AGOT 40 – Eddard X

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    Liloo75
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    AGOT 40 – Eddard X
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 39, Tyrion V AGOT 41, Catelyn VII

    Les fantômes du passé

     Dans ce chapitre nous retrouvons Lord Eddard, alité à la suite de son affrontement avec les hommes de Jaime Lannister. Même si la scène se déroule au Donjon Rouge, au temps présent, nous allons être projetés immédiatement à Dorne, 15 ans auparavant.

    Ici les fantômes du passé vont ressurgir et leurs ombres se projeter jusqu’à nous. Je dirais même que les âmes des disparus vont venir faire de l’ombre aux vivants.

    De l’obscurité, des mystères, il y en beaucoup dans cette histoire, dès la scène d’ouverture. Seul Ned Stark semble détenir les clefs qui permettraient de démêler l’écheveau. Nous allons néanmoins essayer d’y voir plus clair.

    1/ Les ombres du passé

    • Les souvenirs

    Le chapitre s’ouvre sur deux couleurs (le blanc des manteaux des hommes de la Garde royale, le rouge de la couche sanglante de Lyanna) et une tour en ruine.

    Dans un rêve récurrent, Ned revoit ses six compagnons à ses côtés.

    Il a un mot pour qualifier chacun d’eux. C’étaient des amis proches, si proches qu’il s’était promis de ne jamais oublier leurs visages. Pourtant, ils se sont estompés avec le temps. Il les perçoit tels des « spectres brumeux ».

    Ils sont sept pour affronter trois hommes, dont les visages n’ont rien de flou. Il se souvient de leurs traits « clairs et nets (…) comme au premier jour ».

    Pourquoi les amis sont-ils dans le flou, alors que les ennemis d’un jour lui apparaissent nettement ?

    Parce que les amis disparus sont amèrement regrettés ? Et qu’il préfèrerait oublier leur mort ?

    Parce que la menace des trois adversaires est toujours présente, prégnante dans son esprit ?

    Amis, ennemis, qui sont-ils ?

    Aux côtés de Ned se trouvent :

    • Martyn Cassel, le père de Jory et le frère de Rodrick Cassel. Un ami très proche donc, presque un parent,
    • Theo Wull, un membre des clans des montagnes, un homme du Nord, et un ami d’Howland Reed. C’est lui qui l’a accompagné à Winterfell pour lui permettre de prêter allégeance aux Stark,
    • Ethan Glover, l’ancien écuyer de Brandon Stark, le frère d’Eddard, seul survivant des compagnons qui se sont rendus à Port-Réal pour demander des comptes à Rhaegar suite à l’enlèvement de Lyanna,
    • Ser Mark Ryswell,
    • Holland Reed. C’est le seigneur de la maison Reed de Griseaux. Marié à Jyana des Paludiers. C’est probablement lui qui lors du tournoi d’Harrenhal a été malmené par trois écuyers avant d’être secouru par Lyanna Stark. Elle a mis en fuite les trois agresseurs du petit paludier. Et c’est vraisemblablement Lyanna qui l’a vengé le lendemain, en participant au tournoi déguisée en chevalier d’Aubier rieur, et en défaisant les trois chevaliers des écuyers fautifs. C’est elle également, qui l’a présenté à ses frères. Sa présence semble naturelle, ce jour-là, aux côtés de Ned pour secourir Lyanna,
    • Et enfin, Lord William Dustin, seigneur de sa maison.

     

    En face, trois manteaux blancs de la Garde Royale. Ils ne sont que trois, mais « tout sauf ordinaires » :

    • Ser Arthur Dayne, l’épée du Matin, détenteur d’Aube, la fameuse épée, qui ne se transmet que par le mérite. Arthur était un des amis de Rhaegar Targaryen, le prince dragon. Redoutable chevalier et bretteur hors pair. Au tournoi d’Harrenhal, seul Rhaegar est parvenu à le défaire. Il a un triste sourire aux lèvres, il fait son devoir, mais il ne semble pas avoir de griefs personnels à l’encontre d’Eddard,
    • Ser Oswell Whent, frère de Lord Whent d’Harrenhal, organisateur du fameux tournoi. Il affute sa lame avant le combat, il se prépare,
    • Ser Gerold Hightower, Commandant de la Garde royale. L’un des meilleurs épéistes de son temps. Il a servi plusieurs rois depuis Aegon V. C’est lui qui intègrera Barristan Selmy dans la Garde. Il adoubera également Jaime Lannister à Harrenhal en 281 ; Harrenhal, où l’histoire de Westeros semble s’être jouée il y a 17 ans.

    Tous trois sont à Dorne, devant la tour de la Joie, car c’est à la demande de leur prince, Rhaegar Targaryen, qu’ils veillent sur Lyanna Stark.

    Notons qu’ils n’ont pas renoncé à leur mission, alors que leur prince est déjà mort sous la masse d’arme de Robert Baratheon.

    Eddard leur reproche leur absence au Trident où leur prince a péri, et à Port-Réal où leur roi (Aerys II) s’est fait assassiné.

    Ser Gerold lui réplique qu’ils étaient très loin. Sans quoi, le roi Aerys serait encore en vie et assis sur le trône. Quant à leur frère félon (Jaime Lannister, le Régicide, je présume), il se tordrait dans les flammes de l’enfer.

    N’oublions pas que sans ser Jaime, c’est la population entière de Port-Réal qui se serait tordue de douleur dans les flammes du feu grégeois. Mais cela nous l’ignorons encore…

     

    Ned tente-t-il de négocier ? Il leur rappelle qu’il a levé le siège d’Accalmie, et que les Tyrell et les Redwyne se sont rendus. Leur propose-t-il indirectement de se rendre ?

    Il s’étonne de ne pas les avoir trouvés à Accalmie et leur suggère qu’ils auraient pu s’enfuir à Peyredragon avec Willem Darry, qui a sauvé les enfants Targaryen survivants.

    Ser Arthur répond que leurs genoux « ne sont pas aussi souples ». Ils ne comptent donc pas se livrer à lord Eddard et à ses amis.

    Ser Gerold lui rétorque que les chevaliers de la Garde ne s’enfuient pas. « Pas plus aujourd’hui qu’hier » achève Arthur Dayne.

    Leur sort est scellé, ils avaient une mission, confiée par leur prince, ils l’honoreront jusqu’au bout.

    Eddard revoit ses six amis, les six spectres, le rejoindre.

    « C’est maintenant que tout commence » dit Arthur Dayne.

    « C’est maintenant que tout s’achève » répond Ned Stark. Il semble navré en prononçant ces mots. Son ton fait écho au triste sourire de ser Arthur. Ils ne devraient pas être des ennemis.

     

    Au milieu du fracas des armes, Ned entend les cris de Lyanna. Il revoit les pétales des roses, le ciel couleur sang et bleu. Le bleu est assimilé aux yeux de la mort (cela peut-il avoir un lien avec la couleur des yeux des Autres ?).

    Ned croit entendre Lyanna l’appeler, et il promet à nouveau.

    Les pétales des roses, la promesse, le sang et la mort sont en relation directe avec les souvenirs de Ned, évoqués lors du premier chapitre qui lui était consacré (AGOT 5 – Eddard I). Les deux chapitres sont liés. Il est impossible de comprendre le présent chapitre sans l’éclairage du précédent.

    Nous avions appris, alors, comment il avait retrouvé sa sœur Lyanna, mourante, à Dorne, dans une chambre où l’odeur du sang se mêlait à celle des roses. Elle était fiévreuse. Il entendait encore ses dernières paroles : « Promets-moi », « Promets-moi Ned ». Ned avait alors promis, et Lyanna avait parue soulagée.

    Elle l’avait remercié d’un sourire. Sans doute trop épuisée pour parler. Ned revoyait les roses fanées tomber de la main de Lyanna. Elle avait une passion pour les roses bleues, les roses d’hiver. Lyanna lui avait serré la main si fort. Eddard avait ensuite perdu connaissance. A son réveil, il entrelaçait Lyanna, morte.

    • Leurs interprétations possibles

    Ce souvenir nous apparaît une première fois dans l’esprit de Ned, 15 ans après les événements de Dorne, lorsqu’il reçoit le Roi Robert Baratheon à Winterfell. Robert lui demande pourquoi Lyanna se trouve dans ces catacombes sombres et froides, et non pas enterrée près d’un arbre, et sous le ciel lumineux. Ned lui explique que si Lyanna repose dans la crypte avec son père et son frère Brandon, c’est parce que cela correspondait à ses vœux.

    Si nous lions la promesse faite à Lyanna et son souhait d’être inhumée auprès des siens, nous pourrions imaginer que Lyanna a fait promettre à Ned de l’enterrer auprès de son frère Brandon et son père Rickard.

    Mais analysons plus précisément les souvenirs de Ned. Lyanna semble tenir particulièrement à cette promesse. Elle crie alors qu’elle n’a plus de forces, il y a une odeur de sang, elle est fiévreuse. La promesse faite par Ned l’apaise. Se serait-t-elle mise dans un tel état pour une simple demande de mise en terre ?

