Le Cycle de Dune (Frank Herbert)

  • Ce sujet contient 41 réponses, 16 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Nymphadora, le il y a 6 mois.
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  • #132436
    O’Cahan
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Je viens de finir le premier tome du cycle & en farfouillant sur le forum, j’ai cru voir qu’il n’existait pas de sujet (surprise !). Donc, j’en crée un.

    La lecture du premier tome m’encourage à lire la suite ! j’ai beaucoup aimé l’univers « oppressant » d’Arrakis et tous ces personnages portés par des forces contraires à leur volonté. J’ai un peu moins aimé tout ce qui était vision presciente et globalement, la seconde partie du roman. J’y ai trouvé moins de « chair », si je puis dire.

    Quels sont vos tomes préférés de la saga ?

     

     

    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années par R.Graymarch. Raison: Auteur

    please mind the gap between your brain and the platform

    #132445
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 220

    L’un de mes auteurs préférés ! J’ai trouvé Dune très bon. Le Messie de Dune a une écriture beaucoup plus ésotérique, très nostalgique et j’ai eu du mal à rentrer dedans. Les Enfants de Dune, c’est une petite déception, j’ai l’impression qu’il manquait juste un petit quelque chose pour avoir le chef-d’œuvre absolu, de telle sorte que le plat en est… pas raté, mais un peu vide.

    L’empereur-Dieu de Dune est mon favori, j’ai dû le relire sept ou huit fois. Il est très axé dialogues et introspection, on pourrait le transcrire au théâtre presque tel quel mais ce serait impossible au cinéma. C’est bourré de réflexions, tellement que j’en fais plus un livre de philosophie ou de politique-fiction que de SF. Les dialogues sont aux petits oignons et bourrés d’humour, exemple lorsque le chef des gardes fait son rapport à l’Empereur, au tout début du livre :

    « Je connais votre dangereuse tolérance à l’égard des rebelles. Ce que j’ignore, par contre, c’est le contenu du paquet qu’elle vous a volé.

    « Ah, ça ? Ce sont les plans complets de cette Citadelle.

    « Et vous l’avez laissé partir avec ?

    « Non, c’est toi.

    Pour les deux derniers, Les Hérétiques de Dune et La Maison des Mères, je suis ambigu. ils sont à mon sens bien écrits mais un peu moins profonds, les sujets traités sont très intéressants, il y a de plus en plus de non-humains (ce que j’adore). Hélas, ce sont clairement les deux premiers tomes d’une trilogie dont la fin est manquante. Et puis, dans ces derniers ouvrages Herbert sort de la neutralité politique, il y a une thématique fortement libertarienne qui transparaît un peu plus à chaque tome et peut devenir pesante.

    Parmi la littérature anglophone, c’est mon cycle préféré. Pour ceux qui le découvrent, il y a juste un détail ou deux sur lequel il a un peu vieilli. Les personnages féminins sont très bien mais les relations hommes/femmes sont un peu caricaturales ou tiennent un peu trop du boulevard, par moment… Disons que ce sont de bons passages, mais ils sont cernés par de l’exceptionnel.

    Je n’ai pas lu les tomes parus après la mort de F. Herbert et écrits à partir de ses notes. Sinon, du même auteur mais dans un univers séparé, j’adore Destination Vide, d’ailleurs mon pseudo correspond à son personnage principal.

    #132449
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2918

    Lu, mais y’a bien deux décennies, donc les détails sont plus que flous. Je me souviens d’avoir beaucoup aimé, puis au bout d’un certain nombre de tomes, d’avoir été quand même un brin perdu. Les bouquins sont toujours dans ma bibli. A relire un jour.

    Destination: Vide est dans ma Pile à Lire… Mais bon comme c’est une bibliothèque à lire plus qu’une Pile à Lire…

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #132459
    Liloo75
    • Fléau des Autres
    • Posts : 3514

    J’ai lu le cycle de Dune il y a longtemps (20 ans déjà! ). Mais il m’a beaucoup marquée.

    Ce soir je l’ai conseillé à ma fille qui a peur de s’ennuyer pendant ses vacances confinées.

    J’ai découvert que je me souviens des Fremen, de la raison pour laquelle ils versent de l’eau pour les morts.

    Je me souviens des soeurs du Bene Gesserit et de leur rite d’initiation.

    Et j’ai pu réciter de mémoire (à ma grande surprise) la litanie sur la peur. Elle m’a servie bien des fois dans la vraie vie.

