ACOK 31 – Arya VII

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    Emmalaure
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    ACOK 31 – Arya VII
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 30, Tyrion VII ACOK 32, Catelyn III

    MA-VIE-AUX-ENFERS.COM

    Nous avons quitté Tyrion sur ses pensées jubilatoires (et un peu illusoires, il faut l’avouer) alors qu’il s’imagine tenir « la ville, le pouvoir et la fille », avec pour toute dernière phrase la répétition de « and her… and her… » qui produit une sorte d’écho et nous amène au chapitre suivant, où une fille (Arya) vit sa vie au plus bas de l’échelle sociale dans une sorte de cité infernale tenue par un autre Lannister – papa Tywin – de manière tout aussi illusoire que Tyrion, comme on va le voir.
    Comme d’habitude, un chapitre symboliquement riche et ce sont ces pistes que je vais explorer.

    1. La cité infernale

    Dans le chapitre précédent d’Arya, notre petite héroïne faisait son entrée dans ce qui pouvait rappeler les camps de la mort version fantasy, après une longue marche de l’horreur. A présent, elle est à Harrenhal, le centre des Enfers, celui d’où partent les bandes démoniaques qui ravagent et terrorisent le Conflans.

    Whatever names Harren the Black had meant to give his towers were long forgotten. They were called the Tower of Dread, the Widow’s Tower, the Wailing Tower, the Tower of Ghosts, and Kingspyre Tower.

    La première phrase nous plonge tout de suite dans le thème avec le nom des 5 tours d’Harrenhal : la terreur, la veuve, les plaintes, les fantômes et le bûcher du roi. Autrement dit, on a tous les ingrédients du décor infernal, avec les damnés éternels encadrés par le sentiment qui les habite en permanence (la peur poussée à l’extrême) et le feu qui est censé les consumer.
    Arya dort dans la tour Plaintive, centrale dans la phrase, et comme un petit damné/diablotin serviteur – tout au bas de l’échelle hiérarchique, elle va symboliquement entretenir les feux de l’enfer en allant nettoyer et rendre habitables certaines parties du château, un peu en vain, vu l’immensité du château, dont la plus grande partie va de toutes façons rester vide : la tâche ressemble au supplice des Danaïdes qui doivent remplir un tonneau sans fond. En gros, ça ne sert à rien, mais en donnant des ordres et en la faisant exécuter, Tywin Lannister assoit son pouvoir sur la région.
    Quelques lieux viennent enrichir l’imagerie infernale :
    – les cuisines avec un de leurs marmitons – Tourte chaude – au sujet duquel GRRM/Arya précise qu’il se trouve à l’endroit auquel il appartient :

    Hot Pie ate even better; he was where he belonged, in the kitchens, a round stone building with a domed roof that was a world unto itself.

    – la forge, où se trouve Gendry

    – la salle des cents foyers, qui est la grande salle de l’ensemble, dans un coin de laquelle les prisonniers rançonnables prennent leurs repas :

    and its own great hall, grandly named the Hall of a Hundred Hearths

    Tout est géant à Harrenhal, et de la même manière que la maison de Xaro Xoan Daxos « avalait » (sic) le khalasar de Daenerys, Harrenhal engloutit tout l’ost de Tywin Lannister :

    Harrenhal covered thrice as much ground as Winterfell, and its buildings were so much larger they could scarcely be compared. Its stables housed a thousand horses, its godswood covered twenty acres, its kitchens were as large as Winterfell’s Great Hall, and its own great hall, grandly named the Hall of a Hundred Hearths (…) was so cavernous that Lord Tywin could have feasted his entire host, though he never did. Walls, doors, halls, steps, everything was built to an inhuman scale that made Arya remember the stories Old Nan used to tell of the giants who lived beyond the Wall.

    Le point de comparaison direct n’est cependant pas la maison de Xaro, mais Winterfell, puisque nous sommes dans le pov d’Arya, ce qui permet d’établir le lien avec Bran, le loup ailé prisonnier de Winterfell. Arya n’est pas louve ici, mais le gigantisme de la forteresse l’a changée en petit animal, la souris. Elle se fait appeler « Weasel », « Belette », un autre petit animal qui joue sur le même registre que les souris et les rats, voire les écureuils et les chats, dans la saga :

    On the road Arya had felt like a sheep, but Harrenhal turned her into a mouse. She was grey as a mouse in her scratchy wool shift, and like a mouse she kept to the crannies and crevices and dark holes of the castle, scurrying out of the way of the mighty.

