Richard Scott Bakker

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  • #201017
    Kellhus
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    Bonjour à tous,

    Je voulais ouvrir un petit sujet sur une série de livres que j’aime bien, même si elle commence à dater un peu (son historique de publication s’étend de 2003 à 2017), parce que je n’en ai pas trouvé mention sur le forum, et qu’il partage avec ASOIAF le souci d’un univers mature, complexe et curieux de la nature humaine.

    Il s’agit du cycle de la Seconde Apocalypse de Richard Scott Bakker, composée de sept volumes et divisée en deux séries.

    Je ne parlerai ici que de la première série, Le Prince de Néant (Prince of Nothing), la seconde (The Aspect Emperor) n’ayant pas été (encore ?) traduite en français.

    Pour faire court, c’est de la fantasy « tolkenienne » dans le sens où l’on retrouve tous les motifs élaborés par le cher professeur : magie native, une race d’elfes, une race d’orcs, des dynasties humaines prises au milieu des deux, des puissances ancestrales, et bien sûr, une approche eschatologique de la lutte entre le bien et le mal (l’apocalypse, tout ça tout ça).

    Mais pas que…

    Le pitch, donc :

    Dans un monde fragmenté par des conflits commerciaux, militaires et religieux, un empire domine pourtant, et maintient une paix fragile. Des écoles de mages existent, mais sont strictement contrôlées par le pouvoir politique, et servent de mercenaires ou de conseillers. Or, un jour, et contre toute attente, le leader spirituel de cet empire appelle à une croisade contre la nation voisine, une théocratie installée de l’autre côté du désert qui les sépare.

    On suit essentiellement le parcours de trois personnages :

    • Le disciple déprimé et bedonnant d’une secte dissidente de sorciers extraordinairement puissants qui revivent toutes les nuits en rêve les horreurs vécues par leur fondateur lors d’une apocalypse dont le souvenir n’est plus qu’un vague mythe. Au moment où le livre commence, son job est d’espionner les intrigues de cour…
    • Le chef dothraki d’une nation barbare sanguinaire qui pratique le raid à cheval, brillant mais totalement sociopathe (il est surnommé le-plus-violent-de-tous-les-hommes par ses propres soldats quand même…) qui voit une opportunité dans les évènements en cours pour prendre sa revanche militaire sur l’empire
    • Le moine d’une communauté anachorète envoyé pour assassiner son propre père qui vient de leur envoyer un rêve collectif après des décennies d’exil. Il n’a rien à voir avec le schmilblick, d’autant qu’il ne sait absolument rien du monde extérieur, ses pairs s’étant retranchés depuis un bon millénaire pour contempler (et pratiquer, si, si) le déterminisme suggéré par le principe cause-conséquences.

    A mon sens, la grande originalité de ces livres, tient dans la caractérisation des enjeux et des personnages, car l’auteur, c’est sa force, propose un récit à rebours de la bienveillance épique (et souvent unidimensionnelle) qu’on trouve dans les histoires de high fantasy. Alors attention, c’est très graphique, mais sexe et violence ne sont jamais gratuits : ils sont littéralement au service de la construction d’un monde à la fois très concret et très mystérieux. C’est assez épatant, assez méchant (les personnages positifs ne sont pas bien nombreux), un brin désespérant, mais magistral. On sent vite l’effet « partie émergée de l’iceberg » avec un univers très profond (ces petites épigraphes d’auteurs fictifs, quel bonheur) qui en garde beaucoup sous la pédale.

    Allez, un petit moins quand-même : c’est plutôt bien écrit (ce que confirme la deuxième série en anglais), mais l’emploi régulier de quelques tournures de phrases s’apparente à des gimmicks qui peuvent finir par lasser. Et puis bon, il faut un peu s’accrocher pour passer le prologue où ne comprend pas grand-chose, d’autant que, dans la plus grande tradition de la Fantasy, ça bombarde de noms avec des trémas, des accents circonflexes, des redoublements de consonnes, des « h », des « k », et des « y » partout. Pour commencer, c’est en effet moins habile que Les Salauds Gentilshommes , qui reste pour moi un des meilleurs exemples de plongée progressive dans un univers. Mais ça vaut tellement le coup !

    J’ai découvert cette série en même temps que le Trône de Fer que j’avais commencé à la sortie du tome 12 en poche (ça nous rajeunit pas !) et j’avais été frappé par toute cette fantasy adulte, sombre, élaborée que je connaissais pas, et qui m’a immédiatement fascinée. Sans doute moins vaste et moins littéraire que l’œuvre de GRR Martin, Le Prince de Néant reste pour moi une expérience riche et même souvent vertigineuse.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 1 semaine et 2 jours par Kellhus.
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    "On se prend souvent pour quelqu'un, alors qu'au fond, on est plusieurs."
    Raymond Devos

    #201029
    DNDM
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    J’en avais jamais entendu parler mais ça donne envie. Un jour peut-être. Merci pour le conseil !

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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