GRRM, la WorldCon et les prix Hugo

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire George R. R. Martin Actualité de GRRM GRRM, la WorldCon et les prix Hugo

  • Ce sujet contient 35 réponses, 10 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par DNDM, le il y a 2 années et 9 mois.
30 sujets de 1 à 30 (sur un total de 36)
  • Auteur
    Messages
  • #153906
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    [Edit : sujet déplacé depuis : Prix Hugo – Marathon Lecture des romans et nouvelles]

    https://mobile.twitter.com/i/events/1381997295743418374

    Spoiler:
    Best Novel

    Black Sun, Rebecca Roanhorse (Gallery / Saga Press)

    The City We Became, N.K. Jemisin (Orbit)

    Harrow the Ninth, Tamsyn Muir (Tor.com)

    Network Effect, Martha Wells (Tor.com)

    Piranesi, Susanna Clarke (Bloomsbury)

    The Relentless Moon, Mary Robinette Kowal (Tor Books)

    Best Novella

    Come Tumbling Down, Seanan McGuire (Tor.com)

    The Empress of Salt and Fortune, Nghi Vo (Tor.com)

    Finna, Nino Cipri (Tor.com)

    Ring Shout, P. Djèlí Clark (Tor.com)

    Riot Baby, Tochi Onyebuchi (Tor.com)

    Upright Women Wanted, Sarah Gailey (Tor.com)

    Best Novelette

    “Burn, or the Episodic Life of Sam Wells as a Super”, A.T. Greenblatt (Uncanny Magazine, May/June 2020)

    “Helicopter Story”, Isabel Fall (Clarkesworld, January 2020)

    “The Inaccessibility of Heaven”, Aliette de Bodard (Uncanny Magazine, July/August 2020)

    “Monster”, Naomi Kritzer (Clarkesworld, January 2020)

    “The Pill”, Meg Elison (from Big Girl (PM Press))

    “Two Truths and a Lie”, Sarah Pinsker (Tor.com)

    Best Short Story

    “Badass Moms in the Zombie Apocalypse”, Rae Carson (Uncanny Magazine, January/February 2020)

    “A Guide for Working Breeds”, Vina Jie-Min Prasad (Made to Order: Robots and Revolution, ed. Jonathan Strahan (Solaris))

    “Little Free Library”, Naomi Kritzer (Tor.com)

    “The Mermaid Astronaut”, Yoon Ha Lee (Beneath Ceaseless Skies, February 2020)

    “Metal Like Blood in the Dark”, T. Kingfisher (Uncanny Magazine, September/October 2020)

    “Open House on Haunted Hill”, John Wiswell (Diabolical Plots – 2020, ed. David Steffen)

    Best Series

    The Daevabad Trilogy, S.A. Chakraborty (Harper Voyager)

    The Interdependency, John Scalzi (Tor Books)

    The Lady Astronaut Universe, Mary Robinette Kowal (Tor Books/Audible/Magazine of Fantasy and Science Fiction)

    The Murderbot Diaries, Martha Wells (Tor.com)

    October Daye, Seanan McGuire (DAW)

    The Poppy War, R.F. Kuang (Harper Voyager)

    Best Related Work

    Beowulf: A New Translation, Maria Dahvana Headley (FSG)

    CoNZealand Fringe, Claire Rousseau, C, Cassie Hart, Adri Joy, Marguerite Kenner, Cheryl Morgan, Alasdair Stuart

    FIYAHCON, L.D. Lewis–Director, Brent Lambert–Senior Programming Coordinator, Iori Kusano–FIYAHCON Fringe Co-Director, Vida Cruz–FIYAHCON Fringe Co-Director, and the Incredible FIYAHCON team

    “George R.R. Martin Can Fuck Off Into the Sun, Or: The 2020 Hugo Awards Ceremony (Rageblog Edition)”, Natalie Luhrs (Pretty Terrible, August 2020)

    A Handful of Earth, A Handful of Sky: The World of Octavia E. Butler, Lynell George (Angel City Press)

    The Last Bronycon: a fandom autopsy, Jenny Nicholson (YouTube)

    Je n’ai coupé qu’après la liste Best Related Work vu que tonton George y est mentionné, dans ce qui est ma seule lecture de l’an nominée. ^^ Par contre j’avais vu « l’autopsie » de Nicholson à sa sortie, c’est intéressant (je ne dis pas juste ça parce que je regardais la série), d’ailleurs Besson mentionne MLP: FIM dans Les Pouvoirs de l’enchantement ! Et Lindsay Ellis est nominée pour l’Astounding Award for Best New Writer, je vous parlerai de son premier roman Axiom’s End si elle l’emporte. (En autres noms déjà passés sur ce forum, le dernier tome de Monstress est nominé pour la Best Graphic Story, ainsi que du Gillen. Et j’ai vu toute la liste Best Dramatic Presentation, Short Form, à part The Expanse. Y a du Noelle Stevenson, @DNDM.)

    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années par no_one.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années par no_one.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années par Babar des Bois.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années par Babar des Bois.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #153922
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2935

    Y a du Noelle Stevenson, @DNDM.)

    Ha tu fais bien de signaler, j’avais pas tilté! Au moins une bonne nouvelle.

    Perso je suis resté bloqué sur la sélection de

    “George R.R. Martin Can Fuck Off Into the Sun, Or: The 2020 Hugo Awards Ceremony (Rageblog Edition)”, Natalie Luhrs (Pretty Terrible, August 2020)

    que je trouve scandaleuse.

    Le petit monde de la SFFF qui s’amuse à cracher sur des auteurs pas assez en phase avec la doxa du moment, ca me donne un peu envie de gerber. Encore plus quand c’est pour cracher sur un auteur engagé depuis toujours, et qui était en première ligne sur pas mal de combats internes aux Hugos (Sad puppies, Rabbid puppies…) jusqu’à très récemment. Je suppose qu’après la sélection du « 2019 John W. Campbell Award Acceptance Speech » l’année dernière, certains ont voulu surjouer le côté « Révolution/ A bas les idoles », mais là c’est juste ridicule, et insultant pour tout le monde.

    Edit: Ha tiens le Helicopter Story d’Isabel Fall dans la catégorie Best Novelette, c’est le texte précédemment connu sous le titre I Sexually Identify as an Attack Helicopter, à l’origine de l’une des (trop nombreuses) mini shitstorms littéraires de 2020. Le titre d’origine faisant référence  à un meme transphobe, le texte avait déclenché une chasse aux sorcières, l’autrice anonyme ne pouvant forcément être que transphobe, pour certains ayatollahs culturels. Manque de pot, l’autrice est trans, le titre est un retournement du stigmate. Mais faire de la place à ce genre de nuance aujourd’hui, c’est trop demander. Sous l’avalanche d’attaques et d’insultes l’autrice avait donc demandé au magazine qui l’avait publié de dépublier son texte. Le voir revenir ici est, pour le coup, plutôt de bon augure  pour l’intelligence collective (mais sous un nouveau titre, moins catchy mais plus passe-partout, donc…).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par DNDM.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #153928
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Le petit monde de la SFFF qui s’amuse à cracher sur des auteurs pas assez en phase avec la doxa du moment, ca me donne un peu envie de gerber. Encore plus quand c’est pour cracher sur un auteur engagé depuis toujours, et qui était en première ligne sur pas mal de combats internes aux Hugos (Sad puppies, Rabbid puppies…) jusqu’à très récemment. Je suppose qu’après la sélection du « 2019 John W. Campbell Award Acceptance Speech » l’année dernière, certains ont voulu surjouer le côté « Révolution/ A bas les idoles », mais là c’est juste ridicule, et insultant pour tout le monde.

    La cérémonie de l’an dernier a été entaché de nombre « d’erreurs » ; si toutes ne sont pas attribuables à Martin, donc je peux comprendre que le focus personnel sur (Silverberg et) lui dérange, le fait est qu’il était le maître de cérémonie, donc le visage des dysfonctionnements – et je trouve positif que les nombreuses voix qui se sont élevées à l’époque pour témoigner de leur inconfort devant sa prestation à côté de la plaque et les choix éditoriaux de la Worldcon soient représentées, signe que la communauté continue à évoluer. Et je crois aussi que les louables prises de positions passées de GRRM ne sont pas une raison pour faire comme s’il n’avait pas décidé de la jouer réac cette fois en louant les bons vieux jours et un éditeur ségrégationniste, alors qu’on récompensait la prise de parole contre ce dernier d’une autrice qui n’aurait pu être là en son temps (entre autres fautes). Il mérite pas le pilori ni ce texte le Hugo mais je comprends aussi son importance.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #153930
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2935

    Il mérite pas le pilori ni ce texte le Hugo

    Aucune envie d’entrer dans un débat sans fin, mais je pense que ce bout de phrase résume bien le gros problème que j’ai avec cette nomination. Mettre un coup de gueule bourré d’erreurs et de procès d’intentions et torché en 5 minutes au même niveau que des bouquins qui ont demandé des mois de travail à leurs auteurs, c’est insultant pour ces auteurs, déjà.

    Ensuite, que la cérémonie ait été ratée, c’est une chose. Recaster GrrM en « gross racist misogynist transphobe » parce qu’il a mal prononcé des noms, qu’il est nostalgique de sa jeunesse et qu’il est un peu chiant, c’est du foutage de gueule.

    Enfin, se permettre de dire

    The fact that Martin chose not to use that information is disgusting and racist as fuck, as nearly without exception the names he mispronounced were Black and brown. (…) Names are important. They have power.

    Pour corriger plus tard:

    Multiple people have pointed out that it wasn’t only BIPOC folks who had their names mispronounced, plenty of white folks did, too.

    Et pour enfin finir par:

    My deepest apologies to Nibedita Sen for misspelling her name.

    Cest du plus haut comique – surtout quand l’unique « argument » faisant de GrrM un raciste, ce sont ces erreurs de prononciation, mais que derrière ces accusations ne sont pas amendées.

