ACOK 56 – Catelyn VII

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    Sandrenal
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    ACOK 56 – Catelyn VII
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 55, Tyrion XII ACOK 57, Theon V

    Je ne vais pas m’étendre outre-mesure sur le début du chapitre, n’ayant que peu de choses à en dire. Catelyn a reçu la nouvelle de la « mort » de Bran et Rickon. Sa désolation contraste avec la joie des hommes d’armes qui fêtent la victoire d’Edmure et la prise de Falaise par Robb. Paradoxalement, Catelyn pleure la mort de ses fils qui sont encore vivants et les Tully célèbrent la prise de Falaise qui va donner une excuse à Walder Frey pour trahir Robb et la victoire d’Edmure qui va permettre à Tywin de sauver Port-Réal. GRRM insiste longuement sur l’état d’esprit de Catelyn, qui est crucial pour ce qui va suivre.

    Et la suite c’est Catelyn qui décide de rendre visite à Jaime dans sa cellule. Son premier piège n’a pas pris, Jaime n’a pas touché au vin qu’elle lui a envoyé. Catelyn utilise ici la même astuce que Tyrion avec Janos Slynt mais Jaime se montre au départ plus méfiant que Janos.

    L’une des premières réflexions de Catelyn est d’une grande justesse pour caractériser le Jaime des 2 premiers tomes :

    Y a-t-il jamais eu au monde d’homme plus beau et plus ignoble que celui-ci ?

    Jaime a en effet gardé une apparence majestueuse malgré sa longue captivité et il se montre en effet odieux à plusieurs reprises.

    Nous autres, de la Garde, jurons de ne jamais nous marier, mais je présume que je pourrais tout de même vous faire ce ramonage, si telle est votre nécessité.

    Après ces débuts difficiles, Catelyn et Jaime parviennent à un accord pour s’échanger des réponses honnêtes, accord qui sera étonnement bien respecté. Jaime s’enquiert de la survie de sa famille proche, révélant au passage qu’il ne tient réellement qu’à 3 personnes. Catelyn, après avoir confirmé la paternité des enfants de Cersei cherche encore à clarifier ce qui est arrivé à Bran. Jaime reconnaît volontiers être l’auteur de la première tentative.

    C’est moi qui l’ai précipité du haut d’une fenêtre.

    Il ne m’arrive guère de précipiter des gosses du haut des tours afin de les rendre plus gaillards. Bien sûr que je voulais sa mort.

    Mais il nie être responsable de la seconde :

    j’aurais dû tailler en pièces la moitié de Winterfell avant de parvenir à lui ! Puis à quoi bon me tracasser, quand tout semblait indiquer qu’il allait mourir de sa propre mort ?

    Il se peut en effet que mon honneur soit de la merde, je n’en disconviendrai pas, mais jamais encore je n’ai loué personne pour tuer à ma place. Croyez ce que vous voudrez, lady Stark, mais, si j’avais vraiment décidé d’achever votre Bran, je m’en serais chargé personnellement.

    Il en exonère également Cersei et confirme la version de Tyrion sur le poignard :

    Cersei n’a pas de secrets pour moi.

    Tyrion a toujours misé sur moi, en tournoi, dit-il, mais, ce jour-là, je fus démonté par ser Loras. […] Quel que fût l’enjeu, Tyrion perdit…, mais ce poignard changea effectivement de mains

    Catelyn se rend bien compte qu’il ne lui ment pas, toute concertation avec Tyrion sur le sujet ayant été impossible mais elle a toujours du mal à en venir à la seule conclusion logique qui est que Littlefinger lui a menti et l’a manipulée.

    Après une joute verbale peu productive sur la situation militaire, Catelyn aborde l’épineuse question des serments.

    Comment pouvez-vous encore vous considérer comme un chevalier, quand vous n’avez cessé de vous parjurer ?

    Ces flopées de serments…, on vous fait jurer, jurer, jurer. De défendre le roi. D’obéir au roi. De taire ses secrets. D’exécuter ses ordres. De lui consacrer exclusivement votre vie. Mais d’obéir à votre père. D’aimer votre sœur. De protéger l’innocent. De défendre le faible. De respecter les dieux. D’obéir aux lois. Trop, c’est trop. Quoi que vous fassiez, vous êtes toujours en train de violer tel ou tel serment.

    Jaime à mon sens marque un point. Pris au piège de ses multiples loyautés, il était forcé de se parjurer dans un sens ou dans l’autre.

    Le vin aidant, Jaime se livre alors à un exercice auquel il n’est sans doute pas habitué : il commence à donner une explication à son régicide en relatant les circonstances exactes de la mort de Rickard et Brandon Stark.

    Il pénétra au Donjon Rouge à cheval, escorté d’une poignée d’amis et beuglant au prince Rhaegar de se montrer, s’il n’avait pas peur de mourir. Mais Rhaegar n’était pas là. Aerys expédia ses gardes les arrêter tous en tant que conspirateurs du meurtre de son fils. Les autres étaient également, si je ne me trompe, des rejetons nobles.

    — Ethan Glover était l’écuyer de Brandon, précisa-t-elle. Lui seul survécut. Avec lui se trouvaient Jeffroy Mallister, Kyle Royce et Elbert Arryn, neveu de lord Jon et son héritier. » Cela semblait extravagant, de se rappeler encore leurs noms, tant d’années après. « Aerys les inculpa de forfaiture et, les retenant en otages, convoqua leurs pères à la Cour pour répondre de l’accusation. A leur arrivée, il les fit assassiner sans autre forme de procès. Les uns et les autres.

    — Il y eut des procès. Une espèce. Lord Rickard réclama un duel judiciaire, et le roi le lui accorda. Stark revêtit son armure de bataille, persuadé qu’il affronterait un membre de la Garde. Peut-être moi. Au lieu de quoi il fut emmené dans la salle du Trône et suspendu à ses poutres pendant que deux des pyromants royaux allumaient un brasier sous lui. Lors, Aerys l’avisa que, le feu étant le champion de la maison Targaryen, la seule chose qu’il eût à faire pour prouver son innocence était de… ne point griller.

    « Une fois prête la fournaise, on introduisit Brandon. Il avait les mains enchaînées derrière le dos et, autour du cou, une lanière de cuir humide nouée selon une recette rapportée de Tyrosh par le roi. Il avait les jambes libres, toutefois, et l’on avait placé son épée juste hors de sa portée.

