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  • Ce sujet contient 797 réponses, 84 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Schrö-dinger, le il y a 1 jour et 2 heures.
30 sujets de 421 à 450 (sur un total de 798)
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  • #162870
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    La ville sans vent, d’Eleonore Devillepoix

    Une lecture sympathique, mais sans plus. Nous sommes à d’Hyperborée, une cité au cœur des montagnes, protégée par un dôme. La société est cloisonnée par étages : tout en haut, les mages ont le pouvoir, à la fois magique et politique. Lastyanax, un jeune mage fraîchement diplômé, et Arka, une jeune fille au passé trouble qui débarque à Hyperborée, vont naviguer au milieu des complots et meurtres.
    Sur le papier, la société hiérarchisée et les complots politiques, c’est assez convenu, mais l’univers est suffisamment original pour que ça fonctionne plutôt bien. L’enquête est sympa à suivre, le gros complot derrière a du potentiel. En revanche, le gros point noir pour moi a été la construction des personnages, qui sont assez pénible. Lastyanax, c’est le mec qui a un peu le melon mais est un brave gars, complètement aux fraises alors qu’il est persuadé d’être trop fort et se la joue péteux pour compenser. Et Arka, c’est une sous-Arya Stark : intrépide, pas ultra maligne mais vive d’esprit, impétueuse, au grand cœur mais à la grande gueule. Sur le papier ça peut fonctionner, mais ils manquaient de texture, de substance pour sortir des tropes et devenir vraiment intéressant. Du coup, ma lecture a été en demi-teinte. Ceci dit, c’est le premier roman de l’autrice et ça reste tout à fait original et agréable à lire pour un premier roman !

    Sinon minute superficielle : l’objet livre en lui-même est sublime. La couverture est magnifique, et le travail d’impression, avec des jolies lettrines et tout, rend hyper bien.

    ~~ Always ~~

    #163198
    Jon
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Ça va faire bientôt un mois que nous sommes rentrés des Imaginales, avec plein de livres en stock. Et comme je me fais gronder par la grande cheffe, je vous propose un petit bilan de ce que ça donne de mon côté pour l’instant
    Attention, pavé incoming 9_9

    J’ai commencé par Rouge, de Pascaline Nolot, que j’avais trouvée intéressante en conférences, et toute adorable en dédicace, et…j’ai fini un peu mitigé, ce qui m’a beaucoup embêté, rapport déjà à l’autrice comme je disais, mais rapport également aux thèmes abordés, qui sont intéressants / importants…
    L’histoire en très grossier est une revisite un peu sombre du conte du Chaperon Rouge. Je ne peux pas trop rentrer dans les détails parce que ça spoilerait vite (déjà que je trouve que la conférence nous avait pas mal spoilés…), mais certains passages m’ont laissé un ressenti de trop rapide / artificiel, dans les évolutions de personnages en particulier. J’ai aussi eu un peu de mal parfois avec le style « passéiste » (y’a des moments où ça marche bien et où ça fait des belles phrases, mais sur tout un livre parfois ça rend un peu « too much » pour moi) – et j’avoue que le parti pris des « notes de bas de page » (#Babar) pour définir certains mots « compliqués » a un peu participé à me sortir de ma lecture ^^ »
    Il y a de bonnes choses quand même, j’ai préféré la seconde partie, plus fluide et moins cousue de fils blancs, et encore une fois, beaucoup de réflexions très intéressantes – et ça se lit somme toute assez vite et facilement.
    Bref, si j’étais prof, je mettrais des encouragements et j’attendrais le prochain livre pour voir comment ça évolue 😛

    Ensuite, j’ai lu Phobos, de Victor Dixen, et j’ai plutôt bien aimé 🙂 le pitch est honnêtement une idée de génie (je trouve 😛 ) : l’état américain surendetté a décidé de vendre tous ses services publics, y compris la NASA et tous ses programmes en cours. La boîte qui a racheté ça relance le programme martien et le rentabilise en en faisant une émission de télé-réalité : 6 filles et 6 mecs envoyé-e-s dans la navette pour Mars, destinés à se marier en arrivant (en gros).
    C’est très prenant, j’ai complètement accroché aux enjeux et aux personnages, et ça va très vite. Évidemment, il y a un enjeu caché qu’on découvre assez vite. Et je suis actuellement en grosse frustration de ne pas avoir la suite 😛
    Quelques défauts quand même : les « méchants » sont assez décevants (caricaturaux, et méchants pour être méchants) ; et il y a, surtout dans la première partie, une fâcheuse habitude à faire des « dialogues d’exposition » : expliquer des choses de façon très didactique dans des dialogues, alors que les gens qui parlent n’ont aucune raison d’expliquer ça à ce moment là… Ça se tasse au fil du livre, et on se prend d’affection pour ces jeunes envoyé-e-s dans l’espace pour le divertissement des masses.

     

    Puis j’ai lu Grish-Mère, d’Isabelle Bauthian – qui s’est avéré être en fait un tome 2, mais complètement indépendant du tome 1, ouf ! – et que j’ai trouvé très sympa 🙂
    On est dans un univers plus classique de fantasy, avec des duchés « médiévaux » etc ; et on suit un homme formé par une école de « serviteurs de luxe » (où ils apprennent à la fois à être les meilleurs combattants qui soient et à servir le thé à pile poil la bonne température), qui se retrouve dans un duché insulaire matriarcal, où il va devoir remettre en cause son éducation, ses valeurs, etc. (Le duché matriarcal étant évidemment l’occasion de parler de patriarcat et de sexisme, et il y a aussi des problématiques de racisme qui sont abordées.)
    L’histoire est intéressante, l’univers aussi, le personnage principal un peu à baffer parfois mais c’est volontaire, bref c’était cool 🤷‍♂️ (j’ai l’impression que je sais mieux dire les trucs que j’aime pas que les trucs que j’aime ^^’)

    Est venu ensuite Le chien du forgeron, de Camille Leboulanger, et… j’ai pas trop accroché.
    On nous raconte globalement l’histoire / les origines du personnage celte mythique de Cúchulainn, sa vie, etc.
    Déjà j’ai eu beaucoup de mal avec le style d’énonciation (c’est raconté par un conteur, qui donc parle à son auditoire ; je pense que je conçois l’intérêt théorique, mais ça n’a pas du tout marché sur moi, et les coupures incessantes à base de « resservez-moi à boire pour que je vous raconte la suite » m’ont complètement fait sortir du récit)
    Je n’ai eu aucun attachement aux personnages (encore une fois c’est a priori fait exprès, et le message derrière de « les héros sont créés par les contes mais en vrai c’était plutôt des pourritures » pourrait être très intéressant, mais du coup bah voilà 🤷‍♂️)
    Et en plus, la mythologie celtique est une mythologie que je connais très très peu (genre j’ai écouté Manau, quoi) ce qui rend l’accès au livre et à son message encore plus ardu (c’est intéressant dans l’idée, et il est très probable que le même truc fait plutôt sur Achille ou autre héros mieux installé dans mon imaginaire aurait bien mieux fonctionné. Même si je suis très pour l’ouverture aux autres cultures et que sortir un peu de la réécriture perpétuelle de toujours les mêmes mythes c’est très bien, du coup il me manquait clairement des clefs de lecture)
    Bref, l’idée était intéressante, les messages sous-jacents de féminisme et contre la masculinité toxique sont toujours bienvenus dans un roman, mais malgré tout c’est plutôt passé à côté pour moi 🤷‍♂️

    Enfin, Le chant des cavalières, de Jeanne Mariem Corrèze, que j’ai plutôt bien aimé, « même si ».
    Au rang des points positifs :
    – j’ai beaucoup aimé le style de l’autrice, très poétique ; certain-e-s le trouveraient peut-être « trop » (trop compliqué, trop fleuri, etc), mais ça a bien marché sur moi. Énormément de métaphores filées, d’anthropomorphisations des éléments, et autres figures de style dont je ne saurais donner le nom car je ne suis qu’un S, mais qui donnent une patte vraiment agréable à mon goût.
    – un univers riche et intrigant, qui se dévoile peu à peu. L’organisation des Cavalières, avec leur culte, leurs coutumes, leur organisation, leurs dragons à plumes, leur relation à la nature et aux éléments, leur histoire, on est typiquement dans ce que j’aime bien en fantasy. Quelques touches de magie, suggérée plus que montrée, sans qu’on ne sache jamais exactement son pouvoir ni son fonctionnement, auréolent l’histoire de mystère et aguichent la curiosité et l’imagination. Mention spéciale pour les diverses forteresses démentielles qu’on se plait à essayer de visualiser, et dont les descriptions donnent immédiatement une impression de grandeur et d’ancienneté.
    Au rang des points négatifs :
    – j’ai eu du mal avec l’héroïne principale, parachutée au cœur des événements sans vraiment le mériter, et ayant un caractère à la fois passif et colérique qui m’a rendu difficile l’attachement. J’ai quand même apprécié les personnages qui lui gravitent autour (sauf certaines, mais c’était pas celles auxquelles il fallait s’attacher a priori 😛 )
    – un peu trop de « rêves-visions » à mon goût. Ça se justifie par l’univers un peu mystique, mais ça n’apporte pas toujours grand chose à l’intrigue, et c’est quelque chose dont je ne suis pas friand de base.
    – une tendance de l’intrigue à aller trop vite sur certains points. Certains événements paraissent trop faciles, ou sortir de nulle part, ou avoir un impact décevant, et l’utilisation scénaristique du « plan prévu depuis longtemps » n’est pas toujours bien maniée. Ce qui a créé parfois un décalage avec les points positifs : par moments, je lisais presque plus pour le world-building que pour l’avancée de l’intrigue ^^
    Bref, j’ai quand même apprécié la lecture, et surtout pour un premier roman, je pense que c’est une autrice dont j’essaierai de lire les prochaines œuvres (à commencer par la suite de celle-ci, si elle sort un jour) 🙂

    #163216
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Puis j’ai lu Grish-Mère, d’Isabelle Bauthian – qui s’est avéré être en fait un tome 2, mais complètement indépendant du tome 1, ouf ! – et que j’ai trouvé très sympa

    J’ai lu et apprécié le tome 1 (Anasterry) (lu après le tome 2 xD mais les deux sont totalement indépendants comme tu le dis) mais je l’avais trouvé un cran en dessous de Grish-Mère. Grish-Mère j’avais vraiment beaucoup aimé, et je l’avais recommandé il ya quelques temps.