    Bref, ce texte est vulgaire, risible, mensonger et insultant, et le mettre au même niveau que les autres nominés – et au même niveau, quelque part, que le texte de l’année précédente,  « 2019 John W. Campbell Award Acceptance Speech », c’est une belle insulte à tout le monde.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #153932
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Oui, le texte n’est formellement pas au niveau. Par contre, je ne peux pas trop en vouloir à celleux qui eurent du tout une lecture moins charitable que toi qd on combine ses interminables louanges à un passé, et un éditeur, synonymes pour nombre des personnes alors récompensées d’exclusion, à ses multiples erreurs de prononciation non corrigées en dépit de guides de prononciation et du caractère enregistré de ces passages, et touchant bien disproportionnellement les nominé-es racisé-es – dans le cadre d’une orga qui censure un Zoom pro-BLM et Ouïghour-es, et ne mettant pas en avant les productions du pays supposé hôte…

    Comme l’ont évoqué divers témoignages à l’époque, ce fut la culmination de bien des années de tension et de problèmes à l’intérieur de la Worldcon et alors que celleux autrefois exclues bousculaient, une cérémonie supposée célébrer la SFFF d’aujourd’hui a vu un présentateur, pas foutu prononcer leurs noms, en profiter pour faire 3 h. d’Histoire nostalgique, refuser d’appeler l’Astounding Award de ce nom alors qu’était récompensé le txt y ayant enfin mené et parler d’Heinlein plutôt que de Jemisin, dans un contexte bouillant… I mean, read the room. L’interprétation de Luhrs n’est – assurément – pas charitable ; son style sans concession ; mais elle reflète une vague de réactions et de discussions au sein de la SFFF qui la rende pertinente en tant que Related Work, pour bon nombre de ses membres à l’évidence.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #153933
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2935

    ses multiples erreurs de prononciation non corrigées en dépit de guides de prononciation et du caractère enregistré de ces passages,

    Faux et faux.
    http://file770.com/2020-hugo-awards/comment-page-2/#comment-1205393

    Et pourtant la note de blog n’a pas été mise à jour pour apporter cette info, ce qui est totalement malhonnête. Mais comme toute cette note de blog est malhonnête et orientée, c’est peu étonnant.

    Y avait franchement aucun texte reflétant mieux les débats d’idées internes à la SFFF en 2020? Le top de la réflexion sur ces questions, c’est vraiment un texte ordurier bourré d’erreurs et tapant spécifiquement sur un type âgé qui a fait de son mieux avec un iPhone et un assistant alors qu’il était planqué dans une cabane dans les bois en pleine pandémie mondiale ?

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #153938
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7891

    J’avoue être assez en ligne avec DNDM pour le coup : à mes yeux, c’est assez grossier de la part des Hugo de nominer ce texte. Que Martin n’ait pas mené cette cérémonie avec beaucoup de tact est une chose : les longs monologues célébrant le passé et le fait de ne faire aucun effort sur la prononciation (même si comme il l’affirme il n’a pas reçu de « guide de prononciation »), en pleines tempêtes où l’on réclame à juste titre plus de diversité, oui, c’est maladroit, et clairement à contre courant de ce qu’on aurait pu attendre en termes de célébration d’une nouvelle génération d’auteurs plus inclusive… Mais, qu’attendre d’un monsieur de 72ans, qui a fait partie de ce monde de la SFFF depuis Mathusalem, en a vu les beaux et les mauvais côtés, et répète régulièrement à quel point il se sent éloigné du fandom actuel, avec ses réseaux sociaux et ses drama permanents (et il ne condamne jamais le fond quand des personnes se battent pour plus de diversité, il est juste sidéré par la violence de certaines prises de positions)… Je ne sais pas vous, mais moi, lors des repas de famille, mes grands-parents ne passent pas des heures à s’extasier des combats sociétaux du moment, ils me parlent de leur époque parce que « c’était mieux avant »… Bah Martin, on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il fasse autrement à moins de le lui dire. C’est un homme intelligent et ouvert, mais c’est un vieux monsieur, au bout d’une monde, cloîtré chez lui à cause d’une pandémie quoi… Encore aurait-il fallu lui dire ce qu’on attendait de lui si ce n’était pas de « faire du Martin ». Mais c’est tellement plus simple d’ensuite nominer pour se dédouaner un procès d’intention contre lui plutôt que de prendre sa part dans le naufrage. Et, c’est tellement plus facile de réfléchir sans nuance, en mettant toutes les « offenses perçues » dans un même panier : vilipender Martin qui est un papy nostalgique en le plaçant de facto dans les rangs d’auteurs tellement plus problématiques, et en faire du buzz… Bref, c’est assez triste je trouve.

    Vous noterez quand même l’ironie quand on relit le « code of conduct » de la convention :

    Comments directly intended to belittle, offend, or cause discomfort including telling others they are not welcome and should leave [are prohibited]

    ~~ Always ~~

    #153940
    Babar des Bois
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4746

    J’avais trouvé Martin très critiquable l’année dernière. Les Hugo sont censés célébrer la communauté présente, et les gagnants du jour. Pas être une tribune d’histoire personnelle sur la WorldCon (passionnante au demeurant, mais c’était pas lui le sujet), par un auteur très nostalgique et mélancolique (certes c’est un trait de sa personnalité qu’on voit dès ses premiers textes, et qui s’est beaucoup accru ces dernières années, rien de nouveau sous le soleil). C’était malvenu, même si aucun doute qu’il ait voulu faire ce qu’il pensait le mieux, et c’est ce qu’il dit explicitement d’ailleurs. Il a peut-être été mal cadré par les organisateurs/son équipe, je ne sais pas. Peut-être qu’il est difficile à cadrer. Peut-être qu’on ose pas le cadrer (comme son éditeur arrive pas à le cadrer, hem). Bref, c’était pas une réussite cette WorldCon

    Tout comme j’avais trouvé particulièrement limite le coup des prononciations des noms. Mais la responsabilité semble être plus collective que personnelle, de ce que dit Martin dans sa réponse (cf. le lien de DNDM). On le sait que Martin prononce mal les noms (les orgas, son équipe, lui-même, ils le savent, et depuis bien avant la WorldCon) ; y’avait du coup pas moyen justement d’anticiper un peu mieux ça et de faire un effort, de tous les côtés ? Parce que pour le coup, Natalie Luhrs a raison quand elle dit que les noms ont du pouvoir. Ne pas faire l’effort de bien prononcer les noms étrangers (je parle pas de Martin hein, mais en général ; et j’insiste bien sur le « pas faire l’effort de ») fait partie des « biais racistes » – parmi les biais qu’on a tous plus ou moins, et qui sont surtout inconscients -, et ça raisonne d’autant plus aux States qu’il y a toute une histoire des blancs renommant les noirs selon leur propre convenance. Et je comprends tout à fait que ça ait pu être très mal pris par les participants (qui ne connaissent pas forcément Martin et son histoire).

    Maintenant quand on remet les choses dans leur contexte (à la fois vis a vis de l’histoire de Martin, et de la façon dont la WorldCon a été organisée), quand on sait que ce ne sont pas que les personnes racisées dont le nom est mal prononcé par lui, ça ne fait clairement pas de Martin quelqu’un de raciste. Au pire ça en fait quelqu’un de « j’men foustiste ». Critiquer oui, on peut tout à fait le faire. Lui même reconnait qu’on peut le critiquer. Et c’est aussi comme ça qu’on fait évoluer les choses (et oui, c’est pas plus mal que ça évolue, sur plein de points). Par contre, le traiter de tous les noms, franchement, c’est plus que nul et inutile. Dans sa réponse il s’est excusé pour ceux qu’il a pu blesser, plusieurs fois (il aurait pu faire sa réponse sur son blog pour lui donner plus de visibilité, ça c’est un peu dommage je trouve, mais bon, on a quand même sa réponse). Il s’est expliqué, et clairement le contexte en distanciel de la WorldCon a pas aidé (et y’a aucune raison de penser que Martin est de mauvaise foi).
    J’avais trouvé le texte que les collègues brésiliens avaient fait pour l’occasion plus juste et nuancé : https://www.geloefogo.com/2020/08/sobre-george-r-r-martin-nos-hugo-awards-2020.html

    Je trouve le texte de Natalie Luhrs tout autant critiquable. Même s’il a le mérite de soulever des interrogations légitimes, qu’il reflète une opinion – à l’origine personnelle – qui a trouvé de l’écho auprès d’une bonne part de la communauté, et que c’est à écouter. Toutefois, je trouve qu’elle charge particulièrement GRRM, pour des points parfois plus que discutables (le coup des Hugo Looser de 2019, sérieusement, il était le premier dégouté que ça se soit mal passé…) ; le ton est très agressif, et surtout y’a pas la réponse de Martin, alors qu’elle a mis des addendum où elle évoque la rumeur de « il a pas voulu réenregistrer » qui est totalement fausse selon les dires du principal intéressé. Et ce dernier point, je le trouve vraiment très problématique (c’est un peu un minimum de donner un droit de réponse au principal concerné, surtout face à une charge aussi violente).

    Mais bref, pour moi ça aurait dû en rester là, à ces échanges. Le fait de sélectionner ce texte aux Hugo de cette année, sérieusement, c’est tirer sur l’ambulance. Que la communauté évolue (on devrait dire « les communautés » d’ailleurs), que certaines choses ne soient plus possible de dire/faire aujourd’hui, tant mieux pour certains points. Qu’il y ait des critiques, oui, encore une fois. Mais je vois vraiment pas l’intérêt de célébrer ce texte-là qui met GRRM au pilori ; et vu son parcours (son parcours n’est pas une excuse à tout comportement hein, mais c’est un élément de contexte que je trouve important de mentionner), c’est assez injuste. C’est une cible un peu facile (donnait-il l’impression d’un mec mis en piédestal parce que sa série a un succès phénoménal ?).

    Je suis vraiment triste pour lui. Il a raté son rôle de toastmaster de l’année dernière. Parallèlement, il s’investit tellement dans la WorldCon, et pas que. Il fait quand même beaucoup pour encourager la création, la diffusion auprès d’un plus grand public des littératures de l’imaginaire.
    Je ne sais pas s’il prendra la parole sur l’affaire. Sa dernière note de blog (bien désabusée :/) me fait dire que je ne pas pas, pas tout de suite en tous cas.