    « Les pyromants rôtirent lord Rickard tout doucement, couvrant tantôt, tantôt attisant les flammes avec le plus grand soin pour lui mignoter une chaleur égale. Son manteau s’embrasa d’abord, puis son surcot, si bien qu’il finit par ne plus porter que métal et cendres. L’étape suivante verrait sa cuisson, lui promit Aerys, à moins que… – que son fils ne réussît à le délivrer. Brandon essaya mais, plus il se débattait, plus son garrot se resserrait, et il finit par s’étrangler lui-même.

    « Quant à lord Rickard, l’acier de son corselet de plates vira au rouge cerise, et l’or de ses éperons fondait goutte à goutte qu’il vivait encore.

    Le récit de Jaime est intéressant à double titre. D’abord parce qu’il pose là la première pierre de ce qui est parfois appelé sa « rédemption » (à tort selon moi, c’est plutôt le début de la découverte d’une nouvelle facette du personnage), en ce que sa confession à Catelyn préfigure celles plus détaillées qu’il fera à Brienne.

    Par ailleurs, le récit de Jaime nous fournit une pièce d’histoire sur l’origine de la rébellion de Robert. Elle nous éclaircit sur l’enchaînement des événements : Lyanna disparaît (ici encore Catelyn nous dit seulement : Brandon apprend pour Lyanna ; difficile de faire plus cryptique), Brandon en rend Rhaegar responsable et déboule à Port-Réal, Aerys l’arrête et attire Rickard dans la capitale, et tue tout le monde. Et surtout, il assassine ses vassaux, dont l’un des plus importants du royaume sans procès et en leur refusant leur droit à un duel judiciaire, ce qui constitue une violation claire et répétée de ses devoirs de suzerain. Ce faisant, il libère les familles des victimes et tous ses autres vassaux de leurs obligations féodales envers lui. Il fournit ainsi une justification juridique et morale aux futurs rebelles.

    Après cet interlude historique, la conversation n’avance guère. Catelyn ne trouve pas de circonstance atténuante au régicide. Jaime, maintenant complètement ivre jette Jon Snow à la figure de Catelyn pour vanter sa propre fidélité à Cersei. Catelyn appelle Brienne et lui demande son épée.

    GRRM laisse le primo-lecteur sur un beau cliffhanger. J’ignore combien de temps a mis ASOS à sortir mais c’est jouer avec les nerfs de ses lecteurs. A ce stade, le primo-lecteur peut légitimement supposer que Catelyn va tuer Jaime. Pourtant, la libération de Jaime est annoncée dans tout le chapitre, dans les nombreuses pensées de Catelyn vers ses filles.

    C’est volontairement que je n’ouvre pas le débat sur la décision de Catelyn de libérer Jaime. J’ai l’impression qu’il serait plus approprié dans le premier chapitre de Catelyn d’ASOS.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 6 mois par Sandrenal.
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    #161784
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Le morceau de bravoure du chapitre reste le dialogue entre Jaime et Catelyn, bien entendu. J’avais complètement oublié avant que tu ne le rappelles qu’on n’a pas le fin mot de l’histoire avant le tome suivantJe ne suis pas un grand fan de « Jaime avec ses deux mains », mais je dois reconnaître qu’il est assez fascinant ici : crâneur mais sincère. On aime le mépriser. Et en relecture, on perçoit en effet qu’il est moins creux que ce qu’il laisse paraître.

    Mais le chapitre ne commence pas par ça, revenons au début

    Scène de repas mais ici pas de festin comme au Donjon rouge, c’est plutôt ambiance tristoune chez les (hauts) nobles, tandis qu’en bas, on festoye la victoire militaire

    Ser Desmond had brought twenty casks up from the cellars, and the smallfolk were celebrating Edmure’s imminent return and Robb’s conquest of the Crag by hoisting horns of nut-brown ale.

    Par une petite touche, avant de développer, l’auteur nous apprend que Catelyn sait que Bran et Rickon sont morts

    When Catelyn tried to speak, the words caught in her throat. “I have no sons but Robb.” She managed those terrible words without a sob, and for that much she was glad.

    Le développement se passe dans son échange avec Brienne quand elle verbalise cela et s’en veut rapidement

    I have said it, gods forgive me. I have said it and made it true.

    Elle se sent coupable, même s’il n’y est pour rien. A la limite, en revenant à Winterfell cela aurait pu changer les choses mais ce n’est même pas sûr. Et puis, elle a bien mis en garde Robb contre Theon. En vain.
    Même elle rapproche les loups des enfants (et sur le coup, elle n’a pas trop tort… sauf pour Arya)
    I was certain the boys would be safe so long as the direwolves were with them. Like Robb with his Grey Wind.
    Quand elle va voir son père, j’ai bien aimé le parallèle entre les veines bleues sur sa main et les rivières de sa Couronne, comme si « naturellement » il était lié au paysage qu’il dirige
    The skin was warm, blue veins branching like rivers beneath his pale translucent skin. Outside the greater rivers flowed, the Red Fork and the Tumblestone, and they would flow forever, but not so the rivers in her father’s hand.
    Au passage, on nous raconte (j’avais complètement oublié) comment ils s’étaient perdus, plus jeunes et comment Petyr les a retrouvés.
    But Petyr knew where we were, and he rode back and found us . . .
    Ah ce cher Petyr, toujours de si délicates attentions 😀
    Catelyn est résolue et part faire…. on ne sait quoi (duty, un des mots de la devise de sa famille)
    Midnight has come, Father, she thought, and I must do my duty. She let go of his hand.
    Je ne sais pas si c’est une expression consacrée ou si l’auteur fait un jeu de mots entre « foul » et full ».
    Catelyn shouldered aside the heavy wood-and-iron door and stepped into foul darkness.
    J’ai noté aussi que Jaime n’est pas idiot (ou le geôlier n’a rien filé ?)
    The lamplight revealed a pail overflowing with feces in one corner and a huddled shape in another. The flagon of wine stood beside the door, untouched. So much for that ploy. I ought to be thankful that the gaoler did not drink it himself, I suppose.
    L’affrontement commence et l’ennemi n’est pas n’importe qui
    Glinting gold in the lamplight, the whiskers made him look like some great yellow beast, magnificent even in chains.
    On imaginait bien que Jaime n’allait pas se laisser faire 😀  Et ce n’est que le début

    “I see you had no taste for the wine I sent you.”