    Notre cité infernale est par ailleurs habitée par trois créatures démoniaques, les « monstres » de Tywin Lannister.
    Arya en a déjà croisé deux : Gregor Clegane, aka la Montagne, qui tient le rôle du Géant monstrueux, ainsi qu’Amory Lorch, le chevalier à la Manticore, figure de chimère et de dragon répandant le feu. A eux, vient s’ajouter la figure du bouc, Varshé Hèvre, la Chèvre (le jeu de mot est exactement semblable en vo, « Vargo Hoat » the Goat), qui dans la mythologie chrétienne représente l’avidité du diable. Ici, le collier de pièces de tous pays collectionné par la Chèvre symbolise cette avidité et ce désir de possession (c’est le caractère « greedy » en vo). Sa bande a par ailleurs des allures de bande de méchants de comics, hétéroclite et très haute en couleurs sous les yeux de la petite souris grise qu’est Weasel. Les « Bloody mummers » – surnom des « Brave companions » – en révèle la face sanglante mais leur donne aussi des airs de comédiens, sur une scène où on ne fait pas semblant de tuer.
    Enfin, dans la série parallèlismes, la figure de la chèvre se retrouve dans le bouc qu’est Craster le bâtard qui fait le roi sous son toit et qui est soupçonné de cannibalisme, un thème présent également chez la Chèvre, qui découpe des morceaux de ses victimes et finira par se manger lui-même morceau par morceau après avoir brièvement été « lord » d’Harrenhal.

    Arya looked at Vargo Hoat again. How many monsters does Lord Tywin have?

    Pour chapeauté tout ce joli monde, nous avons lord Tywin Lannister, le roi des Enfers, une figure de Lucifer, celle qui est présentable dans la bonne société : il s’entretient avec les prisonniers nobles – laissés en partie libres de leurs mouvements et dont certains (les Freys) sont libérés contre rançon, il punit les membres de son armée trop indisciplinés (cf la bagarre entre les hommes de la Chèvre et ceux de la Manticore, qui se termine par des pendaisons et la mise en scène d’une réconciliation), il habite la plus grande tour d’Harrenhal parce qu’il le vaut bien, quand même, et à travers le regard d’Arya, il occupe une position dominante à la fois réellement lorsqu’il se promène sur les chemins de ronde ou plus symboliquement dans le ressenti de la fillette qui y voit une figure paternelle toute sévère :

    They said Lord Tywin loved gold most of all; he even shit gold, she heard one squire jest. The Lannister lord was strong-looking for an old man, with stiff golden whiskers and a bald head. There was something in his face that reminded Arya of her own father, even though they looked nothing alike. He has a lord’s face, that’s all, she told herself. She remembered hearing her lady mother tell Father to put on his lord’s face and go deal with some matter. Father had laughed at that. She could not imagine Lord Tywin ever laughing at anything.

    Assez ironiquement, la mention de l’amour de Tywin pour l’or le rapproche d’un de ses monstres, celui qui aime bien les piécettes, de la même façon que son « strong-looking » le rapproche de la Montagne, ou que la couleur dorée n’est pas très loin des feux allumés par la Manticore.
    Par contraste, le gris d’Arya renvoie aux Stark et à Winterfell. En définitive, Harrenhal pourrait bien être sur le plan littéraire une manière de révéler une face sombre et ignorée de Winterfell et de son histoire passée, faite de plaintes et de morts violentes, et dont les fantômes seraient en plein réveil, cherchant à s’en échapper. Il me semble que l’explication du nom de la tour plaintive, où loge Arya, renforce encore le lien littéraire entre ces deux forteresses, puisqu’Arya explique que c’est le vent soufflant du nord qui fait gémir les murs de la tour :

    The Wailing Tower only wailed when the wind blew from the north, and that was just the sound the air made blowing through the cracks in the stones where they had fissured from the heat. If there were ghosts in Harrenhal, they never troubled her.

