Jean-Philippe Jaworski

  • Ce sujet contient 88 réponses, 32 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par FeyGirl, le il y a 1 semaine et 1 jour.
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  • #145875
    Le_Tardif
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Les nouvelles éditions ont l’air splendides ! Ça me donne envie de me plonger dans cette saga.

    Sinon, entre l’univers du Vieux Royaume et les Rois du monde, lequel est le plus passionnant ? (je penche pour la première option, mais à vous de me le dire ^^)

    Not today.

    #145876
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Dur à dire et je ne sais pas si c’est vraiment l’élément le plus important pour plonger

    Rois du monde, c’est l’époque de la Gaule, mais attention, bien avant ce qu’on connait (plutôt vers -500 que -50) du coup, tu ne peux te fier à rien comme carte des peuples vu qu’ils ont bougé (cela permet à l’auteur d’utiliser un peu ce qu’il veut). Accessoirement, le récit est celui d’un homme du coin qui s’adresse à un Illyrien (Grec ?), bref, un mec qui ne connait pas les coutumes. On est beaucoup dans le bizarre (que tu peux appeler onirique, fantastique, magique) au milieu de trucs très réels et on ne reconnait pas grand chose (parfois un nom de tribu, un cours d’eau….)

    Le Vieux Royaume est plutôt un patchwork de fantasy. Ciudalia est une cité marchande « italienne » de la Renaissance qui s’oppose aux « Ottomans » (ce qui est assez rare dans la fiction de fantasy). Mais on va aussi ailleurs où c’est différent.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #146039
    DNDM
    • Fléau des Autres
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    Pour les fans de Rois du Monde qui se sentent un peu trop perdus dans l’univers, un lecteur propose des cartes et listings des 190 personnages, 44 tribus celtes, 57 villes et villages et 25 fleuves et rivières cités dans les bouquins.

    Les cartes sont très sympas pour qui, comme moi, ne sait de base placer que les arvernes (merci Astérix). Après ça change un peu l’expérience de lecture, probablement, vu que Jaworski n’a pas souhaité mettre de carte dans le livre. Mais bon, si ça permet à certains lecteurs de se sentir moins paumés ou de raccrocher les wagons plus facilement si la lecture du tome précédent date de plusieurs années…

    Attention dans le fichier « Glossaire », partie personnages, il y a de facto quelques spoilers des tomes « Les Grands Arrières » et « Percer au Fort » (et peut-être du suivant, que je n’ai pas encore lu, mais comme ça j’ai pas l’impression).

    Pour recevoir les docs, vous pouvez le contacter à l’adresse mail mise dans ce commentaire.

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #147172
    DNDM
    • Fléau des Autres
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    Et donc voila, terminé Curée Chaude, cinquième tome de rois du Monde.Image

    Ou plutôt, acte 4 du second tome, Chasse royale, puisque clairement, il faut lire les livres 2, 3, 4 et 5 comme les quatre actes d’une même pièce, ces quatre tomes n’étant qu’une seule grande histoire de 1100 pages.

    Qu’en dire, finalement? Bah en regardant tout cela ainsi, comme une seule histoire, c’est très sympa et plutôt réussi. Tragique, prenant, entrainant, des rebondissements, des surprises, de la baston, un univers qui parait encore neuf, un style Jaworski un peu différent de celui de Gagner la Guerre, qui ici s’exprime par un mélange de vocabulaire précis et de parler contemporain… Franchement, un très bon moment, une très bonne histoire de fantasy à côté de laquelle il serait dommage de passer, malgré quelques défauts.

    Les défauts, j’en ai déjà parlé.

    Un dosage de la fantasy qui n’est pas toujours à mon goût, déjà, mais ça passe.

    Des longueurs et personnages inutiles, quand même, et ça c’est plus dommage. J’avais parlé de 50 pages inutiles à la fin de Percer au Fort dans un post précédent, je pensais que ces 50 pages permettaient quand même de présenter un personnage qui serait important pour la suite… Et finalement, même pas. Donc ouais, soit Jaworski est trop bavard, soit la possibilité / volonté de découper l’histoire en plusieurs livres l’a encouragé à ne pas couper des passages qui, clairement, pouvaient sauter, afin que chaque tome fasse au moins 250 pages. Je suis à peu près sûr qu’en reprenant le manuscrit on peut couper ici ou là et alléger cette histoire de quelques centaines de pages. Fort dommage.

    Et surtout, ce découpage en quatre tomes change l’équilibre et le ressenti que l’on a pendant notre lecture. Chaque tome à sa cohérence et son unité, mais chaque tome est aussi trop riche d’un seul et même élément, souvent. Si je m’en souviens bien, la première partie de l’histoire est longue à démarrer puis devient palpitante. La seconde partie, lue des années plus tard, m’a du coup paru bien fade, et trop lourde question magie, introspections et révélations. La troisième partie est un gros bain de sang, une longue scène d’action, et la quatrième en est la suite directe (d’ailleurs Jaworski aurait voulu ne pas scinder cette partie en deux). Ca donne des tomes très déséquilibrés, entièrement remplis de baston (mais je trouve que Jaworski écrit très bien les scènes de batailles, donc perso ça me dérange pas) ou trop lents et plein de souvenirs, alors qu’en voyant ça comme une seule histoire, on se retrouve avec quelque chose de plus équilibré.

    Bref: lisez ces livres, c’est de la fantasy celte bourrée de bastons très bien écrites, ça vaut vraiment le coup. Mais lisez ces tomes 2 à 5 d’un bloc, comme le Chasse Royale qu’il est censé être, et pas comme 4 livres différents.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #169604
    Yoda Bor
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1111

    Il a posté sur Facebook pas mal de réponses à des questions posées (https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=371257861648388&id=100062925326121)

    Et notamment sur ses prochaines parutions

    Question : Quand paraîtra le prochain roman ?
    ‘Le Chevalier aux épines’ paraîtra en deux tomes en janvier et mai 2023. À quelques détails près, le premier tome est achevé ; je suis en train d’écrire le second. Il ne s’agit que d’un seul roman (encore que…), et non d’un diptyque ; il paraît en deux volumes parce que le manuscrit égale déjà quasiment la taille de ‘Gagner la guerre’ et la dépassera à terme. (Quand je note « encore que », c’est parce qu’il comporte une petite mise en abyme et qu’il y a donc un roman dans le roman…)
    Question : Quand paraîtra la troisième branche de ‘Rois du Monde’ ?
    Je ne peux pas encore donner de date. Tout ce que je puis dire, c’est que je me mettrai à l’écrire quand j’aurai terminé ‘Le Chevalier aux épines’, courant 2023.