    #hihihi
    Co-autrice : "Les Mystères du Trône de Fer II - La clarté de l'histoire, la brume des légendes" (inspirations historiques de George R.R. Martin)
    Première Prêtresse de Saint Maekar le Grand (© Chat Noir)

    #153944
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4259

    Au sein des amateurs de Science-Fiction, le prix Hugo a perdu de sa superbe depuis une dizaine d’années (je ne sais pas ce qu’il en est pour les amateurs de Fantasy). Pourquoi ? Parce que justement il est devenu politique jusqu’à en oublier, parfois la littérature.

    Pour rappel pour ceux qui ne connaissent pas le prix : ce fut la récompense la plus prestigieuse en Science-Fiction, et depuis une quinzaine d’années elle avait intégré la Fantasy. Elle a la particularité d’être attribuée non pas par un jury de professionnels, mais par les lecteurs membres d’une association américaine. Tout le monde peut être membre, y compris les personnes n’habitant pas aux Etats-Unis. Le problème ? Des groupes militants avec beaucoup de membres peuvent influencer le résultat en s’inscrivant en masse. C’est ce qu’il s’était passé avec la triste affaire des red puppies / sad puppies (groupes extrémistes et suprémacistes blancs qui avaient mis en avant un roman) qui avait mis en lumière ce phénomène déjà existant. Depuis, les règles de calcul ont changé, mais on a vu le phénomène inverse : en clair, aujourd’hui les groupes militants « progressistes » sont en masse dans le prix.

    Résultat ? Les prix depuis plusieurs années récompensent des œuvres qui cochent des cases, mais qui ne sont pas toujours les meilleures de l’année en terme d’intérêt romanesque, littéraire, thématique ou autre. On a aussi vu les trois tomes d’une saga récolter le prix Hugo du roman trois ans de suite, ce qu’aucun jury professionnel n’aurait fait, sauf à dire qu’il n’y avait aucun autre bon roman les deux années suivantes et qu’il était impossible de mettre en avant un autre auteur. Mais la saga primée cochait les cases, plus que les autres romans en lice.

    Les nominations à la sélection finale (et pas seulement le vote pour désigner le gagnant parmi ces 5 nominés dans chaque catégorie) résultent aussi d’un vote des membres de l’association. La nomination de la tribune de Natalie Luhrs, insultante et parfois mensongère, ne fait que confirmer cette tendance politisée et ouvertement militante, qui entraîne l’éloignement des amateurs de littérature de l’imaginaire (du moins, ceux qui ne sont pas militants mais privilégient de bons textes). Le gagnant 2020 dans la catégorie roman (la plus prestigieuse) est, paraît-il, un pensum indigeste et mal écrit. Il y a d’autres prix anglo-saxons qui sont restés sérieux à regarder : Locus, Nebula, World Fantasy, British Science-Fiction, Arthur C. Clarke. Nous sommes de nombreux amateurs de SF à être devenus indifférents aux Hugo.

    Edit : l’immense majorité des gens se trompent en prononçant pour la première fois mon nom de famille, en croyant qu’il est étranger. Je corrige gentiment et on passe à autre chose. Parce que c’est seulement de l’ignorance, pas du racisme (je suis blanche et très pâle). A ce titre, je fais crédit de GRRM de sa bonne foi.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par Babar des Bois.
    #154011
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Faux et faux.
    http://file770.com/2020-hugo-awards/comment-page-2/#comment-1205393

    Euh… vrai et vrai ? Lesdits passages étaient bien enregistrés ; et on demanda bien aux nominé-es des guides de prononciation. Il conteste la rumeur qui veut qu’il ait refusé de réenregistrer (rumeur qui n’est évoquée qu’en que telle, avec demande de source, en addenda) + qu’il ait eu tous les guides en main à temps pour le faire, tout en reconnaissant qu’il aurait pu prendre l’initiative… Cela pointe un problème organisationnel, une possibilité évoquée dans le texte de Luhrs – et comme je le disais en préambule je pense pas qu’il soit seul à blâmer.

    C’est l’équivalent d’une Académie qui choisit Eastwood pour présenter les Oscars et le laisse étourdir la salle des heures durant avec le bon vieux temps du siècle passé, et comme quoi Weinstein était quand même un super prod, pour ensuite décerner leurs prix à « Circé Roman » & « Boy Johnega », dans des séquences pourtant enregistrées, et alors qu’on leur a demandé de préciser la prononciation de leurs noms. Sûr, tout n’est pas la faute de Clint, et il était p-e plus inconséquent que délibérément blessant, mais je comprends les réactions outragées.

    Je suis plutôt d’accord avec Babar sur les limites du texte autrement (par contre je ne lis pas le portugais, donc celui brésilien… ^^) et j’aurais sans doute préféré un texte moins à charge, DNDM. (En revanche dans les « erreurs » relevées, nearly était pas là pour rien, et on ne va pas faire comme s’il avait mal prononcé les John Smith et autres Jane Doe non plus – sans parler du contexte : louer le Campbell tout en massacrant le nom FIYAH, ça la fout mal quand même ; et reconnaître une erreur, s’en excuser et la corriger était justement ce qu’était attendu de Martin et la Worldcon durant la cérémonie.)

    Bref, je comprends que le texte dérange, et je trouve aussi dommage que GRRM se prenne tout dans la face alors que les filets de sécurité manquèrent, en sus des problèmes qui ne furent de son fait. Toutefois je comprends aussi que d’aucun-es voulurent cette piqure de rappel.

    [Sinon l’idée que le fonctionnement démocratique des Hugos en fait soudainement un prix politique sans valeur littéraire, tandis que ceux avec de vrais jurys, des professionnels, sont eux apolitiques et ne récompensent que l’Art, je trouve ça élitiste et franchement candide, surtout après ces dernières années et les révélations sur les coulisses de prix de ce type, du côté de Hollywood comme dans nos cercles.]

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154021
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4259

    La nomination du texte “George R.R. Martin Can Fuck Off Into the Sun, Or: The 2020 Hugo Awards Ceremony (Rageblog Edition)”, de Natalie Luhrs provoque des remous dans la sphère anglo-saxonne (ce qui n’est pas étonnant).

    Dans l’article suivant, le titre lui-même est accusé de ne pas se plier au code de conduite de la WorldCom (pas de harcèlement ou d’offense aux participants de la convention), avec une réaction d’Elio G. Garcia (westeros.com, et co-auteur de TWOIAF) dans l’article mais aussi dans les commentaires :

    http://file770.com/discon-iii-declines-to-comment-on-code-of-conduct-issue-about-hugo-finalist/

    Un autre article du même site détaille le nombre de votants par catégorie, et le nombre de votes reçus par les finalistes. C’est très étonnant :

    Best novel [1093 votes for 441 nominees, finalist range 309-132]
    Best novella [778 votes for 157 nominees, finalist range 219-124]
    Best novelette [465 votes for 197 nominees, finalist range 108-33]
    Best short story [586 votes for 634 nominees, finalist range 65-35]
    Best series [727 votes for 180 nominees, finalist range 300-87]
    Best related work [456 votes for 277 nominees, finalist range 74-31]
    Best graphic story or comic [303 votes for 254 nominees, finalist range 43-24]
    Best dramatic presentation, long form [574 votes for 192 nominees, finalist range 164-56]
    Best dramatic presentation, short form [454 votes for 321 nominees, finalist range 130-30]
    Best editor, short form [370 votes for 162 nominees, finalist range 79-38]
    Best editor, long form[310 votes for 82 nominees, finalist range 83-52]
    Best professional artist [331 votes for 179 nominees, finalist range 91-37]
    Best semiprozine [331 votes for 77 nominees, finalist range 174-39]
    Best fanzine [271 votes for 94 nominees, finalist range 79-38]
    Best fancast [376 votes for 230 nominees, finalist range 72-28]
    Best fan writer [365 votes for 185 nominees, finalist range 89-42]
    Best fan artist [221 votes for 158 nominees, finalist range 54-10]
    Best video game [341 votes for 145 nominees, finalist range 183-30]
    Lodestar award for best young adult book [507 votes for 172 nominees, finalist range 201-55]
    Astounding award for best new writer [422 votes for 181 nominees, finalist range 99-54]

    Un millier de votants pour la catégorie roman, c’est peu.

    Et il n’y a eu « que » 31 à 74 personnes qui ont voté pour le brûlot contre GRRM.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    #154023
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7891

    A noter également : George R.R. Martin ne  se rendra pas à la convention (alors que celle ci se tient à Washington, et qu’il n’a jamais raté une Worldcon). Sa prochaine apparition publique, selon son site internet, sera à la worldcon 2022. Son apparition en temps que « guest » a disparu du site de la worldcon quelques jours avant l’annonce des nominations Hugo, donc il ne faut pas sauter aux conclusions : il est tout à fait possible qu’avec le changement de date de la convention (qui devait à l’origine se tenir cet été et est décalée à décembre pour cause de pandémie), Martin ait eu un conflit d’agenda. Mais, en tous cas, il ne sera pas à la convention.

    ~~ Always ~~

    #154027
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    À la lumière du cas « Helicopter Story », je suis surpris que le comité n’ait pas anticipé ça, en n’optant que pour le 2e titre pour la dénomination officielle – quand bien même je présume qu’il pourra arguer que leur code de conduite régule les propos des membres, non des textes.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154031
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2935

    Euh… vrai et vrai ? Lesdits passages étaient bien enregistrés ; et on demanda bien aux nominé-es des guides de prononciation

    Evitons de reformuler les questions en cours de route, stp.

    Oui, les passages étaient bien enregistrés ; non, personne n’a demandé à GrrM de réenregistrer des passages pour qu’il prononce différemment les noms, personne ne lui a signalé qu’il y avait un problème à ce niveau – donc non, il n’y a aucune volonté de la part de GrrM d’être blessant à ce niveau, contrairement à ce que prétend cette note de blog.

    Peut-être a t-on demandé aux nominés des guides de prononciation, je ne sais pas, ce n’est pas la question. Mais non, GrrM n’a pas eu accès à ces guides de prononciation pour tous les noms, loin de là.
    Je cite directement son commentaire, les infos importantes sont dès les premiers paragraphes :

    Whoever is circulating the story that I was asked to re-record portions of my Hugo hosting to correct mispronounced names, and that I refused, is (1) mistaken, or (2) lying. Never happened.