    La fièvre et le sang évoquent une blessure grave, ou alors un accouchement qui s’est mal passé. Si un enfant est né, on comprend mieux la demande urgente de promesse faite à Ned. Elle lui demande de protéger son enfant. Pourquoi cela ? Parce que c’est probablement le descendant de Rhaegar Targaryen. Et que si Robert l’apprend, il voudra tuer l’enfant, eu égard à la haine qu’il voue à son rival.

    Aux yeux de Robert, Lyanna a été enlevée et violée par Rhaegar. Pour les Targaryen, Lyanna est la femme aimée. Qui dit la vérité ? Lyanna a-t-elle été enlevée ou s’est-elle enfuie avec l’homme qu’elle aimait ? Pour Robert cela ne ferait guère de différence. Dans l’un comme l’autre cas, le résultat serait identique, il voudrait se venger, il voudrait la mort de Rhaegar. Et celle de l’enfant. Il est donc cohérent qu’elle demande à son frère de cacher son fils ou sa fille.

    Si Ned veut dissimuler l’enfant, il ne dispose pas d’une multitude de solutions, soit il le confie à une famille en qui il a toute confiance, soit il le prend avec lui.

    Les événements datent de 15 ans. Quel enfant de parents(s) inconnu(s) a 15 ans aujourd’hui ? Jon Snow le fils bâtard de Ned. Peut-il être le fils de Rhaegar ? Il ressemble tellement à Ned, il apparaît naturellement comme pouvant être son fils bâtard. Il n’a rien de Rhaegar (pas de cheveux clairs, pas d’yeux violets). Mais la génétique est capricieuse. Il y a bien des filles qui ressemblent à leur tante. Arya ne tient en rien de sa mère, elle n’a ni les cheveux roux, ni le teint clair. Elle ressemble à Lyanna, sa tante (Bran Stark les confond toutes les deux lorsqu’il a rejoint la Corneille et regarde le passé à travers le barral de Winterfell). Alors Jon Snow Targaryen peut bien ressembler à son oncle…

    Quant à savoir si Lyanna a été enlevée ou bien si elle s’est enfuie de son plein gré avec Rhaegar, plusieurs indices laissent penser que c’est la deuxième option qui est la plus crédible.

    Tout d’abord, Lyanna ne connaissait pas vraiment Robert. Nous ignorons combien de fois ils se sont croisés avant que leurs fiançailles ne soient officialisées. En sus, Lyanna est lucide quant à la nature de Robert. Elle confie, à son frère Ned, que Robert n’est pas homme à se contenter d’une seule femme. Elle sait qu’il a engendré un bâtard dans le Val. Et l’inverse est vrai, Robert ne connait pas réellement Lyanna. C’est Ned qui le lui dit. Il ignore certainement sa nature farouche.

    Le coup de foudre avec Rhaegar, après qu’il l’a couronnée reine d’amour et de beauté, au tournoi d’Harrenhal est plus crédible. D’autant plus que Rhaegar était censé partir à la recherche du mystérieux chevalier d’Aubier rieur après le tournoi. Le roi Aerys voulait connaître son identité.

    A la tour de la Joie, Rhaegar y a laissé ses meilleurs hommes pour veiller sur Lyanna, trois manteaux blancs « tout sauf ordinaires » : ser Arthur Dayne, l’Epée du Matin, réputé pour être un des meilleurs bretteurs de Westeros, et son ami, ser Gerold Hightower Commandant de la Garde royale, et ser Oswell Whent.

    Il fallait qu’il soit amoureux de Lyanna pour ainsi se dépouiller de trois de ses meilleurs hommes, alors qu’il se savait recherché par les troupes des rebelles de Robert Baratheon. Trois chevaliers qui lui ont sans doute manqué lors de la bataille du gué au Trident.

    Et pourquoi avoir nommé cette vieille tour, la « tour de la Joie » si ce n’était pas le lieu où se trouvait l’objet de son bonheur ?

    Enfin, si Rhaegar avait violé et tué Lyanna, Ned Stark devrait être rempli de colère à son endroit. Or, dans ses souvenirs, il n’a jamais de haine envers Rhaegar. Seule la réminiscence de la promesse faite à Lyanna vient le hanter. Cette promesse qui, selon ses propres paroles, lui a coûté si cher (la paix dans sa vie de couple sans doute).

     

    2/ Un présent bien tangible

    • Le douloureux réveil

    Retour à Port-Réal dans la chambre de la Main du Roi. Eddard git dans son lit, depuis 6 jours, à moitié inconscient, souffrant de sa jambe cassée par la chute de son cheval, lors de l’altercation avec les troupes de Jaime Lannister.

    Vayon Poole, le régisseur, se penche vers Ned Stark. Celui-ci croit voir un spectre. Il n’est pas tout à fait sorti de son rêve.

    Il lui apprend que le Robert veut le voir tout de suite. C’est le Roi, il ne peut pas attendre… et puis la patience n’est pas le point fort de Robert. Ned tente de surseoir. Il ne veut pas voir Robert tout de suite, le rêve l’a bouleversé.

    Il s’apprête à demander à Poole de faire venir le capitaine de sa garde, Jory Cassel, puis se rappelle que Jory fait désormais partie des ombres du passé, tout comme son père.

    C’est Alyn, un des gardes, qui se présente. Il annonce à Lord Eddard que Jaime Lannister a fui vers Castral Roc. Ned veut des nouvelles de ses filles, il s’inquiète pour elles. Il demande à Alyn de veiller à leur sécurité avant tout.

    Alyn l’informe également que les dépouilles de ses hommes sont parties pour Winterfell. Ned songe que Jory Cassel ne reposera pas auprès de son père Martyn. Ce dernier a été enterré à Dorne, il y a 15 ans. Eddard y avait fait édifier huit cairns pour ensevelir les morts. Seuls Ned Stark et Howland Reed le paludier, ont survécu à cet affrontement.

    Je remarque que Ned Stark a pris autant soin de ses hommes, que de ses trois adversaires qui ont péri devant la tour de la Joie. Il s’étonne que Rhaegar ait nommé cette tour la « tour de la Joie », alors que lui n’en retient que de l’amertume. Sans doute parce qu’au moment où il y a laissé Lyanna il espérait avoir un enfant et vivre heureux avec elle. Il ne s’attendait pas à être abattu par la masse d’arme de Robert.

     

    Robert justement, le voilà dans l’antichambre, avec Cersei. Elle s’est parée d’une « tiare étincelante » comme pour mieux rappeler qu’elle est la reine. Il n’y a nulle joie qui transparaît dans ce couple.

    Ned ne s’attendait pas à la présence de Cersei. Il redoute qu’elle complique les choses.

    Robert est également venu en compagnie de sa flasque. Il propose du vin à Ned, comme s’ils allaient parler de choses banales.

    Robert est déjà à moitié saoul, Cersei est furieuse, cela ne va pas faciliter leurs échanges.

    Cersei menace Eddard à plusieurs reprises (elle n’a pas oublié qu’il a été démis de ses fonctions de Main du Roi) :

    • Elle lui dit qu’il a de la chance d’avoir la tête sur ses épaules et d’être encore en vie (qu’aurait-elle fait si cela ne tenait qu’à elle ?),
    • Elle reproche à Ned d’avoir porté la main sur ses frères, son sang (je note qu’elle considère Tyrion comme son frère lorsque cela l’arrange),
    • Elle établit un parallèle entre les gens de Ned qui se seraient jetés sur Jaime et Catelyn qui a fait enlever le lutin,
    • Elle tente de disculper Jaime en faisant croire que Ned sortait ivre d’un bordel.

    Elle finit par s’en prendre à Robert, lui dire qu’il n’est pas digne d’un Roi, ni de porter la culotte. Que c’est elle qui devrait commander dans leur couple. Là c’en est trop, si Robert avait tenté de la faire taire par des paroles jusque-là, cette fois-ci c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, il utilise la violence et la gifle. C’est la seule chose qui lui reste alors qu’il est à court d’arguments. Il demande à un chevalier de la Garde de ramener Cersei dans sa chambre, prétextant qu’elle est fatiguée.

    Robert se pose, et prend conscience qu’il a eu tort de frapper la reine. Ce n’est pas « royal » dit-il à Ned. Ce n’est pas digne d’un homme tout simplement. Robert doit peser le double du poids de Cersei, et malgré les ans, il a conservé de la force. La frapper, c’était tellement facile. Il fait remarquer à Ned que s’il ne peut pas se servir de sa puissance physique, à quoi lui sert-elle ? Robert apparaît comme incapable de discuter sereinement. Peut-être n’en a-t-il même pas envie ? Le vin ne doit pas l’aider à rassembler ses idées, c’est certain.

