[CK2-AGOT AAR] Les sires de Viergétang

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  • Ce sujet contient 55 réponses, 8 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Nabil Martell, le il y a 3 années et 7 mois.
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  • #139248
    Tham
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    Super récit Werther, il faudrait que j’essaie le mod un jour maintenant que j’ai un peu d’expérience sur la vanilla (400h c’est pas grand chose)

    #139263
    Werther
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    Superbe récit que cet AAR. Merci Werther.

    Merci Yunyuns, ça fait chaud au coeur !

    Et il ne faut pas hésiter, cet AAR est également là pour cela.

    Le jeu de base est gratuit depuis un an (et le mod l’a toujours été). Maintenant, faut pas se leurrer. c’est un jeu très compliqué à prendre en main et si tu « croches », ça peut vite devenir très choronophage (demandez à AEdianys^^). Aussi, si le jeu de base est gratuit, les nombreux DLC (non indispensables mais c’est mieux avec) sont super onéreux (même quand ils sont en soldes) et ça sert aussi à recruter pour CK3.

    Oui, je tiens quand même à préciser que le mod a été pensé pour être joué sans DLC. Ces derniers (pas tous) offrent des fonctionnalités supplémentaires, mais AGOT est donc jouable gratuitement. Quant à la vanilla, même sans DLC, c’est déjà génial, et vu que c’est gratuit, je ne peux que conseiller l’essai.

     

    Où mènent les rêves de nos ambitieux ? Réponse dans le prochain chapitre.

    #139264
    Werther
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 318

    STANTON

    Viergétang – 5e lune de l’An 7 ap-C

    La jeune servante poussa un cri strident au moment où la porte vola pratiquement en éclat. Par réflexe, elle tira sur les draps pour cacher sa poitrine. Stanton n’eut pas cette chance et c’est nu qu’il se dressa sur son lit pour faire face aux trois hommes qui venaient d’entrer dans sa chambre.

    « Qu’est-ce que cette infamie ? Comment osez-vous pénétrer ici de la sorte ? »

    Ce fut ser Martyn, armé de pied en cap qui lui répondit. « Ordre de Sa Seigneurie, messer. Vous devez venir avec moi.

    -En pleine nuit ? » Stanton était sous le choc. Pour toute réponse, le chevalier lui jeta des vêtements.

    Tandis qu’il s’habillait, Stanton posa mille questions à son ami et aux deux gardes, mais ces derniers gardèrent le silence. Une peur intense commença à s’emparer de Stanton, mais il suivit bientôt les trois hommes dans les couloirs du château.

    Ils marchèrent un moment, dévalant plusieurs escaliers et il devint bientôt clair qu’ils se dirigeaient vers la grande salle. Je n’y comprends rien, se dit Stanton. Wendel serait-il passé à l’acte plus tôt que prévu ?  Le franc-coureur était censé attendre encore quelques lunes, le temps que Stanton regagne la confiance de son frère et parvienne à le retourner contre Jon. Non, si c’était le cas, Martyn ne serait pas là. Ce doit être pour une autre raison, parvint-il à se rassurer.

    Lorsqu’ils entrèrent dans la grande salle, ils furent accueillis par Perwyn siégeant sur la cathèdre. Son frère était très diminué physiquement mais c’était la colère et non la souffrance qui marquait ses traits. A côté de lui se tenaient Jon, Thoren et ser Edmure.

    « Mon frère ? Qu’est-ce que cette comédie ? » demanda Stanton en se plaçant devant la cathèdre.

    « Comédie ? », cria Perwyn. Stanton ne l’avait pas vu autant en colère depuis son refus d’épouser Melantha Manning il y a sept ans. « Quelle belle expression pour désigner la trahison !

    -Notre seigneur vient d’apprendre que Wendel projetait de prendre la place de messer Jon en tant que maître d’armes », dit ser Edmure. « Voire d’aller plus loin encore… »

    Les entrailles de Stanton furent comme compressées. Je lui avais dit d’attendre ! Il tenta d’affecter la surprise. « Quel toupet ! Il faut l’arrêter au plus vite !

    -Nous avons déjà envoyé ser Hosteen pour l’arrêter », répondit Jon. « Mais le franc-coureur s’est enfui. Il se serait embarqué pour le Val. »

    Stanton accueillit la nouvelle avec une pointe de soulagement. Si Wendel avait été arrêté, il n’aurait pas fallu bien longtemps pour qu’il révèle son implication. « Voilà qui est malheureux. J’avais bien dit à Jon que donner le commandement à nos troupes à un parvenu était une très mauvaise idée. S’il m’avait…

    -Silence ! » La main de Perwyn tremblait. « Il y a plus. Thoren ? »

    Le trésorier s’inclina puis se dirigea vers la petite porte à la droite du dais. Il l’ouvrit et ordonna à une personne d’entrer. Le sang de Stanton se glaça lorsqu’il reconnut le gros aubergiste de l’Oie qui Pue. Le bonhomme n’en menait pas large et se précipita aux pieds de la cathèdre où il tomba à genou.

    « J’ai reçu une dénonciation », dit Thoren en se tournant vers Stanton. « Des taxes impayées. Le patron incriminé est devant vous. Et il m’a conté une histoire bien étrange.

    -Je suis que mon frère est impatient de l’entendre », dit Perwyn qui abaissa ensuite son regard vers l’aubergiste qui ne contrôlait plus sa vessie. « Raconte à Stanton. Parle !

    -Me… m’sire… » balbutia l’homme toujours à genou. « Je… je… j’ai vu vot’ Wendel plusieurs fois dans ma gargotte. Qui buvait comme quat’. Que quand il était seul qui disait qu’vous z’étiez trop malade, mais qu’vous mettiez du temps à aller voir l’Père. Qui faudrait p’t’être accélérer les choses.

    -Et était-il parfois accompagné ? » demanda Perwyn tout en regardant Stanton droit dans les yeux.

    « Ou… oui m’sire. De m’ser Stanton. Là y parlaient d’remplacer vot’ aut’ frère m’ser Jon comme maît’ d’arme et comme régent. Qu’à vot’mort dans quelques lunes y contrôleraient tout… Que Stanton f’rait un bon régent, qui guiderait ben vot’ fille. Qu’ce s’rait comme qui dirait un Florian guidant la Jonquil. » Le gros homme pointa un doigt accusateur vers Stanton. « Et vot’frère a défloré ma p’tite ! Innocente qu’elle était ma…

    -Je me fiche de votre fille ! » Un silence glacial envahit la pièce. Stanton était sur le point de vomir. On essayait de lui faire porter le chapeau, jamais il n’avait voulu la mort de Perwyn. Même la défloraison était du baratin. Pas qu’il n’avait pas couché avec la fille… mais vierge, elle ne l’était pas. Il était néanmoins dos au mur. Autant avouer une partie pour s’en sortir.

    « Je n’ai jamais voulu attenter à ta vie. Cela n’a jamais été mon but. Je… je pensais effectivement que Jon possédait trop de pouvoir et que la tâche de régent me revenait de droit. À moi, moi qui ai toujours fait tant pour porter nos couleurs lors des batailles menées par nos souverains ou en ton nom. Mais je n’ai jamais voulu te faire le moindre mal, au contraire. Tu peux demander à ser Martyn, lui aussi était des nôtres ! »

    Le regard de Perwyn se tourna vers Martyn. « Est-ce vrai ?

    -Non messire » dit le garde qui affectait la surprise. « Jamais je n’ai mis les pieds à l’Oie qui pue. »

    Stanton était soufflé. « Comment peux-tu mentir ainsi ? En face de moi ! En face de l’aubergiste ! Toi, dis-lui qu’il était avec moi. »

    Le gros homme se tourna vers Martyn et le dévisagea un long moment. « Non, m’sire. Jamais vu c’t’homme chez moi. »

    À ce moment précis, Stanton n’avait qu’une envie, arracher les entrailles de l’aubergiste et pendre Martyn avec.

    « Trahisons, complots, mensonges ! » cria Perwyn. « Partout, même dans ma propre maison ! Je ne sais pas ce qui me retient de te faire décapiter ! Je devrais au moins t’envoyer au Mur !

    -Perwyn », intervint Jon. « Notre frère ne semble pas avoir proféré de menace contre toi. L’aubergiste a bien précisé que le franc-coureur était seul. N’est-ce pas ? » demanda-t-il au gros hommes qui hocha la tête nerveusement. « Stanton n’est coupable que d’avoir voulu me remplacer en tant que régent. Cela ne mérite pas la mort. »

    Perwyn semblait avoir les plus grandes difficultés à contenir sa colère. « Bien ! S’il ne visait que toi alors choisis toi-même sa punition. »

    Stanton réagit avec aigreur : « Oui, laisse donc ton pouvoir de justice à Jon. Une nouvelle prérogative qu’il ne s’était pas encore arrogé. » Il fit face à Jon. « Vas-y, débarrasse-toi de ton rival, Jon. Enferme-moi ! Envoie-moi au Mur ! » C’était la colère et le désespoir qui parlaient plus que le courage. En son for intérieur, Stanton n’avait guère envie de finir ses jours dans une geôle ou sur un mur de glace.

    Jon laissa planer un silence avant d’énoncer sa sentence. « Mon frère, je ne te hais pas. Tu n’es pas mon rival. Je suis sûr que tu ne voulais aucun mal à notre frère. Tu souhaitais simplement trouver ta place dans cette famille, même si celle-ci se trouvait être également la mienne. » Il se tourna vers Perwyn. « Son désir de me remplacer ne mérite ni la mort, ni les fers, ni l’exil. Je propose de le laisser libre. Pour punition tu devrais lui enlever son commandement.

    -Non ! » Stanton ne put se retenir. Cette décision lui était insupportable. « Wendel a fui et vous m’enlevez cette charge. Qui dirigera les troupes ? Toi encore Jon ?

    -Non. Tu as bien raison sur un point, je cumule bien trop de charges. » Il s’adressa à nouveau à Perwyn. « Nomme donc tes fidèles conseillers qui travaillent durs pour toi. Josua sait mener des troupes et sa nomination sera bien vue par le milieu marchand de Viergétang. Je propose également ser Edmure. Il m’a surpris par ses connaissances militaires.

    -Soit mon frère, ce sera fait. » Perwyn se retourna vers Stanton. « Quant à toi, tu échappes à une punition plus sévère. Tu n’es pas exilé, mais je ne veux plus te croiser lorsque je suis à Viergétang. Si tu apprécies tant les auberges de la ville, je te conseille de t’y prendre une chambre. »

    Sur ce, Perwyn se leva et sortit de la salle d’un pas rageur, suivit de peu par Jon et Thoren. Les gardes s’emparèrent de l’aubergiste pour le trainer dehors. Stanton fut quant à lui raccompagner par ser Martyn. En passant la porte, il jeta un dernier regard derrière lui.

    Seul dans la grande salle, ser Edmure souriait.

     

    #139273
    Werther
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    Super récit Werther, il faudrait que j’essaie le mod un jour maintenant que j’ai un peu d’expérience sur la vanilla (400h c’est pas grand chose)

    Merci Tham. Désolé, avec le saut de page je n’avais pas vu ton message. 400h c’est énorme haha. Tente le coup avec le mod, c’est d’autres sensations, pas simplement un changement de contexte.

    #139328
    Werther
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    PERWYN

    Lord Herpivoie-ville – 11e lune de l’An 7 ap-C

    Le dais de la grande salle du château d’Herpivoie était vaste et Perwyn était trop éloigné du centre de la table pour entendre la conversation entre lord Symond Herpivoie et lord Lyonel Mallister, seigneur du Trident. Il fallait par contre être sourd pour ignorer le faux rire de lord Darry assis à la droite des deux hommes. Un hypocrite et un lèche botte. Je ne comprends pas pourquoi lord Symond l’apprécie tellement.  

    « D’après certaines légendes, les Sans-Visages de Braavos seraient capables de tuer un homme d’un seul regard », dit lord Alyn Piper sur un ton amusé. « Seriez-vous doter d’un tel don lord Mouton ?

    -Non… Je ne pense pas messire.

    -Bien dommage. Je vous aurais fait rencontrer ma belle-mère. » Le commandant des forces du Trident émit un petit rire avant de se jeter avec gourmandise sur les cailles qui venaient d’être servies.

    L’humour n’avait jamais été le fort de Perwyn et il se sentait un peu bête d’avoir répondu si sérieusement. Il décida de changer de sujet. « Vous semblez avoir faim, messire. Le Conquérant ne vous aurait-il pas nourri ?

    -Oh si, le banquet du couronnement était impressionnant », répondit lord Piper tout en léchant l’os d’une cuisse. « Mais que voulez-vous je suis un ventre sans fond. Qu’importe ce que disent ces rabat-joies de septons, pourquoi se priver des plaisirs de la vie ? »

    Malgré les recommandations de mestre Aethan et mestre Lorent, Perwyn avait pour sa part de plus en plus de mal à se nourrir. « Comment était la forteresse du roi ? Si impressionnante qu’on le dit ?

    -Fort-Aegon ? » Lord Piper fit une grimace. « Une bâtisse modeste au sommet d’une colline, avec un donjon de bois de cinquante pieds. Harren le Noir avait plus de goût. Mais je crois que le roi projette de l’agrandir et d’utiliser de la pierre. La ville autour vaut par contre le détour.

    -Port-Réal ? Lord Sombrelyn ne cesse de se plaindre que de nombreux navires se détournent de Sombreval pour y accoster. » Et de Viergétang, mais lord Piper n’a pas besoin de le savoir.

    « Oui, le port est très actif. La ville elle-même est… d’une propreté douteuse, mais les bordels y sont incroyables. » Le seigneur de Château-Rosières émit un petit rire en reprenant un verre de vin. « Le roi a fait venir tant de monde qu’elle rivalise déjà avec Goëville ou Blancport. Et elle grandit encore. Lorsqu’il l’a vue, le Grand Septon a été très impressionné. Il a demandé à Sa Majesté de faire construire un plus grand septuaire. Peut-être Sa Sainteté Suprême voulait-elle aussi que le Conquérant expie son mariage avec ses deux sœurs ?

    -Un septuaire en échange d’un couronnement, c’est un prix modeste à payer. Où a-t-il eu lieu d’ailleurs ?

    -Dans la grande salle de Fort-Aegon, sur la colline même où Aegon avait ceint pour la première fois la couronne. A vrai dire la forteresse avait du mal à accueillir tant d’invités. Pourtant la Main du roi, lord Dale Longegarde, semblait déçue. Il espérait accueillir plus de grands seigneurs.

    -Il me semblait pourtant que jamais autant de grandes familles ne s’étaient réunies en même lieu », fit remarquer Perwyn.

    « Sans doute. » Lord Piper s’empara de quelques escargots qu’il déposa sur une tranche de pain. « En sus de notre seigneur, Argilac l’Arrogant avait fait le déplacement. Il faut dire que le Durrandon siège également au Conseil restreint. Le sire de Hautjardin, Mern Jardinier était aussi de la partie avec son fils ainé Edmund.

    -Son héritier ?

    -Non, septon Edmund a choisi la Foi. D’ailleurs il accompagnait plus le Grand Septon que son père. Et ce fut tout pour les seigneurs suzerains. Tohrren Stark devait venir mais le loup a été retenu par une sombre affaire avec lord Manderly. Harwyn Chenu mène ses boutres on ne sait où. D’après les rumeurs il écumerait les mers d’Orient en quête d’une épée en acier valyrien à même d’impressionner son rival Greyjoy. Quant à la princesse de Dorne Meria Martell, elle a prétexté ses 84 ans pour ne pas faire le voyage, mais je soupçonne le Crapaud de ne pas accepter sa défaite.

    -Vous avez participé à la conquête de Dorne n’est-ce pas ?

    -Oui, je n’étais pas à la seconde bataille de Soléclat qui a renversé le cours de la guerre. Mais lord Lyonel et moi commandions chacun un flanc lors de la bataille décisive à Santon contre le prince Nymor. C’est d’ailleurs lui qui représentait sa mère lors du couronnement. Il a pu revoir sa fille la princesse Deria. Dire qu’elle a épousé Argilac. Dans quelques années, nous vivrons dans un monde où Orageois et Dorniens obéiront à un même seigneur. Que vont bien pouvoir faire les Marchiens et les Dorniens Rocheux s’ils ne peuvent plus se taper dessus ? » Lord Piper goba littéralement sa tartine au beurre d’escargot et fit descendre le tout avec un vin dornien particulièrement corsé.

