AGOT 09 – Bran II

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    Lady
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Dans ce chapitre, Bran fait ses adieux à son enfance et nous lecteurs, si nous avions encore des doutes sur la cruauté de cet univers, notre innocence est poussée du haut d’une tour et s’écrase sur le sol.

    AGOT 09 – Bran II
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 08, Arya I AGOT 10, Tyrion I

    Dans son premier chapitre (AGOT 2), on découvrait Bran au sein d’une partie de sa famille. Il assistait pour la première fois à une séance de justice et entrait ainsi dans le monde des « grands ». Dans ce chapitre Bran est seul.

    Bran had been left behind with Jon and the girls and Rickon. But Rickon was only a baby and the girls were only girls and Jon and his wolf were nowhere to found.
    Bran se retrouva donc seul, avec Jon, les filles et Rickon. Mais Rickon n’était qu’un bambin, les fillles que des filles et Jon, tout comme Fantôme, se révéla introuvable.

    Comme dans son premier chapitre, Bran perçoit des émotions (le malaise des hommes lors de la découverte de la louve morte) qu’il ne comprend pas vraiment. Dans ce chapitre c’est la colère de Jon qu’il ne comprend pas. Pour lui le plus lésé de l’histoire c’est Robb, qui va devoir rester à Winterfell, alors que Jon et lui-même partent vivre la grande aventure, le premier en intégrant la garde de nuit, le deuxième en accompagnant Ned à Port-Réal.

    Bran le petit grimpeur

    Sa grande aventure, Bran la voit toute tracée. Il va monter un cheval sur la route royale, il va s’installer avec son père (et ses sœurs) au Donjon Rouge. Deux étapes qui le rapprochent de son objectif : devenir chevalier de la garde royale au service du Roi. Et enfin, cerise sur le gâteau, il va rencontrer l’un de ses héros, Ser Barristan Selmy.
    Mais comme n’importe quel enfant excité par un voyage attendu depuis un moment déjà, la veille du départ, Bran se rend compte que sa maison va lui manquer. Il avait comme projet de dire au revoir aux différentes personnes qui habitent Winterfell mais, après s’être rendu compte que les adieux sont plus difficiles que prévu, il choisit de s’isoler avec son loup (qui n’a pas encore de nom, contrairement à ses frères et sœurs) et finalement, au lieu de dire au revoir aux gens, c’est à Winterfell qu’il va consacrer sa dernière journée.

    Finally, he got tired of the stick game, and decided to go climbing.
    Lassé à la fin de lancer des bâtons, la tentation le prit d’un brin d’escalade.

    Tout au long de ce chapitre, Bran nous décrit son plaisir de l’escalade. Les sensations que cela lui procure. Et aussi tout ce qu’il a apprit en grimpant le long des murs de Winterfell. Il découvre des passages qu’il est le seul à emprunter, des coins secrets dont personne ne se souvient. Il en retire d’ailleurs une certaine fierté.

    Even Maester Luwin didn’t know that, Bran was convinced.
    Et il ne doutait pas que mestre Luwin lui-même n’ignorât cela.

    Il n’y a que lui pour s’aventurer dans ces différents recoins, lui et les différents oiseaux qu’il retrouve : les corneilles de la tour brisée à qui il donne du grain, les petits moineaux ou une chouette qui dort au dessus de la vieille armurerie. Bran s’approprie les secrets de la forteresse et se sent même maître du château.

    It made him feel like he was lord of the castle, in a way even Robb would never know.
    A l’insu de Robb, il était alors en quelque sorte le maître absolu de la place.

    Les tentatives de Catelyn

    Dans un chapitre précédent, Catelyn, après s’être résignée à laisser partir son fils chéri, demandait à Ned de bien surveiller Bran et de l’empêcher de grimper partout. Et elle est bien placée pour savoir à quel point c’est difficile de garder Bran sur la terre ferme.

    His mother was terrified that one day Bran would slip off a wall and kill himself. He told her that he wouldn’t but she never believed him.
    Mère vivait dans la terreur qu’il ne glissât quelque jour, ne fît une chute mortelle. Toutes les dénégations du monde ne parvenaient pas à la rassurer.

    Inquiète pour la sécurité de son fils, Catelyn fait d’abord promettre à Bran de ne plus escalader. Bran tient sa promesse quelques jours avant de la rompre et de se faufiler par une fenêtre dans la nuit.
    Lorsque Bran se confesse, c’est Eddard qui décide de la punition.Mais Bran détourne la punition à son avantage en grimpant dans un arbre et Eddard choisit finalement de fermer les yeux, tout en conseillant à Bran de ne pas se faire prendre par sa mère.
    Puisque Eddard n’interdit pas à Bran de grimper, Catelyn fait appel à d’autres alliés :
    – Vieille Nan raconte une histoire à propos d’un garçon qui se fait frapper par la foudre après avoir trop grimpé. « Bran was not impressed. /L’histoire le laissa froid. »
    – Mestre Luwin fait un mannequin de glaise qu’il envoie s’écraser dans la cour pour montrer à Bran ce qui arriverait en cas de chute « That had been fun, but afterward Bran justlooked at the maester and said « I’m not made of clay. And anyhow, I never fall. »/ Fort amusé par les débris, l’autre Bran ne tarda pas à dire d’un air malin : « D’abord, je ne suis pas en terre. Puis, de toute façon, je ne tomberai pas. » »
    – Les gardes vont ensuite le chasser dans tout le château pour l’empêcher de grimper. « That was the best time of all. /Alors survint l’époque bénie entre toutes… »
    Toutes les tentatives pour empêcher Bran d’escalader sont des échecs. Pire encore, Bran s’en amuse. Il accueille les mises en gardes avec désinvolture car il est sûr d’une chose : il ne tombera pas.

    Plus dure sera la chute

    L’escalade semble faire partie de l’ADN de Bran. Sa mère dit qu’il savait escalader avant de marcher, son père le compare à un écureuil, et lui-même sait qu’il est le meilleur à cet exercice, les gardes ayant échoué à être plus rapides et plus habiles face à lui.

    The rooftops of Winterfell were Bran’s second home.
    Le faîte des combles de Winterfell lui était comme une seconde maison.

    Bran est donc en sécurité, chez lui, lorsqu’il entend les intrus :

    Bran was moving from gargoyle to gargoyle with the ease of a long practice when he heard the voices. He was so startled he almost lost his grip. The First Keep had been empty all his life.
    Bran procédait de gargouille en gargouille avec l’aisance d’un familier de longue date quand des éclats de voix, juste sous ses pieds, faillirent lui faire lâcher prise. Il n’avait jamais connu le donjon que désert.

    Bran surprend la conversation entre Cersei et Jaime alors qu’ils ont profité du départ du Roi à la chasse pour se retrouver. Bran est d’abord effrayé à l’idée d’être vu. C’est lorsqu’il comprend qu’on parle de son père que la curiosité l’emporte. Il veut en entendre plus, même s’il ne comprend pas tout. Il hésite, cherche un moyen de se rapprocher pour voir les deux étrangers, mais c’est trop dangereux.

    Bran was suddendly very frightened. He wanted nothing so much as to go back the way he had come, to find his brothers. Only what would he tell them? He had to get closer, Bran realized. He had to see who was talking.
    Horrifié, Bran n’eut tout à coup plus qu’un seul désir, revenir en arrière, aller trouver ses frères. Mais que leur dire, alors ? Il lui fallait auparavant se rapprocher, voir qui parlait, là.

    Malgré la peur qu’il éprouve, Bran décide de s’approcher et de regarder à travers la fenêtre, au risque d’être vu. Après avoir appris les secrets de Winterfell, Bran découvre un autre secret plus important et plus dangereux. La relation incestueuse entre Cersei et Jaime.
    Dans les chapitres précédents, les Lannister sont présentés comme les antagonistes de l’histoire. Il y a même des soupçons sur leur possible implication dans la disparition de la précédente main, Jon Arryn. Dans ce chapitre, Cersei et Jaime sont coupables d’adultère pour la première, de parjure pour le deuxième, et tous les deux sont coupables d’inceste. Ce sont des crimes de haute trahison envers le Roi et envers les dieux.

    « The things I do for love, » he said with loathing. He gave Bran a shove.
    « Ce que me fait faire l’amour, quand même ! » lâcha-t-il d’un air écœuré. Puis il poussa Bran.

    Alors que Bran se sentait en sécurité dans sa deuxième maison, alors qu’il était persuadé qu’il ne tomberait jamais, il se fait pousser par Jaime pour avoir découvert un secret de trop. La chute le brisera et le poussera vers une autre voie que celle qu’il imaginait au début du chapitre.

    Les indices du futur de Bran

    Crows circled the brocken tower, waiting for corn.
    Dans l’espoir d’une friandise, les corneilles traçaient des cercles au-dessus de la tour en ruine.

    Ce n’est pas un hasard si le chapitre se termine sur une phrase concernant des corneilles car ce chapitre est rempli d’indices concernant le futur de Bran.
    Revenons sur le conte que vieille Nan raconte à Bran pour le décourager de faire de l’escalade.

    Old Nan told him a story about a bad little boy who climbed too high and was struck down by lightning, and how afterward the crows came to peck out his eyes.
    Vieille Nan entreprit pour Bran l’histoire d’un vilain marmot qui, à force de grimper trop haut, rencontra si bien la foudre que les corneilles n’eurent plus qu’à lui caver les yeux.

    Si le conte de vieille Nan ne reflète pas exactement la réalité, il y a tout de même des parallèles à faire entre Bran et le petit garçon de l’histoire. Premièrement Bran est un « vilain » petit garçon car il est désobéissant, deuxièmement, s’il n’est pas frappé par la foudre mais poussé par Jaime Lannister, c’est tout de même un événement extérieur qui provoque la chute de Bran (pas un accident), la foudre et Jaime représentant la punition pour « avoir grimpé trop haut ». Enfin, si plus tard la corneille à trois yeux ne cherche pas à manger les yeux de Bran, elle picorera son front pour lui ouvrir son troisième œil.