    La conversation a également dérapé lorsque Cersei a voulu accuser Eddard d’être sorti éméché d’un bordel. Celui-ci s’est senti obligé de justifier sa présence dans ce lieu de plaisirs où l’avait conduit Littelfinger. Il explique qu’il était venu voir la bâtarde de Robert, la petite Barra. S’en suit alors un échange saugrenu entre Robert et Eddard à propos de la petite, de sa mère. Ned semble attendre une réaction de Cersei, peut-être veut-il lui rendre la pareille, la mettre mal à l’aise. Mais elle demeure de marbre. La conversation se poursuit jusqu’à ce que Robert jette un coup d’œil à la Cersei et semble s’apercevoir de l’incongruité de ses paroles.

    Et que dire de la justice qui vient d’être rendue ? Huit hommes sont morts : cinq chez les Lannister, trois chez les Stark.

    Comme dans le passé… cinq et trois.

    Ned demande à Robert de ramener Jaime Lannister et de le faire juger. Il endosse la responsabilité de l’arrestation de Tyrion, il prétend que Catelyn a agi sous son ordre, et qu’il tient son autorité de son titre de Main du Roi. Robert ne remet pas en question cette autorité (il semble avoir déjà oublié que Ned n’est plus sa Main), mais il exige la libération de Tyrion, au motif qu’il ne veut pas d’« enlèvements sur (ses) routes ». Il ne se soucie guère de savoir si Tyrion et coupable ou innocent. Il demande à Ned de faire la paix avec Jaime. Le faire juger lui causerait trop de tracas, et Robert n’aime pas les problèmes.

    Allez on efface l’ardoise et on oublie tout. Cinq morts du côté Lannister trois du côté Stark, on est quitte ! On dirait que Robert fait office de juge arbitre dans un litige relatif à la répartition de terrains. Il ne rend pas une justice digne d’un roi dans une affaire de qui a causé des morts violentes.

    Robert érige une parodie de procès comme lors de la comparution d’Arya pour avoir blessé le prince Joffrey.

    Eddard veut lui parler, mais Robert n’a pas le temps. Le lendemain il a une partie de chasse, ils causeront à son retour…

    Combien sont-ils à avoir dit peu ou prou la même phrase ? Benjen à Jon, avant son départ en patrouille. Rhaegar à Jaime lorsqu’il part affronter les rebelles de Robert Baratheon, et que Jaime lui demande de l’amener avec lui. Robert, Benjen, Rhaegar, aucun des trois ne reviendra pour « causer » (pour Benjen la porte n’est encore entièrement fermée).

    Gouverner « ce foutu royaume » n’intéresse pas Robert. C’est la raison pour laquelle il rend son insigne de Main du Roi à Ned à la fin du chapitre :

    « Agrafe-toi ce putain de truc, Ned. Il te va comme un gant ».

    Eddard a sans doute plus d’atouts pour régner, plus de qualités que Robert. Mais Robert reste le roi, et au final c’est toujours lui qui décide. Il se permet même une plaisanterie au sujet de la nomination de Jaime comme Main du Roi (distinction que Jaime refusera quelles que soient les circonstances).

    • La résurgence du passé

    Pourtant le roi Robert a le sentiment d’avoir perdu. Il repense à Rhaegar, faisant écho aux souvenirs de Ned se rapportant à Lyanna :

    « C’est Rhaegar qui a gagné, le diable l’emporte. J’ai eu beau le tuer, Ned, j’ai eu beau l’achever avec ma masse, au travers de sa maudite armure noire, dans son maudit cœur noir, il a eu beau crever à mes pieds » (…) « Le vainqueur c’est encore lui dans un sens. A lui Lyanna, maintenant, à moi elle. »

    « Elle » fait référence à Cersei, son épouse aimante, comme il le dit avec ironie. La mère de ses enfants, complète-t-il (c’est probablement sur ce sujet qu’il devrait avoir le plus de doutes).

    Dans ces quelques mots, Robert n’est-il pas en train d’avouer à Ned qu’il savait au fond de son cœur pour Lyanna et Rhaegar ? Qu’il savait qu’ils s’aimaient et se sont enfuis loin de lui ? La thèse de l’enlèvement n’a-t-elle pas été maintenue juste pour panser l’orgueil blessé de Robert ? C’est plus facile de penser que Lyanna a été enlevée et violée. Plutôt que d’imaginer que sa promise l’a quitté pour un autre.

    Robert parle du cœur noir de Rhaegar, on pourrait envisager une allusion à la nature sombre de celui-ci, au viol supposé de Lyanna. Le noir peut renvoyer aussi à la couleur de l’armure de Rhaegar, et aux sentiments que Robert ressent, la sensation d’avoir été trahi par les deux amants.

    Encore une fois, Ned Stark ne dit rien, il ne vient pas infirmer la version de Robert. Il préfère se taire, et laisser Robert dans l’erreur, sans doute pour protéger Jon. Mais il n’est pas le seul à connaitre la vérité. Howland Reed a survécu à l’affrontement de la tour de la Joie. Lui aussi doit savoir ce qui s’est passé, et ce que Ned a promis à Lyanna. Peut-être parlera-t-il un jour, venant ainsi rétablir la vérité, l’honneur de Ned Stark et l’ascendance de Jon ?

    En attendant, quand je regarde vers le trône, je vois Robert ventripotent, ivre et incapable de tenir son rang, et je vois Cersei à ses côtés, froide et prête à tout pour défendre ses intérêts particuliers. Je ne peux pas m’empêcher de penser ce qu’aurait été l’histoire de Westeros si Rhaegar était sorti victorieux de son duel avec Robert, au Trident.

    Les derniers mots seront pour ser Barristan Selmy (« Le garde de la reine », A Dance with Dragons) :

    « Jaehaerys, Aerys, Robert. Trois rois morts. Rhaegar aurait été un meilleur roi que n’importe lequel d’entre eux ».

     

    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 9 mois par Liloo75.
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    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #139043
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 607

    Merci pour ton analyse Liloo. Robert est décidément toujours très décevant dans son rôle de roi. On dirait un enfant qui se bouche les oreilles en secouant la tête dès qu’un problème pointe son nez… Il semble également ne pas avoir grande conscience, ou ne pas faire grand cas, des sentiments et intérêts des autres. Ainsi lorsqu’il demande à Ned de « faire la paix » avec Jaime. Comment peut-il imaginer que cette histoire va se régler aussi facilement? De même, lorsqu’il évoque la petite Barra, et qu’il déclare songer que sa mère aurait pu être plus sensée, alors qu’elle a 15 ans. Robert semble vivre dans un monde où les actes n’ont pas de conséquences (à l’exception de l’enlèvement de Lyanna…). Enfin, son envie d’aller chasser alors que deux des familles les plus puissantes du royaume, et ses deux plus grands soutiens, sont clairement en train de se lancer dans une guerre est vraiment incompréhensible. On voit à quel point Robert a abdiqué…

     

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #139050
    Mélusine
    • Pas Trouillard
    • Posts : 532

    Il ya une chose qui me déconcerte avec Robert , c’est pourquoi il pardonne tout à Jaime Lannister.

    La bagarre était d’ordre privé, que Robert passe la-dessus, pourquoi pas. Jaime a attaqué Lord Stark, et non la Main du roi, qui a fait soit disant arrêter son frère par sa femme. Mais Jaime est un garde royal, partir, s’échapper de Port Réal fait de lui un déserteur, pour ça il devait être ramené illico à Port Réal et être jugé.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #139054
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1044

    ….La bagarre était d’ordre privé….

    A partir du moment où Tyrion est le beau-frère du roi et les Stark importants vassaux, non, ça ne peut être privé !

    Si je ne me trompe, on ne sait rien ni des réactions de Cersei, ni de celles de Robert qui n’ont pu qu’être au courant de l’arrestation de Tyrion ! (comme je l’ai dit au sujet du POV précédent de Ned, on ne voit d’ailleurs pas trop ce que cherchait Jaime en attaquant Ned…)

    Au cours de ce chapitre, le fond du problème (l’attaque sur Bran) n’est évoquée par personne, ce qui est bien dommage : Robert embrumé par le vin et Ned par le lait de pavot…bof, bof…

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #139055
    Aurore
    • Fléau des Autres
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    La distinction privé/public n’existait pas à l’époque médiévale et ne doit sans doute pas trop exister dans l’univers de GRRM. Mais Mélusine a raison, Jaime a quitté son poste sans permission, cela méritait en principe sanction. Seulement Robert a l’air de vouloir ignorer que les Stark et les Lannister n’attendent que de se sauter à la gorge… Robert le roi-autruche ? Simple envie de ne pas avoir une scène de ménage supplémentaire avec Cersei (en forêt l’environnement est plus calme) ? Espérance que les choses s’apaiseront d’elles-mêmes (comment peut-on être aussi aveugle ?) ?

    #139056
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    Il ya une chose qui me déconcerte avec Robert , c’est pourquoi il pardonne tout à Jaime Lannister.

