Prix Hugo – Marathon Lecture des romans et nouvelles

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  • Ce sujet contient 77 réponses, 18 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par DNDM, le il y a 2 mois et 3 semaines.
18 sujets de 61 à 78 (sur un total de 78)
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  • #115066
    FeyGirl
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    Jonathan Strange et Mr Norrell, de Susanna Clarke : je l’ai terminé avec peine !

    L’histoire et les protagonistes sont intéressants, mais ça n’a pas suffit. J’ai trouvé ce pavé indigeste, il n’a pas su me happer.

    L’auteur a certes imité le style de Jane Austen (l’histoire se déroule à la même époque que les romans de cette auteure), en mettant beaucoup d’ironie dans la description de ses personnages, mais au bout de quelques centaines de pages j’ai trouvé cette imitation lassante.

    Mais surtout, Susanna Clarke s’acharne à nous décrire son univers, et notamment le passé de la magie en Angleterre, principalement pas des longues notes de bas de pages. J’ai fini par trouver ce système inutilement répétitif et artificiel. C’est comme si elle avait voulu créer un Silmarillion, mais elle rajoute tellement de détails que ça m’a semblé à la fois insignifiant et indigeste.

    #126976
    Yoda Bor
    • Pisteur de Géants
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    2016 – Roman court : Binti par Nnedi Okorafor

    La traduction vient d’être publiée chez ActuSF en fin de mois dernier en regroupant les 3 nouvelles, dont la première avait reçu le prix.
    C’est de la SF assez simple, sans doute plutôt tournée adolescent, avec une héroïne jeune.
    A ce niveau là, ce n’est pas révolutionnaire, même si le rapport humains et méduses m’a bien bien plu. Mais si le roman démarre très vite, il s’enlise aussi assez vite et ne tourne qu’autour de deux personnages et on ignore à peu près tout de l’un d’entre eux.

    C’est bien plus intéressant d’un point de vue culturel, même si je n’emploie sans doute pas le bon mot.
    L’écrivaine est d’origine nigériane, son héroïne est Himba (pas compris pourquoi ça a été traduit Hambi en français) et c’est sur tout l’aspect des différences culturelles, de la volonté de Binti de trouver une vie en dehors de son peuple sans renier ses origines, du regard que les autres lui porte, que ce livre est vraiment intéressant.

    Arys du Rouvre 💜

    #132111
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Les nominations aux prix Hugo 2020 sont tombées : http://www.thehugoawards.org/hugo-history/2020-hugo-awards/
    Dans la catégorie meilleur roman (mais toutes les nominations sont disponibles via le lien) :

    • The City in the Middle of the Night, Charlie Jane Anders
    • Gideon the Ninth, Tamsyn Muir
    • The Light Brigade, Kameron Hurley
    • A Memory Called Empire,  Arkady Martine
    • Middlegame, Seanan McGuire
    • The Ten Thousand Doors of January, Alix E. Harrow

    ~~ Always ~~

    #132126
    DNDM
    • Fléau des Autres
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    Best Novella

    • “Anxiety Is the Dizziness of Freedom”, by Ted Chiang (Exhalation (Borzoi/Alfred A. Knopf; Picador))
    • The Deep, by Rivers Solomon, with Daveed Diggs, William Hutson & Jonathan Snipes (Saga Press/Gallery)
    • The Haunting of Tram Car 015, by P. Djèlí Clark (Tor.com Publishing)
    • In an Absent Dream, by Seanan McGuire (Tor.com Publishing)
    • This Is How You Lose the Time War, by Amal El-Mohtar and Max Gladstone (Saga Press; Jo Fletcher Books)
    • To Be Taught, If Fortunate, by Becky Chambers (Harper Voyager; Hodder & Stoughton)