    The place had grown over centuries like some monstrous stone tree, MaesterLuwin told him once, and its branches were gnarled and thick and twisted, its roots sunk deep into the earth.
    En fait, se dit-il, rien de plus vrai que le mot de mestre Luwin, l’autre jour : « Au cours des siècles, le château s’est développé comme un monstrueux arbre de pierre aux branches épaisses, noueuses, tordues, aux racines profondément plantées dans le sol ».

    Winterfell est décrit ici comme un arbre de pierre et on peut faire le lien entre le château et un barral (qui se transforme en pierre après sa mort). Un peu plus loin dans le chapitre, Bran nous explique pourquoi il aime grimper en haut des murs de Winterfell.

    He liked the way it looked, spread out beneath him, only birds wheeling over his head while all the life of the castle went on below. Bran could perch for hours among the shapeless, rain-worm gargoyles that brooded over the First Keep, watching it all: the men drilling with wood and steel in the yard, the cooks tending their vegetables in the glass garden, restless dogs running back and forth in the kennels, the silence of the godswood, the girls gossiping beside washing well.
    Il aimait l’éventail qu’elle ouvrait de la sorte et l’étrange animation qui s’y poursuivait à ses pieds tandis qu’au-dessus de sa tête seuls tournoyaient les oiseaux. Il pouvait rester juché là des heures, parmi les gargouilles érodées par la pluie, difformes, à imaginer leurs ruminations, ou guigner, tout en bas, les travaux des hommes : dans cette cour-ci on faisait des armes, cette serre-là s’activait à ses maraîchages…, le chenil et son agitation fébrile, la solitude silencieuse du bois sacré, le caquetage des lavandières près du bassin.

    That was another thing he liked about climbing; it was almost like being invisible.
    Moyennant quoi, d’ailleurs, grimper lui procurait aussi les franches délices d’une quasi-invisibilité.

    On a donc un petit garçon qui grimpe sur les « branches » d’un « arbre de pierre » d’où il peut observer le reste du monde tout en restant invisible.

     

    Il y a bien d’autres sujets à aborder comme les noms des loups ou toutes les informations concernant le nid de vipère qui se profile à Port-Réal, mais j’ai déjà beaucoup parlé et je vous fais confiance pour amener tout ça dans la discussion.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années et 2 mois par Lady.
    #126993
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9927

    Post écrit avant l’ouverture du topic

    J’ai adoré redécouvrir ce chapitre. Faut dire que quand on sait comment il va finir, tout a + d’importance. Est ce qu’il y a un enfant plus attachant que Bran dans la saga ? (Myrcella ? Mais on la voit à peine). En tout cas, je me souviens que les chapitres de Bran-paralysé sont plus poussifs (les rêves, la corneille, etc), à voir si la relecture me fait le même effet. Mais là en tout cas, Bran II, j’ai adoré. C’est poignant de voir tous ces rêves qui vont être brisés alors qu’il pense qu’il va partir avec les grands (alors qu’il est privé de chasse ce jour car trop petit), il va voir la cour royale, devenir un chevalier etc…

    Bran commence à nous dire des tas de choses sur la Garde royale. Puis on voit qu’il est le seul à ne pas nommer son loup. Et il monte dans les tours pour devenir une sorte de Seigneur de Winterfell (un château qui ressemble beaucoup à un barral vu comme on en parle).

    The place had grown over the centuries like some monstrous stone tree, Maester Luwin told him once, and its branches were gnarled and thick and twisted, its roots sunk deep into the earth.  / En fait, se dit-il, rien de plus vrai que le mot de mestre Luwin, l’autre jour : « Au cours des siècles, le château s’est développé comme un monstrueux arbre de pierre aux branches épaisses, noueuses, tordues, aux racines profondément plantées dans le sol. »

    J’ai un peu tiqué quand il parle de « glass garden » (serres), j’avais complètement oublié. Apparemment c’est marqué déjà chez Catelyn. Personne à sa hauteur, sauf les corbeaux. Le nombre de corbeaux dans ce chapitre, c’est hallucinant d’ailleurs. OK on parle aussi de rats et d’araignées ^^.

    Bran est très entêté : les expérimentations à base de mannequins en argile qui tombent de haut ou les histoires à dormir debout, il s’en moque. Il aime grimper, passionnément. Quand il est puni, il se retrouve perché dans un arbre du bois sacré… Ce foreshadowing de fou.

    He confessed his crime the next day in a fit of guilt. Lord Eddard ordered him to the godswood to cleanse himself. Guards were posted to see that Bran remained there alone all night to reflect on his disobedience. The next morning Bran was nowhere to be seen. They finally found him fast asleep in the upper branches of the tallest sentinel in the grove. / Un accès de remords lui fit confesser son crime dès le lendemain. Lord Eddard le condamna à expier sa désobéissance par une nuit entière de méditation dans la solitude du bois sacré. Des gardes apostés garantiraient l’accomplissement de la peine. Or, au matin, Bran demeura longtemps introuvable. Il dormait à poings fermés tout en haut du plus haut vigier.

    Et puis, c’est la dernière montée, celle qui va changer la vie de Bran (qui se doute bien que sa mère n’est pas dupe). Au début, tout va bien, y a même des corbeaux qui demandent du « grain » (enfin corn en VO mais friandise en VF…). Puis, il entend du bruit. GRR Martin est malin car le primo-lecteur ne comprend pas immédiatement qui est là. De plus, on nous a instillé que les Lannister sont des méchants et quand on les écoute (dans un moment de sincérité), rien ne vient contrebalancer cette impression : Cersei n’aime pas Ned, ni Lysa (au chapitre d’avant, Lysa a pris le risque d’envoyer une lettre cachée pour accuser les Lannister). Cersei est inquiète, aurait aimé que Jaime soit Main. Jaime est nonchalant tendance jmenfoutiste, il n’en a rien à faire.

    “It’s not an honor I’d want. There’s far too much work involved.” / « Les dieux m’en préservent…, répliqua un homme d’un ton languissant. Je ne voudrais pas d’un pareil honneur. Il m’accablerait de besogne. « 

    Jaime qui parle d’honneur, j’ai pouffé

    Il se moque de l’instinct maternel (de Lysa ou de Cersei). A propos de Lysa, l’auteur nous renforce dans la culpabilité des Lannister alors qu’à la relecture, c’est un biais de confirmation de notre part (on a juste la confirmation que Robert et Cersei, ça va pas fort, mais pour le reste, rien de tangible)

    It’s a wonder Lysa was not here to greet us with her accusations. (…) / Je trouve miraculeux que celle-ci ne se soit pas déplacée pour nous souhaiter la bienvenue par ses accusations.

    “Let Lady Arryn grow as bold as she likes. Whatever she knows, whatever she thinks she knows, she has no proof.” He paused a moment. “Or does she?”

    “Do you think the king will require proof?” the woman said. “I tell you, he loves me not.”

    “And whose fault is that, sweet sister?”

    « Laisse-la s’enhardir tant qu’elle voudra. Quoi qu’elle sache, quoi qu’elle se figure savoir, elle n’a pas de preuve. » Il reprit au bout d’un moment : « Elle n’en a pas, n’est-ce pas ?

    — Le roi n’aurait que faire de preuves. Je te le répète, il ne m’aime pas.

    — À qui la faute, sœur de mon cœur ? »

    Au passage, on nous parle de Renly, Stannis, Littlefinger (à la relecture, on sait à quoi s’en tenir)

    The king might as easily have named one of his brothers, or even Littlefinger, gods help us. Give me honorable enemies rather than ambitious ones, and I’ll sleep more easily by night. / Estimons-nous plutôt chanceux. Le roi aurait pu désigner l’un de ses frères ou, pire encore, Littlefinger et, alors, sauve qui peut ! Qu’on me donne pour ennemis des gens d’honneur plutôt que des ambitieux, voilà qui ne troublera pas mon sommeil.

    Cersei en veut toujours à Robert qui aime Lyanna, « insipid little dead sixteen-year-old » (cette gourde morte à seize ans). Jaime profite de l’instant présent en se disant que ça aurait pu être pire quand Cersei pense au trône de son fils (potentiellement en danger avec Ned)
    Ensuite, Bran fait le cochon-pendu, est à deux doigts de tomber quand Jaime le sauve. Avant de lui demander son âge puis de le pousser en disant sa fameuse phrase

    The man looked over at the woman. “The things I do for love,” he said with loathing. He gave Bran a shove./ Par-dessus l’épaule, l’homme jeta un regard à la femme. « Ce que me fait faire l’amour, quand même ! » lâcha-t-il d’un air écœuré. Puis il poussa Bran.

    Fin du chapitre, Jaime est confirmé « grand méchant cruel » et les Lannister en général sont des salauds intrigants. En bas, loup et corbeaux sont aux aguets

    Somewhere off in the distance, a wolf was howling. Crows circled the broken tower, waiting for corn. / Quelque part, au loin, un loup hurlait. Dans l’espoir d’une friandise, les corneilles traçaient des cercles au-dessus de la tour en ruine.

    Du grand art.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #127016
    Liloo75
    • Fléau des Autres
    • Posts : 3521

    C’est un chapitre fondamental pour Bran.

    Merci à @Lady pour sa belle analyse. Tout est dit (ou presque) par les premiers contributeurs.

    Pour ma part, j’aurais eu envie de titrer ce chapitre « les rêves brisés de Bran ». Du moins, ses premiers rêves sont rompus, il aura l’occasion d’en faire d’autres et de les réaliser.

