[ASOIAF] La magie du vent

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
  • Auteur
    Messages
  • #211185
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6491

    Magie du vent

    Qui envoie le vent, déjà ?

    Si vous avez suivi la relecture Au fil des pages, j’ai posé plusieurs fois cette question dans plusieurs sujets. C’était, comme je l’ai expliqué à l’époque un clin d’œil à une affirmation d’Osha :

    – Explique-moi ce que tu voulais dire avec entendre les dieux. »
    Elle le scruta. « Tu demandais, ils répondaient. Ouvre tes oreilles, écoute, tu entendras. »
    Il s’exécuta. « Ce n’est que le vent, reprit-il, sceptique, au bout d’un moment. Les feuilles qui frissonnent.
    – Et c’est qui qu’envoie le vent, tu crois, si c’est pas les dieux ? […] Ils te voient, mon gars. Ils t’entendent parler. Ton frisson de feuilles, c’est quand ils répondent.

    AGOT, Bran VI.

    Partant de cette remarque, je me suis dit qu’il y avait peut-être des volontés divines et cachées dans certains coups de vent de la saga.

    Un peu plus loin, j’ai trouvé une mention d’un pouvoir un peu plus puissant encore que les dieux détiendraient sur les vents :

    C’est une longue course, d’Accalmie jusqu’ici. Sa flotte doit contourner le Bec de Massey, franchir le Gosier puis enfiler la baie de la Néra. Sait-on jamais si, dans leur bonté, les dieux ne vont pas déchaîner contre elle une tempête afin d’en purifier les mers ?

    ACOK, Sansa IV.

    Les dieux (anciens) soufflerait des messages dans les feuilles et les dieux (nouveaux) provoqueraient des tempêtes ravageuses ? Les superstitions d’Osha et de Dontos Hollard sont-elles complètement infondé ?

    J’ouvre donc ce sujet dans le même état d’esprit que celui sur les possibles apparitions de Freuxsanglant : pour lister, classer et théoriser autour des vents, zéphyrs, bourrasques et typhons de la saga. Si on admet que certains sont surnaturels, lesquels sont concernés ? Et quel est le but des « dieux » anciens ou nouveaux … ou des mages qui ont envoyé ces vents ? Et comment ça marche ?

    Des mots dans le vent

    « Les mots sont du vent. » comme s’évertuent à nous le rappeler les personnages de la saga. La maxime est généralement utilisée pour signifier que « la parole donnée n’engage que celui qui y croit » . Pourtant, je suis convaincu qu’il y a une autre interprétation cachée à entendre dans cette maxime. Vent et voix se mêlent intimement dans ce sujet. Les mots amène la magie.

    Osha disait « Ton frisson de feuilles, c’est quand ils répondent » . Un moyen de communiquer bien peu pratique, diront certains. Mais plus on avance dans les intégrales, plus il semble que les dieux (les anciens ou les vervoyants) ont bien le pouvoir de murmurer dans le vent, et même de se faire entendre.

    Dans la dernière intégrale, Bran commence son apprentissage de vervoyant, il établit un premier contact avec son père, via le barral de Winterfell, dans un passé lointain.

    Bran ferma les yeux et se dégagea de sa peau. Dans les racines, se répéta-t-il. Dans le barral. Deviens l’arbre. Un instant il vit la caverne dans son manteau noir, il entendit la rivière se précipiter en contrebas.
    Puis, d’un seul coup, il se retrouva chez lui. Lord Eddard Stark était assis sur un rocher à côté du vaste bassin noir dans le bois sacré, les pâles racines de l’arbre-coeur se tordant autour de lui comme les bras noueux d’un vieillard. Glace, sa grande épée, reposait dans le giron de lord Eddard, et il nettoyait la lame avec un chiffon huilé.
    « Winterfell », souffla Bran.
    Son père leva les yeux. « Qui est là ? » demanda-t-il en se retournant…
    … et Bran, effrayé, se retira. Son père, l’étang noir et le bois sacré s’effacèrent et disparurent

    […]

    – Mais, protesta Bran, il m’a entendu.
    Il a entendu un chuchotement dans le vent, un froissement parmi les feuilles. Tu ne peux lui parler, en dépit de tous tes efforts. Je le sais. J’ai mes propres fantômes, Bran. Un frère que j’adorais, un frère que je haïssais, une femme que je désirais. À travers les arbres, je les vois encore, mais aucune de mes paroles ne les a jamais atteints. Le passé demeure le passé. Nous pouvons en tirer des leçons, mais point le changer.

