chiswyck, dans son précédent chapitre) : avec les travaux d’Aiguille, Arya reprend à la fois le rôle d’une des Parques/Moires/Nornes (celle qui coupe le fil de la vie) mais aussi des vierges guerrières Walkyries, qui accompagnent les guerriers à la bataille (mais aussi les tuent et les emportent avec elles) et leur portent à boire dans les salles où ils festoyent au Valhala (d’une certaine façon, et bien que ce valhalla ait tout d’un enfer, c’est ce qu’elle accomplit occasionnellement à Harrenhal).
    L’association de Bran et du Forgeron qui répare me semble elle aussi intéressante, car elle va regarder du côté de la mythologie chrétienne mais aussi de la mythologie nordique. Bran acquiert ici une touche supplémentaire à sa dimension christique (il était déjà une sorte d’agneau pascal) : il est celui qui devrait réparer ce qui a été brisé, à l’instar de Jésus Christ – fils d’humble artisan charpentier – qui après sa crucifixion et sa mort terrestre va dans les limbes, en délivre les âmes des hommes morts avant son avènement et les ramène avec lui dans le Paradis perdu depuis la faute d’Adam et Eve, consacrant pleinement leur rédemption et actant leur réconciliation avec dieu. Dans la mesure où les pouvoirs de vervoyant Bran vont lui octroyer la possibilité de voir dans le passé, je fais l’hypothèse que ce qui l’attend, c’est bien la découverte des histoires du passé et la « rédemption » de vieux esprits qui continuent sans doute d’imprimer leur marque sur le présent en revenant le hanter de façon plus ou moins puissante selon les circonstances. Sous les yeux de Catelyn, l’arrivée de l’aube dispersant les brumes commes des fantômes suit cette idée de comptes non soldés avec le passé :

    The nightfires had burned low, and as the east began to lighten the immense mass of Storm’s End emerged like a dream of stone while wisps of pale mist raced across the field, flying from the sun on wings of wind. Morning ghosts, she had heard Old Nan call them once, spirits returning to their graves. And Renly one of them now, gone like his brother Robert, like her own dear Ned.

    Accalmie (là où échouent la tempête), émergeant d’un « rêve de pierre », prend des airs de Winterfell, alors qu’on voit sa masse se dresser à l’instant où l’armée grise (très Starkienne, donc) et fantomatique aux allures de forêt hantée reprend soudain des couleurs. Le chapitre précédent de Catelyn nous avait fourni la légende d’Accalmie, érigée par Durran Dieux-deuil sur les conseils d’un certain Bran le Bâtisseur (enfant) et par le jeu des analogies, Winterfell (où tomba l’hiver ^^) apparaît comme un rempart anciennement érigé contre l’hiver. Ca tombe bien, nous avions aussi un « roi de l’été » aux pieds d’Accalmie. Pourtant, c’est sous les murs d’Accalmie qu’a lieu le fratricide qui ouvre un cycle de chaos et de violence, représenté par la bataille à l’intérieur même de la tente royale, sur le corps pas encore froid de Renly. En explorant la symbolique interne à la saga, ce chapitre présente des images et des couleurs qu’on a trouvés en condensés dans le chapitre de l’arrivée de Daenerys à Qarth, je veux parler des trois murs d’enceinte de la ville qui racontent à eux seuls tout une histoire : le marbre noir aux corps enlacés et aux yeux dorés pourraient parler d’un amour interdit et nocturne qui a été surpris ; le mur du milieu – de granit gris, de fer et aux scènes de massacre – raconterait les guerres qui en découleraient (la guerre des 5 rois tire son origine de l’adultère de la reine); la mort de Renly reprend la possible symbolique du premier mur, celui de « pierre de sable »(sand stone) rouge et de cuivre, enrichi d’animaux du monde : un été flamboyant et abondant qui s’achève dans le sang et peut se dissoudre à tout instant (le grès peut être très solide comme très fragile, et je pense qu’en choisissant le mot « sand stone », GRRM appuie du côté de la fragilité).
    Poursuivant dans l’exploration de ce langage symbolique, nous voyons que la mort de Renly (toujours seigneur d’Accalmie, d’ailleurs) est métaphorisée en tempête marine et en submersion : il ya d’abord le vent qui signale l’arrivée de l’ombre, puis le sang remplace la parole, jaillit comme une source et noie le roi comme une marée :

    He had time to make a small thick gasp before the blood came gushing out of his throat.
    « Your Gr—no! » cried Brienne the Blue when she saw that evil flow, sounding as scared as any little girl. The king stumbled into her arms, a sheet of blood creeping down the front of his armor, a dark red tide that drowned his green and gold.