    CoNZealand did ask me to re-record three of my videos, all for reasons for quality control: poor lighting, poor sound, wobbly camera. I complied with their request on two of the videos, the two that opened the evening; I re-did those live from the JCC. (The originals had been done in my cabin on an iPhone, when we were just trying to get the hang of this thing). The third segment they wanted re-recorded was the bit about the Hugo trophy, where I had some fun with the juicer, the Alfie, and the like. In that case, we decided to stay with the first take, since I no longer had the props on hand and could not easily have reproduced what I’d done at the cabin, which everyone seemed to like.

    There is also a story out there that I was provided with the correct phonetic pronunciations of all the names. That too is completely untrue. Last night at the event I was handed sealed envelopes with the names of the winners, and there were phonetic pronunciations for SOME (by no means all) of the names of those winners on the cards, which I had a second or two to digest before reading them out. I probably got some of those wrong as well. Pronunciation has never been my strong suit. I even mispronounce the name of my own characters at times (witness some of my interviews). But at no point in the process was I ever given a phonetic guide to how to pronounce all the other finalists, the ones who did not win. Had I received that, I would certainly have made every effort to get all the names correct. (I do fear I would have messed some of them up in any case. We all have strengths and weaknesses, and I freely admit, this is one of my weaknesses. I still have trouble with the name of one of my own assistants).

    I do hereby apologize to everyone and anyone whose name I mispronounced. I am deeply sorry. That was never my intent.

    When John Picacio was toastmaster, he went around during the pre-Hugo reception with pad in hand and asked some of the nominees how to pronounce their names. In some cases he had to rehearse the correct pronunciation with the finalists several times to get it down. I was at the party too. I saw John do this. I admired him for it. It was always in the back of my mind to do the same.. but of course, at our virtual worldcon, we never had that opportunity. I never had the chance to actually MEET some of the newer finalists, congratulate them, shake their hands, and ask about their names. Let alone practice with them until I got it right.

    Someone out there right now is saying I could have done all that by email. Yes, I guess I could have. But it would have been a daunting task. There were something like 120 finalists, and I had email addresses for maybe six of them.

    If you want to slam me for failing to do that, fine. But don’t slam me with lies as with the “refused to retape” and “had the phonetic guide but did not use it” stories, which are purest bullshit.

    Regardless of what sins of omission and commission were committed by others, the ultimate responsibility was surely mine, since it was my mouth those names were coming out of… so once again, I am sorry.

    As to the general tenor of my toasting… my intent from the very start was to make the evening one of fun and celebration. Since I expected a great many of those present to be Kiwis attending their con, I thought laying out the history of the awards was more than appropriate. Where the Hugos came from, how the trophy evolved over the decades, who has won it in the past — and who has lost it, something I tried to stress throughout, given my long history as a Hugo loser. Plus amusing anecdotes. The year Lester gave the awards backwards, the year RAH burst from the kitchen, etc.

    I have not attended as many Hugo Awards ceremonies as Silverbob, but I have attended a lot of them. There are a couple of different approaches to being a toastmaster. Marta Randall, in her two gigs, took pride in how fast she could get through the evening, setting records each time for shortest Hugos ever. Connie Willis, on the other hand, likes to draw things out with amusing stories and keep the finalists squirming as long as possible. As a member of the audience, I definitely prefer long-and-funny, like Connie, not short-and-sweet, like Marta. My role models were some of the toastmasters I mentioned: Bob Tucker, Bob Bloch, Asimov, Harlan, and above all Silverbob. I recognize that your mileage may vary. A lot of people loved the way Marta MC’d her two events.

    Of course, every host has his or her own style of humor. Some, like Ricky Gervais, train their wit on the presenters and nominees. Which works wonderfully at the Golden Globes, but I rather sense would not have been well received at the Hugos, considering the nasty brouhaha a few years back when another British comic was lined up to present. He was run off before he could even say a word. My own style is always been more self-deprecating; the main butt of all my stories is always myself.

    Most of the stories I told last night were time-tested, in a sense. I have told those same stories before. Usually they get big laughs. Or medium sized laughs, in any case. That was what I was hoping to hear from the audience in Wellington. Laughs. And appreciation for the long and colorful history of this field we all love: the writers, the editors, the fans, the living and the dead.

    The Hugos themselves are how we celebrate the winners. The honor of being nominated is how we celebrate the losers… (and the hope that one day, the losers too may be winners, as I was eventually — which I why I tell THAT story, to give solace to the recently defeated).

    Anyway, that was my approach. Next year’s toastmaster will have a different one, no doubt. I regret that some of you did not enjoy my hosting. And I am pleased to hear that so many of you did (well, not here on FILE 770, but I am getting lots of nice texts and emails from people who did laugh in the right places). Obviously I wish I could have been everyone’s favorite toastmaster of all time, but you can’t please all the people all the time.

    (Almost everyone liked the hats, at least).

    Cela pointe un problème organisationnel, une possibilité évoquée dans le texte de Luhrs – et comme je le disais en préambule je pense pas qu’il soit seul à blâmer. C’est l’équivalent d’une Académie qui choisit Eastwood pour présenter les Oscars et le laisse étourdir la salle des heures durant avec le bon vieux temps du siècle passé, et comme quoi Weinstein était quand même un super prod, pour ensuite décerner leurs prix à « Circé Roman » & « Boy Johnega », dans des séquences pourtant enregistrées, et alors qu’on leur a demandé de préciser la prononciation de leurs noms. Sûr, tout n’est pas la faute de Clint, et il était p-e plus inconséquent que délibérément blessant, mais je comprends les réactions outragées.

    Dans ce cas, faut engueuler les organisateurs, pas le speaker. Etant donné que ce sont (il me semble) des bénévoles, le fait que cette note de blog s’indigne du caractère « non-professionel » de l’événement est particulièrement risible. Par définition, des bénévoles ne sont pas des pros.

    Et pour reprendre ton analogie des Oscars (qui est boiteuse, il faudrait remplacer Clint Eastwood par un acteur beacoup plus à gauche), là, l’équivalent, ça serait qu’à la cérémonie suivante des Oscars, dans la catégorie « Meilleur texte sur le cinéma » (catégorie qui n’existe pas, mais imaginons), aux côtés entre autres d’une biographie sur une cinéaste de génie et d’une mise en avant contextualisée du scénario d’un classique du cinéma, on nomine une note de blog écrite en 5 minutes nommée « Clint Eastwood [Acteur de gauche] peut aller se faire foutre jusqu’au soleil ».

    [Sinon l’idée que le fonctionnement démocratique des Hugos en fait soudainement un prix politique sans valeur littéraire, tandis que ceux avec de vrais jurys, des professionnels, sont eux apolitiques et ne récompensent que l’Art, je trouve ça élitiste et franchement candide, surtout après ces dernières années et les révélations sur les coulisses de prix de ce type, du côté de Hollywood comme dans nos cercles.]

    Là encore, tu transformes les faits pour qu’ils collent à ta perception et tu fais dire à Feygril ce qu’elle n’a pas dit. A aucun moment elle ne dit que les autre prix « sont eux apolitiques et ne récompensent que l’Art », ou que c’est le fonctionnement par vote semi-ouvert des fans qui en fait un prix sans valeur. Au contraire, elle a parfaitement contextualisé les faits. Depuis l’affaire Rabbid Puppies / Sad Puppies, tout le monde s’est rendu compte qu’avec un minimum de coordination, on pouvait faire monter n’importe quel titre ou auteur dans les nominés. Si personne n’avait réagit, il aurait suffit de quelques dizaines de Rabbid Puppies d’extrême-droite pour manipuler les Hugos. Là, il a manifestement suffit qu’entre 31 et 74 personnes se coordonnent un minimum pour décider de mettre en avant ce texte, au milieu de 277 autres. Qu’une poignée de personne puissent ainsi ridiculiser les Hugo en portant aux nues ce genre de texte, ce n’est franchement pas un bon signe, et ça décrédibilise clairement les Hugo, qui sont ici instrumentalisés. Pour le coup, et pour te retourner l’argument de façon tout aussi grossière et te faire dire ce que tu n’as pas dit de la même façon, ce qui me parait particulièrement candide, c’est de croire que ce genre de texte arrive naturellement en tête des votes, alors qu’à l’heure des réseaux sociaux n’importe qui avec un compte Twitter un peu actif et quelques followers motivés peu très facilement trouver 50 personnes pour voter dans le sens qui l’arrange.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #154035
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Évitons de reformuler les questions en cours de route, stp.

    no_one wrote:

    ses multiples erreurs de prononciation non corrigées en dépit de guides de prononciation et du caractère enregistré de ces passages,

    Faux et faux.

    Qui reformule ? C’est toi qui t’es focalisé sur la rumeur de refus de réenregistrement, pas moi ; ni le texte qui, encore une fois, ne la mentionne que comme telle en addendum. Des passages étaient enregistrés ; des guides de prononciation avaient été demandés et fournis par les nominé-es. En dépit de ça, le maître de cérémonie n’a pas été capable d’appeler correctement nombre d’entre-elleux – particulièrement des racisé-es – et délivra une prestation interminable, nostalgique, se focalisant sur les bons côtés des fascistes d’hier plutôt que sur lesdit-es nominé-es, entre autres dysfonctionnements de la cérémonie. Ce sont les faits. Ce sont les causes de la réaction si critique…

    Je comprends cette réaction. Je comprends aussi qu’on trouve le texte de Luhrs en réponse outrageant et suis d’accord qu’il est important que ce ne soit le seul son de cloche, d’autant que la version de Martin nuance effectivement sa responsabilité – et encore une fois, non, je ne pense pas que ça mérite un Hugo. Cela dit, il me semble aussi important de ne pas, sous prétexte que nous serions fans du bonhomme, prétendre que la seule version des événements est que c’est une odieuse attaque du petit monde de la SFFF sur un gentil papy gâteux & une paire de bénévoles. Martin n’est pas sénile. Il a accepté d’être l’hôte de cette cérémonie, et il a fait le choix de pas prendre le temps de se renseigner sur les nominé-es, tout comme il a fait le choix de la passer à louer Heinlein & Campbell plutôt que Jemisin & Ng. Et la cérémonie des Prix Hugo n’est pas la kermesse du coin. Prétendre que ledit petit monde ne peut les critiquer pour ça n’est pas recevable.