    2. Harrenhal le maudit

    Si Tywin règne en maître sur Harrenhal et y a installé son pouvoir infernal, à nouveau, il ne faut pas se laisser abuser par les apparences : la situation de ce maître est précaire et les fissures et menaces de chute sont visibles de partout :
    – dans le décor, jusque la tour Bûcher du roi, qui a beau être la plus grande mais n’en garde pas moins les stigmates de la chute et la destruction totale de la maison Harren :

    Lord Tywin Lannister himself, who kept his apartments in Kingspyre Tower, still the tallest and mightiest of all, though lopsided beneath the weight of the slagged stone that made it look like some giant half-melted black candle.

    L’orgueil de Tywin menace tout autant sa maison que celui d’Harren le Noir a causé sa perte.
    Les fissures de la tour plaintive ou les chauve-souris qui peuplent les étages supérieurs désertés par les hommes participent de l’imagerie de ce château qui a sa vie propre et ne peut pas être possédé (il possède au contraire ses « locataires »).
    Par ailleurs, le gigantisme ne touche que la forteresse, mais pas les hommes qui l’habitent, aussi puissants paraissent-ils :

    Sometimes she thought they were all mice within those thick walls, even the knights and the great lords. The size of the castle made even Gregor Clegane seem small.

    – Dans la symbolique : Arya n’est pas la seule souris du coin : les lords et autres grands personnages sont par la forteresse et les yeux de la fillette rappelés à leur petitesse. Le pouvoir de Tywin n’est que de surface. En outre, la « transformation » d’Arya en souris lui donne accès à des secrets divers et variés (coucou Varys et ses petites souris/petits oiseaux) sans que personne ne fasse attention à elle.

    She was grey as a mouse in her scratchy wool shift, and like a mouse she kept to the crannies and crevices and dark holes of the castle, scurrying out of the way of the mighty.
    (…)
    And as lords and ladies never notice the little grey mice under their feet, Arya heard all sorts of secrets just by keeping her ears open as she went about her duties.
    (…)
    She was very small and Harrenhal was very large, full of places where a mouse could hide.

    Et de fait, à la fin, elle a le pouvoir de provoquer la mort d’un homme, d’un mot murmuré, un souffle, sans avoir recours à une arme. C’est l’occasion du discret rappel d’un des surnoms d’Arya à Winterfell, « Arya-sous-mes-pieds » (Arya Under-my-feet)

    – Il y a enfin un gouffre entre les rumeurs sur les intentions de Tywin ou les actes de ses bannerets et la réalité, qui nous est révélée justement grâce à la petite taille d’Arya et sa faculté à garder oreilles et yeux grands ouverts, par exemple :

    The talk was that Lord Tywin planned to restore Harrenhal to glory, and make it his new seat once the war was done.

    Evidemment, c’est du flan, les Lannister ne vont pas s’installer à Harrenhal, mais c’est une rumeur qui peut motiver les serviteurs sur place pour avoir quelques miettes de l’avenir radieux espéré (après la guerre, quoi), et ça donne un semblant de sens au fait de réhabiliter des parties du château qui ne sont de toute façon pas utilisées. Dans la même veine, il y a l’insaisissable Beric Dondarrion, que les monstres de Tywin prétendent avoir tué, et qui a la faculté de ressurgir sans cesse : le lecteur ne sait pas encore qu’il ressuscite pour de vrai, aussi, on peut croire avec Arya que les Lannister se vantent, d’autant que dans son précédent chapitre, Arya a vu la troupe de Gregor Clegane acharnée à débusquer Dondarrion avec le succès qu’on sait.
    Derrière les apparences, la réalité est moins reluisante. On attend maintenant les secrets que pourrait révéler Winterfell.

