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« The Sons of the Dragon » – Des morts mystérieuses

« The Sons of the Dragon » – Des morts mystérieuses

Après vous avoir présenté archimestre Gyldayn, l’auteur fictif des différentes chroniques sur les Targaryen parues à ce jour (La Princesse et la Reine, Le Prince vaurien, et The Sons of the Dragon), ainsi que du futur Fire and Blood (Feu et Sang en français), et avoir présenté son œuvre, il est temps de s’intéresser un peu à ce qu’il écrit. Ce qui rend la lecture des nouvelles passionnantes (et qui rendra aussi la lecture de Feu et Sang géniale), ce sont les mystères historiques que ces écrits rapportent.

Reprécisons un élément essentiel : l’écrivain du Trône de Fer, George R.R. Martin, ne se prétend que le traducteur du texte des chroniques. L’auteur fictif des trois nouvelles targaryennes et de Fire and Blood (Feu et Sang), c’est archimestre Gyldayn.
Grâce à ce procédé d’écriture, George R.R. Martin s’amuse avec ses lecteurs et surtout ses fans, auxquels ces chroniques sont destinées. Il présente des événements, des situations, des personnages. Il explicite les intérêts et les inimitiés entre eux … mais au lieu de démêler les intrigues, d’expliquer à son lecteur qui est responsable de quoi, George R.R. Martin laisse planer des doutes et ne donne pas toute les réponses. C’est bien normal : l’auteur fictif des chroniques, Gyldayn, n’est pas un personnage omniscient. Comme dans la saga principale, il s’agit d’un personnage fictif, avec des connaissances, mais aussi des limites à son savoir et à sa compréhension. Par conséquent, même s’il se montre affirmatif (presque péremptoire sur certains événements), Gyldayn ne sait pas tout et, comme dans notre monde réel, certains événements historiques demeurent donc mystérieux pour lui comme pour nous. Lire du Gyldayn sur l’histoire de Westeros, c’est un peu comme lire du Plutarque sur la vie de César ou vie d’Alexandre.

Lorsqu’il est confronté à des événements ayant une part de mystère, Gyldayn procède généralement de la même manière suivante : il explique ce qu’il sait, il donne toutes les précisions qu’il peut sur l’événement lui-même, puis il propose des hypothèses d’explication plus ou moins étayées. Grâce à ce système, George R.R. Martin laisse le choix à son lecteur d’imaginer ce qui a pu se passer et de choisir l’explication qui lui paraît la plus logique …

Nous vous proposons de décrypter pour vous les mystères des trois nouvelles qui ont déjà été publiées. Aujourd’hui, nous nous attaquons à la nouvelle The Sons of the Dragon (publiée en octobre 2017 en anglais, pas de traduction française pour le moment). Cette nouvelle nous rapporte les événements des règnes des deux fils d’Aegon le Conquérant : Aenys Ier (37 à 42 apr. C.) et Maegor le Cruel (42 à 48 apr. C.). Des règnes qui furent parsemés de morts bien étranges… Assassinats ? Suicides ? Concours de circonstances ? Punition divine ? C’est ce que nous vous proposons d’éclaircir.

Image de couverture : la mort de Maegor Targaryen sur le Trône de Fer, par Michael Komarck, TWOIAF

La mort d’Aenys Ier (an 42 apr. C.)

Aenys, fils d’Aegon le Conquérant, et deuxième roi Targaryen sur le Trône de Fer, règne peu de temps sur les Sept Couronnes. Son règne est surtout marqué par les rebellions contre son pouvoir, notamment de la part de la Foi, qui est particulièrement virulente à l’encontre des pratiques incestueuses des Targaryen.

Au début de ce conflit, dénommé la Guerre de la Foi, Aenys et sa famille sont obligés d’abandonner Port-Réal et de se retrancher sur Peyredragon, où le roi finit par tomber malade, rongé par l’angoisse. Il semble avoir vieilli de trente ans en quelques mois. Comme les remèdes du Grand Mestre Gawen se révèlent inefficaces pour soigner les douleurs que le roi ressent à l’estomac, il est confié aux soins de sa tante, la reine douairière Visenya. Pendant un temps, il semble se rétablir, pour finir par mourir brutalement après avoir appris que ses deux aînés étaient assiégés par des Pauvres Compagnons dans le château de Crakehall. En trois jours, le roi est mort.

