AGOT 52 – Sansa IV

  • Ce sujet contient 14 réponses, 11 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Tizun Thane, le il y a 3 années et 7 mois.
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    darkdoudou
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    AGOT 52 – Sansa IV
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 51, Arya IV AGOT 53, Jon VII

    quelque chose que j’apprécie particulièrement dans le style de George R. R. Martin : ses premières phrases de chapitre. Bien souvent en quelques mots pleins de sens il nous met dans l’ambiance d’un personnage, par exemple « the north went on forever. » dans Tyrion II ou « Arya’s stitches were crooked again. » dans Arya I.

    Et ici, encore une fois la première phrase a tout pour me plaire :

    « they came for Sansa on the third day. / Ils vinrent prendre Sansa le surlendemain (littéralement ils vinrent pour Sansa le troisième jour)

    Nous savons qu’Eddard est dans de mauvais draps, nous avions laissé Arya en fuite des gardes Lannister. Pour Sansa, ça semble étrange au premier abord, pendant deux jours elle aurait échappé à l’arrestation?

    Ce chapitre est le dernier d’un triptyque, j’ai essayé d’en établir la chronologie avant de parler des chevaliers de la Garde Royale. Ensuite j’évoquerai la trahison puis je terminerai par Jeyne Poole. Bien sûr l’évocation des personnages secondaires ne sera que prétexte pour parler de Sansa Stark qui doit encore découvrir que la vie n’est pas une chanson.

    Petite chronologie des derniers événements
    J’ai noté avec curiosité que la mort du Roi a été annoncée au peuple environ 36 heures après sa réalité.
    jour 1 Ned Stark le matin demande à ses filles de se préparer au départ, Sansa fugue et va voir Cersei, elle sera « mise à l’abri » à la citadelle de Maegor.
    en début de matinée Pycelle annonce la mort du Roi à Eddard qui convoque immédiatement un Conseil
    suite à la convocation de la Main dans la salle du trône, le massacre commence (Eddard XIV)
    tentative d’emprisonnement sur Arya (Arya IV)
    le soir Jeyne Poole rejoint Sansa
    Jour 2 : silence funèbre, les Lannister ont pris possession de la Tour de la Main
    le soir tard le bourdon se met à sonner pour annoncer la mort du Roi (Arya qui est en ville dira plus tard que les cloches ont sonné « un jour et une nuit »)
    Jour 3 : Sansa est amenée devant la Reine et trois conseillers (Sansa IV)

    les chevaliers de la Garde Royale
    Il y un lien fort entre Sansa et les chevaliers de la Garde Royale. Le premier d’entre eux, le Lord Commandant Barristan Selmy nous avait été présenté dans Sansa I d’une manière particulièrement chevaleresque. En mettant Jaime Lannister à part, nous savons peu de choses sur les cinq autres jusqu’ici, sauf qu’ils sont tous suspectés par Varys d’être des créatures de la reine en particulier ser Boros et ser Meryn (Eddard VII) ce qui nous a été confirmé par leur attitude dans les deux chapitres précédents. Nous savons aussi que ser Barristan est seul fait d’acier, les autres sont d’un métal différent. D’ailleurs ils n’ont pas fait beaucoup d’étincelles pendant le tournoi de la Main.

    De son côté, Sansa sait se comporter comme une Lady quand elle choisit des vêtements de circonstance : simple robe en laine gris sombre et de coupe sage agrémentée de riches broderies. Elle tient aussi son rang en surmontant sa peur et son dégoût pour faire ses compliments aux gardes Lannister et aux chevaliers de la Garde.

    Ser Boros was an ugly man with a broad chest and short, bandy legs. His nose was flat, his cheeks baggy with jowls, his hair grey and brittle. Today he wore white velvet, and his snowy cloak was fastened with a lion brooch. The beast had the soft sheen of gold, and his eyes were tiny rubies. / Avec ses pattes courtes et arquées qu’écrasait un torse démesuré, son nez camus, ses joues pochées de bajoues, sa tignasse d’étoupe grise, il n’était pas précisément joli, ser Boros. Mais il appartenait à la Garde royale et, ce jour-là, portait du velours blanc. Au col de son manteau de neige chatoyait enfin l’or d’un mufle de lion. Deux rubis figuraient les prunelles.

