[Auteur] Robert Jackson Bennett

  • Ce sujet contient 15 réponses, 6 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par FeyGirl, le il y a 1 mois et 1 semaine.
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  • #168275
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Saga qui a très bonne presse, et dont DNDM et Liloo nous ont dit grand bien, les maîtres enlumineurs nous amènent à Tevanne, auprès de Sancia, une jeune voleuse aux capacités mystérieuses qui se retrouve prise dans un complot d’une ampleur qui la dépasse. Prévue en trois tomes (le dernier sortira apparemment en juin 2022 en anglais, donc pas longtemps à attendre *kof kof*), nominée à un certain nombre de prix (Imaginales, elbakin), je me suis dit que la saga méritait bien son topic ici ^^

    Du coup j’ai lu le premier tome, et quel plaisir de lecture ! On est clairement sur un livre popcorn, avec des rebondissements, des personnages pleins d’humour et de ressources. C’est d’une efficacité redoutable, avec un chouette système de magie qui se dévoile petit à petit, des mystérieux artefacts d’anciennes civilisations, et globalement un univers cohérent qu’on adore découvrir. Le rythme est soutenu, mais on prend quand même le temps de s’attacher aux personnages. Et puis bon, c’est une histoire de cambriolage, c’est un peu mon pêché mignon en fantasy ^^ Si vous cherchez un page-turner pas trop prise de tête (il y a des éléments politiques dans la cité, mais le cœur du livre reste quand même très tourné vers le divertissement), au style efficace, pour passer un bon moment de lecture, sans trop froncer les yeux à la moindre facilité du récit (il y en a, mais dans l’ensemble, les ficelles fonctionnent plutôt bien), perso je recommande ^^

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 mois par FeyGirl. Raison: modification titre du fil de discussion

    ~~ Always ~~

    #168288
    DNDM
    • Fléau des Autres
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    Haaaaa ça fait plaisir de voir d’autres adeptes de ce très bon bouquin. 😉

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #174126
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Tome 2 de la saga des maîtres enlumineurs : Shorefall (Le Retour du Hiérophante en VF)

    On retrouve les personnages plus ou moins où on les avait laissés, et c’est reparti pour un tour ! Une fois la fraîcheur de la découverte passée, la saga tient toujours la route, mais le second tome m’a un peu moins emportée. On sent (comme souvent dans les trilogies) qu’on est sur un tome de transition : il se passe plein de choses, pour nous amener vers le grand final, mais la construction est un peu poussive, et les aventures des nos héros ont un petit côté redite par rapport au tome 1, mais on sent le potentiel pour le tome 3 de conclusion. Il n’en reste pas moins que les personnages sont hyper sympathiques, l’écriture très efficace et c’est toujours très divertissant. Certains passages m’ont en plus beaucoup émue (signe que je me suis vraiment attachée aux personnages). Du coup une chouette lecture dans l’ensemble même si ce n’est pas le coup de cœur du tome 1.

    Petit aparté assez fun : j’ai lu ce tome 2 en VO. En lisant le tome 1 en VF, j’avais vu une inspiration générale dans le système de magie au code informatique (on appelle des commandes en les enluminant sur des petites plaques, qui sont liées à des lexiques – des serveurs quoi – qui contiennent des fonctions avec tous leurs argument et leur logique algorithmique). Et là j’ai réalisé dans ce tome que c’est pas juste une vague inspiration, c’est vraiment très direct, et Sancia est basiquement une hackeuse xD C’est marrant parce que la terminologie en VF fait que mon imagination a rendu les choses plus poétiques à la lecture, avec une inspiration diffuse qui ressortait mais j’avais pas forcément mis le doigt sur les concepts miroirs. Mais, l’anglais étant souvent le langage qu’on utilise quand on code et le vocabulaire étant plus connoté informatique dans la VO, là le lien était complètement direct à la lecture. Comme quoi, vraiment, on passe toujours à côté de pleins de trucs en lisant une version traduite ^^

    ~~ Always ~~

    #174199
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2879

    J’avais écouté une interview de l’auteur dans un podcast, sa première idée c’était une histoire cyberpunk dans un monde plein d’objets connectés, avec une héroïne qui a une puce informatique greffée dans la tête qui lui permet de communiquer avec les immeubles connectés et tout le reste 😉

    Très clairement sur cette saga, la fantasy est juste un vernis sur des concepts cyberpunk.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #179663
    Wylla
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 189

    Je viens de terminer ce roman, découvert sur le forum (merci à vous😊). J’ai passé un très bon moment de lecture, même si effectivement le livre est peut-être un peu « survendu ».

