Réalisme Magique

  • Ce sujet contient 35 réponses, 16 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Athouni, le il y a 4 années et 6 mois.
30 sujets de 1 à 30 (sur un total de 36)
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  • #109676
    DNDM
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    J’ouvre cette conversation suite à la discussion commencée dans le fil sur Neil Gaiman, pour aborder le cas du Réalisme Magique.

    Comme toutes les catégories et étiquettes, celle-ci est fluctuante, et selon les listes, Gaiman y côtoie Gabriel García Márquez, Kafka, Carlos Ruiz Zafon, Haruki Murakami, Toni Morrison, Milan Kundera, Borges, Mikhaïl Boulgakov ou Salman Rushdie.

    Le réalisme magique, c’est la façon dont la littérature blanche appelle « les littératures de l’imaginaire de qualitay », quoi. Ou les littératures de l’imaginaire des gens qui n’assument pas de lire des littérature de l’imaginaire.

    Ou en tout cas c’est comme ça qu’actuellement je vois le truc. mais je dois avouer que je n’ai pas non plus une grande connaissance de la plupart des auteurs cités ci-dessus.

    Du coup, vos avis, expériences, lectures coups de coeur en « Réalisme Magique »?

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #109683
    Pandémie
    • Fléau des Autres
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    Ce n’est pas vraiment une question de qualité mais plutôt une question de débat d’expert. Certains préfèrent réalisme magique parce qu’ils sont insatisfaits du terme littérature de l’imaginaire, ou du fantastique, trop généraux et pas forcément adaptés à leur manière de classifier les œuvres. Mais du coup, comme c’est un terme réservé à des spécialistes ou des critiques et donc d’un usage très spécifique, et pas un terme adopté par le grand public, il est uniquement relié à des œuvres majeures. Moi, par exemple, j’ai toujours vu la Métamorphose de Kakfa classée dans les nouvelles fantastiques, mais visiblement, y a un type, une fois, qui a du se dire que ça irait mieux dans réalisme magique. Tu peux trouver des universitaires qui classeront Harry Potter en réalisme magique.

    Moi, perso, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre de savoir quelle étiquette on leur accole. J’ai des collègues qui font une crise quand quelqu’un met Star Wars en exemple de SF (au collège). J’ai lu la moitié de ta liste, ce sont de grands auteurs quoi qu’il en soit, avec tout ce que ça implique. Kafka ou J.K Rowling ne sont pas vraiment au même niveau littéraire et même si tu ne les lis pas dans la même optique, tu y trouves ton compte quand même.

     

    #109737
    JN
    • Terreur des Spectres
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    Le réalisme magique, c’est la façon dont littérature blanche appelle « les littératures de l’imaginaire de qualitay », quoi. Ou les littératures de l’imaginaire des gens qui n’assument pas de lire des littérature de l’imaginaire.

    Pas vraiment. Le réalisme magique c’est un mouvement bien spécifique (enfin, pas si précis que ça mais qui existe bien), auquel on pourrait par exemple rattacher les œuvres de García Márquez. Il y a une démarche qui n’est pas exactement celle du fantastique ou de la fantasy – c’est pas un nom au pif qu’on attribue à des œuvres au hasard.

    C’est juste que beaucoup confondent « réalisme magique » avec « fantastique » et donc fourrent tout là-dedans. D’ailleurs, à ce moment-là, à titre personnel, je pense que « littératures de l’imaginaire » c’est tout aussi fourre-tout – et probablement de plus en plus désuet à une époque où les frontières entre littératures blanches et « les autres » deviennent de plus en plus floues.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #109738
    Céleste
    • Pas Trouillard
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    Je n’avais jamais entendu ce terme 😮
    Lorsque je lis le lien, ça me fait énormément penser à l’idée que je me fais du fantastique mais après avoir fouillé un petit peu, il semblerait que contrairement au fantastique il n’y a pas d’étrangeté, de rejet face à l’émergence du fantastique dans le récit réaliste. Il semblerait que ce soit un récit fantastique dans lequel le réel et le fantastique sont traités de façon égalitaire en quelque sorte, les deux seraient acceptés de la même manière par le narrateur et lecteur.

