AGOT 02 – Bran I

  • Ce sujet contient 113 réponses, 40 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Ser Aemon Belaerys, le il y a 3 années et 5 mois.
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  • #123685
    Corneille
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 314

    Et on continue pour la relecture de ASOIAF, après l’ouverture fracassante d’Athoumi ! A partir de maintenant, on rencontre des personnages qui vont durer un peu plus qu’un chapitre.

    Nota bene : toutes les citations de ce post sont extraites de AGOT, chapitre 2 – BRAN I. Je ne l’ai pas répété à chaque fois, pour ne pas alourdir.

    AGOT 02 – Bran I
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 01, Prologue AGOT 03, Catelyn I

    “The morning had dawned clear and cold, with a crispness that hinted at the end of summer.”   

    Après ce prologue noir et angoissant, l’auteur nous plonge dans l’atmosphère d’une matinée fraiche et ensoleillée de la fin de l’été.

    Nous découvrons cette scène à travers les yeux (deux pour l’instant) de Bran ; est-il utile de préciser que le choix de ce premier personnage « POV » ne peut être un hasard ?

    Dans ce très bref chapitre GRR nous présente avec une remarquable économie de moyens cinq personnages humains qui auront un rôle fondamental dans la saga, un monde féodal structuré et différencié, et les prémices de changement dans ce monde bien ordonné. Il sème aussi quelques indices qui ne prendront leur sens qu’après plusieurs lectures, et échanges sur votre site préféré.

    Et bien sûr, il introduit cinq personnages différents, mais non moins importants que les humains,  des direwolves  !

    Présentation des personnages

    Bran Stark

    « It was the ninth year of summer, and the seventh of Bran’s life”. C’est une phrase typique du style de Martin. Quelle belle manière, simple et élégante,  de nous introduire à cette étrangeté que sont des saisons de plusieurs années !

    Bran est donc un petit garçon, qui va assister pour la première fois à une scène très dure : l’exécution d’un homme. Tout le chapitre nous montre un enfant attachant, un « sweet summer child » Personnellement, j’ai eu envie de l’adopter dès la première lecture, ce qui rend son prochain chapitre plus cruel encore. Mais, n’anticipons pas …

    GRRM ne rédige pas ses POV à la première personne, mais le style de chaque POV reflète la psychologie des personnages. Ici, la narration est quasi enfantine : pas de mots compliqués, pas de tournures recherchées, pas d’élucubrations. Bran raconte ce qu’il ressent et ce qu’il voit, même s’il ne comprend pas tout – pas plus d’ailleurs que le primo-lecteur. Ses émotions sont simples et entières : son désir de rendre son père fier de lui, sa joie devant la découverte des louveteaux, son amour pour son frère Jon, son admiration pour Robb. Il a aussi des réflexions typiques de « l’âge de raison », comme la question sur la peur et le courage.

    Father ou Lord Stark

    He had taken off Father’s face, Bran thought, and donned the face of Lord Stark of Winterfell”, Pourtant tout sauf un ”sans-visage”, Lord Stark semble d’abord avoir deux facettes.

    Ce qui le caractérise dès ce chapitre, c’est son sens de l’honneur, et sa fierté d’homme du Nord et de Stark : « He does, » his father admitted. « As did the Targaryen kings before him. Yet our way is the older way. The blood of the First Men still flows in the veins of the Starks, and we hold to the belief that the man who passes the sentence should swing the sword.”

    Le mot « father » est employé si souvent dans ce chapitre que j’ai compté les occurrences : il y en a 31, ce que j’interprète comme un signe de l’importance de ce personnage aux yeux de Bran. C’est un homme impliqué dans l’éducation de ses fils et pédagogue, aussi bien dans le passage où il explique à Bran le sens de l’exécution qui a eu lieu, et aussi dans les conditions qu’il met à l’adoption des louveteaux. Il explique ce qu’il attend, les garçons (Robb et Bran) s’engagent à respecter ces attentes, et il fait confiance à leur parole.

    Il fait également preuve d’une certaine naïveté, en balayant les contes de Vielle Nan, en ignorant les signes que les autres perçoivent.

    Honneur, bienveillance envers les enfants, et un soupçon de naïveté. Et hop, l’air de rien, George nous a synthétisé le personnage dès ce premier chapitre !

    Jon Snow

    Dès sa première apparition dans la saga, Jon est présenté comm le frère bâtard de Bran. Ce statut de bâtard est rappelé plusieurs fois dans le chapitre, ce qui laisse une impression un peu gênante … qu’on comprendra plus tard. Jon a une conscience claire de ce statut, comme le montre la manière dont il choisit de s’adresser à son père pour lui demander d’épargner les louveteaux. “Their father understood as well. “You want no pup for yourself, Jon?” he asked softly. “The direwolf graces the banners of House Stark,” Jon pointed out. “I am no Stark, Father.”

    Their lord father regarded Jon thoughtfully.” (au passage, première alerte sur l’ascendance de Jon).

    La dernière réplique du chapitre appartient à Jon, de même que le louveteau qu’il vient de trouver. L’avenir aussi ?

    Robb, frère aîné de Bran, a le même âge que Jon, c’est-à-dire 14 ans. On apprend peu de lui, ce qui m’a un peu étonné à la relecture.

    Theon Greyjoy, c’est vraiment le type pas sympa du chapitre :  il donne un coup de pied dans une tête décapitée, se moque des loups, ce qui lui vaut de se faire traiter d’Ass  par Jon (Corniaud en version française …  moi je traduirais plutôt par connard).

    Nous rencontrons également Jory, Harwin, Hullen, Desmond, qui font partie de la suit de Lord Stark pour cette expédition et représentent la voix du peuple : ils se montrent sensibles aux légendes et aux présages.

     Dans quel monde lisons-nous ?

     Le système féodal, dans la suite du prologue, est affirmé et précisé : Lord Stark rend la justice au nom du roi, le système est donc centralisé avec plusieurs régions dotées d’un gouverneur.  Il y a eu des dynasties antérieures (As did the Targaryen kings before him,) des légendes sont racontées aux enfants par des veilles femmes, bref, rien que de très normal au sud du Mur.

    C’est la découverte des direwolves qui marque l’irruption de l’anormalité dans ce monde bien structuré.

    Alors juste un mot pour la traduction en français – je ne peux pas écrire ce post avec le mot  loup-garou.      « Dire » en anglais veut dire « terrible », « dramatique ». Donc un direwolf est une race particulière de loup, plus terrible que les autres. Et comme nous dit Jon : “That’s a direwolf. They grow larger than the other kind.”Ils grandissent plus, mais ce sont des loups. Je les appellerai donc simplement des loups, ou des loups géants.

    La plupart des personnages semblent effrayés par cette découverte comme Theon, qui traite la bête de « freak » (monstre) , Jory : « It is a sign, » Jory said. Ceux qui ne sont pas du tout déconcertés, ce sont les Stark, y inclus Jon. Father semble préoccupé mais refuse d’y voir un signe, Bran et Robb sont conquis, de même que Jon.