    Il y a des oeuvres qui laissent une trace. Celle-ci en fait partie.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Liloo75.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #132462
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9916

    J’ai lu ça aussi y a une éternité (et j’ai joué aux deux jeux vidéo^^). Je me souviens que les deux premiers tomes VF étaient très classiques. Certes, il y a la planète de sable, la civilisation Fremen, mais ça restait pour moi beaucoup « le jeune héros au milieu d’une conspiration ». Bien mené, mais classique. Peut-être pour accrocher.

    Les tomes suivants (j’ai lu jusqu’à La Maison des mères) révèlent vraiment toute l’ampleur du monde (la guilde du commerce, les mentats, le Bene Gesserit etc etc) et c’est là que je me suis vraiment rendu compte que c’était une oeuvre immense qui mettait très haut ses ambitions créatrices et littéraires. C’est vrai que c’est impressionnant, mais ça devenait aussi beaucoup plus compliqué et un peu dur à suivre. En plus, le dernier tome m’a paru plusieurs tons en dessous, du coup j’en garde un souvenir un peu contrasté. Peut-être car je suis passé à côté car lu trop jeune ou parce qu’il faut relire. Ou alors car à force de faire plus compliqué (plus ambitieux), l’auteur s’est un peu perdu. Ca reste un super classique de la SF, qui parait très dur à adapter fidèlement à l’écran, sauf le début. Je rapproche ça un peu d’Hyperion de Dan Simmons : ambitieux, génial au début puis.. j’ai rien capté

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par R.Graymarch.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #135561
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2918

    Relu Dune (le tome 1).

    Sentiment mitigé. Je me souvenais surtout de la partie dans le désert, donc j’ai trouvé ça long à démarrer (quasi la moitié du livre avant d’arriver à cela). Le complot de base reste totalement flou et inexpliqué, tout comme l’univers de façon général. Y’a des facilités, des personnages trop peu exploités.

    Mais y’a aussi de belles fulgurances, et arrivé sur la seconde partie j’ai continué à lire avec un plaisir certain, les chapitres s’enchaînant sans peine. Peut-être fallait-il ce temps pour rentrer (de nouveau) dans ce monde.

    Un peu daté, donc, mais toujours pas mal du tout.

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    #135919
    usul
    • Frère Juré
    • Posts : 96

    est ce qu’il y en a qui ont joué au jeu de carte (fin  90) d’ailleurs ?

    #noonesinglikeChrisAnyMore
    Les soldats vivent .... et ne savent pas pourquoi.

    #135938
    Babar des Bois
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4734

    Petit point qui pourra intéresser les lecteurs de Dune : les Éditions L’Atalante et Leha, en collaboration avec Lloyd Chery (que certains connaissent peut-être il a travaillé sur le point pop GoT) et plein d’auteurs lancent un Mook (hybridation entre revue et livre) sur Dune : présentation de l’oeuvre, de l’auteur, analyses, etc…

    C’est par ici que cela se passe (avec une description plus détaillée) : https://fr.ulule.com/dune/

    (et les auteurs annoncés ne nous sont pas tous étrangers 😀 :D)

    #hihihi
    Co-autrice : "Les Mystères du Trône de Fer II - La clarté de l'histoire, la brume des légendes" (inspirations historiques de George R.R. Martin)
    Première Prêtresse de Saint Maekar le Grand (© Chat Noir)

    #135943
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4252

    C’est très tentant !

    (et oui, j’ai bien étudié la liste des contributeurs )

    #136018
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4048

    Très beau projet ! Je souscris de ce pas !

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #143527
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7872

    Il n’est jamais trop tard : j’ai enfin attaqué Dune et je viens de finir le premier tome.
    J’avoue que mon avis rejoint assez celui de @DNDM :

    Sentiment mitigé. Je me souvenais surtout de la partie dans le désert, donc j’ai trouvé ça long à démarrer (quasi la moitié du livre avant d’arriver à cela). Le complot de base reste totalement flou et inexpliqué, tout comme l’univers de façon général. Y’a des facilités, des personnages trop peu exploités.

    Mais y’a aussi de belle fulgurances, et arrivé sur la seconde partie j’ai continué à lire avec un plaisir certain, les chapitres s’enchaînant sans peine. Peut-être fallait-il ce temps pour rentrer (de nouveau) dans ce monde.

    Le démarrage fut lent : on connaît déjà l’issue de la conspiration, mais on nous place dans cet univers et ce complot sans clef, sans les tenants et avec tous les aboutissants déjà en main… pourquoi pas, ça entretient la curiosité… Mais d’un autre côté, l’intro est du coup très très longue et on a l’impression que tout commence vraiment une fois la moitié du roman passée.