    Best Novelette

    • “The Archronology of Love”, by Caroline M. Yoachim (Lightspeed, April 2019)
    • “Away With the Wolves”, by Sarah Gailey (Uncanny Magazine: Disabled People Destroy Fantasy Special Issue, September/October 2019)
    • “The Blur in the Corner of Your Eye”, by Sarah Pinsker (Uncanny Magazine, July-August 2019)
    • Emergency Skin, by N.K. Jemisin (Forward Collection (Amazon))
    • “For He Can Creep”, by Siobhan Carroll (Tor.com, 10 July 2019)
    • “Omphalos”, by Ted Chiang (Exhalation (Borzoi/Alfred A. Knopf; Picador))

    -> Becky Chambers s’installe définitivement dans le classement des autrices SF incontournables (pour Ted Chiang et N.K. Jemisin, c’était déjà fait).

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #139752
    no_one
    • Terreur des Spectres
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    Fournée 2020 (GRRM était l’hôte de la cérémonie, mais ça ne restera un des sommets de sa carrière a priori.)

    Roman : Un souvenir nommé empire (A Memory Called Empire) par Arkady Martine
    Roman court : This Is How You Lose the Time War par Amal El-Mohtar et Max Gladstone
    Nouvelle longue : Emergency Skin par N. K. Jemisin
    Nouvelle courte : As the Last I May Know par S. L. Huang
    Série littéraire : The Expanse (The Expanse) par James S. A. Corey

    [J’avais oublié les] Rétro Hugo 1945[. Et regardez The Good Place, si ce n’est déjà fait, le S4E9 a eu la meilleure présentation dramatique (format court). Nympha avait déjà loué la série dans un Son du Mur.]

    Roman : Shadow Over Mars par Leigh Brackett
    Roman court : Killdozer (Killdozer!) par Theodore Sturgeon
    Nouvelle longue : La Ville (City) par Clifford D. Simak
    Nouvelle courte : I, Rocket par Ray Bradbury
    Série littéraire : Mythe de Cthulhu (Cthulhu Mythos) par H. P. Lovecraft, August Derleth et autres

    Lu L’Appel de Cthulhu édition illustrée par Baranger, c’est l’occasion de tenter le jdr. @jeanneige

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 8 mois par no_one.

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #139786
    Aerolys
    • Fléau des Autres
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    [. Et regardez The Good Place, si ce n’est déjà fait, le S4E9 a eu la meilleure présentation dramatique (format court). Nympha avait déjà loué la série dans un Son du Mur.] Roman : Shadow Over M

    Je confirme. Regardez la série !

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #142590
    Nymphadora
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    La cinquième saison, de N. K. Jemisin

    Premier tome d’une saga multi-récompensée aux prestigieux Hugo, La cinquième saison est un roman à la frontière entre fantasy et SF. Dans un monde où les catastrophes géologiques sont légion, nous suivons trois femmes, des orogènes, qui ont le pouvoir de manipuler la terre, en jouant sur son activité sismique. Leur caste est discriminée, leur pouvoir fait peur autant qu’il suscite une volonté de contrôle de la part de la caste dirigeante.
    Je ne veux trop en dire et n’arriverais de toutes façon pas à faire justice à la complexité de ce monde et de ces personnages. Au fil des pages, l’autrice nous fait découvrir son monde, un monde complètement « autre » : on découvre les choses progressivement, en étant au début complètement perdu, en découvrant les cicatrices de ce monde et en croisant sur la route des artefacts mystérieux de civilisations anciennes (d’où le mélange SF et fantasy, où l’on est à la fois dans du post-apocalyptique et dans la fantasy par les aptitudes magiques des protagonistes). On suit ces trois femmes dans un parcours douloureux, en les découvrant elles-aussi progressivement et en apprenant à les apprécier. J’ai mis un peu de temps à rentrer dans le roman (d’autant plus que le récit à trois voix est perturbant car l’une des trois femmes fait l’objet de chapitres écrits à la deuxième personne, ça m’a un peu déroutée) mais ce tome, qui reste très introductif, m’a laissé une impression de fascination. Je vais probablement très vite enchaîner avec la suite parce que je veux vraiment comprendre plus ce monde plein de mystères !