    Arys du Rouvre 💜

    #182173
    Dohaeris07
    • Frère Juré
    • Posts : 77

    Mais tellement hâte que ‘Le Chevalier aux épines’ paraisse.

    #185973
    Yoda Bor
    • Pisteur de Géants
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    Mais tellement hâte que ‘Le Chevalier aux épines’ paraisse.

    C’est pour bientôt 🙂

    Arys du Rouvre 💜

    #186633
    Tybalt Ouestrelin
    • Pas Trouillard
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    Je n’ai pas encore commencé le Vieux Royaume mais j’ai terminé (pour l’instant) le cycle des Rois du Monde.

    Je suis complètement fan. J’adore. Le style et l’ambiance. L’histoire aussi même si je suis d’accord que parfois la magie est un peu trop dosée.

    Malgré tout, je trouve formidable d’avoir ancré un récit dans cette période finalement peu connue ; et pour cause puisqu’on en a quasi aucune source écrite. Ce genre d’univers me laisse un goût d’encore. Je voudrais encore des histoires dans ce monde, des nouvelles sur tel ou tel personnage, sur les dieux, l’Avara, ou que sais-je. Le style de Jaworski donne l’impression d’une vraie matière derrière et ça donne envie d’en lire toujours plus.

    Je vais donc m’attaquer au Vieux Royaume, on dirait qu’il est temps !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 2 mois par Tybalt Ouestrelin.

    DOH 8&10 : Tybalt Ouestrelin, acolyte loyaliste devenu Mestre ; Or, Argent et Bronze.
    DOH 9 : Lazzara zo Ghazîn, Grâce Bleue devenue Sénéchale. Miraculée devenue Conseillère. Pas Miraculée deux fois.

    #186639
    Benvenuto
    • Éplucheur de Patates
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    Je t’envie… même si ce n’est pas sur ce site que je parlerai du plaisir de la relecture, se prendre la prose du chuchoteur Gesufal dans les dents pour la première fois, c’est une chouette expérience !

    #187928
    FeyGirl
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    Janua Vera, de Jean-Philippe Jaworski : j’ai enfin lu un texte de l’auteur^^

    Un monde imaginaire, sombre et cruel ; des histoires se développant à des centaines d’années d’intervalle ; des enfants de paysans, des guerriers farouches, des nobles belliqueux, des prêtres ascètes : nous plongeons dans tout un univers en quelques nouvelles. Le surnaturel est peu présent, mais puissant et maléfique : il a même dévasté des terres entières au cours d’une guerre, reprenant ici l’allégorie en Fantasy de la guerre nucléaire. Au détour des pages, on croisera une vieille déesse, un change-peau ou un elfe, mais la magie est rarement le moteur des récits.

    Ce recueil marque pour moi la découverte de celui qui est souvent présenté comme le plus grand styliste de la littérature française de l’imaginaire. Et c’est vrai. L’auteur réussit le tour de force d’offrir une densité à chaque page ; les descriptions suggèrent une ambiance tantôt funèbre tantôt mystérieuse, les paysages et les bâtiments servent le récit et déterminent les émotions des personnages.

    Inutile de recenser toutes les nouvelles (10 dans la dernière version du recueil), mais je parlerai de celles qui m’ont plu ou touchée. Metefellone, tout d’abord, installe un univers guerrier médiéval doté de relations politiques complexes, et la conclusion de la bataille (l’auteur aime les nouvelles à chute) souligne la cruauté du destin, même chez les puissants. Mauvaise donne introduit Benvenuto qui reviendra avec le roman suivant du cycle (Gagner la Guerre). Ici, nous découvrons une république inspirée de la Renaissance italienne, avec ses intrigues de cour sanglantes et ses tueurs de l’ombre, à travers les yeux d’un personnage opportuniste qui rate un assassinat commandité. Le conte de Suzelle propose une ambiance bucolique et paysanne qui lentement est happée par le poids des années. Une jeune écervelée est éblouie par un bel homme croisé près de la rivière. Là encore, la fin serre le cœur et souligne l’inutilité des rêves pour les plus pauvres des filles. Jour de guigne, quant à lui, se démarque par une plume ironique : l’auteur a dû s’amuser à l’écrire, et le lecteur en ressent du plaisir à la découverte des mésaventures d’un copiste. Enfin, Comment Blandin fut perdu se rapproche du conte de Suzelle, malgré un contexte et des personnages très différents : un peintre et un jeune apprenti fou amoureux d’une novice.

    Des univers et des époques diverses, dépeints à travers des nouvelles d’inspirations littéraires variées, qui forment un ensemble cohérent très riche. C’est avec plaisir que je lirai Gagner la Guerre !

    #188123
    Lapin rouge
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    J’ai lu l’année dernière « Les Miscellanées », un recueil fourre-tout : cinq nouvelles, une pièce de théâtre, six articles et deux interviews. Les nouvelles sont très sympas, on retrouve le talent de l’auteur pour faire revivre des époques passées en y insufflant un élan épique. On va des mythes de la Grèce antique à une uchronique bataille des Dardanelles en passant par la bataille d’Andrinople. Pour le reste, j’avoue avoir lu un peu en diagonale. La pièce (un long monologue) ne m’a pas laissé un souvenir très précis. Les interviews fourmillent d’informations intéressantes. Les articles… faudrait que je les relise plus attentivement.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #188237
    Nymphadora
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    Hop, je pose ça là pour les intéressés 😉 A vos agendas, et venez papoter avec les copains, ça va être sympa !

    Les Manuscrits de Mestre Aemon – Rendez-vous le 9 mars avec « Le Chevalier aux épines – Tome 1 : Le Tournoi des preux »

    ~~ Always ~~

    #188775
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Vous pouvez retrouver une longue discussion consacrée au Chevalier aux Épines, le dernier roman de Jean-Philippe Jaworski !

    ~~ Always ~~

    #189750
    Prelati
    • Éplucheur de Patates
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    Bonjour,

    Pour les amateurs des ouvrages de Jean-Philippe Jaworski, sachez que la troisième édition de son jeu de rôle Te Deum pour un massacre est en cours de préparation (le foulancement Ulule se termine bientôt).

    Que les non-rôlistes et les réfractaires à l’histoire se rassurent, l’auteur déploie déjà tout son talent littéraire dans les ouvrages de la gamme, et notamment dans les chroniques des guerres de religion du XVI siècle. Une bonne façon de connaître l’une des sources d’inspiration de l’univers « Renaissance Fantasy » du Vieux Royaume…

    https://fr.ulule.com/te-deum-pour-un-massacre/

     

    #191390
    Nymphadora
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    #192567
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
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    A l’écoute de l’émission de France Culture donnée juste au-dessus par Nymphadora, je réalise que « Le Chevalier aux Épines » comptera non pas deux, mais trois tomes :

    1. Le Tournoi des preux (janvier 2023)
    2. Le Conte de l’assassin (juin 2023)
    3. Le Débat des dames (janvier 2024)

    Du coup, comme je voudrais les lire d’un coup, je vais devoir attendre l’année prochaine.

