ADWD 23 – Tyrion VI

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    Sandrenal
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    ADWD 23 – Tyrion VI
    Au fil des pages – liste des sujets

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    Le chapitre s’ouvre sur une bonne nouvelle : Tyrion est vivant.

    « Notre défunt nain nous est revenu », commenta Haldon

    La nouvelle semble être bonne pour tout le monde sauf pour le principal intéressé qui n’est pas du tout sorti de son état dépressif.

    « Griff m’a remonté ? » Il doit vraiment me haïr, sinon il m’aurait laissé mourir.

    Bien qu’ayant échappé à la noyade, Tyrion n’est pas forcément sorti d’affaire puisque sa baignade forcée en fait un potentiel malade de la grisécaille.

    « Combien de temps dois-je continuer à me torturer ? Quand serons-nous certains que je suis sain ?

    — En vérité ? demanda le Demi-Mestre. Jamais. Tu as avalé la moitié du fleuve.

    Le temps que Tyrion revienne à lui, la Farouche Pucelle a poursuivi sa route et se trouve désormais à Selhorys, avant-poste volantain sur la rive orientale de la Rhoyne, actuellement menacée par des dothrakis.

    Les triarques craignent une attaque contre Selhorys, de toute évidence. »

    Tyrion saisit assez vite la situation. Seule des principales villes du fleuve, Selhorys occupait la rive orientale de la Rhoyne, ce qui la rendait beaucoup plus vulnérable aux seigneurs du cheval que ses sœurs sur l’autre berge. Toutefois, elle demeure un maigre butin. Si j’étais khal, je feindrais de guigner Selhorys, laisserais les Volantains se ruer à sa défense, puis j’obliquerais vers le sud pour galoper vers Volantis elle-même.

    Tyrion raisonne à nouveau en grand seigneur ouestrien. L’idée est bonne mais inadaptée aux conditions locales. Les dothrakis n’ont aucun intérêt à attaquer Volantis directement puisqu’ils ne savent pas mener un siège.

    Après avoir percé à jour les mystères de Griff et Griff le Jeune, Tyrion est dans l’impasse concernant Lemore.

    Lemore avait quitté ses robes de septa pour une tenue plus appropriée à l’épouse ou à la fille d’un marchand prospère. Tyrion l’observa avec attention. Il avait décelé assez aisément la vérité sous les cheveux teints en bleu de Griff et Griff le Jeune, et Yandry et Ysilla ne semblaient point autres que ce qu’ils disaient, tandis que Canard l’était un peu moins. Lemore, cependant… Qui est-elle, réellement ? Pourquoi est-elle ici ? Pas pour de l’or, selon mon jugement. Que représente ce prince, pour elle ? A-t-elle jamais été vraiment septa ?

    Le lecteur et le relecteur en sont au même point que Tyrion sur Lemore.

    I. La leçon de Tyrion

    Tyrion manipule (facilement) Aegon pour le pousser à une partie de cyvosse au cours de laquelle il va lui dispenser quelques leçons.

    Le prince lui jeta un regard méfiant. « J’en ai soupé, du cyvosse.

    — Soupé de perdre contre un nain, voulez-vous dire ? »

    La remarque piqua l’orgueil du jeune homme, exactement comme Tyrion s’y attendait.

    Le cyvosse occupe une place importante dans l’arc de Tyrion, et particulièrement dans ce chapitre. Le principe est le même que celui des échecs. Chaque joueur dispose de plusieurs types de pièces qui ont chacune leur caractéristique et le but est de capturer le roi adverse. Au cyvosse, chaque joueur dispose librement ses pièces au début de la partie et une variable supplémentaire est ajoutée avec le terrain qui influe sur le déplacement des pièces. L’ouverture est déjà à l’avantage de Tyrion.

    Griff le Jeune disposa son armée pour l’attaque, avec dragon, éléphants et cavalerie lourde en avant-garde. Une formation de jeune homme, aussi hardie que sotte. Il prend tous les risques en visant l’écrasement rapide.