    Ce qui m’a marquée:

    • Tous les seigneurs « mâles » sont partis à la chasse. Sauf Jaime, qui est donc resté au château…
    • Bran a hâte de partir à Port-Réal. Le Donjon Rouge tel que le lui a conté vieille Nan le fascine,
    • Il rêve de devenir chevalier (j’avais oublié…) de la Garde Royale. Il fait la liste de tous les chevaliers célèbres, du passé (ceux de l’époque des Targaryen) ou du présent. Tous lui apparaissent dignes d’admiration, à l’exception de Jaime Lannister (le Régicide) dont Robb lui a dressé un portait peu flatteur,
    • Il tente de faire ses adieux à Winterfell, car il pense que c’est son dernier jour, avant longtemps, dans le château qui l’a vu naître. Et comme le souligne @Lady, ces adieux sont plus difficiles que prévu,
    • Il ne trouve pas de nom pour son loup. Pourquoi cette longue hésitation?
    • Il décide de repartir escalader le château après plusieurs jours d’abstinence, suite aux imprécations maternelles, notamment,
    • Dès qu’il commence à grimper, son loup se met à hurler, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. C’est comme si le loup pressentait le malheur imminent,
    • Sur les toits, il domine tout : »A l’insu de Robb, il était en quelque sorte le maître absolu de la place ». Il ignore, que bientôt, avec le départ de Robb, il devra jouer le rôle de lord de Winterfell. Et que ce sera moins amusant que ses escapades en hauteur,
    • Bran semble croire en sa chance : « Je ne tomberai pas ». Rien ne semble pouvoir le détourner de ses désirs de grimpette : ni les histoires de vieille Nan, et ses corbeaux mangeurs d’yeux, ni la démonstration de Mestre Luwin avec la chute de la figurine de glaise, ni la punition infligée par son père…
    • Lorsqu’il arrive dans la tour abandonnée, et découvre que deux personnes discutent, il est stupéfait. D’habitude personne ne vient là. Bran veut découvrir de qui il s’agit, car les deux protagonistes parlent de son père. La femme l’appelle « Stark » sans préciser son prénom, comme pour le déshumaniser. Le lecteur attentif peut deviner, de par le contenu de leurs propos, qu’il s’agit des jumeaux Lannister. Ils discutent de la mort de Jon Arryn, et leurs échanges (surtout lorsqu’ils évoquent Lysa Arryn) peuvent laisser penser qu’ils sont coupables ou du moins complices.
    • Cersei a des paroles très dures envers Ned Stark, dont elle se méfie comme de la peste. On savait que les Stark ne portaient les Lannister dans leur cœur, mais la réciproque est vraie!
    • Brandon veut à tout prix savoir qui parle ainsi de son père, et se faisant, il prend des risques qui finissent par trahir sa présence. Cersei le voit. Il est fichu! de plus, il est sur le point de tomber. Et ne doit son salut (provisoire) qu’à l’intervention de Jaime, qui après l’avoir sauvé de justesse, le pousse dans le vide. Avec cette phrase terrible et sublime à la fois : « Ce que me fait faire l’amour, quand même! »

    Tout semble terminé pour Brandon, qui va finir brisé au pied de la tour. Mais les corneilles veillent. Au lieu de lui caver les yeux comme dans le conte de Nan, elles lui permettront d’ouvrir son troisième œil.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Liloo75.
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    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #127024
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1872

    Vous avez déjà pointé pas mal de choses et fort bien.

    Je voudrais, pour ma part, revenir sur le comportement de Jon l’irascible :

    He thought Jon was angry at him. Jon seemed to be angry at everyone these days. Bran did not know why.
    Il croyait que Jon lui en voulait. Jon semblait en vouloir au monde entier, depuis quelques jours, mais pourquoi ? mystère.

    J’ai envie de dire à Bran : « eh ben, c’est pas fini ! » Il va en falloir du temps et aussi Tyrion Lannister, Donal Noye, Samwell Tarly entre autres pour que Jonjon le Ronchon arrête de chouiner.

    Notre ombrageux Jon ne craint pas la contradiction interne dirait-on :

    Take me with you when you go back to the Wall,” Jon said in a sudden rush. “Father will give me leave to go if you ask him, I know he will.[…] I want to serve in the Night’s Watch, Uncle.”He had thought on it long and hard, lying abed at night while his brothers slept around him. AGOT 6, Jon I
    – Emmène-moi quand tu repartiras, supplia Jon, brusquement, Père m’accordera la permission, je le sais, si tu l’en pries toi-même.[…] Je veux entrer dans la Garde de Nuit. » Ce projet, il l’avait ruminé, mûri sans complaisance au long des longues insomnies qui, dans le noir, l’isolaient de ses frères endormis.

    Et deux semaines plus tard on en est à :

    He was going with Uncle Ben to the Wall, to join the Night’s Watch. That was almost as good as going south with the king.
    Il allait partir pour le Mur avec Oncle Ben et entrer dans la Garde de Nuit. Trouvait-il cela beaucoup moins plaisant que de suivre le roi dans le sud ?

    La contradiction n’est, à mon avis, qu’apparente : tant que Jon envisage de prendre en main lui-même son avenir en prenant le noir, tout va bien, mais que son père l’expédie au Mur parce qu’on ne veut pas de lui au château, alors là, il y a bien matière à être vexé comme un pou comme l’a finement remarqué GRRM.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #127026
    Yunyuns
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1936

    J’ai pour ma part été impressionné par tous les parallèles avec son futur qu’il y a dans le long passage où il explique son amour pour l’escalade.

    (en essayant de ne pas dupliquer ce qui a déjà été dit)

    The place had grown over the centuries like some monstrous stone tree, […] and its branches were gnarled and thick and twisted, its roots sunk deep into the earth. […] When he got out from under it and scrambled up near the sky, Bran could see all of Winterfell in a glance. He liked the way it looked, spread out beneath him.

    Au cours des siècles, le château s’est développé comme un monstrueux arbre de pierre aux branches épaisses, noueuses, tordues, aux racines profondément plantées dans le sol. Au fur et à mesure qu’à quatre pattes il se rapprochait du ciel, son regard embrassait plus étroitement l’ensemble de la forteresse.

    Le parallèle avec le vervoyant encastré dans sa grotte qui projette sa vision vers l’extérieur pour voir le monde est presque explicite.

    Bran aime aussi pouvoir tout voir sans être vu, autre parallèle avec le vervoyant.

    Most of the time they never saw him anyway. People never looked up. That was another thing he liked about climbing; it was almost like being invisible.

    Puis, la plupart du temps, personne ne le repérait, là-haut. Les gens ne regardent jamais en l’air. Moyennant quoi, d’ailleurs, grimper lui procurait aussi les franches délices d’une quasi-invisibilité.

    Most of all, he liked going places that no one else could go, and seeing the grey sprawl of Winterfell in a way that no one else ever saw it.

    Mais il aimait par-dessus tout gagner des lieux auxquels nul autre n’avait accès et d’où promener sur la grisaille de Winterfell des regards inédits.

     

    Et certains éléments m’ont aussi paru dresser un lien entre Bran et son ancêtre Brandon le Bâtisseur, que certaines personnes n’hésitent pas à considérer comme une seule conscience intemporelle.

    When he got out from under it and scrambled up near the sky, Bran could see all of Winterfell in a glance.

    Au fur et à mesure qu’à quatre pattes il se rapprochait du ciel, son regard embrassait plus étroitement l’ensemble de la forteresse.

    It made him feel like he was lord of the castle, in a way even Robb would never know.

    À l’insu de Robb, il était alors en quelque sorte le maître absolu de la place.

    It taught him Winterfell’s secrets too. The builders… […] Bran knew about that.

    Il en avait également pénétré les arcanes. Ses bâtisseurs […] Bran le savait.

    and seeing the grey sprawl of Winterfell in a way that no one else ever saw it. It made the whole castle Bran’s secret place.

    Mais il aimait par-dessus tout gagner des lieux auxquels nul autre n’avait accès et d’où promener sur la grisaille de Winterfell des regards inédits. Ainsi s’en emparait-il comme d’une forteresse secrète.

     

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    #127031
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Je vais rebondir sur un élément du texte cité par Yunyuns pour maugréer un peu sur la traduction :

    (Bran could see all of Winterfell in a glance.) […]It made him feel like he was lord of the castle, in a way even Robb would never know.
    (Son regard embrassait plus étroitement l’ensemble de la forteresse.) […] À l’insu de Robb, il était alors en quelque sorte le maître absolu de la place.

    Où Sola a-t-il lu en vo quelques mots approchant « à l’insu de » ? Ce qui impliquerait que cette pensée de Bran a à voir à une intentionnalité dissimulée. Alors que la vo énonce fort simplement qu’en possédant Winterfell par le regard (ah les yeux des barrals en sous-texte !), Bran est le seigneur de Winterfell (pas de maître absolu à l’horizon) d’une manière que même Robb, l’héritier en titre, ne connaîtra jamais.

    edit : la phrase a aussi une couleur particulière pour le relecteur vu que Robb ne sera maître de Winterfell que brièvement, que Bran sera effectivement non pas le seigneur mais le prince de Winterfell et qu’un jour ou l’autre, on saura  qu’il n’est pas mort et est donc bel et bien le seigneur ? le roi ? de Winterfell, synecdoque du Nord, sinon bien davantage ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Ysilla.
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    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #127034
    Samyriana
    • Pas Trouillard
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    Merci @Lady pour cette analyse. C’est vraiment poignant de lire ce chapitre en ayant la suite en tête…Beaucoup de choses ont déjà été dites. Bran est un vrai summer child, tout à ses rêves de chevalerie, pressé de rencontrer Barristan Selmy, de vivre la grande aventure. La prémonition avec le loup qui hurle en regardant Bran s’élever contre les murs de Winterfell, la scène où Bran écoute la conversation de Cersei et Jaime, on sent la catastrophe arriver. Ce chapitre vient enfin confirmer tout les doutes du lecteur sur la nature des Lannister, car les différents POV nous préparent bien à les détester. Avec la tentative d’assassinat sur Bran, c’est chose faite. C’est vraiment un chapitre agréable à lire, et le dernier de l’innocence…

    Un point intéressant également: l’humeur de Jon Snow. Dans son chapitre, Jon proclame son envie d’entrer à la Garde de Nuit. Comment expliquer son humeur? La nostalgie, comme Bran la ressent? Le sentiment que c’est à Catelyn qu’il doit son départ précoce, pourtant désiré par lui?

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #127035
    Yunyuns
    • Terreur des Spectres
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    Alors que la vo énonce fort simplement qu’en possédant Winterfell par le regard (ah les yeux des barrals en sous-texte !)

    Ah mince, ça me fait penser à un élément dont je voulais parler mais que j’ai oublié ^^. Un court passage qui dénote complètement dans le chapitre lorsqu’on connaît la suite.