    “Such sudden generosity seemed somewhat suspect.”

    “I can have your head off anytime I want. Why would I need to poison you?”

    “Death by poison can seem natural. Harder to claim that my head simply fell off.”

    Catelyn ramène quand même beaucoup de choses à sa beauté et à sa vilenie
    Was there ever a man as beautiful or as vile as this one?

    Le reste est une joute verbale qui n’est pas sans évoquer Bilbo face à Gollum 😀 (mais qui est qui ?^^). Jaime s’affiche aussi peu religieux que son frère (ou sinon il fait de la provoc’, mais je ne crois pas trop)

    “Why should I tell you anything?”

    “To save your life.”

    “You think I fear death?” That seemed to amuse him.

    “You should. Your crimes will have earned you a place of torment in the deepest of the seven hells, if the gods are just.”

    “What gods are those, Lady Catelyn? The trees your husband prayed to? How well did they serve him when my sister took his head off?” Jaime gave a chuckle. “If there are gods, why is the world so full of pain and injustice?”

    “Because of men like you.”

    “There are no men like me. There’s only me.”

    There is nothing here but arrogance and pride, and the empty courage of a madman. I am wasting my breath with this one. If there was ever a spark of honor in him, it is long dead.

    Jaime propose un marché et elle a l’air d’être OK. Ca rappelle un peu Jon qui est interrogé par Ygrid alors qu’il est en position de « force » (en principe). Comme indiqué par Sandrenal, le deal sera honoré des deux côtés.

    Jaime en effet est toujours brutalement honnête.

    “I seldom fling children from towers to improve their health. Yes, I meant for him to die.”

    “And when he did not, you knew your danger was worse than ever, so you gave your catspaw a bag of silver to make certain Bran would never wake.”

    “Did I now?” Jaime lifted his cup and took a long swallow. “I won’t deny we talked of it, but you were with the boy day and night, your maester and Lord Eddard attended him frequently, and there were guards, even those damned direwolves . . . it would have required cutting my way through half of Winterfell. And why bother, when the boy seemed like to die of his own accord?”

    “If you lie to me, this session is at an end.” Catelyn held out her hands, to show him her fingers and palms. “The man who came to slit Bran’s throat gave me these scars. You swear you had no part in sending him?”

    “On my honor as a Lannister.”

    “Your honor as a Lannister is worth less than this.” She kicked over the waste pail.

    Catelyn déteste sincèrement Jaime (et les Lannister) mais elle n’est pas idiote, elle réfléchit à ce qu’on lui dit (sans pour autant voir que Petyr est moins innocent qu’il ne veut le paraître… hélas)

    Tyrion Lannister had said much the same thing as they rode through the Mountains of the Moon, Catelyn remembered. She had refused to believe him. Petyr had sworn otherwise, Petyr who had been almost a brother, Petyr who loved her so much he fought a duel for her hand . . . and yet if Jaime and Tyrion told the same tale, what did that mean? The brothers had not seen each other since departing Winterfell more than a year ago. “Are you trying to deceive me?” Somewhere there was a trap here.

    “I’ve admitted to shoving your precious urchin out a window, what would it gain me to lie about this knife?” He tossed down another cup of wine. “Believe what you will, I’m past caring what people say of me. And it’s my turn. (…)”

    On arrive au passage repris tout le temps. « too many vows ». Où on se rend compte que rien n’est simple, et que « le régicide » c’est une insulte assez facile (et encore, on ne connaît pas tout… plus tard, on verra qu’il a sans doute fait le bon choix, même s’il n’a pas eu la bonne attitude lors de la venue de Ned)

    “So many vows . . . they make you swear and swear. Defend the king. Obey the king. Keep his secrets. Do his bidding. Your life for his. But obey your father. Love your sister. Protect the innocent. Defend the weak. Respect the gods. Obey the laws. It’s too much. No matter what you do, you’re forsaking one vow or the other.”

    On entrevoit un peu la mort de Brandon et Rickard mais pas en entier

    “Brandon was different from his brother, wasn’t he? He had blood in his veins instead of cold water. More like me.”

    “Brandon was nothing like you.”

    “If you say so. You and he were to wed.”

    Y a que moi qui ai tiqué sur Gerold Hightower, l’homme avec une super réputation qui ferme les yeux sur des ordres immondes et « gère » le petit nouveau ?

    After, Gerold Hightower himself took me aside and said to me, ‘You swore a vow to guard the king, not to judge him.’ That was the White Bull, loyal to the end and a better man than me, all agree.

    On a un très beau final en cliffhanger super frustrant. Quand on connait la suite, on sait ce que ça va donner, mais je doute qu’en primo-lecture j’aurais misé sur ça. Un chapitre marquant.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #161788
    Sandrenal
    • Pas Trouillard
    • Posts : 702

    Y a que moi qui ai tiqué sur Gerold Hightower, l’homme avec une super réputation qui ferme les yeux sur des ordres immondes et « gère » le petit nouveau ?

    J’avais l’intention d’en parler aussi mais ça m’est sorti de la tête pendant la rédaction. Le chevalier parfait, qui a hérité d’un surnom flatteur, qu’Eddard et Barristan adulent n’est finalement pas si parfait que ça. Pas étonnant que Jaime en vienne à mépriser ceux qui l’insultent tout en adulant un tel personnage.

    #161793
    Yfos
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1823

    Merci pour cette analyse.

    Jaime à mon sens marque un point. Pris au piège de ses multiples loyautés, il était forcé de se parjurer dans un sens ou dans l’autre.

    Beau face à face en effet entre Catelyn et Jaime qui nous permet de commencer à voir ce dernier autrement.

    Ce dernier nous donne un premier aperçu des cellules de Castral Roc dont il menacera également Edmure bien plus tard. Ça ne fait pas rêver

    Il s’en trouve sous Castral Roc qui apparentent celle-ci à un jardin ensoleillé

    Catelyn déteste sincèrement Jaime (et les Lannister) mais elle n’est pas idiote, elle réfléchit à ce qu’on lui dit (sans pour autant voir que Petyr est moins innocent qu’il ne veut le paraître… hélas)

    Elle ne le voit pas mais à quoi cela aurait servi à ce stade? Elle n’aura plus aucune relation avec lui, il me semble. Même si elle l’avait vu tel qu’il est, cela n’aurait pas empêché les Noces Pourpres.

