ACOK 38 – Theon III

  • Ce sujet contient 8 réponses, 6 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Eridan, le il y a 2 années et 9 mois.
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    Ysilla
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    ACOK 38 – Theon III
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 37, Tyrion VIII ACOK 39, Arya VIII

    Bonjour les frères-sœurs, faux-départ pour la présentation de ce chapitre :

    J’ai à mes côtés un p’tit bout de trois ans qui se fiche complètement du Mur. Comme je suis son Dieu Vivant, elle ne me laisse pas devant mon écran une seule seconde…C’est la rançon de la gloire, que voulez-vous !😅

    Je mettrai à profit la sieste de cet après-midi pour mettre en ligne.

    Merci de votre patience !

    À tout à l’heure !

     

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #158105
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Si l’on en vient là, madame, votre maison peut compter sur la gratitude de la mienne.

    Theon à Catelyn, AGOT 15, Catelyn III

    Voici venir la saison, l’année, le jour, et je suis l’homme de la situation.

    ACOK 12, Theon I

    Nous y voilà donc :

    Il t’appartient de harceler les Roches, de razzier les villages des pêcheurs et de couler tous les bâtiments que d’aventure tu croiseras. Peut-être aussi de  débusquer tel ou tel seigneur de ses remparts de pierre. Aeron t’accompagnera, ainsi que Dagmer Gueule-en-deux. ACOK 25, Theon II

    Theon a-t-il donc fini par se contenter du rôle subalterne que lui a confié son père, chaperonné par Aeron Tifs-Trempes et Dagmer Gueule-en-deux ? S’est-il comporté en vrai Fer-né comme il se revendiquait sur le Myraham ?  Voilà les questions auxquelles le chapitre invite le lecteur à répondre.

    On ignore si les boutres fers-nés ont coulé des bateaux nordiens mais le village du chapitre n’est pas la première proie des attaques incessantes des Fers-nés :

    Il se passe effectivement des choses fâcheuses du côté des Roches. Des pillards montés sur des boutres razzient les villages de pêcheurs. Violent, incendient. Leobald Tallhart a envoyé contre eux son neveu Benfred mais ils rembarqueront pour filer, je présume, à l’apparition des premiers gens d’armes. Mestre Luwin in ACOK 36, Bran V

    Seulement  les attaques ne connaissent pas le dénouement escompté par mestre Luwin. Benfred Tallhart, pour avoir craché sur Theon, est offert en sacrifice au dieu Noyé par Aeron. Theon, commandant à l’autorité incertaine, promène sur le carnage des regard désabusés tout en remâchant son malaise et ses rancœurs passées et présentes et tue accidentellement au passage un de ses propres hommes. Theon finit par entraîner Dagmer Gueule-en-deux dans le plan qu’il mijote secrètement depuis le conseil de guerre du chapitre 25.

    Pour un relecteur, ce chapitre ne peut se lire sans avoir en mémoire les deux premiers chapitres de Theon, ni ceux qui suivront dans ACOK : dupe de lui-même, Theon s’égare non seulement dans sa quête d’autorité mais aussi dans sa quête d’identité.

    Jeux de dupes et de miroirs

     

    En quête d’autorité

    Le glaviot craché à la face de Theon ouvre le chapitre : ce commencement « in medias res » redouble par l’écriture la brutalité du traitement infligé à Theon, plaçant le lecteur au même plan que le personnage. Theon,  objet d’exécration et physiquement, objet d’excrétions et d’imprécations dont on pourrait établir une longue liste, jusqu’à concurrencer celle des sobriquets que Theon s’attribuera lui-même plus tard.

    Le crachat en question (spit en v.o.) est d’autant plus intéressant que Theon, dans le chapitre 12, avait affublé le capitaine du Myraham de la peu amène épithète de shameless lickspittle: (lèche-botte (lèche-salive) éhonté) :  on peut y voir un symbolique retour à l’envoyeur.

    Ainsi, Theon semble voué aux projections et aux excrétions en tous genres : l’eau de mer du baptême d’Aeron dans le chapitre 12, les dégoulinades de son tranchoir fendu par Asha dans le chapitre 25, le mollard de Benfred Tallhart, comme un prélude en mode mineur aux sévices malodorants qu’il subira des mains de Ramsay.