    ADWD, Bran III.

    Pourtant, un peu plus tard, Bran a une nouvelle expérience de vision du passé, où son père semble quand même entendre quelque chose.

    … Mais soudain, sans comprendre comment, il fut de retour à Winterfell, dans le bois sacré, à contempler de haut son père. Lord Eddard paraissait bien plus jeune cette fois-ci. Il avait les cheveux bruns, sans aucun soupçon de gris, la tête inclinée.
    « … qu’ils grandissent aussi proches que des frères, avec l’amour pour tout partage, priait-il, et que la dame mon épouse trouve en son coeur de pardonner…
    – Père. » La voix de Bran était un chuchotement dans le vent, un froissement parmi les feuilles. « Père, c’est moi. C’est Bran. Brandon. »
    Eddard Stark leva la tête et considéra le barral longuement, sourcils froncés, mais il ne dit mot. Il ne me voit pas, comprit Bran, saisi par le désespoir. Il voulait tendre la main, le toucher, mais il ne pouvait que contempler et écouter.

    ADWD, Bran III.

    Si les mots n’atteignent pas les fantômes du passé, comme le dit Freusanglant, peuvent-ils atteindre ceux du présent ? Dans les chapitres suivants, nous avons un fantôme, autrefois appelé Theon, qui se retrouve dans le bois sacré de Winterfell … Et lui aussi, entend des voix. D’abord, au mariage de Ramsay et Jeyne :

    Theon se surprit à se demander s’il ne devrait pas prononcer une prière. Les dieux anciens m’entendraient-ils, si je m’y essayais ? […] Voilà toute une vie qu’un dieu ne l’avait pas entendu. Il ne savait ni qui il était, ni ce qu’il était, pourquoi il vivait encore, ni même pourquoi il était né.
    « Theon », sembla chuchoter une voix.
    Sa tête se redressa d’un coup. « Qui a dit ça ? » Il ne voyait que les arbres et le brouillard qui les nappait. La voix était ténue comme un froissement de feuilles, froide comme la haine. La voix d’un dieu, ou celle d’un spectre. Combien avaient trouvé la mort le jour où il s’était emparé de Winterfell ? Combien encore le jour où il l’avait perdue ?

    ADWD, Le prince de Winterfell.

    La fois d’après, il n’entend que des sanglots, probablement ceux de Jeyne, mais il subsiste un doute :

    Une fine pellicule de glace couvrait la surface de l’étang au pied du barral. Theon s’écroula à genoux sur sa berge. « De grâce, murmura-t-il entre ses dents cassées. Je n’ai jamais voulu… » Les mots restèrent bloqués dans sa gorge. « Sauvez-moi, finit-il par articuler. Donnez-moi… » Quoi ? De la force ? Du courage ? De la pitié ? La neige tombait autour de lui, pâle et silencieuse, gardant ses pensées pour elle-même. On n’entendait qu’un seul bruit, de faibles sanglots. Jeyne, se dit-il. C’est elle, en train de sangloter dans son lit de noces. Qui d’autre cela pourrait-il être ? Les dieux ne pleurent pas. Ou peut-être que si, après tout.

    ADWD, Le tourne-casaque.

    Et enfin, la troisième fois, la voix prononce un nom, un seul :

    La nuit était dénuée de vent, la neige tombait droit d’un ciel froid et noir, et pourtant les feuilles de l’arbre-coeur frissonnaient son nom. « Theon, semblaient-elles chuchoter. Theon. »
    Les anciens dieux, se dit-il. Ils me connaissent. Ils savent mon nom. J’étais Theon de la maison Greyjoy. J’étais pupille d’Eddard Stark, un ami et un frère pour ses enfants. « De grâce. » Il tomba à genoux. « Une épée, c’est tout ce que je demande. Laissez-moi mourir Theon, et non point Schlingue. » Les larmes ruisselaient sur ses joues, avec une impossible chaleur. « J’étais fer-né. Un fils… un fils de Pyk, des Îles. »
    Une feuille voleta d’en haut, frôla son front et se posa sur l’étang. Elle flotta sur l’eau, rouge avec cinq doigts, telle une main sanglante. « … Bran », murmura l’arbre.
    Ils savent. Les dieux savent. Ils ont vu ce que j’ai fait. Et pendant un étrange moment, il sembla que c’était le visage de Bran qui était gravé dans le tronc blême du barral, qui le contemplait avec des yeux rouges, lucides et tristes. Le fantôme de Bran, pensa-t-il, mais c’était de la folie. Pourquoi Bran voudrait-il le hanter ? Il avait éprouvé de l’affection pour l’enfant, il ne lui avait jamais fait de mal. Ce n’est pas Bran que nous avons tué. Ni Rickon. Ce n’étaient que des fils de meunier, du moulin sur la Gland. « Il me fallait deux têtes, sinon ils se seraient moqué de moi… auraient ri de moi… Ils…

    ADWD, Un fantôme à Winterfell.