    Ce qui m’a choquée en début de chapitre, c’est la présentation qu’elle fait de ses deux filles. Elle a de l’affection pour Arya mais ne trouve rien de bon à en dire. Elle aurait quand même pu vanter ses talents en matière d’équitation, discipline convenable pour une Dame.

    Bien plus tard, Brienne sera dépitée lorsqu’elle se rendra compte qu’elle a suivi la piste d’Arya, le mauvais loup, et non pas celle de Sansa, ne semblera pas désespérée de sa mort présumée et ne vérifiera même pas à Salins, parmi les survivants, si personne n’a vu une fillette ou un garçonnet correspondant à son signalement.

    #161821
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Merci Sandrenal pour cette présentation du chapitre de Catelyn.

    J’avais promis de mettre un commentaire pour défendre l’honneur de ser Jaime, alors le voici (je dirai juste trois mots sur la façon dont Catelyn présente ses deux filles : je suis choquée !!).

     

    Ce qui m’a marquée, à la relecture, c’est l’insalubrité de la cellule. Certes le prisonnier a fait l’objet d’une tentative d’évasion, mais était-ce la peine de l’humilier à ce point ? De l’avilir tel un animal ?

    Je note que malgré sa situation malaisée, ser Jaime a conservé un sens de l’humour aiguisé :

    « Je crains de n’être pas en état de vous recevoir. »

    « Je vous inviterais volontiers à vous asseoir (…) »

    Ce type d’humour renvoie aux échanges entre Catelyn et Jaime au Bois-aux-Murmures : « Je vous aurais volontiers offert mon épée, mais je l’ai, semble-t-il, égarée ». AGOT 64 – Catelyn X.

    Malgré sa situation, Jaime a trouvé encore la force de faire de l’humour. Il est entravé comme un animal. Il donne l’image d’un lion flamboyant, malgré ses chaines.

    C’est vrai que Jaime peut être odieux notamment lorsqu’il propose à Catelyn de la « ramoner » (ce n’est pas digne de lui, comme il dira plus tard à Brienne après l’avoir rabrouée dans les bains d’Harrenhal).

    Mais il y a toujours une part de vérité dans ce qu’il dit.

    Il n’a pas tort lorsqu’il rappelle que Robb a peur de l’affronter en combat singulier. Au Bois-aux-Murmures, sans le sacrifice des fils Karstark, Robb serait probablement mort. Il était resté stupéfait devant la vaillance de ser Jaime. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le témoignage de sa mère (AGOT 64, op. cit.).

    Puis vient l’échange sur les Dieux, l’iniquité et les êtres de « votre espèce ».

    Je me rends compte que c’est dans ce chapitre que j’ai puisé la source de la signature de tous mes posts ! Ce n’est sans doute pas un hasard. Oui, ser Jaime est unique.

    Catelyn pense qu’elle perd son temps. Que ser Jaime est un homme gonflé d’orgueil mais vide à l’intérieur. Elle fait fausse route et la suite va le lui prouver.

     

    Finalement, un accord est conclu. Une vérité sera annoncée, en échange d’une autre vérité. Même si elle n’est pas facile à entendre.

    Jaime admet être le père de Joffrey, notamment, et l’amant de Cersei. En échange, il apprend que Cersei, Tyrion et leur père vont bien.

    Il avoue avoir poussé Bran du haut de la tour. Dans sa colère Catelyn lui jette ses serments à la figure : protéger le faible et l’innocent.

    D’après Jaime, il n’était pas innocent puisqu’il les espionnait Cersei et lui.

    Certes le gamin ne cherchait pas à surprendre les jumeaux Lannister, il est arrivé devant cette fenêtre par hasard. Peut-être même n’a-t-il même pas compris ce qui se passait réellement. Mais il les a vus.

    En revanche Jaime nie avoir commandité l’assassinat de Bran. Sur son honneur. Catelyn lui fait savoir ce qu’elle pense de son honneur, en renversant son pot de chambre. Déjà que cette cellule était crasseuse…

    Jaime lui explique qu’il n’a jamais payé personne pour exécuter quelqu’un. Il s’en charge lui-même.

    Catelyn perçoit que son ton est celui de la vérité. Elle est étonnée, mais elle croit Jaime.

    Elle accuse alors Tyrion. Comme dirait La Fontaine : « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère » (Le Loup et l’Agneau).

    De même, en écoutant Jaime tenir les mêmes propos que son frère sur le poignard en acier valyrien, qui aurait été gagné par Tyrion lors du tournoi donné en l’honneur de l’anniversaire de Joffrey, Catelyn comprend que Tyrion n’aurait jamais misé contre son frère. Tyrion aurait donc fait preuve de sincérité lorsqu’il était son prisonnier.

    Catelyn n’arrive toujours pas à admettre qu’elle a été manipulée par Petyr Baelish, son ancien amoureux transi.

     

    La fin du chapitre est instructive. Lorsque Catelyn lui assène le terme de « Régicide », Jaime lui dit la vérité sur ce roi qu’il a assassiné. Certes, ce n’est qu’une partie de l’histoire. Il lui cache l’affaire des pyromants et le massacre programmé des habitants de Port-Réal, mais il lui raconte la mort atroce de lord Rickard Stark et de son fils Brandon. Même si ce n’est qu’un témoignage parcellaire, il est susceptible d’intéresser Catelyn puisqu’elle devait épouser Brandon.

    Rickard Stark n’a pas eu droit au duel judiciaire qu’il réclamait. Au lieu de cela le roi fou l’a fait rôtir à petit feu, sous les yeux de son fils impuissant à le sauver, et condamné lui-même à mourir.

    Jaime n’est pas intervenu. Le Commandant de la Garde royale lui a intimé l’ordre de se tenir à sa place : « Tu as prêté serment de garder le roi, pas de le juger ».

    Ce sont les pyromants qui ont mis au supplice Rickard. Ce que Jaime ne raconte pas encore (pas à Catelyn), c’est que les mêmes pyromants avaient l’intention de faire rôtir tout Port-Réal sur ordre d’Aerys. Cela nous l’apprendrons bien plus tard. Mais déjà, nous disposons d’éléments qui nous permettent de jauger (puisqu’il ne faut pas le juger) ce roi qui fût assassiné par un de ses gardes. Et d’avoir un avis sur le fait qu’Aerys méritait de vivre ou de mourir.

