AFFC 37 – Cersei VIII

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Au fil des pages AFFC 37 – Cersei VIII

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    Ysilla
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    AFFC 37 – Cersei VIII
    Au fil des pages – liste des sujets

    AFFC 36, Samwell IV AFFC 38, Brienne VII

    Bonjour la compagnie !

      J’espère que tout le monde a passé de bonnes vacances. Me voici de retour pour présenter ce long chapitre d’une vingtaine de pages dans l’édition dont je me sers, qui répond à tous les autres chapitres de Cersei et plus particulièrement à son chapitre précédent.

      On y retrouve toutes les obsessions de Cersei : mettre la main sur  Tyrion mort ou vif, faire tomber les Tyrell, conserver Tommen sous contrôle, exercer le pouvoir à sa guise tout en expédiant les tâches ingrates et quotidiennes d’un souverain et , ce qui a fait couler beaucoup d’encre, l’intégralité de la fameuse prophétie de Maggy la Grenouille, qui donne un éclairage tragique sur le passé et le possible futur de Cersei.

      Je n’ai pas l’intention, dans cette présentation, de traiter le fond de ce rêve sur les événements qui ont eu lieu sous la tente de Maggy. Néanmoins je vous rappelle l’article du blog et le topic qui traitent de l’identité du valonqar.

      Le chapitre se déroule sur trois jours ; le premier est réduit, dans sa plus grande partie, à un sommaire narratif de quelques lignes au début du texte dont le lecteur retient qu’il est inauguré par de sombres auspices météorologiques :

    La journée avait été froide, grise et humide. Il avait plu des trombes tout le matin, et même après que le déluge s’était arrêté, dans l’après-midi, les nuages avaient refusé de se dissiper. On n’avait pas une seconde entrevu le soleil. Un temps si détestable était de nature à décourager même la petite reine.

      Vous me direz que c’est un temps d’automne on ne peut plus normal mais je ne peux m’empêcher d’y voir l’annonce des tempêtes narratives qui s’annoncent pour Margaery comme pour Cersei.

      J’en profite pour signaler un contresens du traducteur de Jean Sola qui m’a rendu incompréhensibles les lignes suivantes :

    La journée personnelle de Cersei fut un peu meilleure jusqu’au crépuscule. Le ciel plombé commençait à virer au noir quand on lui annonça que Chère Cersei avait profité de la marée du soir pour rentrer, et qu’Aurane Waters était dans l’antichambre et demandait une audience.

        Dans la version de Sola, le lecteur est invité à comprendre que la journée de Cersei se passe un petit peu mieux que celle de Margaery mais que tout se gâte à la fin du jour. Or, c’est un complet contresens, puisque justement, à la tombée de la nuit, Aurane Waters apporte d’excellentes nouvelles à Cersei. De toute évidence, Sola a lu « a little better » (un peu mieux) au lieu de « little better » (littéralement : peu meilleur).

      Il faut donc comprendre :

    Cersei’s own day was little better, till evenfall. / La journée de Cersei ne fut guère meilleure (s.e. que celle de Margaery), jusqu’à la tombée de la nuit.

    L’annonce de la prise de Peyredragon

    Or, au crépuscule de ce jour sombre, tout s’éclaire, si j’ose dire, avec l’arrivée d’Aurane Waters, porteur d’excellentes nouvelles : les planètes semblent s’être alignées pour Cersei, servie pour le meilleur pour elle et le pire pour lui, par la fougue de ser Loras Tyrell, ainsi qu’elle l’avait espéré dans son chapitre précédent.

    Je suis on ne peut plus persuadée que notre Chevalier des Fleurs sera le premier à atteindre le haut des remparts. » Et peut-être le premier à en dégringoler. […] Quoi qu’il pût du reste advenir au jouvenceau sur Peyredragon, le grand gagnant serait de toute manière elle-même. Si Loras s’emparait de la forteresse, ce serait là un rude coup pour Stannis, et la flotte Redwyne pourrait repartir affronter les Fer-nés. AFFC 33, Cersei VII

      Ainsi, Loras Tyrell s’est emparé de  Peyredragon aussitôt débarqué, tout en étant très grièvement blessé, pour s’être porté à la tête des deux assauts. Le rapport d’Aurane Waters, quoiqu’, en apparence, élogieux sur la valeur personnelle du Chevalier des Fleurs, n’en reste pas moins sévère sur la tactique employée (en gros, on fonce dans le tas), sur la prise de risque inconsidérée et le coût très lourd en pertes humaines.

    – Je n’ai jamais vu de chevalier plus courageux, lui répondit Waters, mais il a transformé en carnage ce qui aurait pu être une victoire sans effusion de sang. Un millier d’hommes ont péri, ou il s’en faut de trop peu pour qu’on pinaille sur le chiffre exact. Des nôtres pour la plupart. Et pas seulement de la piétaille, Votre Grâce, mais des chevaliers et de jeunes lords, les plus valeureux et les plus braves.
    – Et ser Loras lui-même ?
    – Il fera le mille et unième. On l’a transporté dans le château après la bataille, mais ses blessures sont d’une extrême gravité. Il a perdu tant de sang que les mestres ne veulent même pas lui poser de sangsues.