    (J’ai lu Phobos aussi, et j’avais trouvé le concept croustillant ^^ Mais mon avis global sur la saga – que j’ai lue entièrement – c’était que j’étais un peu vieille pour ces amourettes adolescentes quand même xD )

    De mon côté, j’ai lu Les mondes extraordinaires de Jules Verne : aux origines de la pop culture et de la science-fiction de Nicolas Allard (qui est un habitué du blog : on l’avait interviewé, et Thierry Soulard (aka @dndm) et lui ont longuement papoté parallèles entre ASOIAF et Dune) . Du coup, full disclaimer : Le livre m’a été envoyé par l’auteur, et la Garde de Nuit apparaît dans les remerciements du bouquin.

    Dans son nouvel ouvrage, Nicolas revient sur l’influence de Jules Verne sur les oeuvres majeures de la pop-culture actuelle. On commence par quelques chapitres introductifs qui se concentrent sur l’écrivain et décortiquent la génèse des Voyages extraordinaires, revenant notamment sur le rôle actif de l’éditeur Pierre-Jules Hetzel qui fit beaucoup pour donner son cap à la collection, et revenant également sur le snobisme dont l’écrivain fut victime jusqu’à peu (il n’est entré à la pléiade qu’en 2012, alors qu’il n’est rien de moins que le second auteur le plus traduit au monde – après Agatha Christie et avant Shakespeare). Puis Nicolas dresse un panorama des diverses oeuvres auxquelles on peut rattacher celui qu’on considère souvent comme père du genre de la science-fiction. On brasse large : romans de SF, films, animation japonaise et mangas, BD, culture steampunk… Jules Verne est partout. Le tout est joliment mis en valeur par des illustrations à l’encre qui nous donnent l’impression de plonger dans un vrai bouquin de Verne.

    De mon côté, j’ai appris pas mal de choses, car je suis loin d’être spécialiste de Verne. Mais j’ai une tendresse particulière pour l’auteur, dont mon papa était fan et qui du coup garnissait les bibliothèques de chez mes grands-parents quand j’y allais (mais je lui préférais les club des cinq et autres clan des sept ^^). Du coup, le livre a eu un côté madeleine de Proust sur moi.

    Néanmoins, si je dois reprocher une chose à l’essai, c’est que je me suis parfois perdue entre inspirations assumées et rattachements parfois un peu hasardeux. Typiquement Hayao Miyazaki – qui fut notamment à l’origine de Nadia, le secret de l’eau bleue dont j’étais fan enfant et que j’étais très contente de retrouver au fil des pages – il ne fait aucun doute qu’il connait son Jules Verne. De même, pointer des parallèles avec Hergé et son Tintin – qui nia s’être inspiré de Verne et expliqua n’avoir jamais lu les Voyages Extraordinaires – ça ne me surprend pas spécialement. Convoquer la Ligue des Gentlemen extraordinaires d’Alan Moore et son Nemo, ou le manga français City Hall, c’est totalement légitime, et on apprend plein de trucs, l’ouvrage est documenté. Mais quand on parle par exemple multivers Marvel pour le lier au « multiverne » des Voyages Extraordinaires… bon… Il me semble que c’est aller un peu loin dans le parallèle. Que Verne ait créé son univers en rattachant ses différents romans par des personnages qu’on retrouve en clin d’œil c’est une chose, en faire la source de la notion de multivers, où on retrouve des personnages aimés dans les aventures d’autres personnages, ça me semble un peu exagéré. Du coup, à force de mettre du Verne partout, on perd un peu Verne à mes yeux.

    Il n’empêche que pour les gens qui veulent une introduction aux écrits de Verne et à son influence, l’ouvrage est facile à lire et bien documenté. Je ne saurais dire à quel point il est complet, mais j’ai appris des choses.

    Si le sujet vous intéresse, vous pouvez également écouter l’émission Blockbusters de cet été qui globalement recoupe le contenu du bouquin, et où Nicolas était intervenant : https://www.franceinter.fr/emissions/blockbusters/blockbusters-du-jeudi-29-juillet-2021

    ~~ Always ~~

    #163222
    Lapin rouge
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    Que Verne ait créé son univers en rattachant ses différents romans par des personnages qu’on retrouve en clin d’œil c’est une chose, en faire la source de la notion de multivers, où on retrouve des personnages aimés dans les aventures d’autres personnages, ça me semble un peu exagéré.

    A ce compte-là, l’inventeur du multivers, ce serait plutôt Balzac et sa « Comédie humaine ».

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #163588
    Nymphadora
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    After®, d’Auriane Velten

    Tout commence par une société sereine et calme, qui va envoyer deux de ses membres tenter d’en savoir plus sur le passé lointain et le cataclysme qui semble avoir frappé la Terre. Et à partir de là, toutes les certitudes s’envolent à mesure que les explorateurs découvrent qui ils sont… Un tour de force tout en délicatesse, où le lecteur, initialement plongé dans un monde complètement mystérieux, voit ses certitudes et déductions voler en éclat en même temps que celle des protagonistes. L’impression de mystère est en plus renforcée par une écriture qu’on pourrait qualifier d’écriture au neutre, une pseudo-écriture inclusive propre à l’autrice, qui prend tout son sens dans l’histoire, mais perturbe beaucoup la lecture au début. Petit à petit, on se laisse prendre, et on assiste à une certaine poésie, où l’on voit émerger le soi et l’art. Je ne veux pas trop en dire pour ne pas spoiler, mais j’ai vraiment été charmée par ce petit roman, qui est très humain et optimiste, et laisse une jolie place aux questionnements sur l’humain, avec beaucoup de finesse et délicatesse. Une jolie réussite ! (Le livre a d’ailleurs reçu le Prix Utopiales du meilleur roman 2021, donc je ne dois pas être la seule à avoir apprécié… et vous devriez le revoir passer sur le forum parce qu’on nous l’a si bien vendu aux Imaginales qu’on est plusieurs à l’avoir acheté xD)

    ~~ Always ~~

    #164007
    DNDM
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    Binti, de Nnedi Okorafor Prix Hugo et prix Nebula de le meilleure novella 2016, pour la première partie de ce récit. De la SF young adulte afrofuturiste, dans laquelle on suit une jeune fille qui se débat entre traditions et aspirations personnelles. Pitch (pas vraiment représentatif): Binti est maîtresse harmonisatrice du peuple Himba (après 300 pages je suis toujours pas vraiment capable d’expliquer ce que ça veut dire, « maîtresse harmonisatrice »). Son peuple ne quitte jamais sa terre. Mais l’incroyable don pour les mathématiques de l’adolescente lui ouvre les portes de la prestigieuse université interplanétaire Oomza. Dès les première pages, elle fugue de la maison pour rejoindre l’université, avec dans la poche un étrange artefact trouvé dans le désert quand elle était petite. Mais au cours du trajet interplanétaire, les Méduses, ennemies millénaires des humains, abordent le vaisseau et massacrent tous les passagers. Du coup on suit un petit génie des maths qui, quand elle panique, récite des équations et divise des trucs par deux, qui est « maitresse harmonisatrice » (me demandez pas), qui peut générer du courant avec ses mains (pas trop compris non plus, ça se trouve c’est lié au titre précédent, ça se trouve non), qui a dans la poche un artefact ancien plein de mystère, et qui par tradition se couvre le corps et les cheveux d’otjize (ce qui va s’avérer important également). Ajoutez à cela un autre petit upgrade spoiler acquis en cours de route lors de la première novella, et vous obtenez un personnage qui est quand même assez cheaté, quelque part – et ça va même pas s’arrêter là, d’ailleurs, la 3e novella rajoute encore une couche. Mais c’est pas grave, parce que ça se lit bien. La plume de Nnedi Okorafor est claire et joliment tournée, on entre vraiment dans la tête de cette jeune fille, et les 300 pages de cette édition française passent toute seule. L’univers à la fois hyper lourd traditionnellement et très futuriste est assez étonnant, tout comme pas mal de réactions de l’héroïne ou de son entourage (on peut aussi parler de facilités scénaristiques, parfois, avec des situations qui ne tiennent debout que parce que tout le monde, collectivement, décide d’ignorer l’éléphant dans la pièce), mais la plume fait passer le tout. Le problème, en fait, c’est surtout l’édition française, qui reprend:

    • Binti (la novella de 2015),
    • Binti: feu sacré (un nouvelle ajoutée tardivement)
    • Binti: home (2017)

    … Et qui s’arrête là, sans préciser qu’il y a derrière Binti : The Night Masquerade (2018), qui apparemment conclut l’histoire. Cette novella de 250 pages sera pourtant publiée en français, toujours par le label Naos, sous le titre Binti 2, en mai 2021. Mais il m’a fallu regarder la page wikipédia de Nnedi Okorafor pour le découvrir. Du coup, avec Binti tel que paru en français, on enchaine trois novellas plus ou moins indépendantes, et à la fin on reste sur une impression étrange, sans comprendre si on a là un cliffhanger ou si ça s’arrête comme ça. Bref, j’ai plus qu’à lire Binti 2 pour pouvoir me faire réellement un avis.