    À chaque fois, elles sont associées à une remise en question du statut de Theon, comme Fer-né, puis comme Greyjoy dans les chapitres précédents. Dans ce chapitre-ci, le glaviot de Benfred Tallhart accompagne la toute première mention de l’épithète qui va coller comme une deuxième peau à Theon : turncloack / le tourne-casaque (traduit par renégat par Sola) qui le renvoie, tout en la niant, à l’identité nordienne problématique qu’il s’est forgée en dix années passées chez Ned Stark. Ce turncloack qu’il inaugure, va l’associer dans un jeu de miroirs à son double antithétique, Jon Snow et à son double maléfique, Ramsay Snow, deux autres personnages réputés pour être des tourne-casaque, eux aussi en quête d’identité, de légitimité et d’autorité.

    Justement l’autorité parlons-en : Theon a très mal réagi au rôle de vulgaire pillard sous tutelle auquel son père l’a confiné :

    Assez dur, déjà, de devoir subir les sermons et les regards en biais de Tifs-trempes. Mais son commandement, que devenait-il, avec Gueule-en-deux par surcroît ? purement nominal. ACOK 25, Theon II

    L’atterrissage aux Roches, au sens propre comme au sens figuré, est rude. Balon Greyjoy a donné à Theon un statut qui lui confère le pouvoir de se faire obéir ; non pas comme héritier de Balon – ce que s’imaginait Theon (il a pris une grosse claque à ce propos) – mais comme commandant d’un navire offert par son père et responsable à ce titre d’une mission au cours de laquelle il doit faire ses preuves, c’est à dire  mener à bien la mission, ce dont à première vue, Theon s’est correctement acquitté.

     Également conçue, tout comme l’accostage au plus froid de la nuit, par Theon et conduite en tapinois, hache au poing, par lui, l’attaque, furtive en diable, avait évidemment surpris les villageois en plein sommeil.

    Theon, par nature, est quelqu’un qui n’écoute que lui-même tout en étant faussement convaincu de posséder des qualités supérieures alors qu’il est inconséquent, qu’il manque de sens d’observation et d’analyse.

    Or avoir rempli la mission ne suffit pas, encore faut-il que Theon acquiert de l’autorité et qu’il conforme son comportement aux valeurs fer-nées.

    Theon a du pouvoir certes mais il n’a pas cette légitimité qui fait que ses hommes vont consentir à son autorité, c’est à dire à une forme de pouvoir auquel on consent par crainte ou par respect, sans avoir besoin d’employer la force.

    la défiance des hommes à son égard n’avait d’égales que leur foi dans le dieu Noyé et la trouille que leur inspirait Tifs-trempes.

    Il avait beau tenir son autorité de lord Balon en personne, certains des hommes ne l’en considéraient pas moins comme un freluquet amolli par les pays verts.

     Il ne voit pas que cette crainte ou ce respect qu’il n’inspire pas sont incarnés pour la crainte, par Aeron, prêtre et oncle et pour le respect, par Dagmer Gueule-en-deux, le plus expérimenté des guerriers : ils ne sont pas, comme s’en est persuadé Theon, des cerbères, mais des mentors qui doivent lui prodiguer des conseils et lui servir de caution de légitimité, le temps qu’il l’acquiert lui-même.

    Or jaloux d’une autorité qu’il n’a pas, Theon se débarrasse de Dagmer, en le réduisant au rang subalterne de gardien de boutres, alors même qu’il l’abreuve d’un discours flagorneur, en fin de chapitre, en le reconnaissant comme le meilleur homme de lord Balon, pour le persuader d’assiéger Quart-Torrhen.  Puis il se débarrasse d’Aeron, en lui laissant le soin d’exécuter Benfred. Quelle erreur de séparer ainsi le culte et la guerre. Theon est incapable de voir que Balon a justement placé auprès de lui, des figures paternelless pour asseoir son autorité par délégation.

    Theon ne comprend pas non plus que la mission qui lui a été confiée a aussi le but de lui faire acquérir, à moindre frais, sur le terrain, les valeurs fer-nées, qu’il prétend pourtant bien connaître :

    La guerre était leur véritable métier. Le dieu Noyé les avait créés pour ravager, violer, se tailler des royaumes et inscrire en lettres de flammes et de sang leurs noms dans les chansons. ACOK 12, Theon I

    Il n’écoute pas Dagmer qui lui explique sans agressivité- comme aurait dû le faire Aeron ou Balon, ce que déjà lui a jeté à la figure Tifs-Trempes :

    Est-ce un damoiseau des terres vertes qui nous revient là ? ou bien Balon Greyjoy : Ils ont pris un gosse, reprit lord Balon. Qu’es-tu maintenant ? …Juste ce que je craignais. Les pays verts t’ont efféminé, et les Stark fait leur. ACOK 12, Theon I

    C’est pourtant tout simple, messire ton père ne te connaît pas…Le seul ennui, Theon, c’est que… le Jeune Loup est ton ami, et ces Stark t’ont gardé dix ans…Tu es jeune. Il surviendra d’autres guerres, et, tes grands exploits, tu les accompliras.