    L’allégeance Lannister de Boros est clairement soulignée par la broche en or (un cadeau récent qui félicite des états de service ?)

    Sansa s’attarde beaucoup moins sur Ser Mandon Moore

    they were ushered inside by another of the Kingsguard, Ser Mandon of the curiously dead face/ l’oeil étrangement mort, un autre membre de la Garde, ser Mandon, les introduisit dans la salle du Conseil

    Ce personnage fait penser à la mort, nous savons que Sansa n’a pas beaucoup d’affinités avec ce type de chevaliers (ser Ilyn Payne)
    Ser Arys du Rouvre n’a pas droit à une description physique, nous savons seulement qu’il a « raccompagné » Sansa à la citadelle de Maegor. Son nom en v.o., Oakheart, m’a toujours fait penser à celui de Thorin Oakenshield (Ecu-de-chêne), mais son histoire n’a rien à voir avec le nain orgueilleux imaginé par Tolkien.

    Meryn Trant a pris part aux massacres qui ont eu lieu durant les 3 jours en encadrant des gardes Lannister, nous le savons depuis le chapitre précédent, ser Boros a vraisemblablement fait pareil et peut-être aussi les trois autres. La grande question qu’on peut se poser est : « à quoi sert Barristan? » Les autres gardes semblent des pions dociles au service de la Reine mais n’ont pas l’air de prendre leurs ordres du Lord Commandant. Ser Barristan n’est d’ailleurs pas présent pendant cette pseudo-séance du Conseil. Il ne cautionne probablement pas le massacre mais peut difficilement s’y opposer. Son hésitation n’est pas passée inaperçue et aura des conséquences pour lui.

    La trahison
    La trahison est omniprésente dans ce chapitre. Bien sûr les propos et la présence des trois conspirateurs auprès de Cersei débordent d’hypocrisie et de mensonges sachant ce qu’ils ont fait ou pas fait pendant les derniers jours:

    « Your father is a traitor, dear, » Lord Varys said./-votre père est un félon, ma chère », lâcha lord Varys

    Etonnament, le plus silencieux des conseillers est Littlefinger, et en paroles il est le seul à prendre la défense de Sansa quand elle est accusée d’avoir le sang du traître (traitor’s blood en vo). Devant l’assemblée des traîtres, le propos qui sauve Sansa, attirant le trouble et la compassion de Cersei, c’est qu’elle ne ressemble pas à son père, mais à sa mère.

    « She reminds me of the mother, not the father, » Lord Petyr Baelish said quietly. « Look at her. The hair, the eyes. She is the very image of Cat at the same age. » The queen looked at her, troubled, and yet Sansa could see kindness in her clear green eyes. / Elle me rappele sa mère et non pas son père, déclara paisiblement lord Petyr Baelish. Regardez-la. Les cheveux, les yeux, on dirait Cat au même âge. La reine la dévisagea d’un air chagrin qui n’empêcha pas Sansa de discerner de la bonté dans le vert limpide de ses prunelles.

    Sansa n’a nullement conscience des conséquences de ses actions précédentes, elle ne se demande jamais (et comment le pourrait-elle?) si sa dénonciation a provoqué le massacre, la mort du Roi ou la mise en accusation de son père. De la même manière elle n’a pas conscience que l’attention qu’elle a apportée sur Jeyne Poole (« nous ») peut avoir des conséquences fatales pour son amie.

    Ensuite elle écrit les lettres en toute bonne foi sans se demander comment les destinataires pourraient réagir. Elle a pourtant développé un raisonnement adulte : à partir des affirmations sur la trahison de son père, elle se figure correctement les réactions de sa famille, puis cherche un moyen de tous les protéger (et son mariage aussi) :

    Only … if Mother or Robb did anything treasonous, called the banners or refused to swear fealty or anything, it would all go wrong. Her Joffrey was good and kind, she knew it in her heart, but a king had to be stern with rebels. She had to make them understand, she had to! « I’ll … I’ll write the letters, » Sansa told them. / Seulement…, si Mère ou bien Robb commettaient quelque acte séditieux, convoquer le ban, par exemple, ou refuser de faire allégeance, ou n’importe quoi, tout irait mal. Son Joffrey était bon, généreux, elle le savait dans son coeur, mais un roi ne peut transiger avec des rebelles. Elle devait le leur faire comprendre, elle le devait! –  » Je… j’écrirai la lettre », dit-elle.