     

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #161824
    RichardIII
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Pas étonnant que Jaime en vienne à mépriser ceux qui l’insultent tout en adulant un tel personnage.

    Ce qui est amusant, c’est que Jaime lui-même adule ce genre de personnage. Il se laisse complaisamment juger par lui dans ses rêves et idolise sans aucun recul Arthur Dayne.

    Catelyn n’arrive toujours pas à admettre qu’elle a été manipulée par Petyr Baelish, son ancien amoureux transi.

    Oui ça m’a surpris. A aucun moment elle n’exprime dans un de ses PoV, consciemment, le fait que Petyr l’a trahie. Je pense que lady Coeurdepierre en a, elle, totalement consciente. Petyr Frey en est l’analogie.

    Par ailleurs, le récit de Jaime nous fournit une pièce d’histoire sur l’origine de la rébellion de Robert. Elle nous éclaircit sur l’enchaînement des événements : Lyanna disparaît (ici encore Catelyn nous dit seulement : Brandon apprend pour Lyanna ; difficile de faire plus cryptique), Brandon en rend Rhaegar responsable et déboule à Port-Réal, Aerys l’arrête et attire Rickard dans la capitale, et tue tout le monde. Et surtout, il assassine ses vassaux, dont l’un des plus importants du royaume sans procès et en leur refusant leur droit à un duel judiciaire, ce qui constitue une violation claire et répétée de ses devoirs de suzerain. Ce faisant, il libère les familles des victimes et tous ses autres vassaux de leurs obligations féodales envers lui. Il fournit ainsi une justification juridique et morale aux futurs rebelles.

    Ce qui m’a toujours un peu surpris. On a déjà eu pas mal de rois fous dans l’histoire mais bien peu sont allés aussi loin. L’un des objectifs moteurs d’Aerys II est la préservation de sa sécurité personnelle. Il ne se rase pas, ne se coupe pas les ongles car il a peur qu’une lame soit usée contre lui. Il interdit à tous le port d’une épée en sa présence sauf pour sa Garde Royale. Et là il commet un acte quasi-suicidaire alors qu’il pouvait totalement servir de l’enlèvement de Lyanna pour en finir avec Rahegar et sa faction.

    J’aimerais beaucoup savoir ce qui lui est passé par la tête. Les mariages Stark-Tully-Baratheon ont peut-être du l’affoler.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par RichardIII.
    #161829
    R.Graymarch
    • Vervoyant
    • Posts : 9918

    Elle ne le voit pas mais à quoi cela aurait servi à ce stade? Elle n’aura plus aucune relation avec lui, il me semble. Même si elle l’avait vu tel qu’il est, cela n’aurait pas empêché les Noces Pourpres.

    Prévenir Cersei et Tyrion !! (non, je déconne). Cela dit, je comprends que Catelyn ait du mal à envisager que Petyr l’ait trahie (et pas qu’elle. Ned aussi). C’est humain. Et c’est encore plus normal quand la parole discordante vient de personnes qui ne sont pas vraiment des alliées. Mais la montre arrêtée peut indiquer parfois la bonne heure. Et là, c’est le cas. Beaucoup de faisceaux indépendants qui pointent vers une solution qui dérange. C’est plus simple de ne pas aller au bout

    Ce qui m’a marquée, à la relecture, c’est l’insalubrité de la cellule. Certes le prisonnier a fait l’objet d’une tentative d’évasion, mais était-ce la peine de l’humilier à ce point ? De l’avilir tel un animal ?

    Vae victis 😉 Il a joué, il a perdu. Le cachot de Ned au donjon rouge n’était pas non plus un hôtel de luxe (et Ned ne s’était pas comporté comme une bête féroce, un animal. Alors que Jaime….). Jaime a déjà de la chance d’avoir de la valeur sinon il serait mort (et c’est évident qu’il en joue car il se sait intouchable).

    Je me rends compte que c’est dans ce chapitre que j’ai puisé la source de la signature de tous mes posts ! Ce n’est sans doute pas un hasard. Oui, ser Jaime est unique.

    Oui, comme tout le monde, quoi. Tyrion est unique aussi, Cersei également, Jon, Euron etc etc

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par R.Graymarch.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    DOH. #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #161831
    Sandrenal
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    Ce qui m’a marquée, à la relecture, c’est l’insalubrité de la cellule.

    Les cellules Tully n’ont rien d’extraordinaires. On a vu celles du Donjon Rouge et celles des Eyriés. Jaime lui-même indique que celles de Castral Roc sont bien pires et il n’hésitera pas à en menacer Edmure dans AFFC.

    #161898
    Sandor is alive
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    Merci pour ton analyse Sandrenal (et tous les autres :)).

    C’est quasiment le premier chapitre où Jaime n’est pas qu’un simple second rôle. Et bien qu’il se montre incroyablement ignoble et fanfaron, le lecteur a pour la première fois un aperçu de la profondeur de ce personnage.

    Concernant Gerold Hightower, je le vois comme un soldat fidèle jusqu’au bout à son serment envers son roi. Il y a un côté très militaire américain là dedans je trouve. C’est l’homme qui va obéir aux ordres jusqu’à la mort, sans laisser ses états d’âme prendre le dessus. Et c’est d’autant plus intéressant de voir l’aura dont bénéficie ce personnage ainsi qu’Arthur Dayne, Oswell Whent et leurs pairs, alors que Jaime restera probablement toujours le régicide aux yeux de tous (sauf des Lannister, et encore).

    Et pourtant, qui mérite le plus d’admiration: ceux qui ont « fait leur devoir » et soutenu le tyran sadique jusqu’au bout, ou celui qui l’a trahi parce qu’il pensait que c’était ce qu’il fallait faire ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par R.Graymarch. Raison: J'aime
    #161901
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Disons que c’est une problématique de soldat et d’obéissance aux ordres, je n’y vois rien de particulièrement « américain » là dedans

    Concernant Gerold Hightower, on n’est pas dans sa tête, donc on ne sait pas s’il s’est demandé lui aussi quel vœu suivre avant de fermer les yeux (et faire fermer ceux de Jaime) sur les mauvaises actions de la personne qu’il doit protéger. Peut-être qu’il a aussi eu des états d’âme (mais peut-être pas). Du coup, s’il avait été à la place de Jaime à la fin, aurait il agi comme lui? Reste qu’il entre dans l’histoire avec l’image d’une personne intègre, alors que Jaime n’a pas cette chance, pourtant il a commis une mauvaise action (et un bris de serment) pour éviter le pire.