    ~~ Always ~~

    #144395
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    La Porte de cristal, de N. K. Jemisin

    Dans la continuité du premier tome, on retrouve Essun, l’héroïne principale du premier tome, là où on l’avait laissée et on enchaîne. On commence à en apprendre plus sur la magie de ce monde, ça flirte plus avec la fantasy que le premier tome qui avait une vibe post-apocalyptique plus marquée. Mais le monde si inventif, et les personnages si profonds sont toujours là, avec leurs failles, leur antipathie qui les rendent finalement si attachants. J’ai peut être été légèrement moins embarquée par ce tome, la découverte faisant place à une action plus lente, une mise en place de ce qui s’annonce comme un final explosif. Les seconds rôles sont peut-être un peu moins présents également, et on aimerait parfois apprendre à mieux les connaître eux aussi. On est plus sur un tome de transition du coup, mais qui conserve pour l’essentiel les forces du premier tome à mes yeux.

    ~~ Always ~~

    #146490
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Les cieux pétrifiés, de N. K. Jemisin

    Troisième et dernier tome de la trilogie de la terre fracturée, Les cieux pétrifiés achèvent la saga en beauté. Le récit est en totale continuité avec les deux tomes, et permet d’apporter un éclairage nouveau sur certains points des tomes précédents (notamment sur un gimmick d’écriture qui prend tout d’un coup tout son sens), tout en apportant une conclusions satisfaisantes à l’ensemble. L’univers, entre fantasy et science-fiction, est toujours aussi original et captivant, et petit à petit, on comprend certains questionnements et certaines ellipses qui s’éclairent, tout en concevant une part de mystère. Les parcours des personnages résonnent en nous, abordant des thématiques comme le racisme, l’endoctrinement, la famille, la destruction de l’environnement… Le tout donne une intrigue complexe, et cohérente.

    Bref, une trilogie prenante et bien exécutée qui me laissera un bon souvenir. Maintenant, est-ce que ça vaut les 3 Hugo de suite qui en ferait un peu la trilogie du siècle ? Pas forcément à mes yeux m’enfin je sais pas trop ce qu’il y avait en face, la compétition était peut être pas folle ces années là, et la thématique est suffisamment forte pour remporter l’adhésion de beaucoup de votants. Mais en tout cas, j’ai apprécié ma lecture, et rien que pour le mélange inventif entre SF et fantasy, je trouve que ça vaut le coup d’oeil.

    ~~ Always ~~

    #147128
    Pandémie
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    Je viens de finir la trilogie de N.K Jemisin, dont la lecture s’est étalée sur plusieurs mois. Wow… Si vous vous posiez la question de savoir si cela vaut un Hugo, clair que oui. Mainenant, est-ce que cela en valait 3 de suite, clairement non.

    Le premier tome présente l’univers, un monde où la Terre est totalement instable, donnant lieu à ce qu’on appelle une cinquième saison, c’est-à-dire en générale des périodes où des ras-de-marées, volcans, nuages de cendres, séismes, gaz toxiques etc. vont modifier le climat et mettre à mal la survie de l’espèce humaine sur des décennies voir des siècles, mettant à mal les civilisations. L’humanité a mis en place un système darwinien de l’extrême, lié à la survie des plus forts et des plus aptes, avec notamment un système de caste. Une de ces castes comporte les orogènes, qui ont la capacités de manipuler les forces telluriques, et donc de stabiliser ou de créer le chaos, ils sont autant craint que persécutés.  Et l’intrigue via le parcours de trois femmes orogènes. L’univers en soit est très intéressant, il met en scène ce que l’humanité à de plus sombre: violence, sexisme, racisme viols, meurtres mais aussi la force de la volonté et sa capacité à survivre malgré tout. A tel point que ça en est parfois presque étouffant et que l’auteure en vient presque à s’en excuser, au moment de faire une ellipse: Vous vivez une période de bonheur  que je ne vais pas vous décrire. Elle n’a aucune importance. Peut-être n’aimez-vous pas que je m’attarde autant sur les horreurs et la souffrance mais, après tout, c’est la souffrance qui nous façonne. […] Interlude tome 1

    Donc mieux vaut avoir le coeur bien accroché. Si le confinement vous pèse, ça vous aidera à vous dire que ça pourrait être pire mais pas à vous dire que tout ira bien.