    Évidemment Cersei jubile intérieurement, tout en conservant pour son interlocuteur, un langage policé : 

    Oh, quelle tristesse. Tommen va en avoir le cœur brisé. Il éprouvait tant d’admiration pour notre vaillant Chevalier des Fleurs. […]
    Je m’en voudrais mortellement de laisser notre précieuse Margaery apprendre ces nouvelles par un étranger.

      L’audience que Cersei lui accorde est l’occasion pour Aurane Waters de pousser ses pièces sur l’échiquier du jeu des trônes, plus ou moins habilement : il tente de se montrer à son avantage en se présentant comme un Grand Amiral responsable, soucieux d’épargner les troupes et pas dupe du jeu politique qui se joue à Port-Réal. Il est ainsi capable d’afficher autant une mine désolée de circonstance (Le sourire du visiteur s’évanouit.) qu’une forme de complicité gênante avec Cersei (Votre Grâce est la bonté même », commenta Waters avec un sourire.)

      Il commet d’ailleurs à ce moment-là un impair, car si Cersei aime des subordonnés aux ordres, elle déteste que ces mêmes subordonnés  fassent preuve d’une clairvoyance qu’elle n’aurait pas suscitée ou approuvée. Son commentaire intérieur ne se fait pas attendre :

    Un sourire malicieux, songea la reine. Aurane Waters ressemblait moins au prince Rhaegar qu’elle ne l’avait d’abord pensé. Il en a les cheveux, mais c’est le cas de la moitié des putains de Lys, s’il faut en croire les racontars. Rhaegar était un homme. Lui n’est qu’un garçon matois, pas plus. Mais utile à sa manière.

      L’annonce des événements de Peyredragon à Margaery et ses compagnes est un grand moment pour Cersei. Elle a soigneusement préparé son intervention, en organisant mentalement le récit qu’elle va présenter :

    Pendant qu’ils soupaient, elle intima l’ordre à Aurane de lui répéter le récit des combats pour qu’elle s’en rappelle correctement les moindres péripéties.

      Cersei se délecte du chagrin de Margaery , grâce à un récit qui distille savamment admiration feinte, compassion, compréhension pour l’achever par les détails crus du sort de Loras qui est présenté plus comme l’exécution d’un martyr lardé de coups que la mort glorieuse d’un combattant, abattu d’un trait.

    Ser Loras prit un carreau dans la cuisse et un autre dans l’épaule, mais il continua vaillamment de se battre, malgré le sang qu’il perdait à flots. Plus tard, il se vit infliger un coup de masse qui lui brisa quelques côtes.

    Le récit de Cersei, en décrivant un Loras, achevé petit à petit, vise à achever aussi Margaery qui reçoit le coup de grâce, sous la forme d’un récit en prétérition ( je ne veux pas dire mais je dis quand même) :

    Après quoi… mais non, j’aimerais mieux vous épargner le pire de tout.
    – Parlez, dit Margaery. C’est un ordre. »
    Un ordre ? Cersei demeura muette un moment, puis décida de laisser passer l’impudence. « Les défenseurs se replièrent vers un fort intérieur après la prise du rempart de courtine. Loras y prit également la tête de l’attaque. Il fut arrosé d’huile bouillante. »

    La cuisse, l’épaule percées voire brisées, les côtes fracturées, la tête passée à l’huile bouillante, le Chevalier des Fleurs ne fera pas un beau mort et s’il survit, sera affreusement mutilé. Margaery ne se méprend pas sur la fausse compassion de Cersei qui commet l’erreur d’enterrer Loras un peu vite, aux yeux de sa sœur , mais je suppose que Cersei s’en fiche complètement, toute à la joie de son triomphe :

    Margaery se dégagea si violemment de l’étreinte de Cersei que cette dernière faillit s’affaler par terre. « Mourant ne signifie pas mort, fit-elle.
    […]
    – Je souhaite seulement vous épargner…
    – Je sais ce que vous souhaitez. Sortez. »

      Ce chapitre représente, dans l’esprit de Cersei, une forme de sommet. Elle se figure solidement assurée de son pouvoir, inaugurant sa puissance par sa nouvelle couronne, symbole de l’ère lumineuse qu’elle voit s’ouvrir devant elle :

    Dorcas, apporte ma couronne. La nouvelle, s’il te plaît. » Celle-ci était plus légère que l’ancienne, et les émeraudes enchâssées dans son filigrane d’or pâle jetaient mille feux au moindre mouvement de tête.

    Une régente au faîte de son pouvoir (croit-elle)

      Elle semble en effet maîtriser la situation et écraser les gens autour d’elle, comme elle s’imagine qu’aurait agi Tywin Lannister, tout en se dédouanant, avec beaucoup de mauvaise foi, de l’agonie du Chevalier des Fleurs :

    Si lord Tywin pouvait me voir, maintenant, il reconnaîtrait que je suis bel et bien son héritière, une héritière digne du Roc, songea-t-elle allongée dans son lit. […]
    Quant à Mace Tyrell, libre à lui de chialer aussi, mais du moins ne lui avait-elle pas donné le moindre motif de rompre avec elle. Qu’avait-elle fait d’autre, après tout, que d’honorer Loras de sa confiance ? C’était bien lui qui l’avait priée de lui confier le commandement, un genou en terre, au vu et au su de la moitié de la Cour, non ?