    J’ai lu la suite, du coup (Binti 2: La mascarde nocturne). Et je me suis largement ennuyé. :-/

    Déjà, je ne partais pas forcément avec un enthousiasme débordant. 7 ou 8 mois après ma chro ci-dessus, ça laisse le temps de prendre un peu de recul, et le Binti 1 ne m’avait en fait guère marqué. Et du coup, ce Binti 2 me marque encore moins. On s’ennuie. Ca avance pas. On est pas dedans. On ne se lie pas vraiment au personnage. On ne comprend toujours rien à ces histoires d’harmonisatrice, de courant généré avec les mains mais qui ne sert quasiment à rien, d’arborescence mathématiques utilisées pour se calmer, qui nous sont pourtant rabâchées et rabâchées et encore rabâchées. Ce qui faisait le charme et l’intérêt de l’histoire au début, le mélange de science-fiction et de spiritualisme, devient gênant quand on se retrouve en fait avec un mélange de SF et de traditionalisme réac qui n’est jamais interrogé ou remis en question. Il y a des enjeux mais on passe à côté. Un gros mystère tombe à plat. Les conséquences émotionnelles de deux gros rebondissements sont tout simplement évacuées sans être traitées.

    Bref, je suis passé à côté. En fait, l’interview de 20 pages de Nnedi Okorafor, placée en annexe du bouquin, est bien plus intéressante que le bouquin lui-même.

    Dommage. Faudra que je tente un autre bouquin d’elle, voir si c’est moi qui suis hermétique à son univers ou si c’était juste ce livre-là.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #164140
    DNDM
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    Petit Pays, de Gaëlle Faye [audiolivre, lu par l’auteur, qui est également chanteur, donc c’était franchement pas mal comme expérience]

    Petit pays - Gaël Faye - Babelio

    L’histoire d’un enfant né d’un père blanc français et d’une mère noire rwandaise (et Tutsi), et qui vit au Burundi au moment où toute la zone s’embrase suite à la guerre civile rwandaise de 1990-1993 et au génocide des Tutsis.

    Une fiction, mais une fiction inspirée des souvenirs et expériences de l’auteur. C’est dur sans être insurmontable, net, terrible, beau parfois. Un génocide raconté à hauteur d’enfant – et d’enfant vivant dans le pays voisin et n’étant pas au cœur des événements, même si la situation n’est pas pour autant sans danger, loin de là. Beaucoup de temps passé sur l’avant, la vie quotidienne, la mise en place des personnages, avant que la guerre ne frappe. Beaucoup d’importance accordée à l’après, les conséquences, le traumatisme. Et pour autant, un livre qui ne parle pas que de ce moment historique, mais qui touche une forme d’universalité en étudiant profondément les relations humaines, et la façon dont celles-ci vont évoluer en temps de crise et face aux traumatismes. A lire.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #164227
    Thistle
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    Manesh, de Stefan Platteau

    Acquis aux Imaginales 2019, j’ai enfin lu Manesh, le premier tome de la saga du Sentier des astres de Stefan Platteau.
    J’ai commencé ce roman avec un peu d’appréhension. Certes, il a été recommandé par Nympha, ce qui commence à être pour moi une raison suffisante pour ajouter un bouquin à ma PAL, mais pour avoir écouté Platteau dans des conférences ou interviews, je craignais une lecture un peu compliquée.
    Et ben non, ça se lit bien. Très bien même, si ce n’est que j’aie été agacée par quelques fautes un peu moches qui auraient dû être gommées par l’édition, pas bien grave.

    Il ne m’a fallu que quelques pages pour plonger dans le récit (laul : ça se passe sur un fleuve, je plonge, tula ?).
    J’ai trouvé ça bien écrit, mais sans fioritures non plus. Le rythme du récit est assez original (deux récits se mêlent : un pour le présent, un pour le passé d’un personnage) et à part un passage qui m’a semblé un poil longuet, je trouve les enchaînements très fluides.

    Le début est assez paisible, avec une exposition de l’univers bien maîtrisée, pas forcée ni artificielle. On devine très progressivement l’ensemble des enjeux de cette expédition sur le fleuve et les dangers auxquels les personnages pourraient se trouver confrontés, ce qui m’a bien accrochée et m’a vite donné envie de poursuivre ma lecture. Vous vous doutez que ça ne reste pas aussi calme tout du long et il est difficile de ne pas se jeter sur le tome 2 sitôt la dernière page terminée.

    Au début de la lecture, je trouvais à l’univers une petite ambiance de Mononoké, avec cette grande et mystérieuse forêt peuplée d’êtres fantastiques. Au final pas tant, ou alors version dark xD

    Trop Dark. Trop Piou. #teamcorbeauxerrants

    #165021
    Obsidienne
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    Un de mes cadeaux du Père Noël :  » Danse avec les lutins  » . de Catherine Dufour, prix Imaginales 2020 et prix Bob Morane 2020. *

    Je ne connaissais pas du tout Catherine Dufour  .
    Son style est très vif, bourré d’allusions ; le terme  » références  » n’est pas, à mon sens, approprié car les éléments évoqués n’ont pas de rapport avec l’histoire, ils sont juste là pour ajouter de la verve au style, qui n’est pas sans m’évoquer le regretté Terry Pratchett.

    Exemples : au même moment , sous le soleil exactement 

      le dernier restaurant avant …


      Au cours de cette histoire, on assiste au métissage progressif  des créatures imaginaires ( ondines, elfes, lutins etc … ) avec le racisme qui en découle générant du terrorisme au milieu de problèmes écologiques …
    Les thèmes sont divers et très riches, graves malgré l’humour du style .
    Seul bémol : la fin est très ouverte … mais, au fait, ne sommes-nous pas plutôt dans un conte philosophique ?

    * prix Bob Morane , c’est une référence pour moi qui les ai quasiment tous lus et adorés quand j’étais ado . !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 4 mois par Obsidienne.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #165431
    FeyGirl
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    Pour ceux qui ont envie de lire un polar SF, ce livre récemment paru en France est un bon cru !

    Alice Blake débarque dans la station spatiale Ciudad de Cielo — la « Ville dans le Ciel », ou CdC — pour diriger pendant 6 mois la Securidad, la police privée du complexe édifié pendant des décennies pour construire les futurs vaisseaux générationnels qui partiront à la conquête de lointaines planètes. À son arrivée, elle est attaquée et apprend qu’un horrible meurtre a été commis, le premier depuis la naissance de CdC. Elle décide d’enquêter sous couverture avec Nikki Fixx, enquêtrice qui eut de bons états de service sur Terre mais dont ses chefs se méfient. Au contact de Nikki, Alice va découvrir la vraie CdC, fort éloignée de celle fantasmée sur Terre, conçue comme la matrice d’une nouvelle humanité, sans vices et sans crimes.

    Car Nikki est corrompue, et elle navigue constamment en eaux troubles, dans cette ville où les ingénieurs viennent s’encanailler dans les bars qui profitent de la contrebande et de la prostitution. Alice, croyant fermement à la force de la morale et de l’ordre, va être confrontée à une humanité qui survit même si elle vit dans un cadre technologique avancé. Nikki, quant à elle, est convaincue que les rouages doivent être huilés, et « protège » les activités illicites. En clair, elle se fait payer par les contrebandiers et les prostitués. À ses yeux, et aux yeux du consortium qui détient la station, le meurtre qui vient d’être découvert est une catastrophe : la Terre va s’apercevoir que CdC n’est pas l’utopie promise, et Alice personnalise la menace d’une reprise en main qui plane sur les quartiers défavorisés de la station spatiale, alors que les sans-grade sont contraints d’exercer un deuxième travail illégal pour subvenir à leurs besoins.

    Roman noir et techno-SF, enquête policière dans les bas-fonds d’une station spatiale, ce roman nous offre une ambiance glauque réaliste dans son inspiration de ville corrompue dont des zones entières sont en coupe réglée par des bandes criminelles, tout en profitant de technologies futuristes convaincantes.