    De même, Lord Stark semble ignorer le présage que représente la cause de la mort de la louve : elle a été étranglée par des bois d’un cervidé qu’elle a apparemment attaqué et tué. Bran ne comprend pas la symbolique, le primo-lecteur ne le peut pas, pour les autres, ça n’augure visiblement rien de bon : « A sudden silence descended over the party. The men looked at the antler uneasily, and no one dared to speak. Even Bran could sense their fear, though he did not understand.”

    Mais on ne connait pas encore les Baratheon, donc on reparlera de ce cerf plus tard.

    Et voilà, à vos commentaires, ajouts, controverses et discussions !

    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années et 3 mois par Eridan. Raison: mise en forme
    #123688
    Yunyuns
    • Terreur des Spectres
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    Il fait également preuve d’une certaine naïveté, en balayant les contes de Vielle Nan, en ignorant les signes que les autres perçoivent.

    La phrase qu’il réfute est la suivante :

    « He was a wildling, » Bran said. « They carry off women and sell them to the Others ».

    Ce n’est pas naïf que dire qu’il ne s’agit que de contes de grand-mère.

    Pour ce qui est des signes que les autres perçoivent, il essaye simplement de rationaliser la découverte, la comprendre, c’est plutôt le contraire de la naïveté.

    « It is a sign, » Jory said.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    #123689
    Nymphadora
    • Vervoyant
    • Posts : 7905

    Soulignons à ce sujet que ce chapitre est la toute première vision qu’a eue GRRM de Westeros : la découverte des loups est la première scène qui lui est apparue et l’a hanté, le poussant dans le gouffre du Trône de Fer. Un chapitre essentiel donc, tout part de là 😉

    George R. R. Martin à Londres : retour de patrouille

    ~~ Always ~~

    #123691
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 264

    Bravo Corneille pour cette seconde analyse que je partage dans l’ensemble. Je rigole en constatant que j’avais aussi préparé quelques reproches sur la fameuse traduction de direwolf.
    voici ce que j’avais préparé de mon côté :

    Ce chapitre est clairement divisé en deux parties : l’exécution de Gared d’abord et la découverte des louveteaux ensuite.

    Formation : Bran à l’école de la noblesse 

    Le thème du chapitre est la formation de Bran à ses futurs devoirs en tant que Stark. Un jour il sera en charge de délivrer la justice et Ned Stark s’assure qu’il comprenne bien les enjeux inhérents à ses futures responsabilité.

    Yet our way is the older way. The blood of the First Men still flows in the veins of the Starks, and we hold to the belief that the man who passes the sentence should swing the sword. If you would take a man’s life, you owe it to him to look into his eyes and hear his final words. And if you cannot bear to do that, then perhaps the man does not deserve to die.

    En passant, Martin en profite pour construire son univers… avec ces particularismes régionaux et historiques. Le Nord n’a pas rejoint la religion des Sept. En conférant une identité culturelle différente aux Stark, Martin introduit un thème destiné à faire florès dans les chapitres de Ned notamment : les Stark n’ont rien à faire dans le Sud, c’est une erreur que de s’y rendre. 

    Cette particularité prendra une importance considérable lorsque Ned sera Main du Roi et explique en partie la brouille avec Robert Barathéon. L’autre raison étant qu’il n’est de toute façon pas acceptable de s’en prendre à des enfants – Et Daenerys est tout au plus une ado. C’est une constante du personnage de Ned Stark liée sans doute au traumatisant massacre des enfants d’Elia Martell lors du sac de Port Réal. Mais on aura d’autres occasions d’en parler.

    Pour revenir à la formation de Bran, il est ici témoin du poids des institutions et des titres. Il note d’ailleurs que son père dans l’intimité (father’s face) ou en public (Lord Stark).

    He had taken off Father’s face, Bran thought, and donned the face of Lord Stark of Winterfell.

    Cet enseignement a d’ailleurs été compris tant par Robb que par Bran qui auront et l’un et l’autre l’occasion d’exercer les fonctions inhérentes à leur position sociale. Et c’est peut-être là qu’il faut saluer l’éducation à la sauce Ned Stark. C’est un père aimant qui aura su préparer ses enfants et souder sa famille. Par contraste Tywin Lannister, dont nous serons également amenés à suivre la progéniture, fait vraiment piètre figure.

    Winter is coming. Ah bon ?!

    Martin ne nous livre pas la teneur des échanges qui précèdent l’exécution de Gared mais il est établi qu’il est un déserteur et on peine à croire qu’il ne témoigne pas de ce qu’il a vu. Les show runners d’HBO sont d’ailleurs arrivés à la même conclusion. C’est quand même étonnant que Ned Stark, qui passe son temps à répéter que « l’hiver vient » ait à ce point oublié la signification véritable de ces mots. Lorsque Bran évoque les Sauvageons, Ned le rabroue gentiment en pointant les sornettes d’Old Nan. Alors les Autres ! Toujours est-il que çà nous fait une belle jambe d’avoir un leader des Stark si peut au fait de la menace véritable et surtout, si peu enclin à envisager sérieusement la question…

    Aussi admirable que soit Ned Stark, il se sera trompé de combat, comme Robb après lui. La force de Martin est de ne pas laisser d’alternative à ses personnages, ce qui renforce la dimension tragique. Ni Ned ni Robb n’avaient le choix et tout deux meurent dans un combat, au fond, secondaire

    Loup… Garou

    La fin du chapitre renoue légèrement avec la surnaturel entrevue dans le prologue avec ce cadavre de… loup garou… Bon, il y a un topic sur la traduction de Jean Sola mais comment ne pas évoquer ici l’un éléments qui m’ont poussé vers la VO (à égalité avec les barbarismes et la lourdeur incommensurable du style). C’est vrai que c’est pas facile à traduire mais en lisant la VF, j’avais toujours en tête un loup garou tel qu’il apparaît dans la culture populaire. Impossible de me défaire de cette image.

    Je ne reviens pas sur le foreshadowing évident ici et que même les protagonistes relèvent :

    His father knelt and groped under the beast’s head with his hand. He gave a yank and held it up for all to see. A foot of shattered antler, tines snapped off, all wet with blood. A sudden silence descended over the party. The men looked at the antler uneasily, and no one dared to speak. Even Bran could sense their fear, though he did not understand. AGOT – Bran I

    Jon « too much » ?

    Si ce chapitre est le premier POV de Bran, il permet aussi d’introduire les Stark dans leur ensemble et notamment Jon Snow dont les qualités sont à de nombreuses reprises mises en avant. Sans doute trop à mon sens et, à la relecture, je me félicite du traitement plus nuancé que Martin lui réserve par la suite (qu’on pense aux leçons successives de Tyrion, Donal Noye ou Master Aemon). Dans ce chapitre, il est plus lucide et plus vif d’esprit que les adultes qui l’entourent et le coup de grâce nous est donné à la fin du chapitre : 

    Bran thought it curious that this pup alone would have opened his eyes while the others were still blind.