    « Où en étais-je ? Ha oui, les grandes familles. Comme ces tire-larmes de chanteurs n’arrêtent pas de nous en rabattre les oreilles, le précédent Lannister est mort lors de ce soi-disant Duel des Lions et son fils n’a que quatre ans. Aussi le petit seigneur Roc a-t-il été représenté pas son oncle de régent, Tybolt Lannister.

    -Je pensais que c’était son autre oncle, Gerold  qui dirigeait les terres de l’Ouest. »

    Lord Alyn faillit s’étouffer de rire. « Cet imbécile est mort lors de la campagne dornienne. » Perwyn ne fut pas surpris qu’il s’en réjouisse. Les Piper, par leur proximité avec les terres de l’Ouest, étaient connus pour leur aversion envers les Lannister.

    « Ce n’était pas le seul régent vous me direz. Lord Ronnel Arryn n’a que 13 ans, et c’est sa mère lady Sharra qui a fait le voyage depuis les Eyrié. Elle ne pouvait manquer une occasion de bien se faire voir du roi, surtout depuis que les relations avec notre suzerain se sont tendues. »

    Perwyn en fut surpris. « Je pensais que les relations avec le Val était bonnes. Lord Ronnel Arryn n’est-il pas promis à lady Cynthea, la fille de lord Lyonel ?

    -Si », répondit Lord Piper entre deux gorgées de vin. « Mais notre seigneur est un ambitieux qui se doit de prouver sa valeur face à des seigneurs suzerains qui sont tous issus de lignées royales. Il lorgne sur le Val.

    -Sous quel prétexte ? Les Arryns y règnent depuis des milliers d’années.

    -A peu près le même prétexte que pour votre aventure à Darry. D’obscurs droits provenant d’unions dont la réalité est plus que discutable. » Un rictus de lord Piper répondit à l’expression indignée de lord Perwyn à la mention de ses droits sur Darry. Ce n’est pas pareil, tenta-t-il de se convaincre.

    Il jeta un œil à lord Lyonel Mallister. Assis à la place d’honneur, le Noir arborait un grand sourire et échangeait de bons mots avec lord Herpivoie.

    « Lord Mallister est un chef de guerre admirable et un homme brave, je peux en témoigner » continua lord Piper. « Mais il a un défaut, il est trop confiant dans la nature humaine et dans celle de ses vassaux et présume de ses forces. Peu de seigneurs riverains accepteront une telle aventure s’il si risquait.

    -Il ne semble pourtant pas détesté » dit Perwyn en se retournant vers son interlocuteur.

    « Détesté ? Non. Mais il peut se montrer autoritaire de temps en temps et certains le craignent. Bien peu l’apprécient et le soutiennent. »

    De gauche à droite : lord Baratheon, lady Tully, lord Frey, lord Nerbosc, lord Piper, lord Ryger, lord Vance, lord Beurpuits, lord Bracken et lord Herpivoie.

    Lord Alyn désigna les seigneurs qui les entouraient. « Regardez les choses en face. Ceux qui sont présents ici ce soir sont les plus fidèles. Votre seigneur a bien des défauts, comme de nombreux maris du Conflans peuvent en témoigner, mais pas celui de la déloyauté. C’est le cas également de lord Vance qui a combattu pour Harwyn jusqu’à la fin. Lord Frey le soutiendra aussi, jusqu’à un certain point… »

    Perwyn regarda le sire du Pont qui, la barbe imbibée de vin, lorgnait sur sa voisine, lady Lansia, sœur de lord Herpivoie et épouse de ser Lyle Frey, le propre frère et ennemi juré de lord Jared.

    « Lord Frey ? Son attitude lors de la Conquête semble démentir votre analyse.

    -J’ai dit jusqu’à un certain point. Frey est un tourne-casaque qui suit le vent, si lord Lyonel triomphe il pourrait rester fidèle… Je ne peux en dire autant des seigneurs absents. Ryger était un fidèle des Chenu pour qui lord Lyonel est un traître. Bracken et Nerbosc s’estimaient plus dignes de la suzeraineté sur le Trident et ont été déçus par le choix d’Aegon.  Quant à lord Orys Baratheon… Il a été la Main du roi jusqu’à la conquête du Trident et est bien plus fidèle à son demi-frère qu’à son suzerain. Restent les Tully. Lady Minisa est la nièce de lord Lyonel, mais elle vient à peine d’hériter de Vivesaigues et ses conseillers ne sont guère favorables aux Mallister. »

    Perwyn sirota son verre en silence avant de trouver le courage de demander. « Et vous, messire ?

    -Moi ? » Lord Piper sourit. « Lord Lyonel n’est pas un seigneur facile à vivre et à servir… Mais il m’a nommé commandant des forces du Trident, a fait de moi son « maître des navires » même si, entre nous soit dit, j’ai le mal de mer, et il n’oublie jamais de me faire servir les meilleurs plats. Je ne sais pas s’il est le bon cheval, mais j’ai déjà parié, lord Mouton. Mon fils et héritier ser Joseth est marié à Jeyne, la fille première de lord Mallister. S’il chute, ma maison le suivra. »

    Il donna une tape sur l’épaule de Perwyn. « Rester fidèle à un seigneur avec lequel vous n’êtes pas toujours d’accord. Je suis sûr que vous êtes familier de cette situation. C’est le choix que vous avez fait à Darry, messire. Le bon. Cela ne vous empêche néanmoins pas de vous méfier de vos semblables. Ils vous sourient, ils vous cajolent… mais ils aiguisent également les lames qui vous égorgeront la nuit venue. »

    Lord Alyn Piper sourit à pleine dent avant de se jeter sur un gâteau au miel. « Vous en voulez ?

    -Non », répondit Perwyn d’une voix pensive. « Je n’ai vraiment pas faim. »

     

    #139357
    Werther
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    ANDACEY

    Viergétang  – 5e lune de l’An 8 ap-C

    En entrant dans la salle de travail, Andacey fut accueillie par une violente quinte de toux. Perwyn était pratiquement plié en deux et s’agrippait à la table pour se maintenir debout. Lorsque la toux passa, son mari sortit un mouchoir et essuya le sang sur ses lèvres. Andacey le vit ensuite poser un regard bienveillant sur Bellena, assise sur la chaise bien trop grande de son père. La petite jouait avec le sceau seigneurial sans prêter attention à Perwyn.

    La scène était assez émouvante, aussi Andacey hésita-t-elle un moment avant de la perturber. « Tu m’as fait appeler Perwyn ? »

    Son mari ne se retourna pas, ses yeux toujours braqués sur Bellena. « Elle sera une grande lady.

    -Elle le sera… sauf si nous avons un garçon entretemps. »

    Perwyn souffla de dépit. « L’Hiver vient comme disent les Stark.

    -Oui, d’après les mestres il ne devrait pas tarder. Le vent se fait de plus en plus frais et…

    -Je ne parlais pas de la saison, Andacey. » Il laissa planer un silence avant de reprendre. « Je suis de plus en plus diminué. Nous ne partageons presque plus notre couche. Nous n’aurons pas d’autres enfants, Ma Dame… Et je vais bientôt mourir. »

    Elle voulait protester, lui dire de garder espoir en une guérison future. Mais ils savaient tout deux qu’il s’agirait d’un mensonge. Perwyn était de plus en plus faible. Elle prit son courage à deux mains pour enfin lui dire ce qu’elle avait sur le cœur.

    « C’est pourquoi tu dois tout faire pour t’assurer que ta fille soit en sécurité. Tu dois me nommer régente. »

    Perwyn se retourna enfin, posant enfin ses yeux rougis sur son épouse. Il la regarda un long moment avant de répondre.

    « Non. » Ce simple mot transperça le cœur d’Andacey. « Jon restera régent.

    -Tu te défis de tout le monde ! Peut-être même de moi ! Et tu voues pourtant une confiance aveugle en ton frère aîné ! Même après ce qui s’est passé avec Stanton ! Alors qu’il est l’héritier de Bellena ! Lorsque tu ne seras plus, qui nous dit qu’il n’essayera pas de se débarrasser de notre fille pour prendre sa place ? »

    D’un geste, Perwyn balaya ses arguments. « Jon a toujours été fidèle à sa famille. Et il a été mon bras droit pendant tellement d’années, il a les aptitudes nécessaires pour s’occuper de Viergétang.

    -Et pas moi ?

    -Non, pas toi. » Les mots étaient froids, violents. « De plus Viergétang aura déjà des difficultés à accepter une femme à sa tête. Et il faut un Mouton. » Il s’avança lentement vers Andacey, ses traits maladifs déformés par une sorte de folie. « Et tu as raison, je n’ai confiance qu’en Jon. Je me défie de tout le monde.» Il éleva le ton de sa voix. « À Herpivoie, Petyr complote pour me faire perdre ma place au conseil. Ici même, mes commandants, mes conseillers, tous attendent ma mort. Tous, ils la souhaitent ! »

    Les cris de son père avaient effrayé la petite Bellena qui se mit à pleurer.

    « Et ils ne vont pas s’arrêter là. Je sais qu’ils veulent s’en prendre à ma fille ! À toi !

    -Qui ils ? » demanda Andacey, dont la frayeur était autant causé par cette révélation que par la folie apparente de son époux.

    « Qu’importe ! Ils n’y parviendront pas. Tu as raison sur un point, je dois m’assurer de la sécurité de mon héritière. » Andacey avait désormais un très mauvais pressentiment.

    « Ser Hosteen ! Ser Martyn ! » Les deux gardes entrèrent dans la pièce. « Ser Hosteen, prenez ma fille. Cachez-la. Ne révélez à personne où elle est, pas même à moi ou à ma femme.

    -Tu veux nous enlever notre enfant ? » demanda Andacey complètement paniquée. Ser Hosteen prit la petite avec lui et se dirigea vers la porte. « Non ! » Andacey lui barra le passage. « Je ne vous laisserai pas prendre ma fille !

    -Ser Martyn ! » aboya Perwyn.

    Le chevalier prit le bras d’Andacey. « Ma Dame, s’il vous plait », dit-il d’une voix calme mais en serrant si fort qu’elle en eu mal au bras. Elle essaya de se débattre mais il la maintint tandis que ser Hosteen sortait de la  pièce.

    « Tu es devenu fou ! » asséna Andacey à son mari.

    « Non. Je m’assure de votre sécurité. Ser Martyn, faîtes de même avec ma femme. » Il fit un geste et se tourna vers la petite fenêtre.

    Andacey n’en revenait pas, elle avait envie de vomir. Elle se débattit tant et si bien que ser Martyn dut la charger sur son épaule. « Perwyn ! » cria-t-elle une dernière fois à son mari qui lui tournait le dos.

    Mais il ne bougea pas, son regard fixé sur la fenêtre alors que la porte se refermait définitivement sur lui.

     

    #139399
    Werther
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    STANTON

    Gué des Rubis – 3e lune de l’An 9 ap-C

    En cette saison hivernale, le Trident était glacé. Heureusement pour Stanton les eaux au niveau du gué des Rubis ne dépassaient pas la hauteur de ses bottes.  Il enleva son casque et le remplit d’eau. Cela fait, il sortit du fleuve et retourna en direction du camp.

    L’armée qui bivouaquait au croisement de la route du Nord et de la Grand-route était immense. Des dizaines de pavillons et dix fois plus de tentes s’étendaient sur la plaine. La neige qui ne cessait de tomber recouvrait une partie des blasons mais Stanton savait que toutes les grandes maisons avaient répondu à l’appel de lord Mallister. Progressant avec soin dans la neige boueuse, il atteignit bientôt sa petite tente au milieu des troupes Herpivoie. Il n’avait bien entendu pas obtenu l’autorisation de son frère pour partir à la guerre et avait décidé de rejoindre les troupes de lord Symond plutôt que celles de Viergétang.

    Depuis cette sinistre nuit où on l’avait démis de son commandement, Stanton avait vécu comme un paria. Installé dans une auberge de Viergétang, loin de la forteresse et de sa famille, il avait passé le plus clair de son temps à boire et à profiter des filles de joie.

    Lorsque quelques lunes plus tôt, lord Mallister avait annoncé son intention d’envahir le Val, Stanton y avait vu une opportunité inespérée. Une raison de vivre et de se lever le matin. Et c’est ainsi qu’il se retrouvait ici, au milieu d’une immense armée riveraine qui franchirait bientôt les Montagnes de la Lune pour s’emparer du Val d’Arryn.

    Stanton déposa son casque. Il allait allumer un feu pour faire bouillir l’eau lorsqu’il entendit une rumeur montée dans le camp. Bientôt, des vagues de soldats prenaient la direction de la place centrale. Intrigué, il délaissa son eau et suivit le mouvement.

    Il arriva bientôt sur la place au centre du camp où on avait installé le pavillon de lord Lyonel le Noir et ceux des grands seigneurs riverains. Une foule de soldats s’était agglutinée tout autour et il du jouer des mains et des coudes pour se frayer un chemin à travers elle.

    Un grand cercle s’était formé autour de trois chevaliers vêtus entièrement de blanc et portant la bannière targaryenne. Ils faisaient face à lord Lyonel Mallister, assis sur une chaise de campagne et revêtu de son armure. Le sire de Salvemer était entouré de tous les grands seigneurs du Conflans.

    Lord Alyn Piper s’avança vers les trois hommes. Stanton ne l’avait vu qu’une ou deux fois et de loin, mais il savait que le commandant des forces du Trident était un homme puissant, très proche de lord Lyonel. Sa position s’était d’autant renforcée depuis que lord Mallister avait décrété que, bien que les hommes avaient précédent, les femmes n’étaient plus exclues de la succession du Trident. La grande bénéficiaire de cette décision était bien entendu lady Jeyne Mallister, la belle-fille de lord Piper qui se plaçait désormais quatrième dans l’ordre de succession du Conflans.

    « Bienvenue messers… » Lord Piper regarda les boucliers des trois chevaliers. « Je suis désolé, mais je ne reconnais pas vos armes.

    -Cela est bien normal messire », répondit le chevalier le plus avancé. « Nous sommes des chevaliers de la garde royale instituée par Sa Grâce la reine Visenya pour protéger son époux. Le blanc que nous portons symbolise notre renoncement à nos armes et à nos liens familiaux. » Stanton avait entendu parler de cette garde qui comptait sept des meilleures lames du royaume. « Je suis ser Gregor Lebon, lord commandant de la garde royale. Et voici mes frères ser Turlogh Flowers et ser Franklyn Dombecq », poursuivit le chevalier en désignant les deux chevaliers qui se tenaient derrière lui. « Sa Majesté Aegon nous a chargé de remettre un message à lord Mallister.

    -Peut-être devrions-nous en discuter à l’intérieur », proposa lord Piper en désignant le grand pavillon à l’aigle d’argent.

    « Désolé, messire. Mais Sa Majesté préfère que les habitants du Conflans prennent connaissance de la teneur de son message. » Il tourna son regard vers le sire de Salvemer. « Lord Lyonel Mallister, Sa Majesté nous a chargé de vous escorter jusqu’à Port-Réal. » La foule se mit à bruisser de mille murmures.

    Lord Lyonel le Noir fronça les sourcils. « Et en quel honneur ?

    -Pour répondre de vos crimes.

    -Quoi ? » Sous l’effet de la surprise, lord Mallister s’était levé. Les murmures se muèrent en clameurs. Ces dernières prirent rapidement fin lorsque Lyonel le Noir demanda d’un ton courroucé : « Crime contre qui ?

    -Contre la paix du roi », répondit ser Gregor. « En déclarant la guerre à lord Ronnel Arryn, vassal du trône de fer et gouverneur de l’Est. Vous devez en répondre devant Sa Majesté.

    -Tyrannie ! » s’exclama lord Lyonel de sa puissante voix. « Je suis le seigneur du Trident, je règle mes différends avec Arryn comme je le souhaite. Aegon n’a pas le pouvoir de me convoquer comme un vulgaire domestique.

    -Vous refusez donc de vous soumettre ? » demanda ser Gregor.