     La deuxième journée, qui occupe la plus grande part du chapitre,  ressemble beaucoup à celle qui avait été dépeinte dans Cersei V ou Cersei IV, à ceci près que le Conseil a disparu, comme si désormais la Reine régente régnait seule désormais, avec comme méthode : le dédain, l’invective et la violence physique.

    On constate que son autorité ne s’affirme que dans des décisions qui ne lui coûtent rien et qui ne concernent que des individus sans pouvoir de nuisance sur la Couronne : Jalabhar Xho, Hallyne le Pyromant, le Tyroshi embobineur qu’elle fait amputer de son nez. Tandis qu’elle ne peut rien à la pression exercée par la Banque de Fer sur les marchands et voit son autorité bafouée par le Grand Septon : ses piques contre la Foi  sont des paroles creuses : words are wind et elle se contente de faire le constat de la montée en puissance des Fils du Guerrier, sur le mode du mépris sans en voir le danger politique d’un contre-pouvoir ; son raisonnement s’arrête à la présence de Lancel, qui est effectivement un danger pour elle :

    Près d’une centaine de chevaliers s’étaient déjà solennellement engagés à consacrer leur existence et leur lame au service de l’ordre ressuscité, relatait Qyburn, et de nouveaux adeptes grossissaient chaque jour leurs rangs. Poivrots des dieux, toute leur clique. Qui aurait cru que le royaume contenait tant et tant de soiffards mystiques ?

    Son impuissance se manifeste dans l’admonestation vaine qu’elle adresse à Maynard :

    Dorénavant, que Sa Sainteté Suprême fasse ses prières dans le septuaire, c’est là qu’est leur place.

    S’opposer ouvertement à la Foi désormais armée, c’est courir le risque d’ameuter la population, de fragiliser le pouvoir et de devoir rembourser les emprunts contractés auprès du Grand Septuaire.

    Là où le cas de Cersei s’aggrave nettement c’est dans la paranoïa qu’elle développe à propos de Pycelle : elle l’avait déjà accusé d’incompétence au sujet de l’embaumement raté du cadavre de lord Tywin. Elle franchit une étape supplémentaire en l’accusant de délibérément mal soigner Gyles Rosby, tant est grande sa crainte qu’un nouveau Tyrell s’empare du poste vacant de trésorier.
    On aboutit à cette phrase délirante :

    Vous allez retourner tout de suite à son chevet et l’informer que je ne lui permets absolument pas de mourir.

    Le seul point qu’on peut porter à son crédit, c’est de penser à créer une banque westerosi, capable de prêter à la Couronne, pour se dégager du joug et des probables ingérences de la Banque de Fer dans les affaires et le commerce du royaume. Mais cette idée est destinée à rester une vague songerie, tant que les dettes ne sont pas remboursées et tant que Cersei considère une banque comme une grosse tire-lire où puiser des fonds à sa convenance.

    Une mère toxique

    Ce n’est pas nouveau, Cersei coche toutes les cases :

    Surprotectrice  :

     Il ne lui arrivera jamais le moindre mal tant qu’il me restera un souffle de vie.Elle tuerait de bon cœur la moitié des lords de Westeros et la totalité des gens du commun si tel était le prix à payer pour garantir la sécurité de Tommen. 

    Manipulatrice et castratrice :

    Tommen, lorsque tu fais tes prières avant de te coucher, ne manque pas d’exprimer à la Mère et au Père ta reconnaissance d’être encore un enfant. Régner est une rude besogne. Je te le garantis, tu n’aimeras pas beaucoup ça. Les gens te dévorent à coups de bec comme des corbeaux meurtriers. Tout le monde veut une lichette de ta chair.

    Et pourtant Cersei prétend aimer ses enfants et elle en est sincèrement convaincue. La mort de Joffrey l’a dévastée. Elle y revient à plusieurs reprises dans AFFC et dans ce chapitre précisément, lorsqu’elle se réjouit du chagrin de Margaery :

    Maintenant, tu sais quelles affres j’ai éprouvées, la nuit où mon Joffrey est mort.

    De même que Tommen est une constante préoccupation pour elle, dans la mesure où, sous l’influence de Margaery, le petit garçon échappe peu à peu à son contrôle.

    Sauf qu’elle voudrait protéger Tommen comme on protège un chaton voué à ne jamais grandir : elle « a » des enfants au sens possessif du terme ; jamais elle ne se dit qu’elle doit « élever » ses enfants, c’est-à-dire les faire grandir, les « élever » au sens propre du terme, consentir que Tommen soit un jour plus grand qu’elle. D’où cette scène d’une incroyable violence, lorsque Tommen tente de se rebeller et que par ses mots, il remet Cersei à sa place de régente alors qu’elle menace de s’en prendre physiquement à Margaery.

    C’est moi qui suis le roi. C’est à moi qu’il appartient de dire qui mérite d’avoir la langue arrachée, pas à vous. Je ne tolérerai pas que vous fassiez du mal à Margaery. Je ne le tolérerai pas. Je vous l’interdis.

      Cersei perd complètement la tête en détournant un système de punition déjà horrible et injuste mis en place pour éviter de toucher au corps sacré du roi en un moyen de coercition psychologique sadique exercée sur Tommen. Le pire étant que la torture de Pat est réellement exécutée par le roi, sous la menace d’une mutilation encore plus effrayante.
    Même Boros Blount qui n’hésitait pas à frapper sur ordre Sansa Stark n’obéit que de mauvaise grâce. Encore qu’on peut se demander, si en pareilles circonstances, Boros n’aurait pas obéi à Joffrey, sans moufter.