    C’est aussi très bien écrit, et bien traduit. Le champ lexical des minéraux et des sciences de la terre convient très bien à l’intrigue et l’ambiance. Les personnages portent souvent des noms de roches, les descriptions des phénomènes et de la géologie comporte en même temps une froideur et une dureté minérale et en même temps une poésie et une beauté intrinsèque, comme un grenat ou une géode. De plus, Jemisin joue avec les codes, entre des trucs  assez classiques du genre (par exemple des petits extraits introductifs d’une encyclopédie fictive) et des ruptures dans les PoV et la narration, on ne sait parfois pas vraiment qui s’exprime, le personnage ou un témoin de la scène, elle s’adresse directement au lecteur via le personnage brisant en quelque sorte le 4ème mur, … C’est très riche et intéressant, ciselé comme un diamant.

    Quelques petits bémols, l’aspect science de la science fiction n’est pas très présent ni toujours juste, mais si on prend cela dans une perspective plus fantastique et poétique, a passe, et il y a un gros twist en fin de tome 1 qui est pour moi une grosse arnaque même si on sent venir le truc

    Spoiler:
    On découvre que les 3 personnes sont en fait la même à 3 âges différents. Si ça marche pour les plus jeunes, la plus âgée qui pas une seule seconde ne se souvient de son passé alors qu’elle revit des événements similaires, comme la perte d’un être cher, mouais.

    Les tomes 2 et 3 sont dans la même veine, et c’est là que j’ai un peu de la peine avec les trois Hugos, c’est qu’on a plus l’impression d’un gros roman de 1100 pages coupé en trois, ou à la limite deux romans, que trois romans différents. Notamment le deuxième, j’avoue ne pas être capable de dire quand le premier tome se termine et quand le second commence. L’ambiance et les horreurs et les procédés d’écriture deviennent répétitifs. Ce qui fait que si j’ai dévoré le début, j’ai ensuite beaucoup posé les tomes suivants. Cela dit, Jemisin a réussi à conclure son cycle de manièer tout à fait satisfaisante, et j’espère qu’elle en restera là.

    Le premier tome est néanmoins magistral, une oeuvre à lire absolument, et les autres sont là pour le conclure.

     

    #152188
    Yoda Bor
    • Pisteur de Géants
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    Terra Ignota a été finaliste en 2017, j’ai lu les tomes 1 (Trop semblable à l’éclair) t 2 (Sept redditions) l’année dernière et j’ai trouvé ça … décevant.
    J’ai aimé certains personnages et l’intrigue générale sur le vol de la liste, il y a de l’idée sur ce futur dans lequel les ruches ont remplacé les états, mais j’ai trouvé ça beaucoup trop compliqué pour ce que ça voulait dire.

     

    J’ai terminé aussi le troisième tome du Problème à trois corps, La mort immortelle et là c’est avec le personnage principal que j’ai eu du mal. L’idée de repartir de notre présent pour sauter jusqu’à la fin du tome 2 était très bien mais Cheng Xin est terriblement passive et les choses n’avancent que malgré elle alors qu’elle fait tout simplement : Rien. J’ai vraiment trouvé ça bizarre de l’avoir en personnage principal et du coup j’ai eu du mal à m’impliquer dans ce qui arrive alors qu’il arrive justement tout plein de choses (mais certainement pas grâce à elle).

    Arys du Rouvre 💜

    #153981
    no_one
    • Terreur des Spectres
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    [édit : une partie de la conversation a été déplacée vers un nouveau sujet : GRRM, la WorldCon et les prix Hugo]

    Pour revenir aux œuvres du sujet, il est plus que temps pour moi d’actualiser ma liste lue et de revenir sur celles de cet automne-hiver.