    L’auteur, qui s’est fait connaître comme écrivain de polars, a imaginé un avenir où l’information est la clef. Ses personnages disposent aisément des données grâce à des lentilles connectées, et l’utilisation de cette technologie — et surtout ses failles — est exploitée dans cette enquête qui va explorer les avancées sur les filets, cette invention permettant d’implanter des connaissances et des souvenirs. Au fil de la lecture, on discerne l’influence de Philip K. Dick, mais je ne vous en dévoile pas plus.

    Roman convaincant dans ses deux aspects, enquête policière et univers de science-fiction, il vaut le détour et propose deux protagonistes crédibles. Son univers glauque et ses réflexions sur les conséquences des technologies sont bien amenés, et la narration est addictive, même si j’ai quelquefois trouvé que la prose manquait de fluidité. On reconnaît la patte d’un écrivain rompu aux polars dont le lecteur veut connaître la solution de l’énigme ; et dans un contexte SF on devine que ce n’est pas le nom du coupable qui compte, mais plutôt les implications sur les secrets de cet univers. En l’occurrence, les promesses sont tenues !

    Un auteur à suivre.

    #165591
    DNDM
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    Amazon.fr - L'incivilité des fantômes - Solomon, Rivers, Guévremont, Francis - LivresL’incivilité des fantômes, de Rivers Solomon

    Il y a longtemps, l’Humanité a quitté la Terre, trop polluée, à bord d’une flotte de 32 vaisseaux spatiaux gigantesques, l’Exode. Comme ces gens étaient intelligents, ils ont fait en sorte que la société à bord de ce microcosme soit férocement égalitaire et bienveillante, d’ailleurs même le commandant de bord récure les toilettes de temps à autre, et… Oups, j’ai confondu mes notes, mes excuses, ça c’est dans Archives de l’exode, de Becky Chambers.

    On recommence.

    Il y a longtemps, l’Humanité a quitté la Terre, ravagée par on ne sait quelle catastrophe, à bord d’un gros vaisseau spatial générationnel. Comme ces gens étaient cons comme des balais, ils ont recréé une société esclavagiste et ségrégationniste basée notamment sur la couleur de peau. Les riches blancs vivent en haut dans des cabines spacieuses, et sont persuadés que Dieu guide le vaisseau et qu’il a créé les inégalités sociales pour le bien commun. Les pauvres noires vivent en bas, ils bossent aux champs et sont à la merci de gardes aussi débiles que brutaux, qui quand ils s’ennuient violent la première femme qui passe par là, en lui disant qu’elle l’a bien mérité.

    Bon, pourquoi pas, le concept « vaisseau générationnel » est là à la base pour récréer une mini-société humaine et mettre une loupe grossissante sur ses travers. Nous voilà donc dans une gigantesque plantation de coton volant à travers les étoiles, aux pires moments de l’esclavage. Le cadre est intéressant.

    Voyons les personnages : Aster, jeune femme noire, autiste, non-binaire [toutes choses qui s’appliquent également à l’autrice du livre, qui sait donc de quoi elle parle, ici], géniale médecin plus ou moins autodidacte. Théo, le fils d’un dirigeant du vaisseau et d’une femme noire, Général-Chirurgien officiel du vaisseau, timide et réservé, médecin génial. Gisèle, amie d’Aster, révoltée, cabossée par les multiples traumatismes qu’elle a subis toute sa vie. Ok, ça annonce du bon.

    Bon. Pourquoi ça a pas marché sur moi, alors ?

    Un manque de crédibilité général de pas mal de choses, questions scénario. Je n’ai jamais réussi à trouver crédible ce vaisseau où il faut des laissez-passer pour aller d’un pont à l’autre, mais où les héroïnes trouvent de bien pratiques passages secrets dès qu’elles ont besoin. Je n’ai jamais réussi à trouver crédible cette société où depuis des générations se perpétue une forme d’esclavagisme particulièrement brutal, et où personne ne se révolte. Ce qui aurait pu passer dans une plantation de coton, d’un point de vue scénario, ne marche pas dans un vaisseau spatial en huis-clos. Et bon, même sans ça, les persos sont opprimés à un point pas croyable mais ont accès à des connaissances immenses dans des domaines très variés, le vaisseau est d’un point de vue scientifique construit en rienàfoutredelacrédibilité mais en même temps on va nous mettre une intrigue pseudoscientifique…

    Un manque de rythme, souvent.

    Un passage mal traduit, vers le début, qui foire l’introduction de l’autisme du perso principal et donne un dialogue sans queue ni tête.

    Spoiler:

    « Have i ever once over the course of our acquaintance done anything but aid and protect you ? »

    « You have done many things other than aid ans protect me over the course of our–acquaintance, » Aster said, stuttering over the word. (…)

    « What have I done but keep you safe ? » he asked.

    « Do the meals you take keep me safe ? Your baths. The books you read ? » she countered, more bewildered than enraged. « I’m sorry, I’m afraid I don’t understand . »

    The Surgeon’s face softened and he bowed hiwhead. « I didn’t mean literally everything. I shiould have specified. Let me restate : over the course of our acquaintance, I have done nothing but aid and protect you in matters that involve you, in matters that relate directly to you and your livelihood. »

    (…)

    « I see », she said. She’d thought she’d trained her mind out of its predisposition toward excessive literalism, but ther it was, persistent as ever, making a fool of her.

    TRADUIT PAR

    — Depuis que nous avons lié connaissance, vous ai-je jamais offert autre chose que mon aide et ma protection ?

    (…)

    — En quelles circonstances n’ai-je pas assuré votre sécurité ?

    Les motivations du méchant très méchant qui ne sont jamais vraiment explicitées, à part qu’il est méchant.

    Un manque de direction au roman, qui souvent ne sait pas trop s’il a envie de suivre son intrigue (Aster cherche à percer les secrets de sa mère, qui s’est suicidée 25 ans plus tôt en laissant de mystérieux carnets) ou ses thèmes (racisme, sexisme, oppressions diverses, envies de rébellion).

    Bref. J’aurais vraiment aimé l’aimer, ce livre. Sur le fond, il a une vraie âme, il aborde de vrais sujets, il met en scène des personnages rares et intéressants. Pour beaucoup de lecteurs, ça a suffit à en faire un roman particulièrement marquant, un coup de poing. Mais pas chez moi. Pour moi, ça marche pas. Le scénario ne sait pas trop où il va, et donc logiquement, à la fin, il ne va nulle part. Dommage.

    Héloïse, ouille ! de Jean Teulé - Livre - Decitre Héloïse, ouïlle!, de Jean Teulé [audiolivre]

    Une réappropriation de l’histoire d’amour et de la vie d’Héloïse et Abélard, racontée dans une langue à la fois moderne et rabelaisienne. Ça commence avec une bonne plâtrée de chapitres pornos, paillards, et franchement souvent très drôles, ou Jean Teulé joue avec la langue (et avec les langues de ses persos). Ça continue ensuite en essayant de suivre la réalité historique, mais du coup ça perd parfois en rythme. Quelques chapitres relancent la machine de temps en temps. Même si sur le fond on baille parfois un peu, la plume de Jean Teulé reste tout du long particulièrement inventive, mélangeant archaïsmes et argot moderne, vocabulaire précieux et vocabulaire porno.

    Et puis surtout, en audiolivre, c’est un vrai bonheur. C’est lu par Dominique Pinon (que vous avez tous vu dans La Cité des enfants perdus ou dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, et il prend un tel pied à narrer ce texte que c’est franchement un plaisir de l’écouter. Un grand merci à lui pour avoir transcendé ce texte (déjà très bon à la base).

    En lisant sa page Audiolib je me rends compte qu’il a aussi enregistré Le Hobbit, qui lui a valu le Prix Lire dans le Noir 2013. Ainsi que des Astérix (oui oui, la BD), avec d’autres voix. Les extraits donnent très envie.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #165901
    Liloo75
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    Lectures de vacances. <i>Les maîtres Enlumineur</i>s, de Robert Jackson Bennett (paru en 2018, traduit en français en mars 2021) Les Maîtres enlumineurs - Albin Michel Imaginaire Livre lu parce que ce que j’en entendais dire ici ou là était assez dithyrambique, du genre « renouveau de la fantasy » / « déjà la seconde réimpression en plus du tirage initial ». Et ouais, c’est très bon. C’est pas non plus Le Trône de Fer, hein, et comme tout ce qui arrive avec une grosse réputation, évidemment, on peut trouver à redire juste pour le plaisir. Mais franchement, c’est très bon, et on ne voit pas les 600 pages passer. Synopsis : Sancia est une voleuse – et probablement la meilleure voleuse de tout Tevanne, la ville où se situe l’action, grâce à des capacités magiques : elle peut entrer en empathie avec les objets qu’elle touche, et entendre les enluminures, ces sceaux magiques que l’on trouve un peu partout en ville et qui donnent aux objets des caractéristiques allant au-delà de ce qu’ils peuvent normalement faire. Mais son don unique est aussi une malédiction : elle ne le contrôle pas, et les sensations envoyées par tout ce qu’elle touche ainsi que les murmures permanents des enluminures manquent régulièrement de la rendre folle. Mais voila qu’on lui offre une somme énorme pour voler une petite boite, ce qui pourrait changer sa vie. Mais une fois la mission effectuée, elle commence à se poser des questions. Et quand elle ouvre la boite, elle se retrouve plongée dans les intrigues des maisons marchandes, dans les secrets des enluminures… Mais trouve aussi d’improbables alliés. Je n’en dis pas trop, pour ne pas gâcher le plaisir de lecture. Mais en gros, dans ce livre, on trouve une ambiance un peu à la <i>Gagner la guerre</i> (une cité-état surpuissante à l’italienne dominée par de grandes maisons marchandes), des personnages qui peu à peu gagnent en profondeur, un style d’écriture classique mais ultra-efficace, une intrigue qui vous fait tourner les pages à toute vitesse (même si pas mal de choses sont devinables à l’avance), et un système de magie original. Un mot sur ce dernier, puisque il joue beaucoup dans le charme du livre : les enluminures, qui littéralement convainquent les objets qu’ils sont autre chose que ce qu’ils sont (qu’ils sont plus durs, ou plus lourds, ou qu’ils sont en train de tomber…), et la façon dont l’auteur les utilise peu à peu, me semble en fait très inspiré de l’informatique. Certains éléments qui arrivent tardivement dans l’intrigue renforcent d’ailleurs cet aspect. Au final, <i>Les maîtres </i><i>E</i><i>nlumineurs</i> est une histoire qui a le décorum de la renaissance-fantasy mais emprunte des idées au steampunk et à la science-fiction, en creusant au passage des thèmes d’actualité (éthique du capitalisme, libre-arbitre…). Ce livre est le premier tome de la Founders Trilogy (dont le Tome 2 est sorti en anglais et paraîtra en français dès cette rentrée 2021), mais il se lit plutôt bien en tant que stand-alone – la fin ouvrant sur de nouvelles perspectives, mais apportant néanmoins une conclusion satisfaisante à l’intrigue de ce premier tome. Je suppose que tôt ou tard certains d’entre vous liront ce bouquin. Hâte de voir ce que vous en dire.