    À vos ordres, bougonna ser Boros, tout en jetant un coup d’œil embarrassé du côté du roi. Sire, veuillez avoir l’obligeance de m’accompagner.

    Et pourtant, c’est cette même Cersei dont le lecteur va avoir l’explication des peurs les plus secrètes que l’on va découvrir avec le rêve sur Maggy la Grenouille. Juste un dernier mot pour dire que le dévoilement de ce rêve est habilement préparé depuis les premiers chapitres de Cersei et qu’il est placé habilement dans le chapitre pour que le lecteur y voit comme la punition immanente suspendue au-dessus de la tête de Cersei, tout comme Cersei fait planer sur la tête de Tommen les punitions infligées à Pat. Mais c’est un tour de passe-passe, puisque la prophétie a précédé (et amplifié peut-être l’ensemble des comportements toxiques de Cersei).

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #194226
    R.Graymarch
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    Des vacances ?

    L’intrigue se retourne vers Cersei qui exulte car Peyredragon est tombée. Comme ça en plus, elle pourra passer pour une gentille et envoyer la flotte Redwyne. Car les nouvelles de là bas ne sont pas bonnes

    The news from the Reach seemed to grow more dire with every raven. The ironmen had not been content with their new rocks, it seemed. They were raiding up the Mander in strength, and had gone so far as to attack the Arbor and the smaller islands that surrounded it. The Redwynes had kept no more than a dozen warships in their home waters, and all those had been overwhelmed, taken, or sunk. And now there were reports that this madman who called himself Euron Crow’s Eye was even sending longships up Whispering Sound toward Oldtown.

    Mais ce qui intéresse Cersei, c’est Loras

    The queen drew Waters down into the window seat beside her. “Do we have Ser Loras to thank for this triumph?”

    His smile vanished. “Some will say so, Your Grace.”

    “Some?” She gave him a quizzical look. “Not you?”

    “I never saw a braver knight,” Waters said, “but he turned what could have been a bloodless victory into a slaughter. A thousand men are dead, or near enough to make no matter. Most of them our own. And not just common men, Your Grace, but knights and young lords, the best and the bravest.”

    “And Ser Loras himself?”

    “He will make a thousand and one. They carried him inside the castle after the battle, but his wounds are grievous. He has lost so much blood that the maesters will not even leech him.”

    “Oh, how sad. Tommen will be heartbroken. He did so admire our gallant Knight of Flowers.”

    “The smallfolk too,” her admiral said. “We’ll have maidens weeping into their wine all across the realm when Loras dies.”

    He was not wrong, the queen knew.

    Cersei est ravie et va donc s’empresser d’aller raconter ça à Margaery car franchement pourquoi ne pas répandre la joie autour de soi !!!

    “I do not want our precious Margaery to hear these tidings from a stranger, after all,” she said. “I will tell her myself.”

    “Your Grace is kind,” said Waters with a smile. A wicked smile, the queen thought. Aurane did not resemble Prince Rhaegar as much as she had thought. He has the hair, but so do half the whores in Lys, if the tales are true. Rhaegar was a man. This is a sly boy, no more. Useful in his way, though.

    Et comme elle est trop gentille, elle ment au début en oubliant de dire qu’il est mort

    Though the hour was late, the guards admitted Cersei at once. “Your Grace,” she began, “it is best you hear the news from me. Aurane is back from Dragonstone. Your brother is a hero.”

    “I always knew he was.” Margaery did not seem surprised. Why should she? She expected this, from the moment Loras begged for the command. Yet by the time Cersei had finished with her tale, tears glistened on the cheeks of the younger queen.

    Narrativement, c’est là qu’on apprend comment le siège a eu lieu (en supposant qu’on n’a pas menti à Cersei et qu’elle même est sincère, autant dire que c’est mince…)

    Toujours une belle saloperie de la part de Cersei

    Megga Tyrell was sobbing openly by then. “How did he die?” she asked. “Who killed him?”

    “No one man has that honor,” said Cersei. “Ser Loras took a quarrel through the thigh and another through the shoulder, but he fought on gallantly, though the blood was streaming from him. Later he suffered a mace blow that broke some ribs. After that . . . but no, I would spare you the worst of it.”

    “Tell me,” said Margaery. “I command it.”

    Command it? Cersei paused a moment, then decided she would let that pass. “The defenders fell back to an inner keep once the curtain wall was taken. Loras led the attack there as well. He was doused with boiling oil.”

    Lady Alla turned white as chalk, and ran from the room.

    “The maesters are doing all they can, Lord Waters assures me, but I fear your brother is too badly burned.” Cersei took Margaery in her arms to comfort her. “He saved the realm.” When she kissed the little queen upon the cheek, she could taste the salt of her tears. “Jaime will enter all his deeds in the White Book, and the singers will sing of him for a thousand years.”

    Marg fout Cersei dehors

    “Dying is not dead!”

    “I only want to spare you—”

    “I know what you want. Get out.”