    Je n’ai pas grand-chose à rajouter à ce qui a déjà été (très bien) dit. Ce roman est clairement un page-turner qui tient son lecteur en haleine jusqu’au bout. L’intrigue en elle-même est assez classique mais j’ai trouvé l’univers vraiment chouette et bien foutu, et le concept de magie des enluminures très ingénieux. J’avais peur que ce soit trop technique pour moi au début, vu qu’on parle quand même de sceaux magiques qui modifient les lois de la physique. S’il y avait eu des explications pointues interminables j’aurais clairement décroché mais elles étaient toujours claires et bien dosées.

    Côté écriture on est sur un style très agréable, fluide, avec une petite touche d’humour qui va bien. Les personnages sont bien campés et souvent touchants. Comme l’a justement souligné Nympha, on s’attache à eux malgré une narration qui se déploie très vite, preuve que la construction de l’ensemble est bien gérée.

    Et effectivement on retrouve énormément de caractéristiques du cyberpunk dans un cadre fantasy, ce qui créé un beau mélange des genres et potentiellement un pont entre les lectorats. Personnellement, je n’aurais pas eu envie de lire ce titre si l’auteur était resté sur son idée originale (citée plus haut pas DNDM) et s’il s’était agi de pur cyberpunk.

    J’ai apprécié qu’on ne finisse pas sur un gros cliffhanger racoleur. En résumé j’ai trouvé que c’était un bon roman bien fichu et équilibré qui fait complètement le job. Je lirai probablement la suite par curiosité, en espérant que ça reste dans la même veine.

    #182723
    Dohaeris07
    • Frère Juré
    • Posts : 77

    Bonjour !

    J’en ai entendu parlé de loin mais ne connais pas, d’où ma question dans le sujet « vos dernières lectures ».

    Voir son métier d’art si peu connu et bien souvent négligé en gros titre d’une saga littéraire, j’avoue que ça n’arrive pas tous les jours. Surtout, ça attise énormément ma curiosité. Vous me donnez très envie de le lire très clairement .

    Curieusement, en plus de 20 ans de randonnée littéraire à parcourir les contrées de l’Imaginaire, empruntant quelques fois des sentiers plus sinueux à l’exploration des sous-genres, ce sera la première fois que je partirais au Pays du Cyberpunk ! Peut -être par peur inconsciente du futur ?  …Même dans mes lectures d’autres genres.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 5 mois par R.Graymarch.
    #182725
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2879

    Voir son métier d’art si peu connu et bien souvent négligé en gros titre d’une saga littéraire, j’avoue que ça n’arrive pas tous les jours. Surtout, ça attise énormément ma curiosité. Vous me donnez très envie de le lire très clairement .

    L’enluminure, tu veux dire? Tu vas être déçu. Les enluminures du titre francais sont en VO des scrivings, et jai l’impression que le choix de traduction est un peu  (beaucoup?) abusif. Dans les faits ce sont plus des sceaux / runes que des enluminures, des glyphes apposés sur des objets très divers, plutôt que des décorations sur des livres.

    On pourrait même dire que ce titre français de »maitres enlumineurs » rate l’ambiance de base du livre et fait une promesse mensongère. Dans les faits, Foundryside (le titre VO) est plus sur l’idée d’une industrialisation de la magie, type révolution industrielle, que sur un romantisme type moyen âge/ renaissance.

     

    la première fois que je partirais au Pays du Cyberpunk

    Comme dit plus haut, c’est du cyberpunk dans les thématiques et les mécanismes, mais côté decorum c’est de la fantasy (plutôt du sous-genre « fantasy  à capuche », celle qui le plus souvent se passe en milieu urbain, avec en protagonistes des voleurs et des assassins encapuchonnés).

    Je précise cela pour que tu ne partes pas avec une fausse idée dans ce livre. Mais dans les faits, faut pas que ca te stoppe, c’est un excellent page turner avec plein de bonnes idées.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #182727
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    L’enluminure, tu veux dire? Tu vas être déçu. Les enluminures du titre francais sont en VO des scrivings, et jai l’impression que le choix de traduction est un peu  (beaucoup?) abusif.

    Oui très clairement, l’enluminure n’est pas un élément de l’intrigue, la traduction en VF apporte un vernis très abusif au terme anglais (« scriving », qui est un néologisme de l’auteur, mais qui veut globalement dire « écrire-graver un petit symbole sur un objet pour le coder). Si un corps de métier s’y reconnaît, c’est l’informaticien ^^ (et il s’y reconnaîtra d’autant plus en VO, parce que le traducteur VF a gommé les termes qui ont directement trait à du vocabulaire informatique – par ignorance ? par choix ? – pour partir dans un registre de langue plus « artistique » que ne contient pas la VO, et qui n’a pas de sens direct dans l’histoire).