    Là encore, tu transformes les faits pour qu’ils collent à ta perception et tu fais dire à Feygril ce qu’elle n’a pas dit. A aucun moment elle ne dit que les autre prix « sont eux apolitiques et ne récompensent que l’Art », ou que c’est le fonctionnement par vote semi-ouvert des fans qui en fait un prix sans valeur. Au contraire, elle a parfaitement contextualisé les faits. Depuis l’affaire Rabbid Puppies / Sad Puppies, tout le monde s’est rendu compte qu’avec un minimum de coordination, on pouvait faire monter n’importe quel titre ou auteur dans les nominés. Si personne n’avait réagit, il aurait suffit de quelques dizaines de Rabbid Puppies d’extrême-droite pour manipuler les Hugos. Là, il a manifestement suffit qu’entre 31 et 74 personnes se coordonnent un minimum pour décider de mettre en avant ce texte, au milieu de 277 autres. Qu’une poignée de personne puissent ainsi ridiculiser les Hugo en portant aux nues ce genre de texte, ce n’est franchement pas un bon signe, et ça décrédibilise clairement les Hugo, qui sont ici instrumentalisés. Pour le coup, et pour te retourner l’argument de façon tout aussi grossière et te faire dire ce que tu n’as pas dit de la même façon, ce qui me parait particulièrement candide, c’est de croire que ce genre de texte arrive naturellement en tête des votes, alors qu’à l’heure des réseaux sociaux n’importe qui avec un compte Twitter un peu actif et quelques followers motivés peu très facilement trouver 50 personnes pour voter dans le sens qui l’arrange.

    J’ai peut-être surinterprété les dires de FeyGirl de par la résonance avec une vieille discussion sur le monde de l’édition, en effet. Il me semble toutefois bien la lire opposer les Hugo aux prix « qui sont restés sérieux », non pas juste à cause des Puppies mais des trois récompenses pour Les Livres de la Terre fracturée parce que « la saga primée cochait des cases »… sauf que Nebula et Locus ont également nommé les 3, quand bien même ils n’en n’ont récompensé qu’un ; et que le « pensum indigeste et mal écrit » de 2020 a remporté le Crompton Crook et était finaliste au Nebula. Les Hugo nomment les mêmes bouquins mais ne sont pas sérieux parce que la récompense à la fin ne va pas forcément au même ? Jemisin a pas juste été plus appréciée que ses vis-à-vis mais coche des cases ? Qui est politique, là ?

    (Et le coup de c’était une attaque organisée, pourquoi pas, mais la charge de la preuve est à l’accusation. Je n’ai rien vu de tel, moi.)

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par no_one.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154039
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4259

    Pour ceux d’entre vous qui ne lisent pas l’anglais de GRRM, voici une traduction libre de son message, publié le lendemain de la WorldCon en Nouvelle-Zélande :

    Quiconque fait circuler l’histoire selon laquelle on m’aurait demandé de réenregistrer des parties de ma prestation aux Hugo pour corriger les noms mal prononcés, et que j’aurais refusé, est (1) dans l’erreur ou (2) en train de mentir. Ça n’est jamais arrivé.

    CoNZealand m’a demandé de réenregistrer trois de mes vidéos, uniquement pour des raisons de contrôle qualité: un éclairage médiocre, un son médiocre, une caméra bancale. J’ai répondu à leur demande sur deux des vidéos, les deux qui ont démarré la soirée; J’ai refait ceux en direct du JCC. (Les originaux avaient été réalisés dans ma cabine sur un iPhone, alors que nous essayions juste de comprendre cette chose). Le troisième élément qu’ils voulaient réenregistrer était celui du trophée Hugo, où je me suis amusé avec le presse-agrumes, l’Alfie, etc. Dans ce cas, nous avons décidé de rester avec la première prise, car je n’avais plus les accessoires sous la main et je n’aurais pas pu facilement reproduire ce que j’avais fait dans la cabine, alors que tout le monde semblait l’aimer.

    Il y a aussi une histoire selon laquelle on m’aurait fourni les prononciations phonétiques correctes de tous les noms. Cela aussi est complètement faux. Hier soir, lors de l’événement, on m’a remis des enveloppes scellées avec les noms des gagnants, et il y avait des prononciations phonétiques pour CERTAINS (pas tous) des noms des gagnants sur les cartons, et j’avais une seconde ou deux pour les digérer avant les lire. J’ai probablement aussi mal géré certains d’entre eux. La prononciation n’a jamais été mon point fort. Je prononce même parfois mal le nom de mes propres personnages (voir certaines de mes interviews). Mais à aucun moment du processus je n’ai jamais reçu de guide phonétique sur la façon de prononcer tous les autres finalistes, ceux qui n’ont pas gagné. Si j’avais reçu cela, j’aurais certainement fait tout mon possible pour que tous les noms soient corrects. (Je crains d’en avoir gâché certains de toute façon. Nous avons tous des forces et des faiblesses, et je l’admets volontiers, c’est une de mes faiblesses. J’ai encore du mal avec le nom de l’un de mes propres assistants).

    Par la présente, je présente mes excuses à tous, et à toute personne dont j’ai mal prononcé le nom. Je suis profondément désolé. Cela n’a jamais été mon intention.

    Lorsque John Picacio était le maître de cérémonie, lors de la réception pré-Hugo il a fait le tour avec un bloc-notes à la main et il a demandé à certains des nominés comment prononcer leurs noms. Dans certains cas, il a dû répéter plusieurs fois la prononciation correcte avec les finalistes pour la comprendre. J’étais à cette réception aussi. J’ai vu John le faire. Je l’ai admiré pour cela. C’était toujours dans mon esprit de faire la même chose … mais bien sûr, lors de notre worldcon virtuel, nous n’avons jamais eu cette opportunité. Je n’ai jamais eu la chance de RENCONTRER certains des nouveaux finalistes, de les féliciter, de leur serrer la main et de poser des questions sur leurs noms. Sans parler de l’épeler avec eux jusqu’à ce que je sois correct.

    Quelqu’un dit en ce moment que j’aurais pu faire tout cela par e-mail. Oui, je suppose que j’aurais pu. Mais cela aurait été une tâche ardue. Il y avait quelque chose comme 120 finalistes, et j’avais des adresses électroniques pour peut-être six d’entre eux.

    Si vous voulez me reprocher de ne pas l’avoir fait, très bien. Mais ne me blâmez pas avec des mensonges comme avec les histoires «refusé de retourner» et «avait le guide phonétique mais ne l’a pas utilisé», qui sont des pures conneries.

    Indépendamment des péchés d’omission et d’actes commis par d’autres, la responsabilité ultime était sûrement la mienne, puisque ces noms sortaient de ma bouche… alors encore une fois, je suis désolé.

    Quant à la teneur générale de mon animation… dès le début mon intention était de faire de la soirée une cérémonie amusante et festive. Étant donné que je m’attendais à ce qu’un grand nombre des personnes présentes soient des Néo-Zélandais participant à leur Con, j’ai pensé que l’histoire des récompenses était plus qu’appropriée. D’où viennent les Hugos, comment le trophée a évolué au fil des décennies, qui l’a remporté dans le passé – et qui l’a perdu, quelque chose que j’ai essayé de souligner tout au long, compte tenu de ma longue histoire en tant que perdant des Hugo. Et des anecdotes amusantes. L’année où Lester a remis les prix à l’envers, l’année où RAH (ndlt : Robert Heinlein) a jailli de la cuisine (ndlt : ???), etc.

    Je n’ai pas assisté à autant de cérémonies des Hugo Awards que Silverbob (ndlt : Robert Silverberg), mais j’ai assisté à beaucoup d’entre elles. Il existe plusieurs approches différentes pour devenir un maître de cérémonie. Marta Randall, lors de ses deux prestations, était fière de la rapidité avec laquelle elle pouvait animer la soirée, établissant à chaque fois des records pour les Hugos les plus courts de tous les temps. Connie Willis, quant à elle, aime évoquer des choses avec des histoires amusantes et faire en sorte que les finalistes se tortillent le plus longtemps possible. En tant que membre du public, je préfère définitivement long et drôle, comme Connie, pas court et doux, comme Marta. Mes modèles étaient certains des maîtres de cérémonie que j’ai mentionnés : Bob Tucker, Bob Bloch, Asimov, Harlan et surtout Silverbob. Je reconnais que votre durée peut varier. Beaucoup de gens ont adoré la façon dont Marta MC a organisé ses deux cérémonies.

    Bien sûr, chaque hôte a son propre style d’humour. Certains, comme Ricky Gervais, adaptent leur esprit sur les présentateurs et les nominés. Ce qui fonctionne à merveille aux Golden Globes, mais je sens plutôt que cela n’aurait pas été bien reçu aux Hugos, compte tenu du méchant brouhaha il y a quelques années lorsqu’un comique britannique était présent pour animer. Il s’est enfui avant même de pouvoir dire un mot. Mon propre style a toujours été plus auto-dépréciant; le but principal de toutes mes histoires est toujours moi-même.

    La plupart des histoires que j’ai racontées la nuit dernière étaient en quelque sorte éprouvées par le temps. J’ai déjà raconté ces mêmes histoires. Habituellement, les gens rient beaucoup. Ou des rires moyens, en tout cas. C’est ce que j’espérais entendre du public de Wellington. Des rires. Et une appréciation pour la longue histoire colorée de ce sujet que nous aimons tous : les écrivains, les éditeurs, les fans, les vivants et les morts.

    Les Hugos eux-mêmes sont la façon dont nous célébrons les gagnants. L’honneur d’être nominé est la façon dont nous célébrons les perdants … (et l’espoir qu’un jour, les perdants aussi seront des gagnants, comme je l’ai finalement été – ce que je raconte cette histoire, pour réconforter les vaincus récemment).