    J’ai par ailleurs eu beaucoup de mal à m’attacher aux personnages : l’auteur crée une distance entre le lecteur et les personnages, rajoutant en plus des ellipses sur des moments de vie qui pourraient peut-être nous les faire voir plus humains… Or, je fais partie de ces lecteurs qui ont besoin de s’attacher aux personnages pour vraiment rentrer dans ma lecture, du coup, je suis restée un peu sur ma faim.

    Il n’empêche qu’on sent toute la richesse du monde et des thématiques abordées, et ça donne envie de lire la suite pour creuser. Je comprends totalement ce qui fait du livre un classique de la SF, ça ne paraît pas immérité une minute.

    ~~ Always ~~

    #143591
    Prydain
    • Frère Juré
    • Posts : 78

    Une belle saga, avec toutefois quelques difficultés quant au style, plutôt inégal. L’imaginaire est riche et addictif, à croire que l’épice m’enivre, j’ai plus aimé le « background » que certains personnages comme Paul Atréides.. ou bien ces antagonistes archétypaux tels que les Harkonnen. L’écriture est riche, érudite ; j’ai adoré le pouvoir psy basé sur la voix et le son, dont use les Soeurs et le héros futur empereur dieu de Dune.. Au fond le vrai personnage de la série c’est la planète Dune et son étrange écosystème. A l’heure actuelle, des récentes découvertes en planétologie, un monde désertique comme celui là est tout à fait probant ( j’imagine une planète terrestre deux ou trois plus grande que la Terre). D’une certaine façon, notre voisine Mars aurait pu  faire penser à ce monde, pour l’aspect désert et tempêtes planétaires qui y sévit.  Je n’ai pas encore lu l’entièreté de la saga, je me suis arrêté à   » L’empereur dieu de Dune » et je suis parfaitement d’accord avec le post précédent de John Lon Bickel.

     

    #145570
    PierreKirool
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 112

    Je suis en pleine relecture de Dune, qui à l’occasion de la sortie au cinéma de l’adaptation de Denis Villeneuve, a fait l’objet d’une réédition en France dans un tome magnifique avec une traduction revue et corrigée:

    A priori, les autres tomes devraient aussi sortir sous ce format à partir de l’année prochaine, de quoi troner en belle place dans une bibliothèque !

    J’ai également reçu le MOOK via la campagne de financement participatif, et j’attends de finir le livre pour l’attaquer mais clairement c’est aussi un très bel objet.

     

    Concernant la relecture, j’avais lu étant très jeune le livre que j’avais trouvé difficile à aborder, énormément de termes spécifiques, lieux et personnages sont balancés dès le premier chapitre (plus que dans AGOT il me semble).

    Je me souviens bien de Paul et de son périple dans le désert de Dune, mais je ne me souvenais plus que la partie sur les Atreides avant le renversement par les Harkonnen était si longue (en taille, je n’ai pas trouvé ça long à lire).

    J’avais lu les suites également avant de m’y perdre à l’époque, très (trop) ésothériques et mystiques à mon goût de jeune pré-ado.

    Une œuvre extrêmement riche, plaisante à redécouvrir !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 5 mois par PierreKirool.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 5 mois par PierreKirool.
    #147494
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7872

    Dune et le Trône de Fer : parallèles de Glace et de Feu

    Avis aux intéressés !

    ~~ Always ~~

    #147496
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9916

    Et vendredi dernier, trois contributeurs au Mook, dont Nicolas Allard étaient les invités de France Culture pour parler Dune

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-vendredi-11-decembre-2020

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #148030
    Ezor
    • Pisteur de Géants
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    J’allais poster la même reco que Gray, ayant écouté le podcast hier. il y a aussi le Fossoyeur de Film qui parle des adaptations du livre dans ce podcast/

    --Ezor--

    Spoiler:

    #158490
    Beuleu 49
    • Éplucheur de Patates
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    J’ai lu Dune il y a des années. Avant la sortie du film en septembre 2021, je veux le relire. MAIS : je constate que le tome 1 comporte des annexes. Sont-elles indispensables, ou peut-on s’en passer ? Dois-je commencer par ces annexes ou puis-je les laisser de côté ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 8 mois par R.Graymarch.
    #158511
    Liloo75
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    J’ai lu Dune il y a des années. Avant la sortie du film en septembre 2021, je veux le relire. MAIS : je constate que le tome 1 comporte des annexes. Sont-elles indispensables, ou peut-on s’en passer ? Dois-je commencer par ces annexes ou puis-je les laisser de côté ?

    A mon avis, tu n’es pas obligé de commencer par les appendices. Mais cest bien de pouvoir les consulter quand tu te poses des questions sur certains sujets.

    De même pour le lexique. C’est utile de connaître le vocabulaire de l’Empire.