    3. Le château des contes défaits

    Le dernier point que je souhaite aborder à travers ce chapitre, ce sont les réminiscences de contes et légendes, dont certains motifs sont repris et réarrangés par GRRM dans le cadre d’un récit cohérent et de la symbolique propre à la saga.
    En revenant sur la conclusion du chapitre précédent de Tyrion, on voit que trois choses importent pour lui : le pouvoir, la « cité » et la fille. Autrement dit, le roi est roi parce qu’il détient le pouvoir sur les autres, avec le château comme une illustration concrète, et la princesse qui perpétuera son nom et sa lignée. C’est le schéma de base du conte de fée, qui a dit que Tyrion était un rêveur ?^^
    Si on y fait attention, on peut reconnaître dans ce chapitre d’Arya au moins quatre histoires différentes, mais qui se recoupent sur certains thèmes :
    – la légende de Saint Georges délivrant la princesse du monstre : Arya Stark est notre princesse, elle est retenue prisonnière de Tywin Lannister et de ses monstres, elle recherche un chevalier qui puisse la libérer, d’abord en la personne de lord Cerwyn, un banneret de son père qui ferait là son devoir de vassal. Manque de chance, lord Cerwyn meurt de ses blessures. C’est plus tard qu’un drôle de chevalier libérateur arrive, le très présentable Jaqen H’Ghar, aux couleurs blanche et rouge, qui comme le chrétien saint Georges offre le service de son dieu à Arya… et en échange va obtenir une conversion (Saint Georges délivre la princesse mais ne tue pas le dragon tout de suite, il l’amène d’abord à la ville qui l’a envoyé et exige la conversion de ses habitants au christianisme sinon il leur lâche le dragon dessus). Il me semble intéressant de noter qu’on retrouve le même thème mais aux genres inversés avec Bran, deux chapitres auparavant : le prince Bran est prisonnier de Winterfell et possiblement de son loup (= il ne contrôle pas ses rêves ni les humeurs de son loup) et c’est le couple Jojen-Meera qui vient le libérer, Meera tenant les armes (le filet qu’elle tient à sa ceinture peut rappeler la ceinture de la princesse qui permet d’enchaîner le dragon et de le tenir en laisse) e Jojen travaillant à la « conversion » de Bran.

    – la seconde histoire en partie reconnaissable est la gardeuse d’oies : une princesse est dépouillée de son identité par sa suivante et devient gardeuse d’oies au château du prince qu’elle devait épouser. Si, ici, on retrouve la princesse-souillon, le changement d’identité va se poursuivre bien plus tard, lorsque la pauvre suivante qu’est Jeyne Poole sera contrainte d’endosser le rôle d’Arya Stark pour le pire. Le thème va également être décliné avec Theon, Schlingue et Ramsay, ce qui se rapproche davantage du conte originel qui implique un prince et son valet et non pas une princesse et sa suivante.
    Les réminiscences de ce conte sont liées à l’identité des personnages : le chapitre d’Arya s’ouvre sur les noms des tours d’Harrenhal qui ne sont pas ceux d’origine. Arya elle-même a perdu son nom d’origine (la transition avec le « and her… and her » qui clôt le chapitre de Tyrion est parfaite puisque Tyrion dans ses dernières pensées ne nomme jamais « la fille » en question, et qu’elle peut à ce titre représenter à la fois son passé (Tysha), son présent (Shae) et son avenir (Sansa ? Sol ? Daenerys ? unknown ?) amoureux, mais aussi l’archétype de la princesse de conte.
    La question de l’identité nous amène à la troisième réminiscence, celle de Cendrillon. Comme Cendrillon, Arya a été dépossédée de son rang et doit travailler comme souillon, mais elle a également été dépossédée de son nom, puisque Cendrillon n’est qu’un surnom en rapport avec sa nouvelle vie de servante qui dort au coin de l’âtre dans la cendre. Le parallèle peut se faire en partiulier avec la Cendrillon de Walt Disney, dont les souris industrieuses sont des personnages à part entière qui aident activement notre héroïne et lui sauvent la mise (grâce à elles, Cendrillon est libérée de sa tour et peut prouver au ministre du roi qu’elle est la princesse dont le prince est amoureux). Si Arya n’a ni chaussure, ni prince charmant à séduire, c’est que son conte prend une autre tournure et va regarder du côté de celui des 3 souhaits, avec Jaqen dans le rôle de la fée qui vient en paiement d’une dette exaucer les 3 souhaits d’un couple de pauvres paysans. C’est la quatrième réminiscence que j’ai repérée, là encore détournée puisque les 3 souhaits de Jaqen sont en fait 3 morts qu’Arya doit rendre au dieu multiface.
    Dans le conte des 3 souhaits, les personnages retrouvent à la fin leur situation initiale (dans le meilleur des cas, ils ont pu manger un bon plat de saucisses). Comme Arya n’a – dans ce chapitre – exaucé que son premier voeu, on verra dans la suite ce qu’il en est pour elle.