    En fait, Robert a l’habitude d’abdiquer surtout avec Cersei. Elle le tarabuste sans cesse, et nous sentons bien que cette scène a été préparée depuis un moment par Cersei en privé, sur le mode « les Stark s’attaquent à ma famille, et toi tu laisses faire, tu n’es pas un homme, etc… Avec sa femme, il n’a pas une minute de tranquillité, et la violence que Robert utilise montre bien qu’il a l’habitude d’avoir le dessous dans les disputes avec Cersei sur beaucoup de sujets qui comptent : la nomination du gouverneur de l’est, l’exécution de Lady.

    C’est pourquoi la non-punition de Jaime devient « normale »

    Ce que Ned aurait dû faire, depuis le début, c’est se ménager des tête-à-tête avec Robert. Mais bien sûr c’est ce que Cersei veut éviter à tout prix.

    Après, nous réagissons en pro-Stark, mais Eddard est encore en train de mentir, certes pour protéger sa femme : or il est criminel de mentir à un roi. Comme il a menti à Jaime Lannister sur l’arrestation de Tyrion par Catelyn, il continue de mentir à Robert.

    Le plus fort dans ce chapitre, je trouve, c’est Littlefinger : il a réussi à jeter de l’huile sur le feu par son témoignage, et à jeter les Stark contre les Lannister, mais personne ne peut lui en vouloir. Cersei se satisfait du témoignage de Littlefinger qui parle d’une maison de catins et qui accrédite la thèse des ivrognes sortant du bordel ; Eddard peut juste mépriser un peu plus Lord Baelish qui a dit la vérité (mais pas toute la vérité).

    Au cours de ce chapitre, le fond du problème (l’attaque sur Bran) n’est évoquée par personne, ce qui est bien dommage : Robert embrumé par le vin et Ned par le lait de pavot…bof, bof…

    Littlefinger a bien manigancé (dans Eddard IV) pour empêcher que cette attaque soit évoquée publiquement, par absence de preuves. Là encore, c’est un sujet que Eddard aurait dû aborder en tête-à-tête avec le Roi à mon avis…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #139061
    Obsidienne
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    Au cours de ce chapitre, le fond du problème (l’attaque sur Bran) n’est évoquée par personne, ce qui est bien dommage : Robert embrumé par le vin et Ned par le lait de pavot…bof, bof…

    Littlefinger a bien manigancé (dans Eddard IV) pour empêcher que cette attaque soit évoquée publiquement, par absence de preuves. Là encore, c’est un sujet que Eddard aurait dû aborder en tête-à-tête avec le Roi à mon avis…

    Absolument !
    Eddard a déjà beaucoup cédé à Robert au nom de leur amitié, doublé du fait qu’il est le roi :
    –  acceptation de son poste de Main

    –  acceptation des fiançailles de Sansa avec Joffrey

    –  acceptation de l’arrêt de mort de Lady

    –  acceptation du Tournois de La Main

    Par contre, l’attaque à main armée contre Bran n’a rien à voir avec l’autorité royale, ni avec leur amitié, bien au contraire : le roi devrait avoir à coeur de rendre justice  au fils d’un vassal, l’ami au fils d’un ami !

    Ta réflexion, darkdoudou, montre qu’en cette occurrence Ned fait comme Robert : il évite le tête-à-tête parce qu’il sait qu’il n’aura pas gain de cause…

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #139062
    Mélusine
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    comme je l’ai dit au sujet du POV précédent de Ned, on ne voit d’ailleurs pas trop ce que cherchait Jaime en attaquant Ned…

    A savoir pourquoi, Tyrion s’est fait enlever et mettre en garde Eddard s’il arrivait malheur à Tyrion.

    Après, nous réagissons en pro-Stark, mais Eddard est encore en train de mentir, certes pour protéger sa femme : or il est criminel de mentir à un roi. Comme il a menti à Jaime Lannister sur l’arrestation de Tyrion par Catelyn, il continue de mentir à Robert.

    Alors je suis pas forcément pro-Stark, et je réprouve souvent les agissements d’Eddard. il est vrai que là Eddard ment à son roi avec une force et puis j’aime bien la différence de traitement entre les 2 frères:

    Pour la Main du Roi, répliqua-t-il d’un ton de courtoisie glaciale. Pour l’homme chargé par le seigneur et maître de Votre Grâce de veiller à la paix du roi et d’exécuter la justice du roi

    En faisant arrêter Tyrion et en l’envoyant au diable Vauvert, et très loin du roi, sans l’informer. Mouais

    On m’assure que le Régicide s’est enfoui. Permets-moi de le ramener devant ta justice.

    Là, il est prêt à faire faire venir le Régicide devant le roi. Il en a de la chance Jaime que Lord Stark soit prêt à aller le trouver à Castral Roc pour le ramener à Port Réal.

    Là où je trouve qu’Eddard fait une sottise d’une ampleur prodigieuse c’est quand il parle de la petite Barra quand on sait ce qu’a fait Cersei aux jumeaux nés à Castral Roc, c’est signer son arrêt de mort à la petite. Et puis c’est humilier la reine par la même occasion et la reine n’aime pas ça!

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #139063
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Merci pour cette entrée en matière !
    Le chapitre est très court, mais il est bien dense et diablement efficace.
    Robert fait en effet figure assez misérable quand il n’a que des cris et des coups à opposer à Cersei et je trouve intéressant de remettre ces coups-là en perspective avec le coup mortel dont il a tué Rhaegar : le vaillant héros guerrier n’est pas autre chose qu’une brute, finalement, doué d’une empathie à géométrie très variable.

    Il endosse la responsabilité de l’arrestation de Tyrion, il prétend que Catelyn a agi sous son ordre, et qu’il tient son autorité de son titre de Main du Roi. Robert ne remet pas en question cette autorité (il semble avoir déjà oublié que Ned n’est plus sa Main)

    Ned n’a donné sa démission qu’après l’enlèvement de Tyrion par Catelyn, donc ça a du sens .

    Sinon, je voulais revenir sur plusieurs éléments du rêve, qui s’insère très bien dans la continuité de l’action à plusieurs points de vue (et c’est là qu’on voit l’habileté de GRRM comme « architecte » d’un récit, ne lui en déplaise!).
    Il y a d’abord la transition assurée avec le chapitre précédent, qui se terminait par la demande de Tyrion d’un jugement par combat entre champions et la désignation des-dits champions. On commence le chapitre d’Eddard avec l’évocation d’un combat entre 7 champions d’un côté et 3 de l’autre qui fait lui aussi figure de jugement divin/magique : le chiffre 7 est celui de la foi, et le chiffre 3 colle aux dragons, ce qui tombe bien puisque les 3 chevaliers blancs étaient ceux de la Garde royale des Targaryen. Ils portent d’ailleurs des attributs des dragons : leur face « flamboyante » avec des montagnes rouges en arrière plan rappelle le feu des dragons, les ailes de chauve-souris du casque d’Oswell Whent sont des ailes de dragon en miniature, et le « Taureau blanc » qu’est le vieux lord commandant pourrait rappeler la puissance desdits dragons. Il y a aussi l’épée « Aube », qui donne à cette bataille des allures de Bataille de l’Aube. Ils ont aussi les attribut du camp du « bien » et de la « juste cause ».
    En face, les 7 sont présentés de manière moins positive dans leurs attributs : si le souvenir d’Eddard à leur sujet est positif (ils sont « preux », « courtois », vaillant, etc…) la description l’est moins : ce ne sont plus que des ombres (« shadows »), leurs épées également (« shadow swords »), Ned ne voit plus leurs visages, ce qui en fait au sens propre des « sans visage » comme l’est la secte d’assassin, mais aussi comme le sont les Autres. Leur nombre réel est 6 + Ned Stark, qui fait alors figure d’étranger dans le groupe. Six est un chiffre qui nous est maintenant bien connu, c’est celui des Autres dans le prologue (et c’est aussi celui de la « Bête » pour la référence externe !^^). L’échange de mots entre Ned et les trois chevaliers blancs donne l’impression que Ned les a traqués sans relâche depuis le Trident et voici alors nos six compagnons transformés en Autres chasseurs (et en plus ils ont un cheval comme dans les contes de vieille Nan ^^), et les paroles qui concluent cet échange ont une dimension prophétique « and now it begins » vs « no, now it ends » (c’est ici que tout commence/c’est ici que tout finit) : je soupçonne que ces paroles ont plusieurs sens possibles : pour Arthur Dayne, c’est le début du combat, pour Ned, c’est la fin d’une traque et d’une histoire; si on va plus loin, c’est à ce moment que commence l’histoire de Jon Snow et que finit celle d’Arthur, Rhaegar et Lyanna; c’est aussi un moment où commence une nouvelle dynastie; plus loin, cela pourrait aussi signifier autre chose comme le début de la fin d’un cycle ouvert des siècles voire des millénaires plus tôt avec une « bataille de l’Aube », puis qui se finira grâce à la venue d’un prince promis. Bref…
    L’enjeu de la bataille est une princesse « enfermée » dans une tour et sur un lit de sang (donc probablement un enfant aussi).