    Bonne relecture 😉

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #159924
    FeyGirl
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    Je profite de la sortie du film pour relire la saga (que je n’avais pas lu jusqu’au bout). Je fais ici un copié-collé de la chronique du tome 1 sur mon blog.

    Profitons de la prochaine sortie du film pour relire Dune ! En ce qui me concerne, la découverte de cet univers remonte au film de 1984, suivi quelques années plus tard par la lecture des deux premiers tomes. Mais ça date, et je choisis la nouvelle version révisée, avec la traduction expurgée de quelques inexactitudes.

    Faut-il encore présenter le roman ? Un premier tome dense qui nous transporte immédiatement dans un autre monde complexe, inquiétant, et fascinant : l’humanité vit sur de très nombreuses planètes appartenant à un Empire galactique, mais un certain équilibre des pouvoirs s’est mis en place entre L’Empire et sa famille, les Grandes Maisons, La Guilde de l’espace et le Bene Besserit. Civilisation qui rejette les ordinateurs depuis le Jihad Buthlérien, grande guerre contre les « machines pensantes », elle a besoin de l’Épice, ne serait-ce que pour assurer la navigation spatiale, monopole de la Guilde. Mais cette Épice a aussi d’autres capacités, elle peut supprimer les barrières du temps et de l’espace pour qui possède le don pour l’utiliser. Dans ce contexte, les rivalités sont nombreuses et les inimitiés féroces.

    Le lecteur est happé par les intrigues politiques, les manigances, les trahisons, et la lutte du jeune Paul pour reconquérir la planète Arrakis surnommée Dune. Mais Paul est plus qu’un Duc, car les sélections génétiques du Bene Gesserit couplées à l’Épice — élément non prévu par ce même Bene Gesserit — le transformeront en être hors-norme, doté d’une prescience floue, changeante, mais qui lui fait entrevoir un avenir inquiétant. Bénéficiant de l’éducation de sa mère qui lui a enseigné les techniques de maîtrise bene gesserit, mais aussi de l’instruction de l’héritier d’un duc avec son lot d’apprentissages de la politique et des techniques de combat, Paul deviendra le chef des Fremens et leur donnera — et se donnera à lui-même — une grande victoire, promesse d’un fabuleux avenir. Enfin, promesse ? Pas tout à fait, car Paul ne sait comment éviter un futur qu’il entrevoit, marqué par le jihad qui déferlerait sur l’univers connu. La suite de la saga nous en dira plus, mais n’oublions pas que l’auteur voulait nous prévenir des chefs « providentiels » et pensait que le culte du chef annonçait des tyrannies.

    Le personnage de Paul lui-même suit le schéma du héros qui chute et qui suit un long chemin pour revenir à la lumière. Mais contrairement à d’autres romans, Paul-Muad’Dib est un personnage élevé pour devenir chef, qui mûrit et surtout se durcit après la chute de sa Maison et la vie dans le désert. Connaissant la solitude du pouvoir, il apprend à diriger les hommes, à se comporter en vrai chef de guerre et finit comme un chef tout court : la scène finale montre qu’il n’hésitera pas à prendre des décisions radicales si nécessaire, même si cela ne plaît pas à ses proches.

    Dune, c’est aussi des sociétés diverses comme la féodalité de l’Empire, où l’équilibre des pouvoirs est de façade et n’évite pas les alliances opportunistes, ou encore les Fremens, autres héros du livre, dont la civilisation est façonnée par les conditions de vie très rudes et le manque d’eau. Politiques, religions, manipulations à long terme, l’auteur a vu grand et décrit des systèmes complexes et, somme toute, réalistes ; que ce soit les liens amicaux ou familiaux, ou à plus grande échelle les rapports entre grandes puissances. Dans ce contexte, les complots sont inévitables, le danger est tapi partout et il est difficile pour un personnage de savoir à qui se fier, hormis ses amis de très longue date. Là aussi, le lecteur y croit, puisque même si l’univers est imaginaire, les personnages restent très humains. Les forces armées et les batailles ne sont pas oubliées, car ce roman offre un souffle épique qui ajoute au rêve pour tout lecteur.

    Le Bene Gesserit évoque ces quelques femmes du passé proches du pouvoir qui ont profondément influencé leur mari ou fils tout en vivant dans leur ombre (les exemples historiques existent). Organisation de femmes qui reste mystérieuse malgré son influence, elle a tissé depuis des siècles les fils d’un projet basé sur des sélections génétiques. Les Bene Gesserit ont manipulé les religions et les croyances de peuples, mais elles-mêmes sont portées par un mysticisme qui « justifie » leur programme de sélection à travers les siècles et l’instruction des jeunes filles qu’elles prennent sous leurs ailes. Leur volonté de donner naissance à un Kwisatz Haderach doté de pouvoirs sera à la fois une réussite et un échec. Prenez garde à la réalisation de vos vœux, car vous ne maîtrisez pas tous les éléments.