    Now you know how I felt, the night my Joffrey died. She bowed, her face a mask of cool courtesy. “Sweet daughter. I am so sad for you. I will leave you with your grief.”

    Cersei dort sans Taena (qui console Margaery) ce soir et elle est fière de ce qu’elle a accompli

    Au matin, la routine reprend et on lui apporte des infos sur Tyrion. Dont une tête. Et une info hors contexte sur le valonqar (comme c’est malin). Ce n’est pas Tyrion et le « commerçant » est amené à Qyburn (ouch). Les trois autres ne sont pas mieux (petite mention d’une colline (hantée), comme Hugo Colline)

    Sad to say, the three would-be informers proved no more useful than the Tyroshi. One said that the Imp was hiding in an Oldtown brothel, pleasuring men with his mouth. It made for a droll picture, but Cersei did not believe it for an instant. The second claimed to have seen the dwarf in a mummer’s show in Braavos. The third insisted Tyrion had become a hermit in the riverlands, living on some haunted hill. The queen made the same response to each. “If you will be so good as to lead some of my brave knights to this dwarf, you shall be richly rewarded,” she promised. “Provided that it is the Imp. If not . . . well, my knights have little patience for deception, nor fools who send them chasing after shadows. A man could lose his tongue.” And quick as that, all three informers suddenly lost faith, and allowed that perhaps it might have been some other dwarf they saw.

    Taena se rapproche ensuite de Cersei et lui parle du barde bleu et si elle pouvait devenir un homme (évidemment que ça titille Cersei ce genre de proposition). Cersei envoie gentiment balader Jalabhar, puis les pyromants qui veulent trouver des oeufs de dragon. La formule est jolie en VO

    Ever since the last Targaryen dragon had died, all such attempts had ended in death, disaster, or disgrace.

    Elle envoie ensuite balader (plus ou moins) la banque de Fer

    The Braavosi were demanding repayment of their outstanding debts, it seemed, and refusing all new loans. We need our own bank, Cersei decided, the Golden Bank of Lannisport. Perhaps when Tommen’s throne was secure, she could make that happen. For the nonce, all she could do was tell the merchants to pay the Braavosi usurers their due.

    Cersei s’énerve face à la Foi armée puis face à Pycelle qui annonce que lord Gyles est souffrant

    “Be that as it may. You will return to Lord Gyles and inform him that he does not have my leave to die.”

    “If it please Your Grace.” Pycelle bowed stiffly.

    There was more, and more, and more, each petitioner more boring than the last.

    Petit point feast for crows

     Being king is hard work. I promise you, you will not like it. They peck at you like a murder of crows. Every one wants a piece of your flesh

    Tommen (poussé par Margaery) tente de se rebeller contre sa mère mais ça ne marche toujours pas

    “I’m the king. I get to say who has their tongues torn out, not you. I won’t let you hurt Margaery. I won’t. I forbid it.”

    Cersei took him by the ear and dragged him squealing to the door, where she found Ser Boros Blount standing guard. “Ser Boros, His Grace has forgotten himself. Kindly escort him to his bedchamber and bring up Pate. This time I want Tommen to whip the boy himself. He is to continue until the boy is bleeding from both cheeks. If His Grace refuses, or says one word of protest, summon Qyburn and tell him to remove Pate’s tongue, so His Grace can learn the cost of insolence.”

    “As you command,” Ser Boros huffed, glancing at the king uneasily.

    Elle va se coucher en pensant fugacement aux Castelfoyer qui finissent mal (comme prévu)

    “Such a dark night, Your Grace,” murmured Dorcas.

    Aye, she thought, but not so dark as in the Maidenvault, or on Dragonstone where Loras Tyrell lies burned and bleeding, or down in the black cells beneath the castle. The queen did not know why that occurred to her. She had resolved not to give Falyse another thought. Single combat. Falyse should have known better than to marry such a fool. The word from Stokeworth was that Lady Tanda had died of a chill in the chest, brought on by her broken hip. Lollys Lackwit had been proclaimed Lady Stokeworth, with Ser Bronn her lord. Tanda dead and Gyles dying. It is well that we have Moon Boy, or the court would be entirely bereft of fools. The queen smiled as she lay her head upon the pillow. When I kissed her cheek, I could taste the salt of her tears.

    Et là, on a enfin le fin mot de l’histoire avec Maggy la grenouille (venue avec des « épices », tiens tiens ça nous rappelle une famille) et Melara

     In Lannisport it was said that she had been young and beautiful when her husband had brought her back from the east with a load of spices, but age and evil had left their marks on her.

    On a encore un rituel lié au sang et des prédictions pour le moment assez justes. Je ne cite pas tout mais c’est bien d’avoir enfin le fin mot de l’histoire et plus d’explications sur ce qui fait vriller Cersei. Elle se réveille après un cauchemar et envoie Dorcas chercher Pycelle pour avoir un remède lui permettant de ne plus rêver. Elle menace Pycelle (quelle idée de s’en faire un ennemi à ce point) et il s’exécute. Elle en profite pour parler prophétie mais la réponse de Pycelle ne lui convient pas

    “Can our morrows be foretold?” he repeated slowly. “Mayhaps. There are certain spells in the old books . . . but Your Grace might ask instead, ‘Should our morrows be foretold?’ And to that I should answer, ‘No.’ Some doors are best left closed.”