Aenys Targaryen sur le Trône de Fer (crédits : Magali Villeneuve ; TWOIAF)

Aenys Targaryen sur le Trône de Fer (crédits : Magali Villeneuve ; TWOIAF)

Aenys meurt donc dans des circonstances étranges, et sur ce sujet, Gyldayn laisse peu d’équivoque. Il ne commente pas… Mais les circonstances de la mort d’Aenys (très rapide pour un homme de trente-cinq ans) laissent supposer qu’une personne de son entourage l’a empoisonné.
Cette mort n’est d’ailleurs pas sans évoquer celle de Jon Arryn, qui a lui-aussi été confié aux bons soins du Grand Mestre Pycelle (sur cet épisode, voir le décryptage d’Evrach « Des circonstances de la mort de Jon Arryn et du jeu des trônes qui en découle »)… Mais, dans le cas d’Aenys, le Grand Mestre Gawen ne semble pas responsable… Le texte semble davantage insinuer une responsabilité de Visenya Targaryen, qui aurait assassiné son neveu : elle aurait reproché à Aenys sa faiblesse, prétendant que jamais son père Aegon le Conquérant n’aurait toléré la révolte de la Foi. Bien avant ça, il existait déjà une forte inimitié entre eux, Visenya prétendant que son propre fils, Maegor, aurait fait un meilleur roi, et ayant toujours cherché à favoriser celui-ci. Peu après la mort d’Aenys, Visenya réagit très vite : elle monte sur son dragon et part à Pentos, de l’autre côté du Détroit, pour retrouver son fils Maegor qui y était exilé. Lorsqu’ils reviennent, Maegor se proclame roi au mépris des règles de succession (Aenys avait un fils, qui aurait dû lui succéder).

Visenya avait donc un sérieux mobile et les moyens pour agir. D’ailleurs, contrairement à Gyldayn dans The Sons of the Dragon, mestre Yandel n’hésite pas, lui, à évoquer cette possibilité dans son ouvrage Les origines de la saga (TWOIAF en anglais).

Plus tard, après la mort de Visenya, on suggéra que ce soudain trépas du roi Aenys avait été son œuvre ; certains l’accusèrent d’infanticide et de régicide. Ne préférait-elle pas Maegor à Aenys en toutes choses ? N’ambitionnait-elle pas de voir son fils régner ? Et de fait, pourquoi s’occuper de son gendre et neveu, qui semblait lui répugner ? Visenya avait beaucoup de qualités, mais la pitié n’en avait apparemment encore jamais fait partie. On ne peut aisément balayer la question… ni aisément la résoudre.

TWOIAF, Aenys Ier.

La mort du Grand Septon (an 43 apr. C.)

Après la mort d’Aenys, son demi-frère Maegor prend le pouvoir sous le nom de Maegor Ier. La Guerre de la Foi fait toujours rage, entre d’un côté les loyalistes au roi des Sept Couronnes, et de l’autre, les fidèles de la Foi des Sept, menés par le Grand Septon. Les batailles se multiplient, les massacres s’enchaînent. Maegor remporte toutes les batailles, ce qui n’empêche pas le Grand Septon de continuer à tempêter depuis Villevieille contre les abominations des Targaryen (il dénonce essentiellement les mariages incestueux et la polygamie du roi).

En 43, Maegor décide d’en finir avec le Grand Septon : il le met en demeure de cesser ses provocations et de venir à Port-Réal pour y subir sa justice, mais le Grand Septon s’entête. Avec l’appui de sa mère, la reine Visenya, Maegor mène leurs dragons (Balerion et Vhagar) sur Villevieille, où réside le Grand Septon. Le seigneur de Villevieille, lord Martyn Hightower convoque ses vassaux et prépare les défenses de la ville. Son frère, Morgan Hightower, commande les Fils du Guerrier (un des ordres de la Foi Militante, des chevaliers qui ont juré de servir le Grand Septon), qui viennent protéger le septuaire où le Grand Septon prie les Sept d’abattre leur colère sur Maegor. Les archimestres de la Citadelle se réunissent en conclave.