    Tout est dit dans ces quelques mots : Theon ne pense qu’à faire preuve de sa valeur au combat qu’il considère acquise :

    Les Stark reconnaissaient ma valeur. Je faisais partie des éclaireurs sélectionnés par Brynden Silure et, au Bois-aux-Murmures, j’ai chargé avec la première vague. …

    – Pourquoi me dire cela ? C’est moi qui t’ai mis au poing ta première épée. Je sais que tu n’es pas un lâche.

    On lui demande juste de prouver que cette valeur est fer-née. Légitimer son autorité passe, pour les Fers-nés par le respect des traditions. Et Theon rate tout : il se laisse insulter par Benfred et surtout ne le soumet pas au rite du sacrifice au dieu Noyé (il s’en souviendra lorsqu’il noiera septon Chayle à Winterfell, mais le puits pour la mer aura quelque chose de mesquin et dérisoire).

    « Non, intervint Aeron. Il faut le donner au dieu. Selon l’Antique Voie. »

    A quoi bon ? Un mort est un mort. « Emmenez-le donc.

    – Tu viens aussi. Ici, c’est toi qui commandes. L’offrande doit émaner de toi. »

    Enfin, là où sa sœur s’impose à ses hommes, lui n’emploie que la force pour se faire obéir :

    A présent, ils savent que je ne parle pas en l’air. 

    c’est ainsi qu’il tue accidentellement Todric, se couvrant aux yeux du lecteur de ridicule et se privant du même coup d’un de ses hommes : l’effet est plutôt fâcheux et gageons que si Dagmer Gueule-en-deux avait été à ses côtés, Theon aurait pu apprendre, par l’exemple, comment régler les rixes qui accompagnent la recherche du butin. Ne prétendait-il pas s’être souvenu de ce qu’est le fer-prix ?

    L’Antique Voie interdisait au guerrier d[e] porter d’autres [bijoux] que ceux dont il dépouillait les ennemis tués de sa propre main. Cela s’appelait payer le fer-prix.

    Mais Theon a beau s’affirmer comme Fer-né, il y a loin des paroles aux actes ; malgré ses dénégations, le nord a infusé en lui.

    Theon dupe de lui-même

    Ce n’est pas tant la modestie de l’objectif poursuivi (harceler les Riches pour détourner l’attention) que le remplit d’amertume que la façon dont il s’y est pris. Son modèle d’action guerrière est le seul qu’il ait connu et qu’il idéalise : la bataille du Bois-aux Murmures.

    Du crochet que faisait la route et où s’était déroulée la bataille…, si tant est que l’on pût employer ce terme – un carnage de moutons, plutôt –, lui parvenait l’affreux boucan de la victoire. De moutons, certes, à toison d’acier, mais de moutons, n’empêche.

    Est-ce la conscience que ces exactions n’ont rien d’honorables, qui ont pour victimes des civiles ? Peut-être, mais il s’agit aussi, à mon avis, de la déception de ne pouvoir démontrer ce qu’il appelle « sa valeur », dans une dynamique toute autocentrée.

    Mais le malaise de Theon provient aussi du décalage entre la culture fer-née et l’éducation silencieuse qu’il a reçue de Ned Stark, je dirais, à l’insu de son plein gré.

    Tout d’abord ne rencontre-t-il pas ce qu’il aurait pu être, si la guerre n’avait pas éclatée et s’il était resté dans le nord : n’a-t-il pas la légèreté, la fatuité rigolarde de Benfred Tallhart , qui se présente à lui comme un double? Ainsi peut s’expliquer sa défilade au moment de l’exécuter et le mouvement de presque pitié désolée lorsqu’il comment l’assaut de Bouquins sauvages à Dagmer, à moins qu’il ne s’agisse aussi d’un manque de fermeté morale, celle qui consiste à assumer ses actes. Theon pourtant si prompt à inviter Robb à tuer Osha ou Jaime Lannister à coup de « tue-la/ tue-le » recule à exécuter de sa propre main une personne qu’il connaît et s’en décharge sur d’autres.