    Theon s’imagine que les dieux savent et lui reprochent son crime … Perso, je pense que c’est Bran qui tente de lui parler, d’établir un contact entre eux.

    On a un autre personnage, bien avant ça, qui parle au barral. Et les voix d’un fantôme semble lui répondre, portée par le vent :

    Après avoir récupéré la latte dans sa cachette, elle se rendit devant l’arbre-coeur et s’agenouilla. Les feuilles rouges frémissaient. Les yeux rouges la sondaient jusqu’au fond du coeur. Les yeux des dieux. « Dites-moi, vous, dieux, ce que je dois faire », pria-t-elle.
    Un long moment s’écoula sans qu’elle perçût rien d’autre que le bruit du vent, le murmure de l’eau, le froufrou des feuilles contre l’écorce. Et puis, loin, loin, bien au-delà du bois sacré, des tours hantées et des gigantesques murailles de pierre d’Harrenhal, monta le long hurlement solitaire d’un loup. Elle en eut la chair de poule et comme un vertige. Jusqu’à ce que la voix de Père, oh, ténue, si ténue, chuchotât : « Lorsque la neige se met à tomber et la bise blanche à souffler, le loup solitaire meurt, mais la meute survit. »
    « Mais je n’ai pas de meute », souffla-t-elle au barral. Bran et Rickon étaient morts, les Lannister tenaient Sansa, Jon était parti pour le Mur, et Robb… « Je ne suis même plus moi, je suis Nan. »
    « Tu es Arya de Winterfell, fille du Nord. Tu m’as affirmé que tu étais capable de te montrer forte. Le sang du loup coule dans tes veines. »
    « Le sang du loup. » Elle se souvenait, à présent. « Je serai aussi forte que Robb. J’ai promis de l’être. »

    ACOK, Arya X.

    Bon, ce cas là est plus obscur, puisque les mots semblent être ceux du fantôme de son père, plus que ceux d’un ancien dieu, ou d’un vervoyant. Il s’agit peut-être juste d’un monologue intérieur … Mais les croyances entourant les anciens dieux permettent peut-être d’expliquer ce phénomène : les esprits des morts sont censés s’agréger en une sorte de « grand tout divin » (les anciens dieux), avec tous leurs souvenirs. leurs esprits se fondent dans le monde (arbres, racines, pierres, etc.), et les arbres se souviennent. Est-ce qu’Arya a eu un contact avec un arbre qui a gardé le souvenir de son père ?

    On a un autre cas de figure, où les mots des morts sont portés par le vent, selon une croyance populaire :

    Sa femme était une sorcière des bois. Chaque fois qu’y zigouillait un type, ser Clarence ramenait la tête à la maison, et sa femme la baisait sur les lèvres et la ramenait à la vie. Lords, que ça les faisait alors, et magiciens, et chevaliers célèb’, et pirates aussi. Y en a eu un roi de Sombreval. Y donnaient au vieux Grinche de bons conseils. Vu qu’y-z-étaient juste des têtes, y pouvaient pas parler vraiment fort fort, mais jamais y la fermaient non p’us. Quand z’êtes une tête, z’avez rien d’autre que causer pour passer la journée. C’est pour ça que le fort à Grinche a été nommé les Murmures. Est toujours nommé aujourd’hui, malgré qu’il est plus que des ruines depuis un millier d’années.

    AFFC, Brienne III.

    « Les Murmures, annonça Dick Main-leste. Prêtez l’oreille. Vous allez pouvoir entendre les têtes. » Podrick demeura bouche bée. « Je les entends. »
    Brienne les entendit aussi. Un chuchotement presque imperceptible et qui, tout bas, paraissait aussi bien provenir de la terre elle-même que du château. Comme ils approchaient des falaises, le bruit devint plus fort. C’était la mer qui le produisait, comprit-elle subitement. Les vagues avaient profondément rongé la base des falaises, y creusant des cavernes et des tunnels dans lesquels elles s’engouffraient en grondant. « Il n’y a pas de têtes, dit-elle. Ce sont les murmures des vagues que tu entends.
    – Les vagues ne murmurent pas. Ce sont bien des têtes. »

    AFFC, Brienne IV.