    En attendant, pour celles et ceux qui voudraient une petite mise en bouche, dans Janua Vera (re)lisez Le service des dames et Une offrande très précieuse

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #192848
    JN
    • Terreur des Spectres
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    Sur le fond, le décorum historique de l’histoire est toujours aussi dépaysant. Et même si malheureusement Jaworski a toujours la main un tout petit trop lourde pour moi sur ce sujet, sa fantasy glisse ici vers quelque chose qui se rapproche un peu plus des mythes grecs que de Donjons & Dragons, ce qui est une très bonne idée.

    Et mythes celtes surtout. Les citations d’extraits de La Razzia des Vaches de Cooley (un texte du Cycle d’Ulster, mythologie irlandaise) et références aux mythes gallois dans l’histoire elle-même (dans le premier tome, la partie dédiée aux escapades de Bellovèse dans la forêt) appuient ce modèle assumé. Jaworski base son récit non seulement dans des sources archéologiques gauloises mais également dans des récits mythologiques des cultures celtes voisines — afin de combler les trous vis-à-vis d’une culture et mythologie gauloise dont on sait bien moins en comparaison. Et c’est un syncrétisme littéraire loin d’être absurde vu que tout mythe celte, quelque soit son pays d’origine, aura des motifs culturels, religieux et narratifs en commun avec d’autres mythes celtes. Ça lui permet de peindre un paysage mythologique gaulois crédible en s’inspirant des récits des contrées voisines. Ça me donne également l’impression qu’il cherche moins à faire de la fantasy pour de la fantasy mais plutôt narrer un récit mythologique. C’est sans doute pour ça que cela a dû t’évoquer les mythes grecs – tous les mythes indo-européens ont des similarités assez frappantes en plus.

    Je trouve que Jaworski réussit son objectif ici — après, quant à savoir si cela va convenir à des amateurs de medieval ou heroic fantasy plus classique c’est une autre question. Je pense que Les Rois du Monde a plus de chance de plaire à quelqu’un qui ne lit pas ces livres afin d’être emporté par une histoire de fantasy, mais plutôt par l’histoire semi-légendaire de Bellovèse et tout ceux qui l’entourent.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #192871
    DNDM
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    Ça me donne également l’impression qu’il cherche moins à faire de la fantasy pour de la fantasy mais plutôt narrer un récit mythologique. C’est sans doute pour ça que cela a dû t’évoquer les mythes grecs

    i

    Oui, je voulais parler des mythes antiques de façon générale plus que des mythes grecs spécifiquement, en fait. L’idée, comme tu l’as compris, étant qu’on est plus sur un récit qui se rapproche des codes de la mythologie que de la fantasy moderne, narrativement parlant.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #197906
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Avec la parution prochaine du troisième et dernier tome du Chevalier aux épines, on va débriefer la saga sur Twitch !

    Rendez-vous le 31 janvier pour parler du « Chevalier aux épines » de Jean-Philippe Jaworski

    L’occasion dans cet article de vous parler également d’un financement participatif organisé par les Moutons Electriques qui proposent des éditions illustrées de Gagner la Guerre et Janua Vera qui ont l’air assez folles : https://fr.ulule.com/jaworski-illustre/

    ~~ Always ~~

    #198017
    Liverbird
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    Dans tous les groupes, il y a des retardataires, c’est bien connu, et sur ce coup-là, c’est moi qui m’y colle. Je veux dire que 15 ans après la parution du roman je viens de lire Gagner la guerre.

    J’en avais eu des échos plutôt élogieux, notamment ici, mais j’hésitais à me lancer. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je ne le sentais pas, peut-être à cause du cadre, de la fantasy Renaissance, qui ne m’attirait pas. J’avais peut-être peur de quelque chose qui relèverait plus du roman historique que de la fantasy. Mais j’ai donc fini par y aller, et ça a été un choc : j’ai trouvé ça captivant et excellent !

    En fait, tout ou presque m’a plu :

    • le style, moderne et gouailleur. Il m’a fait par moments penser à du polar, en tout cas, à rien que j’attendais dans un roman de fantasy ;
    • le vocabulaire, foisonnant et passant d’un registre à l’autre, de l’argot au soutenu, avec une richesse lexicale assez stupéfiante ;
    • le personnage principal, à la fois attachant et antipathique. Il y a évidemment chez lui quelque chose de l’anti-héros, façon roman noir ou polar encore une fois. Sa décrépitude physique au fur et à mesure du roman finit par susciter l’empathie : le pauvre, il prend cher comme on dit de nos jours ;
    • l’histoire, pleine de tours et de détours, mais dans laquelle l’auteur nous guide avec assurance, notamment parce qu’elle est très bien construite. Chaque détail compte et tout trouve son sens tôt au tard ;
    • et le monde de fantasy construit par Jaworski m’a franchement emballé ! Il repose sur un arrière-plan historique reconnaissable : l’Italie du XVIe siècle, avec une cité mélange de Gènes ou Naples (le cadre : un port adossé à la montagne), de Venise (une république aristocratique, avec un Sénat et des doges déguisés ici en podestats) et de Florence (des intrigues et des coups fourrés à qui mieux-mieux). Le contexte géopolitique est bien celui de la Méditerranée au XVIe, avec la puissance navale de Venise à son apogée et une grande victoire façon Lépante (1572) remportée contre les Réssiniens (les Ottomans de service dans le roman). Cette cité, Ciudalia, est grouillante et enveloppante, un véritable nid à intrigues et à ennuis, que ce soit dans les bas-fonds ou dans les palais de style renaissance, décorés par les artistes du temps. Mais ce que j’ai adoré, c’est la manière dont Jaworski introduit de la fantasy dans cet arrière-plan pseudo-historique. Elle affleure, comme des blocs de roche dans une forêt de montagne : des éléments ici où là qui modifient le paysage sans l’envahir. Il y a de la magie, quelques elfes et nains et voilà. Ce n’est pas grand-chose, mais ça change tout. Il y a surtout, notamment dans la deuxième partie du roman, une fois qu’on quitte Ciudalia, une atmosphère irrésistible de routes, d’auberges et de bivouacs, de forêts à traverser et de dangers qui rôdent. Une atmosphère très jeu de rôle en un sens, qui m’a rappelé l’époque lointaine où je jouais à AD&D. Ce n’est pas la joyeuse compagnie qui part en quête. Ce n’est pas la baston permanente contre des orcs (inconnus au bataillon) ou des monstres errants. C’est une ambiance, un parfum où se mélangent l’humus, la fumée et le sang.