    C’est ce que j’ai cru comprendre, mais je ne connais pas spécialement les auteurs que tu cites, du coup ça serait cool d’avoir la vision des lecteurs en effet ^^

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

    #109740
    Freuxpensant
    • Patrouilleur Expérimenté
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    « REALISME MAGIQUE ! »…. Dégât d’expert !… OUAAAAAh ! Dans le genre antinomique, cela se pose…

    J’arrête là, sinon je vais pleurer… de rire. 😉

    "Qui, du ver qui ronge ou du fruit qui pourrit est le plus dangereux ?"
    "Celui qui a faim ne se soucie guère du fruit, du ver et de leur digestion..."
    Fol de Dol (Serge Letendre)
    "Les cor-beaux aiment à voir couler le sang à la cu-rée d'un cerf" (contrepet "trônedeferresque" bien gratiné)

    #109753
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
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    J’ai déjà vu ce terme dans quelques articles ou commentaires, pour assez vite me rendre compte qu’il était très mal défini, et utilisé pour classer des livres de « littérature blanche » difficiles à catégoriser.

    On est dans le cas où le premier « expert » donnera une définition très proche du fantastique, quand le deuxième déclarera que c’est une spécificité de la littérature latino-américaine alors que le troisième l’opposera artificiellement au fantastique, à la fantasy et au merveilleux, tout en se trompant dans la définition de ces derniers.

    D’ailleurs, il est rarement utilisé pour analyser les œuvres en question.

    Bref, à mon avis, si ce genre existe, il reste encore à en trouver une définition convaincante.

    #109758
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Je serais bien incapable de donner une définition de ce courant, mais j’ai déjà entendu ce terme effectivement pour parler des oeuvres de Garcia Marquez. Je pensais d’ailleurs que ça ne s’appliquait qu’à la littérature sud-américaine. De Garcia Marquez, j’ai adoré Cent ans de solitude, avec l’impression de boucle éternelle, de temps qui s’étire, de personnages qui se confondent, que dégage ce livre. Je l’ai vraiment adoré, et je le recommande. J’ai aussi aimé L’Amour au temps du choléra, qui est moins onirique et fantastique que Cent ans de solitude, si mes souvenirs sont bons. J’ai lu l’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon, j’ai beaucoup aimé aussi. Haruki Murakami est un auteur que j’affectionne également, son oeuvre est pléthorique. Mes ouvrages préférés sont Le passage de la nuit et Kafka sur le rivage. Je n’avais jamais pensé à le rapprocher du réalisme magique, mais en effet il y a des similitudes entre son univers et celui de Garcia Marquez par exemple. Je suis un peu surprise de voir Kundera dans la liste, en revanche.

     

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #109759
    Chat-qui-boite
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    Quel est ce terme barbare? J’ai un vague souvenir de Kafka sur le rivage, est-ce que la Maison aux Esprits d’Isabel Alliende fait partie de ce tiroir inconnu du pékin de base? Certains sujets me font tomber de haut: Faut-il vraiment se faire des noeuds au cerveau pour apprécier un bon livre?

    Mieux vaut être en retard au paradis qu'en avance au cimetière
    Reste assis au bord de la rivière et tu verras passer le corps de ton ennemi

    #109763
    Tomcat
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    Certains sujets me font tomber de haut: Faut-il vraiment se faire des noeuds au cerveau pour apprécier un bon livre?

    Sûrement pas, il suffit de lire un bon livre pour l’apprécier. Ce qui n’empêche pas qu’on puisse avoir envie de classifier les genres, aussi compliquée et connotée que soit cette classification.

    Je ne connaissait pas le terme de réalisme magique (merci DNDM donc). De ce que vous en dites, j’ai l’impression qu’il s’agit à la fois d’une tentative de trouver une dénomination pour un genre et de redorer un peu le blason des littératures de l’imaginaire, trop souvent sous-considérées.

    "When I'm king in my own right, I'm going to outlaw beets." Tommen. Best manifesto ever.

    #109765
    Samyriana
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    Certains sujets me font tomber de haut: Faut-il vraiment se faire des noeuds au cerveau pour apprécier un bon livre?