    Bien sûr la prémisse de sa réflexion est fausse (son prince charmant est bon et gentil) mais la réflexion est cohérente.

    Jeyne Poole
    Confinées (cf la v.o.!) ensemble dans la citadelle de Maegor, nous voyons toute la distanciation sociale entre Jeyne et Sansa. Une fois passés les sanglots et la première nuit dans les bras l’une de l’autre, celles qui semblaient jusqu’à présent de très bonnes amies, spécialement dans le regard d’Arya, ne partagent plus rien sauf l’emprisonnement.

    Jeyne Poole had been confined with her, but Jeyne was useless. Her face was puffy from all her crying, and she could not seem to stop sobbing about her father./ Et Jeyne Poole avait beau partager sa réclusion, pas question de compter sur Jeyne. Déjà bouffie d’avoir tant pleuré son père, elle n’était capable que de sangloter.

    Si Sansa se veut plutôt méprisante vis-à-vis de Jeyne (She was such a child), c’est pourtant elle qui semble avoir la meilleure vision de la situation. Jeyne a compris que le massacre est général, ne se fait aucune illusion de la situation, et voit bien qu’elles sont en prison.
    Inversement Sansa croit sur parole les adultes comme la Reine qui l’a mise à l’abri (ben tiens!) et Littlefinger qui promet de bien s’occuper de Jeyne Poole (idem).

    De la même manière que pendant le tournoi de la Main, Jeyne est très vite oubliée et quand Sansa revient de l’entrevue avec la Reine, elle s’étonne que celle qu’elle n’appelle plus son amie (dans la v.o.) lui manque :

    No more weeping, she thought gratefully. Yet somehow it seemed colder with Jeyne gone, even after she’d built a fire. Finies les pleurnicheries, songea-t-elle avec gratitude. Néanmoins, le départ de son amie jetait comme un froid dans la chambre, et le feu qu’elle alluma ne le dissipa point.

    Dans la situation où Sansa est placée, c’est compréhensible qu’elle préfère se plonger dans les aventures de Jonquil et Floran plutôt que de se poser des questions dérangeantes.

    Conclusion
    A ce stade, Sansa n’a pas encore expérimenté que la vie n’est pas une chanson et n’a pas compris qui est sa meute. La rédemption de Sansa qui répondra à ce chapitre, je l’ai trouvée pour ma part bien plus tard, au moment où elle laisse parler son coeur devant les dieux du septuaire. Désolé je n’ai pas la vf, dans cette belle prière chantée je note les hommages à son amie, au roi ivrogne, à tous ses frères, et aux deux autres chevaliers de la Garde (Dontos et Sandor) avec qui elle nouera des relations privilégiées:

    She sang for mercy, for the living and the dead alike, for Bran and Rickon and Robb, for her sister Arya and her bastard brother Jon Snow, away off on the Wall. She sang for her mother and her father, for her grandfather Lord Hoster and her uncle Edmure Tully, for her friend Jeyne Poole, for old drunken King Robert, for Septa Mordane and Ser Dontos and Jory Cassel and Maester Luwin, for all the brave knights and soldiers who would die today, and for the children and the wives who would mourn them, and finally, toward the end, she even sang for Tyrion the Imp and for the Hound. He is no true knight but he saved me all the same, she told the Mother. Save him if you can, and gentle the rage inside him. ACOK Sansa V

    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 7 mois par Eridan. Raison: mise en forme
    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 7 mois par R.Graymarch.
    #141948
    Eridan
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    Devant l’assemblée des traîtres, le propos qui sauve Sansa, attirant le trouble et la compassion de Cersei, c’est qu’elle ne ressemble pas à son père, mais à sa mère.