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    #161902
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci pour ta réponse. Je parlais d’un côté « américain » en référence à toutes ces œuvres de fiction où des militaires US obéissent aveuglement aux ordres, etc… Il me semble que GRRM est plutôt un pacifiste dans l’âme (et dans ses actes) , donc la mise en scène des états d’âme de Jaime est peut être une occasion d’évoquer ses propres convictions.

    Je suis d’accord, on ne connaît pas les pensées de Gerold, ni ce qu’il aurait fait si Rhaegar avait gagné au Trident. Aurait-il fini par trahir son roi lui-aussi ?

    On ne le saura sans doute pas (sauf si on apprend plus sur les événements de la tour de la joie dans les prochains tomes, mais ça m’étonnerait un peu que tout ce beau monde ait pris le temps de disserter sur le sujet).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par R.Graymarch.
    #161934
    Liloo75
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    Je suis d’accord, on ne connaît pas les pensées de Gerold, ni ce qu’il aurait fait si Rhaegar avait gagné au Trident. Aurait-il fini par trahir son roi lui-aussi ? On ne le saura sans doute pas (sauf si on apprend plus sur les événements de la tour de la joie dans les prochains tomes, mais ça m’étonnerait un peu que tout ce beau monde ait pris le temps de disserter sur le sujet).

    Avant de partir combattre les troupes rebelles de Robert Baratheon, Rhaegar avait déjà l’intention de réunir un Grand Conseil pour traiter de la folie de son père Aerys. C’est ce qu’il explique à Jaime Lannister au moment de quitter le Donjon Rouge.

    Il voulait probablement obtenir la destitution d’Aerys, qui n’était plus en état d’exercer ses fonctions de roi.

    Les Gardes royaux étant très proches de Rhaegar, je parie qu’ils auraient suivi le fils plutôt que le père, s’il avait fallu choisir entre Rhaegar et Aerys. D’ailleurs, à la tour de la Joie, Rhaegar avait laissé trois des Gardes royaux pour veiller sur Lyanna, dont Gerold Hightower. Et ces trois hommes ont rempli leur mission jusqu’au bout, alors même que leur prince était mort.

    Néanmoins, nous ne saurons jamais pas ce qu’aurait fait le Taureau Blanc, s’il s’était retrouvé seul avec Aerys et ses pyromants prêts à faire brûler toute une cité…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #161981
    Sandor is alive
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    Je suis d’accord, on ne connaît pas les pensées de Gerold, ni ce qu’il aurait fait si Rhaegar avait gagné au Trident. Aurait-il fini par trahir son roi lui-aussi ? On ne le saura sans doute pas (sauf si on apprend plus sur les événements de la tour de la joie dans les prochains tomes, mais ça m’étonnerait un peu que tout ce beau monde ait pris le temps de disserter sur le sujet).

    Avant de partir combattre les troupes rebelles de Robert Baratheon, Rhaegar avait déjà l’intention de réunir un Grand Conseil pour traiter de la folie de son père Aerys. C’est ce qu’il explique à Jaime Lannister au moment de quitter le Donjon Rouge. Il voulait probablement obtenir la destitution d’Aerys, qui n’était plus en état d’exercer ses fonctions de roi. Les Gardes royaux étant très proches de Rhaegar, je parie qu’ils auraient suivi le fils plutôt que le père, s’il avait fallu choisir entre Rhaegar et Aerys. D’ailleurs, à la tour de la Joie, Rhaegar avait laissé trois des Gardes royaux pour veiller sur Lyanna, dont Gerold Hightower. Et ces trois hommes ont rempli leur mission jusqu’au bout, alors même que leur prince était mort. Néanmoins, nous ne saurons jamais pas ce qu’aurait fait le Taureau Blanc, s’il s’était retrouvé seul avec Aerys et ses pyromants prêts à faire brûler toute une cité…

    Oui je pense aussi qu’ils auraient suivi Rhaegar. D’ailleurs s’ils sont restés dans le sud plutôt que de le suivre dans le conflans c’est probablement qu’ils lui étaient entièrement dévoués.

    #161991
    Pandémie
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    Le comportement des trois gardes royaux est questionnable, proche de la rébellion, ils ne sont pas supposés rester surveiller la Tour de la Joie, que Lyanna ait l’héritier de Rhaegar ou pas, mais être auprès du roi, de Viserys ou de Rhaegar. Et c’est d’ailleurs questionné par Ned. C’est justement leur mort honorable et mystérieuse qui permet de « laver » ces soupçons. Selmy lui a failli mourir aussi. Donc il y a une question de forme, plutôt que de fond.

    A l’inverse, Jaime n’a jamais mis les formes. On le voit dans ce chapitre, il est odieux. Son traitement reste correct selon les standards de l’époque (ok, il est indigne selon les notres), on n’est pas à Harrenhal ni même dans la cellule de Ned… Son comportement arrogant à la cour n’est pas mieux. Il cultive cette image, or, elle n’est pas compatible avec sa fonction.

    Et si on remonte dans le passé, son comportement l’était aussi. La forme de la mort d’Aerys et la mise en scène ensuite étaient déplorables. Et sur le fond aussi, il est déplorable. On peut avoir une certaine empathie pour l’évolution du personnage, mais c’est quand même un type qui est prêt à tout pour niquer sa soeur et une grande partie des événements auraient été différents sans son incapacité à renoncer à cette pulsion interdite et toxique (non, ce n’est pas une circonstance atténuante de commettre un crime pour un masquer un autre, au contraire, c’est aggravant, dans notre monde comme à Westeros). Comme le dit Graymarch, ce chapitre montre surtout qu’il est moins creux, moins vain et plus complexe qu’on pourrait le penser initialement.

    Après, je ne suis pas convaincu qu’il est uniquement sincère avec Catelyn par amour de la vérité car il est tout a fait capable de mentir ou d’endosser un mauvais rôle s’il en a envie. Je pense qu’il est tout de même bien content de lui montrer qu’elle a d’autres ennemis autour d’elle que les seuls Lannister.