    He raced across the godswood, taking the long way around to avoid the pool where the heart tree grew. The heart tree had always frightened him; trees ought not have eyes, Bran thought, or leaves that looked like hands.

    À toutes jambes, il traversa le bois sacré en prenant au plus long pour contourner l’étang de l’arbre-cœur. Ce dernier le terrifiait depuis toujours. Les arbres ne devraient pas avoir d’yeux, trouvait-il, ni de feuilles en forme de mains.

    Ben alors Bran ? Tu veux tout voir sans être vu, mais comment faire si les barrals n’avaient pas d’yeux ? ^^

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    #127040
    Lady
    • Patrouilleur du Dimanche
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    He raced across the godswood, taking the long way around to avoid the pool where the heart tree grew. The heart tree had always frightened him; trees ought not have eyes, Bran thought, or leaves that looked like hands. À toutes jambes, il traversa le bois sacré en prenant au plus long pour contourner l’étang de l’arbre-cœur. Ce dernier le terrifiait depuis toujours. Les arbres ne devraient pas avoir d’yeux, trouvait-il, ni de feuilles en forme de mains. Ben alors Bran ? Tu veux tout voir sans être vu, mais comment faire si les barrals n’avaient pas d’yeux ? ^^

    Je trouve aussi ce passage ironique car quand on sait ce qu’il adviendra de Bran c’est difficile d’imaginer qu’il puisse avoir suffisamment peur du barral pour carrément faire un détour pour l’éviter.

    #127041
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Un point intéressant également: l’humeur de Jon Snow. Dans son chapitre, Jon proclame son envie d’entrer à la Garde de Nuit. Comment expliquer son humeur? La nostalgie, comme Bran la ressent? Le sentiment que c’est à Catelyn qu’il doit son départ précoce, pourtant désiré par lui?

    J’ai avancé un début d’explication ici 

    Lorsque Jon fait part de son souhait d’intégrer la Garde de Nuit, il ne sait pas encore qu’Eddard a été nommé Main et lorsqu’Eddard s’en enquiert, Jon n’a pas dû être long à comprendre que Catelyn ne voulait pas de lui, vu que des enfants, seuls Rickon et Robb demeurent à Winterfell. Sans oublier la sourde rivalité qui existe entre Theon Greyjoy – qui lui, reste –  et lui.

    Son départ pour le Mur ressemble dès lors trop à une relégation du bâtard pour qu’il s’en réjouisse.

    Catelyn a gagné et Jon l’a compris :

    For nothing Catelyn said would persuade him to send the boy away.
    Catelyn eut beau dépenser des trésors d’adresse, jamais il ne se laissa convaincre d’éloigner son Jon. AGOT 7, Catelyn II

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Ysilla.

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    #127046
    Ser Aemon Belaerys
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    Serwyn au Bouclier-Miroir. Ser Ryam Redwyne. Prince Aemon Chevalier-Dragon. Les jumeaux ser Erryk et ser Arryk, célèbres pour s’être entre-tués des siècles auparavant, lors de la guerre que les rhapsodes appelaient Danse des Dragons et au cours de laquelle le frère avait combattu sa sœur. Le Taureau Blanc. Gerold Hightower. Ser Arthur Dayne, l’Epée du Matin. Barristan le Hardi.

    Belle liste, cependant Serwyn est cité en premier et a pourtant vécu avant la création de la garde royale. J’imagine que Bran s’est tellement idéalisé le chevalier de la légende que pour lui Serwyn a forcément fait partie de la garde royale.

    Qu’on me donne pour ennemis des gens d’honneur plutôt que des ambitieux, voilà qui ne troublera pas mon sommeil.

    Cela m’a fait penser à une phrase de Tyrion, que j’arrive pas à retrouver, où il dit quelque chose dans le même genre, où il préféré des septons qui tripotent les enfants à ceux qui sont vraiment pieux car ces derniers causent plus de troubles.

    Ce qui m’a frappé dans la conversation entre Jaime et Cersei, c’est que Cersei s’inquiète de Lady Arryn, or ils sont censés n’avoir rien à se reprocher dans la mort de Jon Arryn

    Sa femme est la sœur de lady Arryn, je te signale…, et je trouve miraculeux que celle-ci ne se soit pas déplacée pour nous souhaiter la bienvenue par ses accusations.

    Cela continue à nous fait passer les Lannister pour les méchants de l’histoire, avant même de faire l’inceste et de pousser Bran.

    Sur le reste, merci Lady tu as déjà pratiquement tout dit. En effet Bran commence avec des rêves de chevalerie, et on le laisse à la fin du chapitre comme mort, à la première lecture on pourrait se demander pourquoi l’auteur nous tue tout de suite un personnage principal.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #127057
    Pandémie
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    Belle liste, cependant Serwyn est cité en premier et a pourtant vécu avant la création de la garde royale. J’imagine que Bran s’est tellement idéalisé le chevalier de la légende que pour lui Serwyn a forcément fait partie de la garde royale

    Ce n’est pas la faute de Bran, mais plutôt des conteurs et ménestrels. Serwyn revient souvent ainsi dans la saga et même les nouvelles de Dunk, mélangé avec des gardes royaux anachroniques. Probablement que GrrM souhaite montrer comment les légendes sont modifiées avec les siècles.

    #127062
    Samyriana
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    Un point intéressant également: l’humeur de Jon Snow. Dans son chapitre, Jon proclame son envie d’entrer à la Garde de Nuit. Comment expliquer son humeur? La nostalgie, comme Bran la ressent? Le sentiment que c’est à Catelyn qu’il doit son départ précoce, pourtant désiré par lui?

    J’ai avancé un début d’explication ici Lorsque Jon fait part de son souhait d’intégrer la Garde de Nuit, il ne sait pas encore qu’Eddard a été nommé Main et lorsqu’Eddard s’en enquiert, Jon n’a pas dû être long à comprendre que Catelyn ne voulait pas de lui, vu que des enfants, seuls Rickon et Robb demeurent à Winterfell. Sans oublier la sourde rivalité qui existe entre Theon Greyjoy – qui lui, reste – et lui. Son départ pour le Mur ressemble dès lors trop à une relégation du bâtard pour qu’il s’en réjouisse. Catelyn a gagné et Jon l’a compris :

    For nothing Catelyn said would persuade him to send the boy away. Catelyn eut beau dépenser des trésors d’adresse, jamais il ne se laissa convaincre d’éloigner son Jon. AGOT 7, Catelyn II

    Oui en effet, je n’avais pas vu ton message et ensuite il était trop tard pour éditer! Je suis convaincue par ton explication. Encore une fois, on voit bien la cruauté avec laquelle Catelyn traite Jon, qui a déjà commentée dans son 2e chapitre…

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #127063
    Aurore
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    Ce qui m’a frappé dans la conversation entre Jaime et Cersei, c’est que Cersei s’inquiète de Lady Arryn, or ils sont censés n’avoir rien à se reprocher dans la mort de Jon Arryn

    Vrai, mais les discours et PoV de Cersei qui suivront montrent que Cersei était consciente de l’enquête de Jon Arryn sur la paternité de ses trois enfants. Elle soupçonne donc Lysa, « grosse vache qui couchait avec Jon Arryn », d’en avoir appris quelque chose sur l’oreiller, et de pouvoir communiquer cela à sa sœur.

    #127071
    Liloo75
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    Un point intéressant également: l’humeur de Jon Snow. Dans son chapitre, Jon proclame son envie d’entrer à la Garde de Nuit. Comment expliquer son humeur? La nostalgie, comme Bran la ressent? Le sentiment que c’est à Catelyn qu’il doit son départ précoce, pourtant désiré par lui?

    J’ai avancé un début d’explication ici Lorsque Jon fait part de son souhait d’intégrer la Garde de Nuit, il ne sait pas encore qu’Eddard a été nommé Main et lorsqu’Eddard s’en enquiert, Jon n’a pas dû être long à comprendre que Catelyn ne voulait pas de lui, vu que des enfants, seuls Rickon et Robb demeurent à Winterfell. Sans oublier la sourde rivalité qui existe entre Theon Greyjoy – qui lui, reste – et lui. Son départ pour le Mur ressemble dès lors trop à une relégation du bâtard pour qu’il s’en réjouisse. Catelyn a gagné et Jon l’a compris :

    For nothing Catelyn said would persuade him to send the boy away. Catelyn eut beau dépenser des trésors d’adresse, jamais il ne se laissa convaincre d’éloigner son Jon. AGOT 7, Catelyn II

    Oui en effet, je n’avais pas vu ton message et ensuite il était trop tard pour éditer! Je suis convaincue par ton explication. Encore une fois, on voit bien la cruauté avec laquelle Catelyn traite Jon, qui a déjà commentée dans son 2e chapitre…

     

    Je pense aussi qu’avec le départ de Ned pour Port-Réal, il était inenvisageable pour Catelyn de garder Jon à ses côtés, avec Robb et Rickon.

    le Mur n’est plus un choix, c’est une obligation pour Jon.

    Il suffit de constater l’accueil glacial qu’elle lui réservera un peu plus tard lorsqu’il viendra dire au revoir à Bran : « je t’ai dit de partir. Nous ne voulons pas de toi ici ».

    Tout est dit.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #127290
    Ysilla
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    Je reviens pour avancer quelques remarques sur la structure du chapitre.
    Ce chapitre de Bran est construit comme un conte. Quoi de plus cohérent puisque Bran est attendu Au-delà du Mur par des créatures rejetées de ce côté-ci dans un inquiétant lointain légendaire auquel plus personne ne croit, excepté Vieille Nan qu’évoque déjà Bran dès son premier chapitre.
    Le texte pourrait tout aussi bien commencer par : « Il était une fois un petit garçon désobéissant qui ne rêvait que de chevaliers et d’escalade… »
    On reconnaît dans les premières lignes du chapitre, une séquence préparatoire d’un conte :
    – Un prologue qui évoque la chasse royale et le désœuvrement du petit garçon fait office de situation initiale.
    – La mention qu’il se retrouve isolé, sans personne pour le protéger. Ici, c’est l’absence de Jon qui est mentionnée alors que dans le premier chapitre de Bran, Jon était justement présenté, bien plus que Robb, comme une figure fraternelle tutélaire. Cette proximité transparaît jusque dans la recherche d’un nom pour son loup; Dans la VO, Bran dit qu’il aurait lui-même choisi le nom « Fantôme » pour son propre loup.Ce qui a curieusement disparu dans la traduction en français pour aboutir à un « Jon (avait) nommé Fantôme de son albinos.« , dont je n’ai pas compris la syntaxe, ni même le sens. (le « de » ?)