    Je viens de terminer les Maîtres Enlumineurs.

    J’ai adoré. Il y avait longtemps que je n’avais pas lu un ouvrage aussi prenant.

    J’ai beaucoup aimé l’univers, la magie basée sur les enluminures, les personnages attachants et tous les mystères que l’on devine.

    Au début, j’étais perturbée par le prénom de l’héroïne, Sancia, qui sonne comme Sansa. Mais ici, rien à voir avec Petit oiseau. Notre jeune fille se bat comme une guerrière, sait faire preuve d’astuce, et ne se préoccupe guère de sa tenue 😉. Arya me diriez-vous ? Non, plutôt Lisbeth Salander. Sauf qu’ici, notre voleuse/hackeuse n’a pas besoin d’un ordinateur. Elle a d’autres atouts qui lui permettent de décrypter ce que disent les enluminures (je n’en dis pas trop, ce serait dommage).

    Nous avons aussi un Gregor. Mais notre capitaine de Tevanne n’a rien à voir avec les Clegane. Il ne joue pas la même partition.

    Je n’ai pas vu passer les 600 pages tant j’ai été happée par l’histoire. Je pense que c’est un livre que je pourrai relire. Au premier passage, on doit louper des trucs. Je pense que j’achèterai la suite (ou alors je me la ferai offrir).

    Il y a tout un panel de personnages pour qui l’on ressent une vraie empathie. C’est l’une des clefs (attention indice) du succès de ce livre, je pense. Et beaucoup des héros sont des héroïnes. Ça aussi j’ai apprécié 🙂

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #165906
    DNDM
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    Haaaaa merci pour ce retour je me sens moins seul. ^^

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #166017
    FeyGirl
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    Piège sur Zarkass, de Stefan Wul (1958)

    Je poursuis ma découverte de l’œuvre de Stefan Wul (auteur français, malgré son nom de plume) avec ce roman dont le titre cogne : Zzzarkassss !

    Darcel et Laurent, agents des autorités terriennes, sont en mission secrète sur Zarkass : la planète était auparavant un protectorat de la Terre, mais les Zarkassiens se rapprochent des Triangles, êtres mystérieux et inconnus, et que les autres peuples nomment d’après la forme de leurs vaisseaux. Se faisant passer pour des géologues, nos deux héros explorent la nature de la planète avec des guides zarkassiens. Ils souhaitent rejoindre le site où un vaisseau Triangle s’est écrasé. En route, ils devinent qu’un de leur guide est en réalité un espion des autorités zarkassiennes.

    Dès le début du roman, nous sommes plongés dans un monde étrange. L’auteur a construit un worldbuilding très inventif, étonnant, et parfois drôle. La faune, la flore, la géographie, les Zarkassiens : toute la première partie est source d’émerveillement, dans la prose soignée et riche habituelle de Stefan Wul. Très vite, des événements inquiétants arrivent : un volcan en activité, de longues colonnes d’obsidiennes qui sortent de terre, des îles vues en rêve qui ressemblent à des mains ou des crânes… Les deux espions vivront des aventures inattendues, et la fin n’est pas celle qu’on aurait pu croire au démarrage de l’histoire, sans être absurde par rapport aux éléments présentés au début. En réalité, d’une expédition en pleine jungle, on glisse vers un récit d’espionnage dans une ville où des intérêts divergents s’affrontent, puis vers le fantastique, sans jamais perdre une cohérence d’ensemble.

    Roman ancré dans son époque, le contexte évoque les grandes puissances se disputant l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique du Sud. Il oppose aussi le monde très technologique des humains à celui des « indigènes » plus proches de la nature et des anciennes croyances, tout en se moquant et dénigrant les quelques « indigènes » qui copient servilement les cultures étrangères. La conclusion suggère que l’auteur espère une voie qui allierait le meilleur des deux civilisations (mais n’espérez pas une fin heureuse pour tous les protagonistes).

    Même si c’est de la « vieille SF », ce roman vaut le détour grâce à son inventivité, son intrigue et sa prose. C’est pourquoi il est dommage de ne plus trouver en version numérique cet auteur que je considère comme appartenant au patrimoine de la SF française (j’avais profité d’une promotion d’une maison d’édition aujourd’hui disparue, comme l’ensemble de mes ebooks de Stefan Wul, et je l’ai sorti de ma PAL 3 ou 4 ans après).

    #166121
    FeyGirl
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    Ce second tome de la série Andrea Cort propose un roman et une nouvelle.

    1. le roman

    Nous retrouvons Andrea Cort, l’ancienne avocate du Corps diplomatique, accompagnée des Inseps Oscin et Skye (deux corps qui partagent le même esprit). Officiant maintenant pour les IA, Andrea a été invitée par le chef de l’influente famille Bettelhine à venir sur sa planète Xana, sans qu’elle en connaisse la raison. Or les Bettelhine sont plus puissants que la Confédération homsap — les États d’êtres humains — et surtout ils ont fait fortune grâce aux armes qu’ils inventent et qu’ils vendent à tous ceux qui les réclament.

    Dès son arrivée sur la station spatiale Indolente, point d’accès en orbite autour de Xana, Andrea est la cible d’une tentative d’attentat. L’assassin s’est servi d’une « griffe de dieu », arme mortelle utilisée seize mille ans plus tôt par la race des K’centowtens. Attendue sur la planète, Andrea est conviée par un binôme de frère et sœur Bettelhine à ne pas prendre l’ascenseur spatial destiné au tout-venant, mais plutôt le carrosse royal, engin luxueux que la famille réserve à ses invités. Peu de temps après le départ, le carrosse qui transporte une quinzaine de personnes arrête inexplicablement sa descente et un des voyageurs est assassiné avec une autre griffe de dieu…

    Andrea, rompue aux enquêtes délicates et bénéficiant d’un statut à part, mène les investigations dans ce huis clos alors que les communications sont coupées avec l’extérieur. Le roman a été comparé à certains livres d’Agatha Christie, et effectivement on y retrouve des éléments typiques : presque tout le monde est un potentiel suspect, de nombreux personnages cachent un passé honteux, et l’enquêtrice avance au fil de déductions parsemées dans le récit… Mais à cela s’ajoute la personnalité si particulière d’Andrea Cort, marquée par une enfance où, à huit ans, elle a participé à une folie collective dégénérant en génocide, puis elle fut enfermée et éduquée par le Corps diplomatique qui l’a asservie pendant des années (rappelons que dans l’univers créé par Adam-Troy Castro, des humains doivent des décennies de services à des compagnies ou au Corps diplomatique, quand ils ne sont pas tout simplement la propriété de ces organisations). Devenue une femme revêche, Andrea a évolué au fil des nouvelles et des romans, jusqu’à sa rencontre avec les Inseps Oscin et Skye qui semblent l’adoucir un peu. Un tout petit peu, n’exagérons rien.

    Même si l’essentiel du roman se déroule dans le carrosse royal arrêté au-dessus de Xana, l’auteur continue à nous faire découvrir un univers sombre, où sont inventées des armes si effroyables que les Bettelhine eux-mêmes se refusent à les vendre, où des gourous lancent la destruction de planètes entières, et où l’esprit humain peut être manipulé grâce à des technologies qui permettent un esclavage mental.

    Même si l’enquête est gérée de manière relativement classique, nous découvrons d’autres facettes de cette galaxie où les relations entre les États et les compagnies comme celle des Bettelhine sont complexes, et où les IA — présents bien avant la civilisation humaine — mènent leurs propres luttes (cf. conclusion d’Émissaires des Morts). Le récit s’aventure vers des liens complexes au sein de la famille Bettelhine, non seulement maîtres de la planète Xana, mais aussi acteurs de poids dans cet univers.