    Je ne pense pas que Cersei éprouve vraiment de compassion. Elle a juste compris quelle jeune fille naïve et manipulable était Sansa à ce moment de l’intrigue ( « moite d’amour, elle était. Prête à n’importe quoi pour Joffrey, jusqu’à ce qu’il ose appeler grâce l’exécution du père et gâche tout. » ACOK, Tyrion I), et elle a besoin d’elle pour écrire la fameuse lettre qui sera envoyée aux Stark, les appelant à la loyauté. Toute cette scène a été répétée, chacun est dans son rôle : Cersei feint la bienveillance à l’égard de Sansa, les trois conseillers font pression en attisant les soupçons. Littlefinger est le plus doux parce qu’il guigne d’utiliser Sansa par la suite et ne veut pas la braquer contre lui (il propose à Cersei de se substituer à Joffrey pour l’épouser, et devant son refus, commence à mettre au point les plans tordus que l’on sait), Pycelle est le plus dur parce qu’il est Lannister à fond.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #141951
    R.Graymarch
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    Eddard vient d’être capturé, Arya échappe à ses poursuivants et en effet, la première phrase de ce chapitre est saisissante. Ils ont capturé Sansa ! (pas que c’était inattendu mais là on nous l’annonce avant de l’expliquer). La structure narrative est hyper fine car ce n’est que dans la 2e moitié du chapitre qu’on apprend que c’est Sansa qui, de bonne foi, s’est jetée dans la gueule du lion.

    La description des habits est aussi remarquable, que ce soit la tenue de Sansa, celle de Boros ou alors celle de la reine.

    The queen wore a high-collared black silk gown, with a hundred dark red rubies sewn into her bodice, covering her from neck to bosom. They were cut in the shape of teardrops, as if the queen were weeping blood.

    Les 100 rubis rouge sombre en forme de larmes de sang de Cersei, ça doit être quelque chose tout de même. Pour le reste, et bien, on est du point de vue de Sansa donc on peut se convaincre avec elle qu’on « fait au mieux » pour tout le monde. Sauf que nous, on sait que Joffrey n’est pas si gentil. Et que si on commence là, le rideau peut vite se déchirer et on se rend compte que tout le monde fait semblant d’être gentil avec elle, tout en la manipulant (point malaise pour Petyr qui parle encore de Catelyn). C’est dur d’être dur avec Sansa car elle est trop jeune pour être au niveau de ses nombreux adversaires. Et on sent qu’elle préfère se voiler la face (en refusant de voir un mort pendant son trajet) probablement pour se préserver mentalement. D’où le fait qu’elle se réfugie dans la lecture en revenant dans ses appartements. Elle est aussi gênée d’avoir oublié de penser à sa soeur, c’est moins pire que l’inverse, même si c’est tout de même bien perturbant

    En tout cas, à ce stade, on voit mal comment tout ça va bien se terminer

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par R.Graymarch.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #141955
    Tizun Thane
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    D’accord avec Eridan sur tout. C’est un jeu de dupes auquel se joue le conseil restreint, et dont Sansa est la victime.

    Ce chapitre est quand même le plus bas dans l’histoire de Sansa, qui s’illusionne constamment , est dans le déni de la tragédie en train de se produire, jugeant de haut la pauvre Jeyne Poole, ou balançant des petites formules de politesse totalement déplacées (tel un perroquet, comme l’aurait dit le Limier).

    Jeyne a compris que le massacre est général, ne se fait aucune illusion de la situation, et voit bien qu’elles sont en prison.

    Jeyne a assisté au massacre, peut-être même vu la pauvre septa Mordane être assassinée. Cela explique son état de choc. Elle n’a rien à deviner. Elle a tout vu.

    The only time the door opened was late that night, when they thrust Jeyne Poole inside, bruised and shaking. « They’re killing everyone, » the steward’s daughter had shrieked at her. She went on and on. The Hound had broken down her door with a warhammer, she said.