    On remarquera par ailleurs que le thème de la submersion et de la noyade est lié lui aussi à Winterfell, ce qui se prépare étalé sur tout le tome avec l’arc de Theon Greyjoy et des Fer-nés, épisode qui s’achèvera par l’incendie de Winterfell, de la même façon que le « château magique » de Renly finit entièrement enflammé.

    Avec cette faculté manifeste qu’ont les événements du présent de la saga de se répéter sous diverses formes, et d’incarner les échos d’événements fondamentaux du passé, plusieurs questions se posent : quel « roi de l’été est mort » autrefois et dans quelles conditions ? Qui l’a tué ? A quoi a correspondu réellement la légendaire Bataille de l’Aube ? Ouvrait-elle vraiment un jour nouveau ou n’a-t-elle fait que repousser un problème ? En a-t-elle créé un autre bien pire ? qui maniait « l’épée du héros » et à quoi a-t-elle servi vraiment ?

    La dimensions christique de Bran m’a emmenée assez loin et je vais faire un autre détour (plus court) du côté de la mythologie nordique, avec le forgeron Völund, dont l’histoire est plus sombre et regarde du côté de la vengeance. En effet, Völund est un forgeron capturé pendant son sommeil par un orgueilleux roi, qui le blesse aux jambes pour l’empêcher de s’enfuir et le force à forger pour lui et sa famille. Il se venge salement. Avant d’être capturé, il avait – avec ses deux frères – ravi trois soeurs, des femmes-cygnes, en leur retirant leur manteau de plumes (pour les empêcher de s’envoler). Dans la saga de GRRM, le personnage de Völund se télescope avec la figure de l’ours et celle du Roi Pêcheur du mythe arthurien (par exemple, la symbolique autour de Ned Stark reprend le thème du roi ours et du Roi Pêcheur, blessé à la jambe et mourant; ou encore le forgeron Donal Noye, estropié et « prisonnier » à la GDN prend un temps la place de père ours spirituel auprès de Jon Snow et contribue à le « forger », avant de mourir en combattant un vrai géant – et les géants de la saga sont régulièrement confondus avec les ours). Plusieurs personnages de la saga de GRRM vont puiser leur symbolique de ce côté (on peut citer notamment Tyrion dont les jambes tordues le font souffrir continuellement, plusieurs fois prisonnier et qui a une longue histoire avec les chaînes de tous acabit mais également avec des femmes qui empruntent elles aussi leur symbolique aux cygnes (cf Cersei) ou à un de ses aspects – aquatique ou aérien : Catelyn est un poisson là où sa soeur Lysa préfère le vol; Tyrion est aussi comparé à plusieurs reprises à un petit ours), mais c’est Bran qui concentre en lui le plus grand nombre de références dans sa construction narrative. A mon sens, c’est parce qu’en tant que futur vervoyant, découvreur de passé et « réparateur », il va concentrer en lui de nombreux possibles, dont tous n’ont pas forcément été décidés et choisis dès l’origine du personnage.

    Enfin, après avoir assisté à la mort violente d’un « roi de l’été », il reste un élément constitutif de ce personnage à explorer, je veux parler de son compagnon, son « animal fétiche », et pour ce rôle, GRRM nous offre la chevaleresse Brienne de Torth.
    On se souvient que dans l’entrevue avec Stannis, Brienne portait la bannière de Renly. Stannis, lui, avait son oiseau de proie en la personne de Melisandre.
    Brienne n’est pas un oiseau compagnon, elle regarde du côté des chiens fidèles, en cousinage avec les loups stark, et dans ce chapitre elle en adopte les attitudes. Si au début – lorsqu’elle aide Renly à revêtir son armure – ce n’est pas perceptible, en dehors d’un silence qui pourrait faire croire qu’elle n’est pas douée de la parole, elle s’animalise plus nettement après le meurtre.