    Jon’s wolf, the white one, was Ghost. Bran wished he had thought of that first, even though his wolf wasn’t white.

    Remarquons qu’à plusieurs reprises dans l’intrigue, tout se joue entre Bran et Jon sur le mode « là/mais pas là » avec le thème de la distance et de la présence ou non de médiateurs :
    – Jon qui vient visiter Bran dans le coma.
    – Jon qui demande à Tyrion d’aider Bran ( la selle de cheval).
    – Bran qui par l’intermédiaire de son loup sauve la mise de Jon dans le Don (médiation ignorée de Jon who knows nothing).
    – Bran qui passe le Mur à Fort-Nox grâce à Samwell Tarly, meilleur ami de Jon (médiation tue à la demande de Bran).
    – La mention d’une interdiction.
    La suite de chapitre respecte le déroulement d’un conte fondé sur une interdiction : le héros qui fait preuve de désinvolture et d’entêtement, « de toute façon, je ne tomberai pas. » (ce que les Grecs appelleraient Hubris = s’obstiner à dépasser les limites) ne tient pas compte d’une suite d’avertissements (Vieille Nan et Luwin) puis trangresse donc l’interdiction et subit son châtiment (ce que les Grecs appelleraient sa némésis) ; ce qui fait tenir à Jaime Lannister un rôle ambigu, à la fois bourreau et némésis de Bran. Voilà un conte qui finit très mal pour le petit garçon désobéissant si l’on s’arrête à ce chapitre.
    mais nous savons tous, les relecteurs, que le conte va se poursuivre; dès lors, il faut envisager ce chapitre et sa suite immédiate (le coma de Bran) comme ces contes dont la trame est le souvenir de rituels d’initiation qui se déroulent toujours en trois phases : purification, connaissance, pouvoir. L’aspirant au rituel est arraché brutalement à son environnement (la chute), puis est mis à mort symboliquement (ce processus est particulièrement complexe dans le cas de Bran puisqu’il va connaître trois mises à morts symboliques couplées à des voyages/passages/séjours onirique, souterrain, chez les morts = catabases), ensuite l’initié renaît symboliquement de façon souvent violente en ayant acquis connaissance et pouvoir.

    Edit : zut, je me suis trompée,  ce post devrait être  placé dans AGOT 9 Bran II ! Si un modo pouvait le mettre au bon endroit !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Ysilla.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #127314
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Chapitre très riche en foreshadowing et en symbolique; à mon sens, c’est un exercice obligé dans la mesure où Bran est le personnage de la saga le plus directement lié à la magie et qu’aborder ce point de manière frontale – sans un part très importante de mystère – détruirait justement « l’effet magie ». Ici, même si on imagine mal au départ ce petit gamin grimper si haut, son histoire et ses rêves restent ancrés dans une réalité sans magie, et le contrat « le lecteur y croit » n’est pas rompu (la première fois, j’ai mis un mouchoir sur l’irréalisme du petit garçon de 7 ans acrobate/grimpeur, et la suite est passée toute seule ^^).

    Avant d’aller un peu plus loin que ce qui a déjà fort bien été relevé par les uns et les autres dans l’exploration symbolique, je signale que le perso de Bran a une source d’inspiration bien nette, bien que leurs destins soient apparemment très différents : il s’agit de Simon/Seoman, héros de l’Arcane des Epées de Tad Williams. Simon est un garçon de cuisine qui rêve de devenir chevalier et surtout explore en tous les sens la forteresse millénaire et chargée d’histoire du Hayholt (elle-même source d’inspiration pour Winterfell et d’autres châteaux) : il grimpe, emprunte des « passages secrets », saut par-dessus des gouffres et accède à des endroits inaccessibles au commun des mortels, notamment la très haute Tour de l’Ange vert. Notons que Bran n’est pas le seul « descendant » littéraire de Simon, qui a pu inspirer également Jon Snow (Simon a 14 ans au début du roman, et c’est un orphelin de « bas étage »), mais aussi Duncan le Grand (il est très grand et a lui aussi sa petite phrase récurrente « Simon tête creuse » qui pourrait d’ailleurs s’appliquer à Jon Snow). Au passage, il y a déjà pas mal de temps que je me suis persuadée que Bran le vervoyant avait suivi de près la vie de Duncan de Grand pour pouvoir au moins vivre en rêve son désir de chevalerie, et la lecture l’été dernier de l’Arcane des Epées n’a fait que renforcer cette conviction !

    Pour ma part, j’aurais eu envie de titrer ce chapitre « les rêves brisés de Bran ».

    C’est tellement vrai ! On peut remarquer que Bran est le premier des enfants Stark dont les rêves seront brisés. Parmi les doux rêveurs, on pourra ensuite compter la princesse de conte Sansa, et puis Jon à la Garde de Nuit. Mais on peut également noter que « rêveur » est l’autre appellation pour un vervoyant, et quel meilleur moyen pour réaliser ses rêves que de dormir et rêver, justement ?

    L’inconscience de Bran, qui « ne tombe jamais » et « n’a pas peur de tomber », me semble faire écho à une de ses première interrogations, dans son premier chapitre, lorsqu’il demande à son père si un homme peut toujours être courageux (« brave » en vo) lorsqu’il a peur (« affraid » en vo). Eddard lui répond alors que c’est le seul moment (quand il a peur) où il peut l’être. A priori, cette leçon en ouverture n’a pas encore été apprise par Bran dans son deuxième chapitre : lorsqu’il est rattrapé par Jaime, il est tout tremblant, s’accroche très fort au bras de Jaime et son attitude est alors qualifiée de « sheepishly » (« honteux », « peureux », « lâche »), un mot construit sur « sheep » qui désigne le mouton, voilà, voilà. Bran découvre la peur brutale, mais pas encore le courage, et il n’est encore qu’une proie pour fauve. Au passage, je remarquerai que tous ces Stark dont le blason est un loup géant, n’ont pour le moment rien de lupin. En revanche, ils ont des caractéristiques physiques et symboliques qui empruntent à d’autres animaux : Arya « horseface » (« tête de cheval »), Jon et Eddard avec leurs figures « longues et allongées vers l’avant » (« allongée vers l’avant » c’est pour « stern », pour lequel je n’arrive pas à trouver mieux) rappellent le cheval; le massif et roux Robb tient de l’ours; Eddard aussi a quelque chose de l’ours en hibernation dans la symbolique :

    Wrapped in his furs and leathers, mounted on his great warhorse, his lord father loomed over him like a <b>giant</b>

    (Vu d’en bas) drapé dans ses fourrures et sanglé de cuir sur son immense destrier, celui-ci (Eddard) semblait se perdre dans les nues.

    La phrase mot à mot est : revêtu de ses fourrures et ses cuirs, monté sur son grand destrier, son seigneur père le regardait d’en haut comme un géant.

    Le rapprochement entre ours et géant sera plus  clairement établi plus tard dans la saga, jusqu’à l’attaque du Poing des Premiers hommes où on croit voir un géant qui s’avère être un ours. D’autre part, Eddard, en accueillant le roi et toute sa suite, se montre un « père hospitalier », comme Tormund le chef sauvageon « vassal » du roi d’Au-delà du Mur.

    Bran, lui, est familier des oiseaux et sera comparé à un oisillon tombé du nid pendant son coma; Jon, Arya et Sansa seront eux aussi métaphorisés en oiseaux tout au long de leur parcours, et auront également droit à leur symbolique « ourson » (Jon avec le Vieil Ours, Arya avec le vieux Yoren et l’ours noir d’Harrenhal, et Sansa en Alayne lorsqu’elle redescend des Eyrie). Et je n’ai pas parlé d’Arya et des souris et autres rats, ni des écureuils.

    Bref, le plus étrange n’est pas forcément tout ce bestiaire accolé aux Stark (cheval/oiseaux/ours) mais le fait que le loup géant et le poisson y sont très largement en retrait. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de se persuader ou de persuader les autres qu’ils sont des loup ou des louves. A l’occasion, des Stark essayent de changer leurs loups en autre chose : Bran pourra rêver de donner des ailes au sien et échouera à le faire grimper aux arbres; Sansa le transforme en chien fidèle; Rickon aussi appelle le sien « shaggydog » dans lequel il y a « chien ». C’est d’ailleurs assez amusant que Bran trouve le nom incongru pour un loup alors que lui-même essaye de lancer des bâtons à son loup en espérant qu’il va les ramener comme font les chiens.

    Deux petits présages internes : vieille Nan raconte l’histoire d’un garçon qui grimpait jusqu’à ce qu’il tombe frappé par un éclair (« lightning » en vo) et justement, c’est le brillant Jaime qui le précipite de la fenêtre. Dans son coma, Bran se remémore une face « brillante de lumière, dorée » (« shining with light », »golden »), précisant ainsi l’association entre Jaime et l’éclair. Notons que l’anglais « lightning » permet de jouer également sur tout ce qui a trait à la foudre et à l’orage, et GRRM ne va pas se priver de jouer sur les coups de foudre, les éclats de lumière (et les choses qu’on fait par amour !).

    Je m’arrête là pour le moment, j’ai déjà été longue, mais je n’arrive plus à écrire avec les enfants et c’est l’heure de sortir ! J’ai encore plein de trucs à dire sur « Bran le voyant » mais ce sera pour la prochaine fois.

     

    #127319
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1872

    Tes analyses sont toujours très intéressantes à lire, @emmalaure, et donnent des pistes de lecture que je n’avais pas encore envisagées.