Les Sphinx gardant la Citadelle de Villevieille (crédits : Juan Carlos Barquet)

Les Sphinx gardant la Citadelle de Villevieille (crédits : Juan Carlos Barquet)

Au cours de la nuit qui suit, le Grand Septon est assassiné dans des circonstances mystérieuses. Certains pensent qu’il s’est suicidé, soit par peur d’affronter Maegor, soit par esprit de sacrifice, sachant que son geste sauverait la ville. On a aussi évoqué l’hypothèse d’un châtiment divin, les Sept punissant ainsi son orgueil et son hérésie : le jugement des Sept qui avait eu lieu un an plus tôt désignait Maegor comme roi légitime, aux yeux des Sept et des hommes. En défiant le roi, le Grand Septon défiait aussi la décision divine.

Gyldayn relève néanmoins une hypothèse plus réaliste, celle d’un meurtre : le Grand Septon est devenu gênant pour beaucoup de monde à Villevieille, la ville risque de brûler entièrement s’il continue de défier les Targaryen (et vu le tempérament fier et décidé du personnage, il n’aurait jamais arrêté), or en ville nombreux sont ceux qui ne veulent pas mourir, impliqués dans une querelle qui ne les intéressent pas. Archimestre Gyldayn relève donc une liste de suspects :

  • Visenya Targaryen : Yandel ne mentionne pas cette hypothèse, lorsqu’il évoque ce meurtre. Gyldayn passe rapidement dessus, précisant que Visenya était une sorcière réputée, mais que son implication semble rendue impossible par la chronologie des événements : Visenya arrive devant Villevieille plusieurs heures après la mort du Grand Septon.
  • Les archimestres de la Citadelle : Yandel juge cette hypothèse ridicule, Gyldayn la cite aussi sérieusement que les autres : le Conclave est suspecté d’avoir utilisé la magie noire, un assassin ou un parchemin empoisonné. Il note que des messages ont été échangés toute la nuit entre le Grand Septon et les archimestres.
  • Morgan Hightower : commandant des chevaliers qui protégeaient le Grand Septon, il aurait selon la rumeur agi sur ordre de son frère lord Martyn Hightower. On l’a vu rentrer et sortir des appartements du Grand Septon, la nuit de son meurtre.
  • Patrice Hightower : tante de lord Martyn et de ser Morgan, elle était une sorcière réputée. Elle avait demandé audience auprès du Grand Septon au crépuscule. Lorsqu’elle est repartie, cependant, celui-ci était toujours vivant. Ce dernier élément ne la disculpe pas pour autant, car le lecteur attentif se souviendra que dans A Clash of King, Mélisandre d’Asshaï insiste par deux fois, pour rencontrer sous couvert de négociations diplomatiques deux hommes (Renly Baratheon et Cortenay Penrose), qui seront assassinés la nuit qui suit par des ombres qu’elle a invoquées / enfantées. Patrice étant « une sorcière réputée », elle dispose peut-être elle-aussi de ce talent et a peut-être besoin de rencontrer sa cible avant d’invoquer l’ombre.

Les Hightower ont-ils été impliqués dans la mort du Grand Septon ? Cela reste un mystère… Toutefois, ils ont su tourner cet événement à leur avantage : leur cité est épargnée, leur lien avec le roi est restauré et ser Morgan Hightower sera le seul Fils du Guerrier a être pardonné par le roi. Mais ces aspects feront l’objet d’un prochain article. 😉

La mort de Maegor Ier (an 48 apr. C.)

An 48 : la situation s’est gâtée pour Maegor. Après six ans d’un règne marqué par la violence et l’injustice, ses opposants ne s’apaisent pas. Malgré les massacres et la proscription de la Foi Militante, les fidèles des Sept continuent de se battre… et son neveu, Jaehaerys Targaryen, vient de se proclamer roi, avec le soutien des Baratheon d’Accalmie, des Velaryon de Lamarck, de la flotte royale, des Tyrell, des Hightower, des Redwyne, des Lannister, des Arryn, des Royce…

Elinor Costayne découvrant le roi Maegor sur le Trône de Fer (crédits : Doug Wheatley, Fire and Blood)

Elinor Costayne découvrant le roi Maegor sur le Trône de Fer (crédits : Doug Wheatley, Fire and Blood)