    « Est-il même besoin de le demander ? » aboya lord Lyonel. « Bien sûr que je ne me soumettrai pas à la justice de ce polygame adultérin, cet étranger qui fait fi des droits des Riverains ! »

    Un silence de mort suivit les paroles du seigneur. « Dans ce cas… », dit Ser Gregor en faisant pivoter sa monture pour s’adresser directement aux seigneurs et soldats de lord Lyonel. « Au nom d’Aegon, de la maison Targaryen, premier du nom, roi des Andals, des Rhoynars et des Premiers Hommes, seigneur et maître des Sept Couronnes, protecteur du royaume, lord Lyonel de la maison Mallister est répudié, flétrit, dégradé de ses rangs et titres, dépossédé de ses domaines, revenus et tenures. Ses bannerets sont déliés de leurs devoirs envers lui et doivent suivre l’étendard royal pour appesantir la justice du roi sur le prétendu seigneur Lyonel Mallister. »

    Le sire de Salvemer pointa un doigt rageur sur les chevaliers. « Je ne vous laisserai pas conter des ignominies à mes loyaux bannerets ! Qu’on les arrête ! »

    Plusieurs soldats s’approchaient déjà des gardes royaux lorsqu’Orys Baratheon intervint. « Stop ! ». Le sire de Harrenhal était une véritable montagne qui dominait d’une tête la plupart des hommes du camp. « Je ne permettrai pas à quiconque de faire du mal aux envoyés de Sa Majesté.

    -Traître ! » rugit lord Lyonel. « Vous mettez vos liens de sang avant vos devoirs de vassal !

    -Ma fidélité ne va pas à mon frère, mais à mon roi. Son service précède celui que je dois à mon suzerain. »

    Lord Mallister cracha au sol. « Vous avez choisi votre camp, Baratheon ! Vous rejoindrez ces freluquets blanchâtres au cachot ! » Le bruit d’une centaine d’épées de la maison Baratheon sortant de leur fourreau répondit aux paroles du sire de Salvemer.

    Lord Addam Bracken rejoignit lord Baratheon : « Vous dépassé les bornes Mallister ! Vous traitez notre roi de tyran mais vous n’hésitez pas à faire arrêter vos bannerets ! » Il fut rejoint par lord Ryger et même lord Nerbosc.

    Lord Mallister bouillonnait de rage et semblait sur le point d’ordonner un massacre.

    « Messires », intervint calmement lord Alyn Piper. « Il semble que nous n’arriverons pas à régler nos différends aujourd’hui. Je pense que s’entretuer ainsi est indigne de Riverains.

    -Que proposez-vous donc ? » demanda sèchement lord Lyonel.

    « Que nos chemins se séparent ici. La guerre est clairement déclarée, mais l’honneur commande de se retrouver sur le champ de bataille plutôt que de s’égorger au milieu d’un camp. »

    Piper est le seul à garder la tête froide, se dit Stanton. Nous allons droit au bain de sang.

    Lord Mallister sembla en prendre également conscience. « Soit. Partez, traitres. Mais priez les dieux que je ne vous retrouve pas sur le champ de bataille. »

    Et ainsi les trois chevaliers quittèrent le camp, suivis des seigneurs Baratheon, Bracken, Nerbosc et Ryger. Avec eux partirent plus de la moitié des troupes du Conflans. Plus tard dans la journée, alors qu’on avait ordonné le démontage du camp, Stanton remarqua que les troupes de lady Tully s’étaient également esquivées.

    Des ordres annoncèrent que l’on repartait vers le nord. Stanton chargea sa tente sur sa vieille jument puis harnacha son destrier. Alors qu’il remontait sur sa monture, Stanton ne put s’empêcher de se demander dans quelle galère il s’était embarqué.

    #139424
    darkdoudou
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    super bien raconté! Les Mouton doivent faire le bon choix maintenant : se rebeller contre le Roi ou contre leur Lord.

    Par contre, je ne comprends pas bien comment un Baratheon peut être sire d’Harrenhal (et donc vassal du Trident) à ce stade de l’histoire, pendant la Conquête?

    #139460
    Werther
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    super bien raconté! Les Mouton doivent faire le bon choix maintenant : se rebeller contre le Roi ou contre leur Lord.

    Par contre, je ne comprends pas bien comment un Baratheon peut être sire d’Harrenhal (et donc vassal du Trident) à ce stade de l’histoire, pendant la Conquête?

    Merci Darkdoudou !

    Les Mouton doivent suivre lord Mallister puisque lord Herpivoie a fait ce choix.

    Pour Orys, j’en avais parlé lors de la soumission de Harwyn Chenu, il a reçu Harrenhal juste après la conquête du Conflans au lieu de Quenton Qoherys dans la saga. Argilac Durrandon s’est soumis et est désormais seigneur d’Accalmie, donc il n’aurait pas pu recevoir les terres de l’Orage. Le jeu a présenté une situation assez logique pour le coup. Mais que les fans des Baratheon ne s’inquiètent pas, ils vont jouer un rôle important dans l’histoire du Trident.

    Quant à la maison Qoherys elle existe bien et nous rencontrerons bientôt Quenton d’ailleurs.

     

    Pour le prochain chapitre, je crois qu’il est temps de découvrir un membre de la famille Mouton qui n’a été que mentionné dans les précédents chapitres. Il aura également un rôle par la suite, et je pense qu’il est temps qu’il entre en scène.

    #139461
    Werther
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    PERWYN

    Viergétang – 10e lune de l’An 9 ap-C

    Si mal.

    Perwyn ouvrit les yeux. Il était dans son lit. La chambre était sombre, mais un fin de rayon de lumière provenant de la fenêtre indiquait que le soleil était levé.

    Cette douleur.

    Il finit par l’apercevoir, assit sur une chaise à côté de lui.

    « Père ? » appela-t-il. Non, il délirait. Son père était mort il y a 22 ans de cela. « Jon ? »

    Son frère soupira de dépit. « Je serai donc toujours le dernier ici… Je ne sais pas de quoi se plaint Stanton. Au moins a-t-il droit à ta rancune. Moi ? A rien. Ou au mépris… Non, Jon inspecte une nouvelle fois les courtines. Il veut que nos défenses soient prêtes pour le moment où les Targaryens viendront pour nous. »

    Les yeux de Perwyn parvinrent enfin à discerner les traits creusés de son frère.

    « Ty… Tyler ? » Il eut les plus grandes difficultés à retrouver son souffle. « Où… Aethan ? »

    Tyler laissa planer un silence. Comme d’habitude. Son frère avait toujours été un taiseux. « Avec ma femme. Elle va accoucher sous peu.

    -Bien… ». Il avala difficilement sa salive. « Tu… tu dois être heureux. »

    Son frère fixait la fenêtre, le regard vide. « Si c’était le cas je ne serais pas là, dans une pièce sombre, avec mon frère mourant qui a passé sa vie à m’ignorer. » Il soupira. « Heureux ? Pourquoi ? Je ne suis même pas sûr que cet enfant soit de moi. Probablement un petit bâtard de ton garde. »

    Perwyn regarda son frère. Il avait raison, toutes ces années il l’avait ignoré. Il souffrait, et c’était en partie de sa faute, c’est lui qui avait choisi Kyra Belgrave. « Je suis… désolé.

    -Pourquoi ? Tu ne couches pas avec ser Hosteen à ce que je sache. » Il soupira une nouvelle fois avant de tourner à nouveau son regard vers Perwyn. « Septon Forrest est passé. Il a prié pour toi. Puis il est reparti aider les réfugiés en provenance d’Herpivoie. Thoren aussi, pour t’annoncer que, malgré la guerre, les taxes étaient bien rentrées et la construction des fermes terminée. » Il eut un petit rire. « Je ne vois pas trop à quoi cela rime. Tous ces efforts alors que nous finirons probablement calcinés dans moins d’une lune. Herpivoie, Salins… Les Targaryens progressent rapidement. »

    Le cœur de Perwyn s’emballa. « Andacey… Bellena… » Il pouvait voir le beau visage de sa femme, les petites mains de sa fille.

    « Personne ne sait où elles sont depuis plus d’un an et demi. » Tyler se leva et lui caressa le front. Sa voix se fit douce. « Où qu’elles soient, elles sont plus en sécurité qu’au château, crois-moi. »

    Une larme coula sur la joue de Perwyn, mais il n’arrivait plus à faire le moindre mouvement pour la sécher. « J’aurais voulu… tant de choses… des regrets, tant de regrets… Bellena… toi… Stanton. »

    Tyler lui sourit. « Nous avons reçu des nouvelles de lui. Ne t’inquiète pas. Notre puiné est un dur à cuir. La bataille de Salvemer a été une boucherie parait-il. Mais il a survécu. Il devient un vrai vétéran. »

    Perwyn se sentait de plus en plus mal mais cette nouvelle le réjouit. Il aurait tellement voulu qu’ils se réconcilient.

    Tout ceci n’était pas juste. 36 ans. Tellement de choses qu’il aurait pu accomplir. « Darry… », murmura-t-il.

    Tyler se mit doucement à rire. « Si têtu ». Son rire se mua peu à peu en larmes. Il s’approcha doucement de son oreille et lui susurra, comme s’il lui confiait un secret : « Darry-le-Château est assiégé. Au moment où nous parlons, les bannières du laboureur doivent être en feu. »

    Perwyn ferma les yeux. Il imagina les bannières brunes et noires brûler. Leurs cendres, loin de tomber, se muaient peu à peu en un champ d’argent où une truite nageait librement.

    Petit à petit, la douleur disparue. Et avec elle le mince fil de sa vie.

    Le sire de Viergétang s’endormit pour toujours, un sourire aux lèvres.

    #139519
    Werther
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    JON

    Viergétang – 10e lune de l’An 9 ap-C

    « Vous vous trompez de siège, messer », dit ser Edmure en entrant dans la salle du conseil. Jon s’était instinctivement assis à la place du maître d’arme, celle qu’il avait occupée pendant des années, même lorsque Perwyn était absent.

    Il acquiesçât d’un hochement de tête avant de s’asseoir sur la chaise dévolue au seigneur. Il était désormais régent de plein droit et se devait de le montrer à tous en adoptant les symboles du pouvoir seigneurial.

    Ser Edmure resta quant à lui debout. « Vous paraissez songeur, messer.

    -Oui. J’ai du mal à réaliser qu’il est mort. » Jon était en train d’inspecter le mur extérieur lorsque ser Martyn était venu l’informer que Perwyn s’était éteint dans les bras de Tyler. Il le savait gravement malade depuis des années et son état n’avait cessé de se détériorer dans les dernières semaines. La nouvelle n’en n’avait pas moins été difficile à avaler. Il aimait son frère. Si jeune, se dit-il sombrement, il n’était que de deux ans mon ainé.

    « N’attendez pas de moi que je vous bassine avec les réconforts que vous servirait septon Forrest », répondit Edmure. « Ce n’est pas mon fort. Mais quelque dure soit cette perte, vous devez aller de l’avant. Pour votre nièce, pour vous… pour votre fils. » Il marqua une pause. « Dois-je les faire entrer ? »

    Jon prit une grande inspiration puis se redressa sur sa chaise. « Allez-y. »

    Sur un signe d’Edmure, ser Hosteen ouvrit la porte et fit entrer les conseillers de Perwyn. Ils vinrent se poster devant leur chaise respective mais restèrent tous debout à l’exception de mestre Aethan qui fut invité à s’asseoir. Il était le seul à ne pas avoir besoin d’une confirmation du nouveau maître de Viergétang.

    « Messieurs », commença Jon. « Vous avez tous servis mon frère avec loyauté au cours de ses dernières années. Sa mort est une tragédie pour Viergétang et, j’en suis sûr, pour vous tous. Il nous faut néanmoins préserver son héritage et nous assurer que ma nièce lady Bellena trouve une seigneurie prospère à sa majorité. Cette tâche ne sera pas aisée, surtout dans les circonstances actuelles. Aussi, en tant que régent de notre Dame j’ai décidé d’opérer quelques changements dans la composition de ce conseil. »

    Les conseillers, manifestement tendus, buvaient la moindre de ses paroles. Jon se tourna d’abord vers Josua de Marbrelac qui se trouvait à sa gauche. « Maître Josua, vous avez été un châtelain plus que compétent aussi souhaiterais-je que vous conserviez votre position. Si vous l’acceptez bien entendu. »

    Le châtelain s’inclina bien bas. « Ce serait un honneur que de continuer à servir Viergétang », dit-il sans cacher son soulagement. Il s’assit à la place qui lui était réservée. Pour être honnête Jon aurait souhaité qu’il refuse. Josua était un imbécile sans grand talent et il aurait aimé le remplacer. Néanmoins les liens du châtelain avec le milieu marchand de Viergétang et ses nombreuses propriétés à Marbrelac en faisaient un homme influent qu’il ne pouvait se permettre d’écarter alors qu’il venait à peine de prendre la régence. En tout cas pour l’instant.

    Kyle de Viergétang était aussi un personnage important de la ville, mais ses indéniables compétences rendaient la décision moins difficile. « Maître Kyle, je souhaite également que vous conserviez votre poste. » Le justicier s’inclina et le remercia avant de s’asseoir à son tour.

    Jon sourit à Thoren qui semblait toujours aussi stressé. « Thoren, personne ne vous égale quand il s’agit de trouver les fonds nécessaires à notre politique, aussi êtes-vous bien entendu confirmé à votre poste. » Le trésorier répondit par un sourire tendu.

    « Septon Forrest. Lorsque des navires chargés de réfugiés de Herpivoie et Salins ont accosté, vous n’avez pas hésité une seconde à venir en aide à ces pauvres hères. » Même la longue barbe du septon ne pouvait dissimuler son sourire. « Je sais que cette tâche vous tient à cœur et vous occupe beaucoup. Aussi vous permettrais-je de vous consacrer totalement à celle-ci. Septon Darnold prendra en main les affaires religieuses de Viergétang. »

    Forrest écarquilla les yeux. « Me… messer, je ne… ».

    Jon leva la main pour le couper. « Ne me remerciez pas. Vous pouvez retourner auprès des nécessiteux. » Le septon, l’air dépité, s’inclina avant de quitter la salle du conseil. Septon Forrest était à vrai dire un bon septon et Jon l’appréciait. Mais septon Darnold était en charge du septuaire de Viergétang et son influence n’était pas à sous-estimer. Depuis la mort de son prédécesseur et ancien châtelain septon Samwell, Darnold ne cessait de demander un poste au conseil.

    Jon s’éclaircit la voix. « Je me dois de me consacrer entièrement à mes nouvelles responsabilités. Aussi ne pourrais-je cumuler la régence avec la charge de maître d’armes. Mais Viergétang ne peut, en ces temps de périls, se passer d’un chef pour ses armées. Aussi ai-je décidé de nommer ser Edmure à ce poste. »

    Si Edmure fut contrarié par les murmures qui s’élevèrent, il ne le montra pas le moins du monde. Il s’inclina avec son éternel sourire et vint se placer à la droite de Jon.

    « Commet allons-nous faire pour nous tenir informer sans le réseau d’espions d’Edmure ? » demande maître Josua en oubliant délibérément le titre du nouveau maître d’arme.

    « Je vois que vous reconnaissez enfin l’utilité de mes connections », lança Edmure à l’intention de Josua. « Je me suis assuré qu’ils obéiront au nouveau détenteur de mon ancien et regretté poste.

    -Ce nouveau détenteur étant ser Hosteen », annonça Jon à la surprise générale. Lorsque l’intéressé avait été prévenu ce matin, il avait émis quelques doutes. Mais bon soldat, le chevalier avait accepté sans rechigner. Aussi quitta-t-il son poste et vint s’asseoir autour de la table.

    Pour être honnête, Jon avait été grandement surpris du choix d’Edmure, mais ce dernier avait avancé plusieurs arguments solides. Ser Hosteen n’était pas un intriguant, mais les candidats capables ne se bousculaient pas. Il était surtout extrêmement loyal et Jon ne craignait pas une trahison de la sa part. Enfin et surtout, s’il fallait sauver les apparences en n’octroyant pas deux postes à un seul conseiller, il était clair que le véritable maître du réseau resterait Edmure. Hosteen le loyal qui ne nourrissait pas d’ambitions particulières, n’aurait aucun problème à jouer les conseillers fantoches.

    « Bien. Nous devons traiter d’affaires pressantes, aussi n’attendrons-nous pas septon Darnold pour commencer. Nous devons d’abord organiser les funérailles de notre défunt seigneur.