    Vivement qu’il se fasse bâcher un peu. Il me semble que Martin aurait peut-être pu en faire un peu moins sur Jon dans ce premier chapitre. Cela permet d’installer Jon dans le rôle du héros mais un des plaisirs d’ASOIAF n’est-il pas d’avoir des personnages contrastés ? Ici, je trouve Jon un peu « too much ».

    Mon illustration pour ce chapitre : à ma connaissance aucun illustrateur ne s’est penché sur l’exécution de Gared, la découverte des direwolves ayant toutes les faveurs de messieurs les artistes. Dans le lot, j’aime beaucoup celle-ci, extraite je crois de l’edition illustrée d’AGOT (pour les 20 ans) :

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Athouni.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Athouni.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Athouni.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #123700
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Encore une analyse très intéressante, beaucoup de choses ont déjà été dites par rapport à ce que j’ai relevé à la lecture.

    La manière dont la figure de Ned est présentée est intéressante, on perçoit son double rôle de père et de lord, mais également la manière dont ses enseignements, sa façon d’être, sont un modèle pour l’ensemble des personnes de son entourage. Typiquement, ce genre de phrases montre bien à mon sens ce rôle:

    Ce jour-là, garde-toi de prendre le moindre plaisir à l’accomplissement de ton devoir, garde-toi tout autant d’en détourner les yeux

    Le statut de Jon est clairement mis en avant, à de nombreuses reprises… je ne l’avais pas perçu à la première lecture (quelle naïve!), mais là c’est tellement sous-entendu! Je n’avais jamais relu la saga, c’est très surprenant de se rendre compte de tout ce que l’on a raté en première lecture.

    L’introduction de Theon, mazette! Quelle tête à claque! Il est jeune, certes, mais une des premières choses que l’on voit de lui, c’est le fait qu’il shoote dans une tête… rien n’est fait pour nous le rendre sympathique, ce qui est d’autant plus puissant que nos sentiments envers lui évoluent au fur et à mesure de la saga.

    Deux choses m’ont interpellée :

    • La mention du malaise devant la ramure de cerf qui a tué la louve: l’atmosphère est extrêmement particulière

    Toute l’assistance se tut, brusquement. À la vue de cet andouiller, chacun éprouvait un malaise, et personne n’osait parler. Sans qu’il pût le comprendre, Bran lui-même perçut l’effarement de tous

    Martin ne nous donne pas d’éclaircissement sur la raison de ce malaise. Est-ce la stupéfaction de voir qu’un cerf a pu tuer la louve ? Un sentiment de malaise dû à la symbolique des animaux impliqués (Stark et Baratheon) ? On dirait que la stupéfaction est plus grande de trouver la ramure que de trouver le corps de la louve à l’origine.

    • Le fait que la première réaction de Theon soit de vouloir tuer les louveteaux: est-ce du foreshadowing? Il n’est pas le seul personnage à avoir cette réaction, donc je ne suis pas certaine. Mais cela m’a frappé à la lecture.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Samyriana.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #123704
    Raff-Tout-Miel
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 439

    Il y a autre chose dans ce chapitre qui n’est point évoqué. On passe d’un prologue angoissant, brutal avec une bonne touche horrifique au chapitre d’un gentil bambin dont on nous présente la famille presque idéale. Père de famille modèle, le petit frère turbulent, les deux grands frères protecteurs et le vilain petit canard. Bran est donc le frère normal qui n’a rien de particulier, c’est un cadet à cheval entre adulte et enfant pour l’âge. Le contraste est juste énorme entre les deux chapitres. D’une part, il conclut le prologue, on éprouve de la compassion pour ce pauvre Gared, pourtant exécuté par le bon père de famille. L’univers s’annonce dégueulasse. Le malaise éprouvé par les protagonistes sur le fait qu’un cerf a tué cette louve monstrueuse, le lecteur l’éprouve aussi, le prologue est frais, des choses étranges et surnaturelles se produisent, et cette louve est là ou elle ne devrait pas être. Clairement, le lecteur prend le fait comme un avertissement, et les personnages le prennent de la même façon à cause de l’andouiller.

    "A toi de choisir mon gars. Ou t'affrontes les fantômes, ou t'en deviens un."

    #123706
    Macaria
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 132

    Merci à tous pour vos super analyses !

    Ce chapitre est d’autant plus important pour moi car la scène de décapitation qui m’a fait découvrir la série, et plus tard les livres (Merci au pub de mon bouquet canal+ de l’époque).

    C’est cette scène pleine de froideur et crue qui m’a fait m’agripper à cette œuvre (c’est d’autant plus perturbant pour moi quand j’ai appris des années plus tard que c’était la première scène que Martin avait imaginée…).

    Tu as choisi une illustration parfaite @Athouni !

    Je ne te rejoins pas forcément sur l’idée que la mise en avant de Jon dans ce chapitre soit une mauvaise chose. C’est un chapitre d’introduction et cette mise en avant peut permettre en première lecture « d’avoir de l’intérêt pour Jon » malgré son statut de bâtard. Martin décrit un monde froid et injuste. La bâtardise de Jon est d’autant plus touchante pour moi et me donne envie de suivre son voyage initiatique où il montrera un côté plus « humain » avec ses faiblesses. C’est sûrement plus agaçant au bout de plusieurs lectures, mais c’est un aspect qui m’a fait vraiment aimer ce personnage …

    Après, il ne faut pas oublier qu’on voit le Jon vue du point de vue de Bran ☺️.

    Concernant le chapitre, je suis d’accord avec ce qui a été dit ! Malheureusement je lis les quatre premiers tomes en VF, donc je passe à côté de beaucoup de subtilité…

    J’aime l’idée des POV qui permettent d’avoir une approche différente de l’histoire qui nous est racontée. On commence à entrevoir les personnalités de chacun …

    D’ailleurs Theon est désigné comme « écuyer » d’Eddard …
    Je lis en VF j’imagine que c’est une erreur de traduction…

    Concernant l’exécution, l’atmosphère est glaciale (sans vouloir faire de jeu de mot).

    « Glace décapita l’homme »

    Le nom de cette épée fait de jolies métaphores !

    Ça me fait froid dans le dos !

    Seul Theon a l’air de prendre cette exécution à la rigolade.
    On entrevoit déjà sa personnalité de petit seigneur exilé arrogant, ou en tout cas l’image qu’il renvoie à Bran.

    D’ailleurs j’aurais bien aimé avoir la VO des derniers mots de Jon et Theon.

    « Un albinos, dit Greyjoy […] il crèvera plus vite que les autres.
    _ Je n’en crois rien […] Et il est à moi. »

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Macaria.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Macaria.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Macaria.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par R.Graymarch.
    #123709
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Je ne te rejoins pas forcément sur l’idée que la mise en avant de Jon dans ce chapitre soit une mauvaise chose. C’est un chapitre d’introduction et cette mise en avant peut permettre en première lecture « d’avoir de l’intérêt pour Jon » malgré son statut de bâtard. Martin décrit un monde froid et injuste. La bâtardise de Jon est d’autant plus touchante pour moi et me donne envie de suivre son voyage initiatique où il montrera un côté plus « humain » avec ses faiblesses. C’est sûrement plus agaçant au bout de plusieurs lectures, mais c’est un aspect qui m’a fait vraiment aimer ce personnage …

    Après, il ne faut pas oublier qu’on voit le Jon vue du point de vue de Bran ☺️. 