    Spoiler:

    Nouvelle courte : Robbie par Isaac Asimov
    Nouvelle longue : Les Encyclopédistes (Foundation) par Isaac Asimov
    Roman court : Le Petit Prince par Antoine de Saint-Exupéry
    Roman : Le Mulet (The Mule) par Isaac Asimov
    Roman court : Animal Farm par George Orwell
    Nouvelle courte : Pour servir l’homme (To Serve Man) par Damon Knight
    Nouvelle courte : The Star par Arthur C. Clarke
    Nouvelle : Des fleurs pour Algernon (Flowers for Algernon) par Daniel Keyes
    Roman : La Main gauche de la nuit (The Left Hand of Darkness) par Ursula K. Le Guin
    Roman court : Chanson pour Lya (A Song for Lya) par George R. R. Martin
    Nouvelle longue : L’Homme bicentenaire (The Bicentennial Man) par Isaac Asimov
    Nouvelle longue : Les Rois des sables (Sandkings) par George R. R. Martin
    Nouvelle courte : Par la croix et le dragon (The Way of Cross and Dragon) par George R. R. Martin
    Roman : Fondation foudroyée (Foundation’s Edge) par Isaac Asimov
    Roman court : Blood of The Dragon [dans A Game of Thrones], par George R. R. Martin
    Roman : Harry Potter et la Coupe de feu (Harry Potter and the Goblet of Fire) par J. K. Rowling
    Roman : La Justice de l’ancillaire (Ancillary Justice) par Ann Leckie
    Roman : La Cinquième Saison (The Fifth Season) par N. K. Jemisin
    Série littéraire : Les Voyageurs (Wayfarers) par Becky Chambers

    3 lectures qui faisaient partie du challenge, si je ne m’abuse : La Cinquième Saison, La Main gauche de la nuit & Animal Farm.

    Fable animalière, satirisant en 10 chapitres l’usurpation stalinienne de la révolution de 1917, et les idéaux socialistes chers à Orwell, Animal Farm se révéla autrement plus riche que la simple image de propagande anticommuniste que celle-ci – et l’autre œuvre la + célèbre de son auteur – se trainent parfois dans certains cercles… L’éponyme ferme des animaux est en effet inspirée dans sa révolution par une figure évoquant Marx/Lénine dont la critique de l’état des lieux précédent et le rêve restent traités positivement par le récit ; de même, si le livre n’épargne, à juste titre, la prise de pouvoir stalinienne et son détournement progressif de ses idéaux initiaux dans une dérive totalitariste, qui ramène petit à petit l’utopie des premiers jours à un système d’exploitation classiste, dont les animaux ne peuvent plus guère dire si c’était vraiment pire avant, il ne manque pas non plus de souligner l’hypocrisie opportuniste des blocs autour (entre systèmes guère plus enviables et volontés politiques de faire tomber cette alternative, tout en voulant en profiter quand c’est un avantage) et de critiquer les compromissions des nostalgiques de l’époque tsariste et des clergés, dont les représentant-es fuirent moins les dérives stalinistes que les idéaux socialistes et l’impact qu’ils eurent initialement sur leurs privilèges & leur contrôle du peuple.

    Au-delà de l’État spécifiquement satirisé, c’est un avertissement contre le totalitarisme de manière générale (ce n’est pas pour rien que la figure stalinienne fut nommée Napoléon) et les couleuvres que les systèmes classistes peuvent faire avaler pour justifier leur pouvoir (un passage concernant la nécessité pour les cochons [figurant le Politburo] de s’accaparer les pommes, afin que leur direction avisée en fasse retomber les bénéfices sur l’ensemble des animaux, ne peut que faire penser à la soi-disant théorie du ruissellement de nos jours), combinant propagande d’État & détournement de l’éducation afin de réécrire l’Histoire, jusqu’à une conclusion à l’horreur on ne peut plus éloquente

    Spoiler:
    voyant les animaux ne plus pouvoir faire la différence entre cochons et hommes, stalinistes et capitalistes.