    -Messer », intervint Josua. « Je me suis permis de prendre les devants. J’ai déjà commandé les plats pour régaler les palais de nos invités de marque. J’envisageais également d’engager plusieurs bardes qui…

    -Désolé, maître Josua » le coupa Thoren. « Mais avec quel argent voulez-vous payer ces folies ? Nos finances sont précaires.

    -Et de quels invités de marque parlez-vous Josua ? » intervint à son tour Edmure. « Nous sommes en guerre. Herpivoie et Salins sont tombées et Darry est assiégée. Le Conflans est attaqué de toutes parts et la moitié des seigneurs riverains combattent sous la bannière du roi. Malgré le soutien apporté par une dizaine de seigneurs des terres de la Couronne, lord Lyonel Mallister subit défaites sur défaites et son commandant lord Alyn Piper vient de trouver la mort dans une bataille contre lord Jaremy Blount. Quelques soient les qualités de feu lord Perwyn, je ne pense pas que quiconque ait le temps de participer à une veillée funèbre. »

    Josua ne sut quoi répliquer. Jon regrettait déjà de l’avoir confirmé. « Je ne peux permettre que mon frère ne soit pas enterré dignement, mais je ne peux pas non plus ruiner nos finances alors que notre armée à besoin de fonds. Nous organiserons une veillée plus modeste qu’escomptée. Je vous allouerai un budget suffisant pour une cérémonie simple mais digne. » Il était temps de passer au sujet suivant.

    « Bien entendu, ma nièce se doit d’assister à ces funérailles. Je souhaiterais que ser Hosteen aille chercher lady Bellena.

    -N’est-ce pas dangereux de la faire venir dans de pareilles conditions ? » demanda Kyle.

    « Je comprends vos réticences, mais elle sera plus en sécurité derrière ces murs que dans notre arrière-pays qui risque bientôt d’être envahit. » Il ne jugea pas opportun d’ajouter que la présence de Bellena raffermirait son autorité en tant que régent.

    « Et lady Andacey, messer ? » demanda Josua.

    Jon savait que le sujet viendrait sur la table. Il n’appréciait guère sa belle-sœur et ses vues sur la régence, mais il ne pouvait l’abandonner dans sa cachette. « Ser Martyn ira également la chercher. »

    Edmure ricana. « Vous voilà bien courageux, messer. Je ne sais pas qui de la reine Rhaenys ou de lady Andacey vous devez le plus craindre. »

    Si certains conseillers esquissèrent un sourire, Josua semblait mal à l’aise face à ce trait d’humour.

    « Ma belle-sœur se doit d’honorer son mari. Je suis sûr qu’elle nous soutiendra complètement pour assurer l’avenir de sa fille.

    -Messer », intervint Kyle. « Je sais que cela n’est pas un sujet d’une importance cruciale, mais ce matin un navire a accosté en provenance du Val. A son bord se trouvait un certain ser Petyr Prior, accompagné de sa famille. Son fils Jon régnait sur la petite île de Galet jusqu’à ce qu’un certain Kyle Wydman, sire de Wycliffe ne s’empare de ses terres. La famille se rendait à Cornetruie dans les terres de la Couronne pour trouver refuge auprès des Verraz, la belle-famille de ser Petyr. Mais ces derniers s’étant rebellés contre les Targaryens, Pryor juge plus prudent de rester un temps à Viergétang. Il aimerait savoir s’ils pourraient être accueillis au château. »

    Jon était dubitatif. « Au vu du contexte, Viergétang n’est pas un refuge sûr et nos finances ne nous permettent pas d’accueillir toute la misère du monde. Néanmoins, si nous avons accueillis des familles de paysans d’Herpivoie, nous pouvons en faire de même pour une illustre maison. Ils peuvent s’installer. »

    Voyant qu’aucun autre sujet n’allait être abordé par le conseil, Jon se leva. Les conseillers l’imitèrent puis un par un le saluèrent avant de quitter la pièce.

    Lorsqu’il se retrouva seul, Jon se rassit sur le siège de Perwyn… sur son siège. Son regard s’attarda sur les armes de sa famille. Le futur était incertain mais il devait coûte que coûte préserver l’héritage de sa famille.

    Il devait régner.

    #139567
    Werther
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    ANDACEY

    Marbrelac  – 11e lune de l’An 9 ap-C

    Ses premiers jours dans la petite tour, Andacey les avait passés à hurler contre ser Martyn. Elle avait ordonné, exigé, menacé, maudit le chevalier, Perwyn et Jon… mais ser Martyn n’avait pas cédé. Lorsqu’il était repartit à Viergétang, elle avait tenté de rentrer à pied. Andacey n’avait pas fait plus d’une lieue dans la neige qu’Urzen l’avait rattrapée et ramenée à Marbrelac. Après cet épisode, le laconique fer-né l’avait enfermé dans la tour, n’y pénétrant que pour lui apporter à manger.

    A la fin de la première lune, la colère avait laissé place au découragement et au désespoir. Elle avait beaucoup pleuré et cessé de s’alimenter, au point que le Fer-né avait dû la forcer à manger. Lorsqu’elle parut avoir accepté son sort, Urzen la laissa libre d’aller et venir dans les environs de la tour.

    Jamais elle ne s’était autant ennuyée. Il n’y avait pas grand-chose à faire sinon des promenades au bord du lac gelé. En sus, on lui avait interdit de se rendre dans la petite bourgade de Marbrelac qu’elle pouvait apercevoir au loin. Quant à Urzen, il était loin d’être le compagnon idéal. Il passait le plus clair de son temps à chasser dans les bois ou à pêcher dans le lac et ne lui adressait la parole qu’une à deux fois par jours. Et encore ne prononçait-il en général pas plus de trois mots.

    Ser Martyn ne passait qu’une ou deux fois par lune. Un jour, alors que les neiges étaient en train de fondre, il fit venir une jeune servante de Marbrelac. Hanna était paresseuse, goinfre et pas toujours dégourdie. Mais si elle n’était pas Kyra, elle apporta un peu de distraction à Andacey. La dame de Viergétang entreprit même de lui apprendre à lire grâce aux livres que ser Martyn lui avait apportés.

    Elle était justement en train de faire lire à Hanna un passage de l’insipide chronique de mestre Aethan lorsqu’Urzen déboula dans la tour sans frapper.

    « Madame. Ser Martyn remonte le chemin. »

    Andacey soupira. « J’espère qu’il ramène enfin un jeu de cyvosse. Je suis sûre que tu apprécieras ce jeu Hanna.

    -Il est pas seul. Six cavaliers. »

    Le cœur d’Andacey ne fit qu’un tour. Cela ne pouvait signifier qu’une chose. Elle se leva d’un bond puis se précipita jusqu’à la porte, manquant de bousculer Urzen au passage.

    Le Fer-né n’avait pas menti. Ser Martyn approchait, escorté par plusieurs soldats. Elle faillit crier de joie en apercevant les chevaux sans cavalier qui accompagnaient le groupe. Il fallut encore un petit moment avant que ser Martyn n’arrive à la hauteur d’Andacey. À peine l’eut-il salué qu’elle demanda : « Le danger est-il enfin passé ? Mon époux me mande-t-il auprès de lui ? »

    Andacey eut un mauvais pressentiment en découvrant l’expression gênée des cavaliers.

    « Désolé madame. C’est le régent, ser Jon, qui vous demande. Lord Perwyn est mort. La maladie l’a emporté. »

    Il lui fallut quelques instants pour encaisser la nouvelle. Elle ne défaillit néanmoins pas. Elle était triste bien sûr d’avoir perdu son mari, mais… une partie d’elle-même lui en voulait toujours pour cet isolement forcé pendant plus d’un an. Elle ressentait même une forme de soulagement… et de joie à la perspective de revoir Bellena.

    « Ma fille ?

    -Le régent l’a rappelée à Viergétang. Elle doit être déjà arrivée.

    -Alors ne perdons pas de temps. » Elle retourna à l’intérieur et ordonna à Urzen de rassembler ses effets. Ser Martyn lui apporta des vêtements de deuil qu’elle enfila rapidement avec l’aide de Hanna. Il fallut moins d’une heure pour que le groupe soit prêt à prendre le chemin de Viergétang.

    Même en hiver, le voyage ne prenait pas plus d’une journée et le groupe allait bon train. Sur le chemin, ils croisèrent à plusieurs reprises des familles de paysans qui fuyaient la guerre. Certaines avaient formées de véritables petites caravanes avec des bêtes mal nourries et des charrettes débordant de biens. Cela fit un choc à Andacey. Elle avait bien entendu parlé de la guerre par ser Martyn, mais savoir n’était pas voir.

    Alors qu’ils traversaient la forêt de Viergétang, à quelques lieues seulement de la ville, un des cavaliers que ser Martyn avait envoyé en éclaireur revint vers eux à bride abattue. « Messer ! Une armée ! À une demi-lieue au sortir du bois !

    -Targaryens ? », demanda le chevalier.

    -Impossible à dire.

    -Quelles bannières ?

    -Je n’en n’ai aperçu que deux que je ne reconnais pas. Deux ailes noires sur une fasce blanche sur champ échiqueté de noir et de banc et un heaume gris-fer sur champ blanc.

    -Staunton et Pyle » annonça ser Martyn. « Deux maisons des terres de la Couronne qui se sont révoltées contre le Conquérant. Nous ne craignons rien. »

    Aussi poursuivirent-ils leur chemin et lorsqu’ils sortirent du bois, ils tombèrent sur le camp. Un bon millier d’hommes s’y trouvaient et semblaient avoir traversé les sept enfers. Leur groupe fut rapidement rejoint par les deux commandants de l’armée. Deux chevaliers entre deux âges dont les caractères ne pouvaient pas être plus opposés.

    Ser Steffon Manning commandait le plus gros détachement qui comprenait les troupes de lord Manning et de lord Pyle. Ses traits étaient durs et ses réparties courtes et sèches. Bien plus aimable était ser Jonah, un Riverain au service de lord Lyonel Mallister. Il commandait un petit groupe d’une centaine d’hommes envoyé par le Noir pour soutenir ses alliés. Il revendiquait néanmoins le commandement de l’ensemble des forces, ce qui semblait déplaire à ser Steffon.

    « Nous avons essayé de porter la guerre dans les terres de la couronne mais…

    -Les Targaryens nous ont écrasé à Grondegué », termina ser Steffon.

    « Nous remontons vers le nord dans l’espoir d’échapper aux Targaryens.

    -Darry est assiégé », répondit ser Martyn. « Vous ne pourrez pas pousser plus loin.

    -Voilà qui n’arrange pas nos affaires », poursuivit ser Jonah. « Peut-être votre beau-frère nous accueillera-t-il en ses murs, lady Mouton. »

    Les murs de ma fille, faillit rectifier Andacey.

    « Je ne sais quels sont les plans de mon beau-frère, mais je pense qu’il acceptera volontiers que vous montiez un camp sur les terres Mouton. » Ser Steffon fronça les sourcils, apparemment peu satisfait par cette rebuffade déguisée, mais ser Jonah remercia chaleureusement Andacey.

    Il fallut peu de temps pour que le groupe atteigne enfin Viergétang. Au pied de la forteresse, Andacey fut accueillie par maître Josua et Kyra. Jon ne s’est même pas déplacé. Mais la vue de sa meilleure amie lui réchauffa le cœur.

    « Ma dernière, Eleanor » dit sa belle-sœur en montrant le bébé qu’elle serrait contre elle. Andacey voulu caresser la petite, mais Josua ne lui en laissa pas le temps.

    « Madame, les invités vous attendent au septuaire.

    -La cérémonie a déjà commencé ? » demanda Andacey, choquée.

    Le châtelain était visiblement gêné. « Les sœurs du silence ont fait de leur mieux pour préserver son corps mais il fallait faire vite pour qu’il ne se décompose pas. Ne sachant pas si vous alliez arriver aujourd’hui, le régent a décrété la fin de la veillée.

    -Mon cher mari a d’ailleurs préféré veiller sur le tien plutôt que de me rejoindre cette nuit », persifla Kyra.

    Andacey ravala sa colère et suivit Josua et Kyra jusqu’au septuaire de la forteresse. Elle abaissa son voile gris puis entra dans le bâtiment heptagonal.

    Tous se retournèrent sur elle, mais peu de mines se réjouirent, douloureux rappel du peu de soutien dont elle disposait à Viergétang. Les notables et les conseillers n’en vinrent pas moins la saluer et lui présenter leurs condoléances. Un homme qu’elle ne connaissait pas lui baisa la main. Il lui présenta sa femme, un certaine Lythene Verraz, ainsi que ses deux fils, avant de lui assurer de tout son soutien dans cette période difficile.

    « Ser Petyr Pryor », murmura Kyra lorsqu’elles dépassèrent l’homme. « Il aurait dû hériter de Galet, une petite île du Val, jusqu’à ce qu’un accident oblige son mestre à lui enlever… ce que tu sais. Son fils Jon Pryor est devenu seigneur à sa place, mais pour seulement quelques lunes. Lord Kyle Wydman, seigneur de Wycliffe, s’est emparée de l’île. Ton beau-frère leur a accordé l’asile lorsque leur bateau à accosté à Viergétang.  »

    Mais Andacey n’écoutait plus son amie. Elle venait d’apercevoir Bellena et son cœur semblait sur le point d’exploser. Lorsque sa fille la vit, elle courut maladroitement jusqu’à elle. Elle avait tellement grandit ! Andacey la prit dans ses bras et la couvrit de baisers.

    Lady Mouton fut beaucoup plus froide avec Jon qui vint la saluer.

    « Je suis heureux de vous revoir, Ma Dame. J’espère que votre voyage n’a pas été trop difficile.

    -Non », répondit-elle sèchement. « Nous avons néanmoins été retardé par une armée loyaliste qui envisageait de remonter vers le nord. Mais avec le siège de Darry-le-Château nous les en avons dissuadé. Ils veulent que nous leur offrions l’asile.

    -Darry est tombée », asséna Jon. « Nous serons bientôt assiégés et nous n’avons pas les provisions pour accueillir une plus grande garnison.

    -Vous êtes le régent. » Malheureusement, ajouta-t-elle pour elle-même.

    Elle reposa la petite et s’avança vers le catafalque où était exposé le corps de son mari. Elle fut surprise de voir septon Darnold en lieu et place de septon Forrest. Ser Hosteen et ser Tyler, armés de pieds en cape, veillaient sur le corps. Son beau-frère semblait épuisé, mais avait encore assez de force pour fixer avec haine l’amant de sa femme.

    Revêtu de sa plus belle armure, ses mains gantées repliés sur son épée, Perwyn semblait simplement dormir. Les sœurs du silence avaient fait du bon travail, effaçant les marques de la maladie, de la fatigue et de la peur qui avaient ravagé ses traits à la fin de sa vie. Elle reconnut non pas l’homme malade et fou qui l’avait exilé, mais l’homme bon et doux qui l’avait épousé.

    Alors, enfin, elle lui pardonna. Et ses larmes se mirent à couler.

    #139610
    Werther
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    JON

    Viergétang – 4e lune de l’An 10 ap-C

     « Encore une fois, non. » La réponse était simple et claire mais difficile à accepter pour Jon.

    « Septon Darnold », dit-il d’une voix conciliante. « Thoren et moi essayons de vous faire comprendre dans quelle situation dramatique se trouvent nos finances. » Le trésorier hocha la tête comme pour confirmer les dires du régent. « Les troupes ennemies ont ravagés l’arrière-pays et nos nouvelles fermes sont parties en fumée. Mobiliser nos troupes pour défendre la ville nous a ensuite coûté très cher, sans parler du siège qui a interrompu tout le trafic maritime. Nous n’avons pas vu l’ombre d’une voile depuis des lunes et les taxes portuaires se sont taries. Et puis, il ya eu les pillages… Nos coffres sont vides et nous devons encore entretenir notre invitée et sa bête.

    -Elle dévore un bœuf par jour au bas mot », précisa Thoren.

    « Il nous faut trouver de l’argent pour nos besoins présents mais également futurs. Les dégâts faits à la ville et à la forteresse sont importants et la reconstruction va coûter une fortune.

    -J’entends bien, messer », répondit le septon d’un ton qui impliquait le contraire. « Mais je vous rappelle que le septuaire n’a pas été épargné lors de la prise de la ville.

    -Nous en sommes bien conscients mais nous savons que vous avez conservé quelques ressources. Le gros de vos revenus provient de terres et de septistères qui n’ont pas subis les affres de la guerre.