    Mais comme le dit DNDM, ça reste un très chouette bouquin ! Faut juste pas t’attendre à des enluminures telles que tu les conçois !

    ~~ Always ~~

    #182748
    Dohaeris07
    • Frère Juré
    • Posts : 77

    C’est le genre de livre qu’il ne faut pas juger à son titre ?!

    Me voici prévenu ! De ce fait, je serais plus enclin à apprécier ce premier tome. Vos retours me font prendre conscience que j’aurais commencé cette lecture pleines de fausses idées en tête accompagnées de légères réserves (enluminure + cyberpunk).

    Hâte de découvrir cet auteur.

    merci beaucoup.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 5 mois par R.Graymarch.
    #184864
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7853

    Locklands, de Robert Jackson Bennett, troisième et dernier tome de la saga des Maîtres Enlumineurs (The Founders trilogy en VO)

    Une page se tourne, et j’ai encore beaucoup aimé ce tome. Une belle conclusion à la saga, douce-amère, qui sert joliment ses personnages. Après deux tomes plus claustrophobes, le monde s’ouvre, et on perd en partie certains éléments pour gagner en ampleur. Ca a parfois ses limites (notamment sur la fin qui tire un peu en longueur et la « bataille finale » qui s’éparpille… je suis déjà assez peu fan des grandes fins façon bataille épique, mais là, j’ai trouvé ça un peu longuet). Mais dans l’ensemble, ça reste une chouette conclusion. Je ne veux pas spoiler, donc je resterai très vague, mais j’ai apprécié tout particulièrement un certain aspect où je vois une dimension transhumaniste qui pose plein de questions et reste très cohérente avec ce qu’on a lu auparavant.
    Je garderai en tout cas un très bon souvenir de cette saga je pense. C’est de la fantasy qui fait « boom », divertissante et addictive, mais bourrée de chouettes trouvailles, et aux personnages que j’ai beaucoup aimés.

    ~~ Always ~~

    #184890
    MELT527
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Je garderai en tout cas un très bon souvenir de cette saga je pense.

    j’aimerai savoir si l’auteur a une plume très personnelle ou si c’est assez neutre. N’ayant lu que Vigilance de lui, je ne pense pas que 100 pages suffisent à le cerner.

    MELT527
    La lecture est une invitation à l'oisiveté ; l'oisiveté, la mère de tous les vices. Donc, la lecture est un vice. J'étais très vicieux. Robert Brisebois

    #184891
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    j’aimerai savoir si l’auteur a une plume très personnelle ou si c’est assez neutre.

    J’aurais tendance à dire que c’est assez neutre (après, l’ayant lu en anglais, les considérations stylistiques me sont moins naturelles, mais c’est un anglais relativement facile en tout cas).

    ~~ Always ~~

    #197855
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
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    J’ai lu le tome 1 des Maîtres Enlumineurs. J’ai beaucoup aimé, et voici mon avis complet :

    Dans une ville imaginaire, la jeune Sancia est engagée par un commanditaire inconnu pour voler une petite boîte sur les quais du port. Elle a pour instruction de ne pas ouvrir la boîte… mais elle l’ouvre quand même. La boîte contient une clef. Une clef en or. Une clef qui lui parle.

    Dans cet univers, la magie s’exprime grâce à des enluminures — en réalité des signes dessinés, les silligiums — qui obligent les objets à agir de telle ou telle façon. Les enluminures ont besoin pour fonctionner de la proximité de lexiques, sorte d’appareils géants qui regroupent les sceaux, à savoir les définitions des enluminures. Plus précisément, les enluminures peuvent changer la réalité : faire croire à du bois qu’il est aussi solide que la pierre, renforcer une armure, créer des serrures qui ne peuvent être ouvertes qu’avec le sang d’un individu en particulier, etc.

    La ville de Tevanne est contrôlée par des maisons marchandes qui se partagent le territoire et s’épient mutuellement. Dans une ambiance qui m’a évoqué une ville italienne du début de la Renaissance, avec un zeste d’Antiquité, les quartiers sont répartis entre les vieux habitats des plus pauvres, appelés les Communes, et les riches territoires étroitement gardés des maisons marchandes aux mains des familles fondatrices. Les enluminures sont un dispositif clef de leur puissance, car elles font fonctionner les fonderies, renforcent les bateaux qui assurent la main mise sur les mers ou encore rendent les armes surpuissantes. Car ces maisons marchandes sont chacune des mini-États qui s’épient et se combattent en coulisse.