    La présence d’un barral en plein coeur des ruines des murmures est peut-être un autre indice sur ce phénomène. Il semble toutefois exister des phénomènes comparables, parfaitement naturels :

    Les Pierres qui Chantent, à l’ouest des îles principales, ont des pics aigus si criblés de trous et de boyaux qu’ils produisent une musique étrange lorsque souffle le vent. Le peuple des Pierres sait à leur chant d’où vient le vent. Qui a appris aux pierres à chanter, les dieux ou les hommes ? Nul ne sait.

    TWOIAF – Les îles d’Été.

    Il y a sûrement d’autres cas de voix portées par le vent, de bises qui murmurent, de zéphyrs qui chantent.

    Mais ce n’est pas le seul pouvoir qu’un mage peut utiliser avec le vent.

    Prêtres rouges, mages noirs … et hommes verts ?

    Certains vents sont plus puissants que d’autres, et par conséquence, ils peuvent s’avérer plus utiles. Ils pourraient même renverser des couronnes :

    D’après ce que j’ai entendu dire à Lordsport, y avait une tempête qui soufflait de l’ouest, avec la pluie et le tonnerre, et le vieux roi Balon traversait un de ces machins qu’ils ont comme ponts quand le vent se l’est pris en plein et te vous l’a, le machin, mais pulvérisé. La mer a rejeté le corps deux jours après, ballonné, cassé de partout.

    ASOS, Catelyn V.

    Bon, ok, pour celui-là, c’est de la triche, puisqu’a priori, ce n’est pas le vent qui a poussé Balon, mais un Sans-Visage … ^^ Il n’empêche qu’on a bel et bien des vents magiques dans la saga, notamment du côté de la mer. Le cas de figure le plus connu est celui de la flotte de Stannis, quand elle rejoint le Mur :

    Sur Peyredragon, Mélisandre avait livré Alester Florent à son dieu, afin d’invoquer le vent qui les avait emportés vers le nord. Lord Florent avait été fort, gardant le silence pendant que les gens de la reine le ligotaient au poteau, aussi digne qu’un homme demi-nu peut espérer l’être, mais lorsque les flammes avaient commencé à le lécher, il s’était mis à hurler, et ses clameurs les avaient tous poussés jusqu’à Fort-Levant, s’il fallait en croire la femme rouge. Davos n’avait guère aimé ce vent, qui lui avait paru sentir la chair brûlée, et mugir de façon dolente en jouant dans les haubans.

    ADWD, Davos I.

    On a deux autres cas de figure de vents particulièrement propices et certainement magiques. Celui suscité par Victarion sur la route de Meereen, quand il capture un navire esclavagiste, et sacrifie sept esclaves pour s’attirer des vents favorables. Il les fait monter sur un bateau auquel il boute le feu, de sorte qu’elles brulent (pour R’hllor) ou se noient (pour le dieu Noyé) :

    Pour lui-même, Victarion se réserva les sept plus belles filles. […] Les esclavagistes de Yunkaï les avaient formées à la méthode des sept soupirs, mais ce n’était pas pour cette raison que Victarion les voulait.
    […]
    « Avec cette offrande d’innocence et de beauté, nous honorons les deux dieux », proclama-t-il, tandis que les vaisseaux de guerre de la Flotte de Fer dépassaient à la rame le ketch en flammes. « Que ces filles renaissent dans la lumière, sans être souillées par la concupiscence des mortels, ou qu’elles descendent vers les demeures liquides du dieu Noyé, pour y festoyer, danser et rire jusqu’à ce que les mers se tarissent. »
    Vers la fin, avant que le ketch fumant ne fût englouti par la mer, les cris des sept beautés se changèrent en chant de joie, sembla-t-il à Victarion Greyjoy. Un grand vent se leva alors, un vent qui gonfla leurs voiles et les poussa vers le nord-nord-est, en direction de Meereen et de ses pyramides de brique polychrome. Sur les ailes du chant, je vole vers toi, Daenerys, pensa le capitaine de fer.

    ADWD, Victarion II.

    Le dernier cas, plus discret peut-être, c’est celui d’Euron Greyjoy, pour qui il est question également de sacrifice humain et de magie noire :

    Ils avaient le vent en poupe, comme ils n’avaient pas cessé de l’avoir – phénomène des plus singuliers -, depuis leur appareillage de Vieux Wyk. Il se chuchotait d’ailleurs à bord de tous les bateaux que les magiciens d’Euron y étaient un peu beaucoup pour quelque chose, et que le Choucas apaisait le dieu des Tornades par des sacrifices sanglants. Sans cela, comment aurait-il eu l’audace, dites, de pousser si avant vers l’ouest, au lieu de longer la ligne des côtes, ainsi que cela se pratiquait toujours ?