    Il convoque le souvenir de Ned ou bien celui de Robb pour aussitôt les rejeter et justifier à posteriori par sa colère contre de prétendus manquements des Stark, ses propres manquements au Nord.

    À deux genoux sur le torse d’une victime, Gewin Harloi lui sciait le doigt pour s’en approprier l’anneau. Le seigneur mon père approuverait. Il envisagea de partir en quête des deux adversaires qu’il avait personnellement abattus – peut-être portaient-ils un bijou de valeur ? –, mais l’idée lui emplit la bouche d’amertume. Il imaginait trop ce qu’en aurait dit Eddard Stark. Mais y penser le mit en colère. Crouni, le Stark, en train de pourrir, et il ne m’était rien ! se martela-t-il.

    Theon est par ailleurs particulièrement incapable de réfléchir sur ses propres agissements pour les voir sous un autre éclairage.

    Ainsi vexé d’être cantonné à une mission subalterne, il agit exactement de la même façon avec Dagmer. Il est persuadé que Robb n’a pas reconnu son mérite à sa juste valeur lors du sauvetage de Bran, sans voir que ce que craignait Robb, à savoir une maladresse mortelle, est justement ce qui vient de se produire avec Toric.

    tiens, il ne pouvait pas, au lieu de l’engueuler comme un marmiton qui a laissé cramer son ragoût, le récompenser d’un sourire, le jour où il avait sauvé Bran des sauvageons ?

     Theon paie si cher ce qu’il commet à Winterfell en tombant aux mains de Ramsay que suivre son chemin de croix infini amène le lecteur a éprouvé de la compassion et même quelque sympathie pour lui.

    Néanmoins, la relecture attentive de ses chapitres et de celui-ci en particulier est cruelle pour son personnage.

    Duper les autres

    En fait, je ne songe pas à lui reprocher son attaque du nord : une fois qu’il a mis les pieds à Pyke, il est pris dans un engrenage dont il ne pouvait pas se sortir, l’eût-il souhaité. Ce qui est à mettre à son débit, en revanche, c’est que son ambition se déploie sur un fond d’égoïsme forcené : le plan qu’il souffle à Robb n’a pour but que de se tailler un royaume à l’ouest : ce n’est pas possible, alors va pour le nord. Mais il n’agit pas pour les Fers-nés, pour sa maison, pour son père, mais uniquement pour lui.

    Je considère que sa première vraie trahison, c’est celle préméditée qu’il met en place en tapinois, lors de l’attaque des Roches : l’interrogatoire hors sujet qu’il voulait faire subir à Benfred n’avait d’autre but que de préparer l’attaque de Quart-Torrhen comme diversion pour attaquer Winterfell (copiant sans vergogne d’ailleurs le plan de son père les Roches, Motte-la-Forêt)

    Pour parvenir à ses fins, il triche :

    Nous n’avons pas assez capturé de chevaux. Enfin…, je ferai avec le peu que j’ai. Moins d’hommes, plus de gloire, n’est-ce pas ?

    – Qu’avons-nous à faire de chevaux ?» A l’instar de la plupart des insulaires, il préférait se battre à pied, sur le plancher des vaches comme sur son pont. « Ça ne sert qu’à te conchier les navires et t’y encombrer.

    Et manipule la seule personne de Pyke qui approche ce qui a pu lui servir de figure paternelle bienveillante : Dagmer sans se demander une seule seconde s’il ne compromet pas vainement la vie de ses hommes et celle de Dagmer en premier.

    Le mot de trahison est sans doute un peu fort, mais très clairement, il ne respecte pas la mission confiée par Balon.

    J’aurais encore beaucoup d’autres choses à dire…. mais la sieste est terminée !!!

    J’ai dû laisser passer des fautes d’orthographe et de syntaxe et dû laisser tomber une partie de mon analyse. Cette journée ne se passe pas du tout comme prévu.

    Veuillez accepter mes excuses pour ce post tardif et mal fagoté. J’en suis désolée.

     

     

     

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #158113
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    Veuillez accepter mes excuses pour ce post tardif et mal fagoté. J’en suis désolée.