    Comme aux échecs, le caractère d’une personne détermine la façon dont il joue. Aegon est jeune, impulsif et téméraire. Tyrion est réfléchi et retors. L’issue est jouée d’avance.

    Lorsque le prince tendit la main vers son dragon, Tyrion s’éclaircit la voix. « Je ne ferais pas ça, à votre place. Avancer trop tôt son dragon est une erreur. » Il sourit d’un air innocent. « Votre père connaissait les dangers d’un excès de hardiesse.

    En soi, le conseil est bon. Jouer sa dame en début de partie est généralement associé aux débutants aux échecs et le dragon en est l’équivalent. Mais Aegon va prendre le conseil de la mauvaise façon et surprotéger son dragon. Le cyvosse est un prétexte pour Tyrion qui joue un autre jeu via la conversation qu’il engage en parlant de Rhaegar pour mieux basculer vers Daenerys.

    Et une fois la mort du prince du Pissat assurée, l’eunuque vous a transféré en contrebande de l’autre côté du détroit chez son ami pansu le marchand de fromages, qui vous a caché sur une barge et a déniché un lord en exil disposé à passer pour votre père. Voilà qui constitue en effet une splendide histoire, et les bardes broderont à loisir sur votre évasion, lorsque vous aurez gagné le Trône de Fer… en supposant que notre belle Daenerys vous prenne pour consort.

    — Elle le fera. Elle le doit.

    — Le doit ? » Tyrion fit un petit bruit de reproche. « Ce n’est point un mot que les reines aiment à entendre.

    On peut déceler une ombre de doute dans les propos de Tyrion (la splendide histoire, les bardes) mais l’objectif de Tyrion vise le plan de Varys et Illyrio.

    « Je sais qu’elle a passé son enfance en exil, dans la misère, à vivre de rêves et de projets, courant de cité en cité, toujours dans la peur, jamais en sécurité, sans amis sinon un frère qui, selon tout ce que l’on en dit, était à moitié fou… Un frère qui a vendu sa virginité aux Dothrakis contre la promesse d’une armée. Je sais que quelque part dans les herbes ses dragons ont éclos, et elle aussi. Je sais qu’elle est fière. Comment ne le serait-elle pas ? Que lui reste-t-il d’autre que l’orgueil ? Je sais qu’elle est forte. Comment ne le serait-elle pas ? Les Dothrakis méprisent la faiblesse. Si Daenerys avait été faible, elle aurait péri avec Viserys. Je sais qu’elle est féroce. Astapor, Yunkaï et Meereen en apportent assez de preuves.

    Pour quelqu’un qui n’a jamais rencontré Daenerys, Tyrion s’en fait une assez bonne idée, une idée en tout cas plus proche de la réalité que la fiction qui a été mise dans la tête d’Aegon qui se réfugie derrière Jon Connington.

    « Dis ce que tu voudras. Elle deviendra mon épouse, lord Connington y veillera. J’ai confiance en lui comme s’il était de mon propre sang.

    — Peut-être devriez-vous jouer le fou à ma place. Ne vous fiez à personne, mon prince. Ni à votre mestre sans chaîne, ni à votre faux père, ni au preux Canard ni à la charmante Lemore ni à tous ces beaux amis qui vous ont fait croître à partir de rien. Par-dessus tout, ne vous fiez ni au marchand de fromages, ni à l’Araignée, ni à cette petite reine dragon que vous vous êtes mis en tête d’épouser. Toute cette défiance vous aigrira le ventre et vous tiendra éveillé la nuit, certes, mais mieux vaut cela que le long sommeil qui n’a point de fin. »

    Encore un bon conseil mais un conseil dangereux. Il y a peu de distance entre la prudence et la paranoïa et il est peu probable qu’Aegon avec son peu d’expérience soit capable de faire la différence entre les deux.