    AFFC, Le Ravisseur.

    Dans les trois occurrences, il semble que les vents sont suscités par des dieux, des prêtres ou des mages. Ce pouvoir semble nécessiter un sacrifice, et c’est semble-t-il la voix du sacrifié, son fantôme en quelque sorte qui provoque ensuite le vent. Rien de surprenant dès lors à ce qu’une caste de mages orientaux s’appellent les stormsingers (les chanteurs de tornades). Il n’y aurait donc pas que les anciens dieux pour contrôler les vents. Les prêtres rouges et les sorciers noirs en semblent capables aussi. Et peut-être d’autres encore, comme les vervoyants, les enfants de la forêt, ou les hommes verts. Car si les vents peuvent être bénéfiques comme on l’a vu dans les occurrences plus haut, ils peuvent aussi être contraire et on a des cas de figure de ce genre plus ou moins légendaires.

    On ne sait pas s’il existe encore des Hommes Verts sur l’île. Parfois, un téméraire jeune seigneur du Conflans qui a navigué jusqu’à l’île prétend les avoir vus avant d’être chassé par des vents soudains ou une nuée de corbeaux.

    TWOIAF – L’arrivée des Premiers Hommes.

    On a une autre occurence discrète qui se cache peut-être dans le corpus. Il s’agit de l’un des facteurs qui a fait échoué la première rébellion Feunoyr :

    Si Daemon avait laissé son cheval piétiner Gwayne Corbray… si Boulenfeu n’avait pas été tué au soir de la bataille… […] si des tempêtes n’avaient pas retardé lord Bracken quand il faisait voile avec les arbalétriers de Myr… si Mainleste ne s’était pas fait pincer avec les oeufs de dragon dérobés… Tant de si, ser… un seul d’entre eux mis en sens contraire, et il aurait pu retourner totalement l’issue..

    L’Épée lige.

    Or à cette époque, Freuxsanglant est actif et lutte contre les rebelles : c’est lui qui abat Daemon et ses fils grâce aux flèches (magiques ?) de ses archers. Pour ce qui est de Boulenfeu, on apprend dans la nouvelle suivante les causes de sa mort :

    Un archer lui a transpercé la gorge d’une flèche alors qu’il mettait pied à terre près d’un ruisseau pour aller boire. Un banal homme du commun, personne ne sait qui.

    L’ Œuf de Dragon.

    Freusanglant ne peut évidemment pas être partout, ni responsable de tout ; surtout à cette époque où il n’est pas encore un vervoyant confirmé. N’empêche, cette tempête est bien opportune …

    D’ailleurs, ce n’est pas la seule fois qu’une tempête contribue à faire l’histoire de Westeros :

    Dehors, la tempête faisait rage. Les roulements de tonnerre passaient audessus du château, la pluie s’abattait par nappes aveuglantes et, de temps en temps, de grands éclairs de foudre blanc-bleu illuminaient le monde aussi vivement qu’en plein jour. Le temps se prêtait mal au vol, même pour un dragon, et Arrax luttait pour rester dans les airs quand le prince Aemond enfourcha Vhagar et se lança à sa suite. Si le ciel avait été calme, peut-être le prince Lucerys aurait-il pu distancer son poursuivant, car Arrax était plus jeune et plus rapide… mais le jour était « noir comme le coeur du prince Aemond », raconte Champignon, et il arriva donc que les dragons se rencontrèrent au-dessus de la baie des Naufrageurs. Des observateurs sur les remparts du château virent des jets de flammes au loin et ils entendirent un cri trancher sur le tonnerre. Puis les deux bêtes se retrouvèrent aux prises, la foudre crépitant autour d’elles. Survivante endurcie de cent batailles, Vhagar avait cinq fois la taille de son ennemi. S’il y eut combat, il ne dut pas durer très longtemps.

    Feu et Sang, La Mort des Dragons – Fils pour fils.

    Du vent pour Davos

    Ce sont les marins et les insulaires qui sont plus soumis aux caprices des vents (et donc des dieux), et un personnage dont le périple marqué par les vents, c’est Davos Mervault.