    Pas de soucis je trouve ton analyse très bien et chacun pourra de toute façon complété s’il a quelque chose à rajouter 🙂

    Mais il n’agit pas pour les Fers-nés, pour sa maison, pour son père, mais uniquement pour lui.

    Voici ce qui résume ce qui me met mal à l’aise avec Theon (du moins celui de AGOT et ACOK), il trahit Robb mais même pas pour rejoindre le clan Fer-né, juste pour obtenir de la gloire et du prestige à la bataille. Il ressemble beaucoup aux jeunes chevaliers d’été qui rejoignent Renly dont on a parlé lorsque Catelyn rencontre Renly.

    De plus, en fait Balon ne teste pas Theon pour ses capacités de guerrier voire de commandant (il aurait en fait envie de faire confiance à Theon sur ces aspects), mais pour ses convictions de Fer-né. Pour Balon les Stark sont à mettre dans le même panier que les chevaliers sudiers, et souhaite savoir si Theon aurait la capacité à re-devenir son héritier malgré le temps passé à Winterfell.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch. Raison: Theon sans accent

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #158115
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Pas énormément de choses à rajouter. Theon en effet se piège lui-même et ne s’en rend absolument pas compte. Mais à ce point de la lecture, on ne l’aime pas trop, alors ça va 😀

    Ce n’est pas tant la modestie de l’objectif poursuivi (harceler les Riches pour détourner l’attention)

    J’aime beaucoup la coquille, on pourrait croire à un Theon Robin des bois 😀 (en plus, il tire à l’arc comme Errol Flynn)

    On commence en effet In media res, et même après les faits. Theon n’est pas vraiment en confiance. Je pense que si Balon avait pu lui dire pourquoi Dagmer et Aeron étaient là, ça aurait pu diminuer ses craintes. Là, faut qu’il devine et ce n’est pas vraiment le point fort de Theon

    “My father gave me the command here, Uncle.”

    “And sent me to counsel you.”

    And to watch me. Theon dare not push matters too far with his uncle. The command was his, yes, but his men had a faith in the Drowned God that they did not have in him, and they were terrified of Aeron Damphair. I cannot fault them for that.

    Theon, donc, se défausse beaucoup.

    That was more than Theon could stomach. “You are the priest, Uncle, I leave the god to you. Do me the same kindness and leave the battles to me.” (…). Aeron Damphair gave his nephew a reproachful look, then followed. Down to the pebbled beach they would go, to drown Benfred Tallhart in salt water. The old way.

    Perhaps it’s a kindness, Theon told himself as he stalked off in the other direction.

    Et en plus la gentillesse de la noyade, c’est à cause du cou épais. Empathie/20, jolie perf, Theon.

    Cela dit, Theon se plaint que ce n’était pas une bataille mais un massacre qu’il a fait. Ah oui quand on vise la gloire, c’est embêtant. T’es pas tout seul, Theon.

    J’ai noté aussi comme, malgré ce qu’il prétend (« je suis un fer-né »), l’éducation Stark le hante malgré lui.

    Theon thought of seeking out the bodies of the two men he’d slain himself to see if they had any jewelry worth the taking, but the notion left a bitter taste in his mouth. He could imagine what Eddard Stark would have said. Yet that thought made him angry too. Stark is dead and rotting, and naught to me, he reminded himself.

    Peu après, pour éviter des bisbilles liées au butin, Theon rate la main de Todric, le blesse et exige qu’on l’achève. On peut se questionner sur l’utilité de cette action. Je sais que Theon veut « tenir ses hommes », je doute que ce soit la meilleure manière.

    “No drunkards, I said, and no squabbles over plunder.” On his knees, Todric was dying noisily. “Botley, silence him.”
    /
    Now they know I mean what I say. Lord Balon might have given him the command, but Theon knew that some of his men saw only a soft boy from the green lands when they looked at him.

    Theon n’est pas content car la victoire n’a plus la même saveur qu’aux côtés de Robb

     He tossed his bow back to Wex and strode off, remembering how elated he’d felt after the Whispering Wood, and wondering why this did not taste as sweet. Tallhart, you bloody overproud fool, you never even sent out a scout.
    Je crois que c’est parce que t’es un traître, Theon et qu’au fond de toi, tu le sais, et t’en es pas aussi fier que tu le laisses paraître

    On a encore un petit coup de Calimero

    And after all is done and won, they will make songs for that bitch Asha, and forget that I was even here. That is, if he allowed it.