    #162000
    RichardIII
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Néanmoins, nous ne saurons jamais pas ce qu’aurait fait le Taureau Blanc, s’il s’était retrouvé seul avec Aerys et ses pyromants prêts à faire brûler toute une cité…

    Pour moi c’est franchement un non-débat. Personne ne peut laisser faire ça, au moins pour des raisons d’auto-préservation. Quand on voit qu’un type comme lord Chelsted s’y oppose, je vois mal pourquoi Hightower ou quiconque sain d’esprit n’aurait pas fait de même/ Je pense que la différence majeure entre Gerold Hightower et Jaime est que le lord Commandant n’aurait pas osé toucher au roi, mais ses pyromants auraient pris les coups.

    De plus, je pense que l’épisode de la tour de la joie montre clairement que les chevaliers de la Garde sont globalement dans le camp de Rahegar. A ce stade, leur loyauté se serait déportée sur ses enfants et brûler port-Réal n’est pas dans leur intérêt.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par R.Graymarch.
    #162014
    R.Graymarch
    • Vervoyant
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    Personne ne peut laisser faire ça, au moins pour des raisons d’auto-préservation.

    Pas du tout convaincu par cette remarque absolue. Je crains que l’histoire témoigne de pas mal de massacres qui auraient pu être arrêtés et ne l’ont pas été. Bien sûr, je n’envisage pas le fait de se laisser mourir dans l’incendie mais de fuir en sachant ce qui allait arriver.

    Du coup, je ne sais pas ce qu’aurait fait Gerold.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #162240
    DJC
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Concernant la chronologie de l’exécution de Brandon et Rickard décrite par Jaime dans ce chapitre, je mets un extrait du wiki pour ceux qui aiment les petits détails (merci Eridan pour cet éclaircissement à l’époque).

    Pour Eddard Stark, c’est lord Rickard, qui aurait été forcé de regarder l’exécution de Brandon (cf. A Game of Thrones, Chapitre 05, Eddard). Mais Jaime Lannister, témoin oculaire de la scène, se rappelle que lord Rickard était cuit dans son armure pendant que Brandon s’étranglait en essayant de le sauver (cf. A Clash of Kings, Chapitre 56, Catelyn et A Storm of Swords, Chapitre 32, Jaime).

    Au passage, merci pour vos analyses 🙂 J’ai un souvenir en primo-lecture de reflexion assez basique « Wow Jaime, en fait il est trop excellent !! » haha et Catelyn qui commençait à me gonfler un peu, en parallèle inversé disons.. bien joué Martin !

    #162311
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 5996

    Vraiment pas le temps de relire le chapitre, ni vos commentaires en détail. ^^’ Désolé.

    Il y a quand même un aspect questionné dans cette conversation sur lequel j’aimerais : la relation Catelyn-Petyr. Pourquoi Catelyn ne se rend pas compte que Littlefinger a tout magouillé ? Je me suis aussi longuement posé la question … La réponse me paraît en fait simple : elle ne peut pas.

    Nous, lecteurs, découvrons LF tel qu’il est dans la saga, par le prisme de personnages qu’il va tour à tour trahir … On se rend compte de l’ordure qu’il est. Catelyn n’en a pas conscience et ne peut pas en avoir conscience. Tout ce dont elle se souvient de lui, c’est cet enfant qui l’aimait si passionnément qu’il a failli mourir pour elle. Elle a beau ne pas connaître et se méfier légèrement de l’homme qu’il est devenu dans AGOT, elle ne le recroise que pour quelques instants à Port-Réal … Insuffisant, je dirais, pour comprendre le serpent qu’il est devenu. Pour moi, ce n’est pas un hasard si on a justement dans ce même chapitre et la mise en cause de Jaime, qui interpelle Catelyn :

    Tyrion lui avait dit exactement la même chose durant leur équipée dans les montagnes de la Lune, se souvint-elle. Elle avait refusé de le croire. Petyr en avait juré autrement, Petyr, le presque frère de jadis, Petyr qui l’aimait alors si passionnément qu’il s’était battu en duel pour obtenir sa main…, mais si les versions de Jaime et Tyrion concordaient à ce point, qu’en déduire ? D’autant que les deux frères ne s’étaient pas revus depuis leur séparation, à Winterfell, plus d’un an auparavant.

    et ce tendre souvenir, où on perçoit tout le dévouement du Petyr jeune de l’époque :

    « La nuit dernière, j’ai rêvé de la fois où Lysa et moi nous nous égarâmes en revenant de Salvemer. Vous rappelez-vous ce brouillard bizarre qui se leva, nous faisant toutes deux distancer par nos compagnons ? Tout était gris, et je n’y voyais goutte au-delà du chanfrein de mon cheval. Nous quittâmes la route à notre insu. Les branches avaient l’air de longs bras maigres tendus sur notre passage pour nous agripper. Lysa se mit à pleurer, et j’avais beau appeler, moi, le brouillard s’amusait à gober mes appels. Mais Petyr revint en arrière et nous retrouva…

    Chaque fois que Catelyn parle de LF, c’est de ce garçon-là qu’elle se rappelle : un presque frère, un amoureux passionné … Comment imaginer que ce garçon ait pu aussi mal tourner ?

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 5 mois par R.Graymarch.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #163233
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Chaque fois que Catelyn parle de LF, c’est de ce garçon-là qu’elle se rappelle : un presque frère, un amoureux passionné … Comment imaginer que ce garçon ait pu aussi mal tourner ?

    Pour ma part, je pense que Catelyn savait que Petyr n’était pas un enfant de choeur déjà jeune, et elle n’est pas prête à lui donner le Bon Dieu sans confession :

    « He was always clever, even as a boy, but it is one thing to be clever and another to be wise. I wonder what the years have done to him. » […]  He had been a sly child, but after his mischiefs he always looked contrite; it was a gift he had. AGOT Catelyn IV

    Dans ce chapitre, Catelyn ne rejette pas ce que dit Jaime, elle compare avec les versions de Jaime et Tyrion et elle commence à entrevoir la vérité, tout comme elle commence à entrevoir la vérité du mariage de sa soeur Lysa. J’aurais bien aimé une rencontre à venir entre Catelyn Stark et Littlefinger, et je suis certain qu’elle aurait confronté Littlefinger à ses mensonges et à ses trahisons.