    -Pas toutes les communautés religieuses dépendent du septon de Viergétang. Je vous rappelle que vous levez les taxes sur le matristère en charge de l’étang de Jonquil. Une source de profits importante à ce que j’ai entendu dire. »

    Jon avait bien compris le message. Cela lui fendait le cœur de sacrifier des revenus permanents pour obtenir une aide du septon, mais Thoren était formel, ils devaient trouver une solution et utiliser la force leur aliénerait la Foi.

    Il se força à arborer son plus chaleureux sourire. « En échange d’une aide immédiate de votre part, le matristère pourrait être placé sous votre dépendance, septon Darnold.

    -Avec droit de nomination de la Mère ? »

    Insatiable. « Effectivement.

    -Dans ce cas, c’est avec joie que la Foi prendra part à la reconstruction de Viergétang et vous aidera en ses temps difficiles. »

    Jon se leva. « Bien, je vous laisse régler les détails avec Thoren. Notre invitée souhaite me voir, je ne peux la faire attendre plus longtemps. » Il les salua, sortit de la salle du conseil puis se dirigea vers la grande salle.

    Cette dernière avait bien changé. La nouvelle maîtresse des lieux avait fait décrocher les quelques décorations qui s’y trouvaient pour y installer d’impressionnantes tapisseries représentants diverses légendes prisées par les bardes. De grands tapis de Myr couvraient désormais le sol et la table en U était désormais recouverte d’une magnifique nappe damassée sur laquelle on avait déposé des pétales de rose. Une myriade de serviteurs servait des plats raffinés et des vins hors de prix, tandis qu’au centre de la pièce, saltimbanques et rhapsodes se disputaient l’attention des convives.

    Tout ça financé par nos soins, se dit Jon avec amertume alors qu’il traversait la grande salle.

    Un chanteur tout de rouge vêtu, interprétait la nouvelle balade à la mode.

    Et le Guerrier descendit sur la plaine,

    D’un geste couronna le Marteau de Viergétang,

    Qui par amour pour sa reine,

    De ses ennemis innombrables fit couler le sang…

    Jon roula des yeux, les ennemis innombrables étaient dix fois moins nombreux que les soldats de ser Quenton Qoherys. Les pauvres ser Steffon Manning et ser Jonah n’avaient eu aucune chance.

    La réalité des faits ne semblait pas embarrassé l’intéressé qui, assis à gauche de la cathèdre, levait son verre à chaque fois que le rhapsode utilisait son nouveau surnom.

    Lorsque le chanteur eut terminé, Jon s’avança devant le dais. Ser Lorent Shermer de la garde royale s’avança pour signifier qu’il ne pouvait s’approcher davantage, aussi mit-il un genou à terre au milieu de la pièce, face à son « invitée ».

    « Messer Jon, je suis heureuse que soyez enfin parmi nous ! » Rhaenys Targaryen, sœur-épouse d’Aegon le Conquérant, reine des Sept Couronnes, resplendissait dans sa magnifique robe rehaussée de joailleries. Elle était nonchalamment assise sur la cathèdre familiale à laquelle elle avait fait ajouter des coussins et des accoudoirs rembourrés.

    « Je suis désolé Votre Grâce, mais des affaires importantes m’ont retenu.

    -On croirait entendre mon royal époux. Vous devriez profiter un peu de ces réjouissances, messer. Après tout je ne suis qu’une invitée chez vous. »

    Une invitée avec 9000 soldats et un dragon. Une invitée qui donne ses propres banquets, se dit Jon, mais il lui fallait tenir sa langue.

    « Ce serait un honneur, Votre Majesté. Mais Viergétang a beaucoup souffert et requiert mon assistance. »

    Le Marteau de Viergétang abattit son verre sur la table : « La ville devrait se réjouir de son sort étant donné la trahison de ses maîtres.

    -Veuillez pardonner ser Quenton, c’est un soldat, il peut être un peu… sec », dit la reine. « Il n’a néanmoins pas tort. Si la ville n’avait été prise par moi mais par ma sœur, elle aurait été malheureusement rasée, et je crains fort que votre tête et celle de votre nièce orneraient les ruines de votre forteresse. Visenya n’est pas du genre à pardonner la trahison.

    -Et c’est pourquoi nous ne pouvons que vous remercier pour votre clémence votre Majesté », répondit Jon. Elle n’avait pas tort. Malgré les immenses dégâts causés à la forteresse et les pillages et autres atrocités perpétrés lors de la prise de la ville, Rhaernys avait refréné les ardeurs de ses commandants. Elle n’avait pas non plus exécuté ni même fait prisonniers la famille Mouton. Ils étaient clairement à sa merci et un geste de sa part mettrait fin à leurs vies, mais elle gardait les apparences et les avait traités avec respect.

    La reine sourit. « Rhaenys la Clémente. Quel beau surnom ce serait. Mon frère ne serait bien entendu pas d’accord. Plus d’accord. » Elle soupira. « Mon mari a toujours été dur, mais il montrait plus de patience il y a quelques années. Nous nous sommes beaucoup aimés, il fut un temps où la couche de Visenya était froide et la mienne pleine de vie. A cette époque je pouvais encore le raisonner. C’est un peu grâce à moi que les seigneurs de Westeros ont gardé leurs terres, alors que ma sœur désirait les voir finir dans le ventre de son dragon. » La tristesse marquait ses traits. « Mais j’ai bien peur que cette période ne soit terminée, messer. Je dois vous prévenir que mon influence à la cour n’est plus ce qu’elle était. Mon frère n’a plus d’yeux que pour Visenya et vous verrez que le trône de fer se fera de moins en moins coulant. »

    La gorge de Jon se serra. L’avertissement ou plutôt la menace, était clair. Il avait entendu parler de l’histoire de lord Jon Rosby, le héros de Bouleau, celui-là même qui avait défait le prince Harrag dix ans auparavant. Il avait également pris les armes contre Aegon et lorsque Visenya avait pris Rosby, elle n’avait pas hésité à le faire dévorer par Vhagar.

    « Quoiqu’il en soit j’ai particulièrement apprécié votre ville. J’avais toujours regretté de ne pas avoir eu plus de temps lors de la conquête pour visiter le lieu où s’est déroulée la plus belle idylle de l’histoire. » La reine faisait référence à Jonquil et Florian. Tout en parlant elle regardait sur sa droite où était assis ser Elyas.  Le chevalier était originaire de Peyredragon et ses traits ne laissaient que peu de doutes sur ses origines valyriennes. Les semences de dragon, c’est ainsi que l’on nommait ces bâtards issus des relations entre fille du commun et seigneurs targaryens, étaient nombreux sur l’île. La reine ne cachait pas sa relation avec son amant, en tout cas pas à Viergétang.

    « C’est un magnifique endroit où je peux enfin me sentir…. libre », continua-t-elle en souriant à ser Elyas. « Mais cette horrible guerre est sur le point de s’achever et le traitre Mallister a perdu, même s’il refuse encore de l’admettre. Il n’a plus d’armée et ses alliés des terres de la Couronne ont été écrasés. » Rhaernys se rembrunit. « Aussi mon frère souhaite-t-il que je revienne dans sa lugubre forteresse, après un détour par Cornetruie. C’est avec tristesse que je devrais bientôt vous quitter.

    -Vous m’en voyez attristé, c’est un honneur d’accueillir une reine », répondit humblement Jon. Bien sûr, il n’en pensait pas un traitre mot. Loger 9000 hommes grevait les finances de Viergétang et Meraxès, en sus de dévorer un bœuf par jour, s’était aussi offert un ou deux gardes chargés de le nourrir. Le départ de la reine serait un soulagement.

    « Mais il me reste encore un ou deux jours pour profiter de votre hospitalité ! » dit la reine, soudainement joyeuse. « Chanteur ! L’Epouse du dornien, s’il vous plaît ! »

    Alors que le rhapsode se mit à chanter, Jon s’inclina une nouvelle fois puis partit. En quittant la pièce il ressentit un grand soulagement. Il n’était jamais bon de s’approcher trop près d’un dragon.

    #139614
    Yunyuns
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    J’imagine que le jeu ne te donnait pas la possibilité de « ployer le genou » avant que l’armée de Rhaenys ne détruise tout ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Yunyuns.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    #139634
    Werther
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    J’imagine que le jeu ne te donnait pas la possibilité de « ployer le genou » avant que l’armée de Rhaenys ne détruise tout ?

    Non. Le choix du camp (ou de rester neutre) n’est offert qu’aux grands seigneurs, je devais suivre Herpivoie dans sa loyauté jusqu’au boutiste. C’était un peu effrayant, parce que lorsqu’un dragon assiège, un événement type Harrenhal peut avoir lieu ce qui fait très mal… comme nous le verrons par la suite .

    #139635
    Werther
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    STANTON

    Salvemer – 1ere lune de l’An 11 ap-C

    Une partie de la toiture de la grande salle de Salvemer avait été gravement endommagée et laissait passer la pluie fine qui tombait au dehors. Le décalage n’en n’était que plus grand avec la magnificence de l’assistance, presque toutes les grandes familles du Trident étant représentées.

    La mort de son frère Perwyn, sa participation aux diverses batailles de la guerre et sa proximité avec les Herpivoie qu’il avait servit pendant le conflit, avaient incité Jon à se faire représenter par Stanton. De fait, il était déjà à Salvemer depuis la fin de la guerre, trois lunes plus tôt.

    « Bonjour, messer », le salua ser Hoster Herpivoie tout en prenant place à côté de lui dans les gradins. L’héritier de lord Symond représentait son père, qu’une intoxication alimentaire avait cloué au lit.

    « Je suis heureux de revoir un de mes fidèles serviteurs. » En réalité, ni Stanton ni les Mouton n’étaient encore les serviteurs de ser Hoster, mais le jeune chevalier était un ambitieux pour qui les habitants de la baie des Crabes étaient déjà ses sujets.

    « Un plaisir partagé, messer. Surtout à Salvemer et dans des circonstances plus heureuses que la dernière fois. » Pour toute réponse, ser Hoster hocha la tête, manifestement gêné.  Idiot ! Stanton venait de commettre un impair. Le chevalier avait harcelé son père pour participer à la guerre, mais lors de la bataille de Salvemer, il avait été pratiquement paralysé par la peur… paralysie qui avait disparu comme par enchantement lorsque l’on avait sonné la retraite. Une attitude que n’avaient guère appréciée les soldats Herpivoie avec qui Stanton avait combattu.

    « Je vois que ser Jon vous fait plus confiance que feu votre aîné. Une bonne chose.

    -Oui, je dois admettre que mes relations avec Perwyn étaient parfois difficiles. Les liens du sang ne garantissent pas de bonnes relations.

    -A qui le dîtes-vous. » Il était de notoriété publique à Lord Herpivoie-ville que lord Symond et ser Hoster ne s’entendaient pas toujours bien. Le fils reprochait au père son manque d’autorité sur ses bannerets. Il était aussi cynique que son père pieux et sa loyauté totale envers sa jeune fiancée Darry contrastait avec les nombreuses aventures de lord Symond.

    La salle entière se leva lorsque la porte s’ouvrit sur la reine et la main du roi. Visenya, armée de pied en cape et le regard sévère se dirigea jusqu’à la grande cathèdre qui était encadrée par les bannières targaryennes qui remplaçaient pour l’occasion l’aigle Mallister. Une chaise plus petite avait été installée à côté d’elle pour installer la main du roi Harlan Chenu.

    Lord Dale Longegarde, la précédente main, avait rejoint le soulèvement des seigneurs des terres de la Couronne qui, contrairement à lord Mallister, continuaient une guerre perdue d’avance. Le roi avait choisi lord Harlan. Deuxième fils d’Harren le Noir, il avait hérité des iles de fer après la mort d’Harwyn deux ans auparavant. Le dernier roi des Iles et du Conflans avait été retrouvé égorgé dans son bain le lendemain même de son retour de son expédition infructueuse en orient pour trouver une épée en acier valyrien. La version officielle affirmait qu’il avait été tué par une de ses femme-sels. Mais nombreux étaient ceux qui accusaient son grand rival lord Greyjoy, voire même son frère Harlan qui avait été préféré à son très jeune fils Wex Chenu.

    Au vu des relations difficiles entre Fer-nés et Mallister, le choix du Conquérant était clairement un message envoyé aux Riverains révoltés. On avait d’ailleurs bien prit soin d’installer Garse Malliser au premier rang. Le fils et héritier de lord Lyonel n’en menait pas large, assis entre les seigneurs loyalistes Orys Baratheon et Addam Bracken.

    On fit bientôt venir les deux accusés, pieds et poings liés et escortés par une dizaine de gardes. Même en guenille, même marqué par plusieurs lunes de captivité, lord Lyonel Mallister dégageait encore une autorité impressionnante. Il fallut qu’un des gardes lui donne un coup de hallebarde dans le genou pour qu’il s’abaisse, mais même là il continuait à regarder la reine avec un air de défi.

    On ne pouvait en dire autant de lord Davos Tourbier, seigneur du nord de Claquepince. C’était un homme brisé qui se prosterna devant Visenya.

    « Messeigneurs », débuta lord Harlan. « Nous sommes réunis ici pour appesantir la justice du roi sur les traitres Lyonel Mallister et Davos Tourbier. »

    Le puissant rire de lord Mallister retentit. « Justice du roi ? Je ne le vois nulle part ici, ou bien la guerre lui aurait-elle arraché ses parties pour les remplacer par des nichons ? »

    Le regard de Visenya était glacé, mais paraissait presque chaleureux comparée au ton de sa voix : « Sa Majesté mon époux guerroie au sud contre les parjures. Ils perdront bientôt leur tête, et si vous souhaitez garder la vôtre, je vous conseille de tenir votre langue, le Noir.

    -Et en tant que main du roi je parle avec la voix de Sa Majesté », ajouta lord Harlan.

    « Un Fer-né qui juge un Mallister. Le propre fils du roi que j’ai remplacé qui plus est. Me voilà rassuré », cracha lord Lyonel.

    Lord Chenu l’ignora. « Sa Majesté a déjà prononcé la déchéance de vos titres pour avoir enfreint la paix du roi. Nous sommes ici pour punir vos actes de rébellion contre la couronne. Les mêmes charges sont retenues contre vous, Davos Tourbier. Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?

    -Oui, me… messire », répondit en tremblant l’accusé. « Les seigneurs de Claquepince ont toujours été de loyaux serviteurs des Targaryen. Nous avons combattu sous la bannière du dragon lors de la Conquête. J’ai… j’ai simplement été influencé par de mauvais conseillers et gagné par les promesses des traîtres du royaume… »

    Lord Lyonel cracha par terre. « Lâche. Tu ne vaux pas mieux que ce tourne-casaque de Frey.

    -Vous rejetez les accusations de félonie ? », demanda la main du roi.

    « Oh non. Ce pleutre peut bien nier, ce n’est pas mon cas. Oui, je me suis révolté ! » Il avait crié pour que tous puissent bien entendre. « Révolté contre un tyran qui a foulé aux pieds les droits et libertés des seigneurs riverains.

    -Vous ne vous repentez donc pas ?

    -De quoi ? D’avoir fièrement affirmer mes droits de bannerets ? Non ! Si je devais le faire, je le referai ! »

    Lord Harlan se tourna vers la reine qui hocha la tête. Le verdict semblait avoir été décidé bien avant cette mascarade.

    « Lyonel de la maison Mallister et Davos de la maison Tourbier. Par l’autorité que me confère ma charge de main du roi, au nom d’Aegon de la maison Targaryen, premier du nom, roi des Andals, des Rhoynars et des Premiers Hommes, seigneur et maître des Sept Couronnes, protecteur du royaume, je vous condamne tous les deux à mort. »

    Une vive émotion s’empara du public. « Toutefois », ajouta lord Harlan mais il dû se répéter pour que la salle se calme enfin. « Toutefois, au regard de vos actions passées et de vos services rendues à Sa Majesté, le roi vous autorise à prendre le noir. »

    La plupart des seigneurs riverains, y compris les loyalistes, étaient soulagés. Ce n’était pas le cas de la reine qui ne semblait pas se réjouir de cette décision, tout comme une petite minorité dont faisait partie lord Frey.

    « Ce traître mérite la mort ! » cria le sire du Pont.