    En tous les cas, le lecteur se prend à espérer beaucoup avec cette nouvelle arme qu’elle possède, celui de chuchoter des noms.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 10 mois par R.Graymarch.
    #156655
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9914

    Il me semble que les Enfers (au pluriel) des Anciens accueillent tous les morts (des Champs Élysées au Tartare) donc il n’y a rien de démoniaque là dedans (ou du moins, il n’y a pas que du mauvais). Dans l’Enfer (au singulier) de la Bible, en revanche, c’est différent.

    Ce chapitre, c’est pas la joie mais par rapport au précédent d’Arya, c’est quand même moins pénible.

    On apprend qu’elle travaille dure mais elle a autant d’eau qu’elle veut, ainsi que du savon. Elle mange aussi à sa faim. Le texte louvoie entre Arry et Belette dans les descriptions du début, comme pour nous faire comprendre que ce sont des personnes différentes.
    A propos de nourriture, Tourte chaude (aux fourneaux) est sympa mais maladroit. Même si l’ambiance est moins dure, on apprend qu’Arya se blinde en évitant de connaître les noms des gens, au cas où ils mourraient

    A côté de ça, on en apprend un peu plus sur la maisonnée. Lady Whent est partie (pour où ?). Et on trouve de huge black bats (en insistant sur le fait que c’est sur le blason Whent), rats, ghosts (sauf qu’ils sont dans la mauvaise tour… Arya est logique).

    Arya envisage de se rendre puis renonce

    She wondered what Lord Tywin would do if she marched up to him and confessed to being Arya Stark, but she knew she’d never get near enough to talk to him, and anyhow he’d never believe her if she did, and afterward Weese would beat her bloody.

    Weese a un portrait assez peu flatteur. On le compare (avec sa chienne) à Gregor, rien que ça. Surtout, c’est bizarre, il voit, il sait ce que vous pensez. Il ne faudra à 3 jours pour Weese pour rejoindre la tête de la litanie d’Arya !!

    On note aussi qu’Arya se voit passer de mouton à souris, et que comme dit plus haut, elle évalue Harrenhal à trois fois la surface de Winterfell

    Grâce à sa fonction de laveuse de sol (surtout), Arya laisse trainer ses oreilles. Elle apprend plein de trucs, pas tous vrais.
    And as lords and ladies never notice the little grey mice under their feet, Arya heard all sorts of secrets just by keeping her ears open as she went about her duties. Pretty Pia from the buttery was a slut who was working her way through every knight in the castle. The wife of the gaoler was with child, but the real father was either Ser Alyn Stackspear or a singer called Whitesmile Wat. Lord Lefford made mock of ghosts at table, but always kept a candle burning by his bed. Ser Dunaver’s squire Jodge could not hold his water when he slept. The cooks despised Ser Harys Swyft and spit in all his food.  Once she even overheard Maester Tothmure’s serving girl confiding to her brother about some message that said Joffrey was a bastard and not the rightful king at all. “Lord Tywin told him to burn the letter and never speak such filth again,” the girl whispered.
    Plus tard, on en apprend plus sur les rois en présence, doute sur le fait que Joffrey puisse garder son trône. Et Dondarrion qui meurt plusieurs fois (ça revient, dites donc^^)
    Arrivent les Pitres sanglants et leur description est un vrai show à la Freaks. Même Weese en a peur et donne des conseils à Arya
    Question centrale d’Arya
    How many monsters does Lord Tywin have?
    Vaste question 😀
    On apprend par la suite, les échauffourées violentes entre Lannister et la bande, puis le simulacre de réconciliation après les punitions
    Encore une fois, Arya pense à sa famille et notamment beaucoup à sa soeur
    When she thought of seeing Robb’s face again Arya had to bite her lip.  And I want to see Jon too , and Bran and Rickon, and Mother. Even Sansa… I’ll kiss her and beg her pardons like a proper lady, she’ll like that
    Arya tente de trouver quelqu’un pour la faire s’enfuir (car s’ils ont juré de ne pas partir, ils n’ont rien juré pour elle). Elle dit plus tard que les cours des blasons, ça la faisait dormir mais elle reconnait tout de même le blason Frey (parmi les rançonnés). Et on reconnait le blason Maderly avec le triton au trident. Et le Karstark (?) avec les étoiles. Rien ne se passe comme elle l’aurait voulu (elle note que les Nordiens sont gardés au frais). Lord Cerwyn meurt même (autant dire que pour la sauver, ça paraissait compromis)
    Dans les allées et venues, je note qu’on parle de magie « silver to forge magic sword to slay Stark wargs ». What ? 😀
    Et Tywin qu’elle aperçoit parfois au loin (Ah ça, c’est pas la série^^) se promène avec trois mestres ? Trois ??
    Arya garde toujours en mémoire sa capture. Quand elle entend que Lorch était en train de capturer des rebelles, elle s’insurge intérieurement en disant qu’ils étaient la Garde de Nuit, pas des rebelles. Lorch est parti chasser Dondarrion et sa troupe a essuyé des pertes.. et a plus de blessés qu’auparavant
    Même si cela va mieux, Arya a parfois un travail éreintant (jusqu’au sang) la poussant à aller se coucher sans manger (elle ne doit pas avoir si faim que ça, donc). Jaqen la réveille pendant un rêve de loup. Il sent bon, a les cheveux propres. Et quand elle allume la lumière, il a disparu
    Après ça, elle se met à réfléchir à quels morts elle voudrait : elle pense en premier aux Lannister, les ennemis des Stark mais elle veut les tuer elle-même (dixit Ned, grosso modo). J’avais oublié qu’elle envisageait ça.
    Gregor revient au château avec des troupeaux de chèvres (beaucoup de chèvres dans ce chapitre…). C’est là que le récit s’accélère. Arya entend un récit de « chevalerie » dévoyée (au passage, entre 13 ans et 18 ans…) qui fait qu’Arya en oublie le motif de sa venue et que Weese la frappe durement (au même endroit que Yoren, non ?). Elle serre les dents en pensant à Syrio. Deux jours après, elle donne le nom à Jaqen, trois jours plus tard, sa cible meurt « bizarrement ». Arya en éprouve une sensation de toute puissance et se nomme le fantôme d’Harrenhal
    Pour le lecteur, à la fin de ce chapitre, on a une petite pointe d’espoir : Arya est moins en danger et elle a un allié. Néanmoins, la sortie parait compliquée, voire pire.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #156668
    Yfos
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1823