    Pour commencer, il nous apprend :

    Depuis le départ d’Accalmie, les vents ne l’avaient guère favorisé. Début pitoyable, on avait perdu deux cotres sur les écueils de la baie des Naufrageurs, le jour même de l’appareillage. L’une des galères de Myr avait ensuite sombré dans le pas de Torth, puis une tempête avait, comme on abordait le Gosier, éparpillé la plupart des unités jusque vers le milieu du détroit. Il n’avait pu finalement s’en regrouper, non sans délais considérables, que douze derrière l’écran du Bec de Massey, dans les eaux moins tumultueuses de la baie.

    ACOK, Davos III.

    Or sans sa flotte, Stannis ne peut pas traverser la Néra, ni prendre Port-Réal : ses troupes sont bloquées sur la berge, pendant que les Lannister peuvent finaliser leurs préparatifs pour la bataille et s’allier aux Tyrell. Peut-on dire que ce sont les vents qui sont responsables de la défaite de Stannis ? ^^ un peu, mais pas complètement.

    Après avoir survécu miraculueusement, Davos va être sauvé tout aussi miraculeusement : échoué dans une zone où aucun capitaine ne va, il est récupéré par un navire qui est là … à cause du vent :

    – Pour quelle autre tâche la mer m’aurait-elle recraché ? Vous connaissez aussi bien que moi la baie de la Néra, Sla. Jamais aucun capitaine sensé n’aventurerait son bateau, sous peine de l’y éventrer, parmi les piques du roi triton. Jamais La Danse de Shalaya n’aurait dû s’approcher de moi.
    – Un vent, protesta Sladhor Saan avec véhémence, un vent malin, c’est tout. Un vent qui l’a entraînée trop loin vers le sud.
    – Et ce vent, qui l’a fait souffler ? La Mère m’a parlé, Sla.

    ASOS, Davos II.

    Dans un sursaut de foi, Davos attribue ce vent à la Mère … On peut se demander si une autre force ne serait pas à l’oeuvre. La même que celle qui offre ensuite des vents favorable à la flotte de Stannis pour rejoindre le Mur ? Peut-être. En tous cas, une fois qu’ils sont au Mur, les vents redeviennent néfastes, au point que Davos perd son vieil ami … et Stannis sa flotte, sur laquelle il ne pourra plus compter :

    Vingt-neuf navires avaient levé l’ancre, au Mur. Davos serait bien surpris que la moitié flottât encore. Des cieux noirs, des vents cruels et des pluies battantes les avaient harcelés tout au long de la côte. Les galères Oledo et le Fils de la Vieille Mère avaient été jetées sur les rochers de Skagos, l’île des licornes et des cannibales, où même le Bâtard Aveugle avait craint d’accoster ; la grande cogue Saathos Saan avait sombré devant les Falaises grises. « Stannis devra les rembourser, avait fulminé Sladhor Saan. Il les paiera en bon or, jusqu’à la dernière. » On aurait dit qu’un dieu furieux exigeait le prix de leur trajet facile vers le Nord, où ils avaient joui d’un vent de sud régulier entre Peyredragon et le Mur. Un autre ouragan avait arraché les mâtures de l’Opulente Moisson, contraignant Sla à la faire prendre en remorque. À dix lieues au nord du Guet de la Veuve, les flots à nouveau démontés avaient jeté la Moisson contre une des galères qui la remorquaient, les envoyant toutes deux par le fond. Le reste de la flotte lysienne avait été égaillé à travers le détroit. Certains finiraient par se traîner jusqu’à tel ou tel port. D’autres ne réapparaîtraient jamais.

    ADWD, Davos I.

    Plus tard, on peut penser à cette tempête que l’armée de Stannis doit affronter et qui finit par l’immobiliser (retardant une nouvelle fois une bataille décisive, la bataille de Winterfell). Faut-il y voir là aussi un signe divin ? Une manipulation magique ?

    Le périple de Moqorro

    Dans ADWD, on a d’autres PoV qui essuient des tempêtes : Tyrion et Victarion. Et là encore, on peut se demander s’il n’y a pas une raison derrière ces tempêtes :

    Dans le cas de Tyrion, le Salesori Qhoran est pris dans une tempête, qui laisse le navire à l’état d’épave. Pour Victarion, ces tempêtes lui font perdre une bonne partie de ses navires et le retardent dans sa progression jusqu’à Meereen. On notera d’ailleurs une mention de vents étranges :

    Cinquante-quatre, conclut Victarion avec amertume quand on le réveilla, et il navigue seul. En silence, il maudit la malveillance du dieu des Tempêtes, sa rage pesant comme une pierre noire au creux de son ventre. Où sont passés mes vaisseaux ?
    […]
    « Les tempêtes, avait grommelé Ralf le Boiteux en venant se présenter devant Victarion. Trois gros ouragans et, entre eux, des vents mauvais. Des vents rouges qui soufflaient de Valyria, puant la cendre et le soufre, et des noirs, qui nous rafalaient vers cette côte de perdition. Ce voyage est maudit depuis le départ. L’ Œil de Choucas vous craint, messire, sinon pourquoi vous envoyer si loin ? Il a pas l’intention qu’on en revienne. »

    ADWD, Le prétendant de fer.