    Enfin, le dernier personnage de ce tome est Dune, surnom de la planète Arrakis. Un immense désert dont la majeure partie reste inconnue de l’Empire, âpre, dangereux. Pourtant, c’est la patrie des Fremens, c’est la seule source de l’Épice dans tout l’Empire, c’est un lieu de chaleur qui assèche et de pièges qui ne pardonnent pas. L’évolution écologique de la planète pendant le cycle reste un ressort dramatique, puisqu’un jour, un homme de l’Empire est venu parler aux Fremens et leur a promis une Arrakis où l’eau coulerait partout… Et les Fremens ont commencé à rêver d’une autre Arrakis.

    Il m’est arrivé, parfois, de trouver que certains évènements, certains dialogues ou quelques retournements de situation étaient trop rapidement brossés. Ou, peut-être, j’en voulais encore plus ? Je chipote, car cela n’enlève rien à la dimension exceptionnelle de l’ouvrage qui, à juste titre, a marqué la science-fiction. Après Dune, difficile d’écrire un space-opera trop simpliste.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 7 mois par FeyGirl.
    #161128
    FeyGirl
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    J’ai poursuivi sur le tome 2 (je copie-colle le texte de mon blog)

    Douze ans après le tome précédent, Paul-Muad’Did est l’Empereur de l’univers connu. Durant cette ellipse temporelle, le jihad des Fremens a déferlé sur des milliers de planètes, tué des milliards de personnes, et imposé une nouvelle religion dont Paul est la divinité. Le cadre que l’on découvre au début de ce roman est bien différent de celui qu’on avait laissé à la fin de Dune : si le lecteur pouvait espérer un avenir meilleur, Frank Herbert fait le pari du réalisme cru en proposant un monde sous le joug de la tyrannie de notre héros.

    Le ton est donné : Paul n’est pas devenu un personnage positif, mais un Empereur inflexible qui n’a pas hésité à exécuter des opposants. Notamment, toute personne qui se dresse contre « sa » religion s’expose à la fureur de Paul-Muad’Did. Même si celui-ci n’approuve pas tous les éléments de cette croyance, il s’en sert pour asseoir son pouvoir. La vision qu’a l’auteur de l’utilisation voire de la manipulation de la religion par le pouvoir est sombre et réaliste, l’Histoire l’a montrée.

    Pourtant, le protagoniste imaginé par Frank Herbert reste humain : il est profondément attaché à sa compagne Chiani malgré les pressions pour avoir un héritier avec son épouse Bene Gesserit Irulan, à sa sœur Alia devenue un personnage clef de la religion et par-là même du pouvoir, et à ses lieutenants de la première heure. C’est un trait de génie : ne pas faire de Paul un monstre tyrannique, mais le montrer comme un être humain en dépit des horreurs commises en son nom. On est loin du « grand méchant ». Car Paul est doté d’une prescience qui lui laisse entrevoir des possibilités d’avenir qui s’entrechoquent et qui l’effraient, mais tenter de le changer serait, de son point de vue, pire encore. Cette certitude plane tout le long du roman et accentue l’ambiance sombre. Le destin est en marche, et Paul n’est que son instrument.

    Car Paul a de nombreux ennemis, dont tous ceux qui ont beaucoup perdu lors de l’accession des Atréides au trône : les Bene Gesserit, la Guilde de l’espace, et les Bene Tleilaxu, nouveaux venus dans l’univers de Frank Herbert. Ils créent des gholas en « ressuscitant » un mort à partir de la chair des défunts et le modèlent pour servir leurs intérêts. Avec les Grandes Maisons vaincues, ils montent une conspiration, mais chacun a ses propres intérêts et place ses pièces dans un jeu complexe.

    Pour Paul, le danger est partout et la menace omniprésente. Entre sa sœur Alia au tempérament guerrier et impulsif, le ghola de Duncan Idaho offert par ses ennemis et qu’il est obligé d’accepter, le manque d’héritier, des Fremens attachés aux anciennes traditions qui complotent, les manœuvres de la Guilde et des Bene Gesserit et des Bene Tleilaxu, et enfin toutes ses visions qui l’assaillent, le prix du pouvoir est très élevé.

    Ce roman est bien plus court que le précédent et sans grande bataille, mais possède une atmosphère dense et étouffante. La ville capitale et son palais sont dangereux. Des passages entiers sont introspectifs et parfois cryptiques. Certains événements regorgent de symbolique, notamment ce qui arrive à Paul à la fin du récit et qui souligne le titre du tome : le Messie a définitivement échappé à ses créateurs.