    — Si j’étais à votre place ? Je partirais à l’ouest, plutôt qu’à l’est. Je débarquerais à Dorne et je déploierais mes bannières. Jamais les Sept Couronnes ne seront plus mûres pour une conquête qu’à l’heure actuelle. Un roi enfant siège sur le Trône de Fer. Le Nord est plongé dans le chaos, les terres du fleuve dans la dévastation, un rebelle tient Accalmie et Peyredragon. Avec l’arrivée de l’hiver, le royaume va manquer de nourriture. Et qui reste-t-il pour s’occuper de tout ceci, qui gouverne le petit roi qui gouverne les Sept Couronnes ? Mais ma douce sœur, voyons. Personne d’autre. Mon frère, Jaime, a soif de batailles, mais point de puissance. Il a fui toutes les occasions de régner qui se sont présentées. Mon oncle Kevan ferait un régent fort passable si quelqu’un lui en imposait la charge, mais jamais il ne tendra la main pour la prendre. Les dieux l’ont modelé pour être un acolyte, et non un meneur. » Enfin… les dieux et le seigneur mon père. « Mace Tyrell empoignerait avec joie le sceptre, mais ma famille risque peu de s’écarter pour le lui céder. Et tout le monde déteste Stannis. Qui cela laisse-t-il ? Ma foi, rien que Cersei.

    « Westeros est en lambeaux et en sang, et je ne doute pas qu’en ce moment même ma douce sœur soit en train de panser ses plaies… avec du sel. Cersei est aussi douce que le roi Maegor, aussi dévouée qu’Aegon l’Indigne, aussi sage qu’Aerys le Fol. Elle n’oublie jamais un affront, réel ou imaginaire. Elle considère la prudence comme de la couardise et la contradiction comme du défi. Et elle est avide. Avide de puissance, d’honneurs, d’amour. Le règne de Tommen s’appuie sur toutes les alliances que le seigneur mon père a soigneusement édifiées, mais très bientôt elle les anéantira, jusqu’à la dernière. Débarquez et brandissez vos bannières, et les hommes courront se rallier à votre cause. Les lords, grands et petits, et les petites gens aussi. Mais n’attendez point trop longtemps, mon prince. Le moment ne durera pas. La marée qui vous porte en cette heure se retirera bientôt. Veillez à atteindre Westeros avant que ma sœur ne tombe et que quelqu’un de plus compétent ne prenne sa place.

    Le véritable objectif de Tyrion était de lâcher Aegon et la Compagnie Dorée sur Westeros. Encore une fois, le conseil n’est pas mauvais. Aller chercher Daenerys à Meereen en perdant la moitié des effectifs au passage pour potentiellement se faire rire au nez comme un certain Martell, et sans pouvoir faire le chemin en sens inverse n’est pas l’idée du siècle. La lecture par Tyrion de la situation politique de Westeros est exacte : « malheur à toi, pays dont le roi est un enfant ». Stannis est provisoirement hors jeu. Jaime et Kevan ont des capacités mais n’ont pas suffisamment de volonté de puissance pour prendre le pouvoir par la force. Ce qui laisse Cersei au pouvoir qui détruit méthodiquement le système d’alliances bâti par Tywin et met Lannister et Tyrell à couteaux tirés. Tyrion a également raison de penser que Cersei ne restera pas longtemps au pouvoir et qu’il faut profiter du moment où elle y est encore (Varys pensera la même chose en assassinant Kevan).

    L’idée n’est pas mauvaise mais elle ne va pas sans risque. Qu’Aegon ne parvienne pas à rallier du soutien à Westeros ou que la Compagnie Dorée se fasse battre rapidement et l’aventure sera terminée aussi vite qu’elle a commencée. Ce qui est ironique, c’est que l’idée que Tyrion met dans la tête d’Aegon pourrait bien aboutir à l’exact inverse du plan initial de Tic et Tac. Viserys et les dothrakis devaient ouvrir la voie pour Aegon et Aegon risque bien d’ouvrir la voie pour Daenerys.

    Pourquoi Tyrion veut-il faire partir Aegon vers l’ouest ? Probablement un peu d’hostilité envers Varys et Illyrio mais principalement pour assouvir sa vengeance contre sa famille. A ce stade, Tyrion peut raisonnablement penser qu’il continuera son voyage avec Aegon et ses compagnons et ne peut pas savoir qu’il ira vers Daenerys. Il doit donc penser avoir suffisamment de chances de réussir (au moins à se venger de Cersei, pas sûr qu’il soit très intéressé à maintenir Aegon au pouvoir).