    “See that you close mine as you leave.” She should have known that he would give her an answer as useless as he was.

    Cersei se renseigne aussi auprès de Taena

    “A woods witch? Most are harmless creatures. They know a little herb-craft and some midwifery, but elsewise . . .”

    “She was more than that. Half of Lannisport used to go to her for charms and potions. She was mother to a petty lord, a wealthy merchant upjumped by my grandsire. This lord’s father had found her whilst trading in the east. Some say she cast a spell on him, though more like the only charm she needed was the one between her thighs. She was not always hideous, or so they said. I don’t recall the woman’s name. Something long and eastern and outlandish. The smallfolk used to call her Maggy.”

    “Maegi?”

    “Is that how you say it? The woman would suck a drop of blood from your finger, and tell you what your morrows held.”

    “Bloodmagic is the darkest kind of sorcery. Some say it is the most powerful as well.”

    (et oups, elle dit que Melara est morte dans un puits

    “And you wish to forestall this prophecy?”

    More than anything, she thought. “Can it be forestalled?”

    “Oh, yes. Never doubt that.”

    “How?”

    “I think Your Grace knows how.”

    She did. I knew it all along, she thought. Even in the tent. “If she tries I will have my brother kill her.”

    Cersei pense à la suite : éliminer Margaery

    The evidence would need to be so overwhelming that even Margaery’s own lord father would have no choice but to consent to her execution. That would not be easy. Her lovers are not like to confess, knowing it would mean their heads as well as hers. Unless . . .

    The next day the queen came on Osmund Kettleblack in the yard (…). “Walk with me a bit,” she said, “and tell me true. I want no empty boasting now, no talk of how a Kettleblack is thrice as good as any other knight. Much may ride upon your answer. Your brother Osney. How good a sword is he?”

    “Good. You’ve seen him. He’s not as strong as me nor Osfryd, but he’s quick to the kill.”

    “If it came to it, could he defeat Ser Boros Blount?”

    “Boros the Belly?” Ser Osmund chortled. “He’s what, forty? Fifty? Half-drunk half the time, fat even when he’s sober. If he ever had a taste for battle, he’s lost it. Aye, Your Grace, if Ser Boros wants for killing, Osney could do it easy enough. Why? Has Boros done some treason?”

    “No,” she said. But Osney has.

    Bon plan, Cersei, bravo, tu gères… Ce succès à Peyredragon lui fait perdre tout sens de la mesure. Elle s’enfonce mais d’autres partiront avec elle dans sa chute.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #194246
    Liloo75
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    Merci Ysilla pour cette riche analyse du chapitre de Cersei.

    Nous avons ici encore la confirmation des grandes aptitudes de Cersei en qualité de régente, de mère et sur sa capacité à anticiper les périls qui menacent le royaume.

    Comme dans ses chapitres précédents, Cersei perçoit tous les évènements par le seul prisme de sa personne. Si Loras a réussi à prendre Peyredragon, c’est une très bonne nouvelle principalement parce qu’il y a quasiment laissé la vie.

    Cersei ne semble pas se préoccuper de l’avancée des Fer-nés dans la conquête des côtes à l’ouest de Westeros. Seuls lui importent la perte de Loras et le chagrin dont va être affligé Margaery.

    Cersei continue également à s’aveugler sur les conséquences des pouvoirs qu’elle a octroyés à la Foi Militante. Elle pense qu’il lui suffit de donner des ordres et que le Grand Septon va lui obéir. Encore une fois sa seule préoccupation est auto-centrée. Ah, si ce benêt de Lancel récemment engagé chez les Fils du Guerrier venait à parler…mais il n’est pas le seul à avoir une langue et à savoir s’en servir.

    Dans la dernière partie du chapitre, Cersei revit la prophétie de Maggy la Grenouille à travers un rêve. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle est spectatrice de son souvenir. La scène se déroule sous ses yeux, et elle n’a pas d’autre choix que de la subir. Elle voudrait bien prévenir la jeune Cersei et ses amies qu’il ne faut pas y aller, qu’elles doivent rebrousser chemin. En vain. C’est à croire que quelqu’un a arraché la langue de Cersei comme elle-même a menacé de faire arracher celle de Margaery.

    Le rêve de Cersei paraît à la fois très proche de son souvenir et en même temps différent sous certains aspects. Je me demande à quel point les souvenirs de Cersei sont fiables. Nous savons que la mémoire remodèle en permanence nos souvenirs, elle les réinterprète en permanence à l’aune de la mémoire immédiate. C’est une façon de ne pas les oublier.

    D’ailleurs, Cersei semble avoir occulté pourquoi Melara est tombée dans puits.

    Je me demande également dans quelle mesure cette prophétie n’est pas auto-réalisatrice.

    Certes, Cersei n’a pas pu inventer les 16 bâtards de Robert. Mais pour le reste ? La sorcière avait annoncé la mort de Melara. Et tiens donc, elle meurt.

    Cersei craint l’arrivée d’une jeune reine, elle est persuadée que c’est Margaery et elle fait tout pour s’en faire une ennemie.

    Même cette histoire de valonqar, n’est-ce pas Cersei qui a tout fait pour se faire détester de son(ses) frère(s)?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 7 mois et 3 semaines par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #194254
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    C’est à croire que quelqu’un a arraché la langue de Cersei comme elle-même a menacé de faire arracher celle de Margaery.

