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#201721
Lapin rouge
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Grand coup de coeur du week-end : L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund (animatrice et productrice de la meilleur émission radio du monde aka Les pieds sur terre sur France Culture), docu-fiction (certaines femmes n’ont pas souhaité témoigner à visage découvert, elles sont donc jouées par d’autres femmes) où Sonia rencontre des femmes qui ont pour point commun d’avoir partager leur vie avec un escroc, un homme qui s’est inventé autant de vie et d’identité qu’il a eu de compagnes (et il en a eu beaucoup).

Vu aussi, et je suis d’accord, c’est une belle réussite. L’émission consacrée au sujet se consacre à une des femmes trompées, alors que le documentaire replace son histoire parmi celles d’autres. Les deux se complètent bien. Les actrices jouent super-bien, j’ai été incapable de les distinguer des vrais témoignages. L’histoire est incroyable ; ce serait une fiction, on dirait que ce n’est pas crédible, et pourtant c’est réel. Ca rappelle un peu l’affaire Romand, mais avec des différences. Je n’en dis pas plus, mais c’est une belle réalisation.

Le Tableau volé de Pascal Bonitzer

Un commissaire-priseur (Alex Lutz, très bien) reçoit un courrier lui disant qu’on a trouvé, dans la famille d’un jeune ouvrier de Mulhouse, un tableau qui pourrait être d’Egon Schiele. Intrigué, il va voir.

Inspiré d’une histoire vraie (oui bon), le film a un bon sujet mais je ne sais pas, ça fonctionne moyennement. Je ne comprends pas vraiment l’histoire autour de la stagiaire : si c’est censé enrichir, je trouve que ça distrait de la partie intéressante de l’intrigue. Je lis que le regard sur le monde ouvrier est aussi un peu gênant et ce n’est pas totalement faux. En résumé, c’est pas mal sans plus alors que ça aurait vraiment pu être mieux

Moi j’ai beaucoup aimé. Cela brasse pas mal de thèmes, principalement le monde des ventes d’œuvres d’art, mais aussi les spoliations nazies, le mensonge, l’argent, … L’histoire de la stagiaire permet justement d’amener la question des mensonges et de la vérité, en rapport avec l’authenticité du tableau. Et puis elle sert aussi de révélatrice du monde de l’art, puisqu’elle aspire à y pénétrer, ce qui permet au spectateur de recevoir des infos par son intermédiaire. Et je n’ai pas du tout trouvé gênant le regard sur le monde ouvrier, au contraire, il est à la bonne distance, ni condescendant, ni misérabiliste. Le personnage du jeune ouvrier n’est pas sacrifié, il prend au contraire de l’importance au fil de l’intrigue. Et j’avais les larmes aux yeux lors de la scène presque finale, quand il est présenté à la famille américaine (j’essaie de ne pas trop en dire). Le seul reproche que je ferai, c’est la petite facilité scénaristique quant au rôle de la stagiaire dans la solution de l’intrigue :

Spoiler:
La stagiaire qui détecte la tentative d’escroquerie assez téléphonée qu’aucun des autres pros impliqués n’a vu venir, même en faisant appel à l’expérience vécue par son père, c’est pas très crédible.

Vu aussi « Le Deuxième Acte », du prolifique Quentin Dupieux : David, qui s’estime harcelé par Florence, demande à son vieux pote Willy de l’en débarrasser en la séduisant. De son côté, Florence (Léa Seydoux) déclare à son père Guillaume (Vincent Lindon) qu’elle veut lui présenter David, l’homme de sa vie. Tous quatre se retrouvent dans un restaurant perdu au milieu de nulle part. Bon, ça, ce n’est que le premier niveau de narration, parce que le scénario s’amuse à multiplier les mises en abyme. On s’y perd un peu, c’est assez malin, les acteurs se sont probablement bien amusés. C’est court (1 h 20) et c’est très bien comme ça. C’est mon premier Dupieux. Pas inintéressant, mais pas exceptionnel non plus.

Bref, grâce au week-end prolongé, trois bons moments de cinéma.

They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.