    Il convainc Aegon que Daenerys le rejoindra une fois sa conquête commencée. Il est en effet probable qu’elle en ait envie mais Tyrion passe sous silence les difficultés qu’engendrera la guerre entre la coalition esclavagiste et Meereen ainsi que le problème toujours réel de la logistique pour atteindre Westeros.

    Qu’elle entende dire que le fils assassiné de son frère Rhaegar est toujours en vie, que ce vaillant garçon a levé une fois de plus l’étendard de ses aïeux en Westeros, qu’il livre une guerre désespérée pour venger son père et revendiquer le Trône de Fer au nom de la maison Targaryen, assailli de tous côtés… Et elle volera auprès de vous aussi vite que l’eau et le vent la pourront porter. Vous êtes le dernier représentant de sa lignée et, par-dessus tout, cette Mère des Dragons, cette Briseuse de Fers, devient une salvatrice. La jeune fille qui a noyé les cités des esclavagistes dans le sang plutôt que de laisser des étrangers dans leurs chaînes pourrait difficilement abandonner le fils de son propre frère en son heure de grand péril.

    Ayant semé l’idée dans le cerveau d’Aegon, Tyrion met fin à la partie.

    « Votre Grâce me pardonnera, J’espère. Votre roi est mon prisonnier. Mort en quatre coups. »

    Le prince fixa le tablier de jeu. « Mon dragon…

    — … se trouve trop loin pour vous sauver. Vous auriez dû le placer au centre de la bataille.

    — Mais vous m’avez dit…

    — J’ai menti. Ne vous fiez à personne. Et gardez votre dragon à proximité. »

    Tyrion en rajoute une couche sur la paranoïa et distille au passage un autre conseil avisé : garder son dragon à proximité.

    II. Selhorys

    Une nouvelle alarmante pousse Griff à envoyer Haldon et Tyrion à terre afin de glaner des informations.

    Nous avons des nouvelles qu’il devrait entendre. Le nom de la reine court sur toutes les lèvres, à Selhorys. On dit qu’elle trône toujours à Meereen, en grave péril. S’il faut croire les ragots du marché, l’Antique Volantis ne tardera plus à se joindre à la guerre contre elle. »

    La fille n’a jamais pris la route pour l’ouest. Sans doute avait-elle de bonnes raisons. Entre Meereen et Volantis s’étendaient cinq cents lieues de déserts, de montagnes, de marécages et de ruines, en sus de Mantarys et de sa sinistre réputation. Une cité de monstres, à ce qu’on dit, mais si Daenerys prend la voie de terre, où pourrait-elle s’adresser pour obtenir de l’eau et des vivres, sinon ? La voie de mer serait plus rapide, mais si elle ne possède pas de vaisseaux…

    Haldon et Tyrion croisent des soldats volantains, qui ont la particularité d’être des esclaves-soldats.

    Les esclaves soldats de Volantis ressentaient une fierté farouche vis-à-vis de leurs rayures de tigres, Tyrion le savait. Souhaiteraient-ils être libres ? se demanda-t-il. Que feraient-ils si cette reine enfant leur accordait la liberté ? Que sont-ils, sinon des tigres ? Que suis-je, sinon un lion ?

    La réflexion est particulièrement pertinente et pourrait bien poser problème à Daenerys si elle s’attaquait à Volantis. Tyrion croise également une statue décapitée qui nous donne un nouvelle information sur l’histoire volantienne.

    – Le triarque Horonno. Un héros volantain du Siècle de Sang. Il a été réélu triarque chaque année, pendant quarante ans, jusqu’à ce qu’il se lasse des élections et se proclame triarque à vie. Les Volantains n’ont pas goûté la plaisanterie. Il a été mis à mort peu après. Attaché entre deux éléphants et déchiré en deux.

    — Sa statue semble avoir perdu la tête.