    Les yeux mauves de Visenya Targaryen se portèrent sur lui. « Je suis aussi déçue que vous lord Frey. Mais il s’agit du vœu de mon mari, de votre roi, et je ne permettrais pas à quiconque de le contester. Encore moins à un tourne-casaque qui a, par deux fois, attendu que le vent tourne en notre faveur pour prendre notre parti. »

    Lord Frey se fit tout petit sur son siège tandis que la plupart des Riverains esquissaient un sourire. Lyonel partageait leur hilarité. « Plutôt un mur de glace que de faire plaisir à lord Frey. J’accepte de rentrer dans la garde de nuit. Au moins mon existence sera enfin en accord avec mon surnom.

    -Ainsi soit-il », répondit lord Harlan. « Je suis sûr que mon oncle le lord commandant fera bon usage de votre épée.

    -Merci » dit Davos Tourbier, toujours prosterné.

    La reine Visenya se tourna vers lui. « L’opportunité de prendre le noir n’a été offerte qu’à Mallister. Vos terres ne paient pas le prix de la trahison. Votre tête le fera », annonça froidement la reine. « Vous serez exécuté demain à l’aube. »

    D’un geste elle ordonna aux gardes de raccompagner les deux hommes. Si le Noir sortit la tête haute, l’ancien seigneur de Claquepince gémissait comme un porcelet envoyé à l’abattoir.

    « Le dragon s’est réveillé », murmura ser Hoster comme pour lui-même.

    Le dragon s’est réveillé, se dit Stanton. Et je ne voudrais pas être à la place de ceux qui se dressent encore sur son chemin.

    #139669
    Werther
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    ANDACEY

    Lord Herpivoie-ville  – 4e lune de l’An 11 ap-C

    Pour une fois, j’ai pu assister à des funérailles dans leur intégralité, se dit Andacey avec une pointe d’amertume. Son mariage l’avait empêché d’assister à celles de son père, mort lors d’une bataille contre le Conquérant, et Jon n’avait pas jugé opportun d’attendre son retour de Marbrelac pour procéder à celles de Perwyn.

    Andacey s’avança vers le catafalque et rendit un dernier hommage à lord Symond Herpivoie. Le corps du sire d’Herpivoie et de la baie des Crabes avait été traité avec soin pour effacer toute trace de ses dernières souffrances. L’encens ne parvenait néanmoins pas à masquer l’odeur persistante d’excrément. Ce qui avait débuté comme une bénigne intoxication alimentaire trois lunes auparavant, s’était muée peu à peu en de douloureuses crampes à l’estomac puis en de violentes diarrhées que les potions de mestre Lorent n’étaient pas parvenues à calmer. Ses derniers jours, lord Symond les avait passés au lit à souffrir atrocement avant qu’enfin, l’Etranger lui rende visite.

    Après s’être recueillie devant le défunt, Andacey se dirigea vers la porte du septuaire où les membres légitimes de la famille Herpivoie recevaient les condoléances des invités. Elle présenta les siennes, passant plus de temps avec lady Dianessa Darry qui semblait complètement dévastée. Quel amour fraternel, pensa-t-elle. Elle espérait de tout cœur ne pas avoir à vivre cela, alors que son propre frère était revenu malade de la Conquête.

    Andacey termina par l’héritier de lord Symond qui se tenait sur le parvis. « Ser… lord Hoster, je vous présente mes plus sincères condoléances.

    -Et moi les miennes », répondit poliment le jeune homme. « Je n’ai pas vu lady Bellena », ajouta-t-il en feignant de regarder autour de lui.

    « Je me suis dit qu’il n’était peut-être pas indiquée de lui faire voir un mort, si peu de temps après les funérailles de son père.

    -Je comprends, mais je compte sur sa présence pour la cérémonie d’hommage. »

    Andacey acquiesçât puis se dirigea vers la grande salle où sa fille l’attendait avec Hanna. Cette cérémonie d’hommage au nouveau seigneur était une première dans la baie des Crabes. Probablement influencé par les cérémonies similaires organisées par le roi Aegon, lord Hoster avait insisté pour que ses bannerets viennent à Lord Herpivoie-ville pour lui prêter hommage.

    Andacey avait été honorée d’être choisie pour accompagner Bellena. Certes, Jon n’avait guère d’autres choix. Il était lui-même retenu à Viergétang par la reconstruction de la ville et souhaitait rester auprès de sa femme sur le point d’accoucher. Tyler était complètement déprimé depuis qu’il avait appris que Kyra était enceinte, à raison puisque son amie lui avait avoué que l’enfant était de ser Hosteen. Quant à Stanton, Jon ne lui faisait pas totalement confiance. Andacey était un choix logique. Mère de Bellena, veuve de Perwyn, elle pouvait parfaitement représenter la maison Mouton auprès de lord Herpivoie sans que cela soit considéré comme une insulte.

    Mais même si elle était un choix par défaut, Andacey était heureuse d’avoir un rôle. À son retour à Viergétang,  elle s’était très vite rendu compte que son isolement forcé et la mort de Perwyn avaient mis fin au peu d’influence qu’elle avait encore. On l’avait même dépossédé de ses appartements pour la reloger dans une pièce située bien à l’écart dans la tour ouest. Aussi cette mission lui permettait de regagner sa place.

    Elle réajusta la petite robe de sa fille et lui intima de rester droite, une tâche ardue pour une petite de quatre ans. Tout devait être parfait.

    Lord Hoster entra bientôt dans la salle et se plaça devant la cathèdre. Le premier à s’avancer fut lord Petyr Darry. Son défunt mari n’avait jamais de mots assez durs pour son grand rival. Lèche-botte, était celui qui revenait le plus souvent. Et il était vrai que malgré toutes les avanies qu’avait fait subir lord Symond à sa famille, Darry était resté très proche de son suzerain. Son amitié s’étendait également à son fils qui l’embrassa chaleureusement après qu’il lui eut rendu hommage.

    Vint ensuite ser Lucas Cox. Depuis plusieurs années, le vieux chevalier était en mauvais termes avec lord Symond, mais il ne semblait pas avoir de griefs particuliers envers lord Hoster, aussi ploya-t-il  sans difficulté le genou devant lui.

    Ce fut enfin au tour de Bellena. Andacey lui prit la main et la mena devant lord Hoster. Elle lutta de toutes ses forces pour maintenir en place la petite tandis qu’elle prononçait elle-même les paroles consacrées. Lorsqu’elle eu terminé, lord Hoster s’avança et sourit à Bellena. Puis, discrètement, il murmura à l’oreille d’Andacey : « Nous devons discuter. Retrouvez-moi sur le rempart est après la cérémonie. »

    Andacey s’inclina puis reprit sa place dans les rangs. Elle était toute retournée. Enfin, on la prenait au sérieux. Le sire de la baie des Crabes voulait lui parler, à elle.

    À la fin de la cérémonie, alors que les invités se retiraient dans leurs appartements et que les serviteurs installaient le dais pour le banquet du soir, Andacey se précipita dans sa chambre pour se préparer à cette rencontre.

    Tandis qu’elle la peignait, Hanna émit des doutes : « Je trouve étrange qu’il veuille vous voir en tête à tête sur un rempart. »

    Elle appréciait Hanna, mais elle était issue du commun et n’avait guère l’expérience des grands de ce monde. « Probablement pour discuter d’affaires importantes. Je suis la mère de la Dame de Viergétang.

    -Laissez-moi venir avec vous.

    -Et pourquoi donc ? Je dirige Viergétang depuis plus de onze ans, c’est moi qu’il veut voir et je n’ai pas besoin d’un chaperon.

    -Et s’il voulait… enfin… vous connaissez son père. »

    Andacey était choquée par l’insinuation. « Absurde. J’admets que j’aurais réfléchis à deux fois si lord Symond m’avait fait pareille demande. Mais je suis veuve, et lord Hoster est connu pour sa galanterie et sa fidélité à sa jeune épouse Darry.

    -Néanmoins je pourrais vous protéger et…

    -Suffit ! J’irai seule. Vous vous occuperez de Bellena en mon absence. Faîtes lui rencontrez les frères et sœurs illégitimes de Sa Seigneurie. Le plus grand, Jon Rivers a sept ans, mais les deux autres sont plus jeunes, tout comme leur cousine, la fille de lady Dianessa. » Je montrerais ainsi que nous nous soucions de ses neveux et nièces, quelque soit leur statut. Un geste qui sera apprécié par lord Hoster, se dit-elle, toute fière de son stratagème.

    Fin prête, Andacey se hâta de rejoindre les remparts. Elle réajusta sa pelisse pour affronter le vent glacial qui soufflait sur la petite courtine. L’été n’avait guère duré et l’hiver approchait à nouveau. Lord Herpivoie, absorbé par la contemplation de la ville, n’avait pas remarqué son arrivée.

    « Messire ? » demanda timidement Andacey à lord Hoster qui fut comme tiré de ses rêveries.

    « Lady Andacey », l’accueillit-elle les bras ouverts. « Avec toutes ces cérémonies je n’ai guère eut le temps de discuter avec vous. C’est pourquoi je vous ai demandé de venir. » Il la dévisagea longuement puis, lui fit signe d’approcher. Il montra le paysage à travers les créneaux. « Que voyez-vous ici ? »

    Quelle question étrange. Elle réfléchit à une réponse tout en faisant mine d’être absorbée par la vue. « Une… une ville », finit-elle par dire.

    « Mais encore ? », s’impatienta-t-il.

    -Une ville… le Trident qui la traverse et… la baie… et euh des maisons détruites par le feu.

    -Exactement ! Des maisons détruites par le feu. Des dégâts colossaux. Mais là où certains ne voient que la destruction, moi je vois des opportunités ! Celles de faire table rase du passé et de reconstruire plus grand, plus haut ! » Le jeune seigneur semblait tout excité. « Vous me comprenez. »

    Andacey était assez confuse mais elle hocha néanmoins la tête.

    « J’ai de grandes ambitions pour Lord Herpivoie-ville, mais également pour la baie des Crabes », continua le seigneur. Andacey ne savait que dire ou ajouter. Lord Hoster semblait attendre quelque chose, mais elle ne savait quoi. Il rompit le silence par une question incongrue. « Que pensiez-vous de mon père ? »

    Andacey était déstabilisée. Pour être honnête, Andacey ne savait trop quoi penser de feu lord Symond. « Votre… votre père était un grand homme, pieux…

    -Oui, oui… », balaya d’un geste lord Hoster.

    « Respecté ! » ajouta Andacey, toute fière d’avoir trouvé le mot qui convenait.

    « Et là, je me permets d’être en désaccord avec vous, madame », dit-il en fronçant les sourcils. « Mon père n’était pas respecté. Sa faute, à n’en pas douter. Il a provoqué maintes querelles avec lesquelles je dois désormais compter. Sa… dépravation m’a aliéné la plupart des Darry.

    -Petyr… Lord Petyr était là.

    -Oui, lord Darry est un homme loyal à ma famille, un proche, dont je vais d’ailleurs bientôt devenir le gendre. Mais il ne vous aura pas échappé que seul son fils aîné ser Donnel a fait le déplacement. Même le mari de ma tante Dianessa n’a pas fait le déplacement, probablement par solidarité avec ses frères. Mon père, par ses… aventures, a également terni nos relations avec les Cox. Ser Lucas n’avait pas mis les pieds à Herpivoie depuis des années.

    -Il est pourtant venu.

    -Peut-être parce qu’il ne veut pas passer pour un hypocrite. Vous avez vu son ainé ser Lucamore et son petit-fils Harys. Mais Sandor, son deuxième fils n’était pas présent. Notre bon ser Lucas a produit un petit bâtard avec sa bru. Pas sûr qu’il puisse encore jouer les effarouchés… Mais il n’empêche que mon père a semé les graines de la dissension, jusqu’au sein de ma famille en nous imposant ses bâtards que j’ai du promettre de garder auprès de moi ! »

    À son ton, Andacey se demanda si elle avait bien fait d’envoyer sa fille auprès des petits. Lord Hoster pouvait mal le prendre.

    « Et ce n’est pas que par sa débauche que mon père nous a affaibli et fait de nous les plus faibles seigneurs du Trident. Il ne savait pas faire preuve d’autorité. Il ne s’est jamais considéré comme l’égal des autres grands seigneurs, comme si sa légitimité sur la baie des Crabes, octroyée par un roi et confirmée par un autre, n’était pas suffisante. Il a laissé ses bannerets se quereller. Une fois, une seule, il a tapé du point sur la table, mais il a fallu pour cela une guerre et qu’il soit humilié aux yeux de tout le Trident. »

    Le jeune homme semblait passablement en colère. « Je ne commettrai pas la même erreur. Je dois bientôt rencontré notre nouveau suzerain, lord Addam Bracken, et je refuse d’être humilié comme mon père le fut face à Lyonel le Noir.

    -Je… je comprends. »

    La réponse d’Andacey ne sembla pas totalement le satisfaire, mais il poursuivit néanmoins. « Mais comme je vous l’ai dit, une page se tourne. La guerre est une terrible catastrophe, mais c’est également une occasion de reconstruire. Votre fier mari est mort, ser Lucas Cox se fait vieux et lord Petyr n’est pas éternel. Une nouvelle génération se lève ! Je veux savoir si les Mouton ont abandonné leurs folles ambitions et sont prêts à me suivre. S’ils mettent de côté leurs revendications absurdes sur Darry. »

    Que répondre ? Elle ne savait pas.

    « Je… je m’engage à ce que ma fille mette fin à la querelle avec les Darry. J’essay… je ferai en sorte que Bellena ne soit pas éduquée dans cette optique. »

    Lord Herpivoie lui sourit. « J’en suis sûr. Mais Bellena est encore jeune, c’est pourquoi d’ailleurs je ne peux la nommer à mon conseil. Ce n’est pas… ses intentions qui m’intéressent présentement. Ni les vôtres. »

    Et c’est là qu’elle comprit. Lord Herpivoie ne voulait pas la voir elle. Qu’il ne lui parlait pas vraiment. Non, il voulait simplement lui faire passer un message.

    « Il saura », déglutit-elle en s’inclinant. Lord Hoster tourna à nouveau son regard vers la ville, et Andacey comprit que la discussion était terminée, aussi prit-elle congé.

    Avant qu’elle ne quitte les remparts, elle entendit lord Hoster lui lancer : « Répétez-lui bien mes propos, Ma Dame, répétez-les lui bien. »

     

    #139715
    Werther
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    TYLER

    Viergétang  – 10e lune de l’An 11 ap-C

    Il n’arrivait pas à lui en vouloir. Il avait beau essayer, se forcer, à chaque fois qu’il voyait ce beau sourire se dessiner sur visage, son cœur craquait. C’était ce même sourire qu’elle arborait aujourd’hui, alors qu’elle berçait tendrement son nouveau-né. Caché derrière la porte, Tyler l’observait à travers l’entrebâillement. Non, décidément, il ne pouvait pas lui en vouloir.

    Il ne pouvait en dire autant de l’homme à qui elle présentait l’enfant. Ser Hosteen, de la garde personnelle de Viergétang, chargé de diriger le réseau d’espions de sa nièce… ou plutôt de son frère. L’homme qui avait ruiné sa vie. Dans ses rêves les plus fiévreux, Tyler le décapitait puis exposait sa tête pendant une lune devant la forteresse, comme l’avait fait le roi avec lord Dale Longegarde, l’ancienne main du roi.

    Ser Hosteen finit par sortir par l’autre porte. Tyler attendit encore un peu, puis il poussa légèrement celle derrière laquelle il était caché.

    Kyra le vit, mais l’ignora, continuant de bercer le petit Jonos.

    « Que faisait-il là ? », demanda-t-il de sa voix monotone.

    « Il venait voir son enfant », répondit-elle simplement. Les mots étaient durs, froids et le cinglaient tel un fouet dothrak.

    « Ce n’est pourtant pas son premier. »

    Kyra soupira. « Combien de fois devrais-je te le dire ? Jayne et Eleanor sont de toi. » Puis plus bas : « Malheureusement. »

    Il resta sur le pas de la porte quelque temps, à la regarder tenir le petit Jonos Rivers. Puis, il finit par partir. Il avait prit sa décision, il devait voir Jon.

    Un serviteur lui apprit que son frère aîné n’était pas à la forteresse mais sur le port avec Thoren et Josua pour inspecter les travaux.