    On apprend que Le Limier a fracassé sa porte à coup de marteau de guerre. Elle était donc barricadée (probablement avec d’autres). Même si la citation est ambigue, j’ai toujours considéré que le Limier avait sciemment décidé d’épargner Jeyne Poole.

    D’ailleurs, ce passage là:

    “Us?” Cersei seemed puzzled.

    “We put the steward’s girl in with her,” Ser Boros said. “We did not know what else to do with her.”

    Me fait penser que les ordres de la Reine étaient particulièrement clairs. Tuer tout le monde, sauf les filles Stark. Après tout, ils ont même tué la septa. Les Lannister n’ont jamais été subtils.

    Boros Blount ne devait pas être bien loin lors de la capture de Jeyne. Le « Nous ne savions pas quoi faire » me paraît simple à traduire.Le Limier n’a pas voulu la tuer, je ne savais pas quoi faire, donc on l’a amené auprès de Sansa. Là encore, je subodore une idée du Limier, parce que j’ai du mal à comprendre comment Boros Blount pourrait avoir seul l’idée de confiner Jeyne avec Sansa.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par Tizun Thane.
    #141962
    Liloo75
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    Merci @darkdoudou pour cette belle présentation du chapitre de Sansa.

    A la relecture, je me suis demandée dans quelle mesure Sansa aime reellement Joffrey. Elle se l’imagine beau et vertueux, mais ne le confond-elle pas avec les princes des contes et des chansons ?

    Sansa demande à voir la reine ou son prince bien-aimé lorsqu’elle se retrouve confinée. Elle pense qu’il va venir à son secours ?

    De même lorsqu’elle est convoquée par la reine, elle est déçue de ne pas le trouver présent aux côtés de sa mère pour la recevoir. Sansa se berce de douces illusions…

    Je me suis posée la question de l’ambition (peut-être seulement sous-jacente à ce moment-là) de Sansa. Veut-elle épouser Joffrey parce qu’elle le croit beau et généreux et qu’il correspond à son idéal de prince charmant ?  Ou bien, veut-elle devenir reine avant tout ?

    Dans un de ses rêves, elle se perçoit ainsi :

    (…) assise à ses côtés, vêtue de brocard d’or et couronne en tête, elle voyait tous les gens de sa connaissance venir à elle et lui rendre hommage, le genou plongé.

    Sansa est sans doute encore jeune et naïve, mais elle voit clairement ce qu’elle pourrait devenir, une reine comme Cersei. Elle l’avoue en suppliant Cersei de la laisser épouser son fils :

    Vous verrez quelle bonne epouse je serai pour lui, toujours ! Et quelle reine aussi…, je le jure ! juste comme vous…

    Je ne peux pas m’empêcher d’avoir de la peine pour cette pauvre Jeyne Poole, accueillie par Sansa autant comme un fardeau que comme un réconfort. Il faudra que Jeyne lui soit enlevée pour qu’elle prenne conscience qu’elle représentait une présence rassurante malgré tout.

    Et enfin, à la conclusion du chapitre Sansa s’aperçoit qu’elle a complètement oublié de prendre des nouvelles de sa soeur ! Le sort d’Arya ne paraît pas entrer dans ses priorités.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #141964
    darkdoudou
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    Je ne pense pas que Cersei éprouve vraiment de compassion. Elle a juste compris quelle jeune fille naïve et manipulable était Sansa à ce moment de l’intrigue ( « moite d’amour, elle était. Prête à n’importe quoi pour Joffrey, jusqu’à ce qu’il ose appeler grâce l’exécution du père et gâche tout. » ACOK, Tyrion I), et elle a besoin d’elle pour écrire la fameuse lettre qui sera envoyée aux Stark, les appelant à la loyauté. Toute cette scène a été répétée, chacun est dans son rôle : Cersei feint la bienveillance à l’égard de Sansa, les trois conseillers font pression en attisant les soupçons

    oui je suis entièrement d’accord avec toi, c’est une comédie avec des acteurs roués qui ont un but bien précis, et le sourire de Cersei est bien étudié. Mais dans la petite phrase de Littlefinger j’ai cru voir un rappel de l’inceste royal ; vu que tout est à l’envers dans cette scène, le fait de ne pas ressembler à son père devient une « qualité » qui rapproche Sansa des enfants royaux. C’est ce qui explique selon moi le léger trouble (inquiétude) qui saisit Cersei (donc non volontaire), accompagné d’une sympathie peut-être sincère. La compassion momentanée de Cersei pour Sansa évoque aussi pour moi la scène entre les deux juste après qu’elle aura fleuri.