    — C’était un tigre. Quand les éléphants sont arrivés au pouvoir, leurs fidèles se sont déchaînés, décapitant les statues de ceux qu’ils rendaient responsables de toutes les guerres et les morts. »

    Un nouveau parallèle avec la Rome antique, Horonno fait penser à César, à la différence près que les césaricides ont rapidement tout perdu alors que les éléphants dominent la politique volantienne depuis la mort d’Horonno.

    Benrro, prêtre de R’hllor, donne un prêche particulièrement séditieux et assimile Daenerys à Azor Ahaï.

    « Le prêtre appelle les Volantains à partir en guerre, lui traduisit le Demi-Mestre, mais du côté du bon droit, comme soldats du Seigneur de Lumière,

    Haldon et Tyrion finissent par trouver Qavo, duquel ils entendent tirer des informations à l’aide du cyvosse.

    « Le noble Qavo Nogarys, annonça Haldon, est agent des douanes, ici, à Selhorys. Je ne l’ai jamais défait au cyvosse. »

    Tyrion comprit. « Peut-être connaîtrai-je meilleure fortune. » Il ouvrit sa bourse et empila des pièces d’argent à côté du tablier, l’une sur l’autre jusqu’à ce que Qavo affiche un sourire.

    Le jeu est de faire exprès de perdre contre Qavo qui rafle ainsi la mise et fait donc mine de donner des informations gratuitement.

    — Les hommes de Yunkaï ont acheté vos triarques ?

    — Uniquement Nyessos. » Qavo retira le paravent et étudia le devisement de l’armée de Tyrion. « Aussi vieux et édenté que soit Malaquo, il reste un tigre, et Doniphos ne sera pas reconduit comme triarque. La cité a soif de guerre.

    Trois triarques signifie que deux représentent une majorité. Le tigre est forcément favorable à la guerre, un éléphant est acheté et l’éléphant restant est apparemment politiquement fini. La guerre semble effectivement se rapprocher.

    — Pourquoi ? s’étonna Tyrion. Meereen se trouve à de longues lieues d’ici, par-delà la mer. En quoi cette douce reine enfant a-t-elle offensé l’antique Volantis ?

    — Douce ? » Qavo en rit. « Si la moitié seulement des histoires qui reviennent de la baie des Serfs sont vraies, l’enfant en question est un monstre. On la dit altérée de sang, et ceux qui la contredisent sont empalés sur des pieux pour y périr de mort lente. On la dit sorcière qui nourrit ses dragons de la chair des nouveau-nés, parjure qui se rit des dieux, viole les trêves, menace les émissaires et se retourne contre ceux qui l’ont loyalement servie. On dit qu’on ne peut point étancher sa luxure, qu’elle s’accouple avec hommes, femmes, eunuques et même chiens et enfants, et malheur à l’amant qui échoue à la satisfaire. Elle offre son corps aux hommes afin de réduire leur âme en captivité. »

    A l’exception de la nymphomanie, toutes ces rumeurs ont un fond de vérité. Le non-respect des trêves, la menace des émissaires, la cruauté envers les vaincus et même les dragons qui mangent des enfants.

    — Les meilleures calomnies sont épicées de vérité, suggéra Qavo, mais on ne peut point nier le véritable péché de cette fille. Cette arrogante enfant s’est donné pour tâche de briser les reins au négoce des esclaves, mais jamais ce trafic ne s’est borné à la baie des Serfs. Il s’imbriquait à l’océan de commerce qui baigne le monde, et la reine dragon a brouillé les eaux. Derrière le Mur noir, des seigneurs d’anciennes lignées dorment mal, en écoutant les esclaves aux cuisines affûter leurs longs coutelas. Ce sont des esclaves qui cultivent notre nourriture, des esclaves qui nettoient nos rues, des esclaves qui instruisent nos jeunes. Ils gardent nos murs, meuvent nos galères, livrent nos batailles. Et maintenant, lorsqu’ils regardent vers l’est, ils voient briller au loin cette jeune reine, cette briseuse de fers. L’Ancien Sang ne saurait le souffrir. Les pauvres aussi la haïssent. Même le plus vil des mendiants se place plus haut qu’un esclave. Cette reine dragon voudrait le départir de cette consolation. »

    On conçoit mal comment Varys et Illyrio ont pu penser que Daenerys serait la bienvenue à Volantis.