    Renly tried to speak, but he was choking on his own blood. His legs collapsed, and only Brienne’s strength held him up. She threw back her head and screamed, wordless in her anguish.

    « threw back her head and scream » est une expression récurrente dans la saga. Le verbe (ici, « scream ») peut changer : « roar », « laugh » et « howl » sont les plus fréquents, le dernier accolé autant aux humains (qui rient à gorge déployée) qu’aux loups des Stark. Il n’y a pas de son articulé, on est du côté de l’animal et en particulier du loup qui hurle, en proie à une forte émotion.
    Seule de sa garde présente au moment du meurtre, son manteau se trempe du sang de Renly, dans une union tragique. Elle va l’exprimer plus tard, lorsque la parole lui sera revenue, c’est le seul moment où elle l’a tenu dans ses bras. Tandis que ses frères d’arme la croient coupable et l’attaquent, Brienne devient Renly en s’emparant de son épée et en se battant avec, au-dessus de son corps.
    Le chevalier Ser Emmon l’appelle « vile creature », lui déniant son humanité, et elle se retrouve bien seule en mêlée, comme ce sera le cas plus tard pour Vent gris à la mort de Robb, à la différence que le loup est à ce moment tenu à l’écart de son compagnon.
    Catelyn sauve Brienne en l’appelant comme Robb ou Bran font avec leurs loups : « Brienne, with me » et Brienne obéit docilement ! Robb et Bran disent « to me » ou « with me ». Certes, l’urgence de la situation nécessite l’action plus que de longues phrases, mais Catelyn a quand même eu le temps pendant la mêlée de causer avec Robar Royce pour le persuader de l’innocence de Brienne et de la sienne (pauvre et honorable Robar, qui garde la tête froide quand il a beaucoup à perdre à la mort de Renly).
    Laissant toutes ses affaires sur place, Brienne et l’épée de Renly passent en quelques mots au service de Catelyn Stark, qui s’acquiert dans ce chapitre un chien fidèle.

    Pour terminer, j’anticipe sur le chapitre suivant : quand celui de Catelyn s’achève sur la vision d’Accalmie se dressant comme un poing de pierre (la comparaison avec le poing étant issue de Catelyn III ACOK) à l’aube, le chapitre suivant va s’ouvrir à l’inverse au nord du mur,  dans la forêt hantée, sur la vision du Poing des Premiers Hommes au crépuscule. En somme, l’aube qui se lève dans le chapitre de Catelyn n’est pas la promesse d’un nouveau jour radieux d’été, mais mène droit dans les ténèbres et l’hiver.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 9 mois par Emmalaure.
    #157272
    Sandrenal
    • Pas Trouillard
    • Posts : 702

    Renly avait tenu un conseil de guerre très large dans le dernier chapitre de Catelyn. A l’aube de la bataille, ce ne sont que Mathis Rowan et Randyll Tarly qui sont présents dans la tente de Renly et qui lui conseillent d’attaquer Stannis avant le lever du soleil et de ne pas le sous-estimer. Renly écarte ces conseils de bon sens et confirme qu’il compte bien se débarrasser de son encombrant aîné.

    Quand mon frère tombera, veillez qu’on n’outrage pas sa dépouille

    On peut se poser la question de l’issue de la bataille sans la magie de Mélisandre. Stannis a 5000 hommes mais il a choisi le terrain et le moment de la bataille et il a eu le temps de se préparer. Renly a 20000 hommes, essentiellement (exclusivement ?) de la cavalerie et une bonne dose de confiance. Des batailles ont été gagnées avec des ratios pire que 1 contre 4 mais avec des armées de qualité à peu près égales, les chances de Stannis sont très minces, malgré les avantages qu’il a pris.

    C’est l’occasion pour Renly de raconter une anecdote savoureuse sur le siège d’Accalmie. Stannis n’a été dissuadé par Mestre Cressen d’envoyer des déserteurs par-dessus les remparts qu’en entendant que les déserteurs en question pourraient remplir les assiettes une fois les rats épuisés. GRRM a l’art de poser ses personnages.