    Jon, Arya et Sansa seront eux aussi métaphorisés en oiseaux tout au long de leur parcours

    Pour Jon et Sansa, je vois bien sûr mais pour Arya ? J’ai la flemme de me lancer dans des recherches.

    le plus étrange n’est pas forcément tout ce bestiaire accolé aux Stark (cheval/oiseaux/ours) mais le fait que le loup géant et le poisson y sont très largement en retrait. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de se persuader ou de persuader les autres qu’ils sont des loup ou des louves. A l’occasion, des Stark essayent de changer leurs loups en autre chose

    À ton avis, après ce constat qui me paraît judicieux sur ce méli-mélo animalier, quelles analyses symboliques en tirer ?

    vieille Nan raconte l’histoire d’un garçon qui grimpait jusqu’à ce qu’il tombe frappé par un éclair (« lightning » en vo) et justement, c’est le brillant Jaime qui le précipite de la fenêtre. Dans son coma, Bran se remémore une face « brillante de lumière, dorée » (« shining with light », »golden »), précisant ainsi l’association entre Jaime et l’éclair.

    Très juste, j’avais moi aussi repéré ce rapprochement et je me suis aussi demandé si la tour foudroyée, objectif initial de l’escalade de Bran, n’est pas la même tour que celle du conte de Vieille Nan et donc si un jeune Stark n’aurait pas été réellement foudroyé, une centaine d’années avant Bran. (Raconté par retour en arrière ou même événement qui survient dans le prochain The She-wolfes of Winterfell ?)

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par Ysilla.

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    #127321
    Eridan
    • Vervoyant
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    Oh mon R’hllor !! Que ce chapitre est riche.^^ Je me souvenais qu’il marquait un tournant ( « l’enfance brisée » , ce qui m’a tout de suite fait adhérer à GoT, puis ASOIAF), mais je ne pensais pas retrouver autant de pépites. Vous en avez déjà évoqué beaucoup.

    L’avenir de Bran se dessine effectivement … La peur du barral est ironique, mais les liens avec les enfants de la forêt et les vervoyants sont déjà en train de se nouer. Quelques éléments supplémentaires :

    “You’re not my son,” he told Bran when they fetched him down, “you’re a squirrel.”
    « Tu n’es pas mon fils, lui dit-il quand on l’eut descendu de son perchoir, mais un écureuil. »

    Tiens … Mais au fait, les enfants de la forêt ne sont-ils pas appelés aussi le « peuple-écureuil » par les géants … ^^

    Sinon, comme l’a dit Yunyuns, le lien entre corbeau et blé est répété trois fois dans le chapitre, dont une à la toute fin. On retrouvera ce lien dans le chapitre suivant de Bran, où la corneille à trois yeux lui réclamera également du blé et dans les chapitres avec le corbeau de Mormont, qui en est lui aussi très friand. Des liens se tissent :

    There were crows’ nests atop the broken tower, where no one ever went but him, and sometimes he filled his pockets with corn before he climbed up there and the crows ate it right out of his hand.
    Au sommet de la tour en ruine où nul autre ne montait que lui nichaient des corneilles. Parfois, il bourrait ses poches de blé à leur intention, et elle picoraient dans sa main.

    Crows circled the broken tower, waiting for corn.
    Dans l’espoir d’une friandise, les corneilles traçaient des cercles au-dessus de la tour en ruine.

    Somewhere off in the distance, a wolf was howling. Crows circled the broken tower, waiting for corn.
    Quelque part, au loin, un loup hurlait. Dans l’espoir d’une friandise, les corneilles traçaient des cercles au-dessus de la tour en ruine.

    Au passage, je réalise que Bran tentait d’escalader la broken tower, ou « tour brisée » … Ce qui, ironiquement, est le destin de Bran. :/ Le parallèle s’épaissit d’autant plus que la tour a été brisée par un éclair et qu’on retrouve cet élément dans le conte que Vieille Nan raconte à Bran pour l’empêcher de grimper.

    D’ailleurs, tant qu’à parler de la tour brisée, voilà ce qu’en dit Bran :

    Once it had been a watchtower, the tallest in Winterfell. A long time ago, a hundred years before even his father had been born, a lightning strike had set it afire. The top third of the structure had collapsed inward, and the tower had never been rebuilt.
    Jadis tour de guet et la plus haute du château, la foudre l’avait incendiée voilà des éternités, cent ans au moins avant la naissance de Père. Effondrée d’un tiers sur elle-même, elle n’avait pas été reconstruite.

    Ici, un siècle avant la naissance d’Eddard nous renvoie vers l’an 163 … Mais comme toujours, les histoires des Stark sont sujettes à caution, surtout quand on aborde la question de la datation : un siècle est souvent évoqué par les personnages, mais plus pour une question de confort pratique que par souci d’exactitude scientifique … Du coup, je me demande si les circonstances de cet incendie ne pourraient pas être explicitées davantage, notamment dans The She-Wolves of Winterfell. J’adorerais ^^ (edit : je vois qu’Ysilla a eu la même idée que moi à ce sujet. ^^)

    La personnalité de Bran

    A entendre tous les autres personnages en parler, on a l’impression que Bran est le bon petit gars, bourré de qualités, qui se fait aimer de tous. C’est vrai, seulement, lui aussi à une part sombre. Déjà, une réflexion que j’ai trouvé assez méprisante :

    Bran se retrouva donc seul avec Jon, les filles et Rickon. Mais Rickon n’était qu’un bambin, les filles que des filles, et Jon, tout comme Fantôme, se révéla introuvable.
    Bran had been left behind with Jon and the girls and Rickon. But Rickon was only a baby and the girls were only girls and Jon and his wolf were nowhere to be found.

    Sympa pour Rickon et les filles … Bon, après, Bran a sept ans. Rien de bien étonnant dans un monde viriliste. Mais en plus de ça, il y a d’autres remarques qui me font tiquer, car on découvre progressivement une certaine fascination du personnage pour le macabre, les histoires de fantômes et ce qui fait peur en général

    A propos du Donjon Rouge :
    Old Nan said there were ghosts there, and dungeons where terrible things had been done, and dragon heads on the walls. It gave Bran a shiver just to think of it, but he was not afraid.
    Vieille Nan affirmait peuplé de spectres, creusé d’oubliettes abominables, tapissé de crânes de dragons. Rien que d’y songer lui donnait le frisson, mais il n’avait pas peur pour autant.

    […]

    The twins Ser Erryk and Ser Arryk, who had died on one another’s swords hundreds of years ago, when brother fought sister in the war the singers called the Dance of the Dragons.
    Les jumeaux ser Erryk et ser Arryk, célèbres pour s’être entre-tués des siècles auparavant, lors de la guerre que les rhapsodes appelaient Danse des Dragons et au cours de laquelle le frère avait combattu sa soeur.

    Ça se retrouve aussi plus loin dans son admiration pour le nom du loup de Jon (Ghost / Fantôme). J’avais déjà parlé de certains doutes que j’entretenais vis-à-vis de Bran dans le précédent chapitre … Celui-ci les confirme en partie (et d’autres confirmations sont à venir).

    Jaime et Cersei

    Je reviendrais plus loin sur leurs intrigues par rapport aux Arryn. Ils servent à évoquer Stannis, Renly et Littlefinger, qu’on découvrira plus longuement plus tard. Amusant d’ailleurs de relever qu’ils les taxent tous les trois d’ambitions, même Stannis n’est donc pas épargné et n’entre pas dans la catégorie des hommes d’honneur. On peut aussi s’amuser à relever la première erreur politique de Cersei :

    I should have insisted that he name you, but I was certain Stark would refuse him.
    Que n’ai-je exigé ta nomination, au lieu de me persuader que Stark refuserait… !

    On peut aussi remarquer une crainte de Cersei assez intéressante :

    [Robert]’s still in love with the sister, the insipid little dead sixteen-year-old. How long till he decides to put me aside for some new Lyanna?
    La passion [que Robert] avait pour la sœur, cette gourde morte à seize ans, il ne l’a jamais oubliée. Combien de temps mettra-t-il pour se décider à me congédier en faveur de quelque nouvelle Lyanna ?

    Apparemment, Cersei n’est pas la seule à y penser puisque Renly et les Tyrell envisageront un temps de proposer Margaery à Robert, en espérant qu’il retrouvera chez elle ce qui lui avait tant plu chez Lyanna.

    Bon, surtout, ce qui m’intéresse chez Jaime et Cersei, c’est leur relation intime. Pas tant le côté incestueux, mais surtout la question du consentement (ou en tout cas, de sa mise en scène au sein du couple). L’insouciant Jaime ne s’intéresse pas à la discussion politique et veut tout de suite passer aux ébats. Cersei se ronge avec la politique, et même si elle lui cède, elle lui oppose un refus essentiellement de forme.

    The man sighed. “You should think less about the future and more about the pleasures at hand.”
    “Stop that!” the woman said. Bran heard the sudden slap of flesh on flesh, then the man’s laughter.
    L’homme soupira : « Si tu pensais moins au futur et davantage aux plaisirs à portée de main ? — Veux-tu bien… ! » s’exclama la femme, tandis que retentissait quelque chose comme le choc de deux chairs, suivi par le rire de l’homme.

    “Stop it,” she said, “stop it, stop it. Oh, please…”
    « Arrête, dit-elle, par pitié… »

    Mais elle ne l’empêche pas de continuer, du moins, pas tant que Bran ne les interrompe, où elle met immédiatement fin à leurs échanges. A la relecture, je suis étonné et gêné par cette relation, moins le côté incestueux que cette question du consentement. Je ne doute pas que Cersei soit consentante, sinon, elle aurait mis fin plus rapidement aux ébats. Mais apparemment, ce « non qui veut dire oui » est une habitude entre eux (ce sera à nouveau évoqué dans des chapitres postérieurs) et je trouve ça assez malsain.

    Clin d’œil ou foreshadowing ?

    Je ne sais pas si c’est un foreshadowing volontaire, mais le chapitre s’ouvre sur un départ à la chasse et la justification qui suit :

    The king wanted wild boar at the feast tonight.
    Le roi désirait dîner de sanglier.