    J’ai lu quelques critiques a posteriori (vision naïve de la figure trotskyste et abêtissante du peuple qui peut amener une interprétation moins en ligne avec les supposés idéaux d’Orwell) mais autrement je trouve que cette novella se lit encore (tristement) bien aujourd’hui.

    C’est peut-être moins le cas pour l’œuvre de Le Guin. La Main gauche de la nuit est une œuvre déstabilisante – qui fut à la fois pionnière dans son exploration du genre et de son impact sur l’humanité, l’influence d’un mysticisme tao peu commun chez les anglophones, et la dimension anarchiste dans sa vision de l’Ekumen et sa critique des deux blocs (aristocratique et bureaucratique) dominant Nivôse… De l’autre, comme souvent pour les œuvres pionnières, elle peut à la lecture plus tard paraître désuète, dans son utilisation du masculin générique, de présupposés qui peuvent être lus comme essentialistes ou du moins ne remettant pas suffisamment en cause les stéréotypes de genre ; mais aussi difficile à pénétrer, notamment du côté de son expérimentation religieuse ; et son récit collé au sol est très loin de ce qu’on pourrait attendre d’un cycle consacré à une civilisation interstellaire, tout en gardant une structure caractéristique de titres du cœur de la Guerre Froide… Toutefois, pour peu qu’on lui laisse sa chance, se révèle une œuvre subtile, au dernier tiers dépouillé et d’autant plus fort, qui laisse une marque profonde : c’est un récit de son époque, dont on peut néanmoins ressentir l’importance au-delà.

    Et enfin, le premier tome de la fameuse trilogie aux trois Hugos : La Cinquième Saison. Je vais rejoindre l’enthousiasme de Dora et Pandémie, c’est un roman de science fantasy très efficace, combinant une narration originale (triple protagoniste à diverses époques & adresse de l’une à la 2e personne du singulier) à un fond qui ne l’est pas moins dans sa cosmogonie, tout en dépoussiérant les thèmes non pas inédits mais revitalisés par la nouvelle vague d’auteurices de l’imaginaire, des littératures spéculatives. Jemisin livre ici par une exploration intime des conséquences de l’impérialisme, du (post)colonialisme, du racisme, de l’esclavagisme, un portait terrible de leurs ravages sur les individus et les sociétés, tout en soulignant l’artificialité des hiérarchies raciales/sociales, de leurs justifications, ayant d’autant plus d’écho aujourd’hui qu’elle fait la part belle aux personnages féminins, racisés, queer – et montre l’horreur implacable des systèmes d’exploitation, jusqu’à une fin que j’ai d’autant plus craint que je la savais par avance inspirée de celle de SPOILER. Je n’ai pas encore la main sur la suite mais je l’attends avec hâte. Du côté de la VF, je note au passage quelques franches réussites dans les néologismes mais un changement de registre, peut-être pas des plus inspirés, pour certains choix.

    Spoiler:
    Et, contrairement à Pandémie, je n’ai pas eu de souci avec le twist des 3 protagonistes, que j’ai vu venir rapidement ; en revanche, la révélation de l’identité du narrateur qui s’adresse au « nous » me laisse un peu dubitatif.

    (Et comme je l’avais déjà dit en mp à JN, particulièrement marqué par la relation Fulcrum / orogènes / fixes : entre une horrible version de l’Ordre Jedi et la relation Organisation / guerrières / reste dans Claymore. Ah, et oui, les protag’ font dans la piraterie quelques années, d’où le thème « Asha » du challenge. ^^)

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par no_one.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années par Babar des Bois. Raison: Fractionnement du sujet

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #154211
    DroZo
    • Terreur des Spectres
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    Je viens de terminer le premier tome la Terre Fracturée de N.K. Jemisin. J’avais lu des critiques dithyrambiques, un énorme coup de cœur de plein de gens… et au final j’ai été très déçu. Ce tome 1 se révèle au final être un tome d’introduction, et je n’aime pas les romans qui font que de l’exposition au lieu de raconter leur histoire. L’histoire des trois héroïnes est quasi inexistante à part un peu à la fin quand elles trébuchent accidentellement sur un début d’intrigue. L’univers en lui-même aurait pu être original et intéressant, mais est montré de façon bien trop superficielle pour que je m’y sente immergé. En fait, je l’ai trouvé plat et vide. Le concept du monde est intéressant, mais son développement est bien trop lambda et peu mémorable pour que je ressente une fascination pour lui.