    Justement, Bran est plutôt proche de Jon… il ne doit probablement pas penser à sa bâtardise systématiquement ? Si Sansa était le POV, les références au statut de bâtard de Jon me sembleraient plus logiques. En tout cas, il est indéniable que la question des origines de Jon est bien en place dès le début de la saga. Ça semble si évident à la relecture, pourtant à ma première lecture, je me souviens avoir vaguement réfléchi à cela au moment où Robert et Ned en discutent…

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #123712
    Macaria
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 132

    Oui @Samyriana je suis d’accord, le chapitre aurait été plus dévalorisant pour Jon si le POV avait été celui de Sansa.

    J’imagine que l’accent sur sa bâtardise, c’est  pour nous lecteur 😉. D’ailleurs, c’est une condition qui vient « presque trop souvent » au fils des chapitres pour que ce soit anodin !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par R.Graymarch.
    #123714
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9933

    Merci pour l’ouverture du sujet et vos réactions.

    On parle souvent du système de POV mais GRRM a le talent de toujours avoir un fil dans sa narration au début d’AGOT (sauf pour Daenerys). Là, on retrouve vite Gared qu’on vient de quitter, alors qu’on parle de Bran, c’est fort. Comme noté par Corneille, on apprend aussi « sans effort » plein de choses sur les Stark, la religion, la politique, l’acier valyrien.. en plus de la personnalité des protagonistes (« Father » partout, ça ferait presque penser à une des faces des Sept, si c’était la religion des Stark^^). On voit vraiment des rapports profonds entre les protagonistes : Jon qui reste à sa place, qui protège Bran et le conseille, qui a une saine émulation avec Robb et qui méprise Theon. Bran, plein de contes de chevalerie en tête, Ned, père aimant, Robb un peu moins proche de Bran mais tout aussi bénéfique. Et le petit peuple (enfin Jory, pas trop petit peuple) qui murmure Quant à Theon, j’avais oublié que c’était autant un sale petit con. J’imagine qu’Eridan va nous dire que si on avait son POV, on aurait lu quelqu’un d’amusant et décomplexé (hum) 😀

    Ce qui m’a marqué

    • Bran qui connait Mance Rayder, roi au delà du Mur.
    • Jon et Robb qui découvrent la louve
    • Jon qui propose que les louveteaux aillent aux enfants légitimes des Stark
    • Jon qui trouve Fantôme
    • Le froid qui était mortel mais bienfaisant dans la description du prologue et qui devient mortel mais violent ici dans ce chapitre….

    D’ailleurs Theon est désigné comme « écuyer » d’Eddard …

    Ward, qui n’est pas écuyer du tout en effet…

    D’ailleurs j’aurais bien aimé avoir la VO des derniers mots de Jon et Theon.

    “An albino,” Theon Greyjoy said with wry amusement. “This one will die even faster than the others.”
    Jon Snow gave his father’s ward a long, chilling look. “I think not, Greyjoy,” he said. “This one belongs to me.”

    J’imagine que l’accent sur sa bâtardise, c’est pour nous lecteur 😉. D’ailleurs, c’est une condition qui vient « presque trop souvent » au fils des chapitres pour que ce soit anodin !

    Je ne crois pas. Dans un monde médiéval, la bâtardise est une souillure et c’est vu comme normal de reléguer quelqu’un toujours à ce statut (comme Tyrion sur son physique et encore plus car pour Jon, ça ne se voit pas). Ramsay n’a pas mieux, par rapport à son temps de « présence »

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par R.Graymarch.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par R.Graymarch. Raison: + froid

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #123723
    Pandémie
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2841

    Je dois avouer que je me suis souvent demandé si le cerf et la louve etaient là pour le lecteur par la suite et que les Nordiens eux exprimaient avant tout un présage lié a leur religion des Anciens Dieux et l’hiver supposément atroce qui doit suivre un été exceptionnel. Aucun d’entre eux ne s’imagine à ce moment avoir affaire à Robert durant les années à venir (l’hiver vient par contre).

    #123727
    Aurore
    • Fléau des Autres
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    J’ai toujours trouvé ce symbole de la louve tuée par le cerf comme un présage tout relatif : certes, le loup Ned Stark sera bel et bien tué sur ordre de Joffrey Baratheon-cerf, sauf que Joffrey n’est pas un Baratheon authentique, et que le loup Ned le saura avant de mourir. De plus, tout suggère que le cerf et la louve se sont battus et entretués, ce qui ne va guère se produire entre Starks et Baratheons. Le présage aurait été beaucoup plus cohérent si un lion avait été impliqué, ou même seulement sous-entendu (du genre trace de griffes). Doit-on attribuer ces « écarts » à un changement de scénario de la part de GRRM en cours de volume ?

    #123728
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Si présage il y a, on peut l’interpréter de multiples façons, par exemple en considérant que Robert a indirectement un rôle dans la mort de Ned en l’ayant fait venir au Sud

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #123729
    Pandémie
    • Fléau des Autres
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    Il y a de nouveau ce « biais » de relecture… Le lecteur n’a pas de présage, le lecteur a du foreshadowing qu’il ne peut réaliser que plus tard. Il ne sait rien de la symbolique du cerf et de la venue de Robert et de ses conséquences. GrrM s’attend à ce que plus tard, soit lors d’une relecture soit par la memoire, il repense à la louve.
    Mais du coup, dans quel mesure le lecteur repensant à la louve et au cerf en vient à phantasmer que les pesonnages avaient l’idée de ce présage-là. Ok, cest pas impossible. Mais sérieusement, je pense que les personnages ont un cheminement logoique, chrono-logique même, et qu’ils n’avaient aucune bonne raison de penser à Robert mais plein à l’hiver et ses noires légendes, et que ce n’est plus tard que certains y ont repensé(ou pas, j’ai pas souvenir qu’un personnage le dise).

    #123730
    R.Graymarch
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    Perso, j’y vois aucun présage en lien avec ce qu’il se passe par la suite. OK ce sont des animaux symboles (Stark, Baratheon) mais de là à ce que le Baratheon et le (la ?) Stark se battent au point que le premier tue le/la deuxième… C’est juste qu’on veut y voir quelque chose à mon avis. Et que quand on cherche, on trouve toujours quelque chose qui colle « un peu »

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    #123732
    jeyjey29
    • Éplucheur de Patates
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    Je ne reviendrai ni sur le présage du cerf tuant le loup ni sur le terme loup-garou, qui ont déjà été mentionnés.