    Quoi qu’il en soit, c’était mon approche. Le maître de cérémonie de l’année prochaine en aura un autre, sans aucun doute. Je regrette que certains d’entre vous n’aient pas apprécié ma prestation. Et je suis heureux d’entendre que vous êtes si nombreux à l’avoir fait (enfin, pas ici sur le FILE 770, mais je reçois beaucoup de bons textes et e-mails de personnes qui ont ri aux bons moments). Évidemment, j’aurais aimé être le maître de cérémonie préféré de tous, mais vous ne pouvez pas plaire à tout le monde tout le temps.

    (Presque tout le monde a aimé les chapeaux, au moins).

    Edit : fait avant de voir la réponse de no-one

    Edit : je répondrai que

    (1) GRRM nie les accusations dont il fait l’objet. Certes, ce n’est pas une preuve et nous n’avons pas les moyens de savoir où se situe la vérité. Mais sa réponse est à prendre en compte.

    (2) sur ma partie : désolée, mais quand j’ai lu « élitiste et franchement candide », j’ai compris que nous n’étions plus dans un débat d’idées serein et argumenté.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    #154049
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    (1) GRRM nie les accusations dont il fait l’objet. Certes, ce n’est pas une preuve et nous n’avons pas les moyens de savoir où se situe la vérité. Mais sa réponse est à prendre en compte.

    Je ne crois pas qu’il y ait discordance qui amène à douter de sa parole, hein. Il a clarifié d’où venait la rumeur du refus d’enregistrer de nouveau et expliqué que seuls certains guides de prononciation lui étaient parvenus au dernier moment. Comme je le disais, cela nuance sa responsabilité, comme c’était déjà supposé. Par contre prétendre que c’était le cœur des critiques serait aussi une diversion injuste.

    (2) sur ma partie : désolée, mais quand j’ai lu « élitiste et franchement candide », j’ai compris que nous n’étions plus dans un débat d’idées serein et argumenté.

    Ça commença par un « ça me donne envie de gerber », niveau sérénité… ^^ J’ai tenté de clarifier, après libre à toi de m’expliquer ou pas.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154054
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4068

    et délivra une prestation interminable, nostalgique, se focalisant sur les bons côtés des fascistes d’hier

    Juste pour ma gouverne (parce que je n’ai pas suivi ce débat plus que ça), qui sont ces fascistes d’hier ?

    Ça commença par un « ça me donne envie de gerber », niveau sérénité… ^^ J’ai tenté de clarifier, après libre à toi de m’expliquer ou pas.

    Sauf erreur, ce n’est pas Feygirl qui a écrit cela.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #154066
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Juste pour ma gouverne (parce que je n’ai pas suivi ce débat plus que ça), qui sont ces fascistes d’hier ?

    Heinlein & Campbell. Dans le cas du 2e, c’était justement le sujet du Best Related Work de l’année en question, d’où le malaise.

    Sauf erreur, ce n’est pas Feygirl qui a écrit cela.

    Certes. Je veux dire qu’affirmer que « nous n’étions plus dans un débat d’idées serein et argumenté » à partir du moment où je critiquais les présupposés que je lisais dans sa déclaration, alors que la tribune de Luhrs a droit à pire depuis le début me paraît pas très juste.

    Mais s’il me faut encore le reformuler : un certain George R. R. Martin s’est vu récompensé de non pas un mais deux Hugo la même année et nombres d’auteurices les ont accumulés au fil des ans… J’aimerais savoir pourquoi le triple Hugo consécutif, tout inédit qu’il soit, de Jemisin, serait, lui spécifiquement, « parce qu’elle coch[er]ait des cases » alors que d’autres prix « sérieux » la nommait ou récompensait – et de même pour la gagnante 2020. De là où je me tiens, ça ressemble drôlement à un biais de confirmation, aux implications malheureuses.

    [Surtout que la même année on récompensait l’héritage de Lovecraft sans que ça fasse grand bruit ; or dans le genre « pas PC », il est là.]

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par no_one.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154083
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4259

    Sauf erreur de ma part, Heinlein était un mélange de libertarien et de militariste, et Campbell un raciste. Deux personnalités qu’on n’aurait pas envie de rencontrer aujourd’hui, et qui pourtant ont considérablement œuvré pour la science-fiction, à leur époque. Le fascisme, c’est autre chose, c’est vouloir un système totalitaire, populiste et nationaliste.

    Tout comme Lovecraft : c’était un raciste, tout le monde le sait, mais il a quasiment fondé la littérature d’horreur. Difficile de l’ignorer pour les amateurs du genre.

    Pour les prix « traditionnels », on sait qui sont les jurés. Ca ne veut pas dire qu’ils sont exempts de reproches (et les critiques sur les prix traditionnels sont très nombreuses, souvent à raison), mais au moins on sait d’où ça vient, et on sait qui critiquer s’il le faut puisqu’on peut avoir le nom des jurés.

    Sur le fond du débat : j’essaie d’éviter d’en venir aux sous-entendus malheureux sur la pensée d’un autre membre. J’ai le droit de penser que primer une seule œuvre 3 ans de suite est une très mauvaise idée car cela étouffe les autres œuvres. Là encore, dans un prix traditionnel, on n’aurait probablement pas récompensé GRRM la même année pour deux œuvres différentes. Si les Hugo l’ont fait – je n’ai pas vérifié – je ne trouve pas cela intelligent, car c’est rater la célébration de la diversité des littératures de l’imaginaire. J’ai aussi le droit de penser, comme d’autres, que « cocher les cases » a favorisé Jemisin, même si tout le monde s’accorde à dire que sa trilogie est d’un niveau excellent. Sauf erreur de ma part, récompenser toute une série, c’est du jamais vu. Il est donc normal que ces récompenses aient été beaucoup débattues, à l’époque. J’ai le droit d’exprimer que c’est sans doute lié au mode de sélection des œuvres (l’idée ne vient pas de moi, mais je l’ai reprise à mon compte).

    je critiquais les présupposés que je lisais dans sa déclaration,

    De là où je me tiens, ça ressemble drôlement à un biais de confirmation, aux implications malheureuses.

    Là, on dérive.

    #154084
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6022

    Note modération

    Comme ce sujet commence à notre avis à déraper, il nous semble important de rappeler quelques règles :

    Ce sujet est éminemment politique. Quoi que vous en pensiez, personne ne peut prétendre à une objectivité parfaite en la matière dans son appréciation ou sa présentation des faits. Merci de respecter la perception de chacun.

    Quand au ton vif … Le sujet y amène forcément, vous deviez bien vous en douter avant de commenter. Tout est réuni pour provoquer des réactions vives. Que les propos soient vifs est une chose, mais les attaques personnelles envers les contributeurs sont toutefois toujours proscrites sur ce forum, merci de les éviter à l’avenir.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #154092
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Sur le fond du débat : […].

    Absolument. Et j’ai le droit d’être en désaccord – et de l’exprimer : j’ai le droit de noter l’incohérence apparente d’affirmer que « le prix Hugo a perdu de sa superbe depuis une dizaine d’années » alors que ce que tu lui reproches s’est déjà produit auparavant ; ou d’affirmer « d’autres prix anglo-saxons sont restés sérieux » alors qu’ils récompensèrent la bibliographie de Jemisin… au cours de toute la décennie (et la gagnante 2020) ; et j’ai aussi le droit de noter qu’au regard de ces deux points, affirmer que Jemisin fut reconnue de manière inédite parce qu’elle « coch[ait] les cases » est un double standard parce qu’on envisage pas ainsi que le double Hugo simultané, ou le record du nombre de Hugo, fussent acquis à Martin / Heinlein parce qu’ils « cochaient des cases ». J’ai le droit de rappeler enfin que, historiquement, les accomplissements des personnes « cochant des cases » n’y étaient pas aidés, mais, justement, regardés avec suspicion pour cela, quand ils étaient même possibles.

    Tout en rejoignant, hé, sur le fait que les Hugo ont toujours été un concours à la nature différente d’un prix de jury, et que ça encourage des prix multiples. (Sans être forcément moins transparent, ou sérieux, toutefois, que ceux à jury, comme l’ont rappelé les Golden Globes.)

    Et peut-être que je suis complètement à côté de la plaque, et tu as le droit de m’apporter des contradictions, sans que ce soit nier mon droit à avoir un avis.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154104
    Corondar
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1435

    Mes trois pièces sur tout ça :

    1. concernant les prix en général, je ne leur accorde pas beaucoup de crédit. Je trouve que les récompenses sont toujours par nature subjectives, et si comme beaucoup je m’y intéresse un peu (plus dans le domaine cinématographique et télévisuel que littéraire cependant) de loin, je ne leur apporte guère de crédit. Pour moi, qu’une oeuvre obtienne ou non un prix n’est pas du tout un marqueur particulier de sa qualité ou de son absence de qualité. Ce genre de prix ou de récompense, c’est forcément très subjectif.
    2. concernant la prestation de Martin lors de la précédente cérémonie, je vois certaines maladresses, j’ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut y voir des signes de racisme. Concernant la prononciation des noms, personnellement j’ai fait de l’espagnol entre ma quatrième et ma terminale (5 ans donc), je suis toujours incapable de prononcer la jota, même avec une écriture phonétique . Mon incapacité à prononcer correctement des noms à consonance hispanique ne signe en rien un quelconque racisme chez moi. Martin s’est expliqué : il n’avait pas la prononciation phonique pour bien des noms, et il est notoirement mauvais dans la prononciation des noms. J’ai beaucoup de mal à voir comment on peut intenter un procès en racisme sur cet élément là ?
    3. un peu dans le même genre, je suis assez perplexe quant à la polémique sur le fait que Martin aurait loué les œuvres d’auteurs racistes. Personnellement je considère Voyage au bout de la nuit comme peut-être le meilleur roman français du XXe siècle (je le relis généralement une fois par an). Je pourrais parler des heures pour dire tout le bien que je pense de ce roman. C’est pas pour autant que je cautionne les actes et les actions de son auteur, Louis-Ferdinand Céline, qui était un antisémite, admirateur d’Hitler et du nazisme de la pire espèce, ouvertement collaborationniste. On peut être une ordure, et écrire un bon roman, le talent n’est pas réservé aux seuls gens biens.
    4. concernant la nomination du texte de Luhrs, on est quelque part entre l’insulte (qui contrevient au règlement interne des Hugo) et le troll bien gras ?
    #154105
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4259

    tu as le droit de m’apporter des contradictions

    Je ne vais pas répéter ou énoncer différemment ce que j’ai déjà écrit sur le prix Hugo, nous ne sommes pas d’accord, et dans le fond ça n’a pas d’importance.