    Bref, je suis très triste de ne pas avoir accroché. Tant pis, j’espère que j’aurais plus de chance avec mes prochaines lectures 🙂

    MJ du jeu de rôle sur forum Les Prétendants d’Harrenhal (LPH).Rejoignez-nous !
    A.k.a. Fanta le Fantôme avec des bulles dans DOH10.

    #164713
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Les Hugo 2021 ont été attribués ce week-end : http://www.thehugoawards.org/hugo-history/2021-hugo-awards/

    C’est l’année « Murderbot » : Martha Wells a remporté à la fois le prix du meilleur roman et de la meilleure saga.

    ~~ Always ~~

    #171109
    Yoda Bor
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    – The City and the City de China Miéville. J’ai lu le livre et vu la mini série quasiment en parallèle (très mauvaise idée) ce qui fait que j’ai un avis assez brouillé sur ma lecture. Le concept est génial, l’enquête policière bien moins mais pour l’atmosphère et tout simplement l’idée, ça vaut largement le détour. Pour le coup ça m’a donné vraiment envie de découvrir le reste de ce qu’il a écrit.

    Dans la catégorie « Nommé en 2002 » j’ai lu Perdido Street Station de China Miévilla (en 2019 mais j’avais un peu déserté ce topic).
    C’est long, c’est lent, mais c’est ultra riche et plein d’idées.
    Un peu comme pour The City & The City, c’est la ville qui prend toute la place avant de laisser un peu de liberté aux personnages. Du coup, ça met du temps à décoller, mais une fois que c’est fait, c’est impossible à lâcher.
    C’est vraiment un auteur que je recommande.

    Dans la catégorie « Nommé en 2012 », L’éveil du Léviathan de James S.A. Corey, qui est très chouette.

    Dans la catégorie « Nommé en 2014 », le premier tome de La roue du Temps de Robert Jordan : Bof, j’ai rapidement sombré dans l’ennui.

    Arys du Rouvre 💜

    #194788
    FeyGirl
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    La Guerre éternelle, de Joe Haldeman

    1974 en VO, 1976 en VF

    Prix Hugo, Prix Nebula, Prix Locus.

    Le grand chelem !

    La Terre est en guerre contre les Taurans. Qui sont les Taurans ? Personne ne le sait vraiment car on ne les a jamais vus, mais des vaisseaux sont détruits après avoir franchi des collapsars, ces portails qui permettent d’aller instantanément d’un endroit à l’autre de la galaxie. On ne sait pas où sont les vaisseaux des Taurans, on ne sait même pas de quelle planète ils viennent. On les a appelés ainsi car la disparition de vaisseaux terriens a eu lieu dans la constellation du Taureau.

    La Terre organise la riposte : les jeunes gens les plus intelligents sont sélectionnés pour faire partie d’unités d’élite. Ils n’ont pas la possibilité de refuser. William Mandella est envoyé avec d’autres conscrits s’entraîner sur Choron, une planète deux fois plus lointaine que Pluton, où la température est proche du zéro absolu et le paysage digne d’un enfer gelé. De cet entraînement dans des conditions extrêmes, avec des tenues et des équipements délicats à manipuler, tous ne s’en sortent pas vivants. L’armée endurcit à tout prix ses soldats, et tant pis si certains meurent pendant l’entraînement.

    Vient enfin la première mission, près d’un portail collapsar. Là aussi, ils savent qu’ils ne s’en sortiront pas tous vivants quand arriveront ces mystérieux Taurans… Après des combats meurtriers, les rescapés reviennent sur Terre.