    Merci pour cette analyse fouillée d’un nouveau chapitre très sombre.

    elle va symboliquement entretenir les feux de l’enfer en allant nettoyer et rendre habitables certaines parties du château, un peu en vain, vu l’immensité du château, dont la plus grande partie va de toutes façons rester vide : la tâche ressemble au supplice des Danaïdes qui doivent remplir un tonneau sans fond.

    j’avais également pensé à Sisyphe. Ces marches semblent toujours sales, le travail toujours à refaire.

    En outre, la « transformation » d’Arya en souris lui donne accès à des secrets divers et variés (coucou Varys et ses petites souris/petits oiseaux) sans que personne ne fasse attention à elle.

    Ceci forme une préparation à ce qu’elle va connaître à Braavos, où elle va devoir écouter pour rapporter 3 faits nouveaux à chaque rencontre avec l’homme plein de gentillesse.

    Arrivent les Pitres sanglants et leur description est un vrai show à la Freaks. Même Weese en a peur et donne des conseils à Arya

    Il devient en effet plus humain à ce moment: peur ou pas envie de perdre sa main d’oeuvre. Comme il le dit à celui qui les désigne comme « pitres sanglants »

    « fais-la écorcher et c’est toi qui gratteras ces putains de marches »

    vec Jaqen dans le rôle de la fée qui vient en paiement d’une dette exaucer les 3 souhaits d’un couple de pauvres paysans.

    Je ne comprends pas trop le motif donné par Jaqen.

    « Le dieu Rouge … Cette fille en a pris trois qui lui revenaient »

    Jaqen fait référence à R’hllor, pas au dieu mutiface. Je ne sais pas si R’hllor est un de ses avatars … ni même si le fait que Arya les ait sauvés du feu revient à priver R’hllor d’un sacrifice. Chiswyck ne mourant pas par le feu, cela compense-t-il vraiment?

    Dans le conte des 3 souhaits, les personnages retrouvent à la fin leur situation initiale (dans le meilleur des cas, ils ont pu manger un bon plat de saucisses).

    Ma grand-mère me racontait une histoire dans laquelle les pauvres paysans se retrouvaient à la fin dans une situation pire qu’au début.

    Qu’en est-il pour Arya et les Stark?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 10 mois par Yfos.
    #156670
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 210

    Un chapitre particulièrement marquant à plus d’un titre.