    — Les prêtres rouges seraient bien avisés de tenir leur langue, lui répliqua Qavo Nogarys. Déjà, des rixes ont éclaté entre leurs fidèles et ceux qui adorent d’autres dieux. Les vagissements de Benerro n’arriveront qu’à attirer sur sa tête un sauvage courroux.

    On en saura bientôt plus sur le sauvage courroux encouru par les prêtres rouges. La réflexion de Qavo montre en tout cas que les dirigeants de Volantis sont conscients du problème.

    Grazdan mo Eraz n’a pas été le seul émissaire dépêché par la Cité Jaune. Lorsque les Judicieux feront mouvement contre Meereen, les légions de la Nouvelle-Ghis combattront à leurs côtés. Les Tolosiens. Les Élyréens. Même les Dothrakis.

    La diplomatie de Yunkaï a été particulièrement active et c’est une véritable coalition esclavagiste qui se monte contre Meereen.

    La partie terminée, Tyrion réussit à convaincre Haldon de le laisser aller au bordel. Haldon fait preuve à nouveau de beaucoup de légèreté au vu des enjeux. Tyrion sombre dans tous les travers qu’il a montré au début d’ADWD. Il a au moins la lucidité de voir à quel point il est tombé bas.

    C’était une erreur. Quel triste sire je suis devenu.

    Je suis soûl comme un porc.

    Si jamais un nain a mérité d’être écorché vif, c’est bien moi.

    Alors qu’il s’apprête à sortir du bordel, il est alpagué par une vieille connaissance du lecteur.

    l’homme dont elle occupait les genoux venait des Sept Couronnes. Massif et large d’épaules, quarante ans au bas mot, probablement davantage. La moitié de son crâne était chauve, mais un chaume dru couvrait ses joues et son menton, et des poils épais lui garnissaient les bras jusqu’aux phalanges.

    Tyrion n’aima guère son apparence. Et moins encore le gros ours noir sur son surcot.

    L’ours noir fait prisonnier Tyrion et lui annonce son intention de le livrer à la reine. C’est le deuxième chapitre de Tyrion à la suite qui se termine dans le suspens.

    #198716
    R.Graymarch
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    Retour à Tyrion qui en fait n’était pas mort (ça me fatigue de plus en plus ces cliffhangers pour rien). Il se réveille à peine de sa noyade

    He dreamt of his lord father and the Shrouded Lord

    Le souci, c’est qu’on craigne qu’il ait contracté la léprose donc on lui administre des remèdes de grand-mère. Marrant comme la description ressemble aux Autres

    It was Lemore who forced the water from your lungs after Griff had pulled you up. You were as cold as ice, and your lips were blue. Yandry said we ought to throw you back, but the lad forbade it

    L’auteur insiste énormément sur les choses à faire pour repérer si on a la léprose. Tyrion fait le grossier, on aurait pu s’en passer

    “Shall I prick my prick as well?”

    Mais avec tout ça, ils sont à Selhorys

    Selhorys was still accounted a mere town, and was ruled from Old Volantis. This was not Westeros.

    Les alentours ne sont pas sûrs, il y a des Dothrakis qui rodent

    Even so, it is a small prize. If I were khal, I would feint at Selhorys, let the Volantenes rush to defend it, then swing south and ride hard for Volantis itself.

    Les occupants majeurs du bateau se changent pour passer inaperçus et Tyrion se demande encore quels sont leurs secrets

    He had sniffed out the truth beneath the dyed blue hair of Griff and Young Griff easily enough, and Yandry and Ysilla seemed to be no more than they claimed to be, whilst Duck was somewhat less. Lemore, though … Who is she, really? Why is she here? Not for gold, I’d judge. What is this prince to her? Was she ever a true septa?

    Tyrion manipule Griff le jeune pour jouer au cyvosse. Haldon regarde la partie mais bizarrement on ne le mentionne plus du tout après.