    Tyler enfila un manteau bien chaud puis prit un cheval dans les écuries. La ville reprenait peu à peu vie grâce au travail acharné de son frère. Au port, il découvrit une foule de marchands, de marins et d’artisans qui s’agitaient à proximité du quai ouest où plusieurs bateaux étaient amarrés. Son frère et ses deux conseillers se trouvaient devant le quai est que des charpentiers étaient en train de reconstruire. Tyler démonta et héla son frère. « Jon, je dois te parler.

    -Pas maintenant Tyler », répondit le régent tout en ne levant pas ses yeux des plans qu’il tenait devant lui.

    Jamais un moment pour moi, se dit-il, mais il attendit en silence, comme d’habitude.

    « Thoren, est-ce normal que cela prenne tant de temps ?

    -Les matériaux sont difficiles à se procurer, surtout en hiver où les forêts sont utilisées pour le bois de chauffage.

    -Nous n’avons pas le temps. La révolte de la Main a provoqué un afflux de navires qui accostent normalement dans la baie de la Néra, nous devons en profiter avant que les seigneurs de la Couronne ne redressent la tête.

    -Encore faudrait-il qu’ils relèvent la tête » dit Josua. « La plupart d’entre eux sont enfermés dans les geôles du Conquérant et Lord Rosby semble vouloir défier le roi.

    -Vraiment ? Si c’est le cas il finira comme son père. »

    Par là, Jon voulait dire dans le ventre du dragon de Visenya. Le héros de Bouleau n’avait été que le premier d’une longue liste qui s’allongeait de jours en jours. Crispian Celtigar avait perdu Pince-Isle et sa tête. Lord Alyn Brune ? Décapité. Comme l’ancienne main du lord Dale Longegarde, lord Guncer Solverre et Lord Samwell Staunton.

    Et puis il y avait eu le Brasier de Cornetruie. Les chanteurs aimaient raconter que la reine Rhaenys pleurait lorsqu’elle avait lâché Meraxès sur la forteresse. Quelque soit la vérité, tous les occupants avaient péri, serviteurs et mestre compris. Lady Lythène, l’épouse de Petyr Pryor réfugié à Viergétang, était une Verraz. Lorsqu’elle avait appris la mort de ses deux plus jeunes neveux, de son frère, de son oncle et de sa cousine, elle s’était évanouie. Elle ne cessait de pleurer depuis. La seule personne plus triste que moi à Viergétang.

    « Tyler ? » Jon le sortit de ses rêveries. « Que voulais-tu ? Dépêches-toi, je n’ai pas beaucoup de temps devant moi », dit-il d’un ton impatient.

    « Kyra a accouché d’un bâtard.

    -Ne dis pas de bêtises. Je suis sûr que le petit est de toi.

    -Elle ne le cache pas. L’enfant prendra le sobriquet Rivers. »

    La nouvelle fut accueillit avec surprise par Jon. « C’est… c’est… outrageant.

    -Il faut la renvoyer dans sa famille », déclara maître Josua avec aplomb.

    « C’est une Belgrave.

    -Et ? » demanda le châtelain.

    Jon roula des yeux. Tyler connaissait bien cette expression pour en avoir été souvent la victime quand il était jeune. Josua exaspérait Jon.

    « Et les Belgrave sont bannerets des Rosby qui, d’après vous, s’apprêtent à se révolter. Je ne vais pas renvoyer ma belle-sœur chez elle pour qu’elle connaisse le destin des Verraz.

    -Ce n’est pas pour elle que je suis ici.

    -Ser Hosteen ? » soupira Jon.

    « Oui, il n’a pas reconnu l’enfant mais il ne trompe personne. Je demande réparations.

    -Un duel ? Tu n’es pas sérieux. » La réaction de Jon pouvait être blessante mais Tyler y était habitué.

    « Je suis chevalier je te rappelle. Je peux me battre. »

    Tyler connaissait aussi très bien cet autre regard. Jon doutait de ses chances de battre ser Hosteen. Ou de se battre tout court.

    « Je l’interdis », répondit son frère sur un ton catégorique. « Néanmoins… ser Hosteen devra éviter Kyra et son service se limitera à la protection de Bellena. Il ne peut plus non plus s’occuper de notre réseau d’informateurs.

    -Qui alors ? » demanda Josua.

    « Ser Edmure m’a proposé une de ses agentes, Hanna qui surv… protège lady Andacey depuis plusieurs années maintenant. Je la convoquerai tout à l’heure. Cela te satisfait-il Tyler ? »

    Il garda le silence un certain temps avant d’enfin répondre : « Oui ».

    Alors qu’il repartait en direction du château, Tyler Bouillonnait intérieurement. Non ! Non ! NON !!!

     

    #139727
    La patate tartinée
    • Éplucheur avec un Économe
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    Je ne comprends pas de quoi tu parles.

    Patate 1er du nom, de la maison Patatheon, Crapatos (traduction de la langue des patate : roi patate) des Patates, des Pommes de terre et des Kiwis, Souverain des trois royaumes, protecteur des pommes et des fruits et légumes patatiques, prophète de la Sainte Patate, Grand Patator du patatéisme et fils de Potatoes III Patatheon et de Patata Patatark. La Patate sacrée coprésident de la F.D.P.D.F. (Fédération des Patates de France), aussi appelé la patate tartinée, la patate ou la patate absolue.

    #139732
    R.Graymarch
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    Tous les éléments sont dans le premier message et l’arborescence du forum 😉

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #139743
    Werther
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    Je ne comprends pas de quoi tu parles.

    C’est réciproque, chère patate . Mais bienvenue ! Comme l’a dit Gray, toutes les informations se trouvent dans le premier post (Avant-propos).

    #139744
    Werther
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    JON

    Viergétang  – 8e lune de l’An 12 ap-C

    Comme d’habitude, le châtelain Josua était en retard. Jon était un peu tendu en l’attendant dans la salle du conseil. Il se demandait bien comment ce dernier allait réagir.

    Le châtelain finit par arriver. « Je suis désolé, messer. Les marchands de Sombreval, vous savez ce que c’est. »

    Non, je ne sais pas, aurait voulu répondre Jon. Je suis fils, frère et oncle de seigneur, pas compte picaillon.

    « Alors, quelles nouvelles ?

    -Le Noir a bien été décapité. »

    Josua ne parlait pas d’Harren Chenu, ni de Lyonel Mallister, mais de lord Jonos Rosby, le fils du héros de Bouleau dévoré par le dragon de la reine Visenya. La volonté du jeune homme de tenir tête à Aegon lui avait valu le même sobriquet qu’aux deux précédents ennemis du Conquérant. À la fois un hommage et une raillerie, tant la révolte de Rosby était insignifiante et avait fait long feu.

    « Le carnage continue dans les terres de la couronne », dit Jon.

    « Oui, je pensais qu’après l’exécution des lords Longegarde, Solverre et Staunton, Sa Majesté serait rassasiée. Mais d’après mes informateurs la reine Visenya incite le roi à ne pas faire de quartier. C’est elle qui aurait poussé à l’exécution de Robert Bar Emmon. Pointe-Vive a été donnée à un Sombrelyn parait-il. Lord Balmain Fengué a également perdu ses terres qui ont été donné à un fils de feu lord Celtigar, mais il a gardé sa tête… pour l’instant. Quoique les geôles du roi ne semblent pas si confortables,  lord Alyn Chyttering y est mort. Ses terres appartiennent désormais à un Lannister de Port-Lannis. »

    Jon remercia une nouvelle fois les dieux que ce fut Rhaenys qui conquit Viergétang lors de la révolte de Lyonel le Noir… Quoique les Verraz ne seraient probablement pas du même avis.

    « Maître Josua, je vous remercie pour ces informations ». Même si Hannah m’en avait déjà informé hier. Même

    « Si je vous ai fait venir, c’est également pour parler de Marbrelac. Je pense que le bourg mériterait plus d’attention.

    -J’y vais plusieurs fois par semaine et mon intendant Mychel y fait du bon travail en mon absence.

    -Tout à fait, mais je pense que Marbrelac bénéficierait d’une supervision moins… intermittente. »

    Josua fronça les sourcils. « Je ne vois que trop où vous voulez en venir, messer. Je me rappelle du petit tour joué à septon Forrest. Vous voulez me mettre à la porte du conseil !

    -Je veux vous délester des obligations et du fardeau de ce poste. Je sais que vous êtes un homme occupé, que ce soit avec la guilde des marchands, Marbrelac ou le commandement des armées de Viergétang.

    -Qui ? »

    Jon soupira. « Ser Martyn.

    -Le garde ?

    -Le chevalier de la maisonnée de ma nièce.

    -Vous voulez me remplacer par un butor ? C’est inadmissible ! »

    Jon n’en pouvait plus. « Je suis le régent de Viergétang, oncle de notre lady ! Je décide de ce qui est admissible ou pas ! Ser Martyn est un homme compétent et dévoué à ma famille ! Je suis sûr que les missions que je lui confierai seront ses priorités, et qu’il n’en profitera pas pour faire ses propres affaires ! Je ne peux en dire autant de vous ! »

    Outré, Josua bredouilla quelques insanités avant de partir en claquant la porte.

    Jon tenta de clamer ses nerfs. Il se mettait rarement dans des états pareils, mais l’ex-châtelain avait dépassé les bornes. Tournant la tête, il tomba nez à nez avec son fils Walton. Le garçon  de sept ans le regardait, les yeux grands écarquillés. « Père, j’ai entendu crier. Tout va bien ? »

    Jon se leva et se dirigea vers lui. « Tout va bien, Walton.» Il lui caressa les yeux. « Ton père gouvernait. C’est parfois dur pour les nerfs… Tu t’en rendras un jour compte par toi-même. »

    #139793
    Werther
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    BELLENA

    Viergétang  – 7e lune de l’An 14 ap-C

    « Très bien… », dit lentement mestre Aethan en se penchant sur ses lignes. « Revoyez tout de même le tracé de vos M. Là, comme ça. C’est très bien lady Bellena, je suis très fier de vous. »

    Fière d’elle, Bellena l’était aussi alors qu’elle admirait son parchemin. Mestre Aethan s’arrêta un moment sur sa belle plume d’oie. « Elle est magnifique. Un cadeau de messer Jon ?

    -Ou… oui », répondit Bellena tout en essayant de ne pas rougir.

    Elle fut soulagée lorsqu’Aethan reposa la plume et passa au travail d’Eleanor. Riant intérieurement, la dame de Viergétang plongea sa main gauche dans une de ses poches pour attraper un petit biscuit à la pomme qu’elle avait subtilisé dans les cuisines. Elle gloussa en imaginant la tête de Gros Pat, le cuisinier, découvrant la disparition des biscuits. Une autre de mes victimes qui ne s’est doutée de rien, se félicita-t-elle.

    Mestre tapa dans ses mains pour mettre fin à l’exercice d’écriture. « Passons maintenant aux grandes maisons du royaume. » Il ouvrit un grand manuscrit sur lequel on avait peint plusieurs blasons, dont l’un arborait un magnifique étalon rouge. « A qui appartient ce blason ? »

    Comme d’habitude, son cousin Walton fut le premier à lever la main. « A lord Addam Bracken, seigneur de Haye-Pierre et suzerain du Trident. »

    Cette peste de Liane était tout sourire, comme si la réponse de son frère était la sienne. Pas juste, ils ont presque 10 ans, ronchonna Bellena.

    En sa qualité de dame de Viergétang, Bellena avait le droit à la place d’honneur en bout de table. Ses cousins s’étaient répartis à droite et à gauche en fonction de leur père.

    Bellena appréciait peu les enfants de Jon assis à sa gauche. Walton était toujours bien habillé et plutôt joli. Mais à neuf ans, il prenait bien soin d’ignorer Bellena. Et puis c’était un garçon ! D’un an la cadette de Walton, Liane était une petite fouine arrogante que Bellena détestait de tout son cœur. Quant à Alyssa, qui était en train de dessiner des licornes, elle n’avait que trois ans. Un véritable bébé !

    « Bien. A quelle dynastie appartient notre roi ? » poursuivit Aethan.

    Cette fois ce fut Jayne qui fut la plus rapide. « A la dynastie targaryenne !

    -Trop facile », soupira Walton.

    Bellena aimait bien plus ses autres cousins, que les enfants de Jon surnommaient les « bâtards », sans qu’elle sache trop pourquoi. Seul Jonos était illégitime et le petit de trois ans était mignon comme tout. Eleanor était la plus proche de son âge et, bien qu’un peu rêveuse, était toujours souriante. Jayne était quant à elle l’aînée des enfants de Viergétang, et Bellena ne pouvait s’empêcher de l’admirer comme une grande sœur.

    « Et qui régnera après lui ? »

    Cette fois-ci, Bellena connaissait la réponse. « La princesse Valaena ! » Elle avait surpris une conversation de septon Forrest avec sa mère où le religieux avait longuement parlé des festivités qu’il préparait pour célébrer la naissance de la fille du roi et de la reine Visenya.

    « Mon père dit qu’une fille ne peut régner », persiffla Walton. Bellena le fusilla du regard.

    « Et pourtant ce sera le cas », annonça le mestre. « Qui viendrait après la princesse ? »

    Un silence accueillit la question. Les enfants fronçaient les sourcils, tentant de trouver une réponse à ce difficile problème.

    « La reine Rhaenys ? » demanda Liane.

    « Non », répondit Aethan à la grande joie de Bellena. « Rhaenys est plus jeune que Visenya qui a préséance.

    -Mais… », demanda Jayne avec une moue dubitative. « Une reine peut hériter de son mari ?

    -Non. Ce n’est pas en qualité d’épouse que Visenya et Rhaenys pourraient hériter, mais de sœurs de Sa Majesté. »

    Beurk, se dit Bellena, dégoûtée par un mariage entre frère et sœur.

    C’est à ce moment précis que la porte s’ouvrit sur Hanna suivie de près par Gros Pat le cuisinier. Bellena s’empressa de jeter sa plume sous la table puis se fit toute petite. Elle connaissait trop bien Hanna pour ne pas reconnaître cette expression sur son visage. Elle était visiblement fâchée, et Bellena savait pourquoi.

    « Désolé de vous interrompre mestre, mais il semblerait qu’un de vos petits protégés ait subtilisé ma plume d’oie.

    -Et mes biscuits à la pomme ainsi que des gâteaux au miel », ajouta Gros Pat.

    Aethan foudroya Bellena du regard qui s’empressa d’admirer ses pieds.

    « Lady Jayne ! » dit Hanna, les mains sur les hanches. « Il semblerait que des serviteurs vous aient vu roder près de mes quartiers !

    -Ce n’est pas moi ! » protesta-t-elle. Bellena s’en voulait un peu, elle aimait vraiment bien sa cousine. « J’amenais ma petite sœur Delanei rendre visite à notre père.

    -ser Hosteen ? » murmura Liane en gloussant. Bellena lui réserva son regard le plus noir. Pour toute réponse, la garce lui montra discrètement sa plume qu’elle venait de ramasser. Bellena lui fit signe de la remettre à sa place mais Liane lui tira la langue. Elle bouillonnait de rage.

    « Hanna », dit-elle. « Je crois que vous vous trompez de cousine. C’est Liane qui est la méchante. »

    L’accusée ouvrit de grands yeux. « Non ! » se défendit-elle, mais Hanna était déjà sur elle, découvrant la plume dans ses mains. « C’est pas vrai ! C’est cette peste de Bellena qui l’a volée.

    -Prise la main dans le sac et vous accusez votre dame ! » gronda la conseillère.

    « Suis sûr qu’elle s’est goinfrée de mes biscuits et de mes gâteaux », renchérit Gros Pat.

    « Jeune fille, vous allez me suivre. Nous allons rendre une petite visite à votre mère. » Alors qu’Hanna la trainait par la main jusqu’à la sortie, Bellena lui réserva son plus grand sourire.

    Mestre Aethan en profita pour mettre fin à la leçon, et tous les enfants s’empressèrent de sortir. Alors qu’elle descendait les escaliers, Jayne vint la voir.

    « Je sais que c’était toi, Belle » dit sa cousine.

    La dame de Viergétang rougit. « Je suis désolé… et merci de ne pas m’avoir dénoncée. »

    Jayne explosa de rire. « C’est pas grave, et une petite réprimande ce n’est pas cher payé pour voir la tête déconfite de Liane. Pour être honnête j’aimerais que tu m’apprennes à piocher dans les réserves de Gros Pat, j’adore les gâteaux au miel.