    Revenons à Sancia : ancienne esclave qui s’est évadée d’une lointaine plantation, elle survit en volant et espère réunir les fonds pour enlever la plaque de métal greffé à son crâne. Car elle a été victime d’expérience d’un enlumineur ; elle peut sentir les objets en les touchant, voir leur passé, mais la contrepartie est un inconfort dès que quelque chose la touche, même les draps. Elle souhaite plus que tout redevenir normale et vole pour payer une opération qui la débarrasserait de cette greffe.

    Quand Sancia touche Clef, Clef parle avec elle. Clef est impertinente, et semble venir d’un lointain passé, celui des Occidentaux qui maîtrisaient un haut niveau d’enluminure, connaissance en grande partie disparue au moment du roman. Sancia va se retrouver mêlée à des combats entre factions pour la maîtrise d’une magie qui sera décisive pour le contrôle de la cité. Car si la connaissance de la magie s’est en grande partie perdue et les enluminures de Tevanne un pâle reflet de ce qu’elles étaient, certains rêvent de redécouvrir les secrets des anciens en dénichant des artefacts dans les ruines. De plus, cette magie se combine avec une recherche qu’on pourrait qualifier de scientifique, conduisant à des inventions évoquant la Renaissance. Cet aspect du récit est l’un des plus intéressants : le développement technologique basé sur la magie et l’inventivité des enlumineurs mettent en avant l’esprit humain et créé un univers en mouvement puisque les possibilités de la magie évoluent.

    Ce roman se lit avec avidité : très bien écrit et servi par une plume entraînante, il n’est pas dénué d’humour, de suspens, d’action, et de multiples personnages approfondis, notamment une galerie de femmes marquantes. Son monde riche et fouillé, son système de magie original, et ses aventures trépidantes fondent une Fantasy qui se place très au-dessus de la production habituelle du genre.

    La scène finale retourne la situation et promet un tome 2 intense.

    (nb : en fin février sera publié la VF de la nouvelle trilogie de l’auteur^^. On renomme ce fil de discussion, ou on en crée un autre ?)

    #197873
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7853

    (nb : en fin février sera publié la VF de la nouvelle trilogie de l’auteur^^. On renomme ce fil de discussion, ou on en crée un autre ?)

    On peut renommer oui 🙂
    (Cette année, l’auteur aura de l’actualité : Les Maîtres Enlumineurs sont à paraître au Livre de Poche aussi, plus abordable 🙂 )

    ~~ Always ~~

    #198001
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4207

    Je poursuis ma découverte de la trilogie sur Les Maîtres Enlumineurs, avec le deuxième tome Le Retour du Hiérophante (matez aussi la couverture )

    Mon avis :

    Spoiler:

    Trois ans après le tome précédent, Sancia et ses amis ont fondé une société dans les Communes (les quartiers populaires de Tévanne) pour démocratiser l’enluminure, et à terme détruire le pouvoir des maisons marchandes basé sur cette technologie magique.

    Pour mémoire, la magie de cet univers repose sur l’enluminure, en réalité une succession de signes gravés sur des objets et qui leur donnent des ordres (le bois croit être de la pierre et devient aussi solide, une roue croit dévaler une pente et avance même en terrain plat) voire modifient la réalité, comme la gravité.

    Mais Valeria, l’entité artificielle, prévient Sancia qu’un désastre se prépare : le premier des hiérophantes va être réveillé (les hiérophantes étaient les magiciens d’exception d’un lointain passé), et il arrive par bateau à Tevanne. Son but ? Provoquer une guerre dévastatrice contre Valeria, qui anéantirait la civilisation de Tévanne, comme dans les millénaires antiques où une guerre similaire avait détruit d’autres civilisations.

    Sancia arrive avec ses amis en mer près du galion où serait le hiérophante. La mère de Gregor a sacrifié des esclaves pour son projet funeste de réveil du hiérophante, et nos héros arrivent trop tard car Crasedes — le nom de cet hiérophante mythique — a réussi à modifier le temps.

    S’en suit une course-poursuite contre le temps, dans cette ville de Tévanne inspirée en partie de la Renaissance italienne et en partie de l’Antiquité — avec la thématique de l’esclavage qui revient en force.