    De la tension, des plans dans les plans pour renverser l’Empereur, une Arrakis en mutation, des perdants prêts à tout, des trahisons, un pouvoir politique qui se base sur la religion et multiplie ses ennemis, une vision fragmentée et effrayante de l’avenir : un tome riche qui appelle une suite. Ça tombe bien, elle m’attend.

    #161137
    DNDM
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    Purée j’ai quasi aucun souvenir de tout ça mais tu me donnes envie de le relire.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #161142
    R.Graymarch
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    De mes lointains souvenirs, je dirais que sur une échelle du fumeux allant de 0 à 100, tu es à 15^^

    Après, c’est…. différent.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #161158
    FeyGirl
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    Purée j’ai quasi aucun souvenir de tout ça mais tu me donnes envie de le relire.

    Moi aussi, je l’avais lu il y a tellement longtemps que mes souvenirs étaient très flous !

    De mes lointains souvenirs, je dirais que sur une échelle du fumeux allant de 0 à 100, tu es à 15^^ Après, c’est…. différent.

    A l’époque, je n’avais lu que jusqu’au tome 3. J’envisage aujourd’hui de lire toute la série (6 tomes). Par contre, les avis sont plus mitigés sur les livres de son fils, qui semblent presque être de la fan-fiction.

    #161161
    Liloo75
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    De mes lointains souvenirs, je dirais que sur une échelle du fumeux allant de 0 à 100, tu es à 15^^ Après, c’est…. différent.

    A l’époque, je n’avais lu que jusqu’au tome 3. J’envisage aujourd’hui de lire toute la série (6 tomes). Par contre, les avis sont plus mitigés sur les livres de son fils, qui semblent presque être de la fan-fiction.

    Je relis Dune également 😉

    J’avais lu les romans de Franck Herbert il y a une vingtaine d’années. Je ne me souviens que des grandes lignes. Et je prends plaisir à la relecture.

    En revanche, je me souviens d’avoir essayé de lire les suites et préquelles écrites par son fils. Je n’ai jamais terminé. C’est trop éloigné de l’univers originel. Et j’ai eu du mal avec certains personnages que je ne reconnaissais plus (surtout dans les préquelles où nous sommes censés retrouver les héros que nous connaissons bien, plus jeunes).

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #161162
    R.Graymarch
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    Par contre, les avis sont plus mitigés sur les livres de son fils, qui semblent presque être de la fan-fiction.

    On m’a toujours dit de ne pas les lire et je tiens à profiter de l’expérience des autres plutôt que répéter leurs erreurs. J’ai arrêté à La Maison des mères et c’était moyen. Mais faut dire que ça faisait longtemps que c’était beaucoup plus aride (tu l’as ?) et difficile à lire. Mais aussi ambitieux et assez unique à l’époque. Bref, dans mes souvenirs, les 2 premiers livres sont très classiques (une façade avec « un héros orphelin appelé à une grande destinée ») donc faciles à aborder. La suite, beaucoup moins

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #161163
    FeyGirl
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    (tu l’as ?)

    Oui, à la bibliothèque municipale

    @corneille13 et @r-graymarch : vos avis me découragent pour les préquelles et séquelles… En même temps, ce n’est pas comme si je n’avais pas d’autres sagas à découvrir

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par FeyGirl.
    #161366
    PierreKirool
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Bref, dans mes souvenirs, les 2 premiers livres sont très classiques (une façade avec « un héros orphelin appelé à une grande destinée ») donc faciles à aborder.

    Herbert avait une peur et un rejet terrible de l’adoration des masses pour la figure du Héros. Pour lui, JFK était tellement populaire qu’il avait tout ce qu’il fallait pour transformer les USA en dictature avec l’approbation du peuple.

    Dune reprend effectivement la construction classique du héros jusqu’au sommet.
    Le Messie de Dune déconstruit ensuite méthodiquement toute cette pyramide (je m’arrête là, ne voulant pas spoiler).
    C’est le message principal d’Herbert: les héros ne sont que des dictateurs en puissance, les croyances et adorations de masse n’amènent qu’à l’asservissement des peuples.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par R.Graymarch.
    #163260
    Lapin rouge
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    Dans la perspective de la sortie du film, je me suis décidé à lire tous le cycle de Franck Herbert, ou, plus exactement, de relire les quatre premiers tomes, que j’avais déjà lus il y a fort longtemps, et de lire les deux derniers, le tout en VO. Sans faire un panorama détaillé (aisément trouvable sur internet), je rappelle que Franck Herbert a écrit 6 volumes en tout :

    1. Dune
    2. Le Messie de Dune
    3. Les Enfants de Dune
    4. L’Empereur-Dieu de Dune
    5. Les Hérétiques de Dune
    6. La Maison des mères

    Je précise que je vais tenter d’éviter les spoilers dans la suite de mon propos, mais que je ne peux garantir l’absence totale d’information générale sur les intrigues des romans. Sans entrer dans les détails, les trames d’ensemble des intrigues seront abordées. Vous êtes avertis.