    Tout n’est pas parfait, évidemment. Il y a quelques longueurs, quand l’auteur prend un peu trop son temps. La fin est un peu trop spectaculaire, façon cinéma hollywoodien à gros budget. Quant aux femmes, elles sont plutôt maltraitées. D’abord, il y a très peu de personnages féminins. Ensuite, elles sont au mieux secondaires, et surtout, elles n’ont pas le beau rôle : énorme courtisane de harem ou mère maquerelle, logeuse acariâtre, filles de salle bonnes à peloter, femmes mariées bonnes à trousser, ou petite peste effrontée qui reçoit une bonne leçon… Bref, je rejoins ce qui a été écrit plus haut dans cette conversation : tout y est très masculin, et sans exiger de la parité dans tout ni du féminisme partout, un meilleur équilibre n’aurait pas fait de mal.

    Ceci dit, c’est excellent. C’est la belle lecture, la grande lecture de fantasy que j’espérais faire un jour. J’écris à chaud, mais en termes d’imaginaire et de qualité, je crois que ce roman s’inscrit pour moi dans la continuité des incontournables chefs d’œuvre que sont LOTR et ASOIAF. Je vais me lancer dans ses nouvelles qui développent son univers du Vieux Royaume, pour voir si le charme opère au-delà de ce remarquable roman !

     

    #198060
    Schrö-dinger
    • Patrouilleur Expérimenté
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    L’occasion dans cet article de vous parler également d’un financement participatif organisé par les Moutons Electriques qui proposent des éditions illustrées de Gagner la Guerre et Janua Vera qui ont l’air assez folles : https://fr.ulule.com/jaworski-illustre/

    La campagne a dépassé les 100.000 € ! Elle devait se terminer cette nuit à 23h59 mais finalement il y a une semaine de prolongation.

    Personnellement je n’ai pas hésité et j’ai pris les exemplaires dédicacés par l’auteur !

    Sinon, pour votre info, il y a un wiki autour des récits du Vieux Royaume qui est en cours de création ! Vaste chantier (et j’ai vu passer des discussions indiquant que celui de la Garde de Nuit était pris pour exemple, la classe).

    https://vieuxroyaume.fandom.com/fr/wiki/Wiki_Récits_du_Vieux_Royaume

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #198063
    Lapin rouge
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    Un wiki ! Cool, merci pour l’info !

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #198136
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Namande, Schrö-dinger et Wylla ont lu pour vous la saga du Chevalier aux épines ! Ils vous disent tous sur ces trois tomes !

    ~~ Always ~~

    #198692
    Lapin rouge
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    J’ai fini la trilogie du « Chevalier aux épines », et j’ai rédigé une longue, très longue, trop longue recension. Je vais la scinder en trois posts, pour en faciliter la lecture, et notamment éviter les divulgâchages. Le premier post traite des considérations de forme et de style, le deuxième de la structure du récit et des personnages, et le troisième porte sur mon appréciation d’ensemble.

    En introduction, un grand merci tout d’abord à Namande, Schrö-dinger et Wylla pour les deux MMA consacrés à cette trilogie. Je les ai écouté après lecture, pour éviter tout divulgâchage, et cela m’a aidé à analyser mes ressentis. Je précise au passage que la capture d’écran du 2ème MMA ci-dessus est un peu trompeuse, car, sauf erreur de ma part, les smileys de Namande et Wylla étaient plutôt :).

    J’aborde donc pour commencer la forme, et donc le style d’écriture de l’auteur. Pas de divulgâchage à craindre dans cette partie.
    J’ai été ravi de retrouver le Vieux Royaume, et avec lui la prose jaworskienne. En effet, je ne me suis pas lancé dans « Rois du monde », préférant attendre que le cycle soit complet. Je n’avais donc rien lu de Jaworski depuis « Le Sentiment du fer » (excepté les « Miscellanées »). Dès le départ, c’est donc avec délice que je me suis laissé emporter par cette prose élaborée, qui a recours à un vocabulaire recherché.