    Dans les références externes, on trouve celles à la légende arthurienne, avec un Arthur doté d’une « épée magique » qui trouve là la mort (et l’épée retournera au bord de la mer, auprès d’une dame qui se jettera dans la mer), mais aussi dans le nom attribué à la tour : « Tour de la joie » est une multiple référence, à la « Douloureuse garde » devenue « Joyeuse Garde » après que Lancelot l’a prise et en a fait son château principal (c’est aussi là qu’il commet l’adultère avec la reine Guenièvre); il y a également une référence à l’Île de Joie où Lancelot, après une période de folie qui lui a fait fuir la cour (et il a disparu de la circulation pendant un certain temps !), vit avec une certaine Elaine qui accouchera du petit Galaad (c’est dans le long cycle du Lancelot-Graal qui sera aussi une source principale d’inspiration pour T.H.White).

    Le point de vue de Ned dans cet épisode brouille nos repères manichéens en matière d’épopée chevaleresque, car ici, ce sont les chevaliers blancs qui semblent retenir prisonnière une princesse et ceux qui ont l’air d’Autres qui viennent la libérer. Mais de quel côté se situe donc la justice ?

    J’apprécie aussi la manière dont les images glissent doucement vers le temps présent de Ned : les appels de Lyanna sont repris par Vayon Poole, le même Vayon qu’on voit d’abord comme une ombre (« shadow »), à l’instar des compagnons de Ned dans son rêve; c’est aussi Ned qui se retrouve à la place de Lyanna, dans un lit de douleur, blessé à la jambe tel un Roi Pêcheur qui attend qu’on lui apporte le graal (et voilà Robert avec le flacon de vin, paye ta référence !!!). Et enfin, à la lueur d’Aube, répond la lumière de la lune au réveil de Ned. Je pense qu’on peut également associer Lyanna à la lune ici, parce que le glissement d’image se fait de la lueur d’Aube à la « tempête de pétales de roses dans un ciel bleu » puis arrive au « fleuve de lumière » que fait la lune.
    Enfin, dans le rêve, les chevaliers sont tous des modèles de courtoisie, et dans la réalité, le roi et la reine sont des modèles de discourtoisie : le roi vient prendre l’apéro et la reine demander la tête d’un ennemi à terre et impuissant qui sort d’un « coma » de 6 jours.

    Si je pense que toute cette scène rêvée par Eddard fait aussi référence à une histoire beaucoup plus ancienne (et qui serait le début du long cycle d’histoire qu’ASOIAF va conclure), je suis plus en peine pour choisir un scénario bien fixé ^^.

    #139067
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Chapitre court, intense mais peu de trucs pour moi à la relecture

    Ca commence par un Ned brumeux qui se rappelle vaguement des événements de la Tour de la joie. M’est avis que ça arrange beaucoup l’auteur de nous donner un peu de matière tout en laissant énormément de doutes vu que Ned n’est pas vraiment dans son assiette. Surtout que ça fait très « conte de chevalerie » : on est 7, on est dans notre droit, ils sont 3, ils défendent leur serment malgré la mort du prince ; l’ennemi est honorable et valeureux (rien à avoir avec le Régicide, quoi) donc la victoire n’en a que plus de valeur. C’est tellement fantasmé qu’on peut se demander comment plus tard des Meryn Trant, Osmond Blount ou Potaunoir ont pu accéder à la Garde royale. Et ensuite, Ned et Howland (à peine essoufflés) font écrouler la tour pour faire des cairns pour les nobles combattants. Mon oeil !

    Revenons au réel : le roi et la reine débarquent. Ned a peu de temps pour se préparer mais il pense à ses filles et aux obsèques (quelqu’un de pratique, donc et respectueux). L’eau qui est aussi douce (sweet) que du miel m’a fait penser au « trop sucré » de ce que boit Ned chez Pycelle quelques chapitres plus tôt. J’aurais bien aimé connaître les dialogues entre Robert et Cersei avant d’entrer chez Ned. Car s’ils avaient un plan d’action commun, ou une raison commune de venir, ça part vite en vrille. Personne ne se laisse marcher sur les pieds, du coup Robert frappe Cersei (dont la réponse a pas mal de panache) qui est reconduite par ce cher Trant dans sa chambre. On pourrait croire que les deux amis seuls, ça pourrait s’arranger mais Ned veut parler et Robert non (il veut juste chasser). Robert est dans la fuite, fait des incantations « reprends le poste et tout va se régler »… comme si c’était si simple. Je ne vais pas trop jeter la pierre à Robert car je ne suis pas sûr d’agir différemment. Néanmoins Ned qui mentionne Barra puis l’ordre sur Daenerys, ce n’était pas bien malin. Robert finit par un chantage « si tu ne prends pas l’insigne (badge en VO… à rapprocher de la baffe « badge of honor » dont parlait Cersei ?^^), je le donne à Jaime Lannister ». C’est pas glorieux…

    Et là, le primolecteur se dit probablement que, de retour au pouvoir, Ned va pouvoir faire le ménage (ou au moins se défendre). Hum

     

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #139073
    Mélusine
    • Pas Trouillard
    • Posts : 532

    Et ensuite, Ned et Howland (à peine essoufflés) font écrouler la tour pour faire des cairns pour les nobles combattants. Mon oeil !

    J’ai tiqué aussi la dessus. La tour a beau ne pas être de toute première jeunesse mais delà à la faire tomber à 2 hommes,ça paraît peu probable. Desceller des pierres ça oui ça se fait. Mais peut-être ont ils été rejoints par d’autres hommes.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Mélusine. Raison: Faute d'orthographe
    #139079
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    Et ensuite, Ned et Howland (à peine essoufflés) font écrouler la tour pour faire des cairns pour les nobles combattants. Mon oeil !

    J’ai tiqué aussi la dessus. La tour a beau ne pas être de toute première jeunesse mais delà à la faire tomber à 2 hommes,ça paraît peu probable. Desceller des pierres ça oui ça se fait. Mais peut-être ont ils été rejoints par d’autres hommes.

    Il y a quelque part un sujet sur La Tour de La Joie où, entre autres, on a souligné le fait qu’on ne pouvait y vivre sans une intendance : il y a forcément un village proche en plus d’indispensables domestiques sur place…

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    #139094
    Pandémie
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    Oui, il y a un topic sur les Mystères de la Tour de la joie. Qui au passage n’en sont sans doute pas tant que ça. Ce n’est ni un bunker secret du KGB (King’s Guard Bureau) avec un an de conserves ni une cabane de trappeur en bois que Rhaegar aurait construite de ses mains pour des parties de pêche. La tour est située sur le versant nord de Montagnes rouges de Dorne qui donnent sur les marches de Dorne (qui en fait malgré leur nom ne font pas totalement partie intégrante de Dorne mais surtout des Terres de l’Orage), zone de guerre chronique entre le Bief, l’Orage et Dorne. C’est probablement un petit fief royal comme l’Arbre-sous entre les Nerbosc et les Bracken, une tour qui surveille la Passe du Prince pour alerter les forteresses plus grandes ou qui garde l’entrée de vallées ou routes latérale et les quelques villages du coin.

    Ca ne veut pas dire qu’il n’y a pas de mystère du tout, il y a déjà le mystère autour de la présence de Lyanna et de la promesse faite (mais on se doute qu’il s’agit de Jon), mais aussi de qui a balancé l’info ou si quelqu’un était égalementlà. Par contre, il n’y a pas de mystère logistique ni d’incohérence ou de mensonge dans ce qui se dit Eddard à lui-même.

    Si vous voulez discuter de ces questions, je vous propose de plutôt aller dans le sujet mis en lien.

    #139098
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Perso, c’est plutôt le procédé littéraire et les clichés qui y sont liés. Le combat « ultime » (c’est ici que tout finit) entre des gens vaillants qui ne veulent pas se battre car ils s’estiment énormément mais n’ont pas le choix car ils sont honorables. Dans le genre, ça pèse lourd.

    Puis le côté « hommage aux morts, quel que soit leur camp » et pour ça, cela « vaut » plus si on s’attarde sur les actions des vainqueurs qu’imaginer qu’ils aient 50 péons qui fassent tout le boulot. C’est cohérent littérairement parlant. Pour quelque chose de réaliste, faut un peu plus creuser. Mais ça rejoint le fait que tout ce qui est du passé est magnifié. Et comme c’était dit dans un sujet d’avant la Longue Nuit, la période « actuelle » (ASOIAF) parait plus étriquée, moins grandiose mais on peut imaginer que 20 ou 50 ans plus tard, elle sera magnifiée comme les autres. La version finale dépendra du vainqueur, bien entendu ^^

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    #139101
    Pandémie
    • Fléau des Autres
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    Oui, le combat final épique et Ned qui se pointe pile poil pour entendre les dernières paroles de sa soeur, et la tempête des pétales de roses bleues en travers du ciel, ça en fait des tonnes. C’est aussi lié au procédé de narration, ici un rêve, et plus tard avec Meera et Jojen, un conte. J’espère que Howland Reed ou d’autres persos remettent un peu en question le mythe,  non seulement en levant le voile sur les mystères, mais aussi en donnant des versions non romancées.