    J’ai lu que ce cycle était parfois réparti deux trilogies. Pour moi, il s’agit plutôt de trois dyptiques : les deux premiers tomes sont centrés sur Paul, les deux suivants sur son fils Leto II, et les deux derniers sur une lointaine descendante des deux premiers, Darwi Odrade.

    Autant le dire tout de suite, je retire de cette lecture une impression mitigée. Le cycle représente une étape importante dans l’évolution de la SF, et il brasse une quantité de thématiques impressionnante. Son ampleur et sa puissance suggestive sont également notables. Pour autant, son écriture n’est pas toujours très fluide ni claire (mais ma lecture en VO a pu jouer), et on peut se demander s’il a bien vieilli.

    Comme mon post est vraiment très (trop) long, je l’ai structuré en deux grands volets, l’un sur les thématiques de l’œuvre et l’autre sur ses qualités d’écriture.

    Les thématiques

    Ce quoi m’avait marqué à l’époque de ma première lecture, et qui constituait une certaine innovation lors de son écriture, c’est d’abord la rupture avec une SF marquée par la technologie et la science (les robots, les ordinateurs, les vaisseaux spatiaux, etc.). Dans l’univers de Dune, ces aspects techno-scientifiques sont peu présents. Déjà, il n’y a quasiment plus de recours aux ordinateurs, ceux-ci ayant été supprimés lors du « Jihad butlérien », grande révolte contre les ordinateurs ayant eu lieu 10.000 ans avant le début du cycle. Depuis, certains humains, les mentats, ont appris à pousser au maximum les capacités de leur cerveau, devenant ainsi des sortes d’ordinateurs humains. Les autres aspects technologiques sont assez peu développés : les vaisseaux spatiaux sont dirigés par les navigateurs de la Guilde, grâce à la prescience que l’Épice leur confère, et ils ont la capacité de « replier » l’espace par l’« effet Holtzman », et on n’en saura pas beaucoup plus. On voit aussi des « suspenseurs » qui semblent permettre une certaine anti-gravité.

    Bref, la technologie est clairement une thématique qui n’intéresse pas Herbert. D’ailleurs, alors que le cycle embrasse plusieurs milliers d’années, on n’a pas l’impression d’une grande évolution technologique. On retrouve là une caractéristique commune à de nombreux cycles de fantasy (dont Le Trône de Fer), où le monde semble bloqué pendant des siècles dans un contexte médiévalisant.

    Petit focus au passage pour les armes : le cycle de Dune (surtout les premiers tomes) fait la part belle aux combats à l’arme blanche, il est vrai beaucoup plus spectaculaires et intéressants que ceux aux armes à feu ou aux armes fictionnelles (type lasers ou autres canons à protons ionisés), mais, contrairement à d’autres univers fictionnels (Star Wars), il donne une explication à cette situation : les armes à distance sont neutralisées grâce à un « bouclier », une sorte de champ de force repoussant les projectiles trop rapides. Le seul moyen de pénétrer un bouclier est de frapper suffisamment lentement pour que le coup pénètre. Quant aux armes atomiques, leur utilisation sur un bouclier génère une explosion telle qu’elle anéantit l’agresseur et sa cible. Voilà une manière élégante de justifier des duels épiques au couteau dans un univers futuriste. Cependant, l’auteur ne va pas toujours au bout de sa logique : on apprend que les boucliers sont inutilisables dans le désert de Dune, car ils attirent les vers. Mais alors, pourquoi donc les batailles dans ce désert ne font-elles pas usage d’armes à projectiles ? Pourquoi les Fremen, habitants du désert, se battent-ils toujours au couteau ?

    Une autre caractéristique du cycle, c’est la réflexion qui le sous-tend sur le Pouvoir, son exercice, sa légitimité. Voilà un autre élément qui le rapproche du TdF. C’est notamment flagrant dans les deux premiers tomes, qui doivent vraiment être lus ensemble, sous peine de risquer une méprise sur le propos de l’auteur. En effet, le premier décrit l’accès au pouvoir du héros, et le second sa chute. En s’arrêtant au premier, on peut avoir l’impression d’un récit classique où le gentil gagne à la fin, mais Franck Herbert voulait surtout montrer à quel point le Pouvoir corrompt, et le Pouvoir absolu corrompt absolument. Un peu comme GRRM, il s’intéresse à ce qui se passe après la victoire, à la manière dont le vainqueur exerce son pouvoir après l’avoir conquis.