    Catelyn plaide pour un Grand Conseil, au vu des révélations de Stannis et du potentiel témoignage de Bran. Une nouvelle fois, elle plaide dans le vide parce qu’outre que l’idée est complétement irréalisable, Renly n’a aucun intérêt à l’accepter. Elle s’illusionne aussi lorsqu’elle affirme que Robb déposerait sa couronne si Stannis et Renly en faisaient autant. Elle s’illusionne parce qu’elle n’a pas compris le sens de l’acclamation de Robb. Et Renly a raison lorsqu’il lui rétorque que

    les loups-garous élisent-ils leur chef de meute ?

    Cette remarque prouve une nouvelle fois la faiblesse des prétentions de Renly à être le meilleur. Les prétentions de Renly ne reposent que sur sa force et il le sait.

    Après la mort de Renly, Catelyn sauve Brienne, en convaincant Robar Royce de son innocence puis en la sortant du camp alors qu’elle aurait pu s’en laver les mains. De l’art de créer des loyautés.

    #157291
    RichardIII
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    Après la mort de Renly, Catelyn sauve Brienne, en convaincant Robar Royce de son innocence puis en la sortant du camp alors qu’elle aurait pu s’en laver les mains. De l’art de créer des loyautés.

    Yohn Royce a perdu deux fils en moins d’un an. Je me demande s’il ne va pas y avoir une crise de succession à Roches-aux-Runes prochainement, si son dernier fils meurt ce sera soit sa fille, soit lord Nestor.

    On peut se poser la question de l’issue de la bataille sans la magie de Mélisandre. Stannis a 5000 hommes mais il a choisi le terrain et le moment de la bataille et il a eu le temps de se préparer. Renly a 20000 hommes, essentiellement (exclusivement ?) de la cavalerie et une bonne dose de confiance. Des batailles ont été gagnées avec des ratios pire que 1 contre 4 mais avec des armées de qualité à peu près égales, les chances de Stannis sont très minces, malgré les avantages qu’il a pris.

    C’est vrai que sur le papier Stannis perd. Mais il a le contrôle du terrain, a certainement plus de réserves de nourritures et a un plan. On voit clairement Renly accumuler les erreurs avant la bataille : il met Loras à la place de Tarly, veut faire charger les troupes contre le soleil etc… A titre personnel, cette bataille me faisait penser à celle de Poitiers en 1356, avec un adversaire en sérieuse infériorité numérique mais avec l’avantage du terrain contre une formation de cavalerie chevaleresque, imbue de sa supériorité et inconsciente. La seule inconnue dans cette bataille qui ne fut jamais est la garnison d’Accalmie qui pouvait tenter une sortie.

    Après je pense que cette bataille n’aurait fondamentalement rien changé. Je ne vois ni Renly ni Stannis se faire capturer ou mourir, et tout deux auraient juste saigné leurs forces en vain.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #157309
    R.Graymarch
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    Évidemment en primo-lecture, on ne se doute pas de la fin (on doit se dire que Catelyn a quand même des chapitres super rapprochés). Et en relecture, je dois avouer que je ne pensais qu’à cette fin donc j’avais occulté tout ce qui arrive avant.

    On commence dans le septuaire d’un village sans nom et abandonné.

    Une petite allitération pour l’Aïeule

    the Crone wizened and wise

    Quand on arrive à l’Étranger, on parle bien vite d’ombre. Hmmm, étonnant

    Here the face was a black oval, a shadow with stars for eyes.

    Après avoir prié la Mère, il y a une interruption et le fantôme de Ned (au passage, il n’est pas établi que le « fell » de Winterfell soit pour « tomber » alors que ça peut désigner une colline. Et sous Firefox, l’extension TextAreaCache peut vous sauver la mise en sauvegardant votre saisie) et des Anciens Dieux est présent. Et ensuite, plein de monde.