    Le chapitre de la « fin de l’innocence » s’ouvre donc sur une chasse similaire à celle qui, quelques chapitres plus tard, signera la « fin de la paix » . Décidément, les appétits de Robert sont la source de tous les malheurs. ^^

    Pour répondre à vos remarques

    Il ne trouve pas de nom pour son loup. Pourquoi cette longue hésitation?

    Pour moi, c’est un moyen utilisé par GRRM pour montrer que Bran est le plus réfléchi des six, celui qui prend le temps, qui ne cède pas que à la gloriole ou à ses pulsions, mais qui mesure l’importance de son choix. Le nom définitif qu’il trouvera pour son loup est d’ailleurs assez révélateur : Été. Bran a compris, au travers du rêve prophétique partagé avec la Corneille à trois yeux l’importance de l’été dans son propre univers. Il est d’ores et déjà celui qui a la meilleure compréhension de l’univers dans lequel il vit.

    La contradiction n’est, à mon avis, qu’apparente : tant que Jon envisage de prendre en main lui-même son avenir en prenant le noir, tout va bien, mais que son père l’expédie au Mur parce qu’on ne veut pas de lui au château, alors là, il y a bien matière à être vexé comme un pou comme l’a finement remarqué GRRM.

    Un point intéressant également: l’humeur de Jon Snow. Dans son chapitre, Jon proclame son envie d’entrer à la Garde de Nuit. Comment expliquer son humeur? La nostalgie, comme Bran la ressent? Le sentiment que c’est à Catelyn qu’il doit son départ précoce, pourtant désiré par lui?

    Je n’ai pas vraiment la même explication qu’Ysilla en tête : quoi qu’il dise et même si son avenir commence à se dessiner loin de Winterfell, Jon vit des moments difficiles.  Il a été exclu du banquet, il a été exclu de l’entraînement … et cette fois, il est exclu de la chasse. On serait vexé à moins. La visite du roi est particulièrement pénible pour lui, car elle sert de prétexte à l’exclure d’absolument tout et à le renvoyer systématiquement à son statut de bâtard qui le fait souffrir. D’où la ronchonnerie. (Et une fois de plus, c’est moins Catelyn qu’Eddard qui peut être mis en cause dans son absence de la chasse.)

    La question que je me pose en revanche, c’est « où est-il passé pendant ce chapitre ? »

    Belle liste, cependant Serwyn est cité en premier et a pourtant vécu avant la création de la garde royale. J’imagine que Bran s’est tellement idéalisé le chevalier de la légende que pour lui Serwyn a forcément fait partie de la garde royale.

    Il y a énormément de parallèles entre ce chapitre et TWOIAF. ^^ La présence de Serwyn au Bouclier-Miroir dans la Garde Royale est l’un d’eux :

    Les noms de Brandon le Bâtisseur, Garth Mainverte, Lann le Futé, Durran Dieux-deuil et ser Artys Arryn sont renommés. Mais il est probable que leur légende contienne moins de vérité que d’imagination. Je m’efforcerai ailleurs de trier le grain qu’on peut trouver parmi l’ivraie, mais il suffit pour l’heure d’évoquer ces contes. En vérité, les rois fabuleux et les centaines de royaumes d’où sont nées les Sept Couronnes, les légendes de Symeon Prunelles étoilées, de Serwyn au Bouclier-Miroir et d’autres héros, ont inspiré septons et chanteurs. De tels héros ont-ils existé ? Cela se peut. Mais quand les chanteurs placent Serwyn au Bouclier-Miroir dans la Garde Royale — un corps institué sous le règne d’Aegon le Conquérant — nous voyons bien qu’on ne peut se fier à tous ces contes. Les premiers septons qui les ont consignés ont choisi les détails qui leur convenaient et en ont ajouté d’autres. Les chanteurs les ont changés — parfois radicalement — pour obtenir une place au chaud dans la grand-salle d’un seigneur. Ainsi, un Premier Homme devient un chevalier qui suit les Sept et garde les rois Targaryen, des millénaires après qu’il a vécu (s’il a de fait vécu). Et on ne compte plus la légion de petits garçons et de jeunes gens que ces sottises ont rendus ignorants de l’histoire ancienne de Westeros.

    TWOIAF – Histoire ancienne : l’Âge des Héros

    La dernière phrase fait joliment écho à Bran dans ce chapitre. Pour un enfant qui connaîtra à terme toute l’histoire du monde, l’ironie est palpable. ^^

    L’autre parallèle majeur que j’ai trouvé, c’est celui du First Keep / donjon qui permet d’accéder ensuite à la tour brisée.

    That brought you up to the blind side of the First Keep, the oldest part of the castle, a squat round fortress that was taller than it looked.
    On atteignait alors la face aveugle du premier donjon, le plus ancien du château, dont la rotondité massive masquait la hauteur.

    Ce serait l’édifice le plus ancien du château … Or justement, dans TWOIAF, il est mentionné plusieurs fois et son ancienneté est remise en cause :

    En ses murs, le château [de Winterfell] couvre plusieurs arpents, abritant nombre de bâtiments isolés. Le plus ancien — une tour depuis longtemps désertée, ronde, trapue et chargée de gargouilles — est appelé le premier donjon. Pour certains, cela signifie que les Premiers Hommes l’ont construit, mais mestre Kennet a prouvé de façon probante qu’il ne pouvait exister avant l’arrivée des Andals, puisque les Premiers Hommes et les anciens Andals élevaient des tours et donjons carrés. Les tours rondes sont venues plus tard.
    TWOIAF – Le Nord : Winterfell.

    Certes, Accalmie est un château ancien, mais comparé aux ruines des forts circulaires des Premiers Hommes, voire au Premier Donjon de Winterfell (qu’un mestre autrefois au service des Stark étudia et estima reconstruit tant de fois qu’on ne pouvait en donner une datation précise), la grande tour et les pierres parfaitement ajustées du rempart d’Accalmie semblent largement dépasser tout ce dont les Premiers Hommes furent capables des millénaires durant.
    TWOIAF – Les terres de l’Orage : Accalmie.

    (On remarquera au passage la contradiction interne de TWOIAF (Décidément … -_- ) où dans un chapitre, on nous dit que les tours rondes sont apparues après l’Arrivée des Andals, alors que dans un autre, on évoque les « forts circulaires » des Premiers Hommes.)

    Ce qui m’a frappé dans la conversation entre Jaime et Cersei, c’est que Cersei s’inquiète de Lady Arryn, or ils sont censés n’avoir rien à se reprocher dans la mort de Jon Arryn

    Au contraire. ^^

    Pycelle a laissé mourir Jon Arryn en ne lui prodiguant pas les soins dont il avait besoin, parce qu’il a compris que la reine voulait sa mort. Cersei a certainement compris (ou une araignée lui aura dit) que Jon Arryn avait mené l’enquête contre elle et qu’il avait des soupçons … Peut-être même des preuves. Même si elle n’a pas donné l’ordre à Pycelle ( « elle ne pouvait le faire, mais je l’ai compris tout seul. » dira-t-il en substance dans ACOK à Tyrion), elle a souhaité elle-aussi la mort de Jon Arryn et elle redoute les résultats de son enquête, comme le prouve son échange avec Jaime :

    “His wife is Lady Arryn’s sister. It’s a wonder Lysa was not here to greet us with her accusations. […] That frightened cow shared Jon Arryn’s bed.”
    “If she knew anything, she would have gone to Robert before she fled King’s Landing.”
    “When he had already agreed to foster that weakling son of hers at Casterly Rock? I think not. She knew the boy’s life would be hostage to her silence. […]”
    “Whatever she knows, whatever she thinks she knows, she has no proof.”

    — Sa femme est la sœur de lady Arryn, je te signale…, et je trouve miraculeux que celle-ci ne se soit pas déplacée pour nous souhaiter la bienvenue par ses accusations. […] Une grosse vache qui couchait avec Jon Arryn.
    — Si elle savait quelque chose, elle serait allée trouver Robert avant de filer.
    — Alors qu’il avait déjà consenti à prendre pour pupille son avorton* ? Je n’en crois rien. C’eût été troquer son silence contre la vie de l’enfant.[…]
    — Quoi qu’elle sache, quoi qu’elle se figure savoir, elle n’a pas de preuve.

    *  Petite erreur dans la trad : Robert n’a pas consenti à prendre Robert Arryn comme pupille, il a consenti à l’envoyer comme pupille à Castral Roc, ce qui est bien différent.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par FeyGirl.

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    #127324
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    La question que je me pose en revanche, c’est « où est-il passé pendant ce chapitre ? »

    Plus que pour Jon, on peut se poser aussi la question pour Catelyn : le départ est tout proche (24, 48h ?)

    Il lui fallait dès aujourd’hui, Père l’avait prévenu, faire ses adieux.

    Catelyn ne profite donc pas de l’occasion pour passer du temps avec Bran ?

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #127325
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    À ton avis, après ce constat qui me paraît judicieux sur ce méli-mélo animalier, quelles analyses symboliques en tirer ?

    Ah ah ah , c’est la bonne question ! Je te dis la réponse en rapide : que les Stark de Winterfell n’ont pas une goutte de sang loup dans leurs veines parce qu’ils ne sont pas des descendants de « loups » mais une lignée bâtarde issue d’une femme/reine. Mais je compte poser les pierres de cette hypothèse dans le prochain post.

    Je m’aperçois que j’ai oublié le 2e foreshadowing interne au chapitre : c’est le petit pantin d’argile brisé que lance Luwin pour montrer à Bran ce qu’il risque. Bran dit qu’il n’est pas fait de glaise/argile/terre, mais il va quand même finir brisé et sous la terre à plusieurs reprises. Et puis, il y a la petite référence biblique à la Génèse et la création de l’Homme.

    Très juste, j’avais moi aussi repéré ce rapprochement et je me suis aussi demandé si la tour foudroyée, objectif initial de l’escalade de Bran, n’est pas la même tour que celle du conte de Vieille Nan et donc si un jeune Stark n’aurait pas été réellement foudroyé, une centaine d’années avant Bran. (Raconté par retour en arrière ou même événement qui survient dans le prochain The She-wolfes of Winterfell ?)

