[LPH] Présentation Joron Lesparre

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    Kellhus
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     « Un bout de métal, te rends-tu compte ? C’est pour cela que tu as renoncé à ta dignité ? Tu m’insultes, Joron, et tu me dégoûtes… Tu as payé en or pour ce joujou au lieu de l’acheter au fer-prix, et dans tes mains, il ne vaut désormais plus rien. Lâche-le donc, ici et maintenant, que l’écume le lave de ta faiblesse, et qu’un plus fort s’en saisisse… Le matin venu, n’embarque pas avec nous. Reste en pays vert, rejoins un de ces troupeau de moutons et va crever loin de la mer, en bêlant comme eux. Si tu reviens un jour sur nos grèves, je percerai moi-même ton cœur avec un pieu de bois flotté. »

    Quinze ans plus tard, les mots brûlaient encore comme du venin dans le souvenir de Joron. Quinze années de batailles, de blessures, de frustrations et de rebuffades, mais aucune qui ne mordît autant que celle-là. En comparaison, la vie avait été bien morne depuis que ses yeux avaient caressé une dernière fois la silhouette de l’Amer Ressac, le meilleur snekkar sur lequel il avait jamais navigué.

    De fils de serf, Joron Lesparre s’était hissé au rang de bosco sur les bateaux de la flotte aux ordres du seigneur de Noirmarées.

    A vingt et six ans, il comptait des dizaines de sorties, toutes couronnées de succès, avait tué plus d’hommes que la plupart des pilleurs qu’il connaissait, pris plus de femmes qu’il n’en daignait compter, gouté à tous les vins du pays vert, et mené sur l’eau des centaines de Fer-nés. Son nom avait vogué avec admiration dans les sept îles, et s’il n’était pas encore capitaine, il en avait secondé trois, et les deux derniers s’étaient battus pour l’avoir à son bord. Le vainqueur avait son âge. Un frère, presque, avec qui il avait tout partagé. Un homme exigeant qui avait fait de lui un meilleur fer-né, jusqu’à ce jour, où il lui avait tout retiré.

    Il revoit son propre geste de défi, le poignard brandi haut dans le ciel qui s’empesait de nuages, et son capitaine, poitrine découverte, sans armes sinon le feu de son regard, et lui, Joron, d’un geste brusque et mille fois répété, abattant son bras, faisant siffler la lame jusqu’entre ses pieds nus. Elle s’était fichée dans le sable, et n’en dépassait plus que la poignée en corne grise rehaussée d’argent, une unique opale luisant à son bout comme une larme nacrée. Il s’était vaguement attendu à un éclat de rire, comme si tout n’avait été qu’une boutade, comme si les mots terribles qui venaient de le frapper avaient encore le pouvoir de se transformer en caresse, mais son capitaine avait tourné les talons, ramassé les bottes qui gisaient tristement à côté des siennes, sans même un adieu.

    Sans même un merci.

    Quinze ans, et de nombreuses cicatrices plus tard, Joron Lesparre avait certes tracé son chemin à travers les longues prairies du pays vert, mais il n’était pas devenu un mouton. Oui, il avait dû en tondre quelques-uns, se parant même parfois de leur laine pour se faire ouvrir des portes, et s’il avait bêlé, c’était pour échapper aux regards des curieux que son apparence décharnée ne manquait pas d’attirer. La paix du vieux roi s’étendait sur les contrées vertes comme un édredon qui étouffait les cris des plus faibles, et pendant longtemps il rôda, prédateur solitaire et désavoué, souvent vêtu de haillons, dormant à la lisière des immenses forêts qu’il apprit à connaître, échappant toujours de justesse à la loi des hommes, et ne fraternisant avec aucun.

    Puis un jour, une fuite à peine plus désespérée que les autres lui avait fait croiser la route du capitaine Waterfyre et de son sanglant cortège. Les guerres du sud réclamaient l’appui d’hommes brutaux à qui l’or suffisait comme seule gloire, et dont l’honneur s’ordonnait à la plume, sur un coin de table.

    Mercenaire, il put à nouveau briller au combat, il put mener des soldats sur les flots ; il fit couler le sang sur le sable, il pilla des pirates, il but en compagnie de princes de papier, il paya d’or maintes richesses et pria souvent d’autres dieux que le sien. Il redevint lieutenant. Il réapprit à obéir. Mais dans son cœur plus jamais ne brilla la flamme de l’homme libre, plus jamais l’eau salée n’eut ce goût de noblesse féroce qui avait un jour été la sienne.

    Oui, il chevauchait à la droite du grand Curt Waterfyre ; oui, il s’était paré des signes d’une vie dangereuse mais opulente ; oui, son nom avait la couleur de l’effroi pour bien des gens de basse ou haute extraction, mais il savait n’être plus qu’un reflet, comme l’éclat déjà lointain d’une opale sur la plage.

    Alors au moment de franchir les hautes murailles de pierre noire et fondue, l’ancienne blessure s’était remise à saigner.

    Harrenhall ressemblait à un vestige, certes, mais restait une forteresse encore inexpugnable.

    Une folie qui avait apporté feu et sang, pourtant, elle concentrait en ce jour toute la puissance de sept royaumes.

    Un roi avait bâti ce château, mais c’est un homme qui y avait péri. Les dragons avaient éteint sa lignée, or, ni flamme ni fumée n’avaient pu dissoudre son souvenir. Le vieux Harren avait payé le fer-prix pour un monument à sa gloire éternelle.

    Ce qui est mort ne saurait plus mourir

    Non, Joron Lesparre n’était pas devenu un mouton. Mais il entra, au son des rires et des vivats de la compagnie, dans une cour immense et surpeuplée, le visage masqué par l’ombre de sa coule, les mains crispées sur les rênes de son palefroi, les gants mouillés des larmes qu’il venait d’essuyer.

    [HRP : Joron Lesparre annonce soutenir la faction des Caniveaux]

    • Ce sujet a été modifié le il y a 6 mois et 2 semaines par Kellhus.

    "On se prend souvent pour quelqu'un, alors qu'au fond, on est plusieurs."
    Raymond Devos

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