    La partie est un cas d’école d’exposition. Et pourtant, Tyrion est assez infect, jouant au petit malin et réussissant son jet de persuasion contre FAegon. Au passage, il y a des indices sur la proximité Griff-Rhaegar

    No, I cannot claim I knew Prince Rhaegar. Not as your false father did. Lord Connington was the prince’s dearest friend, was he not?

    /

    “A true friend, our Lord Connington. He must be, to remain so fiercely loyal to the grandson of the king who took his lands and titles and sent him into exile. A pity about that. Elsewise Prince Rhaegar’s friend might have been on hand when my father sacked King’s Landing, to save Prince Rhaegar’s precious little son from getting his royal brains dashed out against a wall.”

    « on hand », haha, Tyrion

    Pour le reste, oui bon, Tyrion le convainc de ne pas aller à Meereen. La théorie me parait un peu bancale (y a vraiment tant de gens qui va se lever pour soutenir Aegon à Westeros ?) et je trouve que Tyrion n’est pas vraiment un bon pédagogue. Mais vu qu’il sert surtout ses intérêts (moins que d’autres cela dit).

    Fin de la leçon, Tyrion veut même aider à prendre du poisson mais Ysilla n’a plus confiance, à cause des risques de léprose. L’info aussi c’est que Daenerys n’a pas bougé. Griff envoie Haldon chercher des infos et ô hasard, ce dernier propose d’emmener Tyrion, ça tombe bien.

    La ville est un peu étrange pour Tyrion : les prostituées ne sont pas de première fraicheur et un garde lui frotte la tête car ça porte chance (c’est mieux que l’inverse^^). GRRM nous fait visiter les lieux typiques : une statue sans tête, des prêtres de R’hllor (Benerro) qui enflamment la population fortement esclave (4 sur 5 quand même), comme quoi Daenerys est Azor Ahai.

    Les deux ouestriens vont dans un bar jouer au cyvosse et choper des informations.

    “The Yunkai’i would have it so. They style themselves the Wise Masters. Of their wisdom I cannot speak, but they do not lack for cunning. Their envoy came to us with chests of gold and gems and two hundred slaves, nubile girls and smooth-skinned boys trained in the way of the seven sighs. I am told his feasts are memorable and his bribes lavish.”

    “The Yunkishmen have bought your triarchs?”

    “Only Nyessos.”

    Ensuite, il balance des énormités sur Daenerys et Qavo conclut

    The best calumnies are spiced with truth,”

    Ils ont appris des trucs donc vont quitter la ville mais Tyrion veut aller au bordel. Encore un détail pas ultra nécessaire mais vu que ce sera pire après. Tyrion est donc seul (comme c’est pratique) et se comporte comme un connard avec une personne au type ouestrien mais ne parlant pas la langue. Même lui en a honte d’ailleurs, après coup. Du coup, il s’enivre ce qui n’arrange rien. Et là, il se balade et tombe sur une personne de type targaryen et quelqu’un qui le reconnait et le capture (comme c’est pratique)

    Pas convaincu par ce chapitre, c’est long par rapport aux infos données ou à la progression de l’intrigue, plein de facilités et Tyrion est infect.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #198740
    Yfos
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    Merci pour cette analyse.

    Le souci, c’est qu’on craigne qu’il ait contracté la léprose donc on lui administre des remèdes de grand-mère.

    Griff n’a pas droit aux mêmes? Même si Haldon semble plus savoir comment diagnostiquer la grisécaille que la soigner

    Le lecteur et le relecteur en sont au même point que Tyrion sur Lemore.

    Il y a une théorie à son sujet sur le blog.

    Encore un bon conseil mais un conseil dangereux. Il y a peu de distance entre la prudence et la paranoïa et il est peu probable qu’Aegon avec son peu d’expérience soit capable de faire la différence entre les deux.

    D’autant que plusieurs Targaryen on fini paranoïaques et que la folie est censée être héréditaire chez eux. Peut-être déteste-t-il Aegon pour avoir interdit de le rejeter à l’eau.