    Jaworski aime en effet à user de termes techniquement précis dans chaque domaine qu’il aborde, que ce soit la vénerie, l’héraldisme, le vêtement, la liturgie, la gastronomie, les échecs, la zoologie, etc. Il en joue souvent, en abuse parfois, mais le lecteur parvient en général à deviner le sens grâce au contexte. L’inconvénient est de gêner le jeu de l’imagination : à user de termes savants pour décrire par exemple le costume d’un seigneur, on empêche le lecteur profane de se le figurer, et celui-ci pourra ne s’en faire qu’une idée approximative au mieux (ou alors il perdra plusieurs minutes à rechercher dans son dictionnaire le sens de la description).
    Jaworski n’abuse cependant pas des médiévalismes (j’ai tout de même repéré un « Beau doux ami »), au contraire, puisqu’il n’hésite pas à mettre dans la bouche de ses personnages des mots relativement récents (« mascotte », « incollable » au sens de « très instruit », « ergonomique », « lyncheurs », « gouape »), voire des expressions très contemporaines (« Trop mignons ! » pour « Très mignons ! », « rencontre sportive », « geste commercial »). Ces « anachronismes » sont certainement délibérés.
    En effet, Jaworski maîtrise sa prose et excelle dans plusieurs domaines. Je citerai notamment les descriptions de paysage. « Le Chevalier aux épines » se déroule dans un décor similaire à celui de la France, plutôt dans sa moitié nord, et on visualise sans peine les champs ordonnés entourant quelques masures paysannes, les bois profonds de feuillus aux rameaux dépouillés par l’hiver, ou les collines noyées dans la brume. Le rendu sensuel des ambiances de plein air est rendu avec finesse. Certain-e-s pourront s’impatienter devant certaines descriptions jugées trop longues et (apparemment) sans rapport avec les péripéties de l’intrigue (je pense notamment à une longue digression sur la migration des anguilles au début du chapitre VII du tome 1). Personnellement, je les apprécie beaucoup, car elles constituent des pauses qui ne font que prolonger le plaisir de la lecture tout en donnant mine de rien des informations géographiques, et en exacerbant l’attente de la suite des évènements. Les descriptions architecturales sont également à la fois précises et évocatrices (voir notamment celle du château de Vayre).
    Mais si la plume jaworskienne peut prendre son temps pour nous faire voir paysages et constructions, elle sait aussi devenir haletante dans les scènes d’action et de combat. On les lit le cœur battant, on charge avec les cavaliers, on est plongé dans la mêlée des combattants, à leurs côtés, et on subit la confusion, les cris, les coups, les blessures. On en sort essoufflé, en nage, soit ravi, soit consterné par le résultat…
    Autre genre de combat, les joutes verbales, et elles sont nombreuses. Là encore, les dialogues sont vifs, à la fois ciselés et incisifs. Jaworski sait les utiliser pour transmettre de nombreuses informations sans les rendre artificiels. Ils permettent de mettre en évidence la virtuosité de certain-e-s protagonistes pour mener à bien leurs tortueux desseins, leurs intrigues à triple fond et leurs manipulations perverses.
    Car « Le Chevalier aux épines » nous permet aussi de renouer avec les manigances politico-diplomatico-militaires que « Gagner la guerre » abordait déjà. On a changé de contexte, mais les preux chevaliers et nobles dames du duché de Bromael ne sont pas moins expert-e-s en la matière que les sénateurs, podestats, courtisanes et assassins de Ciudalia. Simplement, le cadre idéologique n’est pas le même : il faut respecter (ou ne pas enfreindre trop ouvertement) le code d’honneur de la noblesse courtoise, là où à Ciudalia ce sont plutôt les règles de fonctionnement de la cité et les usages marchands qui encadrent les comportements officiels (j’en profite pour signaler dans le chapitre III du tome 2 un exposé très machiavélien du podestat Ducatore sur les différentes postures de l’homme d’action par rapport aux règles).
    On retrouve aussi les elfes jaworskiens, si particuliers. L’auteur en fait des êtres apparemment inconstants et frivoles, d’une séduction envoutante, vivant dans un monde différent de celui des humains, même s’ils les côtoient. Jaworski sait les rendre tout à tour charmants, effrayants, exaspérant ou (plus rarement) émouvants. Et oui, ils parlent en vers.
    Ce qu’on peut reprocher au style de Jaworski, c’est une certaine froideur, une distance par rapport à son récit qui peut empêcher une pleine immersion. On peut le voir par exemple dans les descriptions culinaires, beaucoup plus brèves et sèches que celles de GRR Martin. Même si Jaworski sait se monter sensuel à l’occasion, en décrivant les sons ou les odeurs d’un lieu particulier, j’ai souvent l’impression qu’il y a comme une paroi de cristal entre son univers et moi : j’admire sa netteté, sa vivacité, sa profondeur et sa complexité, mais j’ai du mal à m’y plonger et à m’imaginer y vivre, alors que je peux m’immerger complètement en Terre du Milieu ou à Westeros. Mais cela peut s’expliquer par des éléments tenant à la structure même du récit, sujet du post suivant.

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    #198693
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Je précise au passage que la capture d’écran du 2ème MMA ci-dessus est un peu trompeuse, car, sauf erreur de ma part, les smileys de Namande et Wylla étaient plutôt :).

    Ah ! n’ayant pas regardé l’émission, j’ai utilisé la vignette automatique de Youtube. Va falloir que je corrige ça !

    ~~ Always ~~

    #198694
    Lapin rouge
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    J’aborde à présent la structure du récit et les personnages, donc le risque de divulgâchage est plus élevé, même si je ne vais pas dévoiler d’éléments importants de l’intrigue.

    Je précise d’abord qu’il est possible de lire la trilogie sans avoir rien lu précédemment de l’auteur. Bien sûr, on perd en connaissance préalable de l’univers, de certains des personnages, notamment les deux principaux, Ædan de Vaumacel (le Chevalier aux épines) et Benvenuto Gesufal (l’Assassin). Mais la trilogie se suffit à elle-même. En revanche, l’idéal est d’avoir bien en tête l’intégralité des romans et nouvelles ayant pour cadre le Vieux Royaume pour goûter pleinement les allusions du « Chevalier aux épines ». A minima, la (re)lecture de deux nouvelles de « Janua Vera », « Mauvaise donne » et « Le service des dames », permet de faire connaissance avec les deux principaux protagonistes.
    L’organisation de la trilogie est complexe. Elle s’organise en chapitres narrés depuis plusieurs points de vue (PdV). Le volet central (« Le Conte de l’assassin ») est principalement narré (comme son titre le laisse présager) par Don Benvenuto Gesufal, bien connu des lecteurs de « Janua Vera » et de « Gagner la guerre ». Le premier et le troisième tomes sont principalement racontés du point de vue d’Ædan de Vaumacel (le Chevalier aux épines), mais d’autres PdV interviennent : le paysan Winnoc, le jeune chevalier Yvorin de Quéant, le seigneur Rainfroi du Treff, la mystagogue Prudence, le chat Mirabilis, le page Cœl, … On trouve aussi des extraits d’un roman courtois, « Le Bel Eglantier ». Et le tout (les trois tomes) est enchâssé dans le propos d’une personne mystérieuse, écrivant depuis un lieu tout aussi mystérieux, et qui ne prétend pas à l’omniscience. Sans parler de quelques récits dans le récit, comme celui d’un ex-prisonnier des Ouromands. Cette structure complexe amène à des croisements de regards et des superpositions de discours intéressants.
    Quant à la trame temporelle, le deuxième tome, celui de Benvenuto, se passe à Ciudalia et ne prend pas immédiatement la suite du premier, puisqu’il va reprendre les évènements déjà abordés dans ce tome, mais du point de vue ciudalien. Il rattrape la fin du premier tome à peu près aux deux-tiers de sa durée, puis poursuit jusqu’à son terme (une structure entrelacée qui rappelle celle des tomes 4 et 5 du TdF). Le troisième tome reprend le fil peu après la fin du deuxième.
    Les personnages principaux sont d’abord ceux qui ont donné leur nom aux deux premiers tomes, Ædan de Vaumacel et Benvenuto Gesufal. On peut également citer le jeune chevalier Yvorin de Quéant, le page Cœl et l’énigmatique narrateur. Les autres personnages sont secondaires, certains n’apparaissant que le temps de jouer un rôle précis, d’autres restant plus constants, mais sans jamais voler la vedette aux principaux.
    Ædan de Vaumacel, quoique très présent dans les tomes 1 et 3, reste une énigme pour le lecteur, car la narration reste cantonnée au comportement du Chevalier aux épines, à ses réactions et à ses propos, sans presque jamais avoir accès à son for intérieur, ou sinon de manière superficielle. Le roman ne mentionne pas ce que pense ou ressent Ædan, mais uniquement les manifestations extérieures de ses pensées. Cela change à la fin du troisième tome, mais je n’en dirai pas plus.
    Benvenuto, au contraire, narre ses aventures à la première personne. C’est d’ailleurs ce qui le rend plus humain que les autres, car, bien que ce soit une canaille de la pire espèce, on est dans ses pensées, on comprend ses motivations, on partage ses craintes et ses espérances, et on compatit à ses malheurs. C’est un sale type, mais sa gouaille, son aplomb et sa capacité de survie attirent malgré tout la sympathie… sauf quand vraiment ses actes dépassent les bornes.