    -Bien sûr », répondit Bellena. Mais elle était un peu gênée, si elle avait bien volé des biscuits, ce n’était pas elle qui avait pris les gâteaux au miel. « Mais peut-être un autre jour, ma mère m’a demandé de passer la voir. »

    Arrivées en bas des escaliers, les deux jeunes filles se séparèrent et Bellena prit la direction de la petite tour ouest en haut de laquelle se trouvaient les appartements de sa mère.

    Lady Andacey lisait sur une petite chaise à la lumière de la fenêtre qui donnait sur la baie. « Bonjour, ma fille. Tes leçons se sont bien passées ?

    -Oui, mestre Aethan dit que je travaille bien.

    -Cela ne veut rien dire », répondit-elle du ton froid qu’elle utilisait toujours lorsqu’il était question du mestre. « Aethan est un incompétent. Cela fait longtemps que ton oncle aurait du demander à la Citadelle qu’elle envoie quelqu’un de plus instruit et surtout de plus loyal. N’oublie pas ce que je t’ai dit, méfie-toi de lui.

    -Oui, oui », répondit Bellena en baissant la tête.

    Sa mère la fixa un moment. « Où est ta veste ? »

    Son cœur s’emballa. Ma veste ! Elle l’avait probablement aux écuries où elle s’était étendue sur une botte de foin pour dévorer quelques biscuits après son forfait dans les cuisines.

    « J’ai dû l’oublier chez mestre Aethan.

    -Je sais que l’hiver vient enfin de s’achever, mais je ne veux pas que tu attrapes froid. Je vais appeler ma domestique pour qu’elle aille te la chercher.

    -Non ! » répondit Bellena un peu trop fort. « Je… vais la chercher moi-même. C’est ma faute, je dois assoumer.

    -Assumer », la corrigea sa mère, mais elle semblait satisfaite de cette réponse. « C’est bien, tu grandis. Ta défunte grand-mère aurait été fière de toi. Va. »

    Bellena ne se le fit pas dire deux fois, elle dévala les marches quatre à quatre. Mince ! Mince ! Mince ! Arrivée en bas, elle fonça en direction de la cour qu’elle traversa en un rien de temps. Arrivée aux écuries, elle se faufila par un petit trou dans le mur en bois pour éviter d’être surprise par le palefrenier. Elle alla ensuite dans le boxe le plus à gauche où elle avait pris son petit-déjeuner.

    A l’intérieur, elle tomba nez à nez avec sa cousine Eleanor qui, revêtue de sa veste, dévorait des gâteaux au miel. Elle resta interdite pendant un petit moment avant d’exploser de rire. Elle fut rapidement imitée par Eleanor. Lorsque cette dernière sortit la plume de Hanna d’une de ses poches, leurs rires redoublèrent.

    Et c’est ainsi que les deux filles passèrent le reste de la journée à s’empiffrer des somptueux gâteaux de Gros Pat.

    #139850
    Werther
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    AETHAN

    Viergétang  – 1re lune de l’An 15 ap-C

    « Lady Andacey euh… Elle… Elle ne se sentait pas bien… alors je l’ai examinée.

    -Et ? » demanda ser Jon, assis en majesté sur la cathèdre.

    « C’était probablement une intoxication alimentaire. Gros Pat… Pat… Je veux dire le cuisinier… » Il s’embrouillait et il voyait bien qu’il avait déjà perdu l’attention d’une bonne partie des spectateurs. « Le cuisinier avait probablement acheté des fruits de mer avariés.

    -Le cuisinier a été remercié, mestre », le coupa ser Jon. « Ce procès porte la suite des événements. »

    Aethan déglutit difficilement. Il tourna son regard vers lady Bellena, assise à côté de son régent. La jeune fille dardait sur lui un regard noir. « Notre Dame m’a demandé de faire quelque chose… Aussi ai-je utilisé un puissant purgatif…

    -Un poison ! » s’exclama lady Andacey dont le teint vitreux témoignait de ses récentes souffrances.

    « Lady Andacey », intervint ser Jon. « Laissez parler l’accusé. » Le régent semblait particulièrement ennuyé par ce procès, mais sa belle-sœur avait fait pression pour qu’il ait lieu.

    « Cette… potion » poursuivit-il d’une voix douce.  « Est-ce courant de l’utiliser dans ce type de situation ?

    -Non, non, trop dangereux ». Aethan se mordit la langue en entendant les remous qu’il venait de provoquer. Il s’empressa d’ajouter : « Mais la situation était préoccupante. Tout le monde se rappelle des causes de la mort de lord Symond Herpivoie.

    -Avez-vous quelque chose à ajouter, mestre ?

    -Euh oui… enfin… non… Je crois. »

    Quelle défense pitoyable ! Il aurait aimé pouvoir faire comme lady Cynthia Mallister, l’épouse du sire des Eryié, lord Ronnel Arryn, qui avait demandé un Jugement des Sept pour prouver son innocence des accusations de son mari. La bataille de l’Aigle et du Faucon, c’est ainsi que les rhapsodes avaient nommé la bataille entre ces deux fois sept champions. Bon, cela n’avait pas forcément servi à lady Cynthia, puisque ceux qui avaient défendus son honneur avaient perdus, dont son frère lord Garse Mallister qui y avait trouvé la mort. De toute façon Aethan n’était pas un grand du royaume et il ne méritait pas un Jugement des Sept ou même un duel judiciaire.

    Ce fut au tour de lady Andacey de prendre la parole. « Mon mari, le père de votre lady, s’est toujours défié de mestre Aethan. C’est mestre Lorent, au service du lord Herpivoie d’alors, qui avait diagnostiqué sa grave maladie, et c’est grâce à lui qu’il a pu continuer à vivre de longues années. Il pensait qu’Aethan en voulait à sa vie… et à la mienne. J’ai donc très vite compris, en ressentant les terribles douleurs provoquées par sa décoction, qu’il allait me tuer. » Une larme coula sur sa joue puis elle sourit à lady Bellena. « Ma fidèle fille, aussi juste que son père, a pris ma défense. Je lui dois la vie. » Lorsqu’il vit une partie de la salle émue par ce discours, Aethan comprit que son sort était scellé.

    Ser Jon pensait probablement la même chose. « J’en ai assez entendu pour donner mon verdict. Mestre Aethan ». Le régent se leva. « Moi, ser Jon Mouton, en tant que régent de ma nièce lady Bellena Mouton, Dame de Viergétang, je vous déclare coupable d’avoir empoisonné lady Andacey Mouton, volontairement ou par erreur, et par là-même vous condamne à prendre le noir. »

    Les tripes d’Aethan se liquéfièrent. Une sentence terrible, mais qui ne semblait pas satisfaire entièrement lady Bellena. « Mon oncle. Ne mériterait-il pas la mort ? Ma mère dit que c’est ainsi que fait le roi.

    -Notre blason représente une truite, pas un dragon. De plus nous ne savons pas si Aethan a agit volontairement. Je pense que nous devons faire preuve de clémence. »

    Lady Bellena hocha sa petite tête, apparemment convaincue. Ce n’était pas le cas de lady Andacey qui semblait déçue. Cela ne l’empêcha pas de sourire en voyant les gardes s’emparer d’Aethan. Elle savoure la vengeance qu’elle murie depuis 15 ans, se dit amèrement le mestre.

    « Le procès est terminé vous pouvez disposer », proclama ser Jon. « Je vais envoyer un message à la Citadelle pour qu’on nous dépêche un nouveau mestre. » Puis alors que le régent passait devant Andacey, il l’entendit dire à voix plus basse. « J’espère que vous êtes satisfaite, maintenant je ne veux plus vous voir. »

    Mestre Aethan n’entendit jamais la réponse. Les deux gardes l’entrainèrent vers la porte. Ce soir il embarquerait pour le Mur, d’où il ne reviendrait jamais.

    #139885
    Werther
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    WALTON

    Darry-le-Château  – 7e lune de l’An 15 ap-C

    « Ton père règne. Cela fait un an qu’il n’a pas touché une quintaine. » Voilà ce que sa mère lui avait dit tout en berçant sa petite sœur Freya. Walton voulait bien le croire, mais tout de même…

    Son oncle Tyler, le « père » des bâtards avait réussi à désarçonner ser Willis Cox avant de s’incliner contre le fameux ser Halmon, un chevalier de lord Herpivoie qui était désormais un des favoris de la foule. Quant à oncle Stanton, il était en train de se préparer pour le troisième tour après s’être débarrassé de deux autres Cox, ser Harys, héritier de ser Lucamore et ser Sandor, le frère de ce dernier.

    Son père, ce puissant régent qu’il admirait temps, avait perdu dès le premier tour contre un des fils de lord Beurpuits, qui n’avait pas tenu plus d’une lance contre ser Jon Pryor, le jeune chevalier que sa sœur Liane dévorait des yeux.

    Le pire avait peut-être été de voir la satisfaction des « bâtards » lors de la défaite de son père. Il les avait vus, un peu plus bas dans les gradins, se réjouir au moment où le régent avait été désarçonné. Sa cousine Bellena l’avait également déçue à prendre leur partie. Elle était désormais toujours fourrée avec Jonos Rivers, cet enfant illégitime –reconnu- de lady Kyra qui ne pouvait aligner trois mots sans jurer. Un bâtard ! Au moins ces derniers étaient-ils remis à leur place à Port-Réal. Daenerys Waters, la bâtarde de la reine Rhaenys, n’avait même pas été présentée à  son oncle beau-père.

    Le père de Walton finit par les rejoindre dans les gradins alors que Stanton et ser Larys Darry, un fils de lord Petyr, brisaient sans succès leur deuxième lance.

    « Tout va bien père ? », demanda Walton en désignant son bras en écharpe.

    Le régent lui tapa sur l’épaule et partit d’un grand rire. « Je survivrai, ne t’inquiète pas, je survivrai. J’ai bien fait d’amener mestre Ronald avec nous, il a fait des miracles. Mon gantelet droit était mal fixé, mais rien n’est cassé. »

    Walton fronça les sourcils. « Si j’avais été ton écuyer…

    -Je sais, mon gantelet aurait été bien mis », le coupa son père. « Mais nous n’allons pas en reparler. Tu es trop jeune.

    -J’ai dix ans !

    -Continue de t’entrainer dans la cour avec ser Edmure, mais pour ce qui est de devenir écuyer… J’ai d’autres ambitions pour toi et je dois t’y préparer. »

    Père tenait toujours le même discours, même s’il ne savait pas de quel projet il pouvait bien parler.

    Sur la lice, Stanton finit par être désarçonné. Son oncle n’avait néanmoins pas démérité.

    « Dis-moi », lui dit son père en désignant le centre des gradins. « Reconnais-tu ces gens ? »

    « Oui », dit Walton. Il désigna le seigneur qui semblait avoir tous les honneurs. « Lord Hoster Herpivoie, notre suzerain et à côté de lui le vieux Petyr.

    -Un peu plus de respect pour notre hôte.

    -Mon oncle a bien failli le déposséder. C’est un ennemi de notre famille. »

    Jon soupira. « On croirait entendre Perwyn. Nous avons fait la paix avec les Darry, c’est pourquoi il nous a invités à son tournoi. Et les autres ?

    -Ser Lucamore Cox, qui dirige Salins depuis la mort du vi… de ser Lucas Cox l’année dernière. C’est son héritier que Stanton a vaincu tout à l’honneur. Quant à l’homme imposant à côté d’eux, c’est lord Orys Baratheon, demi-frère et ancienne main du roi, sire de Harrenhal.

    -Bravo, et maintenant les deux hommes qui vont sur le point de s’affronter. »

    Walton plissa les yeux pour regarder les deux futurs adversaires. Du côté gauche, il vit un homme corpulent mais à la puissante carrure dont le cimier représentait un étalon. « Facile, lord Addam Bracken, seigneur du Trident.

    -Et qui lui remet sa lance ? » Son père désigna un homme d’une vingtaine d’année avec une longue chevelure et une barbe blonde fournie.

    « Son fils et héritier ser Petyr Bracken. » C’était assez facile, les deux hommes avaient été bien introduits avant le début du tournoi.

    Plus dur était de reconnaitre l’identité du svelte chevalier qui faisait face à lord Bracken. Néanmoins Walton reconnut ses armes représentant une vierge dansante. « Un Piper. Probablement le seigneur de Château-rosières, lord Joseth.

    -Et son écuyer ? »

    L’adolescent qui armait lord Joseth ne devait pas à voir cinq ans de plus que Walton et il n’arrivait pas à voir ses armes.

    « Il s’agit de lord Walder Mallister, sire de Salvemer », répondit son père à sa place. « Du bon travail néanmoins, Aethan a été un bon professeur. »

    Walton regrettait parfois le mestre et espérait qu’il était arrivé sain et sauf à Fort-Levant. Il remercia son père, mais quelque chose le tracassait.

    « Père ? Je comprends que lord Herpivoie soit présent en tant que suzerain de lord Darry et lord Baratheon est un voisin mais… »

    Son père sourit « Mais ?

    -Pourquoi lord Bracken et lord Piper ont-ils fait le déplacement pour un tournoi… si modeste ? »

    Les deux adversaires chargèrent. Lord Bracken montait un destrier à la carrure impressionnante et maniait une lance plus lourde que celle de son adversaire qui cueillit l’écu de lord Piper en plein centre. Face à un tel choc, la plupart des chevaliers du jour auraient mordu la poussière, mais pas l’agile lord Piper qui maintint son assiette.  Arrivés à l’autre bout de la lice, les deux adversaires demandèrent une nouvelle lance.

    « Tu es perspicace mon fils. Ils sont venus pour s’affronter.

    -Ils doivent être satisfaits alors.

    -Oh, non, je ne parlais pas de cette joute. Il s’agit plutôt là d’une cerise sur le gâteau. Non les deux hommes usent de mots, de présents et d’influence. Et leur reine d’amour et de beauté est un homme, lord Herpivoie.

    -Je ne comprends pas. »

    Les deux seigneurs s’élancèrent à nouveau. Cette fois-ci c’est lord Piper qui dirigea parfaitement sa lance et atteignit l’écu de lord Bracken. Le sire du Trident poussa un grognement et sembla un instant sur le point de tomber de cheval, mais sa masse compensa le choc et c’est toujours monté qu’il retrouva l’autre bout de la lice.

    « Tu as entendu parler de la révolte de Lyonel le Noir ?

    -Bien sûr père. Le traître Mallister s’est rebellé contre le roi et a perdu le Trident.

    -Traître ? Dans ce cas, mon frère et moi l’étions puisque nous avons combattu pour lui. » Walton sentit ses oreilles rougirent. « Tu dois comprendre que le Conflans a toujours été divisé. Au cours du temps, les autres Couronnes ont vu s’élever de grandes familles à l’autorité incontestée et qui sont devenues des dynasties royales qui ont régné pendant des siècles. Rien de cela chez nous. Alors que les autres Couronnes jouissent de la paix et de la concorde, nous sommes destinés à nous entredéchirer.

    En ce moment le clan Bracken doit faire face à l’opposition du clan Mallister. Auparavant c’était le fils de Lyonel le Noir qui incarnait cette opposition à lord Addam, mais la mort de lord Garse lors de la bataille de l’Aigle et du Faucon et l’exécution de sa sœur ont fait de lord Joseth Piper l’un des chefs du parti Mallister.

    -Pourquoi ?

    -Parce que sa femme n’est autre que lady Jeyne Mallister, fille de Lyonel le Noir. Cela fait de lui le gendre de l’ancien seigneur et l’oncle par alliance de lord Walder Mallister. Nombre de soutiens voudraient voir son neveu ou même sa femme régner sur le Trident. »

    Walton ne répondit pas tout de suite. Il se demandait encore une fois pourquoi son père prenait tant de soin à lui enseigner les relations entre les grands seiggneurs alors qu’il ne serait jamais le sire de Viergétang.

    Il lui en était néanmoins reconnaissant. Il comprenait mieux désormais la hargne que dégageaient les deux adversaires. Et lorsqu’ils s’élancèrent l’un sur l’autre, il ne fut que plus curieux de savoir qui allait l’emporter…

    #141129
    Nabil Martell
    • Éplucheur de Navets
    • Posts : 20

    On veut la suite!!!! Lord Mouton Roi de Westeros.

    Werther ton style d’écriture est vraiment immersif, tu arrives à rendre une maison aussi mineur que les Mouton très très intéressante. Bravo à toi.

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