    Pourquoi Tyrion veut-il faire partir Aegon vers l’ouest ? … mais principalement pour assouvir sa vengeance contre sa famille … Il doit donc penser avoir suffisamment de chances de réussir (au moins à se venger de Cersei, pas sûr qu’il soit très intéressé à maintenir Aegon au pouvoir).

    Même sans gagner, causer suffisamment de problèmes à Cersei lui suffirait peut-être. D’autant que, comme il vient d’expliquer qu’il faut garder son dragon à proximité, aller dire ensuite qu’il faut attaquer Westeros sans Daenerys et les siens (qui sont loin) est contradictoire.

    Griff envoie Haldon chercher des infos et ô hasard, ce dernier propose d’emmener Tyrion, ça tombe bien.

    Pas très logique c’est sûr vu que le but est de perdre au cyvosse pour justifier le fait de donner de l’argent à l’informateur.

    « Les hommes de Yunkaï ont acheté vos triarques ?

    — Uniquement Nyessos. »

    Ce n’est pas lui que Illyrio était censé avoir acheté ?

    La ville est un peu étrange pour Tyrion : les prostituées ne sont pas de première fraicheur

    Il les méprise d’ailleurs pour leur physique tout en prenant mal la réciproque.

    Il a au moins la lucidité de voir à quel point il est tombé bas.

    Ce qui ne l’empêche pas de continuer.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 mois par R.Graymarch. Raison: attribution
    #198780
    Oiseleur
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    Tyrion qui échappe à la noyade pour ensuite se retrouver prisonnier de l’ours Mormont, il va de Charybe en Scylla le bougre. Au passage nous apprenons le récit qui sera servi à Westeros pour le retour du roi Aegon VI.

    Je me demande si la branche d’où provient cet Aegon (Daemon Feunoyr pour la théorie FAegon) a gardé des traits plus valyriens que celle dont est issue Daenerys .

    Pour le conseil de donner au prince, aller à Westeros sans attendre Daenerys, ça part du postulat que Daenerys est déjà en route pour Westeros.

    Il se peut que Tyrion garde en tête Petyr Baelish dans les seigneurs/joueurs qui pourraient s’imposer en ramplaçant Cersei. Mais à quoi bon mentionner à Aegon ce joueur dangereux.

    À la lumière de la comparaison de Cersei à différents souverains considérés aux règnes mauvais. Je ne peux pas m’empêcher de considérer Daenerys comme une Aegon V avec des dragons. Dommage que Tyrion soit emporté dans les accusations sur la luxure de Daenerys.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois et 4 semaines par R.Graymarch.
    #198782
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    Tyrion ne conseille pas à Faegon d’aller à Westeros, plus tard dans le livre il juge cette décision idiote et est surpris que Connington et Paisselande l’ait autorisée. Mais Tyrion ignore l’urgence dans laquelle est plongé Griff par sa maladie et les pressions que subit Harry de la part de la troupe à cause de la rupture de contrat et de l’inactivité.

    La partie mériterait un sujet en elle-même mais la leçon n’est pas explicite elle est dans le jeu lui-même. Tyrion essaie de faire comprendre sans le dire qu’un bon joueur gagne en connaissant et manipulant son adversaire. Ici, il a compris que le gosse a une stratégie excessivement prudente qu’il surcompensera par une stratégie excessivement offensive. Tyrion montre le b.a-ba de la guerre en prenant l’ascendant avant de vraiment s’affronter et Young Griff plonge tête la première dedans. Concernant la pièce du dragon, sa place est près de soi, càd au cœur de l’action, ni trop exposé ni trop en retrait, bref là où il sera le plus utile. Vu la situation géopolitique et la sienne propre tout aussi instable, Tyrion attendait sans doute de faire le malin et prouver son utilité à la Compagnie avec le meilleur mouvement à ce moment au coeur de la partie: capturer une Volantis prête à tomber. Ce qui securiserait le côté ouest du plateau de jeu pour Dany, lui assurant renforts et revenus commerciaux lui peremttant de se focaliser sur les cités esclavagistes de Ghis. Et lui donnerait la logistique pour le voyage vers Westeros le cas échéant. Mais seulement grâce à et en passant par Faegon.

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