    En toute sincérité, sur le forum de la GDN j’essaie de me cantonner aux idées ou aux opinions, et pas à émettre des jugements sur un membre du forum. Je vois trop souvent ce genre de dérive sur le « twitter littéraire », et ça n’amène jamais rien de bon, bien au contraire. On peut tous tomber dans ce piège – moi aussi – et dans ce cas, il vaut mieux passer à autre chose.

    Alors « élitiste et franchement candide », et quelques sous-entendus par la suite, je les ai compris comme un jugement sur ma personne, et non sur les opinions que j’avais écrites. À partir de là, c’est difficile de répondre en contournant les écueils de la bataille entre personnes et non entre opinions, mais je me suis quand même efforcée de le faire.

    Si j’ai écrit « j’ai le droit« , c’est parce que je pense qu’on devrait tous pouvoir écrire les considérations qu’on souhaite – du moment qu’elles respectent le règlement intérieur du forum – sans risquer de recevoir des piques.

    #154106
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7891

    Cela dit, il me semble aussi important de ne pas, sous prétexte que nous serions fans du bonhomme, prétendre que la seule version des événements est que c’est une odieuse attaque du petit monde de la SFFF sur un gentil papy gâteux & une paire de bénévoles. (…) Prétendre que ledit petit monde ne peut les critiquer pour ça n’est pas recevable.

    Il me semble que personne ne remet en cause la validité de la critique de la cérémonie :

    Ensuite, que la cérémonie ait été ratée, c’est une chose.

    Que Martin n’ait pas mené cette cérémonie avec beaucoup de tact est une chose : les longs monologues célébrant le passé et le fait de ne faire aucun effort sur la prononciation (même si comme il l’affirme il n’a pas reçu de « guide de prononciation »), en pleines tempêtes où l’on réclame à juste titre plus de diversité, oui, c’est maladroit, et clairement à contre courant de ce qu’on aurait pu attendre en termes de célébration d’une nouvelle génération d’auteurs plus inclusive…

    J’avais trouvé Martin très critiquable l’année dernière. Les Hugo sont censés célébrer la communauté présente, et les gagnants du jour. Pas être une tribune d’histoire personnelle (passionnante au demeurant, mais c’était pas lui le sujet :/) sur la WorldCon, par un auteur très nostalgique et mélancolique (certes c’est un trait de sa personnalité qu’on voit dès ses premiers textes, et qui s’est beaucoup accru ces dernières années, rien de nouveau sous le soleil). C’était malvenu, même si aucun doute qu’il ait voulu faire ce qu’il pensait le mieux, et c’est ce qu’il dit explicitement d’ailleurs (par contre j’avais beaucoup rigolé sur les chapeaux). Il a peut-être été mal cadré par les organisateurs/son équipe, je ne sais pas. Peut-être qu’il est difficile à cadrer. Peut-être qu’on ose pas le cadrer (comme son éditeur arrive pas à le cadrer, hem). Bref, c’était pas une réussite cette WorldCon

    Chercher à contextualiser et remettre les choses en perspective n’est pas chercher des excuses à Martin, ou l’absoudre de toute responsabilité.

    Mais le texte en question est un procès d’intention contre Martin, et en dénoncer certains éléments ne fait pas de nous des fans sans nuance, qui défendent leur icône face au monde, n’admettant pas que le critiquer est parfois tout à fait légitime. Ce n’est pas dire que Martin a tout fait bien, et que les gens ne sont pas légitimes dans leur critique de la cérémonie, c’est simplement dire qu’il est hautement extrême de qualifier GRRM de « gross racist misogynist transphobe » sur la base des éléments en question.

    On va repartir au texte de base:

    The host for this year’s festivities was George R.R. Martin and he spent an awful lot of time talking about John W. Campbell, noted fascist and racist.

    C’est clairement pas opportun, ça sent la déconnexion à plein nez… C’est bien dommage de ne pas célébrer la génération actuelle d’auteurs, diverse et qui produit des romans formidables. Pour autant, rappelons quand même que le Campbell en question a eu une contribution majeure à l’histoire de SF, et que dire ça ne fait pas de quelqu’un une personne qui adhère à toutes ses thèses. M’enfin Martin, clairement, est en décalage avec les débats du moment, et n’a pas pris la peine de se poser des questions qui devraient être légitimes.

    Speaking of Jemisin, Martin made the decision to first mention her unprecedented accomplishment of winning the Best Novel three years in a row–no one else of any race or gender has ever accomplished a Best Novel hat trick–and then attempt to undermine it by talking at great length the time Heinlein won three Hugos in nine years, culminating in some sort of shaggy dog story involving a white dinner jacket and Stranger in a Strange Land.

    Là également, il est assez triste de voir que GRRM a fait le choix de célébrer le passé et de mettre en avant ses potes plutôt que les auteurs présents. Mais lui attribuer le choix conscient de dénigrer les accomplissements de Jemisin en parlant d’Heinlein me semble déjà partir dans le procès d’intention. Rappelons que Martin était tout content d’être « toastmaster » (pour la première fois il me semble), et en 50 ans de fandom, il a probablement juste voulu faire des clins d’œil à son passé. Le type explique depuis les années 80 que « c’était mieux avant » (lisez Armageddon Rag !), qu’il dise « c’était mieux avant » en cette occurrence particulière ne veut probablement pas dire qu’il avait une volonté de sciemment diminuer Jemisin. On peut s’en émouvoir et trouver que ce n’est pas très urbain de sa part, que c’est triste. Mais lui prêter une volonté de nuire sciemment à Jemisin est à recontextualiser.

    [parlant du fait que Martin n’a pas utilisé le guide de prononciation fourni permettant de ne pas écorcher les noms des nommés] The fact that Martin chose not to use that information is disgusting and racist as fuck, as nearly without exception the names he mispronounced were Black and brown.

    Le premier point à relever est que Martin n’a pas reçu ces guides. Donc le traiter de raciste parce qu’il n’a pas utilisé les guides en question est quand même sacrément osé. L’autrice a fourni des corrections et addenda mais s’est bien gardée de signaler ce point, ce qui est assez proche de la malhonnêteté intellectuelle. Le relever est important.

    Au demeurant, Martin n’a toutefois fait aucun effort pour prononcer ces mots, ce qui est extrêmement irrespectueux envers les nommés (au moins à mes yeux). Il s’en est excusé, je le pense sincère dans ses excuses mais il n’empêche que oui, c’est un pinacle de mal-politesse de ne pas faire l’effort de dire le nom de quelqu’un convenablement lorsque l’on est le maître de cérémonie.
    Est-ce que pour autant ça fait de lui un raciste ? Personnellement, je trouve que c’est lancer un faux procès et confondre correlation et causalité. Ici, on nous dit : beaucoup de noms mal prononcés sont des noms racisés, donc Martin serait raciste. Or, plus en nuance, ne peut-on pas dire que lorsque l’on lit un nom qui ne nous est pas familier, pour des raisons basiques de langue et culture, parce qu’il y a plein plein de langues et cultures dans ce monde et qu’on n’en maîtrise pas tous les idiomes, on a tendance à l’écorcher, que le nom soit racisé ou pas ? N’importe qui qui a un nom de famille un peu complexe pourra témoigner des soucis de prononciation de son nom (déjà le mien est très simple et une fois sur deux, mes interlocuteurs le lisent mal donc bon xD). Un nom qui n’est pas courant dans notre bain culturel habituel aura d’autant plus de chance d’être mal prononcé (et notons que déjà, nous en temps que français, on n’est pas foutus de prononcer le non simplissime de Martin à l’américaine, « Gé ère ère Martine » represents ^^). Donc oui, Martin a un bain culturel assez uniforme, ne fait aucun effort, est-il pour autant légitime d’en faire un raciste ? Est ce légitime de dire « parce que la plupart des noms qu’il n’a pas bien prononcés sont des noms racisés, ça montre qu’il est raciste »… Bah désolée, pas à mes yeux, c’est lui prêter une intention qui n’a rien d’évidente. Ceci étant dit, je reste persuadée que ça n’en est pas moins très malvenu, une grosse marque d’irrespect de sa part.

    There was also a whole segment about the Oscar statuette and its crotch. It was gender essentialist and transphobic. It was so gross I don’t even want to talk about it to be honest.(…)It was a gigantic “fuck you, you’re not welcome here.”

    Okay il a fait une mauvaise blague, en dessous de la ceinture pas fine qui tombe à plat… Là aussi, est-ce vraiment légitime d’y voir un message transphobe ? C’est quand même prêter beaucoup d’intentions à une mauvaise blague. Qu’elle ait été mal reçue c’est une chose, que certains en aient pris offense c’est probablement légitime, mais traiter Martin de transphobe caractérisé pour autant ? Je m’interroge.

    I think that’s part of what’s getting me here–how unprofessional this whole thing was, from start to finish. (…) Would Martin and Silverberg have felt as free to be gross racist misogynist transphobes if there had been a live audience to contend with? I suspect not.

    Et donc de conclure que Martin et Silverberg sont des dégueulasses racistes, misogynes, et transphobes, qui se sont laissé aller à leur plus bas instincts parce que les Hugo n’étaient pas suffisamment professionnels… Qu’un tel texte soit nommé et n’ai pas fait l’objet de filtre par le comité des Hugo pose quand même question (au delà des questionnements sur le mode de fonctionnement du prix). Critiquer la cérémonie est une chose, et encore une fois, personne ne dit que Martin n’a pas été sérieusement en tort dans cette histoire… Mais insulter les gens et leur prêter des intentions en est une autre, et les placer au rang d’auteurs hyper problématiques dans le contexte actuel, sans nuance, en mode buzz, ça interroge également.