    Bien vu, Liloo, le rapprochement entre Cersei et Margaery. Toutes les deux effectivement, la jeune Cersei et la jeune Margaery, ont trop parlé.

    Le rêve de Cersei paraît à la fois très proche de son souvenir et en même temps différent sous certains aspects. Je me demande à quel point les souvenirs de Cersei sont fiables.

    Je serais portée à croire qu’ils le sont : Cersei, dans son rêve, établit bien la distinction entre  la Cersei qui essaie de se souvenir, à l’intérieur du rêve, des éléments du passé et les modifications  de la scène induites par le rêve.

    Dans la réalité vécue, la tête leur tournait, le souffle leur manquait, elles se chuchotaient des trucs pendant le trajet, et elles étaient aussi excitées qu’apeurées. Le rêve était différent. Dans le rêve, les pavillons étaient plongés dans l’ombre, et les chevaliers et serviteurs qu’elles croisaient étaient faits de brouillard. Elles erraient longuement avant de trouver la tente de la sorcière.

    Il y a  trois Cersei :  la Cersei inconsciente dont le cerveau produit le rêve  et agence les faits comme George écrit ses romans (sa trace se manifeste dans les détails modifiés ou occultés par rapport à la réalité vécue) la jeune Cersei qui reproduit dans le rêve une scène du passé, accompagnée d’autres personnages et surplombant le tout une Cersei qui évalue ce qu’elle voit et entend, semblable à la Cersei de l’état de veille, spectatrice, comme tu l’as dit Liloo, ou lectrice pour filer la métaphore.

    Si des détails sont occultés, rien n’empêche de considérer que ceux qui sont présentés dans le rêve sont bien fidèles à la réalité.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #194256
    Eridan
    • Vervoyant
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    On constate que son autorité ne s’affirme que dans des décisions qui ne lui coûtent rien et qui ne concernent que des individus sans pouvoir de nuisance sur la Couronne : Jalabhar Xho, Hallyne le Pyromant, le Tyroshi embobineur qu’elle fait amputer de son nez.

    J’aime beaucoup toute la partie « gouvernement » de ce chapitre. Déjà, Jalabhar Xho, que Cersei se flattait de débouter cette année parce qu’elle a tellement plus de courage que Robert … et bien dans ce chapitre, elle finit par agir exactement comme Robert : remettre à plus tard. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que Cersei tient plus de Robert que de Tywin ! ^^

    Le cas du Tyroshi (et des chasseurs de nains plus généralement) me semble intéressant aussi. Certes, c’est une corvée usante de se confronter à la cupidité, la bêtise et la désillusion à chaque fois … N’empêche que Cersei, en déboutant systématiquement et violemment tous ceux qui tentent de la satisfaire, réduit d’autant ses chances de retrouver Tyrion. Au bout d’un moment, la rumeur risque de se répandre que la reine condamne à des sévices cruels ceux qui la déçoivent … Combien tenteront encore leur chance à ce moment là ? (Qui plus est, on sait désormais (avec la lecture d’ADWD) où est Tyrion … Mais à l’époque où on l’ignorait, on pouvait penser que chacun des trois informateurs pouvait pointer vers la bonne direction.

    En passant :

    L’un d’eux garantit que le Lutin se planquait dans un bordel de Villevieille où il faisait jouir les hommes en les suçant. Tout bouffon que c’était à imaginer, Cersei n’y crut pas un seul instant. Le second se fit fort d’avoir vu le nain dans un spectacle d’histrions à Braavos. Le troisième soutint mordicus que Tyrion s’était fait ermite dans le Conflans et qu’il vivait sur une colline hantée.

    On ne connait pas encore le (la) nain(e) qui se prostitue à Villevieille, il me semble, si tant est qu’il existe vraiment. Le deuxième est un personnage que les spectateurs de la série ont vu et que les lecteurs des chapitres prépubliés de TWOW ont croisé également … Et le lien avec Tyrion existe bel et bien (cf. lien). Pour ce qui est du troisième, je me demande s’il ne s’agirait pas d’une déformation du fantôme de Noblecœur. ^^

    Dernier point politique qui m’intéresse : la lutte de la Foi contre la prostitution.

    – Comment cela ? En prêchaillant la chasteté le long de la rue de la Soie ? S’imagine-t-il qu’à force de prier sur les putains, il leur rendra leur virginité ?
    – Nos corps ont été façonnés par nos Père et Mère d’En Haut pour nous permettre d’accoupler mâle et femelle afin de procréer des enfants légitimes, expliqua benoîtement Raynard. Il est ignoble et peccamineux aux femmes de vendre à prix d’argent l’intimité de leurs parties sacrées. »
    […] « Ne vous avisez pas d’aller me sermonner, dit-elle. Les tenanciers de bordels nous ont fait part de leurs doléances, et à juste titre.
    – Si les pécheurs parlent, qu’est-ce qui obligerait les vertueux à écouter ?
    – Ces pécheurs-là alimentent les caisses royales, répliqua-t-elle vertement, et leurs liards aident à payer la solde de mes manteaux d’or et à construire des galères pour défendre nos côtes. Il faut aussi prendre en considération le commerce. Si Port-Réal n’avait pas de bordels, les navires s’en détourneraient au profit de Sombreval ou de Goëville. Sa Sainteté Suprême m’a promis la paix dans mes rues. Le putanat contribue au maintien de cette paix. Privés de putains, les hommes du commun sont enclins à recourir au viol. Dorénavant, que Sa Sainteté Suprême fasse ses prières dans le septuaire, c’est là qu’est leur place. »