    Je me pose également sur le pourquoi Gared a décidé de devenir un déserteur, sachant le sort certain qui lui serait réservé … La peur des Autres, évidement. Cependant au moment du prologue, il se trouvait à 9 jours de cheval du Mur. Pendant sa redescente vers le mur, en tant qu’un des patrouilleurs les plus expérimentés, j aurais pensé qu il aurait repris ses esprits et que son instinct l’aurait poussé à rejoindre Château Noir, où il a passé les 40 dernières années de sa vie, pour se protéger et rejoindre ses probables seuls amis, plutôt que de franchir clandestinement (comment d’ailleurs ?, je ne pense pas en l’escaladant) le mur, seul et à errer dans le Don avec les habits de la garde de nuit sur le dos.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par jeyjey29.
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    #123736
    Macaria
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    Perso, j’y vois aucun présage en lien avec ce qu’il se passe par la suite. OK ce sont des animaux symboles (Stark, Baratheon) mais de là à ce que le Baratheon et le (la ?) Stark se battent au point que le premier tue le/la deuxième… C’est juste qu’on veut y voir quelque chose à mon avis. Et que quand on cherche, on trouve toujours quelque chose qui colle « un peu »

    oui c’est peut être de la sur-interprétation, mais la louve aurait pu mourir de mille et autres une façon (faim, chasse, autre animal, maladie …). Je n’ai pas tendance à l’interpréter comme « les Baratheon combattent les Stark » mais plus comme la responsabilité du roi Robert I Baratheon dans la mort de Ned.

    Eddard Stark est une figure paternelle forte qui laisse dernière 5 (+1) loups dernière lui. D’ailleurs, le fait que Fantôme soit le seul loup qui n’ait pas été retrouvé avec ses « frères et sœurs » et qu’il est le seul à avoir les yeux ouverts fait vraiment écho avec Jon.

    D’ailleurs ce que je trouve drôle, c’est que les chiens nés albinos ne peuvent pas être inscrits au LOF (ou autre organisation canine dans d’autres pays) dans les élevages canins, un chien qui n’est pas considéré LOF, donc de race pure est un bâtard 😅.

    Bref, je m’égare un peu …

    Les Direwolf ont vraiment une place importante et symbolique dans ASOIAF, la mort de leur mère devait l’être tout autant.

    Je ne reviendrai ni sur le présage du cerf tuant le loup ni sur le terme loup-garou, qui ont déjà été mentionnés. Je me pose également sur le pourquoi Gared a décidé de devenir un déserteur, sachant le sort certain qui lui serait réservé … La peur des Autres, évidement. Cependant au moment du prologue, il se trouvait à 9 jours de cheval du Mur. Pendant sa redescente vers le mur, en tant qu’un des patrouilleurs les plus expérimentés, j aurais pensé qu il aurait repris ses esprits et que son instinct l’aurait poussé à rejoindre Château Noir, où il a passé les 40 dernières années de sa vie, pour se protéger et rejoindre ses probables seuls amis, plutôt que de franchir clandestinement (comment d’ailleurs ?, je ne pense pas en l’escaladant) le mur, seul et à errer dans le Don avec les habits de la garde de nuit sur le dos.

    La folie ? Il a vu les Autres, j’imagine qu’après ce genre d’expérience, beaucoup n’auraient pas toute leur raison…

    Aussi après plusieurs années au Mur, il doit connaître des passages comme à Fort Nox (ou autre château abandonné).

    Il peut aussi très bien avoir pensé que personne au Mur n’allait croire son histoire. Ses compagnons sont morts et lui non, comment peut il le justifier au reste de la garde ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Macaria.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par R.Graymarch.
    #123742
    Freuxpensant
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    Theon, j’avais oublié que c’était autant un sale petit con. J’imagine qu’Eridan va nous dire que si on avait son POV, on aurait lu quelqu’un d’amusant et décomplexé (hum)

    Déjà qu’une relecture nous précipite dans une approche plus fouillée au regard de notre prérequis, là, j’exulte, j’ébullitionne ma matière grise ! Revoir tous les évènements marquants d’un chapitre par le biais d’un autre PoV…  Cela nous laisse le temps de voir venir ADoS… 😉

    J’avais pour projet de relire toute la saga d’ici la fin du semestre (après avoir fini de déguster l’intégrale de « Feu & sang »  illustrée que j’ai reçu à Noël), mais je dois reconnaître qu’il est dur de ne pas jeter plus qu’un coup d’œil  à ce topic.

    Bravo à tous !

    A défaut de participer dans l’immédiat, j’envisage de suivre ces posts pour étoffer mes réflexions et je finirai bien par vous rejoindre (avant de vous dépasser ?)… 🙂

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    "Celui qui a faim ne se soucie guère du fruit, du ver et de leur digestion..."
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    #123744
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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     D’ailleurs, le fait que Fantôme soit le seul loup qui n’ait pas été retrouvé avec ses « frères et sœurs » et qu’il est le seul à avoir les yeux ouverts fait vraiment écho avec Jon. D’ailleurs ce que je trouve drôle, c’est que les chiens nés albinos ne peuvent pas être inscrits au LOF (ou autre organisation canine dans d’autres pays) dans les élevages canins, un chien qui n’est pas considéré LOF, donc de race pure est un bâtard 😅. Bref, je m’égare un peu …

    Peut-être pas tant que ça : Jon SNOW évoque le blanc ! Petit clin d’oeil de l’auteur à la pseudo bâtardise des chiens blancs ?

    Je ne reviendrai ni sur le présage du cerf tuant le loup ni sur le terme loup-garou, qui ont déjà été mentionnés. Je me pose également sur le pourquoi Gared a décidé de devenir un déserteur, sachant le sort certain qui lui serait réservé … La peur des Autres, évidement. Cependant au moment du prologue, il se trouvait à 9 jours de cheval du Mur. Pendant sa redescente vers le mur, en tant qu’un des patrouilleurs les plus expérimentés, j aurais pensé qu il aurait repris ses esprits et que son instinct l’aurait poussé à rejoindre Château Noir, où il a passé les 40 dernières années de sa vie, pour se protéger et rejoindre ses probables seuls amis, plutôt que de franchir clandestinement (comment d’ailleurs ?, je ne pense pas en l’escaladant) le mur, seul et à errer dans le Don avec les habits de la garde de nuit sur le dos.

    La folie ? Il a vu les Autres, j’imagine qu’après ce genre d’expérience, beaucoup n’auraient pas toute leur raison… Aussi après plusieurs années au Mur, il doit connaître des passages comme à Fort Nox (ou autre château abandonné). Il peut aussi très bien avoir pensé que personne au Mur n’allait croire son histoire. Ses compagnons sont morts et lui non, comment peut il le justifier au reste de la garde ?

    Ni la conduite de Gared, ni la présence de la louve au sud du Mur  ne sont logiques : on en revient à la théorie de leur « téléguidage » par Freuxsanglant.

    Concernant la mort de la louve, la réaction de tous les personnages m’a toujours intriguée :

     »  A la vue de cet andouiller, chacun éprouvait un malaise et personne n’osait parler. »

    C’est excessif, sauf si on admet que tous y voient le symbole de la Maison Baratheon tuant la Maison Stark.