    Pour ce qui est de l’intrigue, son nœud est énoncé au chapitre IV du premier tome : le duc Ganelon de Bromael a répudié son épouse Audéarde pour l’adultère qu’elle aurait commis avec Ædan de Vaumacel. Ce dernier ne s’étant pas présenté au procès, le champion du duc a vaincu celui de son épouse, qui a donc été jugée coupable et recluse dans un monastère. Le duc a ensuite épousé Clarissima, la fille du richissime podestat de Ciudalia, Leonide Ducatore. Mais les fils d’Audéarde veulent restaurer l’honneur de leur mère et défient leur père, avec l’appui de son puissant vassal, le comte Angusel de Kimmarc : ce dernier organise un grand tournoi, dont l’enjeu sera une tour portant les couleurs d’Audéarde.
    Les préparatifs du tournoi et son déroulement occupent une bonne moitié de la trilogie, et l’autre moitié est consacrée à ses conséquences. Mais beaucoup d’autres intrigues secondaires se mêlent à celle-ci : la quête d’Ædan qui recherche des ravisseurs de jeunes paysans, les amours d’Yvorin, la menace des féroces clans ouromands, les projets des prêtres du culte du Desséché, le destin de Cœl, … mais impossible d’en dire plus !

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    #198695
    Lapin rouge
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    Pour ce qui est enfin de mon appréciation personnelle de la trilogie, j’ai beaucoup aimé cette lecture. Elle fait partie de ces œuvres qu’on a hâte de retrouver lorsque l’on doit la laisser pour connaître la suite dès que possible. J’avais prévu au départ d’alterner les trois tomes avec d’autres lectures, mais cela s’est révélé impossible, et j’ai tout enchaîné !
    J’ai apprécié beaucoup de chose : un univers fictionnel cohérent et fouillé, des intrigues politiques complexes et retorses, des moments d’action haletants, la puissance évocatrice de certains décors (le château de Vayre en particulier), les personnages vigoureusement campés, les coups de théâtre, dont certains particulièrement douloureux… Et la complexité de la trame d’ensemble, qui donne envie de lire ou de relire toutes les autres œuvres antérieurs de la « Matière de Léomance » pour mieux comprendre comment les pièces du puzzle s’assemblent.

    On peut bien sûr trouver des défauts à l’œuvre. Certain-e-s pourront l’estimer trop longues, comme je l’ai déjà dit plus haut concernant certaines descriptions. C’est une affaire de goût, car, pour ma part, je n’ai jamais ressenti la tentation de sauter des pages. On peut également trouver que les personnages sont tous assez peu sympathiques. Il est vrai qu’à part le chevalier de Quéant (et quelques autres, comme la mystagogue Prudence ou le paysan Winnoc, mais qu’on voit peu), les protagonistes se caractérisent tous par un manque de sincérité et un contrôle permanent de leurs réactions. Ils restent humains, mais leurs motivations sont cachées (sauf concernant Benvenuto), et, quand on les connaît, elles sont fondées sur l’ambition, la vengeance, le calcul, soit bien peu de sentiments positifs, ce qui peut parfois rebuter. Ca manque un peu de personnages comme Brienne, Davos ou Barristan pour respirer un peu.
    Si on s’attarde un peu plus sur les personnages féminins, elles sont peu nombreuses, mais certaines jouent les premiers rôles. Elles ne sont pas moins enclines que les hommes à faire preuve de perfidie ou de manœuvres occultes, mais pas plus. Donc ni traitement de faveur, ni mise en retrait, mais un déséquilibre numérique certain.
    Le personnage le plus complexe est certainement Ædan de Vaumacel. Comme je l’ai mentionné ci-dessus, on le voit longtemps de l’extérieur, et son comportement peut interloquer par son souci permanent du respect du code d’honneur chevaleresque. Cela le rend au début plutôt sympathique, mais on se rend vite compte que ce code ne correspond pas nécessairement aux normes morales du héros classique. Et puis, et comme plusieurs autres personnages le font remarquer, on en vient à se demander si cette observation presque maniaque des règles courtoises n’est pas la marque d’un orgueil excessif, voire même si elle ne transforme pas Ædan en un pantin animé par des principes l’obligeant à une conduite parfois absurde. Pourtant, il reste lui-aussi un être finalement profondément humain.
    Je vais m’arrêter là, en concluant par la frustration ressentie la dernière page tournée (outre qu’il m’a fallu recourir au web pour déchiffrer l’acroteleuton final), car il reste encore tant de question en suspens. Le Vieux Royaume n’a pas fini de nous hanter.

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    #198767
    Wylla
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Pour répondre à la demande suite à notre MMA sur Le Chevalier aux Épines je publie ici le document que Schrödi @maxim015, @Namande et moi avons commencé à élaborer pendant notre lecture.
    Je précise que c’est un document en construction et qu’il est ce qu’il est à savoir un memo qui visait surtout à nous faciliter la lecture sur le moment.
    On a manqué de temps pour le compléter et pour affiner la mise en forme, si je publie en l’état c’est pour ne pas faire attendre (encore) davantage les personnes nous l’ayant demandé. Alors merci d’avance pour votre indulgence :). Ce document est donc voué à s’étoffer dès que nous aurons davantage de temps et bien entendu ouvert à toute personne souhaitant contribuer.

     

    LE CHEVALIER AUX ÉPINES

    Personnages

    Parti du Duc :

    -Duc Ganelon de Bromael
    -Clarissima Ducatore, son épouse (vue dans Gagner la Guerre).
    -Connétable Anaraut de Traval, son homme fort, le tutoie. 

    -Lanval, mélancolique fils aîné du Duc d’un 1er lit. Tome 1

    Spoiler:
    Sous la protection de la Lissandière, se révèle grand combattant lors du tournoi de l’immortelle

    .
    -Engrès de Brochmail, son oncle maternel.

    -Domnal/FitzGanelon fils bâtard du Duc, Seigneur d’Ouchain qu’il a conquis par la force. Promis d’Héluise, nièce de la dame de Brégor. 
    -Ancelin Marpault, dit le Clerc, son rusé écuyer.
    -Sighard, thane déocyte,son ouromand de compagnie.