    Une Terre qu’ils ne connaissent plus : les lois de la relativité les ont fait voyager sur des années-lumière. Pour eux, deux ans sont passés, mais beaucoup plus sur leur planète natale. La technologie a fortement évolué et ils n’ont plus de compétence utile, et surtout la société et les mentalités sont radicalement différentes.

    On leur avait fait de belles promesses quand ils avaient intégré l’armée, notamment celles d’une solde confortable et d’une retraite bien méritée. Mais ils se voient contraints de revenir dans l’armée, qui rompt sa deuxième promesse de les cantonner à la formation des nouveaux conscrits. Les voilà à nouveau envoyés sur de lointains champs de bataille, à affronter cet ennemi qui copie les stratégies et les technologies des humains. Et surtout, plus ils font des sauts collapsars, plus ils franchissent des siècles et savent qu’ils trouveront à nouveau une Terre profondément transformée.

    Ce roman multiprimé, devenu un classique de la SF, offre une richesse de thématiques. Le plus évident est la relativité qui tord le temps : les soldats sautent de siècle en siècle, et le monde qu’ils ont connu n’est plus le même. Le choc culturel est inévitable pour ces hommes et femmes du passé devenus décalés. Et du côté de l’évolution de la guerre, des événements arrivent alors que les soldats sont à des années-lumière de là : la distorsion du temps entraîne celle de l’information.

    L’aspect hard-SF est présent à travers la relativité, mais aussi avec la description de l’environnement des planètes ou la technologie des humains. Les explications scientifiques sont toujours accessibles et bien intégrées dans le récit ; elles peuvent même provoquer des situations à très forts enjeux.

    L’auteur imagine un héros qui dès le départ n’était pas motivé pour se battre, mais a été forcé par le système mis en place par les dirigeants. Quand il croit bénéficier de sa liberté, diverses manœuvres le contraignent à rempiler. L’individu n’est rien face aux nécessités supérieures. William Mandella a de plus en plus de recul avec cette guerre, et garde un certain esprit critique qui cependant ne lui permet pas d’échapper à sa condition. Il sait qu’à chaque bataille il risque de mourir, il voit ses camarades tomber sous le feu ennemi, et revenu sur Terre tout est mis en œuvre pour le forcer à retourner sur le champ de bataille. Il n’est qu’un pion. L’absurdité de la guerre est renforcée par le fait qu’on ne connaît pas l’ennemi ni ses motivations. C’est seulement… une guerre totale.

    Enfin, l’évolution des technologies impacte les stratégies, dans un cadre où chaque belligérant observe l’autre, apprend et analyse les réactions de l’adversaire. Le héros est témoin de l’avancée des sciences, tout en n’ayant pas les connaissances pour les comprendre.

    Un roman rythmé grâce à des chapitres courts, qui mérite le détour. Hormis ses considérations sur l’hétérosexualité et l’homosexualité (qui, selon l’auteur, seraient les conséquences de l’éducation et de la culture), ce roman n’a pas vieilli.

    #198064
    Nymphadora
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    Un nouveau drama aux Hugo ^^
    Il semblerait que des romans (dont Babel, dont on avait discuté lors d’un MMA l’an dernier) aient été coupés arbitrairement de la sélection officielle malgré leur éligibilité, en raison des prises de positions de leurs auteurs pas tout à fait au goût de l’hôte (la Chine).

    Pour plus de détails : https://www.theguardian.com/books/2024/jan/24/science-fiction-awards-held-in-china-under-fire-for-excluding-authors

    ~~ Always ~~

    #198069
    DNDM
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    Des Hugos sans drama ne sont pas vraiment des Hugos 😉

    En français:

    Actualitté

    ActuSF

    Elbakin

    Pour le fond du dossier… disons qu’en choisissant d’organiser cette édition en Chine, fallait s’attendre à des choses du genre.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 mois et 3 semaines par Lapin rouge. Raison: Correction lien Elbakin

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

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