    #139112
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Merci @pandemie pour ces précisions sur la tour de la Joie.

    Je n’imaginais pas Eddard se mentant à lui-même à propos de l’édification des cairns. Je sais que certaines personnes s’inventent de faux souvenirs auxquels elles finissent par croire, pour mieux coller avec leurs valeurs. Mais je ne mets pas Ned Stark dans cette catégorie.

    Certes, le mensonge il le connaît bien. Il le pratique depuis 15 ans. Mais il sait qu’il ment, il le fait sciemment, pour une bonne cause (protéger Jon). Pourtant ce mensonge le ronge. Il a pollué ses relations avec sa femme, il l’oblige à mentir à son Roi (par omission souvent, comme lorsqu’il se tait à propos de Rhaegar). Et il le contraint également à cacher la vérité à Jon quant à ses parents véritables. Il me semble que plus tard, dans les chapitres consacrés à Eddard le regret de n’avoir rien révélé à Jon viendra le tenailler. Surtout lorsqu’il comprendra qu’il est condamné et qu’il n’aura plus l’occasion de révéler la vérité.

    Sur l’édification des cairns je n’ai pas été choquée. Ned Stark et Holland Reed ont sans doute été aidés. Ce qui me paraît cohérent.

    Sur le côté onirique de la scène d’ouverture, il s’agit bien d’un rêve et il est normal que la réalité soit fantasmée, transfigurée.

    A la première lecture j’ai pensé que cette scène avait vocation à émouvoir le lecteur. C’est sans doute pour cela que tout semble dramatisé. A la deuxième lecture, je pense toujours que GRR Martin voulait nous faire ressentir la dramaturgie du destin de Lyanna (et de son fils par conséquent).

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #139134
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Pour ma part, j’aime beaucoup de chapitre où Ned apparait tellement hanté par ces événements.

    Alors certes, cette scène rêvée peut paraître cliché mais c’est une scène majeure qui fonctionne comme un pivot. Il y a un avant et un après Tour de la Joie tant pour Westeros (fin de la Rébellion de Robert) que pour Ned (la Tour de la joie est l’événement traumatique qui marquera à jamais Ned et qui le hantera toute sa vie).

    On pourrait dire qu’elle indique précisément ce que Martin ne fait pas : ASOIAF n’est pas un roman chevaleresque riche de personnages admirables et honorables qui n’existent… que dans les rêves. La légende arthurienne est une inspiration majeure du genre et ce rêve fonctionne comme un clin d’oeil de l’auteur au lecteur. D’ailleurs, un personnage clé de cette scène ne s’appelle-t-il pas Arthur (Dayne) ? N’est-il pas équipé d’une épée légendaire ?

    Le réveil n’en est que plus brutal puisqu’on passe d’un chevalier idéalisé / fantasmé à Robert giflant Cersei. « That was… not Kingly« … en effet. Ni très chevaleresque… Et là on retrouve le Martin que l’on connait, celui qui déconstruit les codes de la fantasy. En ce sens, ce chapitre est vraiment très bon.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #139135
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Alors certes, cette scène rêvée peut paraître cliché mais c’est une scène majeure qui fonctionne comme un pivot

    du lai de pivot, en somme 🙂

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #139140
    Obsidienne
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    Alors certes, cette scène rêvée peut paraître cliché mais c’est une scène majeure qui fonctionne comme un pivot

    du lai de pivot, en somme 🙂

    Excellent, ce  » lai  » ^^ !

     

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    #139147
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Sinon, je voulais revenir sur plusieurs éléments du rêve, qui s’insère très bien dans la continuité de l’action à plusieurs points de vue (et c’est là qu’on voit l’habileté de GRRM comme « architecte » d’un récit, ne lui en déplaise!). Il y a d’abord la transition assurée avec le chapitre précédent, qui se terminait par la demande de Tyrion d’un jugement par combat entre champions et la désignation des-dits champions. On commence le chapitre d’Eddard avec l’évocation d’un combat entre 7 champions d’un côté et 3 de l’autre qui fait lui aussi figure de jugement divin/magique : le chiffre 7 est celui de la foi, et le chiffre 3 colle aux dragons, ce qui tombe bien puisque les 3 chevaliers blancs étaient ceux de la Garde royale des Targaryen. Ils portent d’ailleurs des attributs des dragons : leur face « flamboyante » avec des montagnes rouges en arrière plan rappelle le feu des dragons, les ailes de chauve-souris du casque d’Oswell Whent sont des ailes de dragon en miniature, et le « Taureau blanc » qu’est le vieux lord commandant pourrait rappeler la puissance desdits dragons. Il y a aussi l’épée « Aube », qui donne à cette bataille des allures de Bataille de l’Aube. Ils ont aussi les attribut du camp du « bien » et de la « juste cause ». En face, les 7 sont présentés de manière moins positive dans leurs attributs : si le souvenir d’Eddard à leur sujet est positif (ils sont « preux », « courtois », vaillant, etc…) la description l’est moins : ce ne sont plus que des ombres (« shadows »), leurs épées également (« shadow swords »), Ned ne voit plus leurs visages, ce qui en fait au sens propre des « sans visage » comme l’est la secte d’assassin, mais aussi comme le sont les Autres. Leur nombre réel est 6 + Ned Stark, qui fait alors figure d’étranger dans le groupe. Six est un chiffre qui nous est maintenant bien connu, c’est celui des Autres dans le prologue (et c’est aussi celui de la « Bête » pour la référence externe !^^). L’échange de mots entre Ned et les trois chevaliers blancs donne l’impression que Ned les a traqués sans relâche depuis le Trident et voici alors nos six compagnons transformés en Autres chasseurs (et en plus ils ont un cheval comme dans les contes de vieille Nan ^^), et les paroles qui concluent cet échange ont une dimension prophétique « and now it begins » vs « no, now it ends » (c’est ici que tout commence/c’est ici que tout finit) : je soupçonne que ces paroles ont plusieurs sens possibles : pour Arthur Dayne, c’est le début du combat, pour Ned, c’est la fin d’une traque et d’une histoire; si on va plus loin, c’est à ce moment que commence l’histoire de Jon Snow et que finit celle d’Arthur, Rhaegar et Lyanna; c’est aussi un moment où commence une nouvelle dynastie; plus loin, cela pourrait aussi signifier autre chose comme le début de la fin d’un cycle ouvert des siècles voire des millénaires plus tôt avec une « bataille de l’Aube », puis qui se finira grâce à la venue d’un prince promis. Bref… L’enjeu de la bataille est une princesse « enfermée » dans une tour et sur un lit de sang (donc probablement un enfant aussi). Dans les références externes, on trouve celles à la légende arthurienne, avec un Arthur doté d’une « épée magique » qui trouve là la mort (et l’épée retournera au bord de la mer, auprès d’une dame qui se jettera dans la mer), mais aussi dans le nom attribué à la tour : « Tour de la joie » est une multiple référence, à la « Douloureuse garde » devenue « Joyeuse Garde » après que Lancelot l’a prise et en a fait son château principal (c’est aussi là qu’il commet l’adultère avec la reine Guenièvre); il y a également une référence à l’Île de Joie où Lancelot, après une période de folie qui lui a fait fuir la cour (et il a disparu de la circulation pendant un certain temps !), vit avec une certaine Elaine qui accouchera du petit Galaad (c’est dans le long cycle du Lancelot-Graal qui sera aussi une source principale d’inspiration pour T.H.White). Le point de vue de Ned dans cet épisode brouille nos repères manichéens en matière d’épopée chevaleresque, car ici, ce sont les chevaliers blancs qui semblent retenir prisonnière une princesse et ceux qui ont l’air d’Autres qui viennent la libérer. Mais de quel côté se situe donc la justice ? J’apprécie aussi la manière dont les images glissent doucement vers le temps présent de Ned : les appels de Lyanna sont repris par Vayon Poole, le même Vayon qu’on voit d’abord comme une ombre (« shadow »), à l’instar des compagnons de Ned dans son rêve; c’est aussi Ned qui se retrouve à la place de Lyanna, dans un lit de douleur, blessé à la jambe tel un Roi Pêcheur qui attend qu’on lui apporte le graal (et voilà Robert avec le flacon de vin, paye ta référence !!!). Et enfin, à la lueur d’Aube, répond la lumière de la lune au réveil de Ned. Je pense qu’on peut également associer Lyanna à la lune ici, parce que le glissement d’image se fait de la lueur d’Aube à la « tempête de pétales de roses dans un ciel bleu » puis arrive au « fleuve de lumière » que fait la lune. Enfin, dans le rêve, les chevaliers sont tous des modèles de courtoisie, et dans la réalité, le roi et la reine sont des modèles de discourtoisie : le roi vient prendre l’apéro et la reine demander la tête d’un ennemi à terre et impuissant qui sort d’un « coma » de 6 jours. Si je pense que toute cette scène rêvée par Eddard fait aussi référence à une histoire beaucoup plus ancienne (et qui serait le début du long cycle d’histoire qu’ASOIAF va conclure), je suis plus en peine pour choisir un scénario bien fixé ^^.