    Sûrement pas, il suffit de lire un bon livre pour l’apprécier. Ce qui n’empêche pas qu’on puisse avoir envie de classifier les genres, aussi compliquée et connotée que soit cette classification. Je ne connaissait pas le terme de réalisme magique (merci DNDM donc). De ce que vous en dites, j’ai l’impression qu’il s’agit à la fois d’une tentative de trouver une dénomination pour un genre et de redorer un peu le blason des littératures de l’imaginaire, trop souvent sous-considérées.

    Je ne sais pas s’il s’agit de redorer leur blason, il me semble que ce terme a été utilisé depuis assez longtemps, notamment dans le cadre de l’oeuvre de Garcia Marquez. Ça désigne des oeuvres qui se déroulent dans un univers réaliste, mais dans lequel il y a de légers éléments fantastiques, comme la grande longévité d’un personnage.

    Même si ce n’est pas peut être pas tout à fait du réalisme magique, la littérature antillaise peut s’en rapprocher aussi, si certains ont envie de découvrir des ouvrages francophones.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #109767
    Athouni
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    Il y a effectivement eu une OPA de la littérature sud américaine sur le realisme magique qui masque d’autres traditions, européennes notamment (Perutz, Kadare, Boulgakov, etc.).

    Pour la littérature sud américaine, cela n’en reste pas moins un concept fondamental pour comprendre l’histoire littéraire du XXème siècle au point que de (grands) écrivains sud américains contemporains, comme l’argentin Rodriguo Fresan (lisez Mantra !), se battent pour ne pas se voir accoler cette étiquette. Sur le mode de la blague, Fresan préfère dire qu’ il fait de l’irréalisme logique !

    On peut regretter les cadres un peu flou du realisme magique. Mais en sciences humaines aujourd’hui, la notion d’air de famille (Wittgenstein) est devenu incontournable pour penser la répartition des similitudes et des différences au sein d’un même ensemble.

    Il y a en effet un air de famille entre tous ces textes, un petit quelque chose, une manière de contaminer le réel par le fantastique (sans néanmoins entrer de plein pied dans les genres dit de l’imaginaire, sans répondre aux attentes et aux codes desdits genres).

    D’autres parlent de transfictions (Bibliothèque de l’entre monde de Berthelot – dispo en folio SF, soit dit en passant) pour évoquer ces fictions qui se moquent des codes et qui font vivre au sein d’un même texte des registres différents.

    De ce que vous en dites, j’ai l’impression qu’il s’agit à la fois d’une tentative de trouver une dénomination pour un genre et de redorer un peu le blason des littératures de l’imaginaire, trop souvent sous-considérées.

    Le realisme magique est une notion créé dans les années 1920. La division de la production littéraire en genres hermétiques n’existe véritablement que depuis l’après guerre. Le realisme magique existait avant le déclassement des littératures de genre en sous-littérature. En fait, les genres n’étaient pas aussi cloisonnés avant guerre et ainsi le premier Goncourt est une histoire de rencontre extra-terrestre. Le realisme magique n’a pas été inventé pour redorer le blason des littératures de l’imaginaire, il témoigne simplement de l’aspect artificiel du classement par genre.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #109769
    JN
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    De ce que vous en dites, j’ai l’impression qu’il s’agit à la fois d’une tentative de trouver une dénomination pour un genre et de redorer un peu le blason des littératures de l’imaginaire, trop souvent sous-considérées.

    Vu que ça date des années 20 j’en doute fortement. :’D

    Et l’oeuvre de García Márquez n’est pas toute récente non plus (années 60 pour Cent ans de solitude?).

    EDIT: Grillé par Athouni qui a fait un parfait exposé. De toutes manières, en quelques clics vous pouvez trouver des textes et débats sur le terme sur le net et voir un peu d’où ça vient, si vous voulez des infos précises.

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    #109779
    DNDM
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    Content savoir lancé le débat même si c’était sans finesse aucune, la discussion est intéressante . ^^

    Du coup, pour ceux qui connaissent, vos lectures coup de coeur dans le genre?

    Perso j’ai un très mauvais souvenir de 1Q84 de Murakami, sur lequel je me suis endormi trois fois. Ça fait longtemps que je me dis qu’il faut que je lise du Garcia Marquez ou du Rushdie. Des conseils?