    Il y a d’abord la situation d’Arya, terrible et qui reste périlleuse, même si elle fait le nécessaire pour survivre (c’est à dire faire ce qu’on lui demande sans trop se faire remarquer). Elle comprend assez vite que ses espoirs d’une évasion rapide vont être déçus.

    Ensuite la description de ce lieu mythique qu’est Harrenhal. Puis des troupes Lannister (essentiellement via les trois groupes de monstres).

    Et puis il y a Jaqen. Toujours aussi étrange et inquiétant derrière son air affable et séducteur (le passage avec les femmes qui admirent ses cheveux). Je n’avais pas tiqué quand il parlait du dieu rouge. Peut-être l’évoquer fait-il partie de son « déguisement ». Ou alors il faut considérer que R’hllor est un aspect du dieu multiface ?

    Quoiqu’il en soit, Jaqen est bien décidé à payer sa dette (envers son dieu et ses principes, plus qu’envers Arya). Au début j’ai l’impression qu’Arya ne le prend pas vraiment au sérieux. C’est sur le coup de la colère, en entendant l’histoire des hommes de la Montagne qu’elle se décide. Lorsque Jaqen passe à l’action, elle se rend compte qu’il était sérieux et qu’il est efficace (la mort de Chyswick arrive relativement vite). Et puis elle prend conscience du pouvoir qu’elle possède désormais, avec les deux dernières morts qu’il lui doit (qu’il doit au dieu).

    Sur le thème de la transformation d’Arya et de son cheminement qui la mènera à Braavos, on est ici à un tournant majeur.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 10 mois par R.Graymarch.
    #156702
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    Merci beaucoup Emmalaure pour ta mise en perspective avec l’enfer et les contes, c’est vraiment intéressant comme point de vue.

    Je me suis posé plusieurs questions sur Jaqen pendant cette relecture : comment a-t-il convaincu Amory Lorch de l’intégrer dans sa troupe avec ses deux comparses : est-ce pendant la fin du combat entre la troupe de Yoren et les Lannister, ou lors d’un épisode ultérieur ? Sur le slack quelqu’un avait rappelé que Yoren est mort d’un coup de hache entouré par plusieurs cadavres Lannister, je n’ose pas imaginer que c’est la même hache envoyée par Arya.

    Aussi l’histoire qu’il raconte à Arya a l’air très folklorique par rapport à ce qu’on apprendra des Sans-Visage, mais maintenant je suis convaincu par l’hypothèse de Sandor : Jaqen agit sous couverture et ne doit pas dévoiler son véritable statut, donc c’est normal qu’il ment et qu’il s’attribue le Dieu Rouge.

    Comme Yfos j’ai noté que l’écoute active d’Arya ressemble beaucoup à ce qu’elle fera à Braavos.

    D’habitude c’est R.Graymarch qui met en évidence les alitérations, comme il n’en a pas noté cette fois je vais donner les miennes.

    Weasel : After that it was back to <b>scr</b>ubbing and scurrying and listening* at doors. scrubbing and scurrying  Il ne lui restait désormais plus qu’à retourner gratter, déguerpir, écouter aux portes. *Note : on aurait pu mettre aussi sneaking à la place de listening; et on note que scurrying est utilisé en général pour des petits rongeurs comme des rats

    Weese : In his own small strutting way, Weese was nearly as scary as Ser Gregor. Dans son genre de petit jars, Weese l’épouvantait presque autant que ser Gregor.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 10 mois par R.Graymarch.
    #156735
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Merci à Emmalaure pour cette analyse des dimensions symboliques de ce chapitre : j’ai toujours plaisir à découvrir tous les rapprochements que tu établis. Pour ma part, lors de ma relecture, je m’en suis tenue à « c’est un peu d’enfer pour les vivants, le château d’Harrenhal », 😉 dans une perspective plus antique que médiévale, même si l’une n’exclut pas l’autre.

    Il me semble que les Enfers (au pluriel) des Anciens accueillent tous les morts (des Champs Élysées au Tartare) donc il n’y a rien de démoniaque là dedans (ou du moins, il n’y a pas que du mauvais). Dans l’Enfer (au singulier) de la Bible, en revanche, c’est différent.

    Aussi, c’est toujours plaisant de découvrir tes analyses, notamment sur le rapprochement avec les contes. C’est bien trouvé ; j’étais passée à côté en relecture.