    Le discours pro-prostitution est rodé. Un discours réaliste, pragmatique, cynique. « Ça rapporte, donc c’est bon. » On croirait entendre Littlefinger. C’est une ligne politique qui tranche avec les idéalismes que défendront Daenerys et Jon dans ADWD (suppression de l’esclavage, intégration des sauvageons) … De plus, je trouve le point de vue de Cersei très masculin, tourné vers les « clients » et les « gérants » mais pas vraiment vers les prostitués eux-mêmes, qui sont essentiellement des femmes. Bref, elle valide un schéma de domination totalement patriarcal. Cersei cherche de toute façon beaucoup à « jouer l’homme » : on se souvient de ses nombreux regrets sur le fait de ne pas être un homme, de sa volonté d’incarner l’héritier de son père, d’être un meilleur gouvernant que Robert, de son désir de prendre Taena comme un homme le ferait … Je crois d’ailleurs que pour elle, coucher avec Jaime est un moyen de conquérir un droit qui n’appartient traditionnellement qu’aux hommes, un droit interdit aux femmes : choisir son partenaire sexuel. Les hommes peuvent profiter d’amant(e)s multiples, « courir la gueuse » , mais ce n’est pas le cas des femmes des Sept Couronnes, fussent-elles de haute naissance.
    Cersei elle-même a beaucoup souffert d’être une femme dans un monde d’hommes (notamment le mariage politique avec Robert semble avoir été un traumatisme), mais là où une bonne reine, comme Rhaenys et Alysanne, essaie d’adoucir un tant soit peu la condition de ses semblables, Cersei ne défend en définitive que sa petite personne … et reproduit totalement les violences des schémas sociaux traditionnels avec toutes les autres femmes.

    D’ailleurs :

    Je connais l’auberge où se produit le Barde bleu, quand il ne chante pas sur convocation expresse de la petite reine, et certaine cave où un conjurateur transforme le plomb en or, l’eau en vin et les filles en garçons. Peut-être qu’il consentirait à mettre en œuvre ses sortilèges sur nous deux. Cela n’amuserait pas Votre Grâce d’être un homme pendant une nuit ?

    Une évocation de l’alchimie, une évocation christique et une évocation de changement de genre … C’est le troisième point qui m’intéresse, comme Cersei. Le conjurateur en est-il vraiment capable ? En relisant cette mention, j’ai pensé aux différentes techniques pour changer son apparence, évoqué dans ADWD par l’homme plein de gentillesse : les comédiens utilisent des artifices, les sorciers un charme, les sans-visage des technique plus poussées encore (chirurgie-magique ^^). Néanmoins, aucune de ces techniques ne transforme apparemment la nature profonde des êtres, ce sont des illusions. A la limite, la pratique du change-peau permet à un homme de vivre dans un corps de femme, et réciproquement, mais ça n’a pas l’air d’être la technique employée par le conjurateur, et je doute de toute façon que Cersei ait pu obtenir une grande satisfaction de cette expérience, quelle qu’elle soit. ^^

    Elle menace Pycelle (quelle idée de s’en faire un ennemi à ce point)

    Quelle idée de se faire des ennemis de Kevan, de Jaime, ou même de Tyrion et des Tyrell dont elle a pourtant un besoin vital ? ^^
    Cersei aime s’entourer « de flagorneurs et d’imbéciles » (selon la formule de Robert), elle choisit bien mal ses alliés. 😉

    Je me demande également dans quelle mesure cette prophétie n’est pas auto-réalisatrice.

    Elle ne l’est qu’en partie. En partant du principe que les paroles auxquelles on a accès sont bien celles qu’elle a entendu, il y a une partie de ces paroles qui sont autoréalisatrice, d’autres sont authentiquement impossible à prédire à l’époque. Par contre, je me demande si Cersei ne s’est pas conformée involontairement à certaines partie de la prédiction alors qu’elle aurait sans doute pu la combattre, la rendre fausse (typiquement, le nombre d’enfants qu’elle devait avoir). Cette conformation à la prophétie a sans doute entretenue sa peur et ses craintes pendant toutes ses années. Typiquement, la mort de Melara est le premier événement qui va l’amener à penser que la prophétie est vraie … mais c’est elle-même qui a réalisé cette prophétie-là en poussant Melara dans le puits (Cersei, artisane de sa propre ruine ^^ encore et toujours !)

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #194436
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci Ysilla (et les autres). Finalement on sait peu de choses du sort de Loras Tyrell. On ne dispose que du récit d’Aurane Waters (même Cersei se rend compte que c’est un personnage plus rusé qu’il n’en a l’air), déformé par Cersei.

    Pas grand chose à dire de plus sur la fameuse prophétie, j’avais oublié qu’on la découvrait via un rêve. Même si ses souvenirs sont manipulés consciemment et inconsciemment par Cersei, on comprend mieux certaines de ses obsessions par rapport à son petit frère et à la survie de ses enfants.

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