    Flickering torchlight danced across the walls, making the faces seem half-alive, twisting them, changing them. The statues in the great septs of the cities wore the faces the stonemasons had given them, but these charcoal scratchings were so crude they might be anyone. The Father’s face made her think of her own father, dying in his bed at Riverrun. The Warrior was Renly and Stannis, Robb and Robert, Jaime Lannister and Jon Snow. She even glimpsed Arya in those lines, just for an instant. Then a gust of wind through the door made the torch sputter, and the semblance was gone, washed away in orange glare.

    The smoke was making her eyes burn. She rubbed at them with the heels of her scarred hands. When she looked up at the Mother again, it was her own mother she saw.

    Pour Catelyn, ça tourne mais il faut dire qu’elle n’a pas mangé de la journée. On n’est pas proche d’une expérience mystique comme quand Daenerys est aussi affaiblie par manque de nourriture ? En tout cas, Catelyn confond Lysa avec Cersei et se rapproche d’elle par leur statut de mère.

    Quant aux « pouvoirs » de chaque face des Sept, cela peut être trompeur

    There was as much beauty in the Crone as in the Maiden, and the Mother could be fiercer than the Warrior when her children were in danger. Yes . . .

    Catelyn repense à l’inceste (pire que les bâtards, ah ben encore heureux Cat. On sait que t’aimes pas Jon mais quand même^^) puis à Bran. Elle repart vers le camp et à défaut d’ombre, tout est gris… je l’avais noté aussi, c’est fantômatique, spectral

    A grey army, Catelyn thought. Grey men on grey horses beneath grey banners.

    As they sat their horses waiting, Renly’s shadow knights pointed their lances upward, so she rode through a forest of tall naked trees, bereft of leaves and life. Where Storm’s End stood was only a deeper darkness, a wall of black through which no stars could shine, but she could see torches moving across the fields where Lord Stannis had made his camp.

    Chez Renly pourtant il fait chaud et Catelyn demande à lui parler (notez le « Your Grace »)

    It was pleasantly warm inside, the heat shimmering off the coals in a dozen small iron braziers. “I must speak with you, Your Grace,” she said, granting him a king’s style for once, anything to make him heed her.

    La demande n’est pas accordée car Renly est en préparation de guerre, mais il laisse Catelyn rester. Les deux lieutenants, Rowan et Tarly souvent tellement différents sont d’accord pour attaquer de nuit mais Renly est contre

    “Your Grace,” Mathis Rowan said with a sideways glance at Catelyn. “As I was saying, our battles are well drawn up. Why wait for daybreak? Sound the advance.”

    “And have it said that I won by treachery, with an unchivalrous attack? Dawn was the chosen hour.”

    “Chosen by Stannis,” Randyll Tarly pointed out. “He’d have us charge into the teeth of the rising sun. We’ll be half-blind.”

    “Only until first shock,” Renly said confidently. “Ser Loras will break them, and after that it will be chaos.” Brienne tightened green leather straps and buckled golden buckles. “When my brother falls, see that no insult is done to his corpse. He is my own blood, I will not have his head paraded about on a spear.”

    “And if he yields?” Lord Tarly asked.

    “Yields?” Lord Rowan laughed. “When Mace Tyrell laid siege to Storm’s End, Stannis ate rats rather than open his gates.”

    En effet, il apparaît que Stannis ne se rendra pas. Cela dit, Renly se trompe, ment ou a de faux souvenirs (en même temps, il avait 4-5 ans) sur le siège d’Accalmie

    “Well I remember.” Renly lifted his chin to allow Brienne to fasten his gorget in place. “Near the end, Ser Gawen Wylde and three of his knights tried to steal out a postern gate to surrender. Stannis caught them and ordered them flung from the walls with catapults. I can still see Gawen’s face as they strapped him down. He had been our master-at-arms.”

    Lord Rowan appeared puzzled. “No men were hurled from the walls. I would surely remember that.”

    Maester Cressen told Stannis that we might be forced to eat our dead, and there was no gain in flinging away good meat.” Renly pushed back his hair. Brienne bound it with a velvet tie and pulled a padded cap down over his ears, to cushion the weight of his helm. “Thanks to the Onion Knight we were never reduced to dining on corpses, but it was a close thing. Too close for Ser Gawen, who died in his cell.”