    L’ensemble est un roman qui mêle avec brio une « enquête à la Agatha Christie » et un cadre de space opera sombre, fascinant par l’équilibre des pouvoirs en jeu, et inquiétant par les technologies développées.

    Pour chipoter (parce qu’il m’arrive de chipoter), j’ai trouvé dommage que l’auteur cache au lecteur des informations connues du narrateur (le personnage qui nous parle) : c’est une ficelle maladroite parfois utilisée dans les romans policiers où l’inspecteur nous dit qu’il a deviné quelque chose, sans nous dire ce que c’est parce-qu’il-faut-ménager-le-suspens. Il n’en reste pas moins qu’on est impatient de découvrir la solution, comme tout bon polar qui se respecte, solution qui aura un impact sur Andrea.

    2. la nouvelle :

    Un an après les événements décrits dans le roman, Draïken, personnage évoluant sous couverture, surveille Andrea. Mais il se fait repérer par celle-ci et les Inseps Oscin et Skye. Cette nouvelle d’environ 60 pages est mouvementée, et introduit un nouvel acteur dans la série, dont le passé le pousse à pourchasser ceux qui manipulent mentalement. L’éditeur nous indique que l’auteur a depuis écrit d’autres nouvelles où il apparaît, et j’ai très envie de connaître la suite des histoires de Draïken, et de savoir dans quelle mesure il influencera la quête d’Andrea !

    #166173
    Jon
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    Deux mois après mon dernier bilan des livres rapportés des Imaginales, il est temps pour un nouveau point d’avancement !


    Les Biotanistes, Anne-Sophie Devriese
    Bon, je ne sais pas si c’est moi qui suis trop difficile, ou si j’ai vraiment mal choisi mes achats, mais j’ai encore pas trop aimé 🙈
    On suit globalement un convent de « sorcières » dans un monde post-apocalyptique dans lequel les abeilles ont disparu, la plupart des éléments technologiques ont été oubliés, et un « fléau » tue des gens. Les sorcières sont des survivantes de la maladie, et ont la capacité de « filer », c’est-à-dire de se transporter dans le temps et l’espace, mais toujours au même endroit et sans rien pouvoir transporter.
    Certaines idées sont bonnes, des éléments de l’univers sont intrigants, mais l’écriture m’a complètement empêché de rentrer dedans. Une nouvelle fois, le mode de narration m’a semblé non maîtrisé et complètement brouillon : on passe du point de vue interne d’un personnage à l’autre de phrase en phrase, et parfois ça n’est même pas clair de qui on a les pensées ; pour moi, ça nuit énormément à l’immersion, et ça fait très peu maîtrisé.
    J’ai trouvé un problème de rythme également : l’histoire avance parfois par bonds, sans trop de transitions ; à d’autres moments, rien ne se passe, mais par petites phases trop courtes pour que ça serve vraiment à l’immersion. Toute la première partie est très introductrice mais au final paraît longue et sans grand intérêt, et la deuxième partie fait avancer un peu artificiellement un scénario qui au final m’a semblé avoir assez peu d’enjeux.
    Enfin, les idées intéressantes de dénonciation du sexisme (avec inversion patriarcat/matriarcat) ou de l’écocide ou d’autres thèmes de ce genre sont développées sans subtilité, j’ai trouvé ça vraiment gros sabots (et j’ai trouvé qu’en plus on retombait dans des travers patriarcaux classiques à la fin avec un homme sauveur qui vient régler tous les problèmes et gérer la situation).
    Bref, c’est dommage car tous les éléments scénaristiques étaient présents pour faire un roman vraiment intéressant, plein de bonnes idées, mais au final je ne suis vraiment pas entré dedans (avec probablement un cercle vicieux : une fois que j’avais décroché, c’était encore plus difficile de faire abstraction de ce qui me gênait et de profiter du reste…) (et c’est dommage aussi parce que l’autrice était vraiment très sympathique, mais bon 🤷‍♂️)
    Un gros point positif malgré tout : l’autrice est très bonne pour faire des images et métaphores très poétiques et originales et ça j’aime beaucoup. Donc un bon style de ce point de vue ^^


    Ensuite j’ai lu Manesh de Stefan Platteau.
    Le style est plutôt agréable, ça m’a changé 😛 (j’ai quand même quelques réserves sur sa gestion des temps, j’ai un peu trouvé qu’il alternait entre présent et passé dans sa narration sans trop de logique ; et sur la fin son mode de narration s’est « relâché » j’ai l’impression et il se met subitement à parler à des gens 🙈 mais ça ne m’a pas vraiment gêné 🙂 )
    C’est très poétique, très imagé, etc etc.
    En revanche, niveau scénario, eh bien…il ne se passe rien 🤣 Alors je n’ai rien contre les livres qui prennent leur temps pour poser le décor, poser l’univers, poser les personnages, donc je n’ai pas flairé la douille dès le début, mais arrivé aux 2/3 du livre j’ai réalisé qu’il ne s’était toujours rien passé et ça m’a complètement sorti du truc. Et une fois sorti, j’ai eu du mal à finir : à partir de là, toute la beauté et la poésie des descriptions ne pouvait plus me faire oublier que BORDEL ÇA FAIT 400 PAGES DE DESCRIPTIONS ÇA COMMENCE À FAIRE BEAUCOUP 😤
    (Et ce n’est pas juste d’un point de vue « action », quand je disais plus haut que j’aimais bien qu’on pose l’histoire et les personnages : là ce n’est pas le cas. Le worldbuilding est esquissé brièvement, principalement par du dropping d’éléments historiques (ça ne me dérange pas forcément hein, cf Un long voyage par exemple, mais voilà c’est pas ça qui occupe les pages), et comme le disait déjà Thistle, les personnages sont très peu développés (un personnage principal dont on connaît globalement la vie et la personnalité, quelques personnages secondaires qu’on arrive à distinguer via un trait de caractère, et le reste des personnages fondus dans un flou artistique))
    Bref si je devais résumer : de très belles descriptions, mais surtout ne sortez pas de l’immersion sous peine de réaliser qu’il n’y a que des décors (très beaux, certes) 😛


    Puis j’ai fini Les Chuchoteurs d’Estelle Vagner, l’histoire de deux jumeaux qui acquièrent des pouvoirs (manipulation des éléments + se lier avec un « cryptide », c’est-à-dire un animal avec des pouvoirs) et doivent faire face à un grrrrand danger tout en découvrant leur histoire et leur nature.
    C’est clairement de la littérature jeunesse sans prise de tête : c’est simple mais ça se lit tout seul.
    Au niveau du style : on est loin des fioritures de certaines de mes précédentes lectures, et on ne retiendra pas la plume de l’autrice pour ses tournures de phrases magistrales ou ses métaphores poétiques. En revanche, le système de narration est parfaitement maîtrisé, et ça, c’est quand même un gros plus 🙄 (je ne comprends pas comment ça peut ne pas être une condition indispensable à une publication mais passons 🙊)
    Au niveau scénario : c’est aussi assez classique, avec un côté un peu jeu vidéo (très Pokémon dans l’idée : tuer des monstres pour faire de l’XP ou les capturer pour compléter son Pokédex (avec pour moi le point le plus négatif de l’histoire : le côté parfois un peu « liste de pouvoirs » qui n’est pas amené de façon forcément très « littéraire » et fait un peu « enfantine »)). Cependant, quelques surprises arrivent en cours de route, et quelques éléments qu’on pensait évidents s’avèrent peu à peu être plus subtils qu’ils ne le semblaient de prime abord. La conclusion ouvre quant à elle la possibilité à une intrigue plus vaste, faisant de ce premier tome une introduction à l’univers – qui semble pouvoir le supporter : entre la multitude de créatures, les différents dons héréditaires des Chuchoteurs, et leurs histoires secrètes de familles en guerre les unes avec les autres depuis des siècles, il reste de quoi explorer…
    Bref, pas une lecture révolutionnaire, mais une lecture facile et agréable 🙂


    Engrenages et Sortilèges, d’Adrien Tomas : une nouvelle lecture jeunesse, et une nouvelle lecture fort agréable ma foi 🙂
    Dans un univers où automates et mages cohabitent, on suit deux jeunes élèves de la plus prestigieuse école du pays, aux deux cursus parallèles mécanique / ésotérisme, lorsqu’ils doivent la quitter précipitamment pour éviter un enlèvement, et aller se réfugier dans les bas-fonds.
    Le scénario n’est pas d’une originalité folle, ne nous mentons pas, on a tous déjà lu ou vu cette histoire, mais c’est une histoire qu’on aime relire (enfin moi oui en tout cas 😛 ), et le cadre lui apporte une fraîcheur agréable.
    Quelques passages sont très sympathiques, le final est satisfaisant, le style est direct, bref ça se lit tout seul 😃

     