    Je pense aussi qu’il y a eu un précédent à ce « coup de foudre »/ »vision éclair et mortelle », mais ça viendra avec le reste, dans le prochain post !

    #127326
    Ysilla
    • Terreur des Spectres
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    Mais je compte poser les pierres de cette hypothèse dans le prochain post.

    mais ça viendra avec le reste, dans le prochain post !

    Que voilà un post à venir bien teasé ! 😊👍

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #127327
    Ser Aemon Belaerys
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    Bon, surtout, ce qui m’intéresse chez Jaime et Cersei, c’est leur relation intime. Pas tant le côté incestueux, mais surtout la question du consentement. L’insouciant Jaime ne s’intéresse pas à la discussion politique et veut tout de suite passer aux ébats. Cersei se ronge avec la politique, et même si elle lui cède, elle lui oppose un refus essentiellement de forme. The man sighed. “You should think less about the future and more about the pleasures at hand.” “Stop that!” the woman said. Bran heard the sudden slap of flesh on flesh, then the man’s laughter. L’homme soupira : « Si tu pensais moins au futur et davantage aux plaisirs à portée de main ? — Veux-tu bien… ! » s’exclama la femme, tandis que retentissait quelque chose comme le choc de deux chairs, suivi par le rire de l’homme. “Stop it,” she said, “stop it, stop it. Oh, please…” « Arrête, dit-elle, par pitié… » Mais elle ne l’empêche pas de continuer, du moins, pas tant que Bran ne les interrompe, où elle met immédiatement fin à leurs échanges. A la relecture, je suis étonné et gêné par cette relation, moins le côté incestueux que cette question du consentement. Je ne doute pas que Cersei soit consentante, sinon, elle aurait mis fin plus rapidement aux ébats. Mais apparemment, ce « non qui veut dire oui » est une habitude entre eux (ce sera à nouveau évoqué dans des chapitres postérieurs) et je trouve ça assez malsain.

    Il faudrait poser la question à GRRM s’il a voulu juste faire un « non j’ai envie de parler mais en fait je sais très bien qu’on est venu là pour ça » ou vouloir dire que Cersei est moins intéressée que Jaime pour leurs ébats et que c’est lui qui fait le premier pas pour cela, ou bien encore une troisième voie.

    J’avais vu ce « non qui veut dire oui » aussi, mais il y a 20 ans ça serait passé totalement inaperçu (voir la vidéo du JdG à ce propos donne une idée de cela) alors qu’aujourd’hui on se pose la question. Pour moi Cersei est attirée par Jaime, bon ok pour des raisons malsaines de juste le considérer comme son double masculin, mais ça reste du consentement.

    A part quand Ramsay épouse « Arya » et « consomme » l’union, a t-on un autre exemple de viol au sein d’un « couple » dans la saga ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 2 mois par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #127336
    Lapin rouge
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    (On remarquera au passage la contradiction interne de TWOIAF (Décidément … -_- ) où dans un chapitre, on nous dit que les tours rondes sont apparues après l’Arrivée des Andals, alors que dans un autre, on évoque les « forts circulaires » des Premiers Hommes.)

    Si ça peut te rassurer, ce n’est pas vraiment une contradiction. Ou alors, si contradiction il y a, elle existe IRL : les premières fortifications de l’âge du bronze (correspondant grosso-modo à l’époque des Premiers Hommes) étaient des enceintes circulaires (sans doute parce que le cercle permet d’enserrer le plus de surface pour le moins de linéaire) formées par un talus de terre surmonté d’une palissade. Puis, lorsque les fortifications maçonnées ont commencé à se généraliser, elles étaient d’abord de plan carré, sans doute parce que c’est plus facile à construire avec des pierres ou des briques. Ensuite, afin de mieux résister aux engins de siège, la forme ronde ou ovale s’est imposée (au XIIème siècle concernant le Moyen-Âge, mais on constate la même évolution du carré vers le rond dans l’Antiquité).

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #127361
    FeyGirl
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    A part quand Ramsay épouse « Arya » et « consomme » l’union, a t-on un autre exemple de viol au sein d’un « couple » dans la saga ?

    Toujours concernant Ramsay, nous avons aussi son couple avec Donella Corbois, auquel il faut ajouter – même si ce ne sont pas des couples – les jeunes filles qu’il prend en chasse avec sa meute.

    Nous avons aussi Aerys II et Rhaella, couple dont nous connaissons les relations réelles grâce aux souvenirs de Jaime.

    #127363
    Emmalaure
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    A part quand Ramsay épouse « Arya » et « consomme » l’union, a t-on un autre exemple de viol au sein d’un « couple » dans la saga ?

    Robert et Cersei, sans ambiguïté.

    Khal Drogo et Daenerys dans les nuits qui suivent la nuit de noces, sans ambiguïté non plus.

     

    #127379
    Ysilla
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    J’ajoute une simple petite remarque stylistique sur la chevalerie idéalisée par Bran :

    Le court portrait des futurs tortionnaires de Sansa Stark, ser Boros Blount et ser Meryn Trant dément l’image sublimée que s’en est forgée Bran ; en effet les termes employés par GRRM : bold (déplumé), jowly (aux joues flasques), droopy (tombant) et rust (rouille) évoquent tous l’idée de ce qui tombe en décrépitude, idée que l’on retrouve exprimée par Eddard Stark, dans ACOK 22, Bran III :

    Something his father had told him once when he was little came back to him suddenly. He had asked Lord Eddard if the Kingsguard were truly the finest knights in the Seven Kingdoms. “No longer,” he answered, “but once they were a marvel, a shining lesson to the world.”
    Subitement lui revint de sa petite enfance un mot de Père. Comme il demandait à lord Eddard si les chevaliers qui composaient la Garde étaient véritablement la fine fleur des Sept Couronnes, celui-ci répondit : « Plus maintenant. Alors qu’ils faisaient d’elle un joyau, jadis, une éblouissante leçon pour le monde.

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    #127383
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Je rebondis là-dessus pour noter petit jeu de mots au passage, sur « bold » et « bald » : Bran énumère ses héros de la Garde royale et finit avec « Barristan the Bold », puis il enchaîne immédiatement sur les gardes royaux présents, et Merryn Trant « the bald ».

    Quant à « droopy », je ne serais pas surprise qu’il y ait une petite référence au chien du cartoon qui a l’air malheureux comme les pierres, les yeux et les joues tombantes, et qui répète sans cesse « you know what ? I’m happy ».

    #127388
    Ysilla
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    petit jeu de mots au passage, sur « bold » et « bald

    ah ben , j’étais passée à côté de Barristan the Bold et Boros the Bald ; bien vu !

    En revanche, Meryn Trant est tellement éloigné du chien Droopy qu’il me semble improbable que GRRM en ait fait une référence, que pour le coup, je trouverais d’un parfait mauvais goût.

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    #127392
    Pat le petit porcher
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    A la relecture, je suis étonné et gêné par cette relation, moins le côté incestueux que cette question du consentement. Je ne doute pas que Cersei soit consentante, sinon, elle aurait mis fin plus rapidement aux ébats. Mais apparemment, ce « non qui veut dire oui » est une habitude entre eux (ce sera à nouveau évoqué dans des chapitres postérieurs) et je trouve ça assez malsain.

    Il y a en effet là un des aspects malsains de leur relation, et de la sexualité de Cersei en général, et qui à mon avis se comprendra de mieux en mieux au cours de la saga. Il y a d’abord un élément culturel à prendre en compte : de toute évidence, la société de Westeros considère que l’homme a naturellement des besoins sexuels irrépressibles (voir par exemple le chapitre de Catelyn qui se dit qu’elle en veut à Ned d’avoir amené son bâtard à Winterfell, mais pas de l’avoir engendré, car « la virilité a ses exigences » – ben voyons !), tandis que chez la femme, toute entorse à la chasteté avant le mariage, et à la fidélité après, serait de la perversité (il n’est donc pas admis qu’elle puisse avoir aussi de véritables besoins sexuels). Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que des femmes prennent l’habitude de ne pas assumer leurs désirs sexuels et de faire mine de simplement céder devant l’insistance de l’homme. C’est malsain mais prévisible. Et Cersei, si elle se comporte de façon totalement contraire à la morale admise à Westeros, sait en revanche très bien soigner les apparences, jusque dans ses transgressions, et adopter les manières considérées comme « féminines ».

    Ensuite, la relation sexuelle se double toujours pour Cersei d’une relation de pouvoir, souvent complexe, et elle en fait généralement un instrument pour obtenir d’autres choses (le pauvre Jaime devrait en savoir quelque chose… mais il n’a toujours pas compris qu’elle l’a roulé dans la farine en le faisant entrer dans la Garde royale, et que son principal objectif était de le faire renoncer à ses droits sur Castral Roc, bien plus que de le garder auprès d’elle). Elle pousse d’autant mieux son partenaire à faire ses quatre volontés en échange de ses faveurs, en suggérant que c’est lui qui a besoin de sexe et pas elle. Et en même temps, donner vraiment le sentiment qu’elle n’en a aucune envie serait contre-productif, puisque cela risquerait de refroidir vraiment les ardeurs du partenaire (c’est bien pour cela que, comme on l’apprendra plus tard, Robert n’exige plus qu’assez rarement d’exercer ses prétendus « droits de mari »). Elle se trouve donc dans une situation contradictoire où il lui faut à la fois l’exciter et prétendre qu’elle cherche à le réfréner, d’où le « arrête » prononcé sur un ton tel que le partenaire comprend « continue ».

    Je ne veux pas dire qu’elle serait en train de calculer tout ça pendant cette scène précise, mais plutôt que c’est une habitude prise parce que ça lui permet de concilier ses différents intérêts. En faisant une lecture naïve de la scène, on pourrait penser qu’il y a là un simple fantasme de phallocrate qui rêve que les femmes veuillent dire oui quand elles lui disent non ; mais on peut aussi y voir une représentation plausible de ce que peut donner la combinaison d’une société telle que celle de Westeros, avec une personnalité telle que celle de Cersei. Et certes, ça n’est pas ce qu’on peut rêver de mieux comme relation de couple.

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