     

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #123745
    Emmalaure
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    Concernant la louve morte avec son bois de cerf dans la gorge, le lien ne peut pas être entièrement fait dans l’immédiat par le lecteur : mais il a tout de même appris dès le début du chapitre que le direwolf figurait sur la bannière des Stark et le malaise des personnages adultes présents, sur lequel GRRM insiste bien (l’un parle de les tuer, l’autre fait remarquer qu’on n’en a pas vu depuis des siècles de ce côté du Mur, et il y a « né avec la mort, la pire des chances »), invite clairement à nous interroger. Bran est peut-être tout à son émerveillement et ne partage pas lui-même la malaise des grands, mais on se dit à ce moment qu’avec son regard d’enfant, il manque quelques infos – ou que les adultes psychotent trop (perso, je me souviens m’être dit dès ce chapitre que ça allait mal finir pour Eddard, et le seul moment où j’ai enfin espéré qu’il allait survivre, c’était dans sa prison, quand il promettait de se renier et qu’on lui arrangeait de prendre le noir). Là-dessus, Jon insiste sur le lien entre la louve et les Stark, en faisant remarquer qu’il y a 5 bébés loups, pour les 5 enfants légitimes, preuve que les personnages font le lien. Pour le lecteur, il est encore renforcé à la fin du chapitre avec la trouvaille du 6e louveteau. En bref, tout est vraiment fait pour que la scène et le malaise associé reste en mémoire pour le lecteur.

    Dès le chapitre suivant, le lien avec Robert Baratheon sera fait par Catelyn (sa pensée est très explicite pour le lecteur) lorsqu’elle annonce la venue du roi à Eddard et qu’elle pense à ce qu’on lui a raconté sur la louve morte dans la neige : elle s’efforce de ne pas y voir un mauvais présage.

    Catelyn wished she could share his joy. But she had heard the talk in the yards; a direwolf dead in the snow, a broken antler in its throat. Dread coiled within her like a snake, but she forced herself to smile at this man she loved, this man who put no faith in signs.

    Elle n’est clairement pas la seule des gens de Winterfell à avoir fait le rapprochement, puisque c’est le conte qui circule dans les cours de Winterfell (et je vois mal comment au moins Jory Cassel et les hommes d’armes susceptible d’en commander d’autres pourraient ignorer la bannière des Baratheon) et en tous les cas, le lecteur est clairement invité à maintenir son attention sur cet épisode, avant même de savoir que les armes des Baratheon représentent un cerf couronné. De ce point  de vue, le « savoir » des personnages précède celui des lecteurs et notre regard est influencé par eux (à nouveau à titre perso, j’étais persuadée à ce moment que la belle amitié fraternelle annoncée entre Robert et Eddard allait voler en éclats tôt ou tard et qu’ils allaient trouver le moyen de s’entretuer : j’avais tort finalement, mais les frères qui s’entretuent, c’est un topos de la littérature tragique, et GRRM joue avec ces références).

    Puisqu’on parle de références littéraires, il y en a au moins une autre, c’est celle de l’image du sang rouge sur la neige blanche que contemple Bran avec fascination : elle est dans le Perceval (avec un corbeau noir en plus, si je me souviens bien) de Chrétien de Troyes, mais aussi dans divers contes de fée, comme Blanche-Neige (et pas que celui-ci). On ne peut cependant pas encore dire où cela va nous mener, ni si GRRM dépasse la simple référence littéraire en utilisant cette image ou s’il est en train de construire tout un système d’indices symboliques dans son oeuvre, car il est beaucoup trop tôt pour parler de récurrence.

    #123750
    Yunyuns
    • Terreur des Spectres
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    Il y a de nouveau ce « biais » de relecture… Le lecteur n’a pas de présage, le lecteur a du foreshadowing qu’il ne peut réaliser que plus tard. Il ne sait rien de la symbolique du cerf et de la venue de Robert et de ses conséquences. GrrM s’attend à ce que plus tard, soit lors d’une relecture soit par la memoire, il repense à la louve.
    Mais du coup, dans quel mesure le lecteur repensant à la louve et au cerf en vient à phantasmer que les pesonnages avaient l’idée de ce présage-là. Ok, cest pas impossible. Mais sérieusement, je pense que les personnages ont un cheminement logoique, chrono-logique même, et qu’ils n’avaient aucune bonne raison de penser à Robert mais plein à l’hiver et ses noires légendes

    His father knelt and groped under the beast’s head with his hand. He gave a yank and held it up for all to see. A foot of shattered antler, tines snapped off, all wet with blood.
    A sudden silence descended over the party. The men looked at the antler uneasily, and no one dared to speak. Even Bran could sense their fear, though he did not understand.

    GRRM insiste quand même lourdement sur la découverte de l’andouiller. Les personnages présents ne sont pas plus choqués que ça de découvrir la louve, tout juste surpris. Et ils ne sont pas non plus choqués de voir qu’elle est morte. Ils le sont de voir qu’elle a été tuée par un andouiller, et en explicitant que Bran ne comprend pas, GRRM montre bien qu’il y a un lien symbolique plus poussé à faire, qu’il n’explique pas encore. Le lecteur attentif en prendra note.

     

    ce n’est plus tard que certains y ont repensé(ou pas, j’ai pas souvenir qu’un personnage le dise).

    Dès le chapitre suivant, Catelyn confirme bien au lecteur qu’en effet il y avait un signe à voir :

    “Robert is coming here?” When she nodded, a smile broke across his face.
    Catelyn wished she could share his joy. But she had heard the talk in the  yards; a direwolf dead in the snow, a broken antler in its throat. Dread  coiled within her like a snake, but she forced herself to smile at this man she  loved, this man who put no faith in signs.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    #123757
    Pandémie
    • Fléau des Autres
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    Dès le chapitre suivant, le lien avec Robert Baratheon sera fait par Catelyn (sa pensée est très explicite pour le lecteur) lorsqu’elle annonce la venue du roi à Eddard et qu’elle pense à ce qu’on lui a raconté sur la louve morte dans la neige : elle s’efforce de ne pas y voir un mauvais présage.

    Catelyn wished she could share his joy. But she had heard the talk in the yards; a direwolf dead in the snow, a broken antler in its throat. Dread coiled within her like a snake, but she forced herself to smile at this man she loved, this man who put no faith in signs.

    Elle n’est clairement pas la seule des gens de Winterfell à avoir fait le rapprochement, puisque c’est le conte qui circule dans les cours de Winterfell (et je vois mal comment au moins Jory Cassel et les hommes d’armes susceptible d’en commander d’autres pourraient ignorer la bannière des Baratheon) et en tous les cas, le lecteur est clairement invité à maintenir son attention sur cet épisode, avant même de savoir que les armes des Baratheon représentent un cerf couronné. De ce point de vue, le « savoir » des personnages précède celui des lecteurs et notre regard est influencé par eux (à nouveau à titre perso, j’étais persuadée à ce moment que la belle amitié fraternelle annoncée entre Robert et Eddard allait voler en éclats tôt ou tard et qu’ils allaient trouver le moyen de s’entretuer : j’avais tort finalement, mais les frères qui s’entretuent, c’est un topos de la littérature tragique, et GRRM joue avec ces références).