    Puis, après dix jours de lutte (plus ou moins) acharnée, j’ai fini par abandonner Les machines ne saignent pas, un peu à contrecœur, après avoir lu environ un quart. Si je n’avais pas déjà lutté sur plusieurs livres récemment, par exemple si j’avais lu mes achats dans un autre ordre, je me serais probablement accroché, mais là je n’ai pas eu le courage ^^’ il y avait pourtant un principe de base intéressant (un conglomérat de super entreprises qui fait des expériences sur des cobayes humains pour créer des « héros » améliorés), mais le scénario est fouillis et le style peu lisible, avec en particulier des ellipses mal gérées, bref 🤷‍♂️
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    Et du coup à la place j’ai lu Que passe l’hiver, de David Bry, et c’était très très bien 🥰
    J’aurais pas mal de choses à en dire mais qui risqueraient de spoiler, donc je vais me contenter de généralités : c’est bien écrit, le style est beau et poétique ; le personnage principal est attachant ; et l’histoire est très prenante ; bref, c’est vague, mais voilà c’était bien 😛
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    Anergique, de Célia Flaux : j’ai beaucoup aimé 🙂
    Le pitch : époque victorienne, entre Londres et l’Inde. Un jeune dena (c’est-à-dire une personne capable de produire de l’énergie, mais ne pouvant l’utiliser) de 10 ans se fait violer par une lyne (c’est-à-dire une personne capable d’utiliser l’énergie, mais n’en produisant pas, et ayant besoin de s’abreuver à un dena régulièrement pour survivre) assoiffée. Il survit miraculeusement. Des années plus tard, la violeuse est de retour, et une Garde Royale arrive en Inde pour essayer de l’arrêter.
    Le concept des lynes et des denas est très intéressant, et vient bien évidemment interroger toutes les assignations sociales arbitraires qui sont faites dans notre société. Mais contrairement à ce qu’on peut craindre parfois dans ce type de projet, ce n’est pas fait lourdement, mais de manière claire et naturelle.
    Le style est direct et agréable (narration à la première personne pourtant, comme quoi je n’ai pas de problème avec ça 😛 ), les personnages sont attachants, l’histoire intéressante et prenante, bref c’était bien 🙂


    Et enfin, j’ai éclaté Royaume de Vent et de Colères, de Jean-Laurent del Soccoro ^^’
    Globalement, on suit divers protagonistes qui se croisent à Marseille au XVIe siècle pendant la fin des guerres de religion. C’est très bien écrit, on s’attache aux personnages, le style est agréable, mais j’avoue qu’au final le livre m’a laissé un peu sur ma faim ^^’ ça pourrait être le premier tome d’une saga, un tome introductif nous présentant des personnages stylés, dignes d’un classique de fantasy mais avec une touche de modernité originale et rafraîchissante, et en fait non, et c’est assez frustrant (surtout pour quelqu’un comme moi en tout cas ^^) Un léger goût d’inachevé, de potentiel inexploité, de « tout ça pour ça »…
    Mais bon, ça se lit quand même tout seul et j’ai quand même beaucoup aimé hein 😛

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 2 mois par Jon.
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    #166262
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Et du coup à la place j’ai lu Que passe l’hiver, de David Bry, et c’était très très bien 🥰
    J’aurais pas mal de choses à en dire mais qui risqueraient de spoiler, donc je vais me contenter de généralités

    T’as un sujet rien que pour en parler plus si tu veux 😉

    Que passe l'hiver, de David Bry

    (Et de même avec Jean-Laurent Del Socorro : https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/jean-laurent-del-socorro/)

    ~~ Always ~~

    #166316
    Yunyuns
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    Après Jonjon, à mon tour de faire mon retour des Imaginales (sauf que je n’ai que 4 livres contre ses 9000 ^^).

     

        Boudicca et Je suis fille de rage, de Jean-Laurent Del Socorro.

    Une critique commune pour ces deux livres car le style est assez semblable et j’ai plus ou moins le même avis sur les deux.

    Ceux-ci sont en fait une adaptation par l’auteur de faits historiques réels : Boadicée la reine celte du 1er siècle d’un côté, la guerre de Sécession de l’autre ; autour desquels il ajoute une petite touche romanesque. Mais l’auteur reste vraiment et complètement dans le roman historique, il ne propose pas d’uchronie et n’a donc pas grande liberté d’écriture. Le roman se cantonne alors à une succession de faits, d’actions, de batailles, en les enchaînant à un rythme que j’ai trouvé bien trop rapide et qui ne laisse donc que très peu de place au développement des personnages et à notre attachement à eux. Dans le même style que Royaume de vent et de colères, les chapitres sont très courts mais contrairement à ce premier livre dont l’action se déroulait sur un laps de temps restreint, on est ici sur cinq longues années de guerre pour Fille de rage et sur une trentaine d’années pour Boudicca. On saute donc presque à chaque page d’une action à la suivante, et les moments qui devraient être émouvants et nous faire ressentir de l’empathie pour le personnage sont en fait immédiatement oubliés lorsque la page suivante nous emporte dans une nouvelle action tout à fait différente. J’ai donc été un peu frustré et déçu de mes lectures.

    Reste que le texte est bon, le style est parfois assez plat (roman historique oblige), mais JLDS nous offre tout de même de temps en temps quelques passages bien travaillés qui font honneur à la langue française. Ces livres plairont aussi aux fans d’Histoire (avec un grand H) qui voudraient une approche sympa de ces périodes-là.

    (Je précise au passage que ma version de Fille de rage (ActuSF, imprimé en 2019) comporte énormément de coquilles, de petis mots ou lettres oubliés ici et là. L’effort mis dans l’habillage du livre a dû faire sauter le budget relecture…)

     

    Même pas mort (série de cinq livres – en cours), de Jean-Philippe Jaworski

    Difficile de faire une critique de Même pas mort car c’est un livre étrange. En soit ce premier livre ressemble à une simple introduction à l’univers que Jaworski veut développer. Cela se matérialise de plein de façons : la moitié des pages raconte l’enfance du héros et les 10 dernières pages sont même un résumé précis et concis du synopsis, ce qui nous fait nous demander pourquoi on a lu tout ça. Mais comme diraient certains, ce qui compte c’est le voyage, pas la destination, et bien là c’est sûr qu’il y a un voyage, à travers la Gaule celte, pleine de druidisme, de combats de chefs et de banquets, un voyage aussi du héros à travers une espèce d’introspection morale et mystique. Tout ça avec le vocabulaire et le phrasé de Jaworski en fait une lecture qui plaira aux amoureux de belles lettres mais qui pour les autres semblera plutôt lourde et très très très très lente. Un livre d’introduction donc, qui donne envie de connaître la suite, mais peut-être moins de la lire. Même pas commencé, en somme.

     

     

    Le bâtard de Kosigan, tome 1 : l’ombre du pouvoir (série de quatre livres, en cours), de Fabien Cerutti

    A l’opposé de Même pas mort, on est ici dans un livre d’aventure avec de l’action, du combat, des retournements de situation et un style très direct. Le héros est un vrai bon héros à l’ancienne, intuable, plus fort que tous les autres, plus rusé que tout le monde (j’éxagère un peu) ; et en tant que fan du Trône de Fer et autres récits du même genre, on pourrait se dire que ce n’est pas forcément le style qu’on préfère. Mais le héros lui-même se pose des questions sur ses capacités, donc ce n’est pas juste une facilité prise par l’auteur, il y a quelque chose derrière.
    Et l’intérêt du roman se trouve aussi et surtout dans sa double temporalité. En effet, en plus du héros médiéval, on suit son lointain descendant qui enquête sur ses ancêtres dont toutes les traces semblent avoir été effacées par l’Histoire. Un petit côté Da Vinci Code à la recherche de son ascendance et de la disparation de la magie qui est très sympa à suivre. J’ai vraiment été pris par l’histoire et j’ai dévoré le bouquin.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    #166376
    FeyGirl
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    @Yunyuns : je me souviens avoir été très déçue par Boudicca, sans doute parce que je connaissais ce personnage historique grâce à un documentaire, et donc j’attendais beaucoup du roman. Or, la dernière année de sa vie, celle qui a créé sa légende, est escamotée en 2 pages à la fin du livre !

    Tout comme toi, j’ai trouvé le style très plat et le personnage principal peu développé – comme un personnage de papier – pourtant ce n’est pas une conséquence du genre littéraire : on a des romans historiques beaucoup plus enlevés !

    #167235
    DNDM
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    Chanson Douce, de Leïla Slimani

    Glaçant bouquin qui s’ouvre avec le meurtre de deux enfants par leur nounou, et qui ensuite revient sur la vie de cette nounou trop parfaite pour faire son portrait.

    C’est dur et flippant (surtout si vous êtes parents), et très réaliste. C’est un constat assez bien troussé de la solitude qui peut enfermer peu à peu dans la folie, des violences de classe qui ne disent pas leur nom, des gens qui s’enferment dans leur tête et sont oubliés du monde. Très bien écrit, même si le moteur du livre, ce qui nous fait avancer dans la lecture, est un genre de fascination morbide pour la folie meurtrière.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #167243
    FeyGirl
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    Je n’avais jamais lu de romans de la grande Agatha Christie, même si j’ai vu et revu les films adaptés de son œuvre, c’est pourquoi j’ai été tentée quand j’ai eu l’occasion de découvrir Mort sur le Nil dans le cadre d’un service presse.