    Même si la citation est ambigue, j’ai toujours considéré que le Limier avait sciemment décidé d’épargner Jeyne Poole.

    d’accord avec ce que tu écris, je rejoins ta lecture des ordres de la Reine et leur interprétation par Sandor qui avait probablement remarqué Jeyne auprès de Sansa. Pas de pitié pour la septa qui est un témoin gênant par contre!

    A la relecture, je me suis demandée dans quelle mesure Sansa aime reellement Joffrey. Elle se l’imagine beau et vertueux, mais ne le confond-elle pas avec les princes des contes et des chansons ?

    On en a déjà discuté il me semble, Sansa ne connait pas vraiment le prince, s’aveugle elle-même sur ses viles actions qui devraient l’inquiéter, et n’écoute pas les alertes de son père ou sa soeur. Par contre il est beau (comme Cersei / Jaime), ce n’est pas l’imagination de Sansa.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par darkdoudou.
    #141966
    Obsidienne
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    Merci à darkdoudou pour sa mise au point chronologique, indispensable dans ce chapitre !

    … A la relecture, je me suis demandée dans quelle mesure Sansa aime reellement Joffrey. Elle se l’imagine beau et vertueux, mais ne le confond-elle pas avec les princes des contes et des chansons ? Sansa demande à voir la reine ou son prince bien-aimé lorsqu’elle se retrouve confinée. Elle pense qu’il va venir à son secours ? De même lorsqu’elle est convoquée par la reine, elle est déçue de ne pas le trouver présent aux côtés de sa mère pour la recevoir. Sansa se berce de douces illusions… Je me suis posée la question de l’ambition (peut-être seulement sous-jacente à ce moment-là) de Sansa. Veut-elle épouser Joffrey parce qu’elle le croit beau et généreux et qu’il correspond à son idéal de prince charmant ? Ou bien, veut-elle devenir reine avant tout ? Dans un de ses rêves, elle se perçoit ainsi :

    (…) assise à ses côtés, vêtue de brocard d’or et couronne en tête, elle voyait tous les gens de sa connaissance venir à elle et lui rendre hommage, le genou plongé.

    Sansa est sans doute encore jeune et naïve, mais elle voit clairement ce qu’elle pourrait devenir, une reine comme Cersei. Elle l’avoue en suppliant Cersei de la laisser épouser son fils :

    Vous verrez quelle bonne epouse je serai pour lui, toujours ! Et quelle reine aussi…, je le jure ! juste comme vous…

    Effectivement !
    Sansa a, à l’évidence, très envie de continuer à mener la vie de cour dans laquelle elle se trouve (pour le moment…) à l’aise : élégance des propos, des manières, des vêtements…Elle n’a pas encore entrevu le « jeu des trônes »
    Épouser le beau Joffrey fait partie du « package »… même si l’épisode de Lady aurait dû l’éclairer
    Si Joffrey avait réellement eu des sentiments pour Sansa (même sans parler d’amour véritable vu leur jeune âge) il l’aurait consolée après la mort si injuste de Lady, même s’il n’avait pas osé s’opposer à Cersei.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par Obsidienne.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #141967
    Aurore
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    Merci @darkdoudou pour cette belle présentation du chapitre de Sansa. A la relecture, je me suis demandée dans quelle mesure Sansa aime reellement Joffrey. Elle se l’imagine beau et vertueux, mais ne le confond-elle pas avec les princes des contes et des chansons ?

    Je pense que comme nombre de personnes qui vivent leur premier amour (voire les suivantes), Sansa est tombée amoureuse de l’idée qu’elle se fait de Joffrey ; idée complètement influencée par les contes et les chansons. Et comme toute personne avec le temps qui passe, elle va découvrir le décalage entre le personnage réel et l’idée qu’elle s’en fait. Parfois le décalage n’est pas trop grand, la réalité reste gérable, et parfois le décalage est un gouffre.