    Alors certes Harrenhal est un enfer mais GRRM montre qu’en temps de guerre, même au cœur de l’horreur, l’être humain trouve des ressources pour survivre, plus ou moins bien : Tourte-Chaude, Gendry, Pia, Belette en font la démonstration, ce qui ne veut pas dire qu’on y échappe aux mauvais traitements, loin de là. 

    Comme l’a déjà souligné Gray, le sort d’Arya (disons plutôt le sort de Belette) s’est amélioré :

    Libre de se laver autant qu’elle le désirait, elle avait de l’eau, un morceau de savon. Le travail était dur, mais pas plus dur qu’auparavant les milles et les milles de marche quotidiens. Et Belette n’était pas forcée comme Arry de chercher des vers et des punaises pour se nourrir ; elle avait chaque jour sa ration de pain, du ragoût d’orge où se soupçonnaient navets et carottes et même, une fois par quinzaine, une bouchée de viande.

    Le chapitre montre aussi « la banalité du mal » : celui qui se trouve du bon côté du manche peut à sa convenance s’en prendre aux victimes de la guerre. Chacun à son niveau, petit ou grand : les cuisiniers qui corrigent Tourte, Weese qui prend plaisir à jeter sa chienne sur les mollets du préposé aux latrines, Chiswyck qui se délecte à raconter le viol collectif d’une enfant de treize ans.

    L’auditoire rugit de joie, mais personne plus fort que Chiswyck lui-même, et si égayé par sa propre histoire que la morve lui dégoulinait depuis le pif jusqu’à ses picots gris de barbe.

    Sans parler bien sûr de ce qu’on sait déjà de Gregor et sa bande et de ce qu’on apprend des Braves Compaings.

    À Harrenhal, la règle est de rester à la place qui vous a été attribuée, sans trop se faire remarquer.

    Il faut noter que Tourte-Chaude et Gendry sont effectivement à leur place , à la mesure de leurs talents, de même qu’Arya.

    Elle est Belette à Harrenhal, Weasel en v.o. , ce qui fait qu’elle forme un couple assorti phonétiquement avec Weese : histoire de signifier au lecteur qu’Arya est au bon endroit ?

    Car n’eût été son indocilité lors de son arrivée à Harrenhal, elle aurait été affectée aux cuisines, poste confortable, mais elle n’aurait pas eu la relative liberté de mouvement dont elle dispose, comme employée de Weese, à la surveillance duquel elle échappe dans la journée, au gré de ses affectations.

    De plus, il faut noter que Weasel possède en anglais le sens figuré de fouine au sens de fouineuse. Or c’est bel et bien un attribut important d’Arya : on l’a déjà vue à l’œuvre dans ce rôle dans AGOT, lorsqu’elle surprend, involontairement, dans les souterrains du Donjon Rouge, la conversation entre Varys et Illyrio Mopatis.

    À Harrenhal, sous la discrète souris, se cache la fouineuse en quête d’informations et de secrets. Comme Yfos l’a noté, cela préfigure ce qu’elle accomplira à Braavos.

    Ceci forme une préparation à ce qu’elle va connaître à Braavos, où elle va devoir écouter pour rapporter 3 faits nouveaux à chaque rencontre avec l’homme plein de gentillesse.

    J’ai noté aussi qu’à côté du substantif weasel, existe le verbe weasel out  qui signifie échapper, se soustraire à quelque chose, se débiner, se débrouiller pour ne pas faire quelque chose, se tirer d’une situation. 

    Voilà qui décrit bien Arya qui, tout en restant, en apparence, soumise à son sort de Belette, garde à l’esprit d’essayer de s’échapper d’Harrenhal pour rejoindre les siens. Si Belette, par sa discrétion, peut assurer sa survie à Harrenhal, Arya Stark, elle, court toujours le risque d’être découverte. Et la menace vient de son propre camp en la personne bien maladroite de Tourte :

    Elle en profitait pour dérober quelques instants de bavardage avec Tourte. Incapable de se rappeler qu’elle était devenue Belette, il persistait, tout en sachant qu’elle était une fille, à l’appeler Arry.

    Dans son chapitre suivant, la conscience de ce danger, partagée par Gendry, nous rappelera que la Belette, toute discrète qu’elle soit, est aussi un animal féroce. Mais ceci est une autre histoire.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 10 mois par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

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