    Theon se dirige vers Dagmer et on apprend quelle tache il lui a confié. On voit que Dagmer n’est pas rancunier…
    Theon had assigned him the task of guarding the ships; otherwise men would have called it Dagmer’s victory, not his. A more prickly man might have taken that for a slight, but the Cleftjaw had only laughed.
    Le « pire », c’est que Theon traite mal Dagmer (et craint son ascendant) alors qu’il l’aime bien et a de bons souvenirs avec lui
    He gave me more smiles than my father and Eddard Stark together. Even Robb . . . he ought to have won a smile the day he’d saved Bran from that wildling, but instead he’d gotten a scolding, as if he were some cook who’d burned the stew.
    /
    Dagmer was no true uncle, only a sworn man with perhaps a pinch of Greyjoy blood four or five lives back, and that from the wrong side of the blanket.
    Theon a un plan et moins il y a d’hommes, mieux c’est. Ca sent le Famous last words
    Fewer men means more glory
    Theon tente de manipuler Dagmer et encore une fois, ce dernier est plutôt sympa et honnête. Ce n’est pas de la faute de Theon s’il a été pris en otage, mais la terre ne s’est pas arrêtée de tourner en son absence

    “You take this business too hard, boy. It is only that your lord father does not know you. With your brothers dead and you taken by the wolves, your sister was his solace. He learned to rely on her, and she has never failed him.”

    Mais Theon ne capte toujours pas et rappelle ses exploits passés quand il bossait.. pour l’ennemi (tu fais pitié, Theon…)

    “Nor have I. The Starks knew my worth. I was one of Brynden Blackfish’s picked scouts, and I charged with the first wave in the Whispering Wood. I was that close to crossing swords with the Kingslayer himself.” Theon held his hands two feet apart. “Daryn Hornwood came between us, and died for it.”

    Theon a un super plan (et des gens qui sont « plus mieux » que ceux de sa soeur) mais il ne l’a dit à personne (on l’aurait empêché, faut dire). Du coup, il a l’air un ballot quand il pense qu’en interrogeant Benfred, il aurait eu plus d’infos…
    Après avoir expliqué un coup un peu foireux où en effet il met ses hommes (et notamment Dagmer qu’il doit convaincre) en danger, le chapitre se termine sur un cliffhanger. Où va attaquer Theon ? Et à quel moment ça va foirer ? Voire pire.

     

     

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #158139
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Merci Ysilla pour ce commentaire du chapitre de Theon. Je le trouve très complet.

    Dans ce chapitre, on a le sentiment qu’il fait tout à l’envers. Encore tiraillé entre son allégeance aux Stark (il en parle beaucoup je trouve pour quelqu’un qui a décidé de changer de camp) et empreint de son désir de briller auprès de Balon, il prend des initiatives bien hasardeuses.

    Il n’avait nul besoin de sortir son arc pour punir Todric, il rate sa main et atteint son ventre. Obligeant ses hommes à achever le soûlard. Quelque part, il donne raison à Robb qui s’était énervé contre lui lorsqu’il avait tiré une flèche pour tuer le sauvageon qui tenait Bran. Il suffit de peu pour qu’une flèche parte à côté…

    On sent aussi toute sa jalousie envers Asha. A elle,  la prise prestigieuse d’un château, à lui le pillage des côtes. Il se sent comme un faire-valoir de sa sœur. Pourtant le pillage n’est-il pas l’apanage des Fer-nés ? Comme le dit Ser Aemon, son père veut sans doute le tester sur ce point. Theon a-t-il la fibre pour réintégrer le clan familial ?

    Balon n’attend probablement pas un exploit de sa part. C’est pourtant ce qu’il cherche à accomplir à tout prix. Même s’il lui faut manipuler Aeron son oncle, et surtout Dagmer Gueule-en-deux. Ce dernier l’a connu enfant et s’est occupé de lui. Il a de l’affection pour Theon. Mais celui-ci est incapable de le voir. Il se méfie de Dagmer, il craint que son autorité sur les hommes ne lui fasse de lombre. Plutôt que d’écouter ses conseils (dont il aurait grand besoin), il préfère le manipuler par la flatterie et l’envoyer en mission. Tout en lui cachant ses véritables intentions : prendre Winterfell.

    C’est le début des ennuis pour Theon. De gros ennuis.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #158143
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci Ysilla

    Eh oui les enfants, c’est adorable, mais ça demande beaucoup d’attention!