    Merci @emmalaure pour ton analyse de la symbolique du texte et la mise en perspective avec d’autres références littéraires. J’espérais bien que tu viendrais apporter ton éclairage à ce chapitre 😉

    Il y a des symboles que je perçois mais que je ne parviens pas à expliquer, comme les ailes de chauve-souris sur le heaume de Whent. Les dragons, évidemment, il y a plusieurs références dans le rêve autour des chevaliers blancs, puisque ce sont les hommes du prince dragon.

    Il est vrai que dans cet affrontement, il n’y a pas le camp des « bons » et celui des « méchants ». Même si l’on comprend la démarche de Ned Stark qui veut retrouver/libérer sa sœur, on ne peut qu’éprouver de l’admiration pour ces chevaliers de la garde royale qui font leur devoir jusqu’au bout.

    De ce fait, je me demande si cette scène fait vraiment « cliché » ? Dans un conte, les adversaires du jour auraient pu s’apercevoir qu’ils défendaient la même cause (protéger Lyanna) et déposer les armes pour faire alliance. Puisque Aerys et Rhaegar sont morts, et qu’Eddard ne veut que sauver sa sœur, les chevaliers de la garde auraient pu rallier le nouveau pouvoir en place. Tout en continuant à veiller sur l’enfant.

    Bon, sauf que par la suite les choses se seraient compliquées…J’imagine mal Robert accepter l’enfant de Lyanna et de Rhaegar.

    En fait, les chevaliers blancs n’avaient pas vraiment d’autre choix. S’ils voulaient protéger Lyanna et l’enfant, ils devaient forcément les amener loin de Port Réal et de Robert. Notons que Ned Stark a fait la même chose avec le fils de Lyanna. Il l’a tenu loin du nouveau pouvoir.

    Il y a une sorte de fatalité dans cette histoire. J’espère que la suite viendra casser cette spirale. Peut-être en cassant un nouveau cliché 😉

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #139155
    Mélusine
    • Pas Trouillard
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    La gifle qui « n’était pas royale » m’a fait penser à Joffrey qui dira plus tard à Sansa:

    Ma mère prétend malséant qu’un roi frappe son épouse.

    Du coup il fera frapper Sansa par ses gardes, il n’a pas compris tout le message de sa mère ce garçon.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #139156
    Sans-Visage
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    En même temps, la voir frappée par ses gardes devait lui apporter le même plaisir malsain que si c’était lui qui l’avait fait, vu le personnage.

    Pour la gifle royale, je suis tout à fait d’accord que c’est indigne d’un roi et d’un homme de toute façon. Une chose à ne pas faire, jamais jamais. Mais j’avoue que voir Cersei se prendre une bonne claque ne m’a pas déplu. Oui la violence ne règle rien, mais bon, Cersei quoi… Je radote là-dessus, mais chaque fois qu’elle se trouve dans une mauvaise posture ou humiliée, je pense à Lady. #traumatiséeparlhistoiredelalouve

    #139160
    Liloo75
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    En même temps, la voir frappée par ses gardes devait lui apporter le même plaisir malsain que si c’était lui qui l’avait fait, vu le personnage. Pour la gifle royale, je suis tout à fait d’accord que c’est indigne d’un roi et d’un homme de toute façon. Une chose à ne pas faire, jamais jamais. Mais j’avoue que voir Cersei se prendre une bonne claque ne m’a pas déplu. Oui la violence ne règle rien, mais bon, Cersei quoi… Je radote là-dessus, mais chaque fois qu’elle se trouve dans une mauvaise posture ou humiliée, je pense à Lady. #traumatiséeparlhistoiredelalouve

    Pendant longtemps j’ai eu pitié de Cersei. Je me disais qu’elle était ainsi, froide et calculatrice, impitoyable avec ses ennemis, parce que Robert ne lui avait jamais laissé aucune chance. Lors de leur nuit de noce, ivre,  il l’a appelée Lyanna …de quoi vous dégoûter des hommes.

    Et puis il y a eu le retour de Jaime après Harrenhal, mutilé. Et là elle s’est mise à repousser son frère, à lui faire des reproches sans cesse. Alors qu’il a toujours fait ses choix de vie en fonction de Cersei. Qu’il rêvait d’elle en s’endormant, lorsqu’il se trouvait dans le Conflans avec Brienne.

    Et voilà que Tywyn meurt, qu’elle s’autoproclame Reine régente. Elle se prétend plus intelligente que son père,  et croit qu’elle va gouverner mieux que lui. Lorsque Jaime refuse d’être sa Main, elle ne lui pardonnera pas cette désobéissance. Elle ne va plus cesser de le houspiller, de tout faire pour l’éloigner d’elle.

    Lorsqu’elle dira que son frère est un idiot et que son intelligence se trouvait sans doute dans sa main d’épée, là j’ai cessé d’éprouver de la compassion pour elle.

    A la relecture, je me suis souvenue également qu’elle voulait Arya morte pour avoir oser lever la main sur son Joffrey. Ou du moins qu’elle ait la main tranchée.

    Je ne lui trouve plus d’excuses désormais.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
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    #139171
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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      Pendant longtemps j’ai eu pitié de Cersei. Je me disais qu’elle était ainsi, froide et calculatrice, impitoyable avec ses ennemis, parce que Robert ne lui avait jamais laissé aucune chance. ]  …[Et puis il y a eu le retour de Jaime après Harrenhal, mutilé. Et là elle s’est mise à repousser son frère, à lui faire des reproches sans cesse.]…[  Lorsqu’elle dira que son frère est un idiot et que son intelligence se trouvait sans doute dans sa main d’épée, là j’ai cessé d’éprouver de la compassion pour elle. A la relecture, je me suis souvenue également qu’elle voulait Arya morte pour avoir oser lever la main sur son Joffrey. Ou du moins qu’elle ait la main tranchée. Je ne lui trouve plus d’excuses désormais.

    N’oublions pas la mort, pour le moins suspecte, de Melara Cuillêtre !

    L’attitude de Cersei vis-à-vis de Jaime mutilé signe pour moi son incapacité à aimer tout autre qu’elle-même .

    Elle  » n’aime  » les autres qu’en tant que reflet d’elle-même. Parmi ses enfants (dont le physique  » cerseïen  » la flatte) elle ne s’intéresse qu’à Joffrey qui montre des aptitudes à la cruauté semblables aux siennes.
    Je ne me souviens pas qu’elle ait jamais montré la moindre tendresse à quiconque…

    Elle ne sait pas ce qu’est « aimer ».

    Concernant l’attitude de Robert à l’égard de Cesei, j’ai consulté le Wiki afin de me remémorer pourquoi il l’avait choisie et épousée si vite après la mort de Lyanna.
    C’est Jon Arryn qui l’y a poussé afin de sceller l’alliance des Baratheon et des Lannister.

    Je me suis donc demandé si, malgré son affection pour lui, Robert n’en avait pas un peu voulu à Jon .

    Lors de la « maladie » qui sera fatale à ce dernier, ça n’a pu que renforcer son manque de volonté face aux problèmes, l’empêchant de prendre parti dans les soins appropriés pour Jon !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.
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    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #139184
    Liloo75
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    Pendant longtemps j’ai eu pitié de Cersei. Je me disais qu’elle était ainsi, froide et calculatrice, impitoyable avec ses ennemis, parce que Robert ne lui avait jamais laissé aucune chance. ] …[Et puis il y a eu le retour de Jaime après Harrenhal, mutilé. Et là elle s’est mise à repousser son frère, à lui faire des reproches sans cesse.]…[ Lorsqu’elle dira que son frère est un idiot et que son intelligence se trouvait sans doute dans sa main d’épée, là j’ai cessé d’éprouver de la compassion pour elle. A la relecture, je me suis souvenue également qu’elle voulait Arya morte pour avoir oser lever la main sur son Joffrey. Ou du moins qu’elle ait la main tranchée. Je ne lui trouve plus d’excuses désormais.

    N’oublions pas la mort, pour le moins suspecte, de Melara Cuillêtre !

    J’avais oublié cette pauvre Melara « tombée » dans un puits. Il faut dire que lors de la première lecture je n’ai cessé de me demander « qui est cette Melara, déjà? ». Heureusement, j’ai trouvé les analyses de la GdN sur le sujet.

    Pour reboucler avec le chapitre d’Eddard, je me souviens que dans le dernier tome Cersei se souvient qu’elle a failli épouser Rhaegar Targaryen. Elle se le rappelle comme si c’était hier (alors qu’elle n’avait que 10 ans à l’époque) et semble encore amoureuse du prince dragon. Elle se dit que s’il l’avait épousée, elle lui aurait donné plusieurs enfants blonds (contrairement à Elia qui avait une santé précaire).