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #109782
    FeyGirl
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    De mon côté, au contraire j’avais énormément apprécié 1Q84 de Haruki Murakami, et j’attendais avec impatience la sortie des nouveaux tomes^^. C’est une série de livres très teintée de culture japonaise, donc dès le départ elle avait tout pour me plaire.

    Le Parfum de Patrick Süskind : un roman assez sombre se déroulant au XVIIIè siècle : un homme a un odorat développé mais ne sent pas sa propre odeur. Il fera les pires choses pour fabriquer « le » parfum.

    Au delà de ça, le sujet pose la question de l’intérêt des étiquettes, comme l’ont évoqué certains plus haut. Je pense que c’est parfois utile pour des lecteurs qui ont aimé un livre, et voudraient en découvrir un autre « dans le même genre ».

    #109784
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Chez les sud américains :

    Cent ans de solitude de Garcia Marquez

    Tout Cortazar

    Pedro paramo de Rulfo

    La maison aux esprits d’Allende

    Et sinon :

    Le maître et Marguerite de Boulgakov

    Kafka sur le Rivage de Murakami

    L’autre rive de George Olivier Chateaureynaud

    Je complète plus tard 😉

     

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #109856
    Freuxpensant
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    Je trouve que ces histoires de classification en sous-genres relèvent un peu de la masturbation intellectuelle, bien que cela permet de retrouver plus facilement d’autres œuvres dans le même ton.

    Ceci dit, Athouni nous signale que Fresan parle d’«irréalisme logique », ce qui me semble (un peu) moins ridicule que « réalisme magique »… (cela se discute, c’est clair).

    Littérature blanche ? C’est quoi au juste?Après être tombée de l’armoire je viens chuter de la commode

    Rassure-toi, le sol n’est plus très loin (et un félin retombe toujours sur ses pattes). En tout cas, comme dit plus haut, ces tiroirs ne sont pas nécessaires pour apprécier un « bon bouquin ». 😉

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    #109886
    Athouni
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    Littérature blanche est un terme utilisé pour qualifier les livres de littérature dite générale, c’est à dire qui n’appartiennent pas à un genre (Imaginaire, polar).

    Le terme vient du fait que la tranche des livres est traditionnellement blanche (voir les livres de Gallimard, ou Minuit, par exemple) tandis que dans le polar elle est noire. Cette séparation par couleur reste flagrante en librairie même si les choses évoluent un peu.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #109932
    Chat-qui-boite
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    Rassure-toi, le sol n’est plus très loin (et un félin retombe toujours sur ses pattes). En tout cas, comme dit plus haut, ces tiroirs ne sont pas nécessaires pour apprécier un « bon bouquin ». 😉

    Merci, ça fait du bien de le le lire.

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    #109968
    Jaqen
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    Tout à fait en accord ! Un bon livre est un bon livre et qu’Hercule Poirot ou Sherlock soit … ou pas on aime pour aimer! Du Seigneur des anneaux à Harry Potter, il y aura toujours des inclassables!  Le talent est inqualifiable comme le nomme Chat-qui-boîte!

    #109971
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    En fait je ne vois pas le lien entre classement et jugement de valeur. Trouver un dénominateur commun à certains livres, et un dénominateur différent pour d’autres, n’en fait pas des livres meilleurs, pour une élite ou que sais-je… Ne mélangeons pas tout. Évidemment qu’on peut aimer des tas et des tas de livres différents, ce n’est pas de les classer qui va nous empêcher de les aimer, et personne ici n’a dit le contraire. Le débat n’est pas là.

    ~~ Always ~~

    #109978
    FeyGirl
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    Tout à fait d’accord : dans chaque genre et sous-genre, on peut trouver des chefs d’oeuvre qui côtoient des grosses daubes. La qualité littéraire ne compte pas dans la classification.

    Mais si je lis Cent Ans de Solitude et que je l’apprécie (je prends cet exemple qui est dans ma PAL), je vais piocher dans la liste proposée par @athouni une de mes prochaines lectures. En tant que lectrice, c’est pour moi le principal intérêt des classifications : retrouver une expérience qui m’a plu.