    C’est le chapitre où Theon passe de tête-à-claque à tourne-casaque.

    Lors des premiers contacts avec ce personnage il parait assez vain, mais montre un certain talent, du courage et de l’humour. Au fil d’ACOK, ses défauts deviennent de plus en plus visibles et il ne cesse de faire des mauvais choix. Pourtant c’est aussi dans ce tome qu’il se révèle le plus et qu’on découvre véritablement la psychologie du personnage, tiraillé entre ses deux familles, ses deux cultures. Et, derrière son apparente assurance teintée d’hédonisme, son manque de confiance en lui et son besoin d’être reconnu et apprécié. Besoin qui le mènera vers sa propre (ou pas) descente aux enfers.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #158331
    Eridan
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    On sent aussi toute sa jalousie envers Asha. A elle, la prise prestigieuse d’un château, à lui le pillage des côtes. Il se sent comme un faire-valoir de sa sœur. Pourtant le pillage n’est-il pas l’apanage des Fer-nés ? Comme le dit Ser Aemon, son père veut sans doute le tester sur ce point. Theon a-t-il la fibre pour réintégrer le clan familial ?

    J’avoue que je me pose la question aussi : dans la logique fer-née, le prestige du pillage l’emporte sur celui de la stratégie militaire, comme on le comprendra dans quelques chapitres avec la prise de Winterfell que Theon veut garder, mais dont les vrais fer-nés se cognent. La logique fer-née est assez vaine. Pour autant, est-ce que la mission de Theon est vraiment plus reluisante que celle d’Asha ? Elle est indéniablement plus simple donc avec moins de gloire, moins importante stratégiquement, moins rétributrice aussi (les villages ne sont pas particulièrement riches, et Theon ne peut faire aucun otage … il s’en prive d’ailleurs bien maladroitement avec Benfred Tallhart).
    Je rejoins parfaitement ser Aemon Belaerys, Balon teste son fils sur cette mission, et il aurait fini par lui confier des missions plus importantes dans un second temps, si Theon s’était révélé digne de confiance. Mais dans son empressement à « bien faire » , il va manquer ses chances.

    Petit détail en passant, un de plus qui montre que Theon n’y entend rien à la mentalité fer-née : ce qu’il fait à Todric n’est pas seulement maladroit et inutile. C’est aussi une transgression d’un principe fondamental de l’Antique Voie : « Les Fer-nés ne sauraient se permettre de verser du sang de Fer-nés. » (Aeron Greyjoy, AFFC – Le prophète)
    J’ignore si Martin a pensé à cette règle à l’époque d’ACOK, mais du coup, heureusement pour Theon qu’Aeron n’a pas assisté à la scène. ^^

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #158402
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    Petit détail en passant, un de plus qui montre que Theon n’y entend rien à la mentalité fer-née : ce qu’il fait à Todric n’est pas seulement maladroit et inutile. C’est aussi une transgression d’un principe fondamental de l’Antique Voie : « Les Fer-nés ne sauraient se permettre de verser du sang de Fer-nés. » (Aeron Greyjoy, AFFC – Le prophète) J’ignore si Martin a pensé à cette règle à l’époque d’ACOK, mais du coup, heureusement pour Theon qu’Aeron n’a pas assisté à la scène. ^^

    Je viens justement de relire un passage de feu&sang, au début du règne de Aegon il y a sur les îles de fer une guerre de succession entre plusieurs prétendants.

    Peu de détails mais il est noté beaucoup de cadavres « qu’attirés par le sang, les krakens apparurent par centaines. »

    La règle dictée par Aeron doit avoir ses exceptions^^

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.

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    #158405
    Eridan
    • Vervoyant
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    La règle dictée par Aeron doit avoir ses exceptions^^

    C’est une règle voulue et défendue par les prêtres du dieu Noyé depuis l’époque immémoriale de Galon Blancbourdon. Les pieux et ceux qui veulent se concilier les prêtres la respectent … ou la détournent à l’occasion (Euron, quand il rentre dans les îles, noie sawane Botley pour éviter précisément de « verser le sang » ce qui fait que même Aeron ne le lui reproche pas). Mais beaucoup d’autres ignorent ce principe ou le transgressent sciemment. D’ailleurs, les Fer-nés qui suivent Theon obéissent sans rechigner particulièrement à son ordre de tuer Todric. 😉

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.

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