    Et que marié avec elle, Rhaegar aurait à peine jeté un œil sur la demoiselle loup. Parce que Cersei, grande et blonde aurait forcément éclipsé toutes les autres femmes…

    Je me suis fait la remarque suivante : Cersei a 34 ans, elle est mère de 3 enfants, elle devrait avoir un comportement plus mature. Ses souvenirs du prince Rhaegar m’ont fait penser à une midinette qui rêve au prince charmant. Et sa pique au sujet de Lyanna, qu’elle aurait forcément surpassée par sa beauté incontestable, je l’ai trouvée très puérile. Dans la vraie vie il n’y a pas que les grandes blondes (fertiles) qui séduisent les hommes.

    En fait, tu as vu juste @obsidienne, Cersei ne juge les autres qu’à l’aune d’elle-même. Seuls ceux qui lui ressemblent trouvent grâce à ses yeux.

    Gageons que même marié à Cersei, Rhaegar se serait enfuit avec Lyanna 🤴🐺

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Liloo75.
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    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
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    #139196
    Aurore
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    Ceci est raconté dans le PoV de Kevan Lannister, ce qui change un peu les choses. Kevan est convaincu que si Rhaegar avait pu épouser Cersei, elle lui aurait donné les fils qu’il désirait « des lions aux yeux mauves et aux cheveux d’argent », et qu’avec une telle épouse il aurait à peine jeté un œil sur Lyanna (orgueil familial ?). Il est si facile de refaire l’Histoire… Allez savoir ce que serait devenu ce couple, et si Rhaegar aurait vraiment aimé Cersei, et ce que cette dernière aurait fait de Jaime, et si elle serait restée son amante ou pas, et si et si…

    #139211
    Liloo75
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    Je me suis trompée de tome 🙄. C’est dans AFFC que l’on trouve un PoV de Cersei dans lequel elle raconte que son père Tywin lui avait promis qu’elle épouserait Rhaegar. Elle était tellement heureuse qu’elle avait réalisé un dessin sur lequel elle chevauchait un dragon avec Rhaegar.

    Lors de ses 10 ans, elle devait être présentée au prince et leurs fiançailles devaient être annoncées à la fin du tournoi. Sa tante l’avait spécialement apprêtée pour l’occasion. Malheureusement pour elle, Aerys décida qu’il ne pouvait pas marier son héritier avec la fille de sa Main.

    Le rêve de Cersei s’est effondré et la prédiction de Maggi la Grenouille est venue assombrir un peu plus la journée…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
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    #139407
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Ned tente-t-il de négocier ? Il leur rappelle qu’il a levé le siège d’Accalmie, et que les Tyrell et les Redwyne se sont rendus. Leur propose-t-il indirectement de se rendre ?

    Ned doit tenter sa chance d’éviter un combat, après tout même Ser Barristan a été défait et n’a pas combattu jusqu’à se faire tuer.
    Il sait qu’il a des hommes de valeur face à lui, donc s’il peut ne pas se battre et ne pas prendre de risque, il essaye.
    Mais il sait aussi que ce sont des hommes d’honneur et qu’il a peu de chances de les faire infléchir.
    S’ils s’étaient rendus, les aurait-il pris pour des parjures ? Par ailleurs on a assez peu d’éléments sur ce que dit Ned de Barristan (mais il me semble qu’on en a plus dans l’autre sens)

    C’est plus facile de penser que Lyanna a été enlevée et violée.

    A-t-on quelqu’un d’autre que Robert pour parler de l’enlèvement de Lyanna comme un crime ? Peut être que tout le monde était bien conscient que Lyanna était consentante à suivre Rhaegar, et que seul Robert s’est voilé la face, les autres voulaient une excuse pour justifier un peu plus la rébellion.

    Là où je trouve qu’Eddard fait une sottise d’une ampleur prodigieuse c’est quand il parle de la petite Barra quand on sait ce qu’a fait Cersei aux jumeaux nés à Castral Roc, c’est signer son arrêt de mort à la petite.

    Je m’en étais rendu compte à la relecture, et quand on sait comment ça se termine, ça montre que soit Ned est imprudent soit il sous-estime Cersei soit les deux.

    M’est avis que ça arrange beaucoup l’auteur de nous donner un peu de matière tout en laissant énormément de doutes vu que Ned n’est pas vraiment dans son assiette. Surtout que ça fait très « conte de chevalerie » : on est 7, on est dans notre droit, ils sont 3, ils défendent leur serment malgré la mort du prince ; l’ennemi est honorable et valeureux (rien à avoir avec le Régicide, quoi) donc la victoire n’en a que plus de valeur. C’est tellement fantasmé qu’on peut se demander comment plus tard des Meryn Trant, Osmond Blount ou Potaunoir ont pu accéder à la Garde royale. Et ensuite, Ned et Howland (à peine essoufflés) font écrouler la tour pour faire des cairns pour les nobles combattants. Mon oeil !

    C’est bien ce que tu dis, je n’avais jamais remis en question la version de Ned (peut être la faute à la série tv) mais puisqu’on est dans son PoV peut être en effet il a embelli avec le temps certains souvenirs.
    Comme Pandémie, c’est pour ça que j’espère que dans les livres, on aura un « flashback objectif » pour donner clairement et définitivement les faits à propos de cet évènement, peut être par un PoV d’un Reed ou une vision de Bran.

    Si vous voulez discuter de ces questions, je vous propose de plutôt aller dans le sujet mis en lien.

    J’ajoute ça à ma liste de sujets à rattraper !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #139409
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    les autres voulaient une excuse pour justifier un peu plus la rébellion.

    La rébellion vient surtout du fait qu’Aerys tue de manière démente Brandon et Rickard qui viennent demander des explications. Y avait sans doute moyen de « désescalader » le conflit (ça aurait sans doute été compliqué de faire admettre que Lyanna a renoncé à son promis mais il n’a même pas essayé).

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #139423
    Pat le petit porcher
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 106

    Un chapitre où, comme de coutume, Littlefinger a une sacrée veine… Quand il raconte que Ned et lui sortaient d’un bordel, la reine n’a certes tout d’abord aucun motif de penser qu’il allaient y faire autre chose que « s’amuser » (après tout, Ned le rigide a bien engendré un bâtard, alors pourquoi n’en ferait-il pas un deuxième!). Mais quand le roi fait semblant de ne pas connaître l’établissement en question, l’appelant « je ne sais quelle » maison de catins, Ned voit rouge et lui révèle à quoi il y a réellement passé son temps.

    A mon avis, c’est à ce moment que Cersei comprend que Ned a repris l’enquête de Stannis et Jon Arryn. Elle se rend compte aussi, probablement, que Ned ne perçoit pas encore la portée de ce qu’il a vu (ce n’est que plus tard, grâce à la remarque de Sansa selon laquelle Joffrey n’a rien de Robert, qu’il comprendra), mais que pendant la chasse de Robert, il aura le temps de poursuivre ses investigations, ses réflexions, et d’aboutir à une conclusion. Il est donc tout à fait possible que ce soit dans ce chapitre que se scelle le sort du roi : on ne sait pas si, auparavant, Cersei avait vraiment commencé à tenter de le faire assassiner comme le prétend Varys, mais après ce qu’elle a entendu dire par Ned ici elle sait qu’elle ne peut pas laisser le roi et sa Main discuter tranquillement de tout cela au retour de la chasse. Ned étant bien gardé, c’est Robert qu’il faut frapper, sans retard.

    Mais apparemment, elle ne s’est jamais demandée pourquoi diable Ned s’était fait accompagner de Littlefinger pour sa visite au bordel, s’il ne s’agissait pas d’une partie fine… Ned a certaines raisons d’être en colère contre son « guide » (pour s’être sauvé devant Jaime, et pour avoir laissé entendre que Lord Stark était client de prostituées), il se trouve dans un triste état (et fait déjà preuve d’une lucidité et d’une présence d’esprit plus grande, à mon avis, qu’on ne s’y attendrait de la part d’un homme qui vient juste de s’éveiller d’un pareil sommeil) qui aurait très bien pu lui délier complètement la langue : au bout du compte, il tait quand même le fait que c’est Littlefinger qui lui a aimablement indiqué où trouver ce qu’il cherchait, mais ce silence était loin d’être acquis d’avance. Et j’ai l’impression que s’il n’en dit rien, c’est en partie parce que sa colère contre Littlefinger est détournée par l’hypocrisie dont Robert fait preuve en feignant de ne pas savoir de quel bordel il s’agit, ce qui fait que c’est à lui que Ned s’en prend.

    Tout ça pour dire que dans ce chapitre, GRRM réunit d’abord les conditions idéales pour que Cersei puisse commencer à soupçonner que l’hostilité de Stark à son égard est encouragée par les manigances de Littlefinger… et puis finalement non. Elle ne se demandera pas pourquoi il accompagnait Ned ce jour-là, et Ned ne dira rien du rôle qu’il a joué.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.
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