    #110029
    Athouni
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    J’ajoute qu’il y a un intérêt à nommer ou classer même si cela revient parfois à couper les cheveux en quatre. Évidemment, la création littéraire résiste à ces classements.

    Mais pour autant ces classements peuvent produire du sens. Par exemple, le realisme magique est un terme généralement associé à la littérature sud américaine du milieu du 20ème siècle. Pourquoi ces écrivains ont-ils ressenti le besoin d’insuffler des éléments fantastiques dans leurs textes ? Hypothèse : dans de nombreux cas, ces pays étaient dirigés par une dictature. Écrire c’était prendre le risque de la censure, sinon pire. Il n’était pas possible de dire frontalement ce qu’on avait à dire.

    L’avantage de cette hypothèse est qu’elle permet de sortir du cadre régional et on constate aisément sa pertinence sous d’autres cieux. Pensons à Boulgakov ou Kadare, par exemple.

    Ce qui, bien sûr, n’empêche pas d’autres motivations. Je lis actuellement La Fracture de Nina Allan, une écrivaine britannique contemporaine et son roman, dont je sais qu’il va pencher vers le fantastique, pourrait très bien rejoindre la grande famille des transfictions (même s’il sera difficile de faire du RU une dictature).

     

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    #110035
    Freuxpensant
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    Mais pour autant ces classements peuvent produire du sens. Par exemple, le realisme magique est un terme généralement associé à la littérature sud américaine du milieu du 20ème siècle. Pourquoi ces écrivains ont-ils ressenti le besoin d’insuffler des éléments fantastiques dans leurs textes ? Hypothèse : dans de nombreux cas, ces pays étaient dirigés par une dictature. Écrire c’était prendre le risque de la censure, sinon pire. Il n’était pas possible de dire frontalement ce qu’on avait à dire.

    Ma culture littéraire étant limitée, je serai bien en peine de jauger la pertinence du propos, mais je dois avouer que l’hypothèse est intéressante. Il me semble que contourner la censure en insufflant des éléments fantastiques dans un texte est un mécanisme déjà employé par des auteurs français par le passé…

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    #110040
    DNDM
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    Pourquoi ces écrivains ont-ils ressenti le besoin d’insuffler des éléments fantastiques dans leurs textes ? Hypothèse : dans de nombreux cas, ces pays étaient dirigés par une dictature. Écrire c’était prendre le risque de la censure, sinon pire. Il n’était pas possible de dire frontalement ce qu’on avait à dire. L’avantage de cette hypothèse est qu’elle permet de sortir du cadre régional et on constate aisément sa pertinence sous d’autres cieux. Pensons à Boulgakov ou Kadare, par exemple.

    Enorme merci, tu viens de me donner envie de lire ces livres.

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    #110057
    Chat-qui-boite
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    Philippe Claudel qui ne m’ a encore jamais déçue, introduit dans « l’archipel du chien » une autre dimension dépassant la réalité, transformant son histoire en parabole bien plus prégnante que n’importe quelle image de reportage à sensation. Ce serait dommage d’éloigner le public lambda de son livre pour cause de classification abusive. Je maintiens que vouloir à tout prix classifier les oeuvres conduit à classifier le public et par là à favoriser l’élitisme. Hors, si la littérature perd son caractère de liens entre les hommes et les différentes cultures, et rend difficile l’accès à ce qu’on ne connait pas, la démarche ne vaut pas tripette ou, c’est selon, atteint son but. L’art sublime la réalité et provoque ainsi émotion et réflexion. Je n’y voit pas de magie. La seule magie souhaitable serait que les esprits s’ouvrent un peu plus et que les taies tombent des yeux des détenteurs ou prétendus tels du savoir.

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    #110058
    Jaqen
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    Tant de chef-d’œuvre inclassables et tant de moments merveilleux emprisonnés dans des pages qui défient le temps!

    Pour preuve cette citation inclassable qui a bien passé le temps!

    « Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, méprisent l’autorité et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu’un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. Ils contredisent leurs parents, plastronnent en société, se hâtent à table d’engloutir les desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres. Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. »
    Socrate, 470-399 av. J.C.