    Comme vous tous plus haut, j’ai apprécié la difficulté pour les gardes royaux de tenir leurs serments, tous leurs serments. Et justement à côté de la cellule se trouve un pauvre être, aux allures furtives et au nez violacé. Quoi qu’il fasse il va se se faire engueuler, pris entre les loyautés envers son maître, son futur maître, et la fille de son maître. Habitué à obéir, il va obtempérer devant la menace creuse de Catelyn. Qui va se soucier de la punition qu’il va logiquement endurer après l’évasion de son plus prestigieux prisonnier ?

    « Sauf vot’ respect, m’dame, mais lord Edmure a dit pas de visite sans un billet d’écrit par lui, et ‘vec son sceau d’sus.
    — Lord Edmure ? Mon père est-il mort, sans que personne m’ait avertie ? »
    L’homme se lécha la lippe. « Non, m’dame, pas que j’sais.
    — Alors, tu vas m’ouvrir, ou bien je t’emmène à la loggia de lord Hoster, et tu lui expliqueras pourquoi tu crois bon de braver mes ordres. »
    Ses yeux tombèrent à terre. « Vot’ serviteur, m’dame. »

    Enfin dernier point qui m’a frappé, les arbres qui ont l’air d’agir aggressivement dans le souvenir d’enfance dont rêve Catelyn :

     Les branches avaient l’air de longs bras maigres tendus sur notre passage pour nous agripper.

    Je mets ce rêve en parallèle avec le cauchemar que fait Theon dans les premières lignes du chapitre suivant :

    Des racines entravaient la course de Theon, les branches nues le cinglaient au visage, marbrant ses joues d’égratignures sanguinolentes. Il fonçait au travers, aveuglément, fonçait, hors d’haleine, et le givre volait en éclats devant lui. ACOK Theon V

    Eh, tiens comme c’est bizarre ? Bran aussi que Theon est censé avoir tué va être accroché lui aussi par des arbres dans le bois sacré de Winterfell quand il en sortira. Par contre pour lui cet arbre se fera consolant :

    Si, pas après pas, les branches basses fustigeaient le visage de Bran, leurs feuilles épongeaient ses pleurs. ACOK Bran VII

    #165250
    Eridan
    • Vervoyant
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    Je n’ai toujours pas pris le temps de relire le chapitre en entier, mais je viens de me souvenir d’un détail, qui m’a marqué lors d’une relecture précédente de ce chapitre, et qui contribue à la construction de la relation Catelyn-Brienne (et Jaime ?) sur l’ensemble de la saga ; les liens qui les unissent, les serments, l’épée.

    Précédemment :

    « Je le [Stannis] tuerai, déclara-t-elle. Avec la propre épée de mon seigneur, je le tuerai. Je le jure. Je le jure. Je le jure. »

    ACOK, Catelyn IV.

    Les gros doigts calleux se crispèrent sur la garde de l’épée. L’épée de Renly, naguère. « J’en ai fait serment. Par trois fois. Vous l’avez entendu.
    […]
    Gauchement, la grande bringue s’agenouilla, dégaina l’épée de Renly, la déposa à ses pieds. « Je suis à vous, madame. Votre homme lige ou… ce qu’il vous plaira que je sois. Je serai votre bouclier, je garderai votre Conseil, je donnerai ma vie pour vous, s’il est de besoin. Je le jure par les anciens dieux et par les nouveaux.

    ACOK, Catelyn V.

    Dans ce chapitre :

    « Assurez-vous qu’on ne me dérange pas, Brienne. »
    Avec un hochement, la jeune femme se campa devant l’entrée de la cellule, la main posée sur le pommeau de son épée. « Que ma dame appelle, en cas de besoin. »

    […]

    La porte s’ouvrit, Brienne entra dans la cellule. « Vous avez appelé, madame ?
    — Votre épée, s’il vous plaît », dit Catelyn en tendant la main.

    C’est avec cette épée que Catelyn obtient des serments de Brienne (volontairement) et de Jaime (sous la menace). Encore des serments !!

    Les deux femmes se quittent, Brienne garde l’épée de Renly …

    Mais l’épée est volée quand les Braves Compaings les capturent. Une fois à Port-Réal, Jaime lui offre donc une autre épée :

    Des rubis flamboyèrent dans la lumière. Elle se saisit de cette merveille avec une infinie délicatesse, reploya ses doigts sur la poignée de cuir, et, lentement, tira la lame du fourreau. De rouge et de noir s’en irisèrent les plis et replis. Un doigt de jour sanglant courut le long du fil.
    […]
    « Une épée si belle doit avoir un nom. Vous me feriez plaisir de l’appeler Féale.

    ASOS, Jaime IX.

    Bon, déjà, le nom est parfaitement trouvé, et on nous rappelle en passant que Féale est une des deux épées que Tywin a obtenu en faisant fondre Glace, l’épée ancestrale des Stark. Brienne doit donc « défendre la fille de Ned Stark avec l’acier de Ned Stark » .

    Mais quand Brienne retrouve Catelyn, ça ne se passe pas si bien que ça : la « fillette » ne porte plus l’épée de Renly, mais celle des Lannister. D’où son procès devant lady Cœurdepierre et la Fraternité sans Bannière. Et ça amène à une fin de chapitre qui a été longuement commenté :

    « Les mots sont du vent, elle dit, traduisit le Nordien. Elle dit que vous devez prouver votre fidélité. * […] Elle dit que vous devez choisir. Prendre l’épée et tuer le Régicide, ou subir la pendaison des traîtres. L’épée ou le nœud coulant, elle dit. Choisissez, elle dit. Choisissez. »

    AFFC, Brienne VIII.

    Brienne refuse d’abord de choisir et finalement, quand les bandits commencent à la pendre, elle finit par « crier un mot » (alors que les mots sont du vent ! ^^). Ce mot, on le sait depuis un moment maintenant, c’est le seul susceptible de lui éviter la pendaison et de lui permettre de reparaître dans ADWD : épée (source). ^^

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #165255
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
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    Bon, déjà, le nom est parfaitement trouvé

    Surtout en VO ! L’épée s’appelle Oathkeeper, littéralement « Gardeuse de serments », et elle est remise par Jaime, souvent traité d’Oathbreaker, littéralement « Briseur de serments ».

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
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