    #142033
    Samyriana
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    A la relecture, je me suis demandée dans quelle mesure Sansa aime reellement Joffrey. Elle se l’imagine beau et vertueux, mais ne le confond-elle pas avec les princes des contes et des chansons ? Sansa demande à voir la reine ou son prince bien-aimé lorsqu’elle se retrouve confinée. Elle pense qu’il va venir à son secours ? De même lorsqu’elle est convoquée par la reine, elle est déçue de ne pas le trouver présent aux côtés de sa mère pour la recevoir. Sansa se berce de douces illusions… Je me suis posée la question de l’ambition (peut-être seulement sous-jacente à ce moment-là) de Sansa. Veut-elle épouser Joffrey parce qu’elle le croit beau et généreux et qu’il correspond à son idéal de prince charmant ?  Ou bien, veut-elle devenir reine avant tout ?

    Probablement les deux. Elle tombe amoureuse d’une idée de Joffrey, d’un idéal, et elle a grandit dans une société dans laquelle devenir reine est LE destin auquel rêvent toutes les jeunes filles de la noblesse… On retrouve cela dans les chapitres où Cersei parle de Rhaegar. Donc, fiancée à l’héritier du trône qui semble cocher toutes les cases, élevée dans un environnement relativement protégé (en tout cas protégé de l’hypocrisie de Port-Réal), elle tombe amoureuse du tout.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par R.Graymarch.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #142038
    Aurore
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    Probablement les deux. Elle tombe amoureuse d’une idée de Joffrey, d’un idéal, et elle a grandit dans une société dans laquelle devenir reine est LE destin auquel rêvent toutes les jeunes filles de la noblesse… On retrouve cela dans les chapitres où Cersei parle de Rhaegar. Donc, fiancée à l’héritier du trône qui semble cocher toutes les cases, élevée dans un environnement relativement protégé (en tout cas protégé de l’hypocrisie de Port-Réal), elle tombe amoureuse du tout.

    Dans F&B, c’est le même rêve de devenir la reine qui amène plus de mille jeunes filles et femmes nobles au Bal du jour de la Jouvencelle pour se présenter devant Aegon III (et même quelques-unes venues d’Essos). Dans la vie réelle, on peut encore compter pas mal de petites filles qui se rêvent en princesses/reines, mais quand elles ont l’âge de Sansa (12 ans), elles en rêvent déjà moins et ne l’avouent plus si facilement.

    #142042
    Nymphadora
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    Dans la vie réelle, on peut encore compter pas mal de petites filles qui se rêvent en princesses/reines, mais quand elles ont l’âge de Sansa (12 ans), elles en rêvent déjà moins et ne l’avouent plus si facilement.

    Pour le coup je me demande si début des années 90 (1996 : l’année de publication de AGOT), les filles de 12 ans n’étaient pas plus « petites filles » qu’aujourd’hui ? J’ai l’impression que les adolescentes grandissent plus vite aujourd’hui (après c’est peut être juste une réflexion de vieille conne trentenaire à côté de la plaque ^^ mais avec les réseaux sociaux, les médias à outrance etc. l’enfance paraît plus courte que quand déjà moi j’étais ado ?). Du coup ce côté petite fille princesse à paillettes de Sansa qui vient d’avoir 12 ans paraît peut-être plus en décalage aujourd’hui qu’il ne l’était dans l’esprit de Martin quand il écrivait ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 7 mois par R.Graymarch.

    ~~ Always ~~

    #142047
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9929

    Aucune idée sur les filles de notre monde maintenant et il y a 30 ans mais je pense comme Samyriana que le fait qu’à Westeros être reine signifie être au top de l’échelle sociale joue beaucoup

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #142054
    Pandémie
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2840

    Les petites filles (et les petits garçons) de 12 ans d’aujourd’hui « rêvent » tout autant que celles (ou ceux) d’il y a trente ans, ce sont les modèles qui les font rêver qui ont changé: sportive, doctoresse, stars, … J’ai régulièrement, vu le collège où je travaille, des élèves de cet âge qui sacrifient tout (santé, vie social, scolarité) pour un idéal sportif en s’entraînant près de 30 heures par semaine par exemple.