    La trame est connue, mais rappelons-la : pendant les années 30, divers personnages partent en croisière sur le Nil. Un meurtre est commis, mais le célèbre détective Hercule Poirot est un des voyageurs et va mener l’enquête.

    La lecture est un vrai plaisir : bien avant la croisière, nous rencontrons plusieurs personnalités marquantes que l’auteure sait dessiner avec des dialogues et des descriptions savoureuses, nous continuons le long du Nil avec des personnages secondaires tout aussi intéressants que les protagonistes, réunissant une galerie de caractères fascinante. L’ironie n’est jamais oubliée, accompagnée d’une écriture alerte voire parfois piquante au service d’une trame qui se tisse au fil et à mesure de scènes courtes et dynamiques.

    Hercule Poirot se révèle à la fois humaniste, fin psychologue et méticuleux. Nous plongeons dans le monde suranné d’une société privilégiée entourée de quelques domestiques — même les appauvris de ce milieu vivent mieux que la plupart de leurs contemporains — où les passions ordinaires animent ces êtres qui cachent avec soin leurs passés ou leurs objectifs.

    Même si vous connaissez l’histoire de Mort sur le Nil grâce aux adaptations, je ne peux que vous encourager à lire le roman pour vous régaler de la narration et des piques d’Agatha Christie. Pour ma part, je n’hésiterai pas à découvrir d’autres œuvres de l’auteure.

    Cette chronique a été écrite dans le cadre d’un service presse.

    #167250
    R.Graymarch
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    Oui c’est un classique d’Agatha Christie mais pas le meilleur à mon avis.

    Le Meurtre de Roger Ackroyd est un monument du genre. Il a fait scandale et a marqué son époque et je ne vous dirai pas pourquoi car ce serait spoiler. Le Crime de l’Orient Express est aussi un must. Et une autre ambiance, beaucoup plus stressante pour Ils étaient dix/Dix petits nègres qui est aussi un incontournable à mon avis

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ suppléant de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #167252
    FeyGirl
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    Oui c’est un classique d’Agatha Christie mais pas le meilleur à mon avis.

    Le Meurtre de Roger Ackroyd est un monument du genre. Il a fait scandale et a marqué son époque et je ne vous dirai pas pourquoi car ce serait spoiler. Le Crime de l’Orient Express est aussi un must. Et une autre ambiance, beaucoup plus stressante pour Ils étaient dix/Dix petits nègres qui est aussi un incontournable à mon avis

    Merci pour ces recommandations de lecture !

    #167273
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    Oui c’est un classique d’Agatha Christie mais pas le meilleur à mon avis. Le Meurtre de Roger Ackroyd est un monument du genre. Il a fait scandale et a marqué son époque et je ne vous dirai pas pourquoi car ce serait spoiler. Le Crime de l’Orient Express est aussi un must. Et une autre ambiance, beaucoup plus stressante pour Ils étaient dix/Dix petits nègres qui est aussi un incontournable à mon avis

    Tout-à-fait d’accord !

    Le crime de Roger Ackroyd ne pourra jamais, de par son scénario même, être égalé !

     Le Crime de l’Orient Express et Dix petits nègres sont également mes numéros deux et trois !
    Personnellement, je ne raffole pas d’Hercule Poirot auquel je préfère Miss Marple, beaucoup plus … atypique !

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #167284
    Lapin rouge
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    Quand on évoque l’écriture d’Agatha Christie, on mentionne souvent la qualité de ses intrigues policières, ou la caractérisation très réussie de ses personnages. Tout cela est vrai, mais ce qui n’est pas toujours mis en avant, c’est aussi, dans certains de ses romans, sa capacité à mettre le lecteur mal à l’aise, voire à l’angoisser. Ce n’est pas du Stephen King, c’est moins flagrant (ou plus subtil, comme on voudra), mais c’est une facette plutôt inattendue (pour moi en tout cas). Ils étaient dix/Dix petits nègres est particulièrement emblématique de ce point de vue.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #167286
    DJC
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    Je me lance 🙂

    J’ai craqué pour les 2 tomes Harry Potter parus chez aux éditions graphiques Minalima, un plaisir de se replonger dedans, à travers ces pages et pliages magnifiques 🙂

    Pour ceux qui connaissent pas et qui veulent voir à quoi ça ressemble, petit feuilletage ici.. https://youtu.be/q3mIHaWtcCA?t=158

    J’ai pris aussi une bonne partie de la collec illustrée Minalima, pour l’instant j’ai relu avec plaisir Le Magicien d’Oz et Pinocchio, et là je suis dans Le Livre de la Jungle 🙂

    Je me surprends à imaginer Le Trone de Fer adapté par ces éditions..

    #167468
    FeyGirl
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    Morwenna, de Jo Walton.

    1979 : Morwenna, jeune adolescente handicapée à cause de l’accident qui a tué sa sœur, arrive dans le pensionnat où l’a envoyée son père rencontré pour la première fois peu de temps auparavant. Morwenna demeure à part au milieu de ses camarades. Grande lectrice assouvissant sa passion de la SF et de la Fantasy pendant les heures où les autres élèves font du sport, elle tient un journal intime dans lequel elle décrit ses journées, ses lectures, mais aussi ses rencontres avec les fées.

    Car Morwenna voit les fées. Pas les fées de contes d’enfants, mais des êtres énigmatiques qui vivent dans la nature, et que peu d’autres personnes voient. On les voit si on y croit, d’après Morwenna, qui par ailleurs a peur de sa mère — décrite comme une sorcière — et qui s’interroge sur la magie.

    Pendant presque la totalité du roman, je me suis demandé les fées de Morwenna sont réelles ou le fruit de son imagination, et si les éléments qu’elle cite ne sont pas arrivés par hasard plutôt que par incantation. La frontière entre le réel et le rêve est tenue, et le souvenir de sa sœur décédée plane sur Morwenna.

    Texte littéraire (amateurs d’action, passez votre tour), hommage aux auteurs de science-fiction et de Fantasy, journal intime introspectif d’une jeune fille qui grandit entre deux univers, récit d’un apprentissage, ce roman vaut le détour !

    #167572
    Amarei
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    J’avais lu Mes vrais enfants de la même auteure qui aussi un très bon roman.

    Dans celui-ci, une femme âgée et confuse se souvient de deux versions de son existence qui ont divergées à partir d’un choix de vie. Dans les deux versions, elle a vécu en couple avec une personne différente (un homme d’un côté, une femme de l’autre), a eu une carrière professionnelle différente et des enfants (forcément) différents. Laquelle des deux versions est réelle ? Le roman nous fait traverser le 20e siècle et son histoire avec deux parcours de femme très différents (l’héroïne est née dans les années 20, elle a l’âge de mes grands-mères).

    “Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.” JR.

    #167575
    FeyGirl
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    Je pense effectivement lire d’autres romans de l’auteure, et j’avais entendu parler de celui-ci.

    #167889
    DNDM
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    Les vertus de l’enfer, de Pierre Boulle

    Amazon.fr - Les vertus de l'enfer - Pierre Boulle - Livres

    Pierre Boulle est resté dans l’histoire comme auteur du Pont sur la Rivière Kwaï (1952) et de la Planète des Singes (1963), mais ce ne sont pas ses seuls oeuvres. Les vertus de l’enfer (1974) est largement postérieur à ces deux chefs-d’oeuvres, et objectivement moins marquant.

    Mais sans être génial, il reste sympatoche, avec un personnage principal marquant et un projet littéraire précis.

    Le seul problème c’est qu’on spoile pas mal si on décide d’en dire plus. :-/

    Version spoiler-free: en gros c’est une histoire de trafic de drogue qui rappelle pas mal Breaking Bad (mais sans atteindre le génie et les nombreux niveaux de nuance de Breaking Bad), et qui va nous emmener dans les différents étapes du trafic à travers le monde. Et au cœur du livre, il y a une évolution de personnage intéressante et inattendue.

    Version Spoiler, pour qui n’ira pas lire ce livre (c’est sympa mais pas forcément un must-read):

    Spoiler:

    C’est l’histoire de John Butler, qui dès les premiers chapitres nous est présenté comme un looser total, tombé dans la drogue parce qu’il était de caractère faible, paresseux et lâche devant la vie en général, et qui contre toute attente va se révéler à travers le trafic de drogue, trouvant dans les différentes étapes de ce trafic (et dans la confiance que ses chefs lui accorde peu à peu) une source d’épanouissement qui le sort de son apathie. Ca commence avec le petit commerce (revendeur de drogue), ça continue avec la production quand ses employeurs en manque de chimistes se rendent compte qu’il a fait des études dans cette branche (coucou Walter White), et ça se finit avec la production puis le convoyage d’un chargement absolument démentiel, d’une valeur de 3 milliards de dollars, à dos de 120 mules qui passent par de petits sentiers bourrés de dangers en Birmanie. L’idée générale étant que le lâche et paresseux John Butler, plongé dans l’enfer de la drogue, y trouve paradoxalement une manière de se révéler, une place dans le monde, qui le fait devenir un employé modèle et hyper-consciencieux, un innovateur, et même une légende de guerre sur les sentiers birmans.

    Comme le résume un personnage à la fin du livre: « Quoi que vous en pensiez, toute l’histoire est profondément morale. »

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années par Nymphadora. Raison: réduction de la couverture

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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