    Un personnage fait le lien entre ces deux cas de figure : Moqorro, qui quitte la trame de Tyrion pour rejoindre celle de Victarion. Il aidera d’ailleurs ce dernier en suscitant finalement des vents favorables jusqu’à Meereen, comme on l’a vu plus haut.

    Légendes anciennes et croyances étranges

    Parmi les autres vents magiques / divins, on peut aussi penser la légende de la création d’Accalmie, où des vents magiques auraient été convoqués pour jeter le château de Durran Dieudeuil à terre. Amusant de retrouver les enfants de la forêt et/ou de Brandon le Bâtisseur dans cette histoire :

    A en croire les chansons, la forteresse avait été jadis édifiée par Durran, premier roi de l’Orage, qui s’était fait aimer de la belle Elenei, fille du dieu des mers et de la déesse des vents. En renonçant son pucelage, la nuit des noces, en faveur d’un mortel, Elenei s’était condamnée à mourir comme une mortelle et, leur deuil se changeant en fureur, ses parents déchaînèrent si bien lames et rafales à l’assaut du fort que frères, amis du marié, convives, tout périt écrasé sous la ruine des murs ou noyé par les flots, tout hormis Durran que surent préserver les enlacements de sa femme et qui, lorsqu’enfin se leva l’aurore, jura de rebâtir et déclara la guerre aux dieux.
    Ainsi construisit-il successivement cinq châteaux, chacun plus vaste et plus formidable que le précédent, mais il les vit tour à tour s’effondrer sous les hurlements des bises rageuses qui, dans la baie des Naufrageurs, poussaient devant elles des remparts liquides. Vainement, ses vassaux lui conseillèrent de bâtir à l’intérieur des terres ; vainement, ses prêtres l’avisèrent qu’il n’apaiserait les dieux qu’en rendant Elenei à la mer ; vainement, ses sujets eux-mêmes le conjurèrent de s’incliner. Il éleva un septième château, plus massif que nul autre et auquel, disaient certains, contribuèrent les enfants de la forêt par la taille magique des pierres ; c’est, selon d’autres, un petit garçon – le futur Bran le Bâtisseur – qui lui indiqua comment procéder. Pour diverger sur ce point, les contes du moins s’accordaient quant au résultat : la fureur divine eut beau découpler sur lui tempête après tempête, le septième château la défia si victorieusement qu’Elenei et Durran Dieux-deuil y vécurent en paix jusqu’à leur dernier souffle.

    ACOK, Catelyn III.

    Dans un autre registre, dans la religion du dieu Noyé, le dieu antagoniste est le dieu des Tornades (storm god), qui maîtriserait le ciel, la foudre et les vents. Les corbeaux passent d’ailleurs pour ses créatures. Ne pourrait-on pas y voir un très ancien lien avec les vervoyents, tout comme les os de la dragonne Nagga, qui ressemblent fortement à des troncs de barral ?

     * * * Relevé météorologique * * *

    Ce sujet est encore en construction, et n’attend que votre participation ! ^^ J’ai collecté ici tout ce qui m’a marqué, ce que j’ai relevé mais il y a sûrement beaucoup de choses qui m’ont échappé ou que j’interprète mal. Il faut dire que le sujet est vaste : le mot vent revient 1435 fois dans la saga et le mot storm / Stormborn /Storm’s End 780 fois (hors F&B) … Autant dire qu’il reste sûrement d’autres événements à relever. J’en ai certains en tête, mais on tombe encore plus dans le crackpot, donc … peut-être une prochaine fois ^^ En attendant, voilà une liste qui ne demande qu’à être complétée :

    TWOIAF / F&B :

    • des vents contraires empêchent d’accéder à l’île-aux-Faces (Arrivée des Andals) ;

    • des tempêtes empêchent un temps la construction d’Accalmie (Accalmie + ACOK Catelyn III) ;

    • un orage terrible défavorise les charges de cavalerie orageoise face aux Targaryen durant la bataille du Dernier Orage (Conquête) ;