    La mécanique appliquée à la magie grandit encore d’un cran : nos héros ne sont pas dotés de pouvoirs surnaturels (seuls Crasedes et Valeria le sont) mais ont des talents acquis soit par l’enluminure de leur corps, soit grâce à une inventivité hors norme qui les pousse à créer de plus en plus de machines ou d’outils modifiant la réalité. C’est un des aspects les plus intéressants de cette magie : elle n’est pas absolue mais elle nécessite des enluminures et des sceaux pour fonctionner. L’invention de sceaux offre chaque fois de nouvelles possibilités, mais la bataille contre le premier des hiérophantes — l’inventeur de cette forme de magie — semble insurmontable.

    Ne cachons pas, cependant, que les mécanismes mis en œuvre sont parfois un brin complexes à comprendre pour le lecteur, à tel point que je me suis demandé si l’auteur suivait réellement une logique dans les rebondissements liés à la mécanique de son système de magie.

    Quant aux personnages, si on suit l’évolution de nos héros, le plus intéressant est certainement la bataille d’idées entre Crasedes et Valeria, et leur propre vision de ce qui sauverait l’humanité. Ressort ici la thématique de la paix forcée, du contrôle des populations pour leur bien — rappelant certains régimes du monde réel — opposé à une humanité qui naturellement utiliserait les inventions pour prendre le pouvoir et faire la guerre. Nos héros doutent des objectifs réels des deux entités, doute qui accentue la complexité des enjeux.

    La tension monte crescendo tout au long du tome, avec toute une ville prise dans les combats, jusqu’à la conclusion, qui annonce un tome 3 encore plus mouvementé.

     

    #198435
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
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    J’ai terminé la saga des Maîtres Enlumineurs avec le tome 3 :

    Les terres closes

    Mon avis détaillé :

    Spoiler:
    Huit ans après le tome précédent, la guerre est totale entre nos héros et l’entité Tévanne. Cette dernière a hérité de Valeria, sorte d’intelligence artificielle à l’échelle d’une ville, et conquiert l’ensemble du monde connu. Les techniques basées sur l’enluminure se sont considérablement développées, et la guerre entre les deux factions prend des proportions effroyables. On est ici dans le schéma de l’avancée « scientifique » pour damer le pion à son adversaire, et certaines inventions font penser à des classiques de la science-fiction (comme une communauté dont les membres ont l’esprit lié entre eux).

    Et l’autre ennemi de nos héros, à savoir le hiérophante Cresades ? Disons qu’il a trouvé plus puissant que lui, et d’étranges alliances vont se nouer.

    Les scènes de combats et de fuites traversent des paysages très bien dépeints, tantôt désolés, tantôt désertiques, en passant des ruines qui frappent l’imagination : le talent d’évocation de l’auteur est à nouveau de haute volée. Tous les lecteurs qui aiment les mondes imaginaires ne peuvent que se régaler.

    En parallèle, nos héros cherchent des réponses à certains mystères, à savoir qui sont réellement Clef et Cresades, et quelle est leur histoire. Elle est bien sombre, cette histoire, et elle est l’occasion d’instants d’émotions : elle donne une tonalité bien plus dramatique à ce tome. Et j’ai beaucoup apprécié ce récit des origines, entre tragédie grecque et destin implacable d’une humanité tendant vers la guerre, destin que Tévanne et Crasedes veulent enrayer à leur façon, sans considération pour les humains eux-mêmes… comme les dieux d’antan.

    Un léger regret cependant : pendant la seconde moitié de ce livre, je me suis souvent interrogée sur le scénario, où tel protagoniste se voit « obligé » de faire ci pour empêcher ça, ou alors une action est décidée car ceci ou cela, sans que la logique (dans le système de magie) soit si claire pour moi. Des commentateurs ont comparé le système de magie de cette trilogie à l’informatique ; j’avoue que je n’ai pas assez de connaissance approfondie en la matière pour avoir été capable de repérer les techniques informatiques ayant servi d’inspiration à chaque « invention » d’enluminure ni déceler la logique dans les retournements de situation. Heureusement, le cadre et l’intrigue sont suffisamment fascinants pour que je passe outre.

    Un tome plus sombre que les autres, des événements « bigger than life », des menaces sur la réalité distordue par les entités… assurément, une conclusion marquante pour une saga qui se détache très nettement de la production habituelle en Fantasy. L’auteur nous a offert un système de magie original exploité de manière scientifique et technique par les protagonistes, une imagination hors norme et une fin que j’ai appréciée.

    Une trilogie qui fera date, et qui donne très envie de découvrir la prochaine trilogie de l’auteur qui va bientôt sortir en librairie !

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