    ~~ Always ~~

    #154114
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    un peu dans le même genre, je suis assez perplexe quant à la polémique sur le fait que Martin aurait loué les œuvres d’auteurs racistes. Personnellement je considère Voyage au bout de la nuit comme peut-être le meilleur roman français du XXe siècle (je le relis généralement une fois par an). Je pourrais parler des heures pour dire tout le bien que je pense de ce roman. C’est pas pour autant que je cautionne les actes et les actions de son auteur, Louis-Ferdinand Céline, qui était un antisémite, admirateur d’Hitler et du nazisme de la pire espèce, ouvertement collaborationniste. On peut être une ordure, et écrire un bon roman, le talent n’est pas réservé aux seuls gens biens.

    Bien sûr. Je présume toutefois que tu n’irais pas faire l’éloge de Céline à une cérémonie récompensant des autrices juives – notamment la récipiendaire d’un prix Céline renommé après qu’elle ait justement pris la parole contre le fait de continuer à l’honorer de la sorte. Et encore, tu pourrais arguer célébrer spécifiquement Voyage au bout de la nuit, non ses écrits antisémites plus tardifs (ce à quoi on pourrait aussi te répondre qu’on n’honore pas Pétain en prétendant qu’il ne s’est rien passé dans sa vie après les années 20) ; or ici les critiques du ségrégationnisme de Campbell étaient explicitement mises en lien avec son travail d’éditeur, et ses conséquences pour la littérature spéculative de l’époque. C’est en cela que l’affirmation que « le prix Hugo a perdu de sa superbe depuis une dizaine d’années, […] parce que justement il est devenu politique » me met à l’aise : elle induit que l’institution du XXe siècle, période qui fut modelée par un éditeur ségrégationniste, un cercle restreint où les rares femmes aux conventions devaient slalomer entre les bras d’Asimov, était un état de fait moins politique, plus objectif quant à la valeur littéraire, et non un environnement favorisant de fait certains profils. C’était même la motivation annoncée des Puppies, qu’a pourtant critiqué-es FeyGirl, d’où ma perplexité devant cette convergence.

    Sinon je suis globalement d’accord avec ce qu’a écrit Nympha (comme je l’avais déjà écrit plutôt vis-à-vis du retour similaire de Babar), j’avais cependant le sentiment que les réponses de DNDM, sur lesquelles je me suis focalisé, méritaient d’être contrebalancées quant à la nature, et aux fondements de ce qu’avait rapporté le texte (dont j’avais une lecture moins essentialisante de la critique de Martin, donc il est peut-être sage que je réitère que je ne suis pas fan de la forme, ni ne partage tout du fond – notamment quant à l’intentionnalité supposée, même si je pense que l’inconséquence innocente a aussi ses limites. De même, mes retours critiques sur des positions exprimées, et l’analyse des implicites éventuelles, n’ont pas à dessein d’en entacher l’auteurice, mais d’en souligner les potentiels angles morts).

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154119
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4259

    or ici les critiques du ségrégationnisme de Campbell étaient explicitement mises en lien avec son travail d’éditeur, et ses conséquences pour la littérature spéculative de l’époque.

    Je ne sais pas si Campbell était ségrationniste en plus d’être raciste, mais je ne vais pas passer des heures sur internet pour rechercher ses textes. Tout ce que je sais, c’est qu’il refusait de publier les auteurs de couleurs (et je crois qu’il n’était pas non plus très favorable aux femmes, mais j’en suis moins sûre).

    Je n’ai pas émis de jugement sur la cérémonie elle-même parce que je ne l’ai pas regardée (ce genre d’événement me gonfle, je ne tiens pas plus de 10 minutes), mais il y a un monde entre parler de l’apport de Campbell à la science-fiction, qui est réel, tout en sachant que des pans de sa personnalité sont déplorables, et suggérer que le maître de cérémonie en avait rien à faire de son racisme, voire suggérer pire encore concernant GRRM.

    C’est en cela que l’affirmation que « le prix Hugo a perdu de sa superbe depuis une dizaine d’années, […] parce que justement il est devenu politique » me met à l’aise : elle induit que l’institution du XXe siècle, période qui fut modelée par un éditeur ségrégationniste, un cercle restreint où les rares femmes aux conventions devaient slalomer entre les bras d’Asimov, était un état de fait moins politique, plus objectif quant à la valeur littéraire, et non un environnement favorisant de fait certains profils. C’était même la motivation annoncée des Puppies, qu’a pourtant critiqué-es FeyGirl, d’où ma perplexité devant cette convergence.

    Je me permets de protester ouvertement contre cette association d’idées, qui t’appartient, pour essayer de me faire passer pour une horrible personne.

    C’est le même principe qu’au-dessus, Campbell raciste donc fasciste ou ségrégationniste, et on écrit sa phrase de manière à insuffler le doute sur GRRM.

    Là, pareil, je dis du mal des prix Hugo aujourd’hui, donc on écrit des phrases suggérant que j’approuve tout ce qui c’est passé dans la science-fiction d’hier – et la SF en général, pas seulement les Hugo, tant qu’on y est – , y compris dans ses aspects les plus sombres de racisme ou de sexisme, et que donc je suis une horrible personne.

    L’argumentation est tellement pétée que je ne vais pas passer des heures à la démonter.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par FeyGirl.
    #154128
    no_one
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1720

    Je ne sais pas si Campbell était ségrationniste en plus d’être raciste, mais je ne vais pas passer des heures sur internet pour rechercher ses textes.

    Was John W. Campbell a F***ing Fascist, or Merely a Fascist?

    In 1963, Campbell published an essay supporting segregated schools and arguing that « the Negro race » had failed to « produce super-high-geniuses ».[35] In 1965, he continued his defense of segregation and related practices, critiquing « the arrogant defiance of law by many of the Negro ‘Civil Rights’ groups ».[36] On February 10, 1967, Campbell rejected Samuel R. Delany’s Nova a month before it was ultimately published, with a note and phone call to his agent explaining that he did not feel his readership « would be able to relate to a black main character ».[37]

    .

    Je me permets de protester ouvertement contre cette association d’idées, qui t’appartient, pour essayer de me faire passer pour une horrible personne.

    De même, mes retours critiques sur des positions exprimées, et l’analyse des implicites éventuelles, n’ont pas à dessein d’en entacher l’auteurice, mais d’en souligner les potentiels angles morts

    Ta critique mentionne explicitement une dimension politique inédite des Hugo, y liant les récompenses de Jemisin, et A. Martine. Je souligne que les Hugo n’ont jamais été neutre politiquement, que la valeur desdit-es auteurices n’est guère moins reconnue par les prix sérieux, ni les prix multiples du jamais entendu…

    T’es libre de m’expliquer en quoi cette dimension politique est, effectivement, inédite, ou délétère de manière inédite quant à la valeur spécifique des Hugo ; en quoi les cases que cochent Jemisin & Cie leur seraient plus avantageuses que celles que cochaient Heinlein / Martin.

    T’es aussi de libre de m’ignorer, et de continuer à penser ce que tu veux… En revanche, prétendre que je cherche à te peindre / à peindre Martin en « horrible personne » quand j’ai l’audace d’émettre des réserves sur vos propos, ça suffit.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154129
    Pandémie
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2839

    Je comprends que le sujet tienne à cœur et que certain.e.s soient très impliqué.e.s émotionellement au point d’en perdre leur bonne foi, leur argumentation ou tout simplement le sens de la mesure (comme tout cette histoire), mais il dérape tellement qu’on dirait un concours de drift au salon du tuning.

    Donc vous allez rentrer vos bolides surbaissés au garage et je ne peux que vous suggérer de vous mettre au vert quelques temps.

    Si vous avez quelque chose à vous dire, passez en MP, si vous avez des remarques concernent cette modération, passez en MP, si j’ai offensé un adepte de ce magnifique sport automobile qu’est le  drifit, veuillez m’excuser de l’avoir utilisé dans cette métaphore pourrie et merci de me le dire en MP.

    Si ensuite ce sujet reviens à la mobilité douce tant mieux, sinon je tire la prise.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par Pandémie.
    #154142
    Corondar
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1435

    Bien sûr. Je présume toutefois que tu n’irais pas faire l’éloge de Céline à une cérémonie récompensant des autrices juives – notamment la récipiendaire d’un prix Céline renommé après qu’elle ait justement pris la parole contre le fait de continuer à l’honorer de la sorte. Et encore, tu pourrais arguer célébrer spécifiquement Voyage au bout de la nuit, non ses écrits antisémites plus tardifs (ce à quoi on pourrait aussi te répondre qu’on n’honore pas Pétain en prétendant qu’il ne s’est rien passé dans sa vie après les années 20) ;

    Alors oui, je te confirme, autant je peux être dithyrambique sur le roman, autant tu me verras jamais être aussi laudateur avec Céline, autrement que pour dire qu’il a écrit un très bon roman . Oui Céline était un bien triste personnage (pour rester poli), qui mérite tout mon mépris par ailleurs.

    Par contre, je crois que j’ai pas les codes (encore une fois, les prix et moi ça fait deux, je pense que ma culture en la matière est très limitée ) pour saisir l’analogie que tu fais ici. Le prix Hugo portait avant le nom d’un auteur raciste ou misogyne et a été renommé suite à ce qu’un(e) lauréat(e) du prix le fasse remarquer ? Ou alors j’ai vraiment rien compris à ton analogie ? Ce qui encore une fois est bien possible vu mon absence de connaissance en la matière .

    Par contre, ta remarque sur Pétain c’est intéressant et je pense qu’on est justement dans le cœur du débat. A mon sens, on peut célébrer le Pétain de 1917 tout en condamnant avec force et indignation celui de 1940-1944 (par contre, quand je dis le « célébrer », qu’on s’entende bien, dans mon esprit ça resterait limité, j’irais pas jusqu’à donner son nom à une rue par exemple ). Mais c’est là un chemin de crête difficile à tenir, qui pose d’ailleurs un véritable débat philosophique derrière : une mauvaise action efface t elle une bonne action, et vice versa ? A mon sens, non dans les deux cas.

30 sujets de 1 à 30 (sur un total de 36)
  • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.