    Ben justement, il te faut à nouveau, pour expliquer la stupéfaction des personnages devant la louve, utiliser des infos postérieurs du chapitre 3. Catelyn fait le lien louve parce qu’elle à la nouvelle de la venue de Robert. Eddard, qui est plus proche de Robert que n’importe qui, pas du tout, Bran, qui a été baigné d’histoires sur l’ami de son père et connaît lui aussi les armoiries Baratheon, pas du tout non plus et personne d’autres. Avant cette annonce, tout le monde ne parle que des Frères jurés qui désertent, des nouvelles de raids sauvageons, du règne du nouveau roi sauvageon Mance Rayder, de la venue de l’Hiver et des légendes et superstitions et doit plus être précoccupé de la fin de l’été exceptionnel. Personne n’a eu affaire à Robert et aux problèmes du sud depuis dix ans. Même Catrelyn partage ces inquiétudes prioritairement avec Ned AVANT de lui parler de Robert et que l’histoire de la louve ne fasse « tilt ».

    Beyond the Wall? » The thought made Catelyn shudder.
    Ned saw the dread on her face. « Mance Rayder is nothing for us to fear. »
    « There are darker things beyond the Wall. » She glanced behind her at the heart tree, the pale bark and red eyes, watching, listening, thinking its long slow thoughts.
    His smile was gentle. « You listen to too many of Old Nan’s stories. The Others are as dead as the children of the forest, gone eight thousand years. Maester Luwin will tell you they never lived at all. No living man has ever seen one. »
    « Until this morning, no living man had ever seen a direwolf either, » Catelyn reminded him.

    Oui, c’est possible qu’un, deux ou trois des personnages aies pensé subrepticement à Robert. Tout le groupe? Mais ils seraient restés abasourdis et auraient causé de la louve si elle avait été tuée par la dent d’un sanglier.

    #123758
    Mestre Tomassen
    • Frère Juré
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    Encore une bien belle synthèse.

    Dans quel monde lisons-nous ? Le système féodal, dans la suite du prologue, est affirmé et précisé : Lord Stark rend la justice au nom du roi, le système est donc centralisé avec plusieurs régions dotées d’un gouverneur. Il y a eu des dynasties antérieures (As did the Targaryen kings before him,) des légendes sont racontées aux enfants par des veilles femmes, bref, rien que de très normal au sud du Mur.

    Avec en plus l’idée que nous sommes dans un monde dur, voir injuste. Dur, car Ned, bien qu’il ressemble au « père idéal » (comme relevé par d’autres) oblige un gamin de sept ans à regarder une exécution.

    Injuste, par rapport à Gared. On vient de quitter un brave type qui a vécu une aventure traumatisante, et pffit plus de tête, alors que nous on sait qu’il « avait raison ». Si un père aimant inflige ça à son fils, et à un brave type, qu’est ce que ça va être quand on verra les « méchants » peut se dire le lecteur.

    Pour l’ambiance à la découverte de l’andouillet, c’est vrai que j’ai aussi du mal à me l’expliquer. Pour le lecteur OK pour le présage, je crois moi aussi que la symbolique ici, c’est bien le fait que les malheurs des Stark viennent de Robert. De sa proposition en premier lieu, mais aussi de son aveuglement envers le danger que représente les Lannister pour lui, et par ricocher pour les Stark. Mais le malaise généralisé et tout de même étonnant. Comme Pandémie là dit, tous les gens présents y voient tous le même signe instantanément ? Dur à imaginer tout de même. Cela ne servirait qu’à appuyer la symbolique pour le lecteur ? Mais une ficelle aussi grosse ne ressemble pas trop à du Martin pour le coup.

     

    Un détail que j’aime bien. Bran est bien conscient de la bâtardise de Jon, un thème fort appuyé dans ce chapitre. Pourtant au début il mentionne ses frères, puis plus loin « une bouffée de tendresse pour son frère… ».

     

    Pour finir : « …les autres sont encore aveugles, pas celui ci ? » Une phrase qui n’amène pas grand chose, sauf à servir d’indice ? Pour nous indiquer que Jon sera le premier qui prendra conscience que le danger vient du Nord ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par Mestre Tomassen.
    #123768
    Liloo75
    • Fléau des Autres
    • Posts : 3524

    Je ne vais rien ajouter de spécial, tout ou presque, a déjà été dit dans les commentaires précédents.

    Mais je tiens à féliciter @corneille pour son résumé et son analyse pertinents. Encore une fois, nous avons un exposé de qualité !

    Personnellement, à la relecture, j’ai relevé:

    • la figure paternelle et bienveillante de Ned STARK vis à vis de ses enfants, qui peut devenir Lord STARK le seigneur inflexible du Nord lorsque les conditions l’exigent. Cette dualité ressort encore plus sous le regard de Bran,
    • Les coutumes particulières du Nord, qui diffèrent du reste des royaumes de Westéros (c’est d’avantage mis en exergue dans le chapitre consacré à Catelyn, mais n’anticipons pas…)
    • La décapitation du déserteur, qui n’a pas l’occasion de se justifier ni même de s’expliquer …
    • L’admiration de Bran pour ses frères, quelque soit leur statut (enfant légitime ou bâtard)
    • Le manque de maturité (je ne sais pas si c’est le terme approprié, mais je tiens à rester polie) de Théon,
    • La découverte des loups géants et l’attribution d’un loup géant à chaque enfant, même le dernier trouvé (l’albinos) qui sera adopté par Jon.

    Sur l’analyse de la mort de la louve géante, et la découverte de l’andouiller, je n’ai pas fait le lien avec les Barathéon. Je me suis simplement dit que si un cervidé a pu tuer une louve géante, c’est que lui-même devait être d’une taille et d’une force exceptionnelles. Donc, il est peut-être inquiétant de trouver des animaux géants au sud du mur…surtout si l’on croit aux légendes.

    Tout comme @macaria, je n’ai pas été interpellée par la mise en valeur de Jon. je ne l’ai pas spécialement remarquée, ni à la première, ni à la deuxième lecture. Peut-être est-ce parce que nous voyons les personnages avec les yeux (deux pour le moment) de Bran et qu’il admire ses grands frères de 14 ans. Ce sont des « grands » pour lui. De plus, c’est Jon qui propose de garder les loups géants, ce qui tient particulièrement à cœur à son cadet.

    PS : merci encore à @athouni pour son illustration. J’aime beaucoup 🙂

     

     

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #123769
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4074

    D’ailleurs Theon est désigné comme « écuyer » d’Eddard …

    Ward, qui n’est pas écuyer du tout en effet…

    Dès le chapitre suivant, la traduction française de ward devient « pupille ». Dommage que cette première occurrence n’ait pas été rectifiée de même.