    -Chancelier Magnence Diaccécrimène, sorte de maître informateur pour le Duc. Pratique les arts occultes. Semble peu apprécié par les nobles de l’entourage du Duc.
    -Erlend, roux, son apprenti, bâtard du Duc.

    -Eschivard de Magin-Dilcin, son fils

    Spoiler:
    d’abord attaché aux rebelles rejoint le camp du Duc lors du tournoi

    . ois, frère d’Audéarde, a pris le partout du Duc contre cette dernière.
    -Dilcin, son fils

    Spoiler:
    d’abord attaché aux rebelles rejoint le camp du Duc lors du tournoi

     

    -Rainfroi du Treff
    -Dame Emmelot, son épouse.

     

    -Dame Érembourg, Baronne de Brégor (ennemie d’Aedan de Vaumacel à qui elle voue une haine farouche cf nouvelle Le service es dames)

    -Olier de l’Aulnay, chevalier un peu blaireau de la suite de Clarissima.
    -Parvule de l’Aulnay, son épouse et intendante de Clarissima. 

    -Berhar d’Estrif

    -Guingamor de Bellestance

    -Herluin l’aîné

    -Bruin de Banguarde dit Froissefer

    -Aspe Carneficce, ciudalien exilé depuis la Guerre Civile, ancien capitaine du régiment de Testanegra, ex officier supérieur de Benvenuto.

     

    Ambassade ciudalienne :

    -Cesarino Rasicari, neveu du Podestat et ambassadeur de Ciudalia.

    -Dilettino Schernittore, ambassadeur de Ciudalia.

    -Bonito Scheggia, garde du corps de Schernittore. 

    -Sceleste Phaleri

     

    Parti de l’ex-Duchesse :

    -Audéarde, duchesse répudiée qui passe pour une femme aussi brillante que belle.
    -Dame Almodie, sa suivante, enfermée avec elle à Mondoire.

    -Méléagant, 1er fils, Seigneur de Vayre et Azalais de Landeviesse, son épouse (une fauconnière ?)
    -Rivallon, son écuyer. Jouvenceau élégant.

    -Blancandin, jeune preux, second fils de Ganelon et Audéarde

     

    -Comte Angunel de Kimmarc, veut retrouver son indépendance (plus hommage à Ganelon). Quelques années avant le roman il s’est rebellé contre Ganelon ce qui a donné lieu à une guerre civile.
    -Claudas de Kimmarc, son fils

     

    -Geriant de Froëch, un de leurs vassaux.
    Blason d’argent à l’échelle de sinople.
    Tome 3 :

    Spoiler:
    est dépêché par le comte Angusel pour négocier la rançon de son fils Claudas auprès des ouromands.

    -Fitzurse du Havne, blason nef dorée sur fond vert. Soupirant d’Audéarde relativement âgé au visage malgracieux.

    -Cowyr de Thèves, ardent partisan d’Audéarde il faisait partie de son hôtel et l’a représentée lors du duel judiciaire contre Anaraut de Traval.

    -Dam de Maubrenas, chevalier de l’hôtel d’Audéarde.

     

    -Yvorin de Quéant, jeune preux chargé par la Dame de Brégor de défier Aedan de Vaumacel

    Spoiler:
    amoureux d’Héluise de Prangeray, nièce d’Erembourg de Bregor

    .
    -Briebas, son écuyer.

     

    -Prudence de Mondoire, mystagogue a qui a été confié la surveillance d’Audéarde. Tome 1

    Spoiler:
    Oriabel de son vrai nom. Mère de FitzGanelon. C’est aussi une fameuse poétesse dont l’identité est restée secrète

    .

     

    -Aedan de Vaumacel, le chevalier aux épines, héros de la nouvelle le service des dames (Naimes son écuyer, Coel son page). Il avait 5 épines sur son écu à une époque, maintenant il n’en a plus que 4 (au début du T1).
    -Naimes, son vieil écuyer. 
    -Coel, son insolent et mystérieux petit page dont l’âge semble varier au cours du roman. 
    Tome 3

    Spoiler:
    On apprend que c’est un demi-sang (mi-elfe mi-humain) coincé à l’âge d’enfant et confié par Aedan par la Lissandière qui s’en défie

    .

     

    Électrons libres : 

    -Mirabilis, un gros chat noir ayant appartenu au maître de le.a narrateur.ice qui voyage dans le temps 

    -La Lissandière, aussi appelée Dame des Futées Bleues ou Sumardis (ouromands). Une sorcière très puissante, marraine de Lanval. Amante de Vaumacel. Protège aussi Ferbasach. Elfe transcendée par son art à la beauté irréelle. 

    -Le Molosse d’Ouchain : brigand.

     

    Aventureux du Bois Oiselé, des elfes :

    -Chevalier aux pies, Amlyn. Armoiries : Deux pies aux ailes coudées tête-bêche.
    A participé à la Guerre des Grands Vassaux.

    -Chevalier aux Geais, Cadellin, le plus “jeune” des 3.
    Armoiries : 3 geais en bande.

    -Chevalier au coucou, Tygerned 

     

    Desséchés & co :

    Frère Calliphore. Jeune tourier du chapitre de Vayre affublé d’un strabisme. Tome 1

    Spoiler:
    Il adresse un prêche véhément aux chevaliers lors du tournoi de Lyndinas.

    -Frère Solacien. Jeune nécroman.

     

    La Compagnie Folle :

    -Mère-Folle : nain rencontré dans Gagner la Guerre

    -Annoeth : elfe qui fait aussi partie de la compagnie folle

    -Eirin : elfe,”Grand Prévôt des Étourdis”, idem.

    -Coquimbert

     

    Ouromands :

    -Ferbasach : Roi des Arthclydes, rusé et bon combattant. A négocié avec Claudas de Kimmarc, parle le bromallois.

    -Le Drott “guerrier fou furieux” du camp de Ferbasach venu des Landes Grises.

    -Brancovan : voïvode <i>(=gouverneur militaire) </i>chef du clan Hoher.

     

    Autres clans : Wigan, Krigsmand (clients des Arthclydes), Isenwyrhta, Slagsbrorder, Sømands.

    Daugar : dans le folklore ouromand, créatures maudites, morts sans repos

     

    Lieux (en vrac) :

    -Longomores 

    -Seigneurie d’Ouchain

    -Carroel : une des villes clés du Duché.

    -Seigneurie du Treff 

    -Goborchain 

    -Verchère

    -Hautes terres d’Agurande

    -Kaellsbruck ville située à l’ouest du Duché à 2 étapes de la Marche Franche 

    -Lyndinas, ville de Kimmarc où se déroule le tournoi.