    Catelyn demande à nouveau un mot, Renly renvoie ses commandants et demande qu’on épargne Barristan, au cas où

    “I know that old man. He needs a king to guard, or who is he? Yet he never came to me, and Lady Catelyn says he is not with Robb Stark at Riverrun. Where else but with Stannis?”

    Renly a partiellement raison mais Barristan préfère garder une reine qu’un roi^^ Catelyn fait une nouvelle offre (sans savoir si Robb l’accepterait) mais ce n’est plus le moment

    “Robb will set aside his crown if you and your brother will do the same,” she said, hoping it was true. She would make it true if she must; Robb would listen to her, even if his lords would not. “Let the three of you call for a Great Council, such as the realm has not seen for a hundred years. We will send to Winterfell, so Bran may tell his tale and all men may know the Lannisters for the true usurpers. Let the assembled lords of the Seven Kingdoms choose who shall rule them.”

    Puis, c’est l’événement. Marrant comment Catelyn sent qui est le commanditaire. On est purement dans le domaine de la perception, ou sinon elle rationalise ce qu’elle sent (qui d’autre aurait pu agir ainsi ?). Et on reparle de l’ombre

    “I beg you in the name of the Mother,” Catelyn began when a sudden gust of wind flung open the door of the tent. /

    She heard Renly begin a jest, his shadow moving, lifting its sword, black on green, candles guttering, shivering, something was queer, wrong, and then she saw Renly’s sword still in its scabbard, sheathed still, but the shadowsword . .

    “Cold,” said Renly in a small puzzled voice, a heartbeat before the steel of his gorget parted like cheesecloth beneath the shadow of a blade that was not there. He had time to make a small thick gasp before the blood came gushing out of his throat.

    The shadow. Something dark and evil had happened here, she knew, something that she could not begin to understand. Renly never cast that shadow. Death came in that door and blew the life out of him as swift as the wind snuffed out his candles.

    Robar Royce and Emmon Cuy sont encore là (je les avais bien oubliés ceux là) avec Brienne. Le tableau est assez… graphique

    The rainbow cloak that hung from her shoulders had turned red where the king’s blood had soaked into the cloth.

    Catelyn est une des rares à avoir compris la situation et une fois encore, sa parole est impuissante pour infléchir les événements
    “NO!” Catelyn Stark screamed, finding her voice at last, but it was too late, the blood madness was on them, and they rushed forward with shouts that drowned her softer words.
    Une fois encore, Brienne est impressionnante
    Brienne moved faster than Catelyn would have believed. Her own sword was not to hand, so she snatched Renly’s from its scabbard and raised it to catch Emmon’s axe on the downswing. A spark flashed blue-white as steel met steel with a rending crash, and Brienne sprang to her feet, the body of the dead king thrust rudely aside. Ser Emmon stumbled over it as he tried to close, and Brienne’s blade sheared through the wooden haft to send his axehead spinning. Another man thrust a flaming torch at her back, but the rainbow cloak was too sodden with blood to burn. Brienne spun and cut, and torch and hand went flying. Flames crept across the carpet. The maimed man began to scream. Ser Emmon dropped the axe and fumbled for his sword. The second man-at-arms lunged, Brienne parried, and their swords danced and clanged against each other. When Emmon Cuy came wading back in, Brienne was forced to retreat, yet somehow she held them both at bay. On the ground, Renly’s head rolled sickeningly to one side, and a second mouth yawned wide, the blood coming from him now in slow pulses.
    Puis Catelyn arrive à s’exprimer et à faire entendre raison à Robar alors que persuader que c’est Stannis, c’est clairement compliqué

    “She is innocent, Robar. You have my word, on my husband’s grave and my honor as a Stark!”

    That resolved him. “I will hold them,” Ser Robar said. “Get her away.” He turned and went out.

    Puis comme noté au-dessus, Catelyn arrive à recruter Brienne

    “He was laughing one moment, and suddenly the blood was everywhere . . . my lady, I do not understand. Did you see, did you . . . ?”

    “I saw a shadow. I thought it was Renly’s shadow at the first, but it was his brother’s.”

    “Lord Stannis?”

    “I felt him. It makes no sense, I know . . .”