    • des vents favorables aux Targaryen attisent le feu-dragon lors de la bataille du Champ de Feu (La Conquête) ;

    • Lucerys Velaryon et Arrax sont pris dans un orage alors qu’ils quittent Accalmie ; Aemond et Vhagar les suppriment (La Mort des Dragons – Fils pour fils) ;

    Dunk et l’ Œuf :

    • des tempêtes ralentissent l’arrivée de soutiens des rebelles lors de la première rébellion Feunoyr (L’Epée lige) ;

    AGOT :

    • Osha prétend que le vent est envoyé par les dieux (Bran VI) ;

    ACOK :

    • Dontos souhaite que les dieux déchaîne une tempête contre la flotte de Stannis (Sansa IV) ;

    • Des vents défavorables ralentissent la flotte de Stannis, sans la briser (Davos III) ;

    • Arya se remémore les paroles de son père ou entend la voix de son fantôme dans le bois sacré d’Harrenhal (Arya X) ;

    ASOS :

    • Le vent détourne un navire lysien, allié de Stannis, qui trouve le naufragé Davos Mervault sur les piques du roi Triton (Davos II) ;

    • Balon Greyjoy tombe d’un pont de Pyk pendant un orage (Catelyn V) ;

    • Mélisandre sacrifie Alester Florent aux flammes et suscite un vent étrange qui emporte la flotte de Stannis jusqu’au Mur (ADWD, Davos I) ;

    AFFC :

    • Les têtes de héros et rois défunts continueraient de parler dans le château des Murmures, à Claquepince (Brienne III) ;

    • Brienne découvre qu’un phénomène naturel suffirait à expliquer les chant qu’on entend aux Murmures (Brienne IV) ;

    • Les Fer-nés d’Euron Greyjoy profitent de vents favorables qui leur permettent de naviguer en haute mer (Le Ravisseur) ;

    ADWD :

    • Des vents défavorables abîment la flotte de Sladhor Saan, qui abandonne le parti de Stannis (Davos I) ;

    • Bran commence son apprentissage de vervoyant ; il « communique » deux fois avec des visions de son père (Bran III) ;

    • Theon entend son nom murmuré par une voix froide comme la haine, dans un froissement de feuilles du bois sacré de Winterfell (Le prince de Winterfell) ;

    • Une tempête s’abat sur le Salesori Qhoran ; Moqorro tombe à l’eau (Tyrion IX) ;
    • Theon entend sanglotter dans le bois sacré de Winterfell (Le tourne-casaque) ;

    • Une tempête de neige bloque la progression de l’ost de Stannis Baratheon (La prise du roi) ;
    • Theon entend « Theon. Theon » puis « Bran » dans le bois sacré de Winterfell (Un fantôme à Winterfell) ;

    • Des tempêtes retardent et dispersent la flotte de Fer ; des vents étranges soufflent depuis Valyria ; les Fer-nés repêchent Moqorro (Le prétendant de fer)

    • Victarion sacrifie sept vierges aux dieux Noyé et Rouge ; un vent étrange pousse sa flotte jusqu’à Meereen (Victarion II)

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #211186
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4600

    Encore un impressionnant travail de collecte et de mise en ordre ! Bravo !

    Juste pour compléter, on peut signaler l’attitude particulière des Sœurois vis-à-vis des tempêtes :

    « Les tempêtes. » Lord Godric prononça le mot avec toute la tendresse qu’un autre homme aurait employée à prononcer le nom de l’être aimé. « Les tempêtes étaient sacrées sur les Sœurs, avant l’arrivée des Andals. Nos dieux anciens étaient la Dame des Vagues et le Seigneur des Cieux. Ils soulevaient des tempêtes à chaque fois qu’ils s’accouplaient. »

    (ADWD Davos I)

    Curieusement, les anciennes croyances des Sœurois sont inversées par rapport à celles des Orageois : la mer est féminine (Dame des Vagues) pour les premiers, masculine (dieu des mers) pour les seconds, et idem pour le vent (Seigneur des Cieux des Sœurois vs déesse des vents des Orageois). Les Fer-nés, quant à eux, ont deux divinités masculines (dieu Noyé et dieu des Tornades). Les tempêtes sont maléfiques pour les Orageois (comme manifestation de la colère du couple divin) et pour les Fer-nés (lutte du dieu des Tornades contre le dieu Noyé), mais bénéfiques et sacrées pour les Sœurois (union du couple divin), ce qui est logique vu leur activité de naufrageurs.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
  • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.