    Là encore, j’ai lu un peu partout que l’ambition de Franck Herbert était de montrer les risques qu’il y a à s’en remettre à un homme providentiel. Mais, si le premier dyptique correspond à ce programme, je suis plus dubitatif sur la suite du cycle, où un être semi-divin (l’Empereur-Dieu) est présenté comme celui qui guide l’humanité vers son salut, même au-delà de sa mort. Donc la dénonciation de l’homme providentiel semble tourner court.

    Le cycle aborde encore bien d’autres thématiques (la place des femmes, les manipulations génétiques, le complotisme, la prescience, la religion, l’écologie), mais j’ai été déjà assez long comme cela.

    L’écriture

    Au plan de l’agrément de lecture, j’ai été frappé par la puissance imaginative de l’univers créé par Franck Herbert : les vers de sables, le Bene Gesserit, les Fremen, la planète Dune elle-même sont des créations qui marquent le lecteur, et qui restent mémorables une fois le livre fermé. Mais, là encore, l’essentiel se trouve dans les deux premiers tomes, et la suite a du mal à renouer avec cette inventivité.

    On peut reprocher un certain manichéisme à l’ensemble de l’œuvre (les Harkonnen dans le premier tome, les Honorées Matriarches dans les deux derniers) : les méchants sont vraiment très méchants, sans guère de nuance ni de rémission. Bon, c’est à nuancer dans le dyptique du milieu, et, en revanche, les gentils ne sont parfois pas si gentils, et il y a aussi des cas plus complexes et intéressants (Alia, Leto II, Schwangyu), mais globalement, c’est quand même un peu simpliste.

    Un autre défaut de l’œuvre réside dans son caractère généralement assez verbeux. La scène typique des romans va mettre en présence plusieurs protagonistes qui dialoguent, chaque réplique étant entrecoupée par les réflexions du protagoniste du point de vue duquel le lecteur voit la scène, des réflexions du genre « Il me dit cela, sans doute parce qu’il veut que je pense ceci, mais sait-il que je sais qu’il sait que je sais ce truc ? Je vais devoir lui faire comprendre que j’ai compris, mais sans trop en dire, si jamais ce n’est pas cela qu’il voulait dire… » Bref, c’est assez complexe, parfois tortueux, et cela nuit à la dynamique de la scène. Les scènes d’action pure sont finalement assez rares, et pas toujours très bien décrites (bon, tout ce paragraphe est vraiment subjectif, d’autres lecteurs ne sont pas du tout rebutés par cette écriture).

    Par ailleurs, les romans étant très centrés sur les luttes de pouvoir, on s’intéresse peu à la société en général. Comme pour la technologie, on n’a l’impression que cela ne concerne pas l’auteur. Dans le tome 5, on quelques scènes où un des personnages se retrouve brièvement mêlé à la vie quotidienne des habitants d’une planète, mais ça m’a fait bizarre tant cela tranche avec le reste du cycle, où on fréquente plutôt les lieux de pouvoir. D’où une impression d’être toujours un peu hors-sol.

    Enfin, le cycle pâtit sur la fin de son inachèvement. Franck Herbert est mort avant de pouvoir écrire le tome 7 (hum…), et, de ce fait, on reste sur plusieurs énigmes sans réponse. Vus les commentaires généraux sur la médiocrité des suites rédigées par son fils Brian et Kevin Anderson, je me suis contenté des résumés sur internet pour en savoir plus.

    En conclusion, je me rends compte que mon propos est un peu trop négatif, mais il est vrai que j’ai pas mal tiré la langue au long de la lecture de ce cycle. Je pense qu’on peut s’en tenir au deux premiers tomes, pour moi les meilleurs, et ne se lancer dans la suite que si on est vraiment passionné. Avertissement : le tome 4 a été pour moi le pire (ce n’est pas pour rien que je m’étais arrêté là autrefois). Si vous en venez à bout, autant poursuivre avec les 5 et 6, ça devrait aller mieux.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #163282
    DNDM
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    Joli pavé, joli résumé des faiblesses du cycle. ^^

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #163313
    Altair
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci pour ce résumé, même si je te trouve aussi un peu négatif 😉 Je suis personnellement un fan inconditionnel de la saga de Dune, qui n’a pour moi que deux  »concurrents » du même niveau: GOT et LOTR (je precise que j’aime bien aussi SW et HP, mais a mon sens ils ne jouent pas dans la même catégorie). Un autre article de ce site décrit très bien tous les parallèles qui existent en particulier entre Dune et GOT.

     

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