    Sansa ne peut pas savoir ce qu’être amoureuse signifie et elle ne l’est pas, elle s’imagine l’être. Elle tente de faire siens des principes et des idéaux qui lui disent qu’elle doit être amoureuse d’un prince et que l’amour implique un comportement totalement loyal envers lui. Elle n’a évolué que dans un environnement qui la conforte dans cette voie. Entre Cat et Ned qui veulent préserver leurs enfants, une préceptrice comme Septa Mordane très attachée aux conventions, une camarade de jeu, Jeyne Poole, qui partage la même vision, Sansa n’avait pas les armes pour réagir autrement, contrairement à Arya ou ses frères qui fréquentent beaucoup de domestiques, gardes, etc.

    Cela dit, on lui a aussi inculqué le respect de la famille, de la vérité, etc., et elle a eu plusieurs fois les yeux de quoi se remettre en question et sent que son modèle dysfonctionne. Elle a donc une part de libre arbitre, et une autre jeune fille dans une situation similaire n’aurait pas forcément réagi pareillement. Mais c’est la part de libre arbitre toute relative que peut avoir un enfant aussi jeune et influencé.

     

    #142068
    Yfos
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1837

    Merci pour cette présentation fouillée. Je ne m’étais pas rendue compte que Sansa passait plusieurs jours enfermée avant de rencontrer Cersei.

    Si Sansa se veut plutôt méprisante vis-à-vis de Jeyne (She was such a child), c’est pourtant elle qui semble avoir la meilleure vision de la situation.

    A ce stade, Sansa n’a pas encore expérimenté que la vie n’est pas une chanson et n’a pas compris qui est sa meute.

    En effet, Sansa essaie à tout prix de se convaincre qu’elle est encore dans une chanson mais j’ai quand même l’impression qu’elle commence à se rendre compte. Comme tu le dis

    elle préfère se plonger dans les aventures de Jonquil et Floran plutôt que de se poser des questions dérangeantes.

    Les questions ne sont quand même pas très loin.

    Lorsque tous les siens sont massacrés, elle ne semble pas vraiment éprouver de compassion mais est choquée car quelque chose ne va pas: ils crient de douleur! Ce n’est pas comme dans les histoires?

    Lorsqu’elle demande à Cersei la permission pour Jeyne Poole de voir son père, devant la réaction du mestre Pycelle, elle s’inquiète

    « il va bien n’est-ce pas? »

    Immédiatement, elle essaie de se rassurer mais on voit qu’elle commence à douter.

    A ce stade, elle n’est plus vraiment dans ses chansons, elle voudrait simplement y retourner.

    A ce moment elle est également lucide sur Littlefinger:

    l’impudence avec laquelle Littlefinger la dévisageait lui donnant l’impression d’être entièrement nue

    Elle semblera l’oublier plus tard.

    #142153
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1285

    En effet, Sansa essaie à tout prix de se convaincre qu’elle est encore dans une chanson mais j’ai quand même l’impression qu’elle commence à se rendre compte. Comme tu le dis

    Sansa s’illusionne, mais le voile de mensonges se craquelle. Clairement, elle veut croire à son rêve, en écartant sciemment les éléments de plus en plus nombreux qui révèlent une réalité de plus en plus cruelle.

    Entendons nous bien. Sansa a déjà toutes les cartes en main pour comprendre la réalité de la situation (la Maison Stark a été massacrée, elle est prisonnière, son mariage projeté avec Joffrey est un cauchemar), mais a décidé de se bercer d’illusions.

    Pour faire une comparaison foireuse, c’est comme une fille qui dirait d’un petit ami abusif qu’il l’aime et qu’ils vivent ensemble une super-histoire d’amour.  Au bout d’un moment, l’écart entre le réel et l’imaginaire devient trop grand pour être ignoré.

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