    -Vekkinsberg, port stratégique de la Kley pris par les Arthclydes (ouroumands ?) simultanément à l’évasion d’Audéarde. Située sur le littoral nord, à l’estuaire de la Maurkley, plus large bras de la Kley. 

    -Rosmaneor, dans le même secteur.

    -Plaine de Brecquesan

    -Bantraeth, castel en ruines de la vallée de la Kley

    -Aberbechan

    -Pont d’Aberbechan

    -Mondoire : sorte de couvent/forteresse où est retenue Audéarde

    -Vayre, sorte de Harrenhall et sa charmante nécropole. Fief de Méléagant.

    -Maumarc

    -Neuvyddin

    -Comté de Brochmail

    -Canton Vert

    -Brégor

    -Combe-Noire

    -Forêt d’Ubac 

     

    Fleuves :

    -La Kley

    -Bechankley, bras du Delta de la Kley apparemment non loin de Vekkinsberg. 

    -Golfe de Vicsund sur le littoral Nord. Proche de Vekkinsberg. 

    -Le Vernobre

    -L’Adounne

    -La Listrelle

     

    <b>Résumé du tome 1 – Le tournoi de preux</b>

    Spoiler:

    Aedan de Vaumacel, le Chevalier aux épines, accompagné de son vieil écuyer Naimes et son jeune page Coel, est à la recherche d’enfants disparus (Agnel, Milouin, etc) et il tombe sur Yvorin de Quéant qui lui cherche querelle car il est le champion de la baronne de Brégor qui a le seum contre lui suite à la nouvelle + historique du chevalier aux épines avec qui Audéarde ancienne femme de Ganelon de Bromael a été accusée d’adultère (mensonge !), qui lui a ensuite mis un plan pendant le procès. Donc tout le monde est énervé contre lui. Il discute avec Yvorin et le convainc qu’il n’est pas si horrible. Un tournoi va avoir lieu entre le camp du Duc (dehors) et le camp de l’ex Duchesse (dedans) et Aedan promet de participer au tournoi pour défendre l’ex Duchesse mais doit d’abord continuer sa quête des enfants perdus.
    Cela va le mener à trouver 3 elfes super puissants, les aventureux du bois oiselé, qui sont avec les enfants. C’est la Lissandière qui a enlevé les enfants (on la reverra plus tard lors du tournoi).

    Pendant ce temps, on voit un chat qui voyage dans le temps, qui nous informe que des cérémonies avec des prêtres Desséchés ont lieu (notons, en passant, que dans Gagner la guerre, le podestat Ducatore envoie Sassanos parler avec les Desséchés). Le chat semble à l’aise avec les magiciens. 

    On a des infos sur le narrateur de l’histoire qui est enfermé avec des gens, la théorie étant que le narrateur est en fait une narratrice, Lusinga, une sorcière à l’âge inconnu (coucou Mélisandre).

    On suit aussi Yvorin qui retrouve Blancandin puis Méléagant (avec sa femme Alazais) qui se préparent pour le tournoi. Méléagant a en fait un plan secret : aller sauver sa mère retenue captive dans un couvent. 

    Quand le tournoi commence, le camp du dehors (parti du Duc) est en surnombre mais c’est sans compter l’arrivée d’Aedan, des aventureux du bois oiselé qui tabassent tous les autres et leur permet de gagner le J1 (qui était une condition pour continuer). Le J2 est encore plus chaotique et Aedan reçoit un coup de poignard bien placé, venant d’un assassin (aka BENVENUTO, qu’Yvorin a croisé sur le camp, cf le sourire doré). 

    #199363
    FeyGirl
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    Dans tous les groupes, il y a des retardataires, c’est bien connu, et sur ce coup-là, c’est moi qui m’y colle. Je veux dire que 15 ans après la parution du roman je viens de lire Gagner la guerre.

    J’ai fait pire que toi, car je viens tout juste de le lire (promis, un jour j’attaquerai le SDA).

    Je mets ici la couverture du poche, car je ne suis pas très fan de celles des 🐑, quelle que soit la version.

    Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski

    Mazette, quelle plume !

    Bien après toute la communauté SFFF, j’ai le roman le plus connu de Jean-Philippe Jaworski, et je m’y suis plongée avec délice.

    Pourtant, ce n’est pas un homme respectable, ce Benvenuto. Dans une Ciudella imaginaire inspirée des villes de la Renaissance italienne et dont le système politique a des airs de République romaine, cet ancien tueur à gages, membre de la Guilde des Chuchoteurs, est devenu l’homme de main du Podestat Ducatore — l’un des deux chefs élus par les grandes familles. Envoyé dans une guerre avec Ressine, inspirée par l’Orient, notre « héros » est impliqué dans les pires coups tordus, avant de revenir dans sa chère ville puis s’exiler un temps à Bourg-Preux, bourg moyenâgeux. Le surnaturel est rare mais sombre et puissant : quelques sorciers qui tirent les ficelles dans l’ombre, des elfes inquiétants, des sorts terrifiants et des spectres à faire frémir.

    Benvenuto trucide, trahit et est trahi, s’enfuit et retombe sur ses pieds avant d’être à nouveau en très mauvaise posture. Les jeux de pouvoir diaboliques, les plans sous les plans, les faux-semblants, les complots et les meurtres sont l’âme de cette ville. et Benvenuto, le jouet du destin. Mais on ne va pas le plaindre : être amoral sans être cruel, rugueux et talentueux, il nous offre une virée époustouflante.

    J’avais lu que Jean-Philippe Jaworski était sans doute le plus grand styliste actuel de la langue française, et je suis d’accord. N’importe quel autre auteur nous aurait conté les aventures de Benvenuto en deux ou trois fois moins de pages. Mais Jaworski aime écrire, décrire, relater, jouer d’une gouaille virevoltante entre les bas quartiers et les ors de la République (hu hu), entre les lascars de mauvaise vie et les chefs impitoyables. Il aime les mots, et cisèle une plume travaillée, à la fois légère et exigeante, fine et caustique, lettrée et irrévérencieuse.

    Pas un seul personnage du roman n’est positif : homme, femme, vieillard, criminel endurci ou fils de grande famille, tous offrent un tableau acide de l’âme humaine. Benvenuto, notre narrateur, n’est pas le pire d’entre eux. Il nous permet de découvrir les arcanes d’un univers très développé et les secrets de la politique, avec une fin de haute volée.

    Des pages et des pages dans les profondeurs d’une âme acerbe, qui se bat et défouraille à tout va, désabusé et tacticien hors pair, manipulé par plus stratège que lui. Et c’est jouissif.

    Bref, si vous ne connaissiez pas Gagner la Guerre, ne faites pas comme moi : n’attendez pas.

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