    #110061
    R.Graymarch
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    Socrate n’a jamais rien écrit lui-même, on a rapporté ses propos (et « bizarrement » on préfère Platon qui dit du bien de lui qu’Aristophane qui se moque de lui). Ce texte circule beaucoup sur internet mais ne correspond précisément à rien de ce qui a été écrit. De ce que j’ai trouvé (mais hésitez pas à trouver le texte exact si je me trompe), ce sont au mieux des propos tronqués de La République de Platon, où Socrate intervient.

    Sources : un et deux (dans laquelle il y a une traduction dudit passage d’ailleurs)

    Pour moi, la classification peut être un guide en proposant des aspects similaires. Déjà, théâtre, poésie, roman, sont des types de classification. Je peux trouver idiotes certaines classifications proposées par certains, mais pour moi, ça ne signifie de tout jeter aux orties.

    Il me semble que contourner la censure en insufflant des éléments fantastiques dans un texte est un mécanisme déjà employé par des auteurs français par le passé…

    C’est comme ça qu’on m’a présenté Candide de Voltaire à l’école en tout cas

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #110068
    Chat-qui-boite
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    R.Graymarch Vervoyant Posts : 5028 Socrate n’a jamais rien écrit lui-même, on a rapporté ses propos (et « bizarrement » on préfère Platon qui dit du bien de lui qu’Aristophane qui se moque de lui). Ce texte circule beaucoup sur internet mais ne correspond précisément à rien de ce qui a été écrit. De ce que j’ai trouvé (mais hésitez pas à trouver le texte exact si je me trompe), ce sont au mieux des propos tronqués de La République de Platon, où Socrate intervient.

    Ce n’est pas parce que des citations apocryphes anciennes sont reprises sur le net qu’elles perdent de leur valeur. En attendant qu’une commission d’enquête nous éclaire sur la validité des écrits de Platon, on peut penser que les citations des frères et soeurs ne proviennent pas uniquement du net. Pour quelqu’un de sensible, ta remarque pourrait passer pour condescendante.

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    #110070
    Athouni
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    Ce serait dommage d’éloigner le public lambda de son livre pour cause de classification abusive. Je maintiens que vouloir à tout prix classifier les oeuvres conduit à classifier le public et par là à favoriser l’élitisme.

    Pour penser, il faut pouvoir nommer, définir et donc en définitive classer. Dès lors qu’on est pas seulement lecteur, qu’on travaille sur la littérature, un chercheur par exemple, on a besoin de ces classements ou de ces notions.

    Au demeurant, le grand public utilise ces classifications qu’elles portent sur la forme (roman, recit, nouvelles, etc. mais on pourrait dire concerto, sonate, symphonie, par exemple) ou sur le genre (polar, imaginaire, littérature générale, etc.).

    Plus on développe sa connaissance d’un genre, plus on affine le classement. Un amateur de polar distingue le thriller, du roman d’enquête et du roman noir, là où le néophyte sera perdu. Au final, on peut arriver à distinguer le planet opera du space opera en SF.  Le grand public s’en fout mais ça tombe bien, il n’est pas la cible !

    Pour revenir au réalisme magique, le terme n’a jamais empêché l’accès du grand public auxdites œuvres : Borges, Cortazar ou Garcia Marquez se vendent quotidiennement en librairie. Et je ne doute pas que le terme « réalisme magique » apparaissent en 4ème de couverture d’une partie de leur bouquin…

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #110072
    JN
    • Terreur des Spectres
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    Pour revenir au réalisme magique, le terme n’a jamais empêché l’accès du grand public auxdites œuvres : Borges, Cortazar ou Garcia Marquez se vendent quotidiennement en librairie. Et je ne doute pas que le terme « réalisme magique » apparaissent en 4ème de couverture d’une partie de leur bouquin…

    +1000.

    Cent ans de solitude est un bouquin culte qui transcende les générations – en effet, je doute que quiconque ait été bloqué par une appellation donnée par un critique littéraire pour des critiques littéraires et aficionados de la critique et de la classification.

    Donc bon, si des gens veulent débattre autour de la classification, laissez-les, il n’y a pas de mal, ce ne sont pas quelques posts sur un forum qui vont transformer la littérature en art élitiste et inaccessible…
    Si on commence à débattre de si le débat a lieu d’être, ça n’en finit jamais.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

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