Maegor refuse l’idée d’abandonner son trône : il convoque ses bannerets pour répondre au défi de son neveu. Il ne parvient à réunir qu’un maigre contingent, ne recevant l’appui que de quelques petits seigneurs proches de Port-Réal (on peut penser qu’ils ont répondu à l’appel de Maegor non pas par fidélité, mais par crainte de représailles). Maegor les rassemble de nuit, pour établir leur plan de bataille. Ils réalisent qu’ils sont trop peu nombreux pour l’emporter. Lord Fengué suggère alors au roi d’abdiquer et de rejoindre le Mur. Furieux, Maegor l’accuse de traîtrise, le fait décapiter et ordonne que le conseil de guerre se poursuive. La tête de Fengué est montée sur une pique, placée derrière le Trône de Fer, en signe d’avertissement pour les autres lords. Le conseil de guerre ne se termine que tard dans la nuit : les lord quittent la salle, laissant Maegor assis seul sur le Trône de Fer. Le lendemain, la reine Elinor Costayne découvre le roi mort sur le Trône de Fer, les bras tailladés et une des lames du Trône lui traversant le cou.

C’est suite à cet évènement que naît la légende prétendant que le Trône de Fer punit lui-même les usurpateurs. Bien que ce mythe soit évoqué à chaque fois qu’un souverain contesté se blesse sur le Trône, il laisse dubitatif : pourquoi le Trône aurait-il attendu six ans pour punir l’usurpateur ? Et pourquoi les autres usurpateurs de la saga ne meurent-ils pas sur le Trône ou directement à cause de lui ?

L’autre explication serait que Maegor a été tué par quelqu’un.

  • La Garde Royale : un frère juré qui tue le roi qu’il a promis de protéger… Cela serait la première, mais pas la dernière fois. Gyldayn relève cependant que les Gardes Royaux était deux par porte, il aurait donc fallu qu’ils agissent de connivence.
  • Les maçons du Donjon Rouge : Maegor les avait fait exécuter, afin d’être le seul à connaître les passages secrets du Donjon Rouge. Certains pensent qu’un maçon survivant se serait vengé en passant par un accès secret.
  • Elinor Costayne : après avoir fait exécuter son mari sous un faux prétexte, le roi Maegor l’avait forcé à l’épouser. D’après Gyldayn, Elinor, la première personne à découvrir Maegor mort, aurait pu pousser Maegor contre les lames du Trône pour venger la mort de son premier époux.
  • Maegor lui-même : cette hypothèse est la préférée de mestre Yandel, qui croit que Maegor a préféré se suicider plutôt que de devoir supporter les conséquences de la défaite imminente.

Sans qu’elle soit citée ni par Gyldayn, ni par Yandel, une autre hypothèse peut apparaître au lecteur : Maegor aurait pu être assassiné par ses propres vassaux. Maegor régnait grâce à la peur, mais ses vassaux avaient compris que même en le soutenant, ils allaient vers une mort certaine face à une armée plus nombreuse et mieux équipée que la leur. En s’y mettant à plusieurs, ils avaient la possibilité de dominer physiquement Maegor et de le tuer. Gyldayn relève que lord Rosby et lord Tourelles sont les deux derniers à quitter la salle du trône, laissant Maegor seul, assis sur le Trône (où Elinor le retrouve le lendemain mort)… et soi-disant vivant d’après ce qu’ils ont toujours prétendu ensuite. Pourquoi ce mensonge ? Pour éviter le déshonneur et les représailles. Ce meurtre serait un régicide. Les quelques rares partisans de Maegor qui restaient auraient pu vouloir venger leur roi… Et quand bien même cela n’aurait pas été le cas, on sait quel genre de déshonneur éclabousse les régicides, même les régicides des rois honnis (tout le drame de Jaime Lannister tourne bien autour de cela). Il ne serait donc pas surprenant qu’ils se soient tus.

Conclusion

Vous retrouverez ces mystères dans Feu et Sang, Partie 1 (ou dans Fire and Blood si vous lisez en anglais). Et vous ? Avez-vous remarqué d’autres mystères dans The Sons of the Dragon ? Vous pouvez venir en discuter avec nous sur le forum.

Rendez-vous la semaine prochaine pour parler des mystères de la deuxième nouvelle, Le Prince vaurien. En attendant, on se retrouve demain pour un nouvel article de Fire and Blog.

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