    It made sense enough for Brienne. “I will kill him,” the tall homely girl declared. “With my lord’s own sword, I will kill him. I swear it. I swear it. I swear it.”

    Et en effet, tout est perdu pour Renly mais le gris fait place aux couleurs, un peu comme si on sortait d’un autre monde, d’un entre-deux qui est en dehors de notre réalité mais qui peut la toucher.

    As the long fingers of dawn fanned across the fields, color was returning to the world. Where grey men had sat grey horses armed with shadow spears, the points of ten thousand lances now glinted silverly cold, and on the myriad flapping banners Catelyn saw the blush of red and pink and orange, the richness of blues and browns, the blaze of gold and yellow. All the power of Storm’s End and Highgarden, the power that had been Renly’s an hour ago.

     

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #157441
    Sandor is alive
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    Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce chapitre, c’est la description du meurtre de Renly. Le rythme est rapide (l’action se déroule en moins de deux pages dans mon édition vf), il n’y a aucun abus d’effet littéraire, il n’y a pas un mot en trop. Cela rend ce passage d’autant plus brutal et réaliste (si on met de côté l’aspect sorcellerie bien sûr).

    Je suis d’accord avec vous pour dire que Catelyn est particulièrement intuitive. Et cette fois son impulsivité la sert, contrairement au moment où elle enlève Tyrion (la fausse bonne idée).

    D’ailleurs, c’est lors de ce court séjour dans le sud que je l’apprécie le plus. En général je la trouve trop négative, pessimiste, voire pusillanime. Mais lorsque elle est auprès de Renly et Stannis je trouve qu’elle incarne avant tout une certaine sagesse, peut-être par contraste avec eux…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch. Raison: voirE
    #157943
    Sandrenal
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    On peut se poser la question de l’issue de la bataille sans la magie de Mélisandre. Stannis a 5000 hommes mais il a choisi le terrain et le moment de la bataille et il a eu le temps de se préparer. Renly a 20000 hommes, essentiellement (exclusivement ?) de la cavalerie et une bonne dose de confiance.

    Je me suis souvenu d’un parallèle historique qui colle assez bien : les 2 batailles remportées par Robert Bruce contre les anglais à Loundoun Hill (1307) et Bannockburn (1314). Robert Bruce livre les 2 batailles en infériorité numérique flagrante (1 contre 4, 1 contre 5), sans cavalerie contre une cavalerie très forte. Dans les 2 cas, il utilise le terrain à son avantage. Et ses victoires ne sont pas des victoires à la Pyrrhus. Rowan et Tarly ont donc sans doute raison d’inciter Renly à la prudence.

     

    #157947
    Pandémie
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    Pas vraiment comparable non. Déjà du point de vue tactique, à Bannockburn, les Anglais n’avaient que 10-20% de cavalerie. Or les Écossais ont failli céder, ça aurait été le cas s’ils avaient dû faire face à une charge lourde sur tous leurs flancs. De plus Stannis a une forteresse ennemie dans le dos d’où une sortie même modeste pourrait le mettre en difficulté. Mais c’est surtout au niveau stratégique que les différences sont flagrantes, les Écossais sont chez eux sur un terrain qu’ils contrôlent, avec la possibilité de fuir dans de multiples directions et de trouver des soutiens, tandis que les Anglais n’ont que leurs forteresses et Londres est à perpète. Stannis lui n’a comme seule option de reprendre la mer, tandis que Renly a 80 000 hommes qui le rejoignent encore.

    Stannis n’a jamais eu l’intention d’affronter Renly à la loyale, il le dit expressément, il est venu avec la conviction que Mélisandre avait raison sur la mort de Renly, la seule option pour lui à Accalmie.  Sinon, il aurait sans doute suivi ses conseillers et tenté de prendre Port-Réal. Ses préparatifs sont là pour augmenter ses probabilités selon le timing qu’il ne maîtrise pas (je pense qu’il me savait sincèrement pas comment Mel s’y prendrait) et se prévenir contre une charge d’hommes loyaux genre Loras, qui aurait pu vouloir le tuer au lieu de fuir. La déroute de Renly sans sa mort n’aurait que retardé l’inéluctable, l’Orage et le Bief auraient toujours été en majorité sous le contrôle de Renly.