    Autre petite remarque sur la traduction : lorsque Theon découvre le cadavre de la louve, il jure What in the seven hells is it? En français, ça donne : « « Bons dieux ! ». Dommage, on perd les sept enfers. C’est d’ailleurs un peu curieux d’entendre Theon jurer ainsi (même si le primo-lecteur ne peut pas s’en rendre compte) : c’est un Fer-né, élevé dans la religion du dieu Noyé, puis confié à des Nordiens qui prient les anciens dieux. Je doute que Catelyn Tully se soit évertuée à lui enseigner la foi des Sept. Sans doute l’expression « Sept enfers » est-elle devenue courante dans les Sept Couronnes, au-delà des seuls croyants des Sept.

    Sur le chapitre en général, je n’ai pas eu l’impression que Jon soit tant mis en avant que cela. Il l’est, certes, mais ce n’est pas choquant. Après tout, c’est le seul (avec Eddard) à prêter attention à Bran, que Robb et Theon ignorent. Je trouve que les rapports entre les quatre enfants sont bien décrits, en peu de mots. De même, Eddard est campé vigoureusement en quelques traits.

    Je n’ai pas trouvé que l’exécution de Gared annonçait un monde « dégueulasse ». C’est un déserteur, il est capturé et amené devant le seigneur du lieu, lequel, après l’avoir entendu, le condamne et l’exécute. C’est une justice rude et expéditive, mais ce n’est pas un assassinat sordide. Évidemment, pour le lecteur du prélude, le pauvre Gared est une victime, mais on n’imagine pas que le seigneur de Winterfell fournisse le gîte et le couvert à un déserteur de la Garde de Nuit.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #123771
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 264

    Sur le débat de l’andouillet, il me semble quand même que c’est raté l’essentiel que de prétendre que la réaction aurait été la même avec une dent de sanglier.

    Dans l’univers d’ASOIAF, il y a des symboles immédiatement identifiables pour les personnages. Associer le cerf aux Baratheon, ça va de soi. Que cette association soit faite n’est pas surprenante,  c’est normal.

    Le malaise est perceptible. Ça ne signifie pas que nécessairement tous les personnages le partagent à l’identique, car tous n’ont pas le même rapport aux symboles ou aux supertitions (Ned y est par exemple complètement hermétique) mais la tension est palpable et dans l’ensemble partagée.

    Au demeurant, Joffrey directement responsable de la mort de Ned, est officiellement un Baratheon.

    Plus largement, ces débats sur les biais de relecture me semblent un peu à côté de la plaque sur un forum qui précisément organise… une relecture. Il est évident qu’on perçoit des éléments qui nous avaient échappé en premier lecture précisément parce que nous savons ce qui va suivre. Pourquoi vouloir se mettre à la place d’un primo-lecteur ?!

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #123772
    Fayrence
    • Frère Juré
    • Posts : 72

    Moi ce qui m’a marqué dans cette relecture, c’est la comparaison physique entre Jon et Robb. Bon j’ai la version VF de Pygmalion, donc dites moi si la traduction est correct

    Tout gris qu’ils étaient, d’un gris si sombre qu’on les eût dits noirs, les yeux de Jon avaient une formidable acuité. Tout, d’ailleurs, hormis l’âge, le différenciait de Robb. Aussi mince que celui-ci était musculeux, aussi noiraud que son demi-frère avait le teint clair, il se montrait aussi gracieux et vif que l’autre puissant et ferme.

    Sachant qu’avant ça, on a eu la description physique de Ned: longs cheveux bruns, barbe taillé et émaillé de blanc, yeux gris. Mais aussi celle de Robb, où l’accent est mis sur le fait qu’il ait tout hérité de sa mère physiquement parlant. Nous avons donc ici les bases de l’hostilité que Catelyn entretient à son égard et sera détaillé par la suite.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 3 mois par R.Graymarch.
    #123775
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
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    D’accord avec Athouni sur le combat des deux animaux. J’y ajouterais un élément, AGOT est moins cryptique que le reste d’ASOIAF. GRRM commence en douceur, il aide encore le lecteur à échapper aux POV et avoir la véritable nature des personnages via des discussions emblématiques :  Tyrion se révèle à Jon tout en lui montrant la voie, Jorah Mormont brise les dernières illusions de Daenerys (et du lecteur) sur Viserys, Cersei nous offre un résumé détaillé de sa liaison avec Jaime.

    Nous sommes dans le premier vrai chapitre. L’exécution de Gared sert à illustrer la dureté de l’œuvre et fait comprendre au lecteur une bonne fois pour toutes qu’on peut simultanément être un homme honorable et le pire gaffeur de la création. Ned est l’archétype de l’honneur, il veut le bien de sa maison et de ses terres, il avait toutes les raisons de décapiter le déserteur mais aucune excuse pour ne pas l’avoir écouté. Gared a dû lui faire un récit à peine moins détaillé que ce que le lecteur vient de lire dans le prologue, mais rien ne se passe et le témoin meurt. On connaît déjà l’un des arcs narratifs, un personnage va devoir explorer l’au-delà du Mur et y redécouvrir les éléments que le lecteur a depuis le prologue : l’arc de Jon peut s’ouvrir.

    Pour moi, la louve et l’andouiller servent aussi d’exemple explicatif. Cette rencontre voit sa signification directement expliquée par Jon qui établit le parallèle entre les loups réels et les loups Stark symboliques. Suivront les appréhensions de Catelyn, l’arrivée de Robert et la mort de Ned. Bref, à la fin d’AGOT, le lecteur saura qu’il y a des présages, qu’il devra chercher des symboles pas forcément évidents dans le texte. GRRM nous introduit son œuvre, il nous donne un mode d’emploi. C’est grâce à ce chapitre que les visions de Bran dans son coma vont paraître importantes, sans quoi nous aurions risqué de juste hausser les épaules.

    #123776
    un_Autre_monde
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 208

    @fayrence Voici l’extrait en VO :

    Jon’s eyes were a grey so dark they seemed almost black, but there was little they did not see. He was of an age with Robb, but they did not look alike. Jon was slender where Robb was muscular, dark where Robb was fair, graceful and quick where his half brother was strong and fast.

    Pour moi cette description de Jon (et d’autres éléments dans le même chapitre) évoque celle des enfants de la forêt donnée quelques chapitres plus loin. J’ai fait un post détaillé ici.

    #123781
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Pour moi cette description de Jon (et d’autres éléments dans le même chapitre) évoque celle des enfants de la forêt donnée quelques chapitres plus loin. J’ai fait un post détaillé ici.

    J’ai lu avec attention tous tes posts concernant les liens entre certains personnages du récit et les Enfants de la Forêt, et là où pour certains je suis assez d’accord, ou en tout cas assez séduite par l’idée (les Reed, les Iféquevrons), pour d’autres ça me semble un peu tiré par les cheveux… Je ne suis pas sûre que chaque fois qu’un personnage soit décrit comme « mince », « rapide », « beau », ce soit pour le lier aux Enfants. Et je ne comprend pas pourquoi Jon aurait plus de sang des Enfants que les autres membres de sa fratrie, si il en a. On peut émettre l’hypothèse que le sang des Enfants coule dans les veines de certaines familles du Nord (si on pense que les métissages sont possibles), mais dans ce cas c’est le cas pour tous les enfants Stark.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

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