    Tarly et Rowan conseillent surtout d’être prudent parce que la mort massive de la fine fleur de la noblesse conduirait à des dissensions internes et des problèmes de succession affaiblissant le parti de Renly, même Stannis mort. Pas vraiment parce qu’ils pensent pouvoir perdre, c’est pas le genre des bonshommes de partir perdants.

    #158764
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Merci pour vos analyses et tous ces détails stratégiques ! Je passe ici juste pour rajouter quelques citations en français.

    Dans ma relecture j’ai surtout été impressionné par tous les jeux de couleurs et d’ombre et de lumières : d’abord la nuit noire puis dans le septuaire les torches qui font danser les ombres

    Les flammes de la torche animaient les murs d’ombres dansantes qui, tordant et modifiant leurs traits, donnaient aux faces un air à demi vivant. Les statues des grands septuaires urbains n’arboraient jamais pour visages que le choix de chaque sculpteur, alors que par leur rusticité même ces barbouillages représentaient n’importe qui. […] Avant que, se ruant par la porte, une bouffée de vent ne fasse crépiter la torche et ne disperse la ressemblance et ne l’efface en une explosion de lumière orange.

    Ensuite la première description de l’armée avant l’arrivée du jour :

    Une armée grise, songea Catelyn. Des hommes gris sur des chevaux gris sous des bannières grises.

    Il faut attendre l’arrivée à la tente de Renly pour voir enfin les couleurs, toutes les couleurs :

    L’éclairage intérieur qui embrasait ses murs de soie chatoyante métamorphosait le grand pavillon de Renly en une espèce de château magique illuminé par quelque émeraude de féerie. Deux gardes arc-en-ciel en flanquaient la portière, et, tout en coulant des reflets bizarres aux prunes violettes brodées sur le surcot de ser Parment, la lumière verte affectait d’un ton souffreteux l’émail jaune des tournesols sous lesquels croulait littéralement la plate de ser Emmon. De longues plumes de soie panachaient leurs heaumes, et leurs épaules étaient drapées du manteau arc-en-ciel.

    Enfin voici Renly :

    Verte était l’armure du roi, verte comme les feuilles au fond des bois, l’été, d’un vert si sombre qu’il absorbait l’éclat des chandelles. Et, tels des feux lointains dans les bois, brillaient et s’éteignaient au moindre mouvement les ors des attaches et des filigranes.

    L’obscurité revient alors d’une manière inattendue :

    Croyant avoir aperçu comme un mouvement, elle se retourna, ce n’était que l’ombre agitée du roi sur les parois de soie. Elle entendit Renly lâcher le début d’une blague, tandis que son ombre se déplaçait, brandissait l’épée, noir sur vert, que les chandelles dégouttaient, prises de tremblote, quelque chose était détraqué, loufoque, surtout que l’épée de Renly, s’aperçut-elle alors, se trouvait toujours au fourreau, toujours au fourreau ! mais que l’épée d’ombre…

    Le drame vient de se produire et une nouvelle couleur arrive qui domine les autres :

    [ Renly : ] Une nappe de sang allait s’élargissant sur son pectoral, une marée pourpre qui noyait le vert et l’or. […]
    [Brienne : ] Le manteau arc-en-ciel qui la drapait s’était imbibé de rouge.

    Le combat s’engage entre Brienne la Bleue et Emmon le Jaune (tournesol)

    Une étincelle bleu-blanc fusa quand l’acier rencontra l’acier dans un vacarme épouvantable,

    Enfin le soleil se lève et les couleurs reviennent, mais tout est changé :

    Avec l’aurore qui déployait ses longs doigts au travers des champs, le monde reprenait couleur. Là où stationnaient peu auparavant sous des piques d’ombre des hommes gris montés sur des chevaux gris, là scintillaient désormais, froids comme vif-argent, dix mille fers de lance, et sur les myriades de bannières battantes venaient éclore le rouge, l’orange et le rose, les mille nuances des bleus et des bruns, des flamboiements de jaune et d’or.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 8 